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Les entités involutives.
Maureen O'HARA Continuer à se concentrer sur les battements du cœur en s’endormant donne de bons résultats. A nouveau je me sens frais et dispo pour me remettre au travail ce matin. Et la première chose qui me vient à l’esprit, ce que je dois écrire, c’est cette nouvelle possibilité de découvrir la singularité de certaines pensées qui viennent parasiter ce sentiment de bien-être presque aussitôt que je l’éprouve. Comme si le fait de se sentir bien dérangeait une partie de mon esprit et qu’il se mette alors à créer des pensées troubles, des pensées contraires. Dans quel but ? je l’ignore et sans doute qu’en laissant aller les mots, les phrases s’enchainer les uns aux autres, j’ai l’espoir d’en avoir un peu plus le cœur net. N’est-il pas possible qu’aussitôt que l’on élève sa fréquence vibratoire, c'est-à-dire que l’on axe ses actions et ses pensées sur le cœur justement, que l’on se rende dans un même temps vulnérable à ce que j’appellerais des attaques provenant d’entités involutives ? Que peuvent-elles être ? Et pourquoi m’attaquent-elles justement au moment même où je décide de m’extirper si l’on veut de leur domination ? Domination dont je ne me rendais pas compte quelques instants auparavant. Voilà bien la dualité telle qu’elle est dans notre dimension. La conscience ne cesse de produire des opposés pour que de cette friction une étincelle supplémentaire en jaillisse, que la conscience s’élargisse ainsi. Toujours cette notion de bien et de mal, ce programme binaire dans lequel le mental se complait. Hier j’ai éprouvé l’envie irrépressible de visionner un western. J’avais fini ma semaine, j’avais peint suffisamment de tableaux pour la journée, il était temps de m’accorder une pause et c’est l’envie de revoir un vieux film en noir et blanc qui s’est présentée à moi. Ce film c’est Rio Grande avec comme acteur John Wayne que je n’ai vu qu’une seule fois dans mon enfance et qui m’avait marqué sans doute en raison de la réunification d’une famille. D’ailleurs le personnage du Colonel Yorke dont le seul but dans la vie est le devoir devait à cette époque déjà d’épouser des valeurs paternelles, ou que je ne pouvais considérer qu’ainsi. Le plaisir de revoir ce vieux film fut un peu gâché par la façon dont John Ford traite les personnages des Indiens qui ne sont que de pauvres faire valoir à la fameuse US Cavalry. Mais passons. Revoir Maureen O’hara balaie toutes les déceptions. J’en était amoureux déjà enfant. Elle incarnait à l’écran ce que j’aurais voulu que ma mère fut. A la fois cette femme aimante et en apparence docile mais en réalité un volcan bouillonnant en perpétuelle révolte contre la domination masculine. Même si dans ce film elle n’est là que comme potiche si l’on veut. Encore un faire valoir pour augmenter les chances de John Wayne de véhiculer convenablement les valeurs des années 50. L’homme protecteur, sécurisant, sur lequel tout le monde peut compter, pratiquement aucune faiblesse etc etc Cette vision en noir et blanc d’un idéal outre-Atlantique m’a laissé un peu de marbre sur la fin. Un peu comme la plupart des films de Walt Disney. J’ai toujours plus ou moins éprouvé un malaise en les visionnant, tout petit déjà, tout cela me revient à présent. Comme s’il s’agissait d’enfoncer le clou, de nous rabâcher un mensonge. En fait cette prise de conscience ou ce souvenir associé à la vision américaine du bonheur m’est devenu précocement insupportable je m’en rends compte. C'est-à-dire que j’ai l’impression que quelqu’un ou quelque chose a appuyé sur un interrupteur dans mon esprit pour me montrer l’envers du décor. Que toutes les valeurs véhiculées et dans lesquelles des générations ont cru dur comme fer, toutes ces valeurs ne sont ni plus ni moins que des mensonges éhontés créés à seule fin de dominer le monde entier. D’orienter toutes ces actions toutes ces pensées que dans un seul but Cette fameuse réussite de merde. Ce n’est rien d’autre qu’une façon de donner un os aux chiens pendant que l’on arme le fusil pour les achever. Corée Vietnam Toutes les magouilles en Amérique Centrale. Et aujourd’hui l’Ukraine. L’histoire se répète inlassablement. Et si on observe c’est toujours lorsqu’’on flanque un démocrate à la tête de l’Amérique que ça finit en eau de boudin. Comme quoi la notion de démocratie a bien changé depuis les Grecs. Encore que ces derniers n’étaient pas non plus des humanistes forcenés d’après les dires des esclaves relégués au ban de cette fameuse démocratie. Voyez donc. On se lève en pleine forme et aussitôt que l’on se met à réfléchir un tant soi peu sur la situation du monde qui nous entoure, on cherche la boite de doliprane. Encore que je ne sois pas sur du tout que le doliprane puisse éloigner les entités involutives. Toutes ces pensées négatives qui vous assaillent sans relâche sitôt qu’on a l’impression d’avoir enfin trouvé une issue. Qui redoublent même d’hostilité d’autant qu’on semble près à s’évader pour de bon. Une fois que l'on s'est vraiment décidé à demander de l'aide, la vigilance est requise. Car pris dans nos habitudes il n'est pas évident de repérer les signes, ou les preuves que cette aide nous est accordée. Car nous nous attendons à des changements extraordinaires. Nous concentrons toute notre attention sur l'apparition éventuelle d'un miracle. Et nous ne voyons rien évidemment parce que la plupart du temps nous ignorons tout de la nature véritable du miracle. De plus on pourrait aussi dire que ce à quoi nous aspirons, nous le repoussons dans un même temps de façon inconsciente tant que cette aspiration ne provient que de l'illusion, de la matrice. J'avais déjà compris cette loi étrange lorsque je n'étais qu'une enfant et que je cherchais à atteindre une cible avec mon arc et mes flèches. Ce qui posait un problème c'était pourquoi je voulais mettre dans le mille. Intuitivement je sentais déjà que vouloir mettre dans le mille était une sorte de mot d'ordre. Que nous étions éduqués, entrainés dans le seul but de réussir. Réussir quoi cependant ? C'était assez flou. Ce l'était déjà pour mes parents je crois et pour mes grands-parents également, plus j'observais les adultes qui n'avaient que ce mot de réussite comme but unique de leur vie, plus je comprenais l'amertume qu'ils ressentaient d'avoir échoué en quelque sorte. Tout simplement parce qu'ils ne s'étaient pas posés de question sur ce que pouvait vraiment la réussite pour eux-mêmes. Ils suivaient un programme qu'on leur avait implanté dans la cervelle. Pourquoi n'ai-je pas cru à ce programme ? Cela reste un mystère. Du moins tant que l'on veut voir la vie comme une suite logique de conséquences qui mène à l'échec ou à la réussite vues sous un angle commun. J'ai demandé de l'aide presque aussitôt que j'ai commencé à respirer sans même m'en souvenir. À commencer par le fait d'avoir à survivre puisque je suis né bien plus tôt que prévu. On a dû me placer dans une couveuse quelques temps avant que ma mère puisse me récupérer. C'est certainement à partir de cette première épreuve si l'on veut que j’aie éprouvé la détresse, la solitude et que j'ai crié à l'aide en langage de nouveau-né. Mais cela ne suffisait toujours pas. J'ai été élevé par mes grands-parents paternels durant les quatre premières années de mon existence car le couple formé par mes parents battait de l'aile. Ils n'arrivaient pas à vivre ensemble. De plus mon père était encore militaire, il faisait la guerre en Algérie. C'était un jeune couple qui venait d'avoir un enfant avec toutes les conséquences possibles que cet événement peut entrainer, bonnes ou mauvaises. En 1962 lorsque mon père fut démobilisé il dû encore cravacher pour se faire une place comme on dit dans une société qui vendait de la tôle ondulée pour les toitures. Il apprenait son nouveau métier avec cette rage, cette volonté des gens qui veulent à tout prix réussir socialement car c'était là le but encore durant cette période que l'on nomme les trente glorieuses. Je me souviens du manque. Ou plutôt je ne me souviens pas d'un moment de plénitude véritable qui dure suffisamment longtemps pour que je puisse m'apaiser vraiment. Tout au plus ma mère nous rendait elle visite de temps à autre. Je voyais son beau regard et j'étais éperdu d'amour en le voyant puis je sombrais dans une sorte de désespoir lorsqu’elle repartait. Ces allers-retours répéter entre le bonheur et le malheur si l'on veut, je peux les considérer comme une sorte d'entrainement à trouver un juste milieu, un équilibre entre bonheur et douleur tout simplement. Parallèlement à cela j'adorais tous les gens que je côtoyais. Je les aimais naturellement comme un enfant en bas âge peut avoir un tel sentiment. C'est à dire sans jugement, un amour naturel basé sur la seule présence des êtres quel qu'ils soient. C'est alors que j'ai commencé à faire des cauchemars, à me réveiller en pleine nuit, et bien sur me faire gronder par mes grands-parents car ils étaient encore actifs. Ils travaillaient dur en se levant à l'aube pour se rendre sur les marchés où ils vendaient des volailles, et des œufs. Grand-père se réveillait à quatre heures du matin et grand-mère également puisqu'elle lui préparait le café. Ensuite il partait aux halles pour charger ses colis et installer tout son matériel dans un endroit de Paris. Je restais avec grand-mère la matinée puis elle rejoignait grand père et on me confiait à Monsieur et Madame Gassion, les concierges de l'immeuble. Lorsque je repense au petit garçon que j'étais ce ne devait surement pas être facile pour lui, Mais je vois cela aujourd'hui avec un point de vue d'adulte évidemment, je peux mesurer l'écart qu'il pouvait y avoir alors avec une enfance dite "normale". Mais quand on ignore tout de ce qui est normal on n'a pas de raison vraiment de se plaindre n'est-ce pas. Il devait y avoir une régularité que je parvenais à détecter dans tout ce bazar apparent. Je savais que tel jour était différent d'un autre parce que le marché se trouvait à tel endroit. Je savais aussi que si ma mère venait ce serait probablement un dimanche. Ce genre de régularités appartenant à la journée. Pour ce qui était de mes nuits je dirais que la régularité provenait de mes cauchemars car ils étaient souvent les mêmes. Deux ou trois et ils alternaient aussi selon les jours ou plutôt les nuits de la semaine. Je dormais dans le même lit que grand-père et je me souviens que la fenêtre de la chambre donnait sur la rue Jobbé Duval dans le 15ème. En face de notre immeuble, au même étage vivait une folle. La nuit, l'été principalement, elle ouvrait ses fenêtres en grand, montait sur son balcon et parlait toute seul ou encore se mettait à hurler en criant des propos incohérents. Je me souviens que j'éprouvais un sentiment étrange vis à vis de cette folle. J'en avais un peu peur bien sûr mais je semblais la comprendre 5 sur 5. Elle pouvait tout à fait être semblable à la douleur que j'éprouvais au fond de moi-même lorsque je pensais à ma mère, à ma solitude, à ma presque totale incompréhension du monde autour de moi. D'ailleurs toute ma vie durant je crois que j'ai toujours été fasciné par ce genre de folie, par la folie des femmes surtout bien plus que celle des hommes. D'ailleurs ma mère possédait ce genre de folie aussi. Lorsqu'elle buvait et qu'il arrivait qu'elle s'épanche soudain à voix haute devant nous, mon frère et moi, cela paraissait tout aussi incohérent que les propos de cette folle en face ma chambre d'enfant. Car après tout il ne pouvait rien lui manquer. Elle avait désormais une jolie maison, nous ne manquions plus d'argent grâce au travail acharné de mon père, on avait tout, la télé, le frigo, le grille pain, comme dans une chanson de Boris Vian, des voitures, un chien… que demander de plus ? L'essentiel certainement, ou du moins ce que tout à chacun finit par considérer tôt ou tard par être cet essentiel. Un amour qui comblera tous les manques. Erreur commune. Lorsque ma mère parlait d'amour j'avais toujours le sentiment qu'elle était à côté de la plaque. C'était un mélange de contenu de magazine féminin, de feuilleton de série B et probablement aussi des reliquats de contes et légendes dans lesquels s'agitent les princes et les princesses. Elle faisait comme elle pouvait pour trouver des symboles, des représentations idylliques si l'on veut qui pourrait la consoler de ne pas trouver ce qu'elle cherchait dans sa vie quotidienne. À côté de ça une énergie sexuelle débordante comme si le plaisir physique et la douleur qui va avec généralement, pouvaient remplacer ou rééquilibrer le manque affectif. C'était une femme moderne évidemment. Elle cherchait une issue pour s'évader d'un carcan de mots d'ordre relayé par mon père les yeux rivés sur la réussite financière, le paraitre. Lui-même d'ailleurs n'était-il pas le prisonnier de tous les mots d'ordre qu'il ressassait sans relâche ? L'enfance est un lieu d'observation continu. Les adultes de mon temps avaient pris l'habitude de ne pas accorder d'importance véritable aux dire des enfants. Et évidemment ayant compris cela je crois que j'en profitais. Dans les années entre 1960 et 70 les lignes se mettaient à bouger sérieusement. Tout un univers connu s'évanouissait peu à peu pour laisser la place à un monde nouveau, un monde de revendications de toutes sortes. Tout le monde était pris dans ce changement et bien sur notre famille n'y échappait pas. Cependant aucun changement ne se produit sans peur ni douleur. Lorsque je repense à ce que j'observais dans mon enfance, je ne voyais que des solitudes qui tentaient vaguement de s'associer les unes aux autres pour des besoins généralement plus pratiques qu'autre chose. Évidemment je n'étais pas en mesure de comprendre les véritables liens affectifs entre les gens, terriblement compliqués à comprendre pour un enfant. Je sentais bien qu'il y avait de l'amour mais il ne se manifestait jamais comme j'aurais pu moi-même l'espérer ou l'attendre. Maria avait passé un peignoir et revenait avec son plateau pour le petit déjeuner. Elle me sourit à présent et me tend une tasse de café. — tu penses parce que tu te crois intelligent que ces entités involutives ne sont que le produit de ton imagination., que c'est ta lucidité qui les crée ... et bien ce n'est pas tout à fait exact. Ces entités existent réellement. Elles sont elles mêmes à la solde de personnages extrêmement dangereux C'est la raison pour laquelle tu dois absolument continuer à te centrer sur ton cœur, pénétrer en lui le plus profondément que tu peux. A cet instant ou tu seras centré vraiment tu sauras, tu te souviendras de tout.|couper{180}
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Encore des petits formats
J’adore peindre sur des petits formats. Ils ne m’encombrent pas trop, et en général j’arrive à les écouler assez vite, ils me métamorphose en dealer et c’est rare lorsqu’ils parviennent dans une expo. Voici 4 petits formats 20x20cm acrylique et collages sur panneaux de bois Je les ai commencés hier soir, ils sont encore tout chauds|couper{180}
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41 Des incantations
Certaines incantations sont stériles, et elles approchent même le risible lorsque l'on comprend qu'elle proviennent de l'illusion, de l'ego. D'autres vous touchent, vous ébranlent et il s'agit encore de rester vigilant, se demander ce qui est touché... Est-ce l'enfant ? l'adulte ? la confusion de cette mixture entre les deux ? Et puis il y a l'incantation qui vous indique la trace, le signe pour vous remettre en chemin. Elles laissent en Soi un vide dans lequel on s'engouffre tout entier sans autre possibilité de choix. https://youtu.be/i2wmKcBm4Ik|couper{180}
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Qu’est ce que l’oubli ?
Hier soir je me suis endormi en me centrant sur mon cœur, j'ai remonté de longs couloirs, des corridors, des artères et des venelles en m'abandonnant au lacis de cette géographie étrange, en étant certain pour une fois d'arriver quelque part. C'est dans cette quête que le sommeil m'a pris, et au matin je n'ai que de très vagues souvenirs, des impressions tout au plus. Je ne suis pas fatigué pour une fois. Au contraire. C'est comme si j'avais refait le plein d'énergie. En étant attentif je pourrais mettre cette sensation confortable sur le dos d'une bonne nuit de sommeil mais mon instinct me dit qu'il y a autre chose. Comme si j'avais assisté à une réunion et que de nombreuses âmes m'avaient visité heureuses que j'ai décidé d'accomplir un bout de chemin en me laissant guider par mon cœur. Et ce qui est étrange c'est qu'au moment où je m'installe à mon bureau, que j'ouvre ce traitement de textes, les mots me viennent spontanément tout comme les souvenirs qui les accompagnent. Comme si l'écriture était un portail par lequel je parviens à dissoudre l'oubli. En même temps je n'ai pas encore accès à tout, je sens bien que l'on ne me propose que certains accès au fur et à mesure de ma progression dans le texte. Et que la patience, l'écoute sont requises sans être malgré tout obligatoire. C'est dans cette marge de manœuvre entre réalité et fiction, humour et gravité que je comprends posséder un véritable libre arbitre. Je pourrais parfois penser que les phrases me sont dictées mais si elles le sont ce ne peut être que par une version de moi-même qui en sait sans doute bien plus long que moi je n'en sais. Je ne sais dans quel espace temps se situe cette part à l'œuvre dont j'ai parfois la sensation de n'être qu'un instrument. Je le sais et je ne le sais pas dans un même temps. Dans l'instant. Il n'y a que lorsque je pense à une continuité, à un développement linéaire du récit que j'oublie quelque chose, et cet oubli est nécessaire. Comme si rien ne pouvait s'effectuer sans lui. Parfois je me dis que la poésie correspondrait mieux à cette orgie de textes que je ne cesse d'écrire. Peut-être est-ce le but dont le moyen est cet écoulement premier d' encre, comme un gâchis dont se servent les maçons pour ériger de simples demeures. Lorsque j'écris je suis en phase avec un instant immense et ce que je nomme l'oubli n'est qu'un des nombreux personnages du roman, il possède une fonction spécifique comme chacun des personnages de celui-ci. Il n'est juste qu'un mot un nom , mais sa nature n'est pas celle de l'absence, tout au contraire, c'est bien plus un excès de présence qu'il me faut apprendre à comprendre, à équilibrer comme on équilibre un instrument de musique en l'accordant.|couper{180}
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Ma recette du cœur d’artichaud
François Rabelais Guetty images Grande conversation avec mon bon ami François au sujet des artichauds. Quelle bagou il a encore ! Ce qui me conduit à parler de mon cœur d'artichaud bien sur. — Tous les moutons passent par dessus bord mon bon ami me dit François et on les suit du regard encore aujourd'hui. Mais qui reste dans le bateau ? tout le monde s'en fout ou à peu près. On rit. — Aller raconte moi comment ça t'est venu. Comment tu as eu cette magnifique idée de créer ton petit cœur d'artichaud me demande François. — Probablement avec la fatigue d'avoir chaque soir à compter les moutons. Je réponds. Rires. Mais il faut cependant que je dise quelques mots là-dessus. Car évidemment François n'est pas seulement François, tout comme moi je suis autre chose que moi. Voici donc ma recette pour créer un joli petit cœur d'artichaud. En premier comme il se doit la liste des ingrédients. Prenez quelques tonnes de solitude, peu importe combien.Prenez de bonnes raclées presque chaque jour et si possible plusieurs fois dans une seule journée.Dites je t'aime à tout bout de champs et écoutez attentivement le silence épais qui s'en suit.N'évitez pas la claque ou la gifle ou le coup de pied au cul qui ne manquera pas d'arriver après le point 3.Recommencer l'opération jusqu'aux abords de l'évanouissement.Reprenez conscience comme vous le pouvez.Avisez un arbre ou un trou et isolez vous.Réfléchissez mais pas trop ni trop longtempsRegardez le ciel et trouver un ou deux nuages, que vous transformerez en animaux.Ouvrez l'œil et le bon et si vous ne savez pas lequel est le bon, faites de nombreux essais.désespérez vous de ne voir que ce que tout le monde ne voit pasAttention c'est là qu'il faut être attentif votre cœur suinte, récupérez vite un petit pot de sève ou de sangSoufflez dessus un soir de pleine luneVoici enfin une graine qu'il vous faudra faire grandir en l'arrosant matin midi et soir.Faites ça suffisamment longtemps pour oublier votre vrai cœur. Elancez vous dans la vie en déposant sous chaque pied votre coeur d'artichaudfaites-en un joli paillasson.Puis observez encore et encore. Et maintenant on cuisine ! Une fois que vous avez accumulé suffisamment de saleté de souillures votre cœur d'artichaud est fin prêt à être dégusté Faites le bouillir pendant 45 minutes Epluchez le consciencieusement, une feuille après l'autre Retirer les poils un par un Prenez donc un peu de vinaigrette et savourez son amertume. Essuyez vous la bouche après. Comme boisson pour l'accompagner je conseille un petit vino verde un vin jeune du Portugal, en provenance du Nord du pays de préférence.|couper{180}
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Séparations et retrouvailles
Le semeur au soleil couchant Vincent Van Gogh détail Durant toute ma vie je n'ai pas cessé de passer de cercle d'amis en cercle d'amis ce qui je crois a eu pour conséquence de me modifier en profondeur à chaque fois. Car nous ne sommes souvent que la résultante des interactions avec les autres. Et en même temps, si je peux dire il faut bien qu'il y ait un axe, un point fixe véritable pour que j'ai pu subir autant de changements sans devenir complètement fou. Cet axe, ce point fixe je ne peux dire avec des mots ce qu'il est vraiment, mais j'ai toujours eu foi en son existence. Lorsque j'étais plus jeune il me rendait quasiment invulnérable. C'est à dire que quelque soit la douleur causée par la séparation, par le changement, par la rupture avec un certain nombre d'habitudes, avec une familiarité rassurante crée par le groupe, la famille, au fond de moi il y a toujours cet espace de calme, ce refuge qui me laisse penser que tout ce que je traverse n'est rien d'autre finalement qu'un enseignement, un flux d'informations et que je ne dois pas m'inquiéter outre mesure. Malgré tout je ne traverse pas ces événements sans douleur. Je les vis si je peux dire sur ce plan comme tout à chacun. J'ai connu la solitude, le désespoir, la colère, l'injustice. La plupart du temps ces émotions négatives s'élevant en moi lorsque je comprends à quel point une forme d'ignorance, qu'elle provienne des autres ou de moi-même, peu importe, se dresse entre nous comme un mur. Et bien sur j'ai aussi exploré le sentiment d'être une victime, mais ce n'était pas vraiment satisfaisant. Je veux dire que c'est une facilité, une banalité véritable de considérer être une victime puisqu'après tout j'ai toujours en parallèle la sensation d'avoir la main sur tous mes choix. Enfin ce n'est pas tout à fait comme ça que je dois l'exprimer. Je dois plutôt dire que cette part de moi-même que je nomme mon axe a toujours choisi bien mieux que ma cervelle, la pensée le raisonnement , le calcul ou l'intérêt peuvent aider le faire. Je pourrais dire que cet axe c'est mon cœur ou mon âme c'est certainement la même chose mais ce ne sont là encore que des mots. Une fréquence, une vibration particulière qui me conduit depuis toujours à effectuer des choix même si souvent ceux-ci ont l'air d'être ce qu'on appelle des coups de tête, des gestes des actes sans queue ni tête. Mais cette appellation vient des autres et du fait qu'ils s'accrochent toujours à une idée de normalité, ou de logique. J'ai toujours été illogique et ce n'est pas parce que la logique me manque, tout au contraire, je sais parfaitement comment celle-ci fonctionne. L'expression "c'est plus fort que moi" correspond tout à fait à ce qui se produit lorsque je me trouve confronté à une injustice quelle qu'elle soit. Autrefois c'était assez terrifiant car je pouvais me voir fonctionner, agir, comme si j'avais la possibilité de faire un pas de coté et sortir de mon corps. Je pouvais entrer dans d'effroyables colères, pénétrer dans la mauvaise foi la plus flagrante, partir en claquant des portes non sans au préalable avoir balancé mon poing ou mon crâne contre les murs. Dans le fond cette partie humaine n''est ni meilleure ni pire que celle de bien des autres que j'ai eu à côtoyer. A commencer par mon père qui m'avait en quelque sorte montré l'exemple. Ce dont je n'étais pas conscient évidemment. Mais malgré toutes ces colères, ces peurs que je n'ai jamais empêchées vraiment de m'envahir, il y avait toujours cette part de moi qui observait calmement tout ça. Comme une sorte de dissociation. Je pouvais même à certain moment trouver le spectacle burlesque comme si je me trouvais assis sur les gradins d'un cirque. Quand aux différents partenaires qui se trouvaient pris dans la tourmente je ne sais ce qu'ils ressentaient. La plupart du temps il devaient me voir comme un pauvre type, un salaud, ou un monstre. Ils ne semblaient pas posséder cette part en eux qui leur eut permis de prendre de la distance et de s'amuser du spectacle ridicule que j'offrais. Une fois que j'avais joué mon rôle je partais et souvent je ne revenais plus. Durant quelques temps les choses allaient ainsi de séparations en retrouvailles, puis l'impression de déjà vu m'indiquait que j'avais atteint une sorte d'objectif. On pourrait appeler ça l'ennui. Et alors je disparaissais pour de bon et on ne me revoyait plus. Je n'avais pas de rancune, pas de remords, pas de regret. C'était comme une mort à chaque fois et j'acceptais cette mort comme un passage obligé pour grandir si l'on veut. Evidemment je parle pas là d'un enfant qui cherche à devenir adulte, bien que souvent moi-même j'ai confondu cette notion d'évolution car je ne pouvais pas imaginer autre chose. En fait c'est l'âme, le cœur, la conscience qui ne cesse de vouloir grandir ou évoluer. Je ne sais pas pourquoi elle a prit cette forme, celle d'avoir toujours cette obligation de me séparer des autres et de mourir à ce que je pense être. Et cela s'est produit tant de fois que je ne peux les compter en seulement cette existence mais certainement aussi au travers bien des existences ici sur Terre et sur d'autres planètes, d'autres mondes, d'autres dimensions. J'en suis aujourd'hui enfin persuadé. Ce qui entraine évidemment une autre forme de séparation. C'est à dire avec les proches que je connais actuellement, et qui se demandent si je plaisante, si je suis à nouveau en train d'inventer de nouvelles facéties auxquelles d'ailleurs je les ai habitués comme pour les préparer au grand final. En espérant que leur désarroi ne soit pas trop violent ni douloureux. Quelque chose nous traverse et s'instruit ainsi depuis la nuit des temps. Cette chose, l'Esprit, la conscience semble avoir besoin de nous, de chacun de nous, du plus grand ou plus humble pour exister et évoluer. S'il en manque un seul tout s'écroule. J'ai foi dans cette idée que rien ne peut manquer. Que tout est important. C'est l'enseignement que j'ai reçu de la vie, de mes nombreuses séparations, car je sais que les retrouvailles aussi sont inéluctables. Cette nécessité des retrouvailles est semblable à la nécessité du but. Pour l'unité.|couper{180}
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36.Des réponses aux questions
Le Scribe accroupi détail Musée du Louvre. Peut-être ne prenons-nous pas les choses dans le bon sens. Peut-être devrions nous être plus attentifs aux réponses qui surgissent spontanément et à chaque instant plutôt qu'aux questions qui finissent par tourner en rond autour d'un centre qui déjà en lui-même est une réponse. Peut-être qu'il nous faut aussi passer par ce cheminement de l'incessante question pour l'épuiser. Pour épuiser toutes les questions et soudain nous rendre compte de l'évidence qui se tient là sous nos yeux. Ce qui nous égare c'est la frontière que nous ne cessons de poser pour tenter de discerner le possible de l'impossible. Cette conscience de Soi. Qui peut dire où elle commence et où elle s'achève ? Et ce n'est pas cette pauvre idée finalement qu'il y ait un commencement et une fin qui peut nous tirer d'affaire. Tout au contraire. En revanche il y a des degrés de vibration c'est indéniable comme il y a des degrés d'une note de musique à une autre. Comme il y a des milliers de valeurs de gris colorés d'une couleur à l'autre. On ne peut pas les saisir tellement elles sont nombreuses. Nous sommes contraints ici-bas à l'arbitraire. C'est ce que nous croyons. C'est que l'on nous enseigne depuis toujours. La notion de choix et celle du renoncement. Que le mystère soit détecté par la conscience, que l'on se dise soudain comme tout cela est mystérieux, c'est déjà une réponse en soi que nous nous hâtons de remplacer par une question. Oh mais quel est donc ce mystère ? Et c'est tout à fait dans le texte à dire par l'acteur qui joue à la perfection son rôle de personnage. Il pourrait même placer un zest d'humour, avoir une attitude décalée en l'exprimant à haute voix. Oh, mais ... quel est donc ce mystère ... ? Comme si la conscience jouait à s'étonner d'elle-même au travers de chacun d'entre nous. Puis saisie par un vertige, se hâtant à nouveau vers la question très sérieusement. Une inquiétude propice à réintégrer le rôle avec une gravité nécessaire elle-aussi. Je me suis posé tellement de questions tout au long de ma vie et sur tant de sujets que je ne peux plus faire semblant désormais d'ignorer l'humour que possède la conscience. Pas Ma conscience, mais la conscience en générale. Qu'elle soit la conscience de l'os, de la pierre, de la graine comme de l'oiseau, cette conscience qui s'explore règne après règne dans ce que nous nommons une durée et simultanément dans ce que nous nommons l'instant présent est toujours à la fois la même et en même temps une étrangère à elle-même. Emportée vers la nécessité du but de l'infini , de l'amour , de l'unité c'est la seule manière qu'elle a pu imaginer pour se déplacer, d'une chose finie en une chose achevée et en même temps dans une continuité que nous avons peine à appréhender. La réponse est déjà évidente qu'il puisse exister à la fois un temps linéaire et un instant présent qui le contienne et non l'inverse. Encore faut-il que la réponse soit dénuée d'intérêt égoïste. Qu'elle puisse être utile au plus grand nombre. Qu'elle ne soit pas une affirmation sans fondement véritable, sans connexion avec le mystère et sa Source. Que cette réponse soit vécue avant toute chose. Comment revenir à la question après cette expérience ? C'est toute l'histoire de ma vie. Un éveil précoce, à l'âge de 6 ans puis une longue et fastidieuse vérification qui dure encore aux dernières nouvelles. Comme si j'avais fini par douter aussitôt l'éveil vécu que pour étudier le fondement tout entier du questionnement. Comme si j'avais choisi de revenir vers le monde après avoir été propulsé au paradis afin de réaliser une tâche, un labeur, une mission. Vouloir comprendre la matière aura été une obsession autant qu'un égarement volontaire. Car qui peut vraiment dire quoique ce soit de sensé sur ce qu'est véritablement cette matière ? Même les scientifiques les plus renommés n'en tirent tout au plus que des hypothèses. Hypothèses sur lesquels ils fondent des théories. Et tout fonctionne, même un théorie fondé sur une invention. C'est là l'incroyable réponse de l'univers à chaque fois qu'il participe à la moindre création. Et comment ne pourrait il pas en être ainsi ? comment la neutralité ne serait elle pas le pendant de toutes les bienveillances comme de toutes les malveillances, des mensonges comme des vérités. Il faut bien qu'il y ait un centre pour qu'un cercle se crée. On ne va pas demander à chaque point de ce cercle de rendre des comptes sur sa nature si ce n'est afin d'épuiser à la fois un art du questionnement, et ce que nous appelons la Raison. Ce double épuisement poussé par l'avidité de savoir crée exactement son contraire, l'irrationnel et la déraison. La voix s'interrompit à l'instant même où je commençais à me demander d'où elle provenait. Signe que l'égo recouvrait son territoire, que le mental s'enroulait comme un serpent autour de mon poignet m'imposant ainsi une fois de plus la fausse nécessité du JE. Me voici au Musée du Louvre. J'ai décroché un job pour continuer à pouvoir étudier. Maitre-Jacques. Ou homme à tout faire comme on le dit plus communément. Ce matin je dois aller déboucher des toilettes dans les salles égyptiennes. C'est la toute première fois que je me rends là-bas et malgré les quelques renseignement que le chef d'équipe l'a donnés je me suis égaré. Soudain je pénètre dans une grande salle, très lumineuse et je me retrouve face au Scribe. Le choc est tel que je titube. Je suis paralysé par son regard tellement intense, bleu. Les larmes me montent aux yeux et j'éprouve un amour infini pour cette sculpture sans rien comprendre au film. Jamais une œuvre d'art ne m'a touché si profondément. J'éprouve la sensation physique qu'elle m'arrache le cœur que celui ci sort de ma poitrine et prend tout l'espace de la pièce et même au-delà. Je m'étais rabiboché avec mes parents à cette époque. De temps en temps je faisais un saut pour me rendre chez eux le week-end afin de partager un repas. Ma mère était déjà bien malade sans le savoir. Elle buvait en cachette du vin blanc et s'était trouvé quelques camarades alentour, dépressives probablement aussi pour organiser des parties de oui jà. Un jour où mon père était en déplacement elle m'avait demandé de participer à l'une de ces fameuses parties. La curiosité l'avait emporté sur le ridicule que j'attribuais à tout cela et je me retrouvais devant un verre rempli de blanc et un autre retourné sur lequel il s'agissait de poser un doigt. — On va demander quelles ont été tes vies antérieures m'a dit ma mère en clignant de l'œil. Petit ébranlement de la raison lorsque je sens le verre se déplacer d'une lettre à l'autre que ma mère note soigneusement sur une feuille. — E S O P E .. ça doit être un nom dit-elle alors je sens des sueurs glacée couler le long de mes reins. —SCRIBE de PHARAON ..... le nom du pharaon semble indéchiffrable. Cette scène je peux la placer en amont ou en aval de ma rencontre réelle avec le SCRIBE ACCROUPI. Peu importe en fait. Le lien est là entre ces deux scènes et si j'écoute mon égo je peux me dire tout un tas de choses très valorisantes évidemment. Mais ce ne sont en fait que des souvenirs écrans. Car l'important aujourd'hui n'est pas le scribe, mais les deux pierres bleues incroyablement intenses qui créent son regard. Peu à peu les contours de la sculpture comme tout ce qu'ai tissé comme élucubrations sur mes relations au scribe, à l'ésotérisme de ma mère, s'évanouissent paisiblement. Il ne me reste plus que ce regard dont je ne peux plus détacher les yeux. Il s'agit d'un regard tellement familier qu'encore aujourd'hui des dizaines d'années plus tard je n'ai qu'à me souvenir pour que mon cœur bondisse à nouveau dans ma poitrine et que des larmes me montent aux yeux. Ainsi toutes les questions que je me suis toujours posées sur la rencontre avec le scribe forment un cercle sur lequel je me tiens en équilibre depuis tout ce temps et qui ne servaient qu'à appréhender la circonférence. Je suis ce scribe. Pas moi en tant qu'égo, mais en conscience je me reconnais conscience au travers de son regard.|couper{180}
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Les limites de la transe.
Photo de Hilmi Iu015fu0131lak sur Pexels.com 34 textes plus tard le mot transe surgit suivi de près par l'hystérie. L'écriture est un moyen que j'ai trouvé pour pénétrer dans la transe et comme je pense n'être perpétuellement qu'un ignorant, je ne sais pas maitriser ce phénomène, je me trompe presque tout le temps de direction, c'est ainsi que je parviens tout au plus à une forme d'hystérie. En réfléchissant, en tentant de m'extirper de ma naïveté de façade, cela ne fait pas un pli : il doit s'agir de la même transe, la même hystérie concernant la peinture. J'ai tout de même cette faculté de pénétrer dans la transe. C'est un fait indéniable , mais l'intention d'y pénétrer, d'utiliser la transe doit être revisitée. Car il faut se poser encore et toujours à chaque pas, la question de l'intention véritable qui me pousse à cette double répétition. Qui suis-je réellement ? Suis-je un chaman ? Un écrivain ? Un peintre ? Ou tout simplement un pauvre type qui se sera inventé des personnages à seule fin de se consoler de son impuissance chronique ? La lucidité qui s'empare de moi à l'instant où je me pose la question, ce pressentiment terrible qui monte presque aussitôt pour tout envahir de mes croyances, tout ça n'est pas une sinécure, c'est l'un des plus sales moments de ma vie. Faire la part des choses n'est pas vraiment mon fort, j'ai l'habitude d'être entier et "jusqu'au boutiste". Lorsque je commence à avoir un doute, je n'ai pas de cesse avant de l'avoir exploré de fond en comble. Puis il me vint cette idée que ce doute, cette prétendue lucidité n'est probablement rien d'autre qu'un programme installé dans ma cervelle depuis toujours. Peut-être qu'au moment même où je découvre ainsi, par la transe, de nouveaux possibles, une issue, ce programme se met-il aussitôt en route afin de me dissuader de penser que je puisse ainsi m'évader. Dans quelle direction alors orienter la confiance en soi ? Vers les ténèbres les plus noires ou vers la lumière et la clarté... ? Le choix parait d'autant plus difficile qu'il semble à première vue évident. N'importe qui choisirait la lumière évidemment. Et ainsi le monde des bisounours se recréerait presque aussitôt jusqu'à ce que la sensation de fausseté refasse son apparition, et le malaise qui ne cesse de l'accompagner. Il me faut donc apprendre à étudier plus attentivement les intentions qui me poussent à pénétrer dans la transe. Tout comme décider aussi des limites à ne pas franchir pour ne pas s'égarer dans l'hystérie. C'est à dire dans une méthode Coué à la con. Rester vigilant sans rien fixer. Voir l'ensemble et ne pas se laisser l'attention être capturée par un détail. Avancer ainsi comme un indien dans la forêt. Dans l'instant et accepter sans broncher l'assaut de toutes les mémoires gisant dans la cohorte des espace -temps. Les laisser surgir puis se dissoudre aussitôt sur la carapace d'attention que je ne cesse de créer ainsi dans cette vigilance au mouvement général. Persévérer dans l'erreur est diabolique dit-on. Accepter la séparation n'est pas une chose facile. Cette séparation qui s'opère naturellement avec une illusion sitôt qu'elle est découverte en tant que telle. Persévérance et ténacité. D'accord mais jusqu'à certaines limites. Et quelles pourraient être alors les limites ? Au delà de l'hystérie et de son déjà vu, se trouve un espace calme que je ne cesse d'appréhender mais dont je me méfie encore beaucoup. Cet espace j'ai du mal à le qualifier. Et comme d'habitude je fais confiance au premier mot qui me vient à l'esprit lorsque j'y pense. C'est la compassion. L'hystérie s'empare aussitôt du mot pour s'en nourrir, je la regarde, elle est avide, désespérée par la faim inextinguible. J'éprouve de la compassion pour cette hystérie. Je peux la comprendre désormais, sans toutefois que ma propre avidité ne lui fasse écho et que nous nous élancions l'un vers l'autre vers une fusion illusoire. Je continue mon chemin dans la foret, je regarde l'ensemble, tout ce qui vit et bouge dans le visible comme dans l'invisible. Mon cœur bat plus fort, et plus calmement en même temps, il me semble que l'énergie provient à la fois de moi comme de l'extérieur, elle s'engouffre en moi par mille canaux qui se créent dans l'immédiateté de chaque pas. C'est à cet instant que la vigilance doit être la plus aiguisée. Une hystérie peut toujours en cacher des milliers d'autres.|couper{180}
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La logique reptilienne
Une représentation approximative de ce que pourrait éventuellement être un reptilien… —Le profit, la domination, sont les mots clefs de la logique reptilienne. Pour aller dans ce sens toutes les âmes qui se réincarnent ici sur Terre doivent traverser l'oubli. C'est au cours de ce passage que les lézards en profitent pour implanter leurs cristaux dans le corps éthérique. C'est ainsi qu'ils font de chaque nouveau né leur esclave en réduisant son taux vibratoire. — Mais puisque l'on est au courant de ces choses, pourquoi ne fait-on rien pour les arrêter ? Pourquoi les laisse ton faire ? — La notion de libre arbitre ! Et la nécessité de dualité de la conscience à la fois ici dans la troisième dimension mais aussi dans tout l'univers. — Mais justement s'il y a des bons et des méchants, les bons aussi peuvent utiliser leur libre arbitre. — Ils s'en servent à leur façon. Ils peuvent répondre à une prière, à une demande, mais ils ne peuvent intervenir de leur propre gré. Quelle confusion dans mon esprit au réveil. La silhouette de Maria disparue presque aussitôt que je me fis la réflexion. Et je me levais avec comme seule sensation un doute sur la réalité qui m'entourait. Cette impression d'avoir été capturé dans une illusion perdura quelques instants puis une fois ma tasse de café avalée je tentais de remettre de l'ordre dans mes idées. J'essayais de trouver le fil conducteur, l'émotion qui revenait le plus tout au long de ma vie. Bien sur l'injustice arrivait en tête suivie de près par la colère, la révolte et au final l'impuissance. Cette impuissance était comme l'irrémédiable conclusion que je pouvais formuler à chaque fois que je m'étais révolté contre ce que j'avais perçu comme une injustice. C'était cette conclusion qui m'avait fait perdre autant de temps dans ma vie. Je repensais à ce que m'avait dit Maria sur la notion de libre-arbitre et au fait qu'il fallait que nous demandions quelque chose pour que le camps des gentils nous aide depuis là haut. Bien sur j'avais déjà tenté l'expérience de la prière, des milliers de fois. Mais la façon dont j'avais été exaucée avait souvent été fort décevante. Il avait fallu aussi que j'accepte cela, le fait que je ne sache rien demander correctement à la Providence. — C'est tout à fait normal me dit Pablo en se servant une tasse de café. C'est à cause de l'implant, tout ce que nous demandons ici-bas n'est qu'un dérivé du profit ou de la domination sur les autres qu'on le veuille ou non. — Mais moi Pablo je suis un artiste, mon seul but est de peindre et de partager ma peinture avec les autres ! — Comme tu es encore naïf mon ami ! Et orgueilleux aussi. Crois-tu vraiment que les gens vont s'intéresser à ta peinture juste en la montrant ? C'est beaucoup plus compliqué que ça crois-moi j'en connais un rayon sur le sujet. D'ailleurs je ne devrais pas te le dire, ta naïveté n'est qu'un mensonge que tu te fabriques à toi-même pour ne pas affronter la réalité en face. Pour ne pas accepter ta nature reptilienne. Et ce n'est pas en la fuyant que tu lui régleras son compte. — Je ne comprends rien Pablo, tu veux dire que je me mens à moi-même ? Pourtant moi je pense vraiment que je suis sincère, authentique ! — Pas à moi mon ami, derrière cette écran de naïveté j'arrive fort bien à voir tous tes empêchements, tes colères, tes révoltes, et bien sur ton impuissance. En fait tu te sers de cette naïveté pour te penser différent des autres. Et si cela peut te consoler, tu n'as certainement pas inventé le fil à couper le beurre, bien des gens passent leur temps à se réfugier dans cette naïveté de la même façon. J'avais la sensation de marcher sur des gouffres à chaque nouveau pas. Intuitivement je sentais que Pablo disait vrai. Ce qui expliquait en grande partie mon mal-être aussitôt que j'avais à parler de ma peinture à qui que ce soit. La plupart du temps je choisissais de me réfugier dans une sorte de mutisme car tout ce que je pouvais dire sur mon art me paraissait faux, inexact ou bien épousait une sorte de discours politiquement correct. Dans le fond il y avait bien tout de même une envie d'être reconnu, accepté, distingué des autres, un genre de profit bien sur à tirer de la peinture, et par conséquent aussi une envie de domination de celle-ci , une volonté de l'asservir, de l'exploiter ne serait-ce que pour pouvoir payer mes factures. Mais pas seulement. N'utilisais je pas l'art, la peinture pour me penser différent des autres ? pour penser même être meilleur que tous ces autres ? Si j'écoutais profondément ce que la voix de Pablo me disait et si je remontais le cours de toutes mes intentions ce que je découvrais m'effrayait. — Je voudrais pouvoir me débarrasser de toutes ces intentions dis-je à Pablo. — Plus tu voudras t'en débarrasser plus tu les renforceras encore plus profondément me répondit Pablo. — Comment faire alors ? J'étais vraiment désespéré, ma vie toute entière me paraissait être un énorme gâchis. — Apprend à demander correctement les choses me dit Pablo. — "correctement" ? le mot m'agaça immédiatement. — La notion d'impeccabilité peut prendre du temps à être comprise, de plus ce sera à toi de la trouver car nous avons tous la possibilité de créer une singularité une version unique de l'impeccabilité que seul chacun de nous peut sentir "juste" si tu préfères. — Est-ce que toi par exemple tu pourrais m'enseigner à être impeccable ? Aller Pablo S'il te plait... Pablo se mis à rire. Pour la plupart des gens je suis un grand peintre mais je suis aussi un parfait salaud. C'est le paradoxe crée par la logique reptilienne lorsqu'elle passe par l'alambic des cervelles humaines. Le seul conseil que je peux éventuellement te donner, c'est de ne pas chercher à être quelqu'un d'autre que celui que tu es depuis toujours. De l'accepter et d'accepter ta nature humaine telle que tu dois la vivre dans cette incarnation. Mais s'il te plait arrête de prendre les gens pour des idiots en te réfugiant derrière ta naïveté qui d'ailleurs est en toc. Je me retrouvais soudain seul avec ma tasse de café vide, le jour se levait lentement, péniblement tout comme mes pensées d'espoir sur cette nouvelle journée, comment sortir de ce magma de confusion ? j'étais désespéré par ce que venait de me dire Pablo. Peut-être était-ce là justement au fond même du désespoir que demander pouvait s'opérer de la plus juste des manières. Je décidais de demander une chose simple pour commencer. Que l'on m'aide à y voir plus clair et que l'on m'oriente sur de vraies questions.|couper{180}
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Les âmes coincées
Photo de Monstera sur Pexels.com Je les vois depuis toujours. Elles surgissent à l'improviste dans mon champs de vision. Cela peut se produire à n'importe quel moment de la journée. Ce sont des silhouettes. On les voit mais on n'en tient pas compte. Ce sont à l'instar des figurants d'un film des éléments du décor qui servent à renforcer sa véracité. J'ai mis un moment à comprendre de quoi il s'agissait. Ce sont les âmes coincées dans ce monde qui n'arrivent pas à trouver la sortie. Beaucoup parmi elles ne savent même pas qu'elles sont des âmes égarées. Elles ne savent même pas qu'elles ont quitté leur corps. Que celui-ci pourrit sous la terre, est devenu ossements, depuis des années, parfois mêmes des siècles, des millénaires. J'ai cependant toujours porté une attention à ces silhouettes quelles qu'elles soient. Oh pas une attention aigue bien sur. Il ne me venait pas à l'idée de les aborder, de tenter de connaitre leur histoire dans le menu. En revanche il m'est arrivé par simple politesse d'échanger quelques propos sur le temps qu'il fait, sur le prix des marchandises dans les rayons d'un supermarché, ou encore de répondre à une question simple qu'ils se posaient tout haut sur leur orientation dans la ville. Je ne suis jamais étonné lorsqu'on m'aborde ainsi dans la rue pour me demander un renseignement. C'est bien ce qui m'étonne. Depuis que je sais que ces âmes égarées existent et qu'elles ne cessent de vouloir entrer en interaction avec les vivants, plusieurs fois me sont venues des sueurs froides. Je me suis évidemment demandé si je n'étais pas une des âmes égarées également. Je n'en parle jamais avec les gens qui m'entourent. Je veux dire je n'ai pas trouver de moyens fiable de vérifier l'authenticité de mes propos. Ce n'est pas par peur que l'on se moque de moi, que l'on me prenne pour un hurluberlu, ou un fou. Non, c'est que je n'y pense pas tout simplement. Je m'y suis tellement habitué à ces âmes perdues que j'imagine que tout le monde peut les voir aussi nettement que moi je les vois. Ce qui n'est après tout pas si certain que ça. Le pire serait d'imaginer que tous les gens qui m'entourent et moi-même sommes tous des âmes égarées. Ce serait des conversations de sourd en quelque sorte. Et on ne se rendrait même pas compte de notre égarement mutuel. On continuerait de penser que nous sommes tous vivants alors que nous sommes morts depuis des milliers d'années. Ce qui me rappelle l'expérience du chat de Schrödinger. Peut-être sommes nous dans la même expectative, celle de savoir enfin, avec certitude, si nous sommes vraiment vivants ou vraiment morts.|couper{180}
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L’humour et les montgolfières.
Comme j'habite près d'Annonay, je fais régulièrement ce rêve dans lequel je monte dans une montgolfière. Son enveloppe est fragile toute constituée de papier. Et pour s'élever, pour dépasser les obstacles que forment les collines, les monticules, parfois la flamme du réchaud ne suffit pas, il faut lâcher du lest. Et voici justement ce qui m'arrive. La bonbonne de gaz est probablement vide et j'ai déjà jeté par dessus la nacelle quantité de sacs de sable. Que pourrais-je trouver encore pour alléger mon vaisseau ? M'élever plus haut ? Foncer droit vers les étoiles ? Salvador est ravi, les deux brins de sa moustache laissent dans l'air une fragrance parfumée presque palpable. — Plus haut dit-il, encore plus haut ! Mais qu'attends-tu ? Jette encore du lest ! Je regarde le plancher et il n'y a plus rien à jeter. Je le regarde avec un air déconfit. Mais il semble ignorer mon désarroi. Il sourit les yeux rivés vers le haut. On dirait une peinture religieuse. Et soudain je crée une sorte de collage imaginaire dans lequel je place sa photographie à la place du visage de Mona Lisa. —Ton humour nous fait perdre de l'altitude dit-il soudain en me regardant de haut. Ce qui me fait rapetisser. En contre plongée j'essaie de me raccrocher à ses moustaches pour m'indiquer l'heure, assez précise normalement. Mais là je m'aperçois que les aiguilles sont devenues folles. Les brins de sa moustache font des moulinets. — Vite imbécile on va s'écraser ! il dit calmement. Mais comment faire pour balancer mon humour ? C'est sur qu'il ne va plus rester grand chose de moi après cela, je pense. — Tout le contraire de ce que tu penses justement me dit Salvador qui lit bien sur dans mes pensées. Ses yeux roulent dans leur orbites et j'aperçois dans leur brillance la jeune fille à la perle. Je peux encore zoomer un peu plus pour examiner l'image à la surface de la perle et je me vois : un tout petit bonhomme grimaçant. Merde, quel rêve à la con ! A peine ai je dit ces mots que j'entends le bruit du moteur, caractéristique d'un Messerschmitt abattu. La nacelle s'incline dangereusement, Salvador s'agrippe à un filin avec un calme olympien tandis que je roule au sol d'un bord l'autre de notre embarcation. — Jette ton humour fais moi confiance et je te refilerai un petit bout de chocolat pour te consoler promis. Je ne savais pas Salvador si proche parent des arracheurs de dents. Jeter mon humour ? mais ce serait la fin de tout, je ne serais plus rien, une larve, un ectoplasme je pense. Et aussitôt je me transforme en larve évidemment. Du moins j'ai cette pénible sensation d'être devenu à la fois blanc, minuscule et de m'agiter fébrilement. Un asticot ni plus ni moins. —Dernière chance avant de s'écraser me lance Salvador toujours très digne. Est-ce qu'un asticot peut encore se risquer à faire de l'humour je me demande... Et à travers les lattes de bois du plancher je vois les champs de colza se rapprocher de plus en plus vite. J'admire le jaune bon sang qu'il est intense, qu'il est beau. Une vraie fascination ! Mon petit cœur bat dans ma petite poitrine d'asticot. Je suis captivé totalement pas la beauté de ces jaunes. Et au même moment j'ai la sensation d'une bulle de champagne qui sort de ma tête et reste un instant face à moi en suspension comme si elle m'étudiait . Je souffle dessus comme si c'était une bulle de savon. Elle sort de la nacelle et disparait dans le jaune du colza. —ça y est Salvador, j'y suis arrivé ! Salvador me regarde, moustaches 11h11 il cligne de l'œil, puis tourne son visage vers le soleil, je ne vois plus que son profil, je suis la direction de son regard là haut moi aussi et je vois la belle Gala qui ressemble comme deux gouttes d'eau à ma Maria. Je fais woua ! Et là bien sur la montgolfière s'élève , je peux la voir s'élever désormais étant donné que j'ai été déposé au beau milieu d'un champs de colza. Durant un petit instant je me demande si je rêve encore mais rien n'est moins sur. Car tout est si intense ! Plus intense encore que dans la réalité. C'est à ce moment où le doute s'installe que je vois arriver une énorme boule blanche comme dans le feuilleton "le prisonnier". Elle me saute dessus et me phagocyte. Et là paf évidemment je me réveille pour de bon avec la sensation désagréable d'avoir encore une fois de plus raté un tableau.|couper{180}
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30.Puzzle
Photo de Tobias Bju00f8rkli sur Pexels.com J'ai du m'assoupir un instant. C'est la vision d'un puzzle dont j'aperçois les pièces éparpillées sur une immense table de monastère qui me laisse perplexe. Durant quelques secondes je me demande si je suis en train de rêver ou si cette scène est réelle. Sur le sol en pierres polies, usées, j'avise ce qui doit être la boite, l'emballage. Celui-ci est défoncé comme si quelqu'un l'avait soigneusement piétiné. La couverture de la boite est illisible. Ainsi je me retrouve face à des fragments et il parait évident qu'il sera difficile de les assembler étant donné que je ne dispose pas de l'image originale. A quoi pourrais-je me fier pour reconstruire ce puzzle ? La première chose qui me vient à l'esprit c'est le temps que je devrais y passer. Une angoisse due à ce que j'imagine aussitôt être cette perte de temps. Et qui monte plus intensément dès que je comprends que la seule chose que j'ai à effectuer ici et maintenant, est de reconstruire ce puzzle. Comme s'il s'agissait d'une épreuve obligée, de l'espèce de celles dont on ne peut faire l'économie sous peine d'en subir aussitôt la conséquence sous la forme d'une sanction. Et pourquoi donc ? Pourquoi voudrais-je assembler ce puzzle ? Après tout ce n'est qu'un jeu que le rêve me propose, accompagné d'une facétie dont je ne distingue pas la raison véritable. Pourquoi irais-je encore me fourrer dans une histoire impossible à terminer si ce n'est toujours cette peur de ce qui adviendrait, ce qui pourrait advenir, si je n'obtempère pas. N'est-ce pas le fantasme obsédant de vouloir à tout prix achever quelque chose qui vient me poursuivre jusqu'au plus profond du rêve ? Achever quelque chose pour en finir avec la peur d'être sanctionné. Principalement je m'en souviens maintenant par mon père. Je vais t'apprendre à terminer ce que tu as commencé me dit-il en dégrafant sa ceinture juste avant de laisser libre cours à la violence de son amour pour moi. Je sais dans ces cas là, je me raccroche de toutes mes forces à cet espoir, qu'il ne veut que mon bien évidemment. Mon regard se détache de la table et des pièces du jeu dont la plupart sont retournées. J'aperçois peu à peu une immense salle, probablement celle d'un château. Une cheminée imposante où rougeoient les restes d'un tronc d'arbre. La seule lueur qui éclaire la salle semble provenir de ce feu. Au fur et à mesure que les flammes s'élèvent comment nourries par mon attention, celles-ci projettent de grandes ombres mouvantes à la surface des murs. Et ces ombres peu à peu prennent des formes humanoïdes. L'une après l'autre elles se détachent des parois pour s'avancer. Bientôt elles forment un large cercle tout autour de la vaste table, du puzzle, et moi. Leur présence parait renforcer plus encore cette notion d'insistance que je pressens depuis un moment déjà. Le fait d'avoir une décision à prendre qui peut totalement bouleverser le cours de ma vie. Soit je me mets au boulot servilement et je commence à trier les pièces pour les rassembler par catégories, par famille. Soit je botte en touche, je fais un bras d'honneur à l'assistance et je décide de me réveiller. Mais à peine ai-je formulé cette seconde option que les ombres se rapprochent plus encore, je les distingue de mieux en mieux . A première vue je pourrais penser à des religieux car elles sont vêtues comme tels. J'ai peine à voir leurs visages sur lesquels une capuche est rabattue. Pourtant je n'éprouve aucune crainte. J'ai la sensation que toutes ces ombres me sont familières. Au delà du cercle qu'elles forment désormais mon regard se porte à nouveau sur les murs. Les flammes de la cheminée semblent s'être encore intensifiées et les ombres qu'elles produisent surgissent de plus en plus. Une sorte d'écoulement, un suintement d'ombres. Désormais c'est toute une foule qui a surgit des murs de la vaste salle. Et toutes ces ombres entretiennent un lien intime avec qui je suis. Elles sont toutes une partie de cette histoire, de qui je suis. Elles sont issues de milles souvenirs qui me reviennent presque instantanément et qui naviguent ici sur Terre dans une fresque regroupant plusieurs époques. Toutes ces ombres sont moi à un moment donné de mon passage, de mon incarnation dans une époque donnée ici sur Terre et tout à coup je découvre aussi que j'ai vécu dans d'autres mondes sous différents soleils, d'autres dimensions, d'autres univers. Mais moi qui suis-je donc alors ? Qui est vraiment celui qui se souvient de toutes ces existences passées ? Le lien est alors évident entre ce puzzle que je ne sais comment construire et toutes ces ombres qui m'entourent à présent. Est-ce que j'ai le temps de m'attarder à vouloir achever quoique ce soit ? L'instant présent contient tout l'espace-temps, tous les espace-temps plus précisément et je saisis intuitivement que cet espace temps dans lequel je suis est semblable à un tout petit élément d'une suite infinie. Je ne suis là qu'en tant de nombre précisément dans une suite de nombres. Et tous ces nombres s'élancent sans relâche vers l'infini. Réciprocité d'une relation mathématique. Car l'infini ne peut exister si l'on retranche un seul de tous ces nombres. Chaque nombre dépend de tous les autres inéluctablement comme je dépends des ombres massées tout autour de moi. Chaque existence achevée dans le temps me propulse vers une conscience plus aigue du but, vers cette fatalité que rien ne peut dans cette course effrénée se terminer. Que chaque existence qui se termine participe de la nécessité de l'infini, de la conscience comme de l'amour. Il faut des milliers de fins pour se constituer en tant qu'humain une vague idée de l'éternité. Et enfin effectuer ce saut quantique : en finir avec l'idée que l'éternité est un but, une fin que l'on puisse imaginer. En finir avec l'obsession de vouloir achever quoique ce soit.|couper{180}