Estonie

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Planche 1- Estonie, souvenirs, origines

Planche 1 — Johannes Musti, le grand-père fantôme Cette compilation rassemble les passages clés sur l'héritage estonien, organisés par thèmes narratifs majeurs. 1. Johannes Musti, le grand-père fantôme Le grand-père peintre, disparu avant ma naissance, figure centrale de la transmission familiale. 21 décembre 2025 — "Johannes Musti est d'abord évoqué par une suite de suppositions : il est grand ou petit, selon l'humeur. Il quitte l'Estonie, fait un détour par Saint-Pétersbourg pour apprendre à peindre, puis atterrit à Epinay-sur-Seine pour participer à la création des décors de cinéma. Déjà là, le texte signale l'incertitude, la transmission lacunaire, la fabrique mémorielle : il boit, il a quatre enfants, il meurt." 27 février 2022— "Le père de ma mère était peintre. Il s'était enfui d'Estonie peu après la révolution russe de 1917 et était devenu peintre de décors de cinéma dans les Studio d'Épinay sur Seine, en région parisienne. Peut-être que ma mère petite fille, tout comme moi, imaginait également que la peinture était un pouvoir magique dont il serait comme une évidence d'hériter." 11 décembre 2019 — "Ce grand-père estonien, qui avait déjà dû sacrifier beaucoup pour quitter l'Estonie, se rendre à Saint-Petersbourg pour étudier l'art, avant la révolution de 1917, puis décider de tout quitter encore pour s'exiler en France à Paris, ce fantôme qui te hante depuis toujours, fut le modèle que tu avais choisi sans même en prendre conscience." 2. Valentine & Vania : l'exil et le salut Ma grand-mère Valentine et son second mari Vania, figures de la diaspora et de la reconstruction. 18 décembre 2025 — "De Vania, je ne sais presque rien, et pourtant je le sais par cœur : c'est le paradoxe. On nous a appris à parler bas de lui, comme d'une anomalie qu'on tolère tant qu'elle ne fait pas de bruit. Un Russe chez des Estoniens, un homme qui vivait là 'depuis toujours', donc personne ne se souvenait vraiment du début." 15 mars 2023— "À la Varenne, l'appartement comptait trois pièces. L'une servait d'atelier de couture et de chambre pour ma grand-mère estonienne, Valentine. Un nuage de fumée y flottait en permanence. Elle fumait des 'disques bleus'. La cigarette lui avait éraillé la voix. Elle confectionnait ses cravates, cigarette au coin des lèvres, sans cesser de travailler." 27 février 2022 — "Avenue des piliers plantée de part et d'autre de peupliers, à la Varenne Chenneviere, trois petites marches une porte, lourde, un bref couloir, 4 pas et tout de suite la porte droite, Musti/Antipine, deux noms, celui de ma grand-mère estonienne et de mon beau grand père russe. Frappe avant d'entrer mais pas la peine la porte s'ouvre ils nous ont vu arriver par la fenêtre." 3. L'exil : pogroms, guerre, discrimination Les violences historiques qui ont marqué le départ et la mémoire familiale. 5 août 2024 — "Elle avait quitté l'Estonie avec son époux en 1917, à une époque où les bolchéviques, ayant conquis les terres baltes, les mettaient à feu et à sang. En fait la vérité je la su des années après, et encore après de nombreux doutes et tâtonnements, la véritable raison de leur exil c'était à cause des pogromes." 18 janvier 2023 — "C'est durant la guerre que les trois frères de ma mère et elle même durent s'éloigner de Paris. On les confia à des fermiers, dans la Creuse, en attendant que les choses se tassent. Ce qui ne l'empêcha pas d'être conspuée par les gamins des écoles qu'elle fréquentait. 'Sale étrangère', le mot lui était resté." 5 décembre 2025— "Le bricolage à l'œuvre : une manière de parler en 'je' tout en gardant une distance de sécurité. La naissance du dibbouk – ce double qui parle à ma place et encaisse pour moi – doit remonter à peu près à cette période, d'un secret conservé de mère en fille depuis les pogroms d'Ukraine et de Biélorussie, et des quelques survivants réfugiés en Estonie." 4. Identité et transmission : l'héritage troué La question de ce qui reste, de ce qui se transmet malgré les silences. 25 décembre 2025 — "C'était l'accent lamentable de ma grand-mère estonienne quand elle disait 'mon chéri'. 'Ma séri', disait-elle, 'je ne comprends pas pourquoi t'acharnes, c'est un enfant il ne comprend rien.' C'est sur ce mot, à la fois méthode et caresse lointaine d'une langue hachée, que j'ai pu enfin trouver le sommeil." 15 octobre 2019 — "Le fait est que j'ai aussi décidé d'être juif depuis quelques années. Oh, c'était un secret de Polichinelle bien gardé. Ma grand-mère estonienne, à chaque fois que l'on abordait la religion, éludait le sujet, elle allumait une Disque bleue, elle rejetait en avant une jolie bouffée de fumée bleutée derrière laquelle son regard d'acier disparaissait." 18 août 2021 — "Ma mère est née sur le sol français en 1936 de parents estoniens. Durant toute sa vie elle n'a jamais cessé de souffrir d'un déracinement dont elle n'était pas l'actrice principale." 5. Marc et le projet Wiiralt : retour aux sources La rencontre avec Marc et le projet de film sur Eduard Wiiralt, peintre estonien contemporain de Johannes. 21 décembre 2025* — "11 décembre 2019 — Ils arrivèrent en novembre. Deux hommes du Nord. Le plus grand, Estonien. L'autre, Russe. La grand-mère prononça des mots dans une langue inconnue. Marc sourit. Ils étaient venus pour un film sur Eduard Wiiralt, peintre estonien que la grand-mère avait connu à Paris."* 11 décembre 2019— "Ils étaient venus en France pour réaliser un court métrage sur un des plus grands peintres et graveurs estoniens : Eduard Wiiralt, que la grand-mère avait connu dans sa jeunesse, quand, comme elle, comme tant d'autres, il avait fui le communisme pour s'installer à Paris. En fouillant les archives de Tallinn, Marc avait remonté la trace de l'artiste." 4 octobre 2021 — "C'est en ayant à nommer mes tableaux pour des raisons d'assurance, ici même, au centre culturel d'Irigny, que j'ai eu cette idée de trouver des titres en estonien. Et d'ailleurs lorsqu'en français il faut parfois quatre mots, une phrase pour dire quelque chose, je me suis aperçu grâce au traducteur de Google qu'en Estonien il n'en nécessitait que 1 ou 2."|couper{180}

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