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Le grand art

Séparer, diviser, est une spécialité humaine alors que la nature ne cesse de multiplier et d'additionner. Et donc il y a un malentendu de taille entre ce que l'on nomme confus et clair. La confusion étant naturelle et la clarté devant donner du sens, de l'ordre à la confusion. Mais que savons nous de la confusion réellement ? En avons nous fait une sorte de bête monstrueuse qu'à la seule fin de faire de notre prétendue clarté un apanage proche du Sacré voire du divin. Un sacré et un divin à notre sauce moderne. D'ailleurs explorer la confusion n'est pas autorisé, et on fait bien tout pour nous en empêcher depuis les bancs de l'école. Et si on se pose la question, pourquoi ne doit-on pas pénétrer dans cette confusion ? et bien on avancera toujours la nécessité de la clarté mais pas grand chose d'autre. Le serpent se mord la queue voilà tout. Ce qui fait qu'on impose une idée de lumière plus qu'une réalité de lumière. Et une fois celle ci enfoncée dans les esprits par une élite religieuse, politique, elle servira souvent pour asseoir une domination. Ceci est ou n'est pas la lumière. Vous voyez ? Et bien pour l'art c'est devenu la même chose. La séparation est tracée ainsi de la même manière avec les adjectifs petit et grand, vulgaire et sacré etc etc .... J'ai bien peur que tout cela ne soit que du brassage d'air, du bruit que l'on fait avec sa bouche. D'ailleurs j'ai moi aussi raconté beaucoup de bêtises je ne me mets pas à la marge. Simplement la prise de conscience d'un vulnérabilité chronique, vis à vis de cette unité que l'on voudrait remettre en question par la séparation, la division, à seule fin de tester sa réalité ontologique ou sacrée justement. Et la tester pour des raisons évidemment douteuses si je puis me permettre encore. Mais la réalité ontologique on ne peut ni la cerner ni la découper en tranche puisque tout à chacun baigne dedans comme toutes les définitions que l'on pourra trouver sur toutes choses pour tenter de les séparer, les isoler, souvent en vain. S'il existe un grand art c'est l'art de pénétrer en toute conscience dans la confusion elle-même, de s'y fondre totalement pour examiner le silence que cette prise de conscience crée en nous. Pouvoir être l'observateur en même temps que le co créateur d'un tel silence est un art qui réduit en poudre toutes les dimensions, l'orientation en général et la longue cohorte des adjectifs inutiles. Ce serait l'art d'un inutile dont on ne pourrait plus se passer car il renverserait gentiment, sans violence l'utile et ses empires, ses servitudes , ses maitres comme ses esclaves.|couper{180}

Le grand art

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Ils l’avaient bien cherché.

Adam et Eve dans le jardin d'Eden Artiste Johan Wenzel Peter (1745 - 1829) « Le complotiste et le paranoïaque ont toujours raison car il n’y a pas de fumée sans feu » C’est cette hypothèse qu’il s’était forgée lui-même vers laquelle il revenait sans cesse comme on revient au centre d'un cercle. Et cette certitude l’aiderait désormais à ne pas sombrer dans la débilité absolue du monde moderne. Pour lui l’humanité était frappée par une malédiction biblique sur laquelle il n’y avait plus à revenir. Et la preuve la plus évidente de cette malédiction, c’est qu’elle continuait sans répit ses ravages. Il n’y avait qu’à constater le peu de cas que l’on faisait des rituels, du divin, du sacré, relégués par l’incommensurable orgueil de cette humanité perdue à des croyances puériles et archaïques. L’indifférence qu’il nourrissait désormais pour l’ensemble des turpitudes humaines était ce mat auquel il s’attachait pour traverser la journée. Et l’on pouvait lui faire miroiter tout ce qu’on voudrait il n’en dérogerait plus, cette fois ci il en était certain, il n’avait plus de temps à perdre. « Ils l’avaient bien cherché » était le mantra qui lui permettait de botter en touche aussitôt qu’un relent de compassion, résidu de son ancienne existence, surgissait de façon impromptue, Son nihilisme lui permettait de s’enfoncer dans une obscurité de plus en plus épaisse au bout de laquelle, autre hypothèse à laquelle il s’accrochait, il apercevrait enfin la lumière. Et cette lumière là n’avait bien sûr rien à voir avec toutes celles dont autrefois il avait rêvées, car même son imagination était une source permanente de doutes et de méfiance, cette imagination n’était qu’une mèche trempant dans la gadoue générale, et qui ne cessait de s’en imbiber, on ne pouvait pas faire grand chose contre tout cela sinon d’en être toujours conscient. La haine qu’il entretenait désormais avec le monde était le pendant de son amour d’autrefois, piétiné par l’égoïsme , la bêtise crasse, l’intérêt personnel de tout à chacun et dont il s’était vu impuissant à s’opposer. — A qui donc t’adresse tu quand tu répètes encore une fois ces choses ? demanda une voix douce. Il sentit un frisson l’envahir comme la première fois que l’on joue au ouija. —Qui est là ? Parvint il enfin à articuler en tentant de rassembler une fois encore toute sa méchanceté pour se défendre de sa naïveté. — Qui voudrais tu que je soies ? répondit la voix sur le même ton. c’est à toi de le décider puisque visiblement tu sembles décider de tout… — Très bien ! Ah tu veux jouer à ce petit jeu ? Et bien je pense que tu es encore un de ces démons imposteurs qui veut se faire passer pour un ange. vas-y qui sera tu donc cette fois ? L’archange Saint-Michel ? Jésus ? Bouddha ? Il y eut un silence et, dans la pénombre de la pièce un imperceptible mouvement. Puis la silhouette se laissa distinguer peu à peu jusqu’à qu’à devenir on ne peut plus visible. Et il se vit comme on voit son propre reflet dans un miroir. Mais il était tellement rodé au refus qu’il refusa de se voir une fois de plus. Il tourna les talons et s’en alla s’occuper au jardin car il y avait beaucoup à faire pour maintenir la vie en vie et cette tâche désormais, il l'avait décidé aussi, passait avant toutes les autres.|couper{180}

Ils l'avaient bien cherché.

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Exorcisme moderne

Saul déboucha la bouteille de coke avec ses dents à la grande joie de Betty qui lui tendit aussitôt le gobelet blanc en plastique. Puis elle étendit sur le carton un napperon de dentelle, quelques pièces de Lego, la coquille vide d’un escargot et l’obligatoire bouquet de fleurs artificielles qu’ils avaient fauché plusieurs jours auparavant sur la tombe d’un chien crevé dans le jardin de madame Tronchu, elle même enterrée dans le cimetière du village. — Tu es sure que tu veux vraiment le faire ? demanda Saul encore une fois à la petite fille. — Oui grand-père ! Trop c’est trop il faut que ça cesse. À huit ans Betty possédait déjà l’essentiel qui ferait d’elle une femme au caractère bien trempé pensa Saul. Elle n’avait pas froid aux yeux, ne croyait plus au Père Noël depuis deux ans, et connaissait une quantité phénoménale de vocabulaire, notamment dans le domaine des gros mots, des invectives et des insultes. Saul avait raccroché depuis des années, il ne consultait plus qu’en cas d’extrême urgence, et encore la plupart du temps il bottait poliment en touche et envoyait désormais les personnes qui venaient le trouver soit chez une confrère un peu plus jeune, soit à l’hôpital le plus proche, soit il se contentait tout bonnement d’un signe de tête qui indiquait un refus sans autre. — Raconte moi encore une fois, et surtout avec le plus de détails possibles, c’est très important, demanda Saul à la petite fille — Et bien ça arrive quand je suis endormie, je me réveille et j’ai cette putain de sensation bizarre d’être complètement paralysée, et là je dois faire des efforts incroyables pour ouvrir les yeux et je la vois. Elle se tient assise sur ma poitrine et elle pèse super lourd. Sa robe bleue pue la naphtaline et le moisi. Son auréole dorée brille comme un néon de troquet glauque. De plus son haleine a une odeur dégueulasse comme si elle s’était enfilée toute une boîte de cachous Lajaunie. Puis elle commence à me siphonner, sitôt que j’ai peur et que je me souviens d’être paralysée elle en profite. Au début j’ai cru que c’était la Vierge Marie, évidemment, mais vu son comportement j’ai tout de suite eut du mal à avalé ce bobard. — Bien sur Betty tu as raison, rien à voir avec la Vierge je connais bien ce genre d’histoire. Beaucoup se sont déjà fait avoir que j’ai du remettre sur les rails. Je suis fier de toi vraiment, quelle sagacité pour ton âge ! Puis il ouvrit un paquet de cookies au chocolat, versa le coke dans les gobelets. —Il faut que toi et moi ingérions ces saletés pour démarrer le rituel dit-il. Ils le firent en silence. Puis une fois l’affaire achevée Saul leva une main et elle se transforma en oiseau qui virevolta devant le regard de la petite fille. Puis il entonna sa chanson fétiche, un vieux tube des années 70, mister tambourine man de Bob Dylan. Betty dodelina un instant de la tête puis ce fut bon, elle était en état de transe comme Saul. Ils allaient pouvoir cheminer tous les deux ensemble dans le monde invisible. — Rappelle toi surtout que c’est toi qui doit la repousser, moi je ne peux rien faire d’autre que t’accompagner ajouta t'il à la fillette. Quelques minutes plus tard la fausse sainte Vierge surgit dans la pièce. Betty respirait difficilement et Saul l’aida de son mieux en élevant peu à peu la voix tandis qu’il chantait Hey, Mr. Tambourine Man, play a song for me I'm not sleepy and there is no place I'm going to Hey, Mr. Tambourine Man, play a song for me In the jingle jangle morning I'll come following you Betty mobilisa toute sa force pour repousser la fausse sainte vierge. Une fois découverte cette dernière émit un cri affreux, c’était un vrai déluge d’ultra sons qui durant un tout petit instant déstabilisa la petite fille. Mais la chanson de Dylan l’aida à retrouver son chemin dans la confusion. Et pour se donner du cœur au ventre elle se mis à fredonner aussi tout en donnant de toutes ses forces des coups de pied imaginaires car elle était paralysée comme d’habitude. Puis il y eut cette chose étrange, le décor changea , elle se retrouva seule devant l’entrée d’une grotte et Betty ne portait plus le même prénom, elle savait qu’elle se prénommait désormais Bernadette. Lorsqu’elle ouvrit les yeux c'était le crépuscule d'un soir d'été, et il y avait près d'elle un seau vide , il devait être tard et elle se souvînt qu’elle avait rendez vous avec ce jeune type- Paul ou Saul, elle ne savait plus vraiment- qui lui avait fait du gringue à la foire de Lourdes. Son cœur se remit à battre la chamade, elle se releva comme libérée d’un poids puis elle s’élança légère vers la rivière où ils devaient se retrouver. https://youtu.be/PYF8Y47qZQY|couper{180}

Exorcisme moderne

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Le privilège.

De toutes les foutaises qui s'échappaient du poste pour tournoyer dans l'habitacle avant de s'élancer à l'extérieur du véhicule par la vitre grande ouverte, les élections à venir tenaient le pompon. Une vraie bagarre de chiens en rut, jappant, bavant, surenchérissant autant que faire ce peu, comme des camelots à la foire d'empoigne. Mais Louis n'y prêtait que peu d' attention , maintenant que la nuit était tombée il se hâtait lentement pour revenir chez lui. C'est à dire qu'il avait pris l'A7 en direction de Marseille, tout en prenant grand soin de ne pas dépasser le 90 km heure. Un sourire de satisfaction s'affichait sur son visage fatigué lorsqu'il apercevait dans son rétro les bolides obligés de le doubler puis qui se rabattaient ensuite rageusement sans même daigner allumer leur clignotant. Il alluma une Winfield et appuya le coude à la fenêtre tout en conduisant d'une main. La nuit était chaude et douce, et Louis nota avec satisfaction que les véhicules qui remontaient en sens inverse vers Lyon ne l'éblouissaient pas. L'opération avait été un succès. Désormais à 60 ans passés non seulement il y voyait plus clair, mais plus grand chose ne pouvait l'éblouir sur la route comme autrefois. Il nota aussi l'absence totale de surprise lorsque l'accident se produisit. Et aussi la dilatation du temps lors de celui-ci. Lorsque le 15 tonnes rencontra l'arrière du véhicule pour s'y enfoncer comme dans du beurre mou, il se retrouva projeté quelque part au dessus de la scène sans éprouver d'émotion particulière. Il vit pourtant nettement son corps traverser le pare-brise et s'en aller bouler sur le bas-côté, puis il remarqua aussi la présence d'un parfum familier. Une odeur de vétiver qui ne l'étonna pas non plus. Le parfum dont s'aspergeait son père et dont l'empreinte olfactive lui revenait tout à coup. Il y eut un carambolage sensationnel, des voitures qui n'avaient pas eu le temps de freiner et qui au ralenti s'emboitaient les unes dans les autres. Et Louis se tenait là quelque part à observer toute la scène comme spectateur. Puis la nuit envahit son champs de vision et il n'y eut plus rien. Lorsqu'il reprit conscience le parfum de vétiver était encore plus présent et il vit son père naturellement. Sa mère aussi était là et tout un tas d'autres personnes dont les visages lui étaient vaguement familiers. C'était difficile d'imaginer vraiment être là remarqua t'il encore. Il n'avait pas de corps vraiment, juste cette conscience qu'il était Louis et que toutes ces personnes étaient arrivées là tout autour de lui Dieu sait comment. Ce qui ne collait pas c'était leurs sourires. Tout à fait le genre de sourires de faux-culs qu'il leur avait toujours connu et aussitôt il retrouva sa vigilance car pas de doute, un coup fourré se préparait. Comme si toutes ces personnes avaient pu lire dans ses pensées elles s'écartèrent soudain pour laisser passer un nouveau personnage. Le type avait la trentaine environ est était habillé avec un rideau. Ses cheveux longs crasseux et sa barbe mal taillée contrastaient avec la limpidité de son regard gris bleu. Un regard d'amour dans lequel Louis fut tenté un bref instant de se noyer complètement. C'est à cet instant qu'il se souvint qu'il avait déjà vu ce genre de regard plein d'amour chez les curés de son enfance juste avant qu'ils le malmènent et abusent de lui. Au moment où toutes ces choses lui revinrent la répulsion lui apparu comme la plus réelle la plus authentique des forces à sa disposition. Une force sur laquelle s'appuyer pour résister à tout ce cinéma. — Vous êtes morts, vous n'existez pas, vous n'êtes qu'une putain de fiction murmura alors Louis. Et les personnages se dissipèrent tous comme par magie. Sauf un. C'était un enfant blond aux yeux tristes qui lui souriait doucement et qui le prit par la main. Jusque là Louis n'aurait su dire s'il possédait des mains et c'est cette main tendue de l'enfant qui matérialisa la sienne une main qui lui appartenait il le sentait vraiment. —Je ne suis pas sur d'être encore en vie ni d'être vraiment mort se dit Louis. Et cette incertitude ne l'effraya pas non plus. C'était même une sorte de vecteur fantastique qu'il découvrait en même temps qu'il en prenait conscience. Une lueur déchira doucement la nuit pour créer un passage qui les invitait à pénétrer l'enfant et lui. C'était une pièce familière que Louis reconnut aussitôt, une chambre d'hôtel dans laquelle il avait passé quelques mois dans sa jeunesse. Sur la table ronde dont un des pieds était calé par un bouquin de Camus, trônait une vieille Remington et à coté d'elle un paquet de feuillets dactylographiés. L'enfant alla s'asseoir sur le lit comme pour tester l'élasticité des ressorts du sommier. Il y eut effectivement ces fameux grincements que Louis connaissait par cœur. Ils se sourirent franchement tous les deux. Puis il aperçut le transistor et machinalement tourna le bouton. Une voix de femme envahit la chambre. Une voix extraordinaire avec cette toute petite pointe d'humour qui aussitôt nous indiquait que l'on était sur FIP dans le temps. Ca tombait à pic, Louis se senti délicieusement bien des les premières mesures de "So What" , aux anges si on peut dire, quand la trompette de Miles envahit la chambre toute entière. Il s'empara du paquet de feuillets juste à ce moment là, et entreprit de les relire encore une fois, calmement, comme si désormais un grand pont avait été construit quelque part reliant toutes ses incertitudes. Et ce pont le menait sans nul doute quelque part, n'importe où, et en fait peu lui importait c'était là son seul et unique privilège de s'en foutre totalement. https://youtu.be/zqNTltOGh5c|couper{180}

Le privilège.

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Notule 100

Le dernier de la série. 100 petits textes sans queue ni tête, juste pour le plaisir. Le plaisir de la continuité, ou de la régularité, c'est déjà beaucoup. Demain je verrai, je passerai à autre chose. Demain je serai un autre. C'est un parcours du combattant où il s'agit de perdre du lest au fur et à mesure que l'on se présente devant l'obstacle. On finit plus ou moins à poil à ce petit jeu là et ma foi c'est très bien comme ça. Le monde serait tellement plus vivable si tout le monde se baladait à poil. Plus guère de cachotteries, ça n'aurait plus vraiment d' utilité. Moins de mensonges aussi. A poil on deviendraient surement des anges au bout du compte. Oui mais... Certains voudront encore évangéliser ou laver plus blanc que blanc, c'est le hic. On s'emmerderait aussi pas mal j'imagine, faut soupeser le risque. Enfin moi, c'est clair le paradis m'horripile. Ce paradis là en tous cas. Avec des Mad Do à chaque coin de rue et des feux rouges projetant des lueurs de croix gammées au sol. De la merdocratie en barre à grand renfort de tubes de vaseline, Le C'est pour ton bien citoyen, sois sage et gaffe aux points, bouge pas qu'on va te retirer toute la laine. et tous tes hormones surtout toi la testostérone aussi par la même occasion. Déjà la langue devient un borborisme, le verbe acheter une panacée. Roule une pelle avec ça, si tu peux. Et l'opinion opine du chef sous la pine des chefs. Des chefs, mais qui les crée ? Il n'y aurait pas de loup si le mouton n'existait pas. C'est la nature, comme c'est dit dans le père Noël est une ordure. C'est la nature, humaine surtout.|couper{180}

Notule 100

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Notule 99

Fusain et acrylique, travail d'élève. Rebloguer un billet pour augmenter sa diffusion, obtenir plus d'engagement, plus d'abonnés, plus de ceci ou plus de cela. C'est quelque chose que je ne fais pas assez. Probablement parce que dans le fond je me fous de ces objectifs complètement. Ce qui est bien sur une manifestation de caractériel. Un manque d'humilité aussi certainement. Un manque de détachement. Parfois on vit avec de tels manques si longtemps qu'on ne s'en rend même plus compte. Donc, quand on en prend conscience, une petite secousse vertigineuse nous traverse. Et on y va gaiement du quel con, quel abruti etc. Et puis avec l'âge on attend que ça passe. On sait tellement bien désormais que demain sera un autre jour.|couper{180}

Notule 99

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Notule 98

Photo de abdo tahoon sur Pexels.com Le vertige produit par la prise de conscience d'une ignorance. Un gouffre sans fond s'ouvre soudain sous nos pieds. Et il arrive que ce vertige provoque aussi, dans un même temps, une attirance vers le vide afin que nous nous y engouffrions tout entier. Comme si nous voulions explorer cette négation de nous-mêmes. Cette fiction nous saute soudain aux yeux et nous aimerions bien nous en débarrasser de toute urgence. Ainsi ce matin ce click qui m'entraine vers le site Wikipédia intitulé "portail de la linguistique" J'aurais aussi bien pu me retrouver sur un autre site que celui-ci, où la matière eut été la mathématique, la physique ou la chimie, domaines sur lesquels ma totale incompétence règne, cela aurait probablement entrainé un résultat similaire. C'est plus une constitution d'esprit du moment, une conjoncture qu'autre chose. C'est cette configuration d'esprit qui cherche le vertige. Dont l'objectif prioritaire est ce vertige. Rechercher le vertige pour explorer la fiction de soi. Pour comprendre ce qui subsiste après cette chute dans le vide, où dans le moment même de cette chute. Cela participe d'une ivresse encore proche des techniques soufies. Que reste t'il alors sinon une conscience qui me pense plus que je ne peux la penser. Une conscience qui me dépasse et me déborde. Et aussi qui s'engouffre par l'entremise de ce vide que je suis parvenu à créer en moi-même par ce vertige. Il y a donc une association qu'on le veuille ou pas entre le je qui saisit soudain sa limite brutalement si je peux dire et la vastitude de la conscience qu'il découvre justement lorsqu'il se trouve à sa limite. Et ce vertige est à la fois dû à la dégradation de ce moi face à son ignorance qu'à l'ivresse provoquée par le désir parfois impérieux de vouloir dans un premier temps la combler. Et en outre une autre prise de conscience surgit encore, celle de l'âge et de l'impossibilité de tout combler dans un temps restant imparti. C'est la figure de Tantale qui contemple à la fois l'eau et sa soif les mains liées dans une posture d'impuissance. Impuissance qui, si on suit du regard son sillage baveux mène probablement, pour le plus grand nombre d'entre nous, vers cette sorte de sagesse qui découle du bon sens. D'où l'évasion. La tentation de l'évasion encore à 62 ans, à la fois merveilleuse et ridicule suivant l'humeur du jour. S'accrocher à des reflexes de jeune homme, retrouver l'énergie qu'apporte la curiosité, étincelles soudaines de milles feux de Bengale. Les contempler ces étincelles qui ne dureront qu'un déjeuner de soleil. S'en réjouir le temps que ça dure. Honorer ou célébrer ça, ne pas oublier surtout. Avoir au moins cette gratitude minimum qui manque toujours de nous échapper lorsqu'on se complait à sa désespérance, à sa tristesse en énumérant sans relâche les chiffres de notre désabusement, d'un point de vue morbide dû à la vieillesse. Est-ce de la témérité, de l'audace, de la bravoure ? Et quelle importance de définir cet élan ? Peut-être que justement il ne faut pas chercher à dépasser la limite cette fois et toutes les autres , ne pas chercher à définir cet élan mystérieux de crainte de le voir s'évanouir à tout jamais.|couper{180}

Notule 98

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Notule 96

Photo de Trace Hudson sur Pexels.com Ecrire aussi est une initiation. Comme crier ou prêcher dans le désert. Il faut en passer par là probablement, c'est à dire faire le tour complet d'une montagne plutôt que d'imaginer en atteindre le sommet. Même si maintes fois l'obsession d'un sommet à atteindre nous assaille. Abandonner quelque chose à chaque tour de piste. Comme l'auguste Auguste qui chute en déclenchant le rire et les observations automatiques de Monsieur Loyal. Et une fois les rotations accomplies ne conserver que l'idée d'un cercle et d'une absence qui dessine ce cercle. Et dont la perfection parfaite ne tient qu'à la perfection de cette absence. Et ce divertissement dans lequel on s'engouffre volontiers par ignorance obligée. Etre l'obligé d'une ignorance, et constater l'étendue d'une dette qu'on ne peut rembourser. Une dette qui ne demande d'ailleurs pas à être remboursée. Ce divertissement du savoir, de la technique, des milles et unes stratégies et astuces que l'on place comme des petits cailloux pour ne pas s'oublier en chemin jusqu'à parvenir au dégout salvateur enfin. Enfin le dégout de l'artifice, vous voyez bien. On le renifle à cent mètres et les yeux clos, c'est encore une étape à franchir à n'en pas douter. La compassion n'est pas bien loin. Ce qui ne veut pas dire new-age, ni gourou, ni ascendant, à moins de vouloir encore explorer la descente et la montée jusqu'à la panne d'ascenseur. La compassion s'en fout royalement puisqu'elle sait qu'à terme elle gagnera. Qu'il n'y a pas d'autre possibilité de choix pour arrêter de crier comme de prêcher et de s'inventer sans relâche des déserts. De la compassion pour soi-même par ricochet. Un présent qu'on n'espérait même plus tant la difficulté de recevoir avait été engloutie par l'ivresse du don mal adressé. L'écriture est aussi proche de la danse soufie, elle nous enseigne par étapes successives tout ce qui ne fonctionne pas, tout ce qui est mensonge, illusion, à coté de la plaque. L'écriture est une maitresse implacable qui nous amène à une vérité tout aussi implacable : Ce besoin essentiel du désert et du silence quand, au bout du compte les cris, les hurlements, pas plus que les prêches n'ont plus aucune raison d'être sinon de nous emporter vers l'égarement final. L'égarement de la fin, où ne subsiste rien pour s'accrocher, pour se raccrocher tranquillement, comme un vêtement à un porte manteau.|couper{180}

Notule 96

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Notule 95

Il y a cette contradiction, comme cette évidence que l'on ne veut pas voir et qui consiste à toujours vouloir se mettre en danger et de se plaindre d'un manque de sécurité. Ce qui provoque l'inertie. Et une attente du prochain coup de chien à venir pour remettre une pendule à l'heure. Cela peut surgir de n'importe où et n'importe comment. Et c'est sans doute ce désir là précisément qu'il faut pointer du doigt. Repousser le paiement d'une facture jusqu'à voir surgir un huissier et finalement payer bien plus cher que ce qui était dû. C'est totalement illogique et sans doute est-ce cette illogisme qui me plait comme une sorte de luxe unique que je pourrais m'offrir dans un monde où tout est cerné par cette logique justement. C'est complètement idiot, c'est effrayant, cela peut même s'étendre jusqu'au monstrueux, au criminel, et cette peur se confond soudain avec le désir, jusqu'à l'épouser totalement. Puis une fois la sanction essuyée comme un crachat, se remettre d'aplomb et durant un laps de temps souvent bref, prendre le taureau par les cornes, prendre des résolutions, tenter d'appliquer des règles qui ne tiennent jamais trop longtemps. Comme pour mieux se convaincre qu'elles ne tiennent pas ces règles, qu'elles ne sont que des placébos. Que le mal est au final incurable. Jouissance assurée, octroyée par ce verdict. Le plaisir dingue de se faire mal ainsi. De transmuter le mal en bien pour faire la nique au commun, pour s'élever à la hauteur de je ne sais quelle divinité, à moins que la hauteur s'inverse à ce moment là précisément, pour devenir profondeur dans laquelle on finit par se paumer, avalé par un démon des gouffres. Explorer encore un enfer neuf ... Le plaisir de se perdre également. La joie féroce, sauvage de se lâcher, de s'abandonner au sort. On ne peut pas savoir aujourd'hui où le chamanisme peut se loger. Certainement pas dans les lieux dont on parle désormais avec ce petit air entendu . Pas chez les amérindiens, pas en Mongolie. Le chamanisme dont je parle prend sa source à Barbes Rochechouart, ou entre la porte Saint-Denis et la fontaine des Innocents à Paris. C'est ainsi que j'ai commencé l'initiation certainement. Et mon maître ne fut que le hasard. Ce fut la seule façon de donner du sens au double-bind, à cette double contrainte, danger-sécurité que de marcher dans l'entre-deux. De me laisser bringuebaler entre les deux. Des années de vertige, de répétitions jusqu'à pouvoir prendre conscience enfin du rythme. En s'égarant dans l'idée que celui-ci soit personnel puis de s'égarer encore plus loin en s'imaginant une connexion à l'ensemble du cosmos. Et puis enfin voir l'effet du temps qui a passé, le constater dans la glace le matin. La peau des paupières qui tombent, un éclat moins vif dans le blanc de l'œil, l'effroi de la vieillesse et cette vulnérabilité soudaine. Le renouveau des peurs comme le renouveau des astuces pour les dépasser. Naviguer ainsi est aussi artistique que de réaliser un tableau. Et comme toujours, peu importe le résultat visible. Seul le mouvement parait réel, jusqu'à le devenir. Seule la relation entre la réalité et l'illusion est réelle. Tout le reste appartient à la catégorie du résidu. Ou, pour me tirer une balle dans le pied, à la littérature. Et si dans le fond je ne me trompais que de vocabulaire. Si au lieu de "danger" et "sécurité" j'utilisais les mots "attirance" et "répulsion", ou "inspiration" et "expiration"... ? Alors tout ça finirait probablement par pénétrer dans une logique enfin universelle. Et je serais comme tout à chacun enfin, consolé d'être réduit à une série de battements cardiaques, à une respiration du monde. Ce serait la réduction ultime, autrement dit encore : être réduit à la merci. Ou à la gratitude pour utiliser un mot à la mode. Et là bien sur je ris.|couper{180}

Notule 95

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Notule 94

Finalement je reviens vers Jean Rivière lors de mes trajets en voiture. Durant tout un mois je n'ai pas cessé de me déplacer en semaine, comme d'habitude, et ces derniers temps s'ajoutent les week-end pour honorer les permanences à l'exposition de Mornant. Je crois que je ne peux supporter que lui Jean Rivière pour m'accompagner durant tous ces trajets. C'est comme une sorte de rébus, une énigme à résoudre. Et ce n'est pas une affaire de séduction tout bien pesé. Même si tout est comme mathématiquement prévu de A à Z dans ses vidéos, ses podcasts, ses mails pour déclencher le désir d'acheter, il y a autre chose. Et ça ne suffit pas non plus de parler d'empathie car l'empathie fait aussi partie de son système. C'est beaucoup plus une résonnance que j'y découvre avec la peinture. Le fait de sans cesse se remettre à l'ouvrage, de recommencer la toile, de tester énormément de pistes différentes, comme d'effectuer des paris, des plans sur la comète. On mise sur une idée de formation comme on mise sur l'avenir d'une toile finalement, on pourrait dire cela sans que ça ne soit vulgaire ni obscène. Je veux dire si on siphonne de long en large tout le romantisme qui s'attache encore à l'idée de création. Il faut prendre de la distance avec l'image de cette embarcation dans laquelle on ne cesse d'écoper surtout en sachant au fond de soi que le naufrage est le but dissimulé. On peut se naufrager tout seul correctement de milles façons diverses et variées. Alors pourquoi ne pas en essayer mille avant de subir les assauts de la fatigue et d'abdiquer une bonne fois pour toutes. Jean Rivière est une figure incontournable du web marketing, il a inspiré de nombreuses personnes dont certaines désormais sont célèbres et donc riches de toutes évidences. Je ne sais pas si lui est si riche que ça, et surtout si cela l'intéresse vraiment de l'être. C'est certainement cette intuition que j'éprouve en consommant ses contenus qui me rapproche de lui si je peux dire en tant que peintre peu attiré par la célébrité pas plus que par les millions. Cela pourra paraitre pour beaucoup être à première vue une posture romantique. Quelque chose qui se rapproche de Don Quichotte se battant obstinément contre les moulins à vent. Le tout cousu de fil blanc du genre du non que l'on prononce pour attirer un oui. Mais tout bien pesé encore ce n'est pas cela non plus. Cela tient plus de l'archétype du créateur tel que je l'envisage depuis le début. Quelqu'un qui place la liberté avant tout. Depuis des années, 2003 je crois, Jean Rivière propose une formation par semaine pour résoudre des problèmes dans le domaine du marketing. Souvent on peut avoir l'impression que c'est toujours de la même chose qu'il parle, et c'est certainement vrai. Pourtant il se creuse vraiment la tête pour en parler de mille façons différentes à chaque fois. Parler d' un problème sous plusieurs angles, lui permet d'extraire ainsi une somme pharamineuse de contenus, de donner l'impression au public à la fois qu'il maîtrise son sujet et qu'il cerne l'ensemble des difficultés de celui-ci. Ce qui lui permet la plupart du temps d'enjamber toutes les objections, les résistances et de vendre. Son but est de vendre, il le dit clairement, il ne s'en cache pas. C'est ce qui me différencie de lui. C'est aussi ce qui me fait rêver probablement lorsque mon découvert à la banque est dans le rouge cramoisi. Le manque d'argent est devenu plus cruel ces dernières années d'autant que j'ai l'impression de travailler comme un forcené. Le fait est que je ne sais pas du tout me vendre je ne l'ai jamais su. Et si jadis c'était probablement une posture romantique qui a glissé progressivement vers une posture spirituelle si l'on veut, du genre " l'art est sacré, l'art n'a pas de prix" le fait est que souvent dès le 15 du mois je me retrouve gros Jean comme devant. Donc normal que je revienne à Jean Rivière. Je voudrais faire du fric bien sur, arrêter d'être con, mais je voudrais bien le faire le plus élégamment possible pour ne pas tout perdre de mes vieilles croyances, de la belle image que j'aurais façonnée ainsi durant tellement d'années. Ce n'est d'ailleurs pas tant pour moi-même que pour mon épouse. Car je continue à me dire que personnellement à part mes clopes, mon café, et ma peinture je n'ai besoin de rien. Ce qui est profondément égoïste d'après elle et même si je pressens que c'est vrai, parfois elle parvient même à me convaincre... bref. Sauf que je n'ai pas peur d'être égoïste, on ne me met pas du sel sur la queue de cette façon. Donc c'est une tâche de fond : Faire de l'argent si possible pas de façon débile, pas comme un bourrin, élégamment. Le beurre, l'argent du beurre et bon la crémière faut voir. Parfois je me dis que je ne gagne vraiment pas grand chose à dispenser tous ces cours par monts et par vaux, que j'y déploie une énergie qui est très loin d'être rémunérée à sa juste valeur. J'ai ce toupet là aussi parfois. Le problème est là , cette interrogation perpétuelle sur la valeur. Et du coup j'oscille depuis le sommet au gouffre. Il y a des jours où je pense que je suis bon, d'autres où j'ai la sensation de voler mon salaire. Le fait aussi que les temps actuels proposent de se décomplexer vis à vis du pognon, de ne plus éprouver de culpabilité à en gagner si possible beaucoup, énormément, c'est la nouvelle couverture du journal de Mickey. Et du coup bien sur le mal remonte, L'adoration du veau d'or revient chez moi au grand galop. Et bien sur je suis plus du coté de Moïse et du buisson ardent. Ce qui fait que le 15 du mois la température est plutôt ardente elle aussi. J'ai un mal de chien à prendre au sérieux le fait de vendre mes tableaux sur internet. Même si c'est arrivé j'ai toujours l'impression que c'est du à la chance, ou pire que l'on me fait un genre d'aumône, de charité. Ce manque de confiance je le conserve car j'en ai besoin. Je ne cherche absolument pas à me soigner de quoi que ce soit de ce coté là. Si je me mettais à avoir confiance dans mon propre talent, si je n'avais plus de doute, je serais foutu probablement. Je me mettrais à ne peindre que ce que les gens ont acheté, que ce que les gens aiment. Je ne ferais plus de peinture je ferais des petits pains. Autant devenir boulanger alors. Et je n'ai rien contre non plus, il n'y a effectivement pas de sot métier Sauf que la peinture est un sacerdoce et que je n'ai qu'une religion tout à fait personnelle. Je ne cherche pas tant à me relier aux autres qu'à qui je suis envers vents et marées. C'est ma vie. Ce qui fait que je me gave ces derniers temps des contenus de Jean Rivière c'est parce qu'il est une version de moi-même débarrassée des entraves que je me suis toujours donné concernant la manière de gagner de l'argent ou plutôt de gagner ma vie. En l'écoutant j'ai l'impression qu'à condition de mettre un peu d'effort dans l'organisation, dans la logique , en trouvant des raccourcis, en allant à l'essentiel je pourrais probablement régler un bon nombre de problèmes qui ne cessent de me turlupiner depuis des années. Et passer le cap Horn par temps clair le 15... Sauf que le cap Horn sans aucune turbulence ça doit être surement décevant pour tout navigateur digne de ce nom. Comme quoi je peux tout à fait écouter Jean Rivière, et les sirènes en général durant mes trajets en voiture, ça me passe le temps tout bonnement et ça peut aussi à terme, me renforcer dans certaines opinions dans certains choix. Ca peut aussi m'aider à rester qui je suis accessoirement. Je vous laisse le lien de sa chaîne Youtube, au cas où vous auriez de la route à faire au volant ces prochains jours.|couper{180}

Notule 94

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Notule 93

Rater un tableau ne demande pas beaucoup de réflexion. On sent que c'est raté, cela tient plus d'une sensation, d'une émotion. C'est l'impersonnel qui semble en décider comme s'il s'agissait d'un réflexe pour lutter contre quelque chose d'aussi flou que lui. C'est l'appréhension du semblable pas tout à fait semblable qui déclenche le jugement à l'emporte pièce. Mais quelle est cette entité qui juge à notre place si l'on peut dire ? Peut-être est-ce le regard d'un public que l'on s'invente tout seul et qui nous dépossède de notre point de vue de singleton. Le vertige que nous éprouvons devant l'échec ne provient t'il pas plutôt d'une solitude du moi relégué à une marge ? Un écart qui nous place devant le fait accompli. Un écart qui nous isole, nous extrait et nous écartèle. Et cette étrangeté classée aussitôt dans le débile, accompagnée d'une culpabilité vis à vis de la chose personnelle quand justement celle-ci prend beaucoup trop ses aises avec l'autre, publique ; fantasmée. Et l'impuissance dans laquelle elle nous relègue à répétition, comme est répété le son d'un tambour chamanique, d'où la douleur, la colère, la violence, la tristesse et les deuils qui naturellement, presque toujours en découlent et qui semblent être les ingrédients d'un rituel comment autant d'étapes à franchir pour s'élever. Toute cette souffrance ne tient pas, il faut autre chose sans doute pour tenir dans la durée, autre chose que le désir clair d'un effacement double. Il faut des illusions encore, il faut des rêves, et beaucoup de ténacité à croire dans ces rêves. Et soudain, et tout à coup et en même temps, il faut de toutes évidences de la persévérance pour rien, enfin ! Ce que retient le public de ceux qui ont été transmutés dans l'athanor d'une postérité, d'une notoriété c'est souvent cette persévérance, cette souffrance par laquelle on pense qu'il faille absolument passer. C'est plus à partir d'un résidu de décomposition que se porte l'attention ou la croyance, et c'est ainsi aussi que l'essentiel échappe au regard commun. Et tout est probablement très bien ainsi. Car il s'agit de marcher en crabe entre le moi et l'autre, le public comme entre le profane et le sacré, entre des concepts tellement usés, au final, et ce perpétuellement pour se frayer un chemin vers la mer, vers l'espace infini de la toile. Comment peut-on rater la mer à moins de ne pas vouloir la voir. Comment peut-on rater un tableau à moins de ne pas vouloir le réussir, de refuser obstinément cette réussite convenue. Et cette question lancinante toujours de se demander qui accepte l'échec qui refuse la réussite ? Et le désir pris en étau dans l'entre deux penserait-on ? Mais non. C'est un présent ce désir, un désir de présent et pas grand chose de plus à bien y réfléchir.|couper{180}

Notule 93

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Notule 92

smartcapture Les tableaux qui me touchent et dont l’attrait non seulement dure mais augmente avec le temps, ce sont ceux faits sans raison, sans but, on pourrait les declarer comme issus d’un creux, d’un vide, d’un silence ou d’une absence. D’un présent qui ne se soucie ni du passé ni d’un avenir. Et à chaque fois que je les regarde, je les regarde dans ce présent inchangé. Quelque soit mon état d’esprit avant de retrouver ces tableaux, il ne tient pas face à ce présent. Tout en est comme désamorcé, vain, obsolète et risible, surtout la gravité, l’importance, la suffisance. C’est ce qui me plaît aussi dans les peintures réalisées par les enfants. Quand ils ne se font pas encore une idée arrêtée sur ce qui est beau ou laid. Quand seule l’expression telle qu’elle surgit les surprend, me surprend. Ces tableaux sont des fenêtres ouvertes sur un présent toujours immuable, et si je désirais être consolé vraiment ce serait possible. En tous cas ils m’obligent souvent à considérer mon obstination à vouloir résider dans l’inconsolable.|couper{180}

Notule 92