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La ville

Rue Jobbé Duval Evidemment ce n'est pas la rue de Gaité de Perec, il y a longtemps que je n'habite plus à Paris sinon j'aurais probablement essayé le coup des enveloppes et aussi le découpage réel / imagination, mais je n'habite plus à Paris depuis bien longtemps tout ce que j'ai c'est Google Earth et la mémoire pas très fiable d'ailleurs la mémoire c'est pour ça que je m'appuie sur des photographies mais même avec des photographies ce n'est pas non très fiable la mémoire. En tous cas j'essaie on verra bien quelques textes par ci par là au fur et à mesure dans l'ordre où ça me revient on verra bien Les pavés sous les pneus des roues de la voiture, on ne dit pas encore véhicule, les pavés et les pneus de la voiture qui roule sur les pavés c'est la première sensation physique de la ville, ça fait quelque chose comme tougoudougoudou tougoudougoudou on tourne on va tout droit tougoudougoudou on tourne on va tout droit tougoudougoudou et puis à un moment on ralenti une voix dit on arrive, une autre répond merde il n'y a encore pas de place, on se gare en double file pour décharger les valises. La rue Jobbé Duval est légèrement en pente alors on peut entendre le bruit du frein à main accompagné du bruit mou d'une vitesse qu'on passe avant de couper le moteur. Pas longtemps il faut faire vite pour décharger les valises. Klaxon d'un camion, peut-être un de ces gros camion poubelle il faut se dépêcher, portière qui claque, redémarrage du moteur, une odeur d'essence très agréable et puis l'odeur de la ville, l'odeur de Paris, indéfinissable mais reconnaissable entre toutes. Quelques arbres chétifs désormais, autrefois il n'y avait qu'un seul arbre dont le tronc était enserré à sa base dans une plaque de fonte décorée de motifs amusants, des motifs plutôt géométriques et avec une légère ressemblance à des motifs floraux, des feuilles d'acacia, cela faisait penser à des feuilles d'acacia comme il y en avait sur les acacias au bord du canal dans l'Allier une plaque de fonte de forme circulaire comme on en faisait en ce temps là, peut-être au siècle dernier et même celui d'avant, peut-être des plaques crées pour la ville à l'époque de l'Art nouveau quand il y avait encore des fonderies dans la ville, avant que les fonderies ne deviennent des salles de spectacles des musées des cinémas mais ça ne se fait plus de poser ce genre de plaque circulaire en fonte ouvragée comme celle-ci sur un ilot circulaire bordé d'un fin liseré de pierres taillées , au beau milieu de la rue Jobbé Duval. Cette petite rue qui commence rue des Morillons et s'achève à la rue Dombasle à moins que l'on prenne la rue dans l'autre sens ce sera évidemment le contraire dans le 15ème arrondissement de Paris autrefois ce petit arbre chétif était le seul arbre de la rue, et il n'y avait pas de banc pour s'asseoir aujourd'hui ils ont planté plusieurs arbres mais ce sont des arbres aussi chétifs que le premier et ils ont ajouté un banc. Qui peut venir s'asseoir ici sur ce banc. En tous cas c'est à cet endroit, en ce lieu que la rue forme une sorte de renflement ça ressemble à une petite place mais c'est une place sans nom puisque tout du long la rue s'appelle Jobbé Duval. c'est au 15 bis de la rue Jobbé Duval, une lourde porte que l'on pousse après avoir poussé sur un petit bouton qui dépasse d'une petite plaque dorée il se trouve au milieu de la plaque dorée et il dépasse, pas de beaucoup mais suffisamment pour que l'on comprenne que c'est sur ce bouton là qu'il faut appuyer, le bouton, la plaque dorée tout est près de la porte ça fait un bruit long de grésillement quand la porte s'ouvre mais elle ne s'ouvre pas toute seule il faut la pousser elle est très lourde. Ils habitent tout en haut de cet immeuble il faut traverser un couloir avec des glaces, on dit des glaces mais elles ne se mangent pas ce sont des miroirs ces glaces et elles sont sur les murs de chaque coté du couloir on peut se voir dans la glace puis dans l'autre glace puis on pousse une autre porte, vitrée celle-ci mais beaucoup plus légère une porte plume et on se retrouve devant la porte de la loge des concierges, on les appelle les Gassion il y a un monsieur et une madame Gassion, sur la porte de la loge des concierges, de madame et de monsieur Gassion il y a un rideau et sur le rideau une fausse cigale en plastique. quand on toque à la porte de la loge pour dire bonjour comment allez-vous madame et monsieur Gassion on entend le bruit d'une cigale et aussi le gazouillement d'un canari c'est un vrai canari jaune dans une cage métallique mais la cigale c'est une fausse elle aussi . Il y a beaucoup de portes avant d'emprunter l'ascenseur à droite de la loge sous l'escalier si on ne veut pas monter 7 étages par l'escalier, un escalier avec un tapis rouge et qui sent l'encaustique et l' odeur du café. A l'angle de la rue Jobbe Duval et de la rue des Morillons si on remonte c'est sur la gauche si on descend c'est sur la droite il y a une boulangerie dont la devanture n'a presque pas changé. Il y a des choses qui changent dans la rue Jobbe Duval et il y a aussi des choses qui ne changent pas. Le marchand de couleur par exemple a changé, il n'a pas seulement changé, il a disparu complètement, à la place il y a un salon de beauté. Par contre la boulangerie est toujours là et sa devanture n'a presque pas changé. Les propriétaires ont changé, et aussi la présentation des choses à l'intérieur de la boulangerie, avant sur la gauche lorsqu'on entrait dans la boulangerie il y avait un présentoir qui ressemble à un présentoir de parapluies sauf qu'à la place des parapluies le boulanger plaçait des surprises . Dans ces surprises il y avait une surprise et beaucoup de papier journal chiffonné en boules, la surprise c'était un jouet en plastique et il y avait aussi je crois bien des bonbons.|couper{180}

La ville

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Implicite et explicite

C’est dans cette distance entre l’implicite et l’explicite que j’habite. Sans doute qu’écrire m’aide à mieux comprendre cette distance entre ces deux mots. Et donc à mieux mesurer mon propre espace. Souvent comme dans la vraie vie une sorte de réduit, une exiguïté, mais dont je ferais tout pour repousser les murs, à ma guise. C’est à dire que même la notion d’exiguïté qui serait pour tout à chacun évidente, même ça est sujet au questionnement. Ce qui revient à s’interroger sur la compréhension à la fois commune et personnelle de l’espace en général. Toutes ces chambres d’hôtel où j’ai passé une grande partie de ma vie, je ne les ai pas choisies pour rien. Ce n’était pas une fatalité que je subissais, même si par lassitude parfois j’ai pu abdiquer afin de ne pas vouloir en cerner les vraies raisons, même si parfois je m’en suis plains pour pénétrer dans la peau d’un personnage Dostoieskien, seule l’imagination aura été responsable d’une telle plainte. Mais si je réfléchis aux avantages que j’ai pu tirer d’habiter ainsi dans une sorte de métaphore de l’exiguïté, de l’enfermement je pourrais bien être surpris par ce que j’y découvrirais. Créer justement un espace propice à la création. Le seul au bout du compte qui me convienne. Le seul qui comme un port d’attache puisse me permettre de naviguer entre l’implicite et l’explicite, d’aller les explorer comme on explore des pays étrangers, puis revenir dans cet espace afin de mieux comprendre les raisons d’être de leur géographie, de leur économie de leur politique, leurs autochtones, leurs mœurs tout l’ensemble des us et coutumes, à la manière d’un ethnologue Tout nous parait si évident quand on vit sans y penser, sans penser qu’un jour on va mourir. C’est cette évidence qui depuis toujours m’aura paru le plus suspecte. Comment pouvions nous nous enfoncer ainsi dans cette évidence qui de fait n’en est absolument pas une. Je veux dire l’accepter si facilement et de façon commune, de plus tacitement, implicitement. Et de quoi alors se constitue en creux tout l’explicite quand on possède un tel déni de l’implicite … Je viens de découvrir un texte de Fabienne Swiatly extrait de son livre « Elles sont en service » que nous a proposé François Bon toujours dans le cadre de l’atelier d’écriture ##40jours la ville. Ce sont des portraits de femmes sur des lieux de travail la plupart du temps, avec une contrainte , un nombre de mots entre 70 et 90 tout au plus. Ainsi sous cette forme de paragraphes on peut apercevoir des vies, des portraits de femme dans l’univers de leur travail, et sentir en tellement peu de mots la contrainte sociale qu’elles subissent, la violence du monde L’accumulation de tous ces textes produit un effet troublant, sans grand discours, avec une économie de moyen ces petits portraits sont de grandes pièces j’y vois comme de très grands tableaux de très grands formats personnellement en tant que peintre. Il y a aussi ce blog « la trace bleue » dont j’ai envie de partager le lien : https://latracebleue.net/index.php Et puis soudain je me rends compte que je suis touché attiré par le fait que Fabienne Swiatly est née en 1960, son langage m’est compréhensible absolument tout autant dans l’implicite que l’explicite. D’une limpidité qui me secoue m’étreint.|couper{180}

Implicite et explicite

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Encore un mot sur les commentaires

Plus j’avance, plus j’ai l’impression d’avancer, est-ce que j’utilise le bon mot quand j’utilise ce verbe, car il signifie se rendre à une destination implicitement et je ne parviens toujours pas à en définir une pour ce blog, simplement j’ajoute des textes au fur et à mesure où le temps passe, où les journées se succèdent les unes aux autres dans ce que je peux parfois nommer « l’inéluctable », en un mot vers une fin, vers la mort soyons clair, plus j’écris au fur et à mesure du temps qui passe moins j’ai l´impression où le sentiment de savoir vraiment écrire. cela vient surtout du fait que je considère ces textes comme des notes, des brouillons, des esquisses que je réalise en vue de quelque chose d’autre, un livre à venir peut-être, tout en le plaçant toujours dans un avenir flou sans date sans contour et surtout sans fil directeur encore. Cet atelier d’écriture avec François Bon est encore une occasion, un prétexte sans doute pour essayer d’élucider quelque chose concernant la notion de thème. Je me rends compte à quel point tout concourt au fond de moi pour échapper systématiquement à la consigne, surtout si j’essaie avec une étonnante « bonne volonté » de m’y résoudre. Plus j’y mets de la bonne volonté moins je n’y parviens en fait ce qui est risible, et me rappelle une scolarité fondée presque tout le temps sur le malentendu. Ma grand-mère paternelle disait que je cherchais le bâton pour me faire battre, le cherchais ou le choisissais, soudain même cette expression m’échappe, se dissout, je n’en suis plus certain. En tout cas elle avait décelé chez moi une anomalie, une singularité qui l’avait effrayée et qu’elle devait juger d’assez mauvais augure. C’est que je me bats contre quelque chose à chaque phrase, à chaque ligne, presqu’a chaque mot sans même en prendre conscience au moment où j’écris, c’est en relisant que je m’en aperçois. Et surtout quand il s’agit de commentaires, en écrire comme en lire, même difficulté de relecture, car les sens peuvent être si multiples qu’ils créent souvent une mise en abîme de cette notion de sens, souvent j’essaie de m’accrocher à un premier degré, à un sens commun mais c’est presque toujours le résultat d’une capitulation. Ce qui au bout du compte me rend méfiant envers tout commentaire, autant ceux d’autrui que les miens vis à vis d’autres. D’où des périodes plus ou moins longues, variables, durant lesquelles je n’arrive plus à aligner deux mots de commentaire et surtout je n’arrive plus vraiment à lire ceux que l’on m’écrit sans en être troublé, effrayé. Grâce à cet atelier d’écriture je me rends compte aussi que très peu commentent, et que lorsque il y a commentaire cela tient plus du signe comme pour dire « coucou je t’ai lu, tu n’es pas tout seul » ce qu’aussitôt j’interprète sans doute mal comme une sorte d’appel du pied pour aller lire les textes des auteurs qui me font ce genre de signe, comme si je me sentais redevable, obligé par une convention que je me suis inventée seul de lire leurs textes voire de les commenter également. C’est la forme de politesse que j’apprécie le moins car elle n’a rien à voir avec la politesse. C’est bien plus du donnant donnant, un deal, c’est à dire encore une fois cette relation merdique que nous les gens créons entre nous désormais sans même y faire vraiment attention. Une façade.D’ailleurs si je résiste, si je ne commente pas les textes des autres je n’obtiens plus de commentaires non plus. C’est à dire que je tiens comme la preuve incontestable que j’ai bel et bien rompu un pacte et que le résultat de ce défaussement ne se laisse pas attendre longtemps. Tout ça pour dire que je n’arrive pas à entretenir de vraies relations où tout du moins de relations durables sur internet mais aussi dans la vie souvent justement à cause de ce genre de deal qui me répugne sans que je ne parvienne à m’en expliquer les tenants et les aboutissants. peut-être ai je été si loin dans la solitude que bon nombre de réactions spontanées, normales, me sont devenues soit étrangères soit suspectes. Pour m’en sortir pour rester à la surface commune des choses dans ce que j’en imagine, je ne trouve pas d’autre mode que de blaguer, parfois avec un humour douteux d’ailleurs, ou encore je retourne en enfance, à une spontanéité enfantine que je regrette presque aussitôt car elle réactive les mêmes douleurs qu’autrefois justement. Peut-être que de façon enfantine j’espère encore en une gratuité vis à vis de laquelle l’adulte que je suis a renoncé surtout à cause des multiples déceptions crées par cet espoir enfantin. Donc ce combat dans l’écriture et qui s’étend jusqu’aux commentaires, ce ne serait peut-être pas autre chose qu’une sorte de résistance enfantine à refuser l’horreur que l’adulte ne cesse de voir. Et personne ne gagne jamais vraiment, à chaque fois la guerre comme toutes les guerres s’achève temporairement par le compromis, des territoires qu’on cède après beaucoup de discussions, de tergiversations, en pesant bien les pour et les contre, bref une négociation continue perpétuelle, quasi commerciale, entre un épicier son fournisseur et ses clients.|couper{180}

Encore un mot sur les commentaires

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Dans la lumière d’un réverbère

Elle cherche ses clefs dans la lumière d'un réverbère on y voit bien plus clair c'est ce qu'elle se dit tout haut Et moi dans l'ombre l'ombre autour du réverbère j'entends ce qu'elle se dit Et moi dans l'ombre je l'observe cette femme cette femme plutôt jolie je vois cette femme qui veut voir clair dans la lumière d'un réverbère elle se demande à elle-même où sont ces clefs ? Je n'ose plus rien dire je regarde et je me tais. Mais je n'en pense pas moins. je pense que ce ne sont pas des clefs qu'elle cherche sinon elle chercherait autrement elle chercherait ailleurs aussi elle chercherait dans l'ombre l'ombre tout autour de la lumière l'ombre autour de la lumière du réverbère là où je suis et sans doute elle me trouverait bonsoir Madame je ne suis pas une clef je n'en dirais pas plus c'est sur en attendant je regarde j'écoute ça suffit d'ailleurs je suis déjà reparti. Image : Emile Bernard, Deux femmes sous un réverbère Musée Van Gogh.|couper{180}

Dans la lumière d'un réverbère

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Les relations entre les gens

( d'après un texte de Christophe Tarkos sur l'argent) toujours des notes que j'écris dans le cadre de l'atelier d'écriture bien sur ) Elles ne sont pas très bonnes les relations entre les gens, on ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec les gens, et d'ailleurs au bout d'un moment ça dégoute de danser franchement, c'est pourquoi je préfère marcher dans les rues et souvent seul. Un pas après l'autre dans un déséquilibre qui me convient plutôt que tous les pas de danse déjà essayés en vain. Non j'ai beau chercher avec ma lanterne c'est très rare, c'est impossible de croiser une ou un indifférent vraiment il y a toujours un petit intérêt qui vient flanquer la zizanie, un couac, appelons ça l'argent même si contre toute apparence ce n'a pas l'air d'être pas ça, ça finit toujours plus ou moins par le devenir. Pas seulement des pièces sonnantes et trébuchantes, non ce serait si simple, ce n'est pas cela tout de suite mais quand on s'aperçoit qu'on y est, il suffit de remonter peu à peu le fil des circonstances, des mots, des échanges on verra bien que tôt ou tard la seule valeur de tout ça c'est le fric le flouze l'argent plus ou moins directement. Il faut n'en avoir rien à foutre pour dire ça, ne plus avoir aucune sorte de pitié surtout, être débarrassé de cette pitié de merde qui ressemble à de la colle et qui nous englue sans arrêt dans les mots, les expressions toutes faites le réchauffé qui pue, les gestes les échanges qui ne servent qu'à éviter de parler de la vraie valeur des choses désormais celle qui mesure tous les échanges que l'on soit d'accord ou pas, conscient ou pas de cette valeur monétaire, fiduciaire, de tout échange tôt ou tard. Bien sur que tout est à mettre au conditionnel qu'avec des si et des donc on prendrait moins de gants de pincettes bien sûr on va dire que ça ne se passe pas comme ça il faut être beaucoup plus rusé ou poli ou faire l'innocent le benêt. Mais la peur d'être découvert n'a jamais éloigné le danger d'être intéressé, ça se saurait. Elles ne sont vraiment pas bonnes les relations entre les gens désormais il suffit de regarder d'observer ne serait ce que dans les mots que l'on échange il y a les bons mots et puis les mauvais, les bons mots rapportent de l'argent ; les mauvais ne rapportent rien. Comment ça vous ne me croyez pas, essayez vous verrez, si vous n'essayez pas vous ne pouvez pas savoir jusqu'où ça peut aller. Il faut vraiment se rendre compte jusqu'au bout. Je répète : les bons mots rapportent gros, les mauvais rien. Et ça passe bien sur par tout un tas d'intermédiaires, par la politesse de rigueur, pas tout un tas d'entourloupettes quasi scientifiques désormais, des gens savants font des études spéciales sur le sujet, comment mieux baiser les gens comment mieux en profiter pour gagner de l'argent. Il n'y a que l'argent qui compte tout le reste ne compte plus, le reste dépense sans compter et forcément cela mène au désastre, à des déceptions, beaucoup de déceptions et de l'amertume au final. Alors que l'argent au contraire ça te redonne le moral, avec l'argent tout va toujours très bien, il ne fait évidemment toujours pas le bonheur mais sûr qu'il y contribue grandement. Il n'y a qu'à voir tous ces gens perpétuellement dans la plainte parce qu'ils n'ont pas d'argent, parce qu'ils n'ont pas d'ami, parce qu'ils n'ont pas de voiture, de chien, de cafetière, de réfrigérateur, de machine à laver la vaisselle, ils n'ont pas réussi à faire d'économie pour les vacances c'est un drame, ils ne pourront pas réserver en Espagne, en Corse, et à Pétaouchnok non plus, ils se plaignent ils n'ont pas suffisamment d'argent, et bien sur le monde entier s'est ligué contre eux, ils enragent ils en voudraient de l'argent, ils seraient prêts à tout d'ailleurs pour en avoir et ils disent "suffisamment" en mentant de façon vulgaire, éhontée. Est ce que suffisamment peut suffire à tous ces gens qui ne basent leur vie que sur l'argent ? Surement pas, jamais de la vie. La vérité c'est que s'ils en obtiennent suffisamment ça n'ira toujours pas ils en voudront toujours un peu plus, parce qu'ils n'ont pas le dernier modèle d 'IPhone, le dernier Mac le dernier pantalon troué aux genoux qui coute un bras, le dernier chien de race qui bave partout , la dernière bagnole décapotable pour faire le tour du rond point et tout est comme ça, c'est pour ça que les relations entre les gens ne sont pas bonnes, elles sont mauvaises les relations entre les gens. Et je ne parle pas d'une partie de la population je parle de tout le monde, même des artistes, surtout d'eux, ils jouent sans arrêt avec les émotions les sentiments les artistes, ils ont tellement l'habitude de se mentir à eux-mêmes et aussi ils ont tellement appris de tous ceux qui leur ont menti qu'ils finissent par embobiner un paquet de monde, c'est carrément pour eux devenu un réflexe, ils n'y pensent même plus . J'en connais pas mal des artistes j'ai vu les dégâts, les relations entre les artistes d'ailleurs ne sont pas très bonnes non plus elles sont souvent très mauvaises, la jalousie les étouffe quand ce n'est pas l'envie, en tous cas l'intérêt est toujours plus ou moins là bien présent, ce sont de sacrés joueurs d'échecs et les pires sont ceux qui font semblant de ne pas savoir jouer aux échecs. Ce sont les pires de tous, ils jouent à un autre jeu en parallèle je les ai vu faire et vous ne le savez pas car vous chercher un jeu classique, un jeu d'échecs or eux sont déjà passés maitres dans d'autres jeux dont le plus fameux de tous le jeu de go. Elles ne sont pas bonnes les relations entre les gens, aux échecs au go on croit qu'il n'y a pas d'enjeu d'argent mais on se trompe évidemment l'argent est toujours là il est partout. Il faut vraiment être un imbécile pour ne pas s'en rendre compte. D'ailleurs je préfère mille fois être un imbécile et ne pas vouloir me rendre compte, ça me fatigue trop, tellement de toujours me rendre compte que parfois je me réfugie dans l'imbécilité totale, il n'y a que là qu'on peut être tranquille à présent.|couper{180}

Les relations entre les gens

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La pauvreté comme condition de la franchise

Moi aussi j'ai du faire la même chose, je me suis installé sur une chaise au jardin du Luxembourg j'ai tiré la chaise en fer devant une statue, je me suis assis et j'ai tendu la main. J'ai attendu comme ça toute une journée je crois. Il ne s'est rien passé. Sauf un ou deux passants qui m'ont demandé ce que je pouvais bien ficher comme ça à tendre la main devant une statue. Je m'entraine à ne rien recevoir j'ai répondu tout fier de m'être souvenu de cette phrase de Diogène. Evidemment ils n'ont rien compris, ils ont mis un index sur leur tempe et ils ont fait un petit quart de tour deux ou trois fois et ils sont repartis. Cela faisait partie de l'entrainement aussi d'accepter ça , d'être pris pour un doux dingue, mais je m'en fichais j'avais un but que je ne quittais jamais des yeux Mon but c'était d'atteindre quelque chose d'important dans mon souvenir, je pourrais dire une certaine pauvreté qui n'était guère qu'une étape intermédiaire. Le véritable but je l'ai découvert des années plus tard et après de nombreux mensonges, c'était la franchise. Oh pas la franchise vis à vis des autres, celle-ci on peut tout à fait vivre en s'en passant. Par contre vivre avec soi-même, demande de se pencher sur une autre franchise et si on se loupe aie aie aie c'est comme dans le film Gravity, on finit par errer seul enfermé dans un scaphandre dans l'espace intersidéral sans aucun espoir de retour.|couper{180}

La pauvreté comme condition de la franchise

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j’étais si proche de toi Virginia.

J'étais si proche d'elle, vers 20 ans je me suis enfoncé moi aussi dans la lecture de ses bouquins, j'ai connu ce vertige là au point de m'en imbiber dangereusement, j'aurais pu m'enfoncer dans la lecture de Virginia et ne jamais plus revenir sur la berge, explorer toute la profondeur d'un lac, d'un océan m'y noyer et ne jamais plus remonter à la surface tant la surface me semblait si détestable à l'époque. Je n'ai pas le temps d'écrire un long texte sur ce blog aujourd'hui car j'ai passé une grande partie de la nuit à faire mes devoirs d'élève, dans cet atelier d'écriture sur le thème de la ville, #40 jours, la ville de François Bon. Le thème du jour est parti d'un bouquin "Nevermore" de Cécile Wajsbrot la traductrice de vagues de Virginia Wolf je reporte ici le contenu du mail reçu de Francois pour nous mettre en branle Si Cécile Wajsbrot a bien traduit Vagues de Virginia Woolf, elle n’a pas traduit, ou du moins pas encore à ma connaissance, ce monument poétique qu’est son To the lighthouse. Ce qu’elle nous propose c’est donc non pas un essai, mais une fiction qui va par nappes, s’interroge en permanence sur la langue, le temps, la ville. Ou plutôt les villes, et, pour le temps, les forces à l’oeuvre de destruction et déclin. Ce qui fascinant dans ce Nevermore, c’est qu’on n’y traduit pas Virginia Woolf, mais à chaque torsion poétique de la langue on nous propose deux, trois quatre variantes en français qui pourraient en rendre compte, ou la transcrire. On est dans l’intérieur du chemin même de traduire — j’en avais parlé à la sortie du livre dans cette autre vidéo. Expérience personnelle peut-être, même probablement, mais cette narratrice qui s’installe quatre mois à Dresde, avec une bourse, pour traduire To the lighthouse, n’est pas Cécile Wajsbrot : si les expériences urbaines qu’elle décrit, documentées comme pour Tchernobyl, ou participant d’un travail personnel in situ, pour ses Interludes d’une remontée de la High Line à New York, le livre glissera progressivement vers une fiction inquiétante : la narratrice affronte son double, ce sont des ponts, des appartements, des rues la nuit qui deviennent hantise. Mais, tout cela étant dûment posé, ce livre a une sorte de magie à cause de cette narratrice elle-même : s’installer dans une ville, avec une bourse qui vous permet ce studio dans une pension, et la liberté du temps, le déroulé des journées, le choix de tel bistrot, telle bibliothèque, l’alternance des marches et du travail. Ce sont ces passages (et ceux-là seulement) que j’ai choisis en extraits. Non pas parler de l’écriture, mais parler du rapport à la ville de l’écriture. Est-ce que pour chaque ville traversée on n’a pas des souvenirs précis, lieux, lumières, temps, de ce qu’a été pour nous écrire ? j'ai donc écrit un texte inspiré par ce sujet que vous pourrez lire à cette adresse Vous ne pourrez par contre pas commenter ni mettre de like mais est-ce que c'est grave ? bien sur que non.|couper{180}

j'étais si proche de toi Virginia.

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Je viens de comprendre un truc

Je sens que c'est bizarre bizarre le sens le sens de l'écriture que ce n'est pas n'est peut-être pas ce que j'ai pu penser pu croire pu imaginer que c'est autre chose que tout ce que je sais ai cru savoir c'est autre chose mais quoi ca reste encore flou flou indistinct flou sans contour flou que l'on ne peut pas bien placer dans le plan dans l'espace c'est bizarre mais bizarre est-ce le mot déstabilisant irait il mieux encore qu'il ne s'agisse pas de mieux non plus c'est autre chose que mieux aussi c'est différent c'est un autre monde complètement que ce monde que je croyais ça me fait bégayer en tous cas alors que je ne bégaie pas dans la vie normalement l'écriture maintenant elle me fait bégayer quand je veux mais est ce que je sais vraiment ce que je veux il y a t'il à vouloir quand j'écris en bégayant sinon écrire autrement que je le fais habituellement il faut remonter à une origine des mots il faut pourquoi cette injonction personne ne m'oblige mais je sens qu'il faut revenir à ça à cette inconscience des mots pour les retrouver autrement comme des objets détachés de ce je est-ce possible je ne sais pas je ne sais plus grand chose et il semble bien que ce soit un assez bon début de ne plus rien savoir de tout ça peut etre que j'avais l'impression d'en savoir beaucoup trop mais qu'est ce que c'est que ça encore une impression mais qu'est ce que c'est d'avoir une impression c'est encore une affaire de paquet ce n'est pas l'être être impressionné c'est autre chose peut-être ou au pourquoi on parle on écrit il faut revenir à ce pourquoi a t'on quelque chose à dire ou à ne pas dire je sens que c'est déjà bizarre cette histoire d'avoir comme si on avait un paquet à déposer sur un étalage peut être avec tout ce que nécessite dans un esprit l'étalage la décoration l'agencement pour plaire est ce que je veux plaire est ce que c'est seulement ça je sens que non ce n'est pas seulement ça c'est autre chose ça vient de plus loin encore que plus loin je ne sais pas plaire aussi doit venir de loin en fait tout vient de si loin avant nous qu'on ne sait plus d'où ça vient tout ça je ne sais pas écrire et peindre sont à revoir encore c'est la même chose une relation à l'espace à une espèce d'espace mais quel espace vraiment qu'est-ce que l'espace quel est l'espace quel est ce mot dont je me sers pour qualifier le support d'un texte ou d'un tableau est-ce seulement la surface la page ou la toile vierge ou est-ce autre chose de trafiqué par la mémoire par la pensée surtout la pensée qui a besoin d'une mémoire pour s'y retrouver pourquoi avoir besoin ainsi et si souvent de se retrouver et qu'est ce qui se retrouve vraiment dans cet espace inventé et dans quel but vraiment quel est le but de la création de cet espace quand je dis j'écris je peins quel est la raison de cette invention finalement qu'on ne voit pas qui nous aveugle en disant la page ou la toile Ecrire est si facile de la façon dont j'ai appris tout seul à écrire en n'en faisant qu'à ma tête sans trop lire les autres pour ne pas imiter surtout ce qu'écrivent les autres c'est cette peur de n'avoir pas d'identité propre qui revient toujours de me tromper d'être un autre que ce que je suis vraiment cette insistance permanente à vouloir être qui je suis vraiment sans jamais réellement obtenir de preuve d'y parvenir jamais et cette obstination d'écrire dans une fréquence particulière écrire sous la dictée de l'autobiographie pour la démonter progressivement pour déconstruire déjà tout ce que je crois toujours être et toujours trouver autre chose ça n'en finit jamais de tourner en rond je viens de comprendre un truc mais je ne sais pas quoi je sais que ça m'échappe que quelque chose m'échappe alors qu'avant je ne le savais pas ça m'échappait sans que je ne le sache alors que maintenant au moment même ou je suis en train d'écrire je ne peux plus me dissimuler que quelque chose ne cesse de m'échapper est ce que l'on peut parler de progrès aucune idée dans le sens que je connais habituellement de ce mot progrès qui signifie s'améliorer devenir meilleur que ça soit mieux mais un mieux par rapport à qui à quoi à quand c'est difficile à dire à déterminer déterminer encore un mot qui a une drôle de tète quand il arrive dans cette phrase tout à fait le genre de mot qu'on emploie sans le connaitre ça veut dire quoi pour moi quand j'écris ce mot déterminer ce verbe impliquant donc une action un mouvement donc si je dis c'est difficile à déterminer le moment où quelque chose de peint ou d'écrit est meilleur qu'avant ou en progression par rapport à un point déterminé dans le temps ça veut dire quoi quelle intention se cache derrière cette détermination quand je l'utilise sans connaitre ce mot ça veut dire qu'il faut une intention parce que c'est comme ça comme on a l'habitude d'employer aussi le but et l'intention en s'accrochant à des choses dont on se souvient que la pensée utilise pour se dire en tant que pensée je ne peux servir à rien je sers forcément une intention parce que c'est comme ça. ce bégaiement dans les mots je le faisais beaucoup plus au tout début ce bégaiement m'était utile pour chercher les mots comme le bégaiement en peinture se manifeste toujours par une constitution de gammes et de formats qui ne sont pas destinés à être montrés à être publics c'est peut-être là aussi qu'il faut creuser ce bégaiement sa raison s'il faut en trouver une et sortir d'une exhibition d'une exposition de celui ci sortir c'est à dire le conserver privé uniquement pour soi de façon à ne pas s'imaginer le regard d'un tiers à qui soit on veut parler soit on veut plaire soit on demande quelque chose qu'on ne peut s'offrir à soi même seul Si on écrit et peint est-ce seulement pour soi est-ce que ça tient cette idée vraiment c'est ce que j'aurais aimé penser et ça m'aurait soulagé de quelque chose surement mais ce n'est pas le cas en se dissimulant ça c'est surement bien pire que de le regarder en face il doit y avoir une relation avec le respect j'y reviens encore je n'arrête pas de revenir aussi à cette affaire de respect de se respecter soi comme de respecter les autres ne pas les ennuyer ne pas les heurter les fatiguer mais est-ce qu'on peut seulement écrire et peintre seulement pour distraire pour se distraire et ne pas s'ennuyer d'etre qui l'on est est ce qu'on peut tenir sur une distance vraiment en ayant cette intention de distraire les autres je ne le sens pas il doit y avoir autre chose de beaucoup plus impératif en tous cas au tout début. je me cherche ils disent souvent ça les gens qui me fréquentent un peu je me cherche pour eux ça veut dire qu'il y a une lacune de ne pas avoir réussi quelque chose qu'eux semblent avoir réussi c'est à dire à se trouver mais si je regarde ce qu'ils ont trouvé ils ont trouvé souvent ce que d'autres ont trouvé pour eux qu'ils ont imité copié arrangé à leur sauce en se mentant et en finissant par croire dur comme fer qu'ils l'ont trouvé seuls est ce que c'est quelque chose qui me gène de copier d'imiter non je l'ai souvent fait mais je n'ai pas oublié que je le faisais mais peut-on toujours s'en souvenir à chaque instant je ne crois pas que ce soit si simple que je le dise il y a des moments où l'on doit oublier sinon on ne peut pas avoir de vie justement au sens où vivre c'est être au contact des autres. A 62 ans suis je donc si naïf encore d'avoir oublié que parfois je n'ai pas oublié et que parfois que je me souvienne de cette obligation d'imitation pour vivre avec les autres Christophe Tarkos est mort à 42 ans il faut que je me procure ses bouquins que je comprenne la façon dont il faisait ses gammes il n'a pas tout publié de son vivant ce sont d'autres qui l'ont fait d'où cette ambiguïté pour moi de lire ces extraits du kilo ces fichiers numériques identifiés avec des chiffres et des lettres dans des dossiers qui à l'origine sont écrits dans dans une intention personnelle celle à priori d'après ce que j'en comprends de faire des gammes comme un musicien fait des gammes tous les jours sans avoir besoin d'un public je suis allé regarder sur Wikipédia qui était Christophe Tarkos ce type mort si jeune et je me suis demandé évidemment ce que je fichais moi à 42 ans où j'en étais personnellement par rapport à lui je crois que je n'écrivais plus à l'époque j'avais laissé tombé sans doute à cause de cette histoire peu claire ce mélange entre l'écriture et la biographie l'autobiographie je cherchais déjà à m'en sortir mais je ne savais pas vraiment comment il a fallu que j'atteigne 58 ans pour m'y mettre vraiment justement en pénétrant à fond dans l'autobiographie ne pas l'esquiver mais l'épuiser comme on épuise un filon qu'on l'assèche. Mais je n'ai pas pensé à la manière à la forme vraiment et c'est maintenant que je commence à comprendre seulement grâce à ces textes que je reçois en PDF dans cet atelier d'écriture à quel point la forme est importante surtout lorsqu'elle se constitue de façon informe au début dans le privé dans l'intimité de l'écriture qu'on n'est pas sensé produire à un autre regard qu'à soi-même je viens de comprendre un truc mais ça reste encore confus il vaut mieux que je ne tire pas de conclusion hâtive sur ce que je comprends maintenant il vaut mieux comme en peinture laisser reposer les choses ne pas s'emballer inutilement laisser passer un peu de temps et relire ensuite ou retourner le tableau voir à tête reposée avec du recul tenter d'observer surtout ce qui reste une fois que la sensation l'émotion aura été déposée par cette fente que la vitesse permet de traverser entre les jugements les pensées utilisation de la fonction bloc "code" pour commenter au fur et à mesure les textes établir une différence de fréquence. Expliquer ou se rappeler pourquoi on écrit quelque chose à un moment particulier. Ou simplement noter qu'on pense avoir compris quelque chose un samedi matin de bonne heure à 7 heure et 7 minute heure locale.Se passer de la ponctuation était quelque chose que je faisais naturellement au début de ce blog pourquoi ai-je décidé à un moment de revenir à celle-ci ce fut comme une sorte d'abdication comme une soumission à l'autorité afin de mieux retrouver des forces pour revenir à l'origine à l'absence de ponctuation afin de laisser aller l'écriture là où elle a besoin envie d'aller sans lui faire obstacle par une interprétation personnelle de ses silences.|couper{180}

Je viens de comprendre un truc

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Comptabilité

Etre comptable de ses actes, de la vie de ses passagers, de ses concitoyens, de ses employés, de ses élèves, de ses enfants, de ses proches, de ses abonnés, de ses amis et aussi de ses ennemis devant quelque chose une institution ou quelqu'un moralement selon une morale, des règles prévues à cet effet tout cela bien sur selon telle ou telle société, telle ou telle époque, période de l'histoire, et puis le pire du pire comptable responsable d'une comptabilité d'un ensemble d'écritures comptables avec à chaque fois la pièce justificative qui correspond exactement évidemment à chaque ligne d'écriture. Et chaque année la liste des pièces justificatives pour telle écriture que l'on ne parvient pas à entrer dans le logiciel à partir d'un document de la banque qui s'appelle relevé de banque ou relevé d'opérations bancaire. Et chaque année par email la photographie peut varier un peu mais le fond lui ne change , c'est à dire une demande de justification, de preuve. Parfois c'est juste une somme 25,15 € telle date parfois c'est une série de tickets alignés sur une feuille blanche qui lorsqu'on ouvre la pièce jointe produit un haut le cœur parce qu'à chaque fois ça oblige à rouvrir le tiroir et à tenter de se souvenir de tel ou tel achat, telle ou telle dépense. Et on paie pour ça pour devoir justifier de tout, on paie assez cher pour indiquer clairement un résultat qui ensuite servira à calculer les cotisations qu'il faudra cotiser au mois ou à l'année pour des organismes éminemment sérieux comme l'Urssaf, la Cipav, les Impôts. Mais qui se résume assez facilement si on prend un billet de 100 euros et que l'on calcule ce qui reste quand tout a été justifié plus ou moins correctement, entre 22 et 25 euros quand tout le monde ces organismes notamment se sont servis pour irriguer des systèmes dits de répartition comme la retraite, la sécurité sociale, la formation professionnelle, le chômage, la CSG non déductible. Entre 22 et 25 euros sur un billet de 100 euros ce n'est pas gros. La pièce justificative qui justifie d'une écriture entrée dans un logiciel de comptabilité selon des règles très strictes mais qui toutefois s'actualisent régulièrement il ne faut pas perdre de vue le plan comptable c'est bien connu surtout des experts comptables et beaucoup moins par ceux qui font appel à eux car ils n'y comprennent rien, absolument rien même si vaguement on sait qu'il faut chaque année produire un résultat, établir une preuve d'activité annuelle de l'année passée d'ailleurs, pas de l'année en cours un vrai casse-tête, pas pour tout le monde puisque certains en font un métier c'est qu'ils doivent apprécier. Un tiroir rempli de tout ce qui a attrait à l'administration de l'activité professionnelle c'est tout ce que j'ai trouvé. Une telle horreur de tenir une comptabilité mois par mois, que dis-je semaine après semaine, certains font même ça à la journée après le travail que ce serait une torture ni plus ni moins qui s'ajouterait encore à de nombreuses autres comme par exemple être obligé d'avoir deux ou trois activités salariées à coté vue tout ce que l'on me pique ponctionne concernant mon activité d'indépendant. C'est l'absurdité qu'il convient de comprendre précisément qu'on a bien du mal à être totalement indépendant dans le domaine de l'art en tous cas. Qu'on ne vous laisse pas l'être libre si facilement qu'on l'imagine sans doute trop facilement au début. Sans oublier l'association de gestion qui permettra si on cotise un abattement fiscal évidemment. Sans oublier tout un tas de choses que l'on préfère oublier toute une année sans quoi on aurait un mal de chien à se lever le matin en tous cas que j'ai personnellement décidé d'oublier toute une année ce qui fait que l'année d'après quand il faut mettre la tète dans le tiroir, explorer, trier, scanner, justifier je passe un sale quart d'heure, comme un moment compressé de tout ce que j'aurais du endurer petit à petit raisonnablement si j'avais la moindre idée de ce que veut dire ce mot. Il n'est pas question d'être bêtement contre la nécessité d'une comptabilité utile au bon fonctionnement d'une société, parfois j'arrive à me raisonner. Mais quand on voit l'écart de certaines entreprises, multinationales, trust, holding et toutes les combines surtout dont ils peuvent disposer pour ne pas trop payer grâce à des armées de comptables chevronnés expérimentés, totalement dédiés pour économiser pour optimiser via la fiscalité, quand on voit cet écart entre le tout petit et le gros, on n'est pas loin de penser que c'est injuste qu'on nage dans une injustice flagrante et même par déduction on découvre cette absurdité que ce sont les petits qui paient le plus tandis que les gros s'épanouissent croissent se gavent non sans arrogance et on a bien le droit de trouver tout cela obscène. Obscène est un mot que je garde souvent pour moi car je n'ai pas le temps de récriminer, cela prend encore trop de temps, mais quand je vois tout ce cirque celui des élections j'y repense aussitôt à ce mot obscène et aussi je me dis que l'évidence est la chose que la plupart des gens ne voient jamais. Elle est là comme un nez au milieu du visage, on s'y est tellement habitué qu'on ne le voit plus, on ne voit plus cette évidence. Quand de plus en plus prennent conscience de l'obscène comme une évidence que se passe t'il ? On modifie légèrement l'évidence, on fait des promesses, c'est comme un vieux mur que l'on repeint régulièrement on lui redonne un aspect neuf suffisamment pour qu'on ne voit plus que c'est un vieux mur probablement pourri de l'intérieur, mais ça va, on y croit et je crois qu'on y croit surtout parce qu'on a envie d'y croire pas autre chose.|couper{180}

Comptabilité

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Un rêve tellement réel

un rêve te réveille au petit matin, regarde cette phrase un rêve te réveille au petit matin pourquoi petit il est 5 heures c'est le matin et le coq chante tu l'entends la pluie est tombée mais moins qu'on l'espérait parce qu'on espère à présent la pluie comme autrefois on espérait de grandes choses et la chatte a trouvé encore le moyen d'arriver sur le toit, en grimpant au tronc de l'olivier qui touche le toit impossible par contre de modifier l'orientation de l'olivier le pot est gigantesque et lourd et tu te sens vieux et que peut être tu l'es vraiment vieux et faible un rêve donc tu disais il parlait de quoi ce rêve tu avais oublié un petit chien quelque part dans une banlieue mais ce n'était pas ton chien, c'était le chien de toute une bande une famille apparemment que tu fréquentais et c'était si réel que la possibilité souvent imaginée que tu puisses vivre sur plusieurs strates, sur des mondes parallèles s'est à nouveau représentée il y avait ce petit chien mais tu avais une bagnole comme ici une vieille Twingo bleue dont le tapis de sol est déchiré pareil par endroit et dont la portière coté conducteur pareillement ferme mal est ce à cause du bleu de la Twingo que ce rêve est arrivé en tout cas il y avait cette femme et vous vous étiez à nouveau rencontrés comme dans d'autres rêves cela te revient à présent mais qu'est ce que toute cette smala venait foutre là et ce petit chien que je connaissais que vaguement et qui avait été oublié par inadvertance quelque part dans une banlieue je crois que c'est vers Bron ou saint Priest dans un parking quelque chose comme ça peut être Ikea en tous cas un bâtiment immense et il fallait de toute urgence y retourner pour retrouver le chien la nuit et par intermittence tu essayais au sein même du rêve de te souvenir de quelque chose de plus précis à propos du chien pourquoi tu voyais cette femme revenir mais pas dans le même lieu c'était en Espagne peut-être on se rencontrait dans l' allée bordée de lauriers roses d'une résidence et on faisait mine de s'étonner de se retrouver là soudain par hasard c'était codé comme du théâtre No oh c'était assez drôle ou comique mais en dessous si grave si ce n'était pas à l'intérieur du rêve grave vraiment solennel au début elle est une inconnue puis on se souvient puis tout revient tous les souvenirs de ces moments passés ensemble une rencontre à rebours et tu n'étais pas fier mais elle ne disait rien et comme elle ne disait rien tu espérais tu devais espérer que vous vous comprendriez enfin vous enlaceriez enfin peut-être pour sceller une bonne fois quelque chose mais ça ne se fait pas ça ne se fait jamais à un moment elle passe et tout parait sur le point d'arriver comme vaguement espéré finalement puis l'instant d'après vous revoici parfaits étrangers en tous cas si tu es entouré ce n'est pas par elle c'est par d'autres personnes et ça la stoppe net alors que peut-être déjà elle allait s'élancer vers toi non du coup elle ne s'approche pas elle met des lunettes noires et elle disparait et tu restes avec dans la bouche un gout bizarre et c'est là qu'on te demande si tu as pensé au chien tu ne savais pas que tu avais aussi à penser à ça en plus mais pour continuer à rester là peut-être pour rester avec eux tu montais dans la voiture et partais dans la nuit du coté de Bron ou Saint Priest dans un coin reculé obscur qui lorsque tu t'en souviens maintenant t'évoque vaguement un magasin Ikea un magasin de bricolage avec son cheminement préparé pour les chalands un chemin implacable et cette obligation une fois que l'on s'y est engagé d'aller jusqu'au bout jusqu'aux caisses jusqu'à la sortie du magasin il est tout à fait improbable que tu retrouves un chien un petit chien que tu ne connais presque pas comme il est improbable tu le sens à présent que cette femme et toi vous vous recroisiez encore il est probable que ces deux improbables veuille dire une certaine chose sur l'improbable car ce sont deux improbables dans cette réalité mais laquelle celle de tous les jours ici ou celle du rêve là bas ce rêve qui est tellement réel que ton cœur en reste lourd qu'encore une fois tu te sens encore coupable de ne pas avoir su faire tel ou tel bon choix encore une fois sans savoir de quoi et triste au réveil à moins que que cette ambiguïté entre rêve et réalité n'est là seulement pour t'indiquer que tu peux aussi être triste en t'endormant dans un autre rêve une autre réalité que tu nommes un rêve comme dans ce rêve là qui te rend triste à ce que tu nommes ton réveil dans le matin et tu ajoutes petit pour amoindrir le fait qu'il s'agit d'un matin où le coq chante à travers le temps extrêmement bizarrement|couper{180}

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Un rêve tellement réel

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L’élan créateur

Perec, je ne le connais pas bien, il m'a toujours semblé qu'il me parlait d'autre chose que de littérature lorsque j'ai ouvert ses romans. Ou alors qu'il m'en parlait d'une façon qui ne me correspondait sans doute pas à l'époque. Je me souviens avoir lu "la vie mode d'emploi" très jeune, vers 18 ans, et je n'y ai rien trouvé qui puisse m'intéresser véritablement à cette période difficile de ma vie. J'ai trouvé que c'était un ouvrage trop intellectuel pour moi, et surtout que cela risquait de me détourner d'une vision romantique, romanesque de l'écriture qui était surtout une sorte de bouée de sauvetage en ce temps là. J'imagine aujourd'hui que si j'avais eu à cet âge une véritable conscience politique, j'aurais pu m'engager dans la voie Oulipienne, certainement, mais j'étais dans une survie, poussé par l'impératif de trouver de quoi me nourrir, de quoi me loger, et cela mobilisait une très grande partie de mes faibles ressources. Aussi je ne suis pas mécontent du tout de constater que je pourrais, si l'envie m'en prenait ; m'en prendra t'elle je n'en sais rien, de changer mon fusil d'épaule, 40 ans après. C'est un peu un hasard, les choses importantes dans une vie viennent t'elles autrement ? Je suis tombé ce matin sur un article datant de 2020, un entretien de Yann Etienne sur le site Diacritik avec l'écrivain Jacques Abeille l'auteur entre autres du "cycle des contrées" qui traite justement de cet écart entre deux visions que l'on peut comprendre à notre époque concernant la littérature. Soit une vision oulipienne de celle-ci, soit une vision que je persiste toujours à nommer "magique" pour ne pas utiliser le mot romantique, ayant passé l'âge d'utiliser ce mot concernant l'écriture, et la littérature en général et aussi après avoir donné un ou deux tours à ma naïveté première. Comme dans de nombreux domaines on est obligé de choisir et donc de renoncer. En tant que peintre j'ai renoncé au conceptuel je ne vois donc pas pourquoi je le choisirais en littérature, ce ne serait pas très cohérent. Encore que la cohérence je m'en méfie beaucoup aussi. Non ce qui m'intéresse surtout c'est cette magie de "l'élan créateur" et en maintenir le mystère même si par des longs cheminements circulaires parfois je me sens à deux doigts de l'élucider et qu'il faille avec sagesse y renoncer. Jacques Abeille est un de ces magiciens et les quelques expressions que je surprends dans l'article me le confirme. J'ai l'impression que je vis dans la présence de ce que j'écris, des personnages qui peuplent mes écrits. et un peu plus loin J'écris des rêves, et il y a un moment où un rêve est mur et se laisse écrire Dans les rêves il y a des vestiges du quotidien qui émergent, des traces que l'on peut identifier. Si on est dans l'élan du rêve il faut laisser venir. Je laisse venir ces émergences. Elles font partie du tissu interstitiel, conjonctif. Ca fait partie du rêve c'est tout Il évoque aussi Maurice Blanchot à propos de Melville, de Moby Dick et je tombe d'accord tout de suite quand il évoque une "mauvaise volonté de son auteur" un désir de détruire, de s'affranchir d'une réalité. Jacques Abeille dit la porter également cette envie, et je m'y retrouve de mon coté parfaitement. Sans oublier cet aveu : "j'ai le gout de la contradiction" qui le rend apte à écrire un texte lumineux comme un texte obscur à propos d'un même monde. ( les jardins statuaires vs le veilleur) Et il sait la puissance de la contradiction, à quel point celle-ci est motrice dans toute création Et puis à la fin de l'article cette phrase terrible dans laquelle je me reconnais aussi totalement même si c'est pour des raisons toutes aussi obscures que différentes : L'identité, c'est une place dans la société des hommes. Quand vous êtes un bâtard, vous n'avez pas de place. Vous ne pouvez vous inscrire nulle part. Si en plus on vous fait sentir que l'identité que l'on vous fournit est un faux ou une usurpation, ça verrouille ce défaut d'être. Il y a une sorte de béance. On pourrait faire une analyse complète de mes écrits et retrouver ce fil conducteur, grave, important, possible, de tout ce que j'ai écrit. Voici le lien de cet article à partir duquel j'ai été touché au point d'écrire ce petit texte. ( toujours comme note de chantier de l'atelier d'écriture avec François Bon qui décidemment m'apprend beaucoup.) https://diacritik.com/2020/10/19/jacques-abeille-le-monde-prend-conge-de-moi-au-moment-ou-je-prends-conge-de-lui/ voir aussi cet entretien http://www.radio-univers.com/jacques-abeille-sest-eteint-que-sa-parole-circule-n1030/|couper{180}

L'élan créateur

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En vrac

« Je ne peux pas dire : je me souviens sans dire implicitement : je me rappelle que je me souviens (Phédon). Cela implique l’in (dé) fini. Mais comme fibre d’un présent du passé. » Extrait de Poétique. Remarques. Poésie, mémoire, nombre, temps, rythme, contrainte, forme, etc. Jacques Roubaud Ce contenu est peut-être protégé par des droits d’auteur. ( mais peu importe puisque je cite la source d’une part et que d’autre part je n’ai de public que de rares badauds dont l’attention fond aussitôt qu’elle fait un effort de cristallisation) De plus je profite de l’arbitraire tant qu’on peut encore en profiter, c’est une denrée en voie de disparition, comme la moutarde, l’huile de tournesol, par contre pas sur de pouvoir m’en passer si facilement comme je le fais bien volontiers avec ces deux produits désormais absents de mes placards.|couper{180}

En vrac