import
import
Faire l’intéressant
— Arrête donc de vouloir faire ton intéressant ! Dit grand-mère. Elle coud la tête penchée sur son ouvrage et mon babillage incessant l'énerve. Ma mère est en face d'elle, assise elle aussi. Elle a allumée une Benson & Hedges et sirote son café en déposant sur le rebord de la tasse des traces de rouge à lèvre. Un peu plus loin dans l'autre pièce Vania est assis à la table de la salle à manger en train de préparer son tiercé. Il me fait un signe de la main comme pour me dire viens, soyons entre hommes, laissons les femmes ensemble. Je m'avance vers lui et il replie le journal en me demandant : —Ti govorit po russki ? Tu parles russe ? Ce à quoi je réponds invariablement ia nietchevo ni panimaiou, je ne comprends rien Alors il attrape l'assimil, me fait signe de m'asseoir à coté de lui et nous commençons une leçon. ia lioubliou tchai ia nié lioubliou cacao. j'aime le thé, je n'aime pas le chocolat. J'adore parler russe. On dirait que cela me permet de rejoindre quelque chose ou quelqu'un. Personne vraiment dans cet appartement de La Varenne non. Quelque chose de plus lointain. Je vois des steppes, de la taïga, des chevaux qui galopent avec des cavaliers aux yeux légèrement bridés comme les miens. La leçon de russe ne dure jamais bien longtemps. Vania ne tient pas en place dans le petit appartement. — Je sors il dit, je vais faire tiercé. Vania mange certains mots tout comme grand-mère. Par exemple elle ne dit pas "je vous emmerde" elle dit "je vous merde" et ça me fait rire. Dehors il fait beau, je partirais bien avec Vania. Avec un peu de chance il m'emmènerait avec lui au bord de la Marne, On prendrait les cannes à pèche et on irait pécher tout près du grand saule, près du ponton et des barques. Mais Vania ne me propose pas. Alors je lui demande. — Tu vas pécher Vania ? on y va ensemble ? — Non juste tiercé aujourd'hui et rendez-vous, tu peux pas venir avec moi. — Il va encore retrouver sa blonde, dit alors la grand-mère avec sa voix grave et éraillée de fumeuse. Elle, ce sont des disques bleues qu'elle allume les unes après les autres et qu'elle laisse se consumer dans le cendrier lorsqu'elle coud. Il va retrouver sa blonde elle s'adresse à ma mère sans doute, à je ne sais qui, mais surement pas à moi. Mais elle le dit comme si je n'existais pas, comme si de toutes façons ça me passait au-dessus. d'ailleurs grand-mère dit souvent à maman : — Pourquoi tu énerves, laisse, il est trop petit, il ne peut pas comprendre, il ne sait rien. Vania ne dit rien, il prend sa casquette accrochée au porte manteau et referme la porte d'entrée derrière lui. J'écarte le rideau pour le voir partir vers je ne sais où. Personne ne me dit jamais rien. Et je me demande qui est cette blonde. Le sexe est le non-dit magistral qui fabrique tout l'ennui de mon enfance je crois. L'ennui que je ressens en présence des adultes perpétuellement. On dirait qu'ils vivent tous avec cette chose qu'ils tentent plus ou moins facilement de cacher aux enfants. Cette obsession du sexe de tous les instants. Le sujet principal de toutes leurs préoccupations. Même s'ils le déportent sur un tas d'autres choses, comme la nourriture, la boisson, l'argent, je ne suis absolument pas dupe. A partir de 7 ans on n'est plus dupe de grand -chose. Tout est là comme un gros nœud, que l'on met des années ensuite à dénouer juste pour s'effrayer, découvrir à quel point tout cela n'est qu'une longue et fastidieuse vérification. Et moi je fais le clown, je dis tout ce qui me vient en tête toujours, je fais l'intéressant, et je ne sais toujours pas si c'est parce que je veux vraiment les intéresser, ou les distraire , et me distraire par ricochet de toutes ces pensées bizarres, obsédantes qui occupent 90% de notre vie à tous.|couper{180}
import
Il est présent cet absent
https://youtu.be/ruZ_lDXMrHY On cherche. La truffe au ras des pâquerettes, panache de la queue qui fouette l’air vif. Où donc se cache t’il ? Tous les signes sont présents, il pourrait surgir d’un instant à l’autre… il arrive ça y est presque ce presque qui permet de mentir Et bien sûr la peur bien sûr on a peur de le rater. Alors gaffe vigilance maximum, les cliquets écarquillés Les oreilles récurées Les mains manucurées ou au contraire un bandeau sur les yeux plissés le brouillard. Quand donc et où ? Et puis les avis, souvent contraires qu’on trait aux quatre pis des vents Je pose 1 je retiens 2 On cherche on cherche et ce n’est jamais ça C’est souvent pas assez des fois beaucoup trop. On se désespère on s’enthousiasme Des hauts et des bas et pas mal aussi de calme plat. Il est où cet absent il est où existe t’il vraiment ? Tant qu’on cherche on ne le trouve pas Tant qu’on parle on ne l’entend pas.|couper{180}
import
La vie est un rêve.
— La vie est un rêve me dit Georges. Nous sommes au café et il y a un néon qui clignote plus que les autres dans la petite salle où nous déjeunons. Les autres sont sortis pour aller fumer des cigarettes ou pour téléphoner. Nous sommes seuls lui et moi, il vient de terminer sa gamelle de ragout préparé par son épouse. Et tout à coup il me balance ce truc comme un cheveu dans la soupe. — Oui si tu veux Georges mais il arrive que ce soit un cauchemar comme maintenant, je réplique. Il me regarde avec un air de chien battu. —Pourquoi tu dis ça, on n'est pas bien ici, au chaud, on a du boulot et dehors il fait beau malgré le froid. Et bien sur je donne raison à Georges immédiatement. Excuse Georges, je me suis emballé, tu as raison la vie est un rêve magnifique vu sous cet angle là. L'angle des pauvres cons, des bouseux, des peine à jouir, le point de vue des trous du cul, des foireux, des lâches, des impuissants. Tout cela intérieurement bien sur. Puis je vais laver ma tasse dans l'évier et je dis je vais aller fumer une clope. La vie est un rêve... le moindre trou du cul n'a plus que ça au bec depuis qu'ils ont parcouru un livre sur le bouddhisme zen ou vu la vie est belle. De l'autosuggestion à grand coups de marteau piqueur. La méthode Coué par la trépanation en dix leçons. Non la vie n'est pas belle connard, la vie n'est ni belle ni laide, c'est la vie point barre. On dirait que le monde est devenu encore plus cinglé que je n'aurais jamais pu l' imaginer... Désormais il a quelque chose de foncièrement dégoutant qui suinte de partout, aussitôt qu'on ouvre un magazine, la radio, la télé, voir même un bouquin. C'est cette espèce de consensus que l'on s'efforce de nous planter dans le crâne. La vie est belle, soyons positifs, et surtout attirons vers nous l'abondance en ayant les bonnes pensées. Sans oublier le dernier joujou à la mode, mieux que le canard en plastoque qui vibre dans la baignoire : la loi de l'attraction. La vie est un rêve Georges, surement pour toi gros flemmard alors que je me tape ton boulot pendant que tu glandes. La vie est un rêve prend une pelle et va faire du ciment dehors par tous les temps, va gâcher du plâtre et ratisser des murs toute une journée à n'en plus finir que t'en titubes dans les transports en commun en ayant la trouille de t'endormir, de rater ta station. Si même un type comme Georges en arrive à dire des conneries pareilles c'est que vraiment ça va vraiment mal je me dis. Parce que d'ordinaire ce genre de phrases je l'avais entendu plutôt dans les quartiers chics, chez les bobos, ce genre de personnes toujours impeccables qui ont l'art et la manière de tout bien faire au meilleur moment. Etudes, travail, permis, voiture, mariage, gamins, maison, résidence secondaire et tout le tralala qui va avec. Venant de là c'est assez compréhensible que la vie soit un rêve. Tant qu'il ne voient pas l'ennui qui les obligent à voir les choses ainsi. Mais que ça arrive aussi bas. Chez Georges. Merde. C'est dire si la confusion règne désormais sur le monde tout entier. Cela fait 6 mois que nous bossons ensemble. 6 mois le temps que prend un fœtus pour devenir achevé. Pourquoi alors 3 mois de plus ensuite ? on se le demande bien. Moi par exemple j'ai décidé de sortir plus tôt ça me gonflait surement toute cette attente. Un mois plus tôt. On m'a flanqué en couveuse. Isolé du monde paf. J'ai pas du entendre tout le message qui devait normalement m'être transmis durant les 3 mois après ma formation animale. Les voix du Seigneur ne sont elles pas de toutes façons totalement impénétrables. Le grand retournement dans l'utérus j'ai du le louper comme j'ai à peu près loupé tout l'extraordinaire du rêve en me cantonnant au cauchemar. Un bon tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Sans compter que le cauchemar nous place dans le dur immédiatement. On ne peut guère s'illusionner. Et surtout on ne peut plus croire à toutes ces fariboles contemporaines sur le bonheur, la joie de vivre, l'amour et la fameuse loi de l'attraction. On sait, et c'est indélébile, au contact du cauchemar, à son contact permanent, vital, que tout ça n'est que de la masturbation provenant de l'ennui, de ne pas savoir s'ils sont males ou femelles, j'en passe et des bien pires. Ce jour là je n'en pouvais plus de Georges, de ses phases à la con, de ce local et de l'usine en général. Je suis aller trouver la petite dame de la boite d'intérim et j'ai dit bon s'il vous plait, je ne vous supplie pas mais tout de même, faut me trouver autre chose s'il vous plait vraiment madame , c'est trop loin je m'endors trop souvent dans le RER en rentrant chez moi. Et le lendemain j'ai trouvé Gaston qui n'était pas meilleur ou pire que Georges, mais ça me changeait, c'était au poil.|couper{180}
import
Rechute
Longtemps je me suis couillonné tout seul et de bonne heure. Par exemple en ouvrant ce blog à mon propre nom. En me disant tu vas créer un site où tu vas parler de la peinture de façon intelligible et correcte, que tout le monde pourra lire sans avoir de vertige. Sauf que, dans l'art de s'égarer, la rechute vers le bon sens est toujours à prévoir. J'avoue que je ne l'avais pas prévue ce coup là. Et qu'il m'arrive de temps en temps d'avoir le rouge au front, d'éprouver un genre de honte fabuleuse lorsqu'il m'arrive de relire certains textes. A ce moment là je me dis putain tu aurais au moins pu prendre un pseudonyme. Que va penser un tel une telle qui dans la vraie vie me connait. J'avoue que cette pensée m'a souvent taraudé. Mais en même temps cette honte, cette gène, aura été une magnifique alliée pour progresser vers moi-même vraiment. Car elle met en relief, cette honte, la binarité fatigante entre personnage publique et personnage privé si je puis dire. Entre mensonge et vérité. Lorsque j'écris je me fiche totalement de savoir si je mens ou si je dis la vérité, l'écriture aplanit ce genre de dilemme qui n'appartient qu'à la vie de tous les jours. Lorsque j'écris, je est un autre. Parfois il m'arrive encore de l'oublier, c'est ce que j'appelle "mes rechutes". Ce sont des bribes de tous ces personnages que j'ai empruntés à un moment ou à un autre de mon existence et que j'ai transportées de mon imagination vers la vie de tous les jours. Cela vient surtout de ma formation d'autodidacte. Personne par exemple ne m'a jamais clairement expliqué qu'un roman, même s'il empruntait beaucoup à la réalité, n'était jamais autre chose qu'une fiction. Je veux dire qu' à mes débuts, j'étais une bugne formidable, un couillon cosmique. Je vivais carrément tous les personnages qui me venaient à l'esprit. D'où une suite interminable de malentendus avec mes proches, puis avec le monde en général. Je ne me souviens plus très bien du jour où j'ai enfin compris le hiatus. Probablement à la mort de mon père, puisqu'aussitôt que je pense à la réalité c'est son image en premier qui surgit. Je me revois encore dans la salle d'attente du service où il a été hospitalisé à Créteil. La femme de ménage avait appelé les pompiers en le trouvant étendu au sol dans sa chambre. Puis elle m'avait téléphoné pour que je monte au plus vite depuis ma cambrousse. Ce qui avait bousculé tout un tas de choses en quelques instants. D'abord mon boulot de l'époque que j'ai du lâcher car le petit jeune homme qui était mon patron s'impatientait de ce trop de temps que je prenais pour me rendre chez mon paternel , puis ma bagnole qui au cours d'un voyage sur l'autoroute m'a lâché et dont le prix du remorquage mis des mois a être remboursé, à tempérament, sans compter les frais de réparation. Mon vieux avait été opéré d'un cancer du pancréas. Ce qui ne lui laissait pas énormément d'espoir, mais le peu tout de même, suffisant, pour que nous nous y accrochions désespérément. Puis le médecin avait évoqué une chimio et là patatrac mon père a renoncé. Il n'a pas pris ses médoc, il est resté au lit à caresser son chien et à s'abrutir de télé. Il n'a même plus ouvert le moindre roman policier ce qui fut le signe de la fin pour moi Et pourtant dans cette salle d'attente je me souviens très bien d'avoir encore eu la force d'imaginer, d'interpréter, d'écrire dans ma tête un texte en observant les personnes qui m'entouraient. C'était des étrangers dont la langue m'était inconnue. Je traduisais leurs propos en me moquant un peu de la théâtralité de leur ton, de leurs gestes, ils arrivaient par petites grappes avec énormément d'éclats de voix, d'effusion. Sans doute qu'un de leurs proches était là, lui aussi, de l'autre coté de la porte close en train de passer l'arme à gauche. Je me souviens que dans ce moment, l'un des plus graves de ma vie, sans doute, j'ai encore trouvé le moyen d'inventer un récit, une fiction. Ce fut le lendemain que le médecin m'appela de bonne heure. Votre père n'en a plus pour bien longtemps voulez vous venir auprès de lui ? Et là j'ai dit non. Je me suis entendu dire ce non, c'était affreux. Je ne voulais pas affronter cette réalité là. Et j'ai laissé mon propre père crever tout seul comme un chien en me disant de toutes façons il est dans le coma à quoi cela servirait-il que je sois là près de lui. Et aussi une petite voix de gamin blessé à mort me disait —le monstre crève qu'il aille au diable alors que l'adulte en moi disait non c'est pas un monstre, tout au plus un homme ignorant, un type lambda qui a fait comme il a pu et qui ne semblait pas pouvoir grand chose coté affectif comme tu le souhaitais toi le petit gars. Bref pendant que je dialoguais ainsi avec moi-même mon père est mort tout seul. J'ai raté un sacré moment. C'est à partir de ce ratage que j'ai commencé à soupçonner que ça ne tournait pas très rond chez moi. Que je vivais plus dans l'imaginaire que dans une quelconque réalité commune. Du coup la suite m'ouvrit les yeux. D'abord la morgue où j'eus l'impression de voir un vieux gamin vidé de toute la terreur et de la haine qu'il m'inspirait autrefois en tant qu'homme. Puis un ou deux copains qui étaient là allez savoir comment et pourquoi. Enfin l'enterrement là bas dans l'Allier. Le convoi, les sandwichs que me tendait mon épouse tandis que je tentais de ne pas perdre de vue le corbillard sur l'autoroute. Je ne savais pas que la mort nous obligeait à nous goinfrer autant ceci dit en passant. Enfin l'enterrement en lui même, le croquemort qui disait un truc bateau compris dans la prestation, car je n'avais rien préparé à lui faire lire, un tout petit comité, mon frère qui jette une fleur et qui se retourne vers moi en disant —merde elle est tombée à coté du cercueil. Comment voulez vous que je ne parvienne pas à rire encore de tout ce merdier ? je veux dire au moment où j'écris ces choses. Car vraiment dans l'instant présent je n'en menais pas large du tout. C'était au delà de l'affreux, du désespérant, de l'ennui tout court. Mais c'est depuis lors que je vis ma vie avec une austérité quasi monastique. Et si j'avais un conseil à donner aux écrivains en herbe, ce serait exactement cela, de ne se fier qu'aux faits, aux événements tels qu'ils sont dans leur vie de tous les jours, de bien séparer l'imagination de la vraie vie. Et avec ça ton mouchoir par là dessus, bon courage ... Mais bon, les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et puis à chacun de faire sa propre expérience. De quoi je me mêle. Donc du coup oui c'est mon vrai nom, celui marqué sur ma carte d'identité dont je me sers pour ce blog mais au bout du compte je me demande s'il ne vaut pas autant qu'un pseudonyme que j'aurais pu inventer un jour. Car personne ne connait jamais personne, la plupart du temps on interprète tellement les faits, les gestes, les dires en pensant que tout cela est la réalité alors que souvent on s'écrit à soi-même un roman. Parfois ce n'est qu'un seul roman et inachevé en plus par la mort de son auteur. La rechute c'est aussi cela. C'est se dire que la vie n'est pas un roman, qu'autour de nous il y a de vrais personnes en chair et en os qu'il ne faudrait pas trop souvent heurter, abimer, ni non plus louer excessivement. Il faut se souvenir de temps à autre aussi que la mort est là toujours qui rode et nous réveille avec sa petite odeur de pourriture aigre douce. Et puis une fois la rechute passée, se remettre au boulot, encore et encore avec un œil plus vif, plus de discernement et l'amour peut parfois aider bien sur, mais il n'est pas nécessaire autant que la méchanceté, la rage, la colère et bien sur une bonne dose de désespoir.|couper{180}
import
Exagérer
Je n'avais jamais fait attention à ce mot vraiment. Pourtant Dieu sait à quel point j'exagère, j'ai toujours beaucoup exagéré, j'ai aussi longtemps pensé que sans exagération la vie ne vaudrait pas, le coup d'être vécue puis relatée. Cependant, j'exagère tout de même bien moins qu'auparavant. Ca doit bien faire une bonne vingtaine d'années que je n'exagère plus dans la vraie vie. J'exagère seulement lorsque je dois me donner en spectacle, lorsque j'écris mes petits textes ici même sur ce blog, ou bien lorsque j'envoie ( rarement) des cartes postales. Oui je n'avais jamais fait la relation phonétique entre exagérer et l'ex à gérer. C'est aujourd'hui chose faite. Car on doit tout gérer désormais évidemment. D'ailleurs il n'y a qu'à écouter, le "je gère" est à toutes les sauces. Par contre en ce qui concerne la gestion je suis une bille absolue. Je n'ai jamais rien géré de ma vie, ni mes comptes bancaires, ni mes comptes professionnels, (il y a une comptable qui fait cela moyennant des pépètes) , mais je préfère payer plutôt que de me faire des nœuds au cerveau pour des choses insignifiantes. Je gère assez mal mes émotions, notamment la colère ou la passion comme je ne gère pas mes amours et je ne parle même pas de la gestion de mes amitiés. Car mon truc est de laisser aller les choses à volo autant qu'il m'est humainement possible de le faire sans culpabilité, remords, regrets. Je suis un adepte du "on verra bien " même si je sais qu'au lieu de la grâce espérée ça tourne régulièrement en eau de boudin. Pourquoi Pourquoi Pourquoi ? me demande régulièrement mon épouse qui elle est une excellente gestionnaire. Pourquoi ? je n'en sais fichtre rien. Peut-être pour tenter le diable, ou la Providence, pour m'amuser aussi très certainement, rire de mes angoisses, de mes peurs. Par curiosité aussi, sans doute, voyons voir combien de lettres de relance cet organisme est capable de m'adresser avant de m'envoyer un huissier. Voyons voir comment, d'un seul coup, comme par miracle ou presque, je trouve des solutions in extrémis lorsqu'on me menace de me piquer ma bagnole, mon horloge bourbonnaise, mon bureau empire et la lampe dessus dont l'abat-jour est constitué du boyau de vache afghane. Mais j'exagère un peu. Avec l'âge je fais plus attention, je me suis même fait mensualiser comme un tapin sur le retour auprès de certains organismes particulièrement belliqueux et revanchards. Non je n'exagère plus vraiment comme avant, disons depuis que je suis marié. Car ces négligences chroniques je l'ai compris enfin, ne sont pas bonnes pour la santé d'un couple normalement constitué. Et puis mon épouse est d'une honnêteté foncière, elle ne supporte ni l'à peu près ni le laisser aller, ni surtout de se retrouver bêtement interdit bancaire ou victime collatérale d'un avis à tiers détenteur. Ce qui nous aura causé pas mal de tracasseries à nos débuts, le temps de se mettre au diapason. Pourquoi je vous raconte tout ça ? je n'en sais rien. Tout cela a probablement un sens sauf que ce sens pour le moment m'échappe. Ou alors je ne veux pas tout dire non plus. Je cache des choses. Cela m'arrive plus souvent qu'on l'imagine. J'en connais même qui, pour bien moins que ça, analyseraient la situation avec un regard psychologue et diraient : lui il vient de recevoir des nouvelles d'une ex et ça lui reste en travers. Il a un problème d'ex à gérer. ah ah ah ! Et vous savez, ce sont des choses qui arrivent bien plus souvent que moi je l'imaginais. Car je me disais quand c'est fini N, i, i. Plus de pièce à y remettre, changeons carrément de chaussettes. Je gère assez mal aussi la réalité il faut dire. Donc les psychologues vous pourriez presque avoir raison à un iota près. Toutefois je resterai évasif voir muet. Car on sait bien ce que vaut la psychologie des psychologues. Rien que des obsédés du zizi pour la plupart. Alors que moi mes problèmes les plus cruciaux, les plus emmerdants ( puisque ce mot est à la mode) ne viennent jamais d'au dessous la ceinture, mais de bien plus haut. Non pas du nombril, plus haut encore. Mais admettons que soudain vous receviez des nouvelles d'une ex que vous n'avez pas vue depuis 20 ans ? Peut on raisonnablement penser qu'une telle relation peut se transformer en amitié ? J'avoue que jusqu'à ces derniers jours j'en ai toujours douté. Je m'exagérais les choses tout seul. Je me disais oui oui l'amitié entre homme et femme qui ont couché mon cul oui. Y a trop d'amertume, de ressentiment, de colère rentrée et d'amour pas fini, pas achevé, pas assassiné complètement, du travail bâclé. La vieille histoire du scorpion et de la grenouille. Non non je ne te piquerai pas en traversant la rivière et paf. Ai je autant que ça une tronche de crapaud ? me serais je, le cas échéant, invectivé face à mon miroir de poche Charmant. Donc non, je n'ai jamais voulu gérer ce genre de relation non plus. Parce que l'intensité et la continuité font partie des problèmes insolubles qui n'appartiennent pas qu'au domaine de l'électricité. Sans vouloir non plus exagérer j'ai toujours préféré exorciser mes démons plutôt que d'exaucer les propositions d'amitié de mes ex. Et ça ne vient pas du tout de la réflexion ou de je ne sais quelle élucubration intellectuelle, pas du tout. C'est juste viscéral et ça me parait foutrement juste que ça vienne des viscères justement. Mais au bout d'un moment il y a peut-être une date de péremption à la connerie je me dis aussi. On pourrait voir les choses autrement, plus calmement. — Bonjour ah c'est toi je suis content de te voir, de te lire, de t'entendre. C'est tout, rien à ajouter de plus que de faire ce petit pas. Et si possible s'abstenir de revenir systématiquement dans le même personnage que l'on s'était inventé à l'occasion de cette relation et qui, comme tous les personnages que l'on s'invente, finissent par mener leurs auteurs par le bout du nez. Ce qui modifie le mot exagérer en exécuter (ou s'exécuter) en quelque sorte. s'exécuter c'est une forme d'obéissance je me suis souvenu de ça aussi. C'est pas si mal aussi de temps en temps l'obéissance. Evidemment ça dépend du donneur d'ordre, Destin, Fatalité, Amitié, on a toujours le choix.|couper{180}
import
250
Bon comme je passe le cap des 250 abonnés, je me suis dit qu'il fallait marquer le coup, dire un truc genre merci beaucoup , il parait que ça se fait. J'ai échappé au merci pour le premier, pour le dixième, le cinquantième ... faut pas pousser mémé dans les orties non plus Donc Merci beaucoup ! Par contre à 500 je chanterai une chanson promis. et peut-être même qu'à 1000 je danserai avec des claquettes... faut suivre pour le voir L'avenir, s'il y en a encore un, nous le dira.|couper{180}
import
L’intelligence du lecteur.
Il ne faut pas sous estimer l’intelligence du lecteur, surtout en expliquant tout par le menu. Soigner l’ellipse c’est surtout en premier lieu être d’une vigilance implacable sur nos propres non-dits. Parvenir à la justesse nécessaire afin de les restituer dans la moindre envolée narrative. Travailler cela sans relâche. Et même si on imagine que c’est pauvre, que ce n’est pas assez, faire confiance à cette justesse et à l’intelligence du lecteur.|couper{180}
import
Damnation
Travail d’élève acrylique sur papier. Madeleine est venue parce que c’est moi elle dit sinon elle serait bien restée chez elle, au lit, tellement son dos la fait souffrir. — Et j’ai pensé à toi pour le thème elle ajoute en extirpant de son barda une photographie. Sur celle ci une danseuse de flamenco à la robe moulante et dont la courbure des reins emporterait vers la damnation n’importe quel saint de la terre. — c’est érotique ça non ? Elle dit. Je ne réponds pas tout de suite. Il y a une grande différence entre excitation et érotisme mais comment l’expliquer clairement ? À la vérité, je n’en sais Fichte rien. Je pense à ce peintre dont l’épouse refusait qu’il peigne des modèles et qui s’est rabattu sur des pommes et des poires. —On va faire du ciel aujourd’hui Madeleine range ta photo on n’en aura pas besoin… — Mais je croyais qu’on allait faire le thème sur l’érotisme aujourd’hui me rappelle Madeleine. —oui justement, on va commencer par peindre le ciel et puis peut-être la prochaine fois on peindra une fleur… — ah bon ! dit Madeleine. Je vais aller faire ton café elle ajoute. Je la regarde, je les regarde toutes et tous et je dis — dans le mot érotisme il y a Éros le dieu de l’amour vous savez… et peut-être qu’il vit quelque part dans le ciel… pour avoir l’air d’être tout à fait cohérent, surtout avec moi-même. Alors en piste acrylique sur papier deux couleurs seulement et on y va !|couper{180}
import
Silex
https://youtu.be/4bZWH1th3_w Autrefois j’étais boue et sables et j’ai connu mille pieds Mille bouches capables et même sacrément doués Pour me fouler me remuer me touiller moi le désordonné Et le soleil est resté Seul toujours à me réchauffer m’encourager Même au milieu des nuits glacées sans étoile. Le soleil et le temps son allié. Et puis un jour, comme ça je suis devenu silex. Lorsqu’on me frappe je fais de belles étincelles Pour un oui pour un non je fais pareil. J’ai appris des vents de la nuit des soleils. À me rassembler sans m’opposer Rien ne s’oppose à devenir silex depuis la boue les sables Rien ne s’oppose pour devenir fou Et pénétrer nu dans son propre éblouissement Rien, sauf le quotidien.|couper{180}
import
Les malentendus
https://youtu.be/nC5ulD6XBoc Ce n'est pas parce qu'on a des oreilles que l'on entend bien. Parfois il vaut mieux être sourd. Cela oblige l'attention à s'appuyer sur d'autres sens pour s'approcher du pot aux roses. Mais lui, Georges il fait partie de ces personnes qui ont tout vu, tout entendu et qui se permettent. Qui se permettent d'avoir leur petite opinion sur tout surtout. Ainsi fonctionne ce monde, car Georges n'est rien d'autre que la caricature de qui je suis. Il en est la version outrancière, démesurée, totalement désagréable à regarder et à entendre. Je le revois beaucoup ces derniers temps. Pas en vrai parce qu'il est décédé depuis un bail, mais dans les rares rêves dont je me souviens au matin. Ou bien il surgit de façon totalement inopinée, lorsque je vais faire le marché, lorsque je prends ma douche, que je me cure le nez ou les oreilles. J'entends son pas lourd d'homme obèse qui veut absolument en imposer. Je hume l'air et je sais que cette odeur de tabac, c'est lui, il surgit comme ça au hasard des moments. Par contre il ne dit rien, il se contente d'arriver de je ne sais où à ma hauteur. Puis il s'arrête et me toise sans même esquisser ce fameux petit sourire que je déteste tellement chez lui. Georges assurément est un fantôme qui me hante. Voilà bien comment sont les choses je me dis alors. On pense en avoir terminé avec certaines relations plus ou moins toxiques. Et au bout du compte non, ce n'est pas totalement fini. Est-ce que cette résurgence provient de soi ou de l'outre-tombe ? Epineuse question en apparence car il suffit d'avoir un brin de jugeotte pour comprendre que la réponse est fournie avec la question. Sauf qu'on ne veut pas l'entendre. On refuse de l'entendre. Parce qu'on s'est enfui un jour, parce qu'on n'avait pas les moyens de s'opposer à la fuite. Parce que c'est comme ça. Il y a beaucoup de malentendus qui naissent ainsi et on ne sait jamais si c'est par pure paresse, par lâcheté par amitié ou par amour. Je l'appelle Georges, mais je pense plutôt à Joyce. Au bout de tout ça ils se confondent et forment ce personnage hermaphrodite, ce petit Baphomet ridicule qui trône au fronton du temple des mystères non résolus. Non résolus la plupart du temps parce qu'on ne veut tout bonnement pas les résoudre vraiment. C'est à dire les réduire en poudre. Une poudre si fine qu'elle pourrait devenir un pigment fin à mélanger à l'huile, en formant de jolis huit avec la molette en verre de la perspicacité ou du bon sens. Ce que nous reprochons toujours aux gens n'est-ce pas de nous être trop semblables plutôt que différents comme on se plait à le penser. Pas suffisamment semblables cependant pour que nous nous admirions vraiment. Presque semblables plutôt, ce qui les rend tout à coup monstrueux. Ce qui soudain nous projette dans un extérieur inconnu. Les malentendus sont tellement étranges lorsqu'on se penche vraiment dessus. Parfois je me dis que l'amour en use et en abuse à tire larigot pour nous apprendre qui il est, pour nous parler du pays comme disait Georges et Joyce, comme ils le répètent encore dans ma tête à n'importe quel moment impromptu de mes journées.|couper{180}
import
Ciel, mes élèves
Ce second trimestre j’ai proposé un thème effrayant pour beaucoup mais excitant, l’érotisme en peinture. Non Madeleine on ne fera pas venir un modèle pour qu’il pose nu. Ni une Modèle non plus André… Ce que je vous suggère c’est plus un manière de peindre, comment rendre lés choses lés plus banales, celles que l’on ne regarde plus que par l’œil voilé de l’habitude. Ainsi n’importe quel objet peut être érotisé. L’objet c’est un prétexte, comme l’est un paysage, une fleur, un visage, une paire de fesses. Cela veut dire qu’il faut adopter un point de vue différent tout simplement… lequel à chacune et chacun de le trouver… Et pour commencer je vous propose de revisiter le ciel… on ne sait jamais, des fois qu’il vous emporte vers le fameux septième… Ciels, acrylique sur papier, travaux d’élèves|couper{180}
import
Lire de la poésie.
https://youtu.be/dXqYRHOCA2Y Chaque jour du fin fond du désert je me rends là à l'oasis, et je retraverse les mirages exactement toujours les mêmes, invariablement. ils deviennent évidents et nus, une fois tout le ridicule bu Avalé, digéré et pissé. Enfin j'arrive ainsi à l'oasis presque nouveau né. Je lis de la poésie Et ça me parle et ça m'achève Oh comme ça me parle et me tue et me redonne vie.|couper{180}