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Flèches, mots et cibles.

Assis sur la tonnelle je pèle des branches de saule. Je fabrique gentiment des flèches. Je n'ai pas changé fondamentalement. Je suis assis dans un fauteuil et je pèle les mots pour les débarrasser de leur écorce. Que faire ensuite avec toutes ces flèches ? tous ces mots dont l'âme est à nue ? S'en remettre au hasard bien sur. A ce que l'on s'obstine à nommer le hasard. J'avais découvert que lorsque je visais quelque chose il était rare de l'atteindre soit avec des flèches soit avec des mots d'ailleurs. La cible se dérobe souvent dans ces cas là, la plupart du temps elle se dérobe sauf quelques fois. Ce peu de fois où la cible ne se dérobe pas empêche d'atteindre le découragement. Nous fait inventer de nouveaux espoirs, de nouvelles stratégies afin de pouvoir atteindre cette cible encore et encore en plein centre. C'est le jeu. Et nous perdons régulièrement à ce jeu bien sur. Nous perdons car cela ne suffit pas de débarrasser une branche de son écorce pour en fabriquer une bonne flèche. Ca ne suffit pas non plus de débarrasser un mot de toute la mémoire que nous entretenons souvent à tort ou par paresse avec lui. Non il faut autre chose. Pour atteindre une cible, qu'elle soit extérieure ou intérieure, il faut oublier la cible. Il faut juste une intention de départ puis l'oublier et agir sans se poser de question. Une intention de départ comme une prière que l'on effectuerait gentiment envers ce que l'on nomme le hasard. Mais qui, dans le fond, n'est nul autre que nous-mêmes. Je me souviens, on m'avait dit que le photographe Cartier-Bresson vantait les mérites de son livre de chevet " Le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc". Aussitôt je m'étais rué vers la première librairie pour le commander. Puis je l'ai lu avidement. Bien sur ça me rappelait des trucs vagues, mais j'ai pris ça comme un roman au final. Je ne voyais pas la raison d'en faire des caisses. Ce que j'ai retenu c'est la tricherie du type qui essaie de produire le fameux son lorsqu'il doit lâcher prise en lâchant la corde de l'arc. Et qui aussitôt se fait virer par le maitre. J'avais ri nerveusement. C'était tout à fait moi ce type dans le fond. Capable de tout pour arriver à certains buts totalement saugrenus. Car franchement quel intérêt d'aller planter des flèches dans une cible ? Quel intérêt d'écrire des romans ? Quel intérêt d'écrire des poésies ? Aucun. Absolument aucun. Et là boum tout à coup on obtient un troisième œil en plein front par hasard évidemment.|couper{180}

Flèches, mots et cibles.

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Des jours comme ça

Les blagues, les signes de connivence, la poésie solaire, aujourd’hui tout sonne creux en moi. Je n’y arrive pas. C’est qu’une chose manque Je ne sais quoi. Je m’enfonce égoïstement dans le silence. Il y a des jours comme ça.|couper{180}

Des jours comme ça

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Un froid intense

J’ai eu beau mettre tous les radiateurs à fond, il fait froid dans l’atelier, un froid intense. C’est à un point qu’il n’y a plus que cela, que cette idée d’intensité qui m’occupe l’esprit. Dehors le vent a chassé tous les nuages et il n’y a plus que du ciel bleu. Et je ne vois qu’un froid bleu. N’ai-je rien d’autre à penser, à faire ? Visiblement non. En ce moment il n’y a que cette question, l’intensité que j’attribue au froid et au ciel bleu. Tout à l’heure mon épouse me demandera — alors ? Tu as fait quelque chose ? Je ne dirai rien, je secouerai la tête. Impossible d’expliquer cette sensation de froid, son intensité ni l’étrange effet que me procure aujourd’hui le ciel bleu.|couper{180}

Un froid intense

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Déguisement

Elle s’était déguisée en pute et je la suivais du coin de l’œil par simple curiosité. Les hommes seuls, ceux qui étaient accompagnés, c’était cela l’intéressant, pas la femme. Par ce déguisement qui la travestissait elle provoquait des réactions. Toutes ces réactions pouvaient à premiere vue paraître différentes. Certaines étaient violentes, d’autres sournoises et d’autres comiques. Toute une panoplie de réactions, autant sans doute qu’il y avait d’hommes dans cette rue. Et je me demandais bien sur qu’elle pouvait être ma propre réaction à ce spectacle. Je m’accrochais à ma curiosité comme un guerrier à son bouclier. Et lorsqu’elle arriva enfin vers moi qu’elle tira la chaise pour s’asseoir en face de moi en croisant les jambes bien haut , à cette terrasse de café , je vis à quel point mon bouclier était inutile. Mais que faire alors ? Je lui demandais ce qu’elle voulait boire et elle me répondit un verre d’eau. Sa réponse me rendit heureux, puis je vis la lumière décliner et les ombres des grands arbres s’allonger c’est comme ça que j’ai été troublé Un désir inconnu, déguisé derrière mon bonheur et ma curiosité en cette chaude soirée d’été bouscula tout sur son passage. Puis, comme je n’étais qu’un singe encore, je laissais l’agitation une fois de plus m’envahir.|couper{180}

Déguisement

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Que voulez-vous ?

Huile sur toile 24x30 cm — Bonjour je voulais vous voir pour prendre des cours de peinture — que voulez-vous vraiment ? car c’est confus. Voulez vous me voir ou prendre des cours de peinture. Maintenant je suis devant vous, une partie de la question semble réglée n’est-ce pas … —Passons à la suivante pourquoi voulez vous prendre des cours ? Que voudriez vous que je vous apporte et que pensez vous qu’il vous manque ? —je manque de technique…. Très bien ! Donc vous ne peignez pas parce que vous imaginez que vous n’avez pas suffisamment ou pas du tout de technique c’est bien ça ? —J’ai déjà peint un certain nombre de choses mais elles sont ratées —Et comment seraient ces tableaux s’ils étaient réussis dans ce cas y avez vous pensé ? --- … ? —Voilà ce que je ne peux pas vous apporter. Je peux vous apprendre des techniques mais je ne peux pas vous remplacer pour que vous vous demandiez ce que vous voulez peindre vraiment. Et ce que sera pour vous la réussite. Je ne peux pas vouloir ces choses à votre place. Sommes nous d’accord ? La première séance est gratuite, installez vous.|couper{180}

Que voulez-vous ?

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Addictions

à la base une envie de chaleur humaine, de sociabilité, et puis à l'autre bout de la chaine le pognon comme d'habitude. Résultat des courses ? Un dégout des autres globalement. Une réciprocité de la violence jamais encore égalée https://www.youtube.com/watch?v=IahJWpRGbWE|couper{180}

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Eurêka

Œuvre de Didaum ( Didier Aumignon) Il fait beau. Il fait froid mais beau. C’est con comme phrase. Tellement con que soudain j’ai eu une illumination. Eurêka ! Je suis désormais un génie ! Je fais mouche à tous mes coups désormais Et je peux répéter l’opération Sans les mains Sans les pieds Badaboum ! Même la chute tout à fait bien ! Merci mais à qui ? Au Mignon sors de ce corps nom de Dieu !|couper{180}

Eurêka

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Ecrire des faits divers

J'aurais aimé écrire des faits divers. Cela manque à ma formation d'écrivain. C'est peut-être en raison de cette lacune que je divague tellement en me servant d'images, de métaphores, de tout ce que j'ai à ma disposition finalement. Ce très peu acquis sur les bancs d'une scolarité tout à fait approximative. Dans un canard local. Pas dans un grand journal non, je n'ai pas envie de faire des bornes. Disons une périphérie d'une cinquantaine de kilomètres au max . Mettons jusqu'à Lyon ou Valence puisque je suis exactement entre les deux. Encore qu'en ville pour trouver une place de stationnement ce soit une galère, d'ailleurs j' y vais le plus rarement possible, et de préférence en train. Enfin bref. Adultères qui se terminent mal, meurtres en tout genres, vols de sac à main, braquages d'épiceries, ou d'église, vol à l'étalage, escroqueries de retraités, abus en tous genres, bref tout ce que peut contenir la catégorie merveilleuse des faits divers autant que variés. Bien sur je ne serais pas le premier. D'autres y ont déjà pensé notamment Truman Capote et Calaferte. D'ailleurs cette idée je la dois plus à Calaferte qu'à Capote. C'est dans une aridité de mots que le journaliste tente d'énoncer par les faits la vérité des faits et rien d'autre. La vérité des faits, c'est seulement ce qui m'intéresse certains jours. Et encore retirons le mot "vérité". Les faits, juste les faits, pour les divers tissements on verra ça plus tard.|couper{180}

Ecrire des faits divers

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Noblesse

Série "Ciels" travail d'élève Noblesse oblige. Tout vient de là. Les bourgeois veulent être nobles, les ouvriers bourgeois, et au final c'est un bordel sans nom. Je me souviens encore et encore de cette pancarte accrochée à l'un des murs de ce capharnaüm. l'entrepôt d'un copain de mon grand-père, dans le 15ème. " une chose à sa place, une place pour chaque chose" Je peine à me souvenir de l'ordre exact des mots de ce slogan. Mais il y avait une vérité que mon regard d'enfant y voyait déjà, quelque chose comme une évidence sans arrêt contredite, comme par ironie. C'était dans les années 70, De Gaulle était tombé de son piédestal depuis pas mal de temps. La guerre ne devenait plus qu'un vague souvenir ou une histoire qu'on se raconte pour meubler le silence entre les générations. Le travail, sa valeur n'était plus la même entre les générations déjà. Ce que mon grand-père paternel nommait le travail recelait une noblesse dans son imagination que mon père tentait de s'accaparer et de me transmettre. Mais la terre n'avait plus suffisamment de nutriments. Ce que l'on y semait désormais poussait de façon biscornue. Le mot travail revenait à son point de départ qui n'était plus autre chose dans mon esprit d'enfant qu'une torture. L'éducation nationale tentait tant bien que mal de m'inculquer des valeurs qui n'avaient plus cours. Plutôt mal à mon avis, c'est comme ça en tous cas que je l'ai pris. C'est à dire que de bonne heure je me doutais de toute cette supercherie du désir. Le désir de mon grand-père de trouver la noblesse dans son travail faute de mieux. Celui de mon père de vouloir dépasser le père. Et ainsi de suite. Comme s'il y avait toujours ce tiers, seigneur ou bourgeois à qui le simple ouvrier ne peut s'empêcher de vouloir ressembler. A 16 ans ce devint tellement insupportable de constater ce ravage permanent du désir que je m'engageais en politique, je voulais être communiste pour inverser la vapeur. Et pourquoi donc sinon pour la même chose exactement, la noblesse de l'être humain. La noblesse de l'ouvrier. On ne se rend pas compte que l'on reproduit. Surtout si on se veut absolument original comme c'est le cas lorsqu'on est jeune. Que reste t'il ensuite, une fois que l'on a compris le schéma du désir ? toujours le même à peu de chose près. Je croyais que le bouddhisme me guérirait après avoir épuisé la politique. J'ai cru à un tas de choses qui me furent présentées comme des produits en tête de gondole. Chaque nouvelle piste était déjà balisée depuis belle lurette par des gens sans foi ni loi, et n'ayant que le pouvoir comme désir. J'ai cru que l'art m'aiderait, il m'aide encore malgré tout ce que j'ai laissé dans cette histoire. Ce dépouillement, cette obsession du dépouillement comme un fil rouge que je parviens à détecter je me demande s'il n'est pas aussi dans une certaine mesure le même désir de noblesse qui crée les révolutions bourgeoises. Et si au bout du compte ce dépouillement n'est pas tout simplement une tentative perpétuelle de s'extirper de toutes nos illusions mal digérées. Vouloir se dépouiller pour trouver quoi ? de la propreté ? une âme ? Dieu ? Ne serait-ce pas cette noblesse que nous savons avoir perdue un jour quelque part dans le temps et que nous avons concédée par fatigue, par oubli à des associations de malfaiteurs, des imposteurs ?|couper{180}

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Le journal de Louis Calaferte

Juste un extrait d'une entrevue tout d'abord. P. D. - C'est l'écriture qui vous a sauvé de ça ? L.C. - Oui, c'est-à-dire... oui... je ne peux pas démêler. J'y ai repensé dix fois, mais je ne sais pas. J'avais décidé, comme ça, à treize ans - j'étais effectivement dans une usine - d'être écrivain. De devenir écrivain. Je voulais être écrivain, sans savoir ce que ça représentait. Tout est allé très vite, d'ailleurs. Et c'est vrai qu'à partir du moment où j'ai réellement pris conscience de ce que pouvait être la vie, l'existence à laquelle, normalement, j'étais destiné, j'ai eu le sentiment très fort, et très assuré, surtout, que, en fait, par l'écriture tout pouvait se sublimer, qu'on pouvait échapper à... Mais enfin, cela a quand même demandé plusieurs années. J'avais lu quelques livres, comme ça, épars... Le rêve était en dehors de la réalité formelle. Je ne savais pas ce que c'était qu'être écrivain, mais c'est une décision que j'avais prise. De tout ce qu'a écrit Louis Calaferte, ce que j'ai préféré c'est son journal, que je n'ai d'ailleurs pu lire qu'en bibliothèque, car il contient d'innombrables volumes. Je n'avais pas la place à l'époque pour contenir une telle œuvre. Des années plus tard j'ai commandé les premiers tomes dans une librairie mais je ne suis jamais allé les chercher. Je n'y suis pas allé parce que j'avais passé l'âge. Il y a une date de péremption pour les engouements. C'est ce qui les différencie d'ailleurs des véritables affections j'imagine. Ce journal me parlait tant de moi que j'avais plongé à l'intérieur comme Narcisse dans sa mare. Je me souviens que j'avais même employé le même style en rédigeant, évidemment, mon propre journal. Non pas que je me plaigne du mimétisme, nous ne serions rien sans celui-ci probablement. Mais le fait de prendre conscience de ce mimétisme est toujours plus ou moins une expérience cruelle. Cruelle parce qu'elle ouvre soudain un gouffre sous les pieds et que nous nous demandons si tout ce que nous pensons, exprimons n'est pas autre chose qu'un ramassis de conneries dérobées à d'autres. Des conneries que l'on trouvait tellement inédites qu'elle ressemblaient à quelque chose d'intelligent. On se fait des idées sur tout c'est cela notre maladie la plus grave. D'un autre côté pourquoi juger le jeune homme que je fus à un moment donné de mon existence ? A quoi cela servira t'il ? Il y avait cette implacabilité des choses, comme un entonnoir que l'on sent chaque jour très tôt le matin en prenant les transports en commun. On tente de ne pas tomber au fond, les parois sont glissantes, tout au plus parvient-on à une sorte d'équilibre, non sans déployer des efforts d'imagination permanents. On peut se le permettre tant qu'on est jeune et qu'on ne sait pas quoi faire de toute cette énergie qui reste encore une fois le nécessaire donné pour "gagner sa vie". Employer ce reste de temps à rêver, à écrire, à peindre était aussi sans doute une forme d'héroïsme. Il fallait être héroïque sinon quoi ? Toute cette désespérance, ce que j'appelais la désespérance et sous celle-ci le constat d'être un cadavre comme tous les autres, un cadavre à venir dans la fosse commune du temps. Et puis de temps en temps cette intuition que l'anonymat ne pourrait pas être meilleur refuge dans les temps de fer. https://youtu.be/LLhksIMfjNE|couper{180}

Le journal de Louis Calaferte

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Polariser

De temps en temps dire un truc méchant, ridicule, totalement debile, voire méchant C’est comme un accident Les gens ralentissent cherchent à voir les cadavres, un peu d’hémoglobine, les bagnoles compressées, tout ça. L’algorithme est aux anges.|couper{180}

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Nicolai Winter " doigt d'honneur" Je lis quelques mots, quelques phrases de ce blog auquel je suis abonné je ne sais pourquoi et déjà la fatigue me tombe sur le coin du nez. L'auteur cherche un mot pour cette nouvelle année, un mot pour s'accrocher en guise de résolution. S'en suivent des choses que j'ai peine à lire tant j'y vois du cliché. Merde ! En voilà un sacré mot, des fois il y a des choses si faciles à trouver, suffit d'oser. pas se réfugier toujours dans ce prétexte de chercher. on peut faire une œuvre, une année, juste avec "Merde" ou un doigt d'honneur Bonne année !|couper{180}

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