import
import
Like en pagaille
Les feuilles mortes ont été ramassées à la pelle, maintenant l'arbre est sec. restent les likes qui se donnent à la chaine les likes en pagaille. Pan ! Pan ! Pan ! que j'observe ce matin dans la colonne de droite. Mazette tout cet amour ! Moins de 2 secondes pour lire 1000 mots chapeau ! Je ne suis pas fâché c'est le jeu. Je m'en amuse. Cà ne rend pas les feuilles ni les bourgeons en hiver. Il faut apprendre à patienter jusqu'au printemps. Ouvrir encore plus grand les branches durant tout ce temps.|couper{180}
import
Solitude
La solitude se transmet comme un virus. Sans doute parce que nous en ressentons la nécessité comme celle d'être malade à certains moments où tout va bien, où nous caressons l'illusion que tout va bien, jusqu'à nous ennuyer du tout et du bien. Je ne savais pas que l'on pouvait se transmettre la solitude. J'avais la mienne et naïvement j'imaginais être le seul à la nourrir comme un petit animal d'une exigence extrême. Et puis je t'ai rencontrée. Est-ce l'amour que de vouloir s'approprier une solitude encore plus grande que la sienne ? Est-ce l'amour que de dérober à l'autre, comme un feu la solitude ainsi ? Celle qui semble être à priori si étrangère ? Et aujourd'hui la solitude, la mienne qu'elle est t'elle vraiment ? sinon cette maison construite de toutes les solitudes rencontrées Et ces murs ne sont ils pas autre chose que de pauvres trophées ?|couper{180}
import
Copywriting
Femme peinture numérique 2022 Encore une dizaine de mails dans ma boite de réception ce matin, un martèlement incessant que je me suis choisi en m'abonnant à de nombreuses newsletters d'artistes, de vendeurs de formations en tout genre. C'est comme ça tous les matins. J'ouvre Gmail et je vois tous ces titres en gras qui m'assaillent presque aussitôt et l'émotion que j'en éprouve est toujours double. La curiosité et l'ennui. Car ils se ressemblent tous ces emails. Toujours le même canevas, celui du héros accablé par tous les malheurs du monde et qui cherche en vain la sortie. Qui essaie moult solutions toutes aussi foireuses les unes que les autres pour enfin évoquer LA SOLUTION qu'il est tellement content d'avoir trouvée enfin qu'il désire la partager moyennant quelque monnaie sonnante et trébuchante. Cela m'amuse autant que ça me désespère. La manque d'originalité me désespère car il me rappelle le mien, évidemment. Encore que je laisse de coté la vente de mes toiles pour l'instant. Ni l'élaboration ( laborieuse) d'un nouveau recueil de textes concernant la peinture. Je ne suis pas dans ces énergies là pour le moment, Je n'y suis pas car il me manque quelque chose que je ne cesse de traquer au fil des textes, au fil des mots. Vendre est un mot qui en cache de nombreux autres. Persuader, et, en premier lieu, sans doute, se persuader soi-même. ( yeh 4 virgules !) Suggérer qui est en relation avec la peinture telle que je la pense. Intéresser à commencer par trouver un quelconque intérêt moi-même en tout premier lieu, c'est à dire une "bonne raison" de proposer quoique ce soit. Vendre ainsi ce serait ne pas ajouter au malheur du monde. Ce serait répondre à un besoin qui ne soit pas vain totalement, ou encore montrer à quel point ce besoin superficiel nous entrave tous et qu'il serait urgent d'aller regarder ce qui se cache en dessous. Vendre autrement que ce que j'ai toujours subi plus ou moins consciemment en l'acceptant comme une loi immuable des choses. Vendre avec une autre idée que celle du profit financier uniquement. Et donc fédérer une audience qui serait dans cette même quête, avec ce même besoin de s'extirper de l'enfumage archaïque des chasseurs cueilleurs. Descendre enfin des arbres refuges pour se retrouver debout la tête haute à contempler l'horizon. En 1989 J'écrivais des poèmes sur les berges du Douro, à Porto. Je me souviens de l'étonnement de voir la ville, ses habitants, les Portugais en général. Ce qui m'avait étonné surtout c'est leur calme, ils ne faisaient pas chier le touriste. Ils s'en fichaient même totalement. Ils menaient chacun leur petit bonhomme de chemin sans se déranger les uns les autres. J'avais repensé à leur histoire. A l'histoire de ce grand pays autrefois qui avait exploré tellement de contrées inconnues. Et qui en était revenu. Le fait d'avoir connu la gloire et d'en revenir. Voilà ce qui me poussait à écrire ces poèmes. Sauf que personnellement je n'ai jamais vécu la moindre gloire. J'ai du la rêver bien des fois, le genre de gloire d'un Capitaine Troy, d'un Zorro, d'un Davy Crockett, celle surtout que le public enfantin attribue à ces héros alors qu'eux s'en fichent éperdument. Le désir de gloire comme tout désir est toujours triangulaire. Il faut que ça passe par des regards extérieurs sinon ça ne passe pas. Donc mes portugais avaient enfin découvert le pot aux roses, la terre la plus inconnue au plus profond d'eux et qui avait toujours été à leur portée sans qu'ils le sachent. Le Portugal lui-même. Encore qu'il ne soit un symbole de la Terre natale en général. Et que cette dernière ne soit elle aussi qu'une épluchure d'oignon qui en s'évanouissant nous en indique encore quelques milliers d'autres jusqu'à enfin atteindre le germe. J'avais choisi moi-même de partir au Portugal cette année là pour écrire un roman. Ce qui n'était qu'un nouveau prétexte encore pour tenter de m'enfoncer au plus profond de moi-même, de parvenir enfin à trouver un sens à ma vie, un positionnement d'artiste. Je peignais assez peu à cette époque mais je dessinais beaucoup. Et surtout j'écrivais des kilomètres de mots à la suite sans queue ni tête. A peu près comme aujourd'hui. Je cherchais à me convaincre. Et pour cela j'avais évidemment besoin de preuves. Et forcément dans mon esprit naïf le roman que j'allais pondre serait la preuve indubitable que j'étais un écrivain, mais plus encore que j'avais bel et bien ma place sur cette Terre. Que je n'étais pas cet être totalement fondamentalement inutile que j'avais toujours pensé être jusque là. J'avais trouvé cette bicoque sans confort dans la forêt proche du petit village de Celorico do Basto. J'étais dans une solitude infinie et ça m'allait. Un peu comme ces types des peuples soi disant primitifs qui deviennent père par surprise. Pour ne pas déranger l'ordre du monde, pour se faire pardonner d'être responsable d'un nouveau venu, ils doivent s'en aller et s'enfoncer au plus profond des forets et survivre dans celles ci comme ils le peuvent. S'ils en ressortent indemnes au bout d'un laps de temps considéré comme raisonnable par la tribu, alors tout va bien, le monde reste le monde. Et s'ils crèvent ma foi, me monde reste le monde aussi ça ne change rien. Je devais être enceint de quelque chose forcément. De quoi par contre ? j'ignorais à cette époque que l'on peut être enceint d'une idée saugrenue de l'être tout simplement. D'une idée ou du désir de l'être, ce désir d'homme finalement qui se découvre amputé par la réalité de ne pas être femme. Ce désir d'homme aussi d'aller explorer en cachette, loin des regards du monde, cette féminité qu'il porte en lui et qui désire s'exprimer. Ce désir d'apprivoiser la violence que recèle cette féminité que l'on nous implore d'étouffer à tout bout de champs depuis la plus petite enfance. Etrangement la féminité s'incarna en une femme qui venait à la rivière pour se baigner. Elle était du village proche frustre et simple, et son sourire, ses dents robustes et blanches, tout ce qui émanait d'elle en fait appelait en moi encore une fois de plus le besoin de la posséder comme un homme peut posséder les femmes. Je rêvais d'enfants courant autour de nous les pieds nus. Et aussi d'aller retours incessants entre Paris et le Portugal. Car ici dans la pauvreté du Nord je ne voyais pas comment j'allais pouvoir gagner de l'argent et subvenir à cette petite famille pour l'instant totalement imaginaire. J'étais mur pour sauter le pas. L'épouser, devenir père. Tout cela en à peine quelques semaines. c'était d'une malhonnêteté infernale. Et, de plus, mon désir de roman s'était égaré dans un désir de fonder une famille.. ce qui me laissait sur le cul lorsque je voulais bien prendre le temps d'y penser. Jamais plus de 10 secondes pour aussitôt m'enfuir dans la rêverie. Fort heureusement la vie distribue les cartes bien plus que nous l'imaginons le faire nous-mêmes. Aussi un matin, quelqu'un du village qui me connaissait couru jusqu'à ma porte en criant que quelqu'un était venu pour me voir. je m'habillais en hâte et le suivi et tombais sur M. Nous nous étions brouillés pour je ne sais quelle raison encore une fois de plus et j'avais tout lâché pour repartir au Portugal. M. était la femme que j'aimais ou que ça me plaisait d'imaginer aimer plutôt. Mais sa jalousie, sa possessivité me rendaient dingo. Elle était de ce cristal que la moindre éraflure ruine totalement. Et des éraflures j'en avais déjà commis en grand nombre, je ne me souviens plus si je l'accusais autant que je ne m'accusais moi comme souvent d'être l'affreux jojo de service. du coup j'étais reparti croyant régler je ne sais quoi. Mais la vie continuait, la vie tout autour de moi continuait. Et M. était là devant moi rayonnante, victorieuse. Elle venait chercher son homme, en l'occurrence j'étais l'incarnation qu'elle avait choisi pour me faire jouer ce rôle. C'était flatteur. J'ai quitté le Portugal cette année là pour ne plus jamais y revenir. Sans avoir achevé mon roman. Sans épouser Maria la portugaise frustre et simple qui m'aurait certainement donné une flopée de gamins allant courir pieds nus vers le Vao. J'ai tout lâché encore une fois pour suivre cette femme sans savoir vraiment où j'allais. Pour me perdre encore plus loin au delà de tout fantasme de Terre natale, de grandes contrées à explorer pour en revenir apaisé. Il fallait épuiser tout le désir faux encore plus avant avant de commencer enfin à apercevoir les rivages possibles d'une paix, d'une sérénité quelconque. Cette résistance à un bon sens dont on m'aura souvent parlé je l'ai toujours conservée comme une braise. Ce bon sens collectif ne me disait jamais rien de bon. Il me paraissait aussi futile qu'un outil dans l'esprit bourré de rêves et d'agitation qui était alors le mien. Outil signifiait travail et travail abdication à la nécessité minérale du monde. Je ne voulais pas de cette vie là, mais tout aujourd'hui me prouve que j'ai désiré aussi cette vie là de toutes mes forces sans jamais pouvoir m'y résoudre. Car j'ai enchainé des travaux à partir de ce moment là où je revins vers la Capitale, des travaux qui feraient certainement pâlir de jalousie Hercule. Mais c'est une autre histoire que je raconterai sans doute ou que j'ai déjà raconté mille fois. Et à la vérité à la fin de ce texte qu'ai je à vendre ? sinon une vérité constituée de bric et de broc, une vérité comme toutes les autres que je ne cesse d'inventer et rien d'autre.|couper{180}
import
Plaire
Léonor Fini, Divinité Chtonienne guettant le sommeil d'un jeune homme. On ne peut pas plaire à tout le monde et tout le temps. Tout le monde le sait et pourtant on persiste dans l'erreur. Pourquoi ? Un certain confort sans doute proche de la paresse, de la vanité, de l'orgueil. L'idée d'être unique, important, incontournable. Moi moi moi. J'en étais presque tout à fait revenu lorsque je suis tombé sur Gaston. Pile poil au bon moment, parce que la vie, quoiqu'on en dise est très bien fichue, la vie c'est une mécanique de précision. Lui ne voulait plaire qu'aux négresses. Moi à toutes les femmes qui passaient. Mais la dernière baffe m'avait sonné, je commençais à douter de mon positionnement de queutard dans la vie. Le positionnement, on dit ce mot désormais mais avant les vieux disaient : Est ce que tu sais ce que tu veux dans la vie ? Et c'est parfaitement exact qu'en matière de femmes je ne savais fichtrement rien de ce que je voulais, à part qu'elles m'aiment et que je puisse coucher elles avec autant qu'il me serait possible de le faire, et même au delà. Je voulais plaire à toutes et au bout du compte rien ne marchait jamais. J'étais un don juan des temps modernes qui n'avait pas assez creusé les véritables raisons de son besoin de séduire. Qui fuyait même à couilles rabattues ces fameuses raisons, car forcément elles n'allaient pas me plaire. Elles me parleraient ces raisons du malheur d'être soi, d'être seul et de ne pouvoir l'accepter, ces raisons étaient de plomb alors que je rêvais de bulles, de plumes et de plumards. Elles évoquaient aussi à voix très très basse la nécessité. Cette fameuse nécessité dont je ne voulais jamais entendre parler. Celle qui fait foi. Personnellement je me refusais à toute nécessité comme une vierge effarouchée pour le coup. Pour le coup rêvé, fantasmé, un ailleurs à repousser le plus loin possible de peur que. Ce qui me laissa vite penser, grâce au regard de Gaston sur ces femmes évoquant la générosité de la Terre, ces noires obscures aux blanc des yeux si blanc , que je cherchais vainement au dehors ce qui ne cessait de me fuir à l'intérieur de moi ou que je fuyais d'ennui de trop le voir.|couper{180}
import
Aération
Pas d'illustration imaginez une grille d'aération Petite réflexion pour une meilleure ergonomie du lecteur un meilleur profit mutuel Aérer les paragraphes, laisser de l'air, de l'espace. Lorsque je vois un gros pavé j'ai peur je le relis plusieurs fois pour être sur de bien tout digérer. Et puis je coupe, je sépare, c'est comme avaler un éléphant petit bout par petit bout|couper{180}
import
Se rassasier
L'obligation se heurte presque toujours au dégout lorsque je pénètre dans un supermarché. Cet empressement à s'emparer de toutes ces denrées accessibles dans les rayons me navre et m'enivre. Parfois je peux remplir tout un caddy de produits qui, si je me mettais à réfléchir vraiment, remettraient totalement en question mes illusions mes croyances en matière de peur et de besoin. Il y a quelque chose de profondément désespérant dans la sensation d'avoir toutes ces choses que l'on pousse devant soi jusqu'à la caisse. A ce moment là je me sens comme un animal. Un écureuil apeuré dont les petits yeux noirs examinent le paysage. Le danger peut jaillir de partout. Notamment au moment de placer la carte bancaire dans son réceptacle. Toujours la trouille que le paiement soit refusé. Mais si ça fonctionne il n'y a même plus d'explosion de joie. Je pousse le caddy plein jusqu'à mon véhicule et rempli le coffre machinalement en songeant déjà à autre chose, principalement à tout ce que je ne possède pas, à tout ce manque encore qu'aucun supermarché ne pourra jamais combler aussi aisément que celui dont je m'enfuis, la queue entre les jambes. Je ne me rassasie jamais de cet ersatz d'opulence. Ce qui me rend louche toute idée d'opulence. Le poison est dans mes veines voilà.|couper{180}
import
Vérité
Il y a quelque chose de profondément emmerdant, risible, émouvant chez l'être humain. Chacun se démène pour trouver péniblement sa propre vérité. Et, une fois qu'il la trouve, il ne sait tellement pas quoi en faire qu'il la brandit devant les autres comme s'il avait inventé un nouveau feu. Je crois que nous en sommes arrivés là En raison d'une défaillance des institutions, des traditions. Lorsqu'il existait une vérité commune on ne se posait pas tant de questions. sans doute est-ce pour cela que les dictatures reviennent régulièrement Parce que c'est difficile de vivre avec sa propre vérité sans faire chier le monde. Et aussi parce que ceux qui peuvent se donner les moyens de l'imposer aux autres par la force répondent à un besoin profond, qu'on ne veut pas voir en soi un besoin de tranquillité, de paresse, un fantasme de paix.|couper{180}
import
accès simple.
Ce type qui décrit son expérience de la médiation me gonfle prodigieusement le boudin probablement parce qu'il me renvoie à ma propre stupidité à mon propre orgueil. Sauf que je ne propose à personne de me suivre sur un quelconque réseau social, je ne demande pas de rétribution pour les conneries que je débite. Suis je meilleur pour autant ou encore plus orgueilleux ? ça me fait beaucoup rire d'un seul coup d'y penser. Et puis le rire s'apaise et le sourire vient. Je suis un vieil homme je ne vais pas me changer je me dis pour me rassurer ou me consoler. Et pourquoi donc ne puis je pas changer ? Parfois les choses sont simples il suffit juste d'essayer et de voir si ça marche. Ce qui pose toujours des difficultés n'est que l'importance, l'enjeu que l'on accorde à tout cela en se disant quel gain ? quelle perte ? Est ce que l'on se pose autant de problèmes lorsqu'on joue à un jeu sans importance, un jeu de société ? Bien sur, ce sont exactement les mêmes règles sauf que tout le monde autour de la table est d'accord pour dire que c'est un jeu. Que l'on peut gagner ou perdre une partie et recommencer. Qu'est ce qui empêche alors de vivre la vie comme un jeu ? qu'est ce qui entrave l'accès au simple ? parfois je me dis que la véritable humilité ne peut être exempte d'orgueil, elle serait inhumaine sinon. rire en premier de cet orgueil que l'on découvre en sourire lorsqu'on comprend qu'il n'est qu'un reflet.|couper{180}
import
Mad men
Je paie un abonnement à Netflix car malgré toute ma bonne volonté je ne parviens plus à être bon public face à la désespérance des programmes télévisés publics. Même si hier encore j'essayais de me convaincre de tout un tas de choses totalement inutiles. Comme par exemple le fameux 3ème degré que j'évoque souvent à mon épouse et qui la met en rogne parce qu'elle considère, certainement à raison, que c'est une façon peu reluisante de botter en touche. Le fameux c'était une blague au bout d'un moment lasse même le public le plus chevronné. Du coup je suis tombé l'année dernière, en pleine crise de Covid (déjà) sur la série "Mad Men" que je n'ai pas pu lâcher avant d'avoir vu toutes les saisons et tous les épisodes. Non sans éprouver un genre d'épouvante que je n'avais plus éprouvée depuis les débuts de mon adolescence. Ce genre d'épouvante dans lequel on trouve un plaisir étrange et où on se rend compte à quel point la peur et le désir sont étroitement liés. Je crois que j'ai commencé ce genre de pratique avec la bande dessinée "Vampirella" dont j'ai traqué tous les exemplaires chez le bouquiniste du village où j'habitais à cette époque, puis je suis passé ensuite comme un drogué à des produits plus dangereux évidemment, et à une sorte d'accoutumance dont je me suis désintoxiqué non sans mal sur le tard. Mais la rechute fait partie du processus et je ne nie pas celle-ci lorsqu'elle me tombe dessus. C'est que cette série d'émotions de sensations font appel à des énergies basses, facilement accessibles, tellement facilement d'ailleurs qu'on s'y rue comme un cochon sur les épluchures de légumes en patinant dans sa bauge. Donc la série Mad Men est tout à fait ce genre de chose dans laquelle on plonge, on se vautre, un véritable bain de boue qui, j'imagine, comme tout bain de boue qui se respecte ne sert qu'à se garantir des piqures d'insectes . Ce genre d'insecte qui nous suce le sang régulièrement les soirs d'été en nous rappelant que tout n'est pas si rose qu'on l'imagine dans la vie. Qu'il ne peut y avoir de bonheur parfait sans éprouver parallèlement un peu de douleur. Cette série remet sur le tapis cette question qui me préoccupe presque autant que le sexe jadis me préoccupait. Faut il ou non prendre les gens en général pour des cons ? Car on sent qu'une fois le choix effectué notre vie s'en trouvera définitivement changée. Que probablement aussi nous bénéficierons d'un formidable gain de temps aussitôt qu'une décision sera à prendre dans n'importe quel domaine. Et cela d'une façon simple, évidente en accompagnant cette première question d'une autre : Que veulent vraiment les gens ? C'est un processus implacable alors qu'il faudra suivre à la lettre. Les gens veulent ceci ou cela, beaucoup de personnes vont leur proposer ceci ou cela, comment pourrais-je moi me démarquer du lot en proposant un ceci cela qui réduira en poudre tous les autres ? C'est à peu près aussi simple qu'avec les femmes. D'ailleurs la pub est certainement crée au début pour les ménagères qui n'ont rien d'autre à faire que de regarder la télé. La persuasion dont elles s'imbibent le jour se répand ensuite par un échange de fluides et d'humeurs d'un corps à l'autre au creux du lit des rêves , et le mari se frappe le front dès le matin en disant Euréka. Prendre les gens pour des cons c'est ce que je dis moi évidemment. Ce n'est que ma propre interprétation grossière si l'on veut de la chose. Voire vulgaire si vous voulez. Mais les mad men proposent évidemment une autre appellation. Ils savent que nous avons toujours besoin de quelque chose et que nous sommes prêts à payer le prix fort pour l'obtenir. Et ce quelque soit ce nous pensions être. Même un ermite vivant dans une foret loin du monde est capable de payer le prix fort pour rejoindre un modèle de tranquillité que quelqu'un un jour ou l'autre lui aura vendu à son insu. Ce qui remet en question parfois profondément, douloureusement toutes les idées extrêmement naïves et prétentieuses à la fin concernant la générosité, le don, la gratuité. De toutes façons avec un peu de jugeotte et quelques heures de recherches sur Google il faut remonter à ce mot lui-même, le don, pour comprendre qu'il n'a jamais été gratuit, il s'agit toujours d'un échange, d'une prière. Et quoi que nous voulions penser qui puisse nous arranger ou pas, nous en attendons toujours une quelconque rétribution.|couper{180}
import
Les idées claires
Une nuit de sommeil enfin. Le genre de nuit capable de produire ces rêves du matin où l'on sent que l'on met le doigt, enfin, sur quelque chose d'important, sur quelque chose qui nous échappait. On se réveille avec cette satisfaction étrange car, même si on a pu entrevoir cette chose qui nous échappe, si on a l'impression bizarre de l'avoir identifiée, et ce d'une manière extrêmement précise au moment même du rêve, aussitôt que nous nous éveillons elle s'enfuit. Ce qui au bout du compte laisse une impression mi figue-mi raisin. Ce qui au bout du compte laisse penser, oblige à penser, que la seule chose dont on peut être à peu près sur, au bout du compte, c'est que nous courrons encore et toujours après cette chose jusqu'au plus profond du rêve avec l'espoir de savoir ce que c'est. La seule chose qui mobilise notre attention, c'est cette compréhension soudaine que l'on entretient encore cet espoir et ce quoiqu'on dise durant la journée, quoiqu'on pense durant celle-ci. L'idée claire que l'on conserve de tout cela c'est qu'on n'est pas aussi désespéré qu'on l'imagine. Que cet espoir fait partie des besoins "physiologiques" de base, comme manger dormir boire et rêver. Hier j'avais dentiste. Je déteste aller cher le dentiste. Se retrouver à la merci, la gueule ouverte, de ces deux femmes bardées d'instruments de torture, rien qu'à y repenser me soulève le cœur. Une qui gratte, fouille, râpe, lime et perce tandis que l'autre dirige le petit tuyau d'aspiration de la bave. — Tournez vous plus vers moi, ouvrez grand la bouche, voilà c'est bien. Pas d'anesthésie. Le souffle du froid qui cherche la douleur en détartrant l'émail. C'est là qu'on ne peut plus trop se mentir. Lorsque les jointures des doigts deviennent blanches à force de placer toute sa concentration sur le serrage des pognes pour pallier la peur, pour ne pas montrer à quel point putain on est douillet. Et cette sensation de ridicule lorsqu'on découvre que tout ça n'est encore du qu'à l'imagination, à la peur d'avoir peur, à la peur d'avoir mal, essentiellement, cette peur capable de créer une estafette de la vraie douleur. A classer dans la petite anthologie des échecs cuisants que rencontre le héros. Pour essayer de prendre du recul je pense à ces périodes de guerre où l'on torture les gens en leur arrachant les dents pour qu'ils balancent des noms. La vache, je n'ai pas grand chose à voir avec ces résistants. Possible que je livrerais père et mère pour que ça s'arrête. Mais je vis dans une époque de merde, je vis la fin du monde, je vis dans un monde où l'espoir s'amenuise de jour en jour, d'heure en heure. Je vis dans un monde où le seul héroïsme qui nous est autorisé est cet espoir de conserver un peu d'espoir. Et là je vois ce que j'écris. "nous est autorisé". Et toute l'étendue de ma paranoïa est surement contenue dans ces quelques mots. Ce qui en flanque encore un bon coup sur la nuque du prétendu révolté, de l'artiste, de l'écrivain, de cet orgueilleux, probablement plus trouille-cul que n'importe quoi d'autre. Ce pauvre type que je ne peux plus me cacher désormais d'être. Il faut que ce soit autorisé, comprenez. Parce que si cet espoir justement ne nous était pas laissé comme on laisse du mou à la chaine d'un chien, sans doute ce chien crèverait-il, et surtout serait parfaitement inutile à son maitre. Un chien en laisse sert à quelque chose forcément. Et peut-être que cette idée claire, lumineuse que je traquais au fil des rêves n'était rien d'autre qu'une sorte d'éblouissement, d'aveuglement pour ne pas voir ce chien, ces chiens en laisse et dont je fais partie intégrante. Je veux dire que même la contestation, la protestation, tout cela fait partie intégrante du processus sociétal. On ne peut jamais être totalement à la marge quoiqu'on pense ou dise. Même cinglé, enfermé au fond d'une cellule et ceint d'une camisole de force, on sert encore à quelque chose.|couper{180}
import
Juste un brin de vent
Sandro Botticelli Carte des enfers Il ne me faut pas beaucoup pour partir dans une histoire, juste un brin de vent. Je crois que je m'y accroche d'autant plus facilement, ou désespérément que je connais comme ma poche ces longues périodes sans vent du tout. Ces périodes arides dans lesquelles la mer est étale comme un miroir à peine déformé par le passage des mouettes, des goélands. Juste un brin de vent, un mot, une phrase qui revient et qui m'emporte soudain vers un territoire que je pensais connaitre et qui se révèle soudain presque tout entier inconnu, et qui fait de moi cet inconnu. Ce qui est difficile avec l'enfer c'est d'en franchir le premier cercle, celui dans lequel on réside depuis toujours. Ensuite les choses s'ordonnent, s'organisent, la confusion s'évanouit. Une fois que l'on est sur qu'on y est ça va beaucoup mieux. Sans oublier l'intuition héritée des mouches qui se cognent la tête contre les vitres. Rien n'est inutile. Chaque exploration si menue soit-t 'elle finit par profiter peu ou prou au plus grand nombre. Encore faut-t'il que le plus grand nombre s'y intéresse, qu'il soit conscient. Car l'ordinaire est l'inconscience. Un brin de vent, de parfum, une odeur ancienne qui remonte de je ne sais où, qui se faufile par mille chemins pour atteindre le souvenir et le rendre présent comme rarement le présent fut présent. C'est à dire offrande, consolation, rétribution. Cette rétribution que nous ne cessons jamais de chercher et qui ne vient vraiment que lorsqu'on décide de la trouver. Un brin de vent et je me rétribue. Je me rétribue de toute l'ignorance que j'ai osé traverser, je me rétribue de tous les amours faux que j'ai du abandonner pour fuir je ne sais quelle sécurité. Un brin de vent pour emporter la galère plus au large, vers l'épicentre des enfers. Il y a cette histoire de pesée des âmes où l'image d'Anubis se confond avec celle de notre diable occidental. Une plume et un cœur et il faut que le cœur et la plume s'équilibrent pour passer les fourches caudines que peuvent encore créer les regrets les remords les terreurs. — Est-ce par amour ? demande Anubis ou le diable, cherche bien la raison première de tous tes méfaits réels ou imaginaires. A cet instant s'ouvre une autre réalité, c'est probablement le franchissement d'un nouveau cercle de l'enfer. A cet instant rien n'est gagné. Rien n'est sauvé. D'ailleurs dans ce passage l'idée de gain, de perte, et de salvation seront abandonnées comme des bagages inutiles. L'errance dans le second cercle, on ne sait pas combien de temps elle dure. Sans doute est-ce variable suivant le cœur de chacun. Il me semble que l'écriture telle que je la considère représente ce passage de cercle en cercle, ces prises de consciences subites et fulgurantes, ces envols à la poursuite d'un brin de vent. Exactement comme autrefois enfant je cherchais à m'envoler dans mes rêves, que j'essayais tout ce qui humainement pouvait être possible pour y parvenir, en vain. comme se jeter d'un escalier, d'une fenêtre, d'un arbre d'une tour, d'un immeuble rien de tout cela ne fonctionnait jamais. Il fallait juste se souvenir qu'un léger coup de talon pouvait faire décoller le rêveur. voler pour voir les cercles de haut sans doute, pour mesurer l'étendu du labyrinthe en un clin d'œil, puis se réveiller sans le moindre souvenir de ces explorations nocturnes et oniriques. Et enfin trouver Ariane, sans doute propulsée par Anubis lui-même. Comme récompense, comme rétribution sur laquelle on s'appuie encore pour espérer avant que l'on comprenne que tout cet espoir est vain. Au centre de l'enfer que peut-il bien y avoir une fois tous les cercles franchis il est bien possible, ce serait d'une justesse parfaite qu'il n'y ait rien, sauf peut-être un brin de vent, un léger courant d'air et puis plus rien. Je pourrais dessiner une porte sur mon tableau et la refermer doucement derrière moi, disparaitre de la toile du tableau, ce serait vraiment stupéfiant, dernier petit coup d'éclat, sortie magistrale du rigolo.|couper{180}
import
L’horreur
— Quelle horreur ! elle dit en voyant un cafard se carapater sur le papier peint. Et j'ai vu alors son vrai visage si je peux dire. Tout fut déformé en une nano seconde, le maquillage, le rouge à lèvres, les faux-cils et les vrais, le blush, tout ça ne fut plus qu'une bouillie de visage comme dans un film de science fiction où, tout à coup, l'extraterrestre n'a plus assez de jus pour maintenir une apparence convenable. J'ai rigolé, bêtement j'ai rigolé et elle a du me considérer totalement timbré à ce moment précisément. C'est dommage car elle s'était mise vraiment sur son 31 pour venir me voir. Plus que sexy, désirable et émouvante. Et ce parfum qui envahit encore la pièce, ce parfum que j'ai aussitôt détesté maintenant que j'y repense car il contredisait déjà tout le cinéma incessant que je m'étais fait sur elle. Ma mise en train personnelle si l'on veut. Des fleurs, un bouquet de glaïeuls, imposant, et des gâteaux qui devaient venir d'une pâtisserie prestigieuse, achevèrent de me conforter dans mon horreur personnelle, sans que je ne me départisse cependant du sourire. Alors que quelques instants plus tôt j'imaginais ses vêtements au sol, éparpillés dans la chambre et le contact de ma main sale sur sa peau claire , toute cette configuration nouvelle du réel abattit tout sur son passage. Son entrée victorieuse, le petit bruit des pattes du cafard sur le papier peint, les glaïeuls, le parfum et cette bouillie de visage et surtout le Quelle horreur ! C'est vrai que j'étais pauvre, au trente sixième dessous à l'époque, que j'étais jeune et con. Mais tout de même ce n'était quand même pas une raison. Elle avait réveillé une honte ancienne que je possédais sans même le savoir, son entrée déclencha la bombe à retardement de ma colère. Celle héritée de génération en génération et que les hommes ne cessent de se transmettre vis à vis des femmes. Et moi qui me croyais costaud. Plus costaud que ces hommes justement elle me mit le nez dans le caca tout de go. Soudain son horreur devint mienne. Non pas à cause d'un insecte qui courrait sur le papier peint, mais parce qu'à ce moment là je devins comme par magie cet insecte lui-même. Face à elle, j'avais beau lutter pour essayer de l'amoindrir, de l'avilir de toutes mes forces, en faire une pute ou une salope dans mon imaginaire, je me rendais parfaitement compte que je me gourrais. Mais pour sauver ma peau il fallait que je persiste dans l'erreur, rejoindre toute la cohorte des démons car le combat, mon combat se situait probablement plus dans cet enfer que dans le paradis si aisément accessible qu'elle me présentait, que j'imaginais qu'elle voulait me présenter surtout. Car en fait nous aurions pu épuiser le désir à cet instant précisément au centre même de nos horreurs réelles ou imaginaires. Juste un bon coup et ciao à la revoyure ou pas. Mais moi j'étais de la race des radins sans même le savoir. Je confondais coup de queue et placement en bourse, je n'étais au final pas mieux ni meilleur que tout ce que j'avais tellement détesté dans ma vie. Cette prise de conscience c'était cela l'horreur véritable et en y repensant je pourrais avaler tous les cafards grillés de la Goutte d'Or que ça ne me refilerait pas certainement pas tant la nausée.|couper{180}