L’éducation financière

J’étais en train de rêvasser au volant de ma désormais légendaire Dacia lorsque j’eus ce reflexe d’allumer la radio, encore une fois.

Il était question de pouvoir d’achat et d’éducation financière et je ne sais pas pourquoi, car les chiffres peuvent être interprétés de tellement de façons, ce qui leur vaut mon indifférence quasi totale, j’ai prêté l’oreille à la discussion, dans l’espoir de la récupérer suffisamment vite pour passer à autre chose, évidemment, comme toujours.

Puis soudain mon oreille se fit distraite, je me concentrais sur la route et le propos ne fut plus qu’un bruit de fond suffisamment désagréable pour me maintenir dans la vigilance.

Je réfléchissais à ce mot d’éducation. Je me disais qu’on le rencontrait désormais tellement souvent et pour tout un tas de choses hétéroclites qu’il devait y avoir anguille sous roche.

L’ignorance aurait-t ’elle atteint l’hypogée d’une courbe tracée dans un obscur bureau ministériel que soudain on se mette à crier au loup et qu’on nous bombarde de formations, de programmes éducatifs aussi souvent et allègrement que possible ?

L’éducation aux savoirs

L’éducation du citoyen

L’éducation à l’esthétique

L’éducation anglaise

L’éducation du sujet

L’éducation à la Montessori

L’éducation au plug anal

L’éducation culinaire

L’éducation pour tout et rien.

Nous sommes un peu noyés dans tout ça comme nous sommes noyés dans l’ignorance tout court.

Et du coup je me posais la question du pourquoi.

Pourquoi autant d’incitation à vouloir éduquer les gens alors que finalement pour tout gouvernement un peu malin les laisser dans l’ignorance serait plutôt la bonne marche à suivre.

Et bien voilà le problème c’est que ça ne fonctionne plus. Il y a eu une petite révolution mondiale dans laquelle l’ignorance crasse s’est élevée tout à coup à une sorte de savoir, surtout un savoir dans l’art de répondre tout et n’importe quoi à n’importe quel questionnement.

Pourquoi fait-il beau ?

Pourquoi fait-il chaud, froid ?

Pourquoi mon fils ma fille n’a t’elle pas de bonnes notes à l’école ?

Pourquoi la terre est t’elle ronde et pas plate ?

Pourquoi ceci ? pourquoi cela ? autant de questions qui, autrefois, restaient par bonheur en suspens et permettait à tout à chacun d’aiguiser son imagination, autant de réponses approximatives désormais, et chose gravissime, comme si l’à peu près ne suffisait pas, ces réponses ont été estampillées par les autorités compétentes en matière de réponse, par le tampon du mensonge, de l’erreur, de la fausseté.

—Vous ne pouvez pas répondre ceci parce qu’en vérité c’est cela qu’est la vérité ! sinon c’est 135 euros d’amende. ( 135 doit être un chiffre magique parce que si on additionne tous ses composants on tombe sur un œuf, l’œuf de la connaissance probablement...)

Cette masse ou cette manne de programmes éducatifs est donc un outil destiné, comme autrefois le Coran, la Bible, la Tora, le Code de la Route à tenter de remettre un peu d’ordre dans le bazar avec ce but louable d’améliorer ce que l’on appelle le vivre ensemble.

Bien. Il faut toujours un peu se méfier des buts louables quand même, de peur de se mettre à louer n’importe quoi, n’importe qui pour n’importe qu’elle raison.

D’ailleurs je me demande si la laudation ( de lauder, laudatif, ve ) n’est pas un mode et une mode qui revient toujours une fois que d’autres modes sont démodés.

La louange serait ainsi le versant opposé d’un même pic dont l’autre est celui, glissant de l’anathème, de la calomnie, du blâme, et des critiques de tout poil.

( on remarquera que j’ai plus de vocabulaire, comme beaucoup d’entre nous, à propos de ce versant là qu’on pourrait dire ubac que sur l’autre l’adret.)

Nietzsche est certainement passé par là. Sa prophétie sur le ressentiment lié à la perception du monde des sous-hommes et leur jalousie malveillante envers les surhommes s’étant réalisée désormais à fond les ballons.

On donne des réponses désormais comme autrefois du pain et des jeux, et non pas dans des arènes, des stades, ça c’est pour le foot désormais, mais plutôt de préférence dans les programmes éducatifs.

Car le problème vient encore des Amériques. D’ailleurs quel problème ne viendrait pas des Amériques je vous le demande ?

Le marketing en voilà un de problème et fameux.

Vous mélanger ce problème avec deux ou trois autres comme par exemple le poste de télévision au salon et l’ordinateur ( ou la tablette, le smartphone dans à peu près tous les lieux où l’être humain ne peut plus vivre sans, et vous obtenez le citoyen français qui sait tout sur tout mais rien sur rien.

N’est-ce pas une manière de coloniser le monde vachement plus maline qu’autrefois ? je me demande.

Car du coup tout le monde veut tout. Tout le monde veut tout acheter, tout ce que l’on montre dans la pub.

Mais attention y a le pouvoir d’achat.

et le pouvoir d’achat baisse pour certains alors qu’il monte pour d’autres ( toujours les mêmes d’ailleurs comme c’est bizarre)

Donc y a shiisme, crucifixion, AVC, cancers à la pelle, ulcères et j’en passe forcément.

D’où l’urgente nécessité d’un programme national d’éducation financière. "Apprendre à gérer un budget"

Des antennes se montent un peu partout où de gentils bénévoles viennent aider les plus hargneux démunis à mieux gérer leurs sous. ( d’ailleurs souvent les bénévoles sont des anciens banquiers, fallait l’inventer non )

tout ça pour dire aux gens oui c’est vrai plein de choses sont à vendre et vous bavez comme des chiens de Pavlov devant mais vous ne pouvez pas vous les payer. C’est la vie c’est comme ça.

Des petits malins ont réussi le tour de force de saisir l’opportunité d’un tel chiasme évidemment.

Vous qui ne pouvez pas acheter au prix fort, venez chez nous on vous revend des trucs usagers, des trucs merdiques comme ça vous aurez l’impression d’être comme tout le monde et en plus vous surferez sur la vague écolo ! Elle est y pas belle la vie ?

La souffrance de ne pas pouvoir acheter des écouteurs iPod... vous vous rendez pas compte ! Nous on en vend des moins chers, bon bien sur il arrive que ceux-ci vous lâchent au bout de 2 jours, mais là n’est pas le problème, car dans le bus, qui donc verra que vous n’écoutez rien hein ? Pensez plutôt à ce plaisir ineffable de ressembler à tout le monde hein.

Voilà tout ce que produit en gros l’évangélisation du monde entier désormais ( sauf dans quelques peuplades qui rejettent Gillette et à peu près tout ce qui va avec).

Parce qu’en plus, pour renforcer les liens, vous balancer de l’éducation à toutes les sauces sur tout ce que l’on croit savoir et qu’on ne sait pas vous aller cracher au bassinet, soit de façon directe soit indirecte, c’est tout bien fait.

Et au bout du compte tout ça pour quoi ? Je vous le demande à nouveau ?

Et bien vous aurez le prototype parfait du crétin savant qui vous bassine pendant que vous découpez la dinde de Noël, ou tentez de faire des parts à peu près égales de foie gras.

( toute ressemblance avec des évènements ou des personnes de la vraie vie étant bien évidemment, parfaitement fortuite)

Heureusement que je suis peintre je me dis souvent. Heureusement et que j’ai appris à voir les tableaux en me reculant parce que sinon j’aurais encore le nez dessus, je trouverais qu’un truc cloche sans savoir lequel et ça m’embêterait drôlement.

https://youtu.be/9PTqTjHs5c0

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre