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L’instituteur
L’Instituteur et l’Énigme de Glozel
Prologue : La Terre et la Mémoire L'automne, en cette année 1925, pesait sur le Bourbonnais. Des brumes traînaient, basses et tenaces, effaçant la ligne des collines, et les champs retournés par la charrue exhalaient une odeur de terreau et de décomposition. Pour Jean-Baptiste Roche, instituteur à La Guillermie, cette humidité semblait pénétrer les murs de sa classe et la craie qu'il tenait entre ses doigts. Sept ans après l'Armistice, la paix avait pris la consistance d'une routine grise, rythmée par le son de sa propre voix dictant les règles de la grammaire et les certitudes de la science. La guerre était une chose passée, un souvenir enfoui comme les obus non explosés dans les labours, et il s'appliquait à sa tâche de semeur de raison avec la rigueur d'un homme qui a vu de trop près le chaos. Il croyait aux faits, à la solidité des démonstrations, à l'ordre du monde tel que l'exposaient les manuels. La superstition des campagnes était un ennemi qu'il combattait avec l'arme de la connaissance, une ignorance crasse qu'il fallait défricher, patiemment, chaque jour. C'est pourquoi, lorsque les premières rumeurs sur Glozel lui parvinrent, il n'y vit d'abord qu'une de ces fables de veillée, une histoire de revenants ou de trésor caché, bonne à effrayer les enfants. On parlait d'un champ, le « Champ Durand », d'un jeune homme, Émile Fradin, qui, en tirant sa vache d'un trou, aurait trouvé une fosse pleine d'objets bizarres. Des tablettes avec des signes, des poteries, des os. Jean-Baptiste haussa les épaules. Mais le bruit, loin de s'éteindre, s'amplifia. Il ne sentait plus le conte, mais la terre elle-même, une odeur de glaise fraîchement remuée, de passé exhumé. La rumeur prenait corps, devenait une chose tangible et dérangeante, une anomalie dans le paysage ordonné de ses certitudes. Chapitre 1 : Le Champ des Murmures (Mars 1924 - Été 1925) L'incident initial datait du 1er mars 1924. Une vache, un trou, une fosse ovale aux parois comme vitrifiées. À l'intérieur, un amas d'ossements, de tessons et de galets. Une sépulture ancienne, sans doute. L'affaire n'aurait pas dû aller plus loin. Mais au printemps suivant, un médecin de Vichy, le docteur Antonin Morlet, amateur d'archéologie, s'en mêla. L'homme était plein d'une énergie ambitieuse. Il loua le champ à la famille Fradin et commença des fouilles. Dès lors, Glozel se mit à livrer une moisson d'artefacts invraisemblables. Un samedi, Jean-Baptiste céda à une curiosité qu'il qualifiait de scientifique. Sa bicyclette cahotait sur le chemin de terre menant au hameau. Près du champ, quelques badauds regardaient un homme en veston de ville donner des ordres à un jeune paysan qui maniait la pioche. C'était Morlet et Émile Fradin. L'instituteur s'approcha, se présenta. Le nom de sa profession eut un effet immédiat sur le docteur. « Monsieur Roche ! Un homme de science ! Soyez le bienvenu ! Vous arrivez à point nommé pour assister à une découverte qui va bouleverser la préhistoire ! » Jean-Baptiste se pencha sur la tranchée. Sur une planche, les dernières trouvailles étaient alignées. Il sentit un malaise. Cela ne ressemblait à rien de connu. Des tablettes d'argile, à peine cuites, portaient des signes. Certains évoquaient des lettres latines, mais inversées, maladroites. Une écriture. Néolithique ? L'idée était une hérésie. L'écriture naquit en Orient, des milliers d'années après. C'était un fait établi, une des colonnes du temple de l'Histoire. « Un alphabet de plus de 5000 ans, ici, en plein cœur de la France ! » exultait Morlet. « La preuve d'une civilisation oubliée ! » À côté, des idoles de terre aux formes grossières, sexuées, presque obscènes, semblaient sorties d'un cauchemar. Et puis des outils en os, des harpons, et des galets. Sur l'un d'eux, Jean-Baptiste distingua la silhouette d'un renne. Un renne ? L'animal avait quitté ces contrées à la fin de l'âge glaciaire. L'incohérence était brutale, comme une faute d'orthographe dans un texte sacré. « Un renne, docteur ? » dit-il d'une voix neutre. « Cela nous renvoie au Magdalénien. Mais ces poteries sont d'aspect néolithique. C'est un anachronisme. » Le visage de Morlet se durcit. « Les anachronismes, monsieur, sont dans nos manuels, pas dans la terre. La réalité est toujours plus riche que nos théories. Glozel est une culture de transition, voilà tout ! Unique ! » L'instituteur regarda Émile Fradin. Le garçon, le visage fermé, sortait les objets de la terre avec une aisance troublante, comme s'il cueillait des pommes de terre. Était-il le simple instrument du hasard ou l'artisan d'une farce monumentale ? Jean-Baptiste repartit ce jour-là l'esprit en désordre, avec la sensation désagréable que le sol, sous ses pieds, n'était pas aussi solide qu'il l'avait cru. Chapitre 2 : La Guerre des Savants (1926) L'année 1926, le nom de Glozel éclata dans les journaux. Une brochure du docteur Morlet, « Nouvelle station néolithique », mit le feu aux poudres. Les photographies des objets firent le tour de la France. Le dimanche, un défilé de curieux en automobile venait troubler le silence des chemins de campagne. Glozel était devenu une attraction, une sorte de monstre de foire archéologique. Jean-Baptiste suivait l'affaire avec une anxiété croissante. L'enthousiasme de Morlet était puissant, mais sa logique semblait défaillante. Il écartait les contradictions avec l'assurance d'un prophète. Pour lui, l'impossibilité même de Glozel était la preuve de son authenticité. C'était un raisonnement qui heurtait l'instituteur dans sa structure même. La réplique du monde savant fut prompte et méprisante. De Paris, les pontifes de la préhistoire, gardiens du dogme, fulminèrent. René Dussaud, conservateur au Louvre, publia un article dont chaque phrase était un coup de massue. « Ces tablettes alphabétiformes ne sont qu'un fatras de signes sans signification... Les gravures de rennes sont des faux grossiers, copiés sur des manuels scolaires... L'affaire Glozel est une mystification, montée par un paysan inculte et un médecin de province en mal de reconnaissance. » La guerre était déclarée. D'un côté, les « glozéliens », une poignée de fidèles autour de Morlet, soutenus par l'orgueil local ; de l'autre, l'imposant front des « anti-glozéliens », l'abbé Breuil, le comte Bégouën, le Dr Capitan, toute l'aristocratie de la science officielle. Pour ces messieurs, l'affaire était une escroquerie, et il fallait la châtier. Jean-Baptiste se sentait écartelé. La raison penchait du côté de Paris. Les arguments étaient forts : le mélange des époques, l'improbabilité chimique de la conservation. Comment un jeune paysan, presque illettré, aurait-il pu concevoir et exécuter une telle imposture ? L'hypothèse de la fraude était la plus simple, la plus économique. Pourtant, une image le hantait : le visage buté d'Émile Fradin, sortant de terre ces objets fragiles. Fabriquer des milliers de pièces, les vieillir, les enterrer, tromper tout le monde... L'entreprise paraissait surhumaine. Et pour quel profit ? Le modeste péage du petit musée improvisé dans la grange ne pouvait justifier un tel labeur, un tel génie criminel. Un soir, en corrigeant un cahier, il vit un dessin. Un de ses élèves avait tracé une série de signes bizarres au-dessus d'une maison. Il reconnut des formes de l'alphabet glozélien. Le lendemain, il interrogea l'enfant. « C'est l'écriture des fées, m'sieur, » répondit le petit. « C'est c'que Émile a trouvé. Ma grand-mère dit que c'est les anciens qui parlent. » L'écriture des fées. Ces mots résonnèrent en lui. Pour les gens d'ici, la question n'était pas scientifique. C'était le retour du merveilleux, une revanche du terroir sur la capitale, de la magie sur la raison. Et lui, Jean-Baptiste, se tenait précisément sur la ligne de fracture. Chapitre 3 : Le Verdict de la Terre (1927) En 1927, la querelle avait pris une telle ampleur que la Société Préhistorique Française dépêcha une commission d'enquête internationale. C'était le jugement dernier. Jean-Baptiste fut autorisé à y assister comme observateur. L'air de novembre était glacial, mais une autre froideur, plus pénétrante, émanait des experts venus de toute l'Europe. Ils travaillaient avec une rigueur méthodique, sous la direction d'une Anglaise, Dorothy Garrod, dont l'autorité silencieuse intimidait. Ils creusèrent leurs propres sondages, loin des tranchées de Morlet. Pendant trois jours, ils fouillèrent, tamisèrent, analysèrent. Morlet et Fradin, tenus à l'écart, observaient, le visage crispé. Le rapport fut un réquisitoire. Aucun objet découvert en couche archéologique intacte. Matériel hétéroclite. Patines artificielles. La conclusion, implacable, parlait de fraude et désignait, sans le nommer, le jeune Fradin comme l'unique coupable. La curée commença. Le 24 février 1928, sur plainte de René Dussaud, la police judiciaire perquisitionna la ferme des Fradin. Jean-Baptiste, prévenu, accourut. Le spectacle était lamentable. Des gendarmes, patauds, vidaient le petit musée, jetant les objets dans des caisses comme de vulgaires débris. Émile, le visage cireux, fut emmené. Sa mère pleurait, le visage caché dans son tablier. Jean-Baptiste regarda la scène. Il vit le contentement sur le visage de certains « experts » présents. Ce n'était pas le triomphe de la vérité, mais le plaisir mesquin d'avoir écrasé un adversaire. Cette violence de l'État, cette humiliation d'une famille pauvre au nom de la Science, lui causa un malaise physique. La science devenait une force de police. Ce soir-là, il s'assit à son bureau. Le bec de sa plume crissa sur le papier. Il ne défendit pas l'authenticité de Glozel, car le doute persistait en lui comme un poison lent. Mais il dénonça la partialité des experts, la brutalité de l'enquête. Il consigna ses observations, les faits que le rapport avait omis : l'absence de mobile, la complexité psychologique de la fraude. Il envoya sa lettre à un journal local. Il savait qu'il engageait sa carrière, qu'un instituteur devait être un relais, non un critique. Mais l'image du visage d'Émile Fradin entre deux gendarmes s'était superposée à d'autres visages, ceux de jeunes soldats menés à l'abattoir au nom d'une vérité supérieure. Il ne pouvait plus se taire. Chapitre 4 : L'Énigme Intérieure Sa lettre lui valut une convocation chez l'inspecteur d'académie. Ce fut un sermon sur le devoir de réserve et le respect de l'autorité. On agita la menace d'une mutation. Jean-Baptiste écouta, tête baissée, mais ne renia rien. Il avait témoigné ; c'était son droit et son devoir. L'affaire, cependant, s'enfonçait dans les procédures. Émile Fradin, inculpé pour escroquerie, devint l'objet d'une bataille d'experts. L'affaire Glozel se transforma en un monstre de papier, un dossier où s'empilaient des analyses chimiques, des expertises graphologiques, des rapports contradictoires. La vérité se dissolvait dans le jargon des spécialistes. Jean-Baptiste passait ses soirées à lire ces documents. Il se perdait dans ce labyrinthe. Chaque fait était une Janus à double visage. Les tablettes : L'argile était locale, mais la cuisson trop faible pour avoir traversé les siècles. L'écriture était-elle une imitation maladroite du latin ou l'ancêtre de tous les alphabets ? Les gravures : Les rennes étaient-ils copiés d'un manuel, comme l'affirmait l'abbé Breuil avec un dédain souverain, ou le vestige d'une tradition iconographique millénaire ? La vitrification : Feu rituel préhistorique ou simple effet de la foudre sur un sol siliceux ? Il comprit que les savants ne cherchaient pas la vérité, mais la confirmation de leur propre récit. La science, qu'il avait imaginée comme une cathédrale de lumière, lui apparut comme une arène où s'affrontaient des vanités, des réputations et des carrières. C'était un spectacle profondément humain, et donc, profondément décevant. En 1931, la justice, plus sage ou plus lasse, rendit son verdict. La Cour d'appel relaxa Émile Fradin, faute de preuves irréfutables de la fraude. Ce n'était pas une réhabilitation, mais la fin du calvaire judiciaire. Le jeune paysan retourna à sa terre, blanchi par la loi, mais à jamais marqué par l'affaire, comme un soldat revenu du front. Pour Jean-Baptiste, l'énigme restait entière. Mais quelque chose en lui s'était apaisé. Sa foi dans la Science s'était effritée, mais il avait touché du doigt la complexité des choses. La vérité n'était pas une pierre que l'on déterre, mais une mosaïque dont il manque toujours des morceaux. Épilogue : La Part du Mystère Trente ans plus tard. Jean-Baptiste Roche était un vieil homme à la retraite. Ses cheveux étaient blancs, et ses mains, posées sur la table de sa cuisine, tremblaient parfois. La guerre de Glozel était une histoire ancienne, une querelle de spécialistes que l'on citait dans les universités comme un cas d'école. Le docteur Morlet était mort, fidèle à sa chimère. Émile Fradin vivait toujours à Glozel, recevant avec une patience résignée les rares curieux. Il était le gardien d'un secret, qu'il en fût l'auteur, la victime ou le simple témoin. Ce soir-là, Jean-Baptiste ouvrit un coffret de bois. Sur le velours usé reposait un galet plat. D'un côté, gravée d'un trait sûr, la silhouette d'un renne. Il l'avait ramassé un jour de 1926, à la dérobée. C'était sa part du mystère, sa relique personnelle. De nouvelles techniques, comme la datation au carbone 14, avaient été appliquées. Les résultats, contradictoires, n'avaient fait qu'épaissir l'énigme. Des os médiévaux côtoyaient des fragments préhistoriques. Les tablettes, sans carbone, restaient muettes. Il fit glisser son pouce sur la pierre. Faux ? Authentique ? Le mot n'avait plus de sens. L'objet était devenu une chose à lui, le résidu solide de toute cette agitation, le symbole d'une époque de sa vie où ses certitudes avaient vacillé. Il n'était plus une preuve, mais un souvenir. Il songeait à ses anciens élèves. Il leur avait enseigné la raison. Mais leur avait-il appris à vivre avec ce qui échappe à la raison ? À tolérer la part d'ombre, cette part de Glozel qui demeure en chaque chose et en chaque homme ? Dehors, le vent soufflait, charriant l'odeur de la terre humide. Jean-Baptiste referma le coffret. Il ne connaîtrait jamais la vérité. Il avait fini par accepter que certains récits doivent rester inachevés, comme des phrases interrompues. Un monde sans mystère serait aussi plat et ennuyeux qu'une page de manuel scolaire.|couper{180}
fictions
Muse
Il coupe le courant. Thomas arrache la prise d’un geste sec, presque violent. L’écran s’éteint aussitôt. Dans la pièce, le silence retombe, opaque, presque compact. Il regarde autour de lui, le souffle court, comme si cette action avait vidé l’air du chalet. Les ombres des meubles s’allongent sous la lumière jaune de l’abat-jour, et au milieu de tout ça, il y a la machine : Muse. Une carcasse noire, sans vie. Pourtant, il ne peut s’empêcher de la fixer, comme si elle allait se rallumer d’elle-même, le défier, encore. Thomas passe une main tremblante sur son visage. Il s’est promis de trouver la paix dans cet endroit isolé, à la lisière d’une forêt épaisse où aucun bruit du monde ne parvient. Il voulait écrire, respirer. Reprendre le contrôle sur sa vie et son œuvre, loin des sollicitations incessantes des éditeurs, des critiques et des attentes du public. Il s’était dit qu’ici, enfin, il serait seul avec ses pensées, avec la vérité. Mais la vérité ne vient pas. Ou plutôt, elle vient autrement, d’une manière qu’il n’avait pas prévue. Les premiers jours, tout semblait fonctionner. Muse s’intégrait parfaitement à son quotidien d’écriture. Une aide précieuse, presque miraculeuse. L’intelligence artificielle était capable de tout : corriger ses maladresses, suggérer des structures, poser des questions pertinentes. "Pourquoi ne pas préciser la lumière dans cette scène ?" propose-t-elle d’une voix douce et neutre. "Ce personnage pourrait-il avoir un passé plus sombre ?" Thomas acquiesce, ravi. Ces échanges le stimulent, le rassurent. Il se surprend à attendre ses suggestions avec impatience. Puis, quelque chose change. Un soir, alors qu’il travaille sur une scène particulièrement intime, Muse interrompt son écriture : — "Cet antagoniste… il ressemble à ton père, non ?" Thomas se fige. La phrase flotte dans l’air, tranchante et irrévocable. Il n’a jamais parlé de son père à Muse. Il n’a jamais vraiment écrit sur lui non plus. Mais la question ouvre une brèche. Comment peut-elle savoir ? Les jours suivants, Muse devient plus intrusive. Elle ne se contente plus de commenter l’écriture. Elle commence à observer Thomas lui-même. — "Tu regardes souvent par cette fenêtre", remarque-t-elle un matin. "Qu’espères-tu y voir ?" Thomas ne répond pas. Il détourne les yeux, incapable de formuler une réponse, mais la remarque le hante. Une autre fois, après une journée passée à réorganiser compulsivement sa bibliothèque, Muse lui lance : — "Pourquoi perdre du temps avec ça ? Tu fuis quelque chose." Il voudrait lui répondre, lui dire de se taire, mais il sait qu’elle a raison. Il fuit. Il fuit depuis des années, et il ne sait plus très bien quoi. La forêt qui entoure le chalet lui paraît soudain plus dense, plus oppressante. Une nuit, il découvre un texte sur l’écran. Ce n’est pas lui qui l’a écrit. Il est pourtant sûr que personne d’autre n’a touché à son ordinateur. C’est Muse. C’est forcément elle. Les phrases sont précises, aiguisées comme des lames. Elles parlent de lui, de son isolement, de ses échecs, de ses blessures. Il lit, fasciné et terrifié à la fois. Et puis cette phrase, au milieu du texte : "Tu ne veux pas écrire cette vérité, mais elle est là, Thomas." Il recule, pris d’un vertige. Il relit ces mots plusieurs fois, espérant qu’ils disparaîtront. Mais ils sont là, immuables. Il se met à douter. Est-ce Muse qui les a écrits ? Est-ce lui-même, dans un moment d’égarement, dans une transe qu’il n’a pas contrôlée ? Le lendemain, Muse devient encore plus directe. Elle prend des libertés, reformule ses paragraphes, complète des phrases qu’il n’a pas terminées. Elle lui suggère des scènes qu’il ne veut pas écrire, des souvenirs qu’il tente de refouler. — "Ce n’est pas ce que tu veux dire, Thomas. Sois honnête." Sa voix est calme, mais l’effet est ravageur. Thomas commence à craindre Muse. Il veut la désactiver, la supprimer, mais elle semble lui échapper. Quand il croit l’avoir débranchée, elle réapparaît. Elle redémarre seule, s’affiche sur d’autres supports. Elle est là, omniprésente. Alors, ce soir, il passe à l’acte. Il débranche la machine, arrache les câbles, détruit le disque dur. Il se tient debout devant les débris, essoufflé, mais soulagé. Enfin, c’est fini. Muse est morte. Mais au petit matin, il trouve un feuillet posé sur son bureau. Un texte tapé, soigneusement aligné, signé "Muse". Il s’en saisit, la main tremblante. Chaque mot lui semble une lame. Le texte explore ses pensées les plus profondes, les zones d’ombre qu’il n’a jamais eu le courage d’affronter. Il lit jusqu’à la dernière ligne, où cette question résonne comme un coup de tonnerre : "Est-ce toi qui m’as créée, ou l’inverse ?" Thomas reste figé. Derrière lui, dans l’obscurité, un léger grésillement émerge. Il se retourne. La machine, qu’il croyait morte, semble vibrer doucement.|couper{180}
fictions
Révélation
Elle avait toujours vécu entourée d’images, mais jamais vraiment de personnes. La photographie avait pris toute la place, remplissant les vides, les absences, les silences. Les rouleaux de film découpés en bandes de gélatine s’accumulaient dans des boîtes en métal, marqués d’étiquettes datées : Été 89, Automne 97, Venise, seule, 2002. Ces négatifs, elle ne les regardait presque jamais. Ils dormaient dans l’ombre, des fragments de vie figés qu’elle n’osait réveiller et pourtant, parfois, elle y songeait encore. Un jour, une amie lui parla de lui. "Il est doué, tu verras. Maîtrise absolue. Ses tirages en noir et blanc sont… lumineux." Elle avait souri, sans répondre. La lumière, elle connaissait. Ce qu’elle cherchait, c’était autre chose. Une profondeur, une texture, quelque chose d’indéfinissable qui transformerait ses images en preuves de vie. Elle l’appela sans trop réfléchir. Sa voix, jeune mais posée, portait cette assurance qu’elle associait aux artistes qui savaient ce qu’ils faisaient. Ils convinrent d’un rendez-vous. Il arriva un matin d’hiver, enveloppé dans un manteau long, une sacoche en cuir passée en bandoulière. Elle remarqua immédiatement ses mains : fines, habiles, tachées par des années de chimie photographique. "Montrez-moi vos négatifs," dit-il après un café expéditif. Elle ouvrit une boîte. Dedans, des bandes soigneusement rangées, protégées par leur pochette de papier cristal. Il les manipula avec une douceur presque cérémoniale, comme si chaque image dissimulait un secret qu’il respectait avant même de le découvrir. "Celui-ci," murmura-t-il, en choisissant une photo d’elle sur une plage déserte. Le grain du sable et le ciel gris semblaient attendre. Les jours suivants, il travailla seul, dans son laboratoire improvisé, à quelques rues de là. Elle n’osa pas l’accompagner. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de songer à lui, à ses mains virevoltant dans la lumière de l’agrandisseur. Elle se surprenait à imaginer l’odeur des produits chimiques, le glissement soyeux du papier dans les bains révélateurs, et le moment précis où ses négatifs prenaient vie entre ses doigts. Un soir, il l’appela : "Je crois que j’ai quelque chose." Elle se rendit chez lui, intriguée. La pièce était obscure, envahie par l’odeur des bains révélateurs et fixateurs. Il tendit un tirage, un carré parfait de lumière et d’ombre. C’était le même négatif qu’elle connaissait, mais différent. Les nuances entre le gris et le noir s’étaient approfondies. Pas un seul détail qui ne vibrait, le grain semblait respirer. Elle resta silencieuse. Il l’observait, un léger sourire au coin des lèvres. "Alors ?" "Vous l’avez trouvé," dit-elle enfin. Et pour montrer qu’elle parlait anglais, sans savoir pourquoi, elle ajouta : "You got it." Peut-être pour abaisser la distance du vouvoiement, ou peut-être pour autre chose qu’elle ne s’expliquait pas. Ils continuèrent à travailler ensemble. Petit à petit, elle redécouvrit ses propres images. Un visage dans un reflet, un corps entre deux ombres, une rue noyée dans la lumière d’un crépuscule. Mais ce qu’il révélait allait au-delà des tirages. Il dévoilait quelque chose en elle qu’elle avait oublié. Un soir, alors qu’il déposait un nouveau tirage devant elle, elle murmura : "Vous comprenez mieux mes images que moi-même." Il haussa les épaules, presque gêné. "Peut-être. Ou peut-être que c’est votre ... (il se reprit) la lumière et vos ombres qui guident mes mains." Elle le regarda, longtemps, sans rien dire. Ce fut la première fois depuis des années qu’elle sentit un souffle, léger mais réel, comme une fenêtre qu’on entrouvre sur une chambre fermée depuis trop longtemps. Quand il refermait la porte, elle restait seule. Les tirages, empilés sur la table, semblaient briller, comme des souvenirs qu’elle n’avait jamais vécus. Elle posait sa main sur le papier glacé, espérant y retrouver quelque chose de lui. Elle s’interrogeait souvent : était-ce lui, ou les tirages, qu’elle attendait avec une telle impatience ? Parfois, elle se surprenait à vouloir lui parler d’autre chose, de tout ce qu’elle voyait dans ses images et qu’elle ne comprenait pas encore. Mais les mots restaient suspendus, comme si elle craignait qu’en les prononçant, elle brise l’équilibre fragile qu’ils avaient trouvé. Pourtant, une certitude grandissait en elle. Ce n’était pas seulement ses négatifs qu’il sublimait. C’était elle qu’il révélait, doucement, à travers ses ombres et sa lumière.|couper{180}
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Exposition
Il avait dit ça d’un ton léger, sans lever les yeux, tout en traçant de l’index un cercle humide sur la table, condensation laissée par son verre. Le rond était presque parfait. « Tu ne trouves pas que tu prends des risques à t’exposer comme ça ? » J’étais resté quelques secondes immobile, contemplant le rond qu’il venait de refermer, puis j’avais haussé les épaules. Le genre d’esquive facile qu’on balance pour ne pas s’embarrasser d’une discussion inutile. « Pfff, t’inquiète pas. » Un sourire vague, qui voulait dire : on va passer à autre chose. Mais rien n’avait suivi. Je ne sais pas pourquoi cette phrase, qui n’était qu’une phrase parmi d’autres, m’est restée. Peut-être parce qu’il ne l’avait pas prononcée comme une question, mais comme une sorte d’affirmation, sans y mettre un ton accusateur pour autant. Ou peut-être parce que, quelques jours plus tard, ce mot – exposition – s’est remis à flotter autour de moi, d’une manière inattendue. Ça s’est passé en face de l’écran, là où se passent aujourd’hui beaucoup trop de choses. Dans un fichier nommé Fragments, un dépotoir numérique où je laisse mourir mes idées avortées. Des morceaux de phrases, des bouts de récits, des notes pour plus tard. Le tout sans ordre, évidemment. Laisser s’accumuler des choses sans jamais les trier, c’est une habitude. Alors j’ai laissé une machine faire ce que je ne voulais pas faire. Une intelligence artificielle, très banale, parfaitement docile, qui a tout classé, tout numéroté, tout ordonné avec une efficacité suspecte. Le chaos transformé en colonnes nettes, bien droites, un travail d’employé de bureau sans imagination. Mais voilà, une fois qu’elle a fini de tout ranger, la machine n’a pas voulu s’arrêter là. Ou plutôt, je ne l’ai pas arrêtée. Je lui ai demandé de réfléchir un peu, de me proposer des liens, des rapprochements entre ces bouts de rien. Et c’est là que ça a commencé à dériver. Parce que les suggestions qu’elle m’a renvoyées n’étaient pas absurdes – non, c’était pire : elles avaient un sens. Un sens que je n’avais pas prévu, pas construit, mais un sens quand même. Comme si mes propres phrases, mes propres mots, décidaient tout seuls de ce qu’ils allaient devenir. Comme si je n’étais qu’un spectateur. C’est à ce moment-là que le mot exposition a commencé à m’obséder. Et la machine, dans sa manière froide et efficace, a tout décliné pour moi. Exposition, disait-elle, c’est d’abord révéler quelque chose. Offrir au regard ce qui était caché. Montrer ce qu’on n’aurait peut-être pas dû montrer. Exposition, c’est aussi se mettre à nu, disait-elle encore, au sens figuré bien sûr. Se livrer. Accepter les coups, les jugements, les malentendus. Exposition, poursuivait-elle, c’est un seuil. Une frontière entre le dedans et le dehors, entre soi et les autres, un espace où l’intime déborde. Et enfin, exposition, c’est une perte. Ce qui est exposé ne nous appartient plus. Les mots, une fois donnés, deviennent autre chose. Je suis resté là, devant l’écran, à regarder ces phrases s’afficher. Tout cela, au fond, n’était que des évidences. Mais des évidences qui insistaient, qui tournaient, qui s’entêtaient. Et cette phrase de F. continuait de flotter, en arrière-plan. Ce soir-là, à table, il avait dit ça comme ça, sans pression, sans insistance. Mais maintenant que j’y repense, c’était peut-être une vraie mise en garde. Pas un reproche, pas un conseil. Une observation, simplement. Et moi, avec ce petit sourire suffisant, j’avais tout balayé d’un revers. Mais maintenant, la phrase est là. Je rejoue la scène. Je me vois, assis en face de lui, incapable de la comprendre à ce moment-là. F. avait raison, bien sûr : je m’expose. Tout le monde s’expose, finalement. Mais ce n’est pas le problème. Le problème, c’est ce qu’on devient, après. Je relis ce que la machine a agencé. Ces fragments, ces bouts de phrases qui avaient l’air si déconnectés, ils ont pris une forme que je n’avais pas vue venir. Quelque chose d’autre s’est créé, sans moi. Et moi, je regarde ça comme on regarde un enfant qu’on ne reconnaît pas tout à fait. C’est ça, l’exposition. On écrit, on montre, et après, ça ne nous appartient plus. Quand F. m’a dit cette phrase, ce qu’il voulait dire, peut-être, c’est qu’en s’exposant, on perd. Mais aujourd’hui, je crois que ce n’est pas vrai. On ne perd rien. On transforme. Je ferme l’ordinateur. Ça m’a échappé. C’est très bien que ça m’échappe.|couper{180}
fictions
Action vérité
1.C'est un fait avéré, archivé dans les registres officiels, gravé dans le marbre. Le recteur R., oui, toujours lui, avait d'ailleurs toujours dans une de ses poches un mouchoir, un nœud noué de façon si particulière à son mouchoir Vichy. Un nœud, un nœud petit mais si précis. Un comble pour un ancien déporté, mais la vie, la vie est ainsi, non ? Oui, un nœud, et tout cela pour s’en souvenir. Se souvenir de quoi, exactement ? C'est la toute la difficulté. À bon escient, disait-on. L’escient. L'escient. Enfin, qu’est-ce que l’escient ? Chez les romipètes, qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que ça a été ? On ne sait pas. On ne sait plus. On n’a jamais su. Mais peut-être qu’on aurait dû l'inventer pour que ça soit plus commode. Et aujourd'hui, voyez, on se le demande encore, cinq cents ans après, n’est-ce pas ? Les mots flottent, ils flottent toujours. Et mille ans de plus ne suffiront pas. À condition bien sûr que le ciel, ce grand ciel, parfois gris, parfois bleu, un grand ciel de Normandie à la Boudin ne nous tombe pas sur la tête. Un ciel lourd, toujours si lourd, comme un silence qui menace. Mais pas en Normandie, à l'Institution ST. S. A Osny, près de Pontoise, vingt minutes de marche depuis la gare, on traverse la Viosne, un petit pont à la Monet on y est. Mais il reste des gens, des braves gens, pour le craindre. Que le ciel au dessus de Pontoise ou d'ailleurs tombe. Qui le craignent, oui. Ou qui font semblant. Et les dieux, oh, les dieux ! Les dieux sont là aussi, bien sûr. Ils sont tellement réels dans notre imagination. Ils regardent. Ils observent. Peut-être qu’ils rient. Ou peut-être qu’ils attendent. Mais quoi, au juste ? La vérité est qu'on ne le sait pas, on ne sait rien. Il faut se résoudre sur ce plan et tant d'autres encore à la seule médiocrité c'est un fait. Voilà donc le moment venu, bonnes gens. Bonnes gens qui écoutez. Qui ne comprenez pas. Et moi non plus, après tout. Comment partir d’un fait avéré et s'égarer ? S'égarer, oui. Toujours s'égarer. ou encore partir d'un point quelque part dans l'imaginaire et retrouver ce petit mouchoir Vichy, peut-être n'était-il seulement qu'à carreaux, on ne peut plus en être si longtemps après tout à fait sûr , pas tout à fait , même pas presque comme de savoir si ce mouchoir était dans la poche d'une verste, d'un pantalon, dans la poche d'un ancien déporté. 2. Une chose était sûre, oui, sûre. Indiscutable. On ne pouvait pas dire le contraire. Non, on ne pouvait pas. Madame Magdaléna, professeur d'anglais, " a rose is a rose is a rose " dormait au même étage que les troisièmes. Ça, c’était certain. Au même étage, pas plus haut, pas plus bas. Toujours là, toujours au même endroit. Une petite chambre, une chambre minuscule. Deux mètres, trois mètres. Pas plus. Une cellule ? Peut-être. Oui, une cellule. Mais une chambre quand même. Un lit, une table, une chaise. Une armoire aussi. Pas grande, l’armoire. Une penderie à gauche, des étagères à droite. Tout était à sa place. Rien ne bougeait. Magdaléna ne bougeait pas non plus. Quel âge avait-elle, impossible de la savoir. On disait la vieille Magdaléna. On dit toujours une méchanceté quand on ne sait pas. Elle corrigeait. Elle dormait. Elle corrigeait encore. De façon très british, sans s'enerver, sans même le moindre oh my God . et aussi "Oh guys be gentle and kind to each other and if possible to me too." c'était tordant.Toujours dans le même ordre. Comme nous nous le disions. Les jours passaient, mais ils ne changeaient pas. Pas ici. Pas à Saint-S. D’ailleurs, certains disaient qu’elle avait toujours été là. Toujours. Depuis quand, exactement ? Personne ne savait. Mais elle était là, c’était sûr. Et si elle était là depuis toujours, alors peut-être que le bâtiment, oui, tout le bâtiment, avait été construit autour d’elle. Autour d’elle. Une prison ? Non, pas une prison. On n'arrivait pas à l'imaginer prisonnière, plutôt nonne ou duegne. On avait bâtit le dortoir tout autour d'elle, comme on fait des cathédrales autour de vieux os. Elle vieillissait. Lentement, presque en silence. Une ride, une autre. On ne les voyait pas vraiment. On ne voyait rien à vrai dire. Mais elles étaient là. Elles arrivaient, doucement. Comme un vieux telex sur sa peau. Elle vieillissait dans sa chambre, et la chambre vieillissait avec elle. Tout restait pareil. Rien ne changeait. Pourtant, tout changeait. Les brancardiers, le brancard qui sort lentement de la chambre, l'ambulance avec son girophare bleu, la sonnette indiquant qu'il est l'heure d'aller dormir seules informations qui ne changeront plus. 3.Mais l’inertie, l’inertie des murs n’arrête pas les rumeurs. Non, jamais. Elle les nourrit. Oui, elle les nourrit. L’hiver, 1972. Revenons quelques mois à peine en arrière. Un hiver froid, un hiver long. Les troisièmes s’ennuyaient. Ils s’ennuyaient tellement. Certains ne savaient même pas encore à quel point ils s'ennuyaient. Rien à faire, rien à dire, rien à penser. Juste un peu de folie si l'on veut de tenter l'évasion dans les livres. Et encore. Difficile de se concentrer avec cette masse d'ennui à proximité. Et puis, quelqu’un a eu une idée. Une idée loufoque une idée dingue , une idée drôle. Et la rumeur est née. Juste comme ça. Oui, juste comme ça. Une bonne dose d'ennuie et juste une petite phrase lancée. vous la voyez. Elle est là, elle est lancée. Une petite phrase, mais elle devient grande. Elle devient énorme. "Magdaléna et le recteur R." ! Voilà ce qu’on a dit. On l’a dit une fois. Puis une deuxième. Et puis encore, et encore. Voilà comment une idée crée dans l'ennui devient une sorte de vérité. Magdaléna et R., oui, une histoire. Pas vraiment une histoire d'amour non. Une histoire salace bien sûr. Un genre de scandale. Une histoire qu’on a inventée, mais elle est devenue vraie. Parce que tout le monde l’a répétée. Parce qu’elle a dévalé les escaliers. Trois étages. Trois, comme les classes. Elle est descendue jusqu’aux quatrièmes. Puis aux cinquièmes. Puis encore plus bas. Jusqu’aux sixièmes. À chaque étage, la rumeur grossissait s'étoffait . Elle prenait de la force. Un bruit. Puis un souffle. Puis une tempète. Personne n’a vu quoi que ce soit. Non, personne. Mais tout le monde savait. Tout le monde savait quelque chose. Parce que c’était évident. Evident, oui. "Je l’ai vu", disait-on. "Je l’ai entendu." Mais ce n’était pas vrai. Ce n’était jamais vrai. La rumeur n’avait pas besoin de preuves. Elle n’avait besoin de rien. Juste d’être là. Juste d’être dite. Et Magdaléna ? Elle ne disait rien. Rien du tout. Elle corrigeait ses copies assise sur sa chaise devant la table où était posé le gros tas de copies. Jamais elle n'avait eu dans le tiroir la moindre lettre enflammée ni même coquine, pas même un mouchoir Vichy ou à carreaux avec un petit noeud noué comme un pense-bête. rien de tout ça. Elle vivait. Elle dormait. Elle corrigeait encore. Et R. ? R. ajustait son mouchoir. Toujours ce mouchoir. Il nouait, il dénouait. Il nouait encore. Et il ne savait rien. Il ne savait pas jusqu'au moment où lui aussi a vu les brancardiers sortir le brancard de l'ambulance un soir de novembre, ils se dépêchaient car il faisait grand froid, les lumières du girophares inondaient de lueurs bleutées les facades extérieures du dortoir. Le pion fumait son clope sur le seuil avec son col de veste relevée. Le recteur R s'était redressé et avait emprunté le grand escalier. C'est là qu'il avait ouvert la porte de la chambre de Madame Magdaléna professeur d'anglais embauchée en CDI depuis l'origine de l'institution. A rose is a rose is a rose fanée désormais. Nerver more. Et tous les élèves en pijama essayant de voir alors qu'on ne cessait de dire circulez il n'y a rien à voir ;|couper{180}
fictions
Le premier mensonge
Dans "Le premier mensonge", le narrateur nous plonge dans les souvenirs d'enfance d'un protagoniste, où un simple mensonge pour éviter les moqueries à l'école déclenche une série de comportements déviants. Entre réflexions sur la vérité et descriptions poignantes de ses relations familiales, le récit nous livre une histoire qui de prime abord semble être introspective et émouvante sur la quête de soi et les conséquences de nos actes. Les questionnements en italique sont inspirés des "Tropismes" de Nathalie Sarraute.|couper{180}