décembre 2022

Carnets | décembre 2022

Ce qui remonte

Des peurs, esquives inconscientes et autres dégoûts reléguées dans les profondeurs de la béance du temps, remontent parfois à la surface de l'instant présent. Et le trouble qu'elles installent dans le parcours où elles s'efforcent vers la clarté est le lieu le plus propice à l'´écriture. Ainsi je revois Robert tel qu'il fut dans mon enfance et tel qu'il devient dans le présent. C'´est à dire mon semblable. Et je ne parviens pas à décider si cette similitude est une faveur, une satisfaction pour l'homme que je suis aujourd'hui. Il est même, après réflexion, préférable qu'elle ne le soit pas car en m'en allant directement au pire, implique, logique étonnante d'un tel choix, cette conséquence qu'il me sera plus facile d'en avoir le cœur net. Robert le père de mon père m'inspira une vénération mélangée de crainte depuis mes plus lointains souvenirs enfantins jusqu'au jour de son enterrement, lequel fut une farce grotesque à laquelle, ayant atteint l'adolescence je participais bien malgré moi. Le curé de la paroisse, bourré comme un coing, fut ce jour précis, possédé par l'esprit du grommelot et je me demande encore si la cérémonie funèbre à laquelle par usage ou tradition je fus bien obligé de participer, appartient à la catégorie shakespearienne du théâtre Elisabéthain ou à la Commedia del Arte italienne. En tous cas, il se trouve indiscutable que nous eûmes par la suite affaire, mon père et moi, aux foudres des vieilles bigotes du bourg, en raison de notre inconduite bruyante. Un fou rire qui ne nous lâcha pas depuis l'entrée en scène de l'ecclésiastique émèché jusqu'à l'onction qu'il jeta totalement au pif sur le cercueil de feu mon grand-père. Cette terrifiante farce pour autant qu'elle nous fit pleurer de rire, mon père et moi, nous rapprocha tout à coup comme jamais autre moment de nos vies, par nature si dissemblables. Même au moment où ce denier mourra des décennies plus tard, nous n'eûmes telle proximité et donc jouissance ou apaisement. Sentiment vaste et mystérieux que cette proximité, ce dénouement père fils. Et que l'on aimerait voir apparaître autrement qu'à l'intérieur d'une énormité religieuse ou théâtrale. Mais faute de grive et un bon tiens vaut toujours mieux que deux tu l'auras. Cette haine déguisée en indifférence que le fils nourrissait pour son père m'étonna longtemps, m'attristait régulièrement. Il y avait entre ces deux hommes un contentieux qui ne trouvait pas d'issu. Et même après la mort de Robert rien ne fut résolu pour autant. Ce qui fait que, suivant la loi naturelle des legs familiaux, j'en héritai à la mort de mon père sans même en entendre parler par maître X notaire à Y. Le seul grief ayant créé ce différent entre mon père et Robert fut une escapade de ce dernier qui dura 12 ans et dont le prétexte aurait été, selon la légende familiale, la quête ubuesque d'un paquet de gitanes blanches sans filtre. Ce qui conduisit ma grand-mère à élever seule mon père et à affronter sa belle-mère, unique détentrice des parts de la boucherie dont, par intérim, elle se retrouva propulsée employée- patronne du jour au lendemain. Enfant je dus baigner dans un climat de reproches et d'amertume qui, par un phénomène de porosité naturelle, m'envahit. Et aussi cette porosité ne trouvant que peu d'objet extérieur autant que réel dans mon univers, elle finit par se diriger toute entière contre moi-même. Robert était revenu dans ses foyers lorsque, a ma naissance, on me confia à mes grands parents par commodité. Il est possible que cette imbibition dans l'amertume commence ainsi sitôt que j'eus franchi le seuil de l'appartement de la rue Jobbé-Duval, au 35, dans le quinzième. C'est aussi à partir de cette époque qu'une grande confusion naquit à propos du silence, celui-ci n'étant pas dans mon souvenir synonyme de calme ni de paix mais, au contraire, la forge brûlante où la volonté de vindicte alliée à la rancune, l'amertume, l'amour et la haine crée les lames damasquinées nécessaires à tout égorgement en bonne et due forme, mutuel. Cependant que le vocabulaire en était,— et c'est ce qui m'aura sans doute le plus rendu chagrin— d'une pauvreté ordinaire. Mise à part l'utilisation de l'argot par Robert qui en usait d'une façon si régulière et abondante que cette langue des bas-fonds si séduisante à l'oreille autrefois , désormais n'est plus pour moi qu'une nappe de silence chargée d'emballer une violence indicible comme une tranche sanguinolente de foie de génisse.Une seule fois, grand-mère parvint à faire sortir Robert de ses gonds devant moi. Et lorsqu'il attrapa un couteau à découper les rosbifs pour le brandir au dessus d'elle dans la cuisine, je crois avoir éprouvée cette étonnante satisfaction de voir enfin un homme, non plus menacer ou caresser le désir de passer à l'action, mais d' être -quel soulagement- enfin emporté par sa nature authentique. Et bien sûr le couteau resta en suspens et bien sûr jaillit une salve de jurons en argot et bien sûr ce jour là où tout aurait pu changer à tout jamais, rien ne se passa. Robert avait tiré un trait sur toute dignité depuis belle lurette c'était dans mon esprit enfantin une évidence indiscutable. Et c'est à partir de cet événement que je rejoins sans même le savoir la communauté que formait mon père, sa mère et mon arrière grand-mère dans la déconsidération de Robert. Que de modèle paternel intérimaire auquel je l'avais hissé il fut relégué à un rôle secondaire de marionnette turque. Nous dormions dans la même chambre et assez vite dans le même lit quand mon corps ne put continuer à être contenu dans l'exiguïté du berceau. L'odeur des gitanes blanches qu'il n'écrasait que sommairement dans le cendrier de la marque Cinzano, accompagne de façon indélébile ce souvenir. Il laissait ses cottes de travail accrochées à un porte-manteau. Des cottes de coton de couleur noir et qui comprenaient une infinité de poches de profondeurs diverses. Et dans lesquelles, durant son sommeil d'homme éreinté par le travail mais pas seulement, j'allais avec frénésie, fébrilité, pour me faire peur, plonger la main. L'argent sous forme de menue monnaie que j'en extrayais était comme une rétribution que je m'octroyais sans aucune vergogne. Et cette absence de culpabilité participait à cet effort de me ranger lâchement, comme tout être faible du côté des plus forts. Le vol fut ainsi pour moi une tentative lamentable quand j'y pense, une tentative vouée d'avance à l'échec, bien sûr, de rêver rejoindre une communauté constituée essentiellement par la fascination de la probité. Probité dont je n'avais pas d'autre choix que de la mettre aussi en doute que la velléité, l'insouciance, l'égoïsme de Robert, mon grand-père. Une image me revient des profondeurs de ma propre ignorance du monde qui m'entoure. Elle représente des constructions bancales. Robert construisait des piliers constitués de briques et de broc dans une partie de la cour attenante à la ferme où il acheva sa vie. Je crois que le but qu'il s'était donné était de soutenir un toit par la suite afin d'entreposer du matériel. Il n'acheva jamais ce projet. Et c'était aussi un bon sujet de plaisanterie dans la famille que d'évoquer l'absolu manque de rectitude de ces assemblages verticaux voués d'avance à l'échec. Un peu comme les textes que j'écris sur ce blog. Des efforts têtus effectués à l'intérieur d' une incompétence obstinée en vue d'un Toi tout au plus réduit à un fantasme, un passe-temps.|couper{180}

carnet de fiction

Carnets | décembre 2022

achat d’une bouteille de gaz

chant 1 chapeau blanc Le poêle fait un bruit reconnaissable puis la flamme s'éteint, la grille refroidit et perd sa couleur vermillon. La bouteille de 13 kilos est vide. Il reste encore deux jours pour préparer une exposition et ce serait plus agréable de la préparer dans un atelier chauffé. Il y a déjà assez de difficultés pour ne pas en rajouter une. Et si en plus tu as de quoi, rejoins en toute hâte le dépôt des bouteilles de gaz sur le parking du supermarché. Vérification du compte bancaire pour bien s'en assurer. chapeau noir Es-tu certain que ce n'est pas une dépense superflue, si tu serres les dents deux jours ce ne sera pas la mer à boire et bla bla bla et patati patata chapeau jaune Tu as raison vas acheter ta bouteille de gaz, ne pense qu'à cela uniquement à cela et pour t'encourager pense à la chaleur de l'atelier, au plaisir de vernir tes toiles dans le confort apporté par ce vieux poêle qui ne demande qu'à crépiter à nouveau. chapeau rouge Oh oui je t'en prie je t'accompagne, je marche auprès de toi et t'aiderai même à porter la bouteille de gaz à l'aller comme au retour, je te trouve si brave comment ne pas célébrer enfin ce doux moment d'aller ensemble au dépôt de gaz du supermarché, de plus regarde le ciel est d'un bleu intense, tu es à peu près en bonne santé, pour un peu tu serais heureux, heureux à en pleurer de joie d'avoir de quoi sur ton compte bancaire, pour retrouver cette chaleur salutaire chant 2 démontage du raccord de la bouteille de gaz Il te faut une clef, dont le nom est multiprise, une clef qui s'adapte à presque tout qui t'aide à faire face à l'adversité des écrous de toutes natures. Mais où est cette clef magique, essaie de te rappeler l'endroit où tu l'as déposée la dernière fois que tu t'en es servie. Pas dans le tiroir des clefs de tout acabit ce serait trop facile. Pas dans l'un des tiroirs où tu ranges ta comptabilité, ça ne va pas ensemble. Pas sous un tapis puisque il n'y en a pas. cherche, souviens-toi de cette dernière fois, ce n'était pas à Brest et il ne pleuvait sans doute pas ce jour là. C'était déjà commencé cette guerre en Ukraine, évidemment puisque une bouteille de 13 kilos ne dure en général pas plus d'un mois. En économisant bien sûr. Ça y est cela te revient, tu t'étais déjà posé la même question. propos de cette clef multiprise il y a un mois. Et vois elle est là où tu avais prévue que tu la retrouverai sans difficulté, à côté du poêle, sur le rebord de la verrière. APPLAUSE le mot scintille comme un néon, mais ici pas de claque à part toi donc petit applaudissement perso. Le raccord se démonte en sens inverse de tout ce qui peut être dévissé en ce monde étrange. le raccord de gaz spécial butane, est très étrange si on y pense. HEUREUSEMENT tu n'avais pas serré l'écrou comme un sourd, cela vient aisément. Voilà reste à retrouver le chapeau bleu qui va avec la bouteille bleue oh oh oh encore une devinette en perspective ... mais tu connais par coeur la solution qui ne marche pas sur quatre deux ou trois pattes. le chapeau bleu est posé à côté d'un autre chapeau bleu que tu as oublié de rendre la dernière fois avec la consigne, les deux sont là sur l'étagère des vernis. autre chant démarrer la voiture après avoir placé la bouteille de gaz dans le coffre accompagné d'une bonne humeur à toute épreuve coiffée d'un chapeau rouge. oh le petit quart de tour de la clef qui allume tous les voyants du tableau de bord, il faut patienter c'est un diesel. Et presque des larmes de bonheur de démarrer au quart de tour supplémentaire. peut-être devrais tu écrire une ode au mécano qui t'a changé le démarreur la semaine dernière. pas maintenant dit le chapeau noir, n'oublie pas que tu as une bouteille de gaz à changer aller go. chant pour toi- même face à la borne automatique qui délivre les bouteilles de gaz tu n'es plus aussi démuni que la toute première fois. La machine était en panne et tu as du faire des efforts pour ne pas perdre patience à l'accueil du supermarché, mais c'est réglé, c'est presque oublié. aujourd'hui jour béni la machine semble d'excellente humeur tout se passe dans une fluidité formidable. tu introduis la carte bancaire dans la fente et là vous frôlez l'orgasme quand le vendeur et l'acheteur s'échangent du gaz contre de la monnaie numérique, que tout se déroule aux petits oignons une grande paix s'installe. Tu entends le petit déclic du portillon numéro 90 qui s'ouvre pour ranger la consigne. Tu le refermes avec soin et tu sais désormais qu'il faut patienter quelques secondes pour repérer l'endroit où le portillon 98 va s'ouvrir pour te laisse prendre l'objet de ton désir cette bouteille impeccable de 13 kilos de gaz Butane. chant de contentement tout se déroule comme par enchantement, tu t'arrêtes devant la maison pour déposer ta bouteille de gaz chez toi. Tu repars chercher une place de stationnement que tu trouves presque aussitôt dans le petit parking situé juste à quelques centaines de mètres de chez toi. Et qui normalement est surpeuplé, impraticable le mercredi matin. Ton ange gardien à chapeau rouge t'envoie un clin d'œil salace. Et vous revenez bras dessus bras dessous jusqu'au seuil de la maison. Tu empoignes la bouteille de 13 kilos d'une main vigoureuse, tu fais quelques mètres puis tu t'arrêtes pour changer de main , enfin tu parviens à l'atelier cahin-caha. Le raccord retrouve sa place, tu ne visses pas trop fort l'écrou toujours dans le sens inverse de la logique habituelle et tu reposes la clef multiprise au même endroit ainsi que le chapeau bleu à côté de l'autre chapeau bleu. tu auras sans doute jusqu'à la fin de ta vie ces deux chapeaux bleus, poses l'un contre l'autre sur l'étagère des vernis . ça te fait un petit pincement au cœur en y pensant. puis roulement de tambour, tu ouvres le robinet du gaz, tu appuies sur la petite soupape pour chasser l'air résiduel dans le tuyau, tu appuies sur mise en marche et tout repart comme en 14. Te voici tranquille désormais tu vas pouvoir avoir chaud pour terminer la préparation de ton exposition.|couper{180}

achat d'une bouteille de gaz

Carnets | décembre 2022

Légende

Jimmy dit qu'il y a toujours un prix à payer, que rien n'est totalement gratuit. Même le simple fait de se réjouir d'un beau visage, une fleur, un oiseau. Probable que juste après tu te prendras en pleine figure ou dans l'entrejambe un des milliers poteaux de cette ville. C'est la loi bizarre des choses d'ici-bas, ajoute Jimmy en hochant la tête. Il ne s'en attriste pas , il évoque à mi-mot cet axiome. Toute action comporte une réaction voilà tout. Il dit c'est le karma. Et durant un assez long moment de ma vie, pendant que je fréquentais Jimmy, et même après que j'eus quitté l'hôtel de la rue des Poissonnier au 35, près de Château Rouge, je peux dire que j'étais plutôt convaincu par ses dires. Jimmy loge dans la chambre au dessus de la mienne. Un meublé en tout point semblable au mien. A part la table ronde et l'organisation de mon chaos personnel qui repose sur celle-ci. Une table que j'imagine être une véritable table d'écrivain. Et tu écris quoi au juste demande régulièrement Jimmy. Ce à quoi je réplique toujours : des choses, qu'en fait je m'entraîne à écrire. Cela l'étonne quelques minutes puis il me répète qu'avec mes connaissances générales, mon intelligence et mon bagou je pourrais vivre une autre vie. Une vie moins misérable que celle que nous vivons dans cet hôtel. il paraît sombre quand il dit ça comme s'il pensait à sa propre vie et à l'absence d'opportunité dont il m'a déjà parlé plusieurs fois. Maghrébin à tête de rasta il est né il y a environ une cinquantaine d'années dans un bidonville de Casablanca au Maroc. Il n'a presque jamais mis les pieds à l'école et arrivé en France vers l'âge de 16 ans il s'est loué comme manœuvre dans le bâtiment, la plupart du temps sans être déclaré, sans couverture sociale, sans congés payés. Il a tellement effectué de jobs au cours de sa vie depuis qu'il est ici qu'il est habile dans tous les corps de métiers. Sauf l'électricité qu'il ne veut pas toucher car, dit-il cela demande beaucoup trop de calculs à effectuer. Surtout désormais avec toutes les normes en vigueur. De mon côté je suis épaté par ce type touche à tout alors que je ne sais presque rien faire de mes dix doigts. Quand nous nous retrouvons parfois certains soirs dans l'une ou l'autre chambre nous partageons ensemble un repas et buvons quelques bières en écoutant de la musique. C'est un fan de bob Marley dont il cultive d'ailleurs la ressemblance en portant des chemises à fleurs et des dreadlocks. C'est totalement démodé tout comme mon aspiration à devenir l'un de ces écrivains américains que je lis et relis pour me donner du cœur au ventre. Je ne sais pas du tout ce qu'est devenu Jimmy cela fait bien plus de trente ans que je ne vis plus à l'hôtel. Mais à chaque fois que j'entends du reggae je repense à lui. comme aujourd'hui où, après avoir cherché ce titre de Jimmy Cliff, j'ai éprouvé dans les guiboles comme une resucée de ma jeunesse. De ce temps sans doute faussement merveilleux où j'entretenais ma propre légende et ne cessais jamais d'en créer facilement à propos des autres. https://youtu.be/MrHxhQPOO2c|couper{180}

Légende

Carnets | décembre 2022

De l’impossible

une nouvelle toile un nouveau départ à partir d'un fond noir, huile sur toile 70x70 Impossible de ne pas écrire, impossible d'écrire dans une langue étrangère, le français, impossible d'écrire dans une langue maternelle inconnue, mais est-ce l'estonien. l'estonien n'est au bout du compte qu'un symbole. tout comme ces diverses tentatives parfois fructueuses pour apprendre l'hébreu, le farsi, le sanskrit et bien évidemment l'anglais et l'allemand. Mais la langue de l'autre, n'importe qui, suffirait pour faire ressurgir l'échec. Tenter de tracer un périmètre une fois encore à la tour de Babel. Voué dés le départ à la ruine de l'orgueil ou la vanité qui auront fomenté un dessein si singulier si stupide. C'est là l'origine d'une singularité et de tous les malentendus permanents qui en découlent. Singularité prise au début comme une sorte d'avantage dans sa flamboyance initiale, alors qu'il s'avère qu'elle est tout le contraire, un handicap. Le plus terne du terne. Et la compréhension que ce ne pouvait pas en être autrement qu'ainsi. Pour plagier Kafka - dans ce combat entre le monde et toi, seconde le monde. C'est à dire fonce dans cette singularité, détruis-là par tous les moyens possibles, imaginables. Un être seul ne peut pas vivre ainsi dans le monde. Il ne peut jamais que mesurer l'écart entre le monde et lui. Et, ce faisant débarrasser le monde d'une singularité qui ne lui appartient en rien, dont il n'est jamais conscient. l'impossibilité ontologique du monde de posséder une telle conscience. Il n'en a pas besoin voilà une vérité. la vérité du monde est d'être ce qu'il est quoiqu'il soit. La malediction d'une conscience faisant retour comme un boomerang, une éclaboussure, vers l'individu isolé. Soit encore une double impossibilité qui forme le fleuve coulant entre ces deux rives. Entre conscience de l'un et inconscience de tous. Ce qui finit par rendre caduque la conscience, la rendre ennemie. Et le désir bizarre parfois de plonger au sein du monde comme une brute, comme une bête, un animal. Mais Impossible désormais puisqu'on en aura justement pris note ou conscience.|couper{180}

De l'impossible

Carnets | décembre 2022

Récompense et punition

peinture Zoran Music 24 heures dans une journée. cela semble énorme mais ce n'est rien. Les heures pour toi. la majeure partie des heures. pour qui. pour Coca Cola, pour la pub insérée dans les contenus gratuits. Coca Cola c'est parlant. cette sollicitation permanente tu peux essayer de ne pas l'entendre. tout couper. la télé, la radio, internet, le téléphone pour ne plus recevoir ces appels intrusifs. tu peux faire silence. t'opposer. résister. tu peux rester une journée entière assis là sur cette chaise à ne rien faire. à voir les heures s'égrener ainsi et à observer ta honte ta culpabilité, ton inutilité. c'est déjà un premier pas. parvenir à trouver ta place entre récompense et punition.|couper{180}