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Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Artedot.com Tableau de Van Gogh les pommes de terre — Vous-y comprenez quelque chose à ce formulaire administratif ? Elle me demande. — Pas un traitre mot je réponds. De toutes façons y a longtemps que j'ai laissé tomber, désormais plus je perds de dents plus j'aime la purée. Méthode Coué ! — Comment ça ? n'avez donc pas de couverture santé ? n'avez pas la CMU ? — Non je travaille, j'ai la sécu, et même une mutuelle que je paie bonbon , mais à chaque fois que je reçois un imprimé de leur part je ne le lis pas, j'y comprends rien. Et puis de toutes façon il n'y a même plus de toubibs dans mon coin. — c'est peut-être bien fait exprès tout ça , elle dit d'un coup. — bah oui et j'accompagne mon hochement de tête d'un clignement de l'œil, histoire d'abouler dans son sens. Les formulaires administratifs de tout poil sont rédigés par des ronds de cuir martiens, j'ajoute. Quand on dit que les extraterrestres n'existent pas on se gourre. Ces gens là en sont, c'est certain. Ils ne peuvent absolument rien écrire de simple. — Pensez-vous que c'est pour qu'on se sente con ajoute t'elle soudain avec un regard illuminé à la Jane Birkin ce qui me rend illico Serge. — z'avez raison je lui dis, et en plus, ça marche vachement bien. Moi par exemple je me sens totalement con devant un formulaire administratif. Mais ça ne me dérange pas plus que ça, manquerait plus que je respecte ces gens qui ne me respectent pas en m'interpellant en chinois alors que je suis français moi madame ! —Et dire qu'on paie des types à rédiger des trucs comme ça, et que ça sort de nos poches en plus... — et oui ma brave dame, dans le fond pas grand chose de changé avec la révolution française... avant il fallait montrer patte blanche pour aller faire ses besoins dans des cabinets en faïence, désormais il faut apprendre à causer le martien chinois pour se faire plomber une dent. Le pire c'est que pas grand monde ne dit quoi que ce soit , par fierté ou par peur d'être con sans doute. S'il y avait une vraie révolution à mener, utile celle-là, ce serait d'appeler un chou un chou tu ne trouves pas dis-je en passant au tutoiement. — ah mais on se dit tu alors ? remarque t'elle tout de même... — oui y a qu'à commencer par être simples nous deux peut-être que ça se propagera, on ne sait jamais. Tu viens chez moi ou je vais chez toi ? j'ai juste envie d'être avec toi un petit moment si tu n'y vois pas d'inconvénient évidemment. — Oh mais tu ne trouves pas que ça va un peu vite, on pourrait peut-être y mettre les formes quand même, geint-elle en minaudant. — Et bien voilà, tout à recommencer je lui lance sans me retourner en marchant vers mon destin qui est comme je l'ai prévu en me levant de bon matin d'aller acheter de la purée mousseline au supermarché d'à côté. Il y a des jours où il serait bon de ne parler à personne car en général tout est assez mal compris même en français, et même quand on l'énonce le plus simplement du monde je me dis en écoutant le petit bip de la scannette et en remarquant la figure renfrognée de la caissière quelques minutes plus tard. D'ailleurs c'est la même fille je crois bien. Elle ne m'a même pas reconnu. Drôle de vie, drôle de monde... je crois qu'on est envahi par les martiens, ils se sont infiltrés partout désormais et il faut que je me pince plusieurs fois par jour pour être sur que je n'en suis pas devenu un moi-même... Pourquoi donc tenter de ressembler à un humain quand on est sans doute devenu soi-même un martien comme tout le monde ? je me le demande et je ne trouve pas.|couper{180}

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

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Doit-on croire encore à la gentillesse ?

Des petits oiseaux acrylique sur papier , travail d’élève Des gens s’avancent mains tendues, tout sourire. A priori on dirait bien de la gentillesse. Et puis vient soudain la pique qui s’insinue dans le cœur du cœur, la bévue, la maladresse des benêts ou l’habileté des âmes tortueuses. Je me suis souvent dit que ces gentillesses là portent tellement de préjudice à mon vieux rêve de gentillesse qu’il vaut mieux y renoncer. Surtout si je me surprends moi-même dans un reflet, une vitre, une glace, main tendue tout sourire mais que le cœur n’y est pas. Donc, peut-être que croire à la gentillesse est révolu, et que pour s’en préserver il faille renouer avec un savoir-vivre presque oublié, quelque chose qu’autrefois on nommait la politesse. Ce qui mériterait sûrement encore de se pencher sur le sujet. Les gens polis excessivement m’emmerdent évidemment aussi. Ils me rappellent simplement mes inaptitudes chroniques à lire le moindre mode d’emploi. Car dans la vie de tous les jours je suis souvent bien trop poli pour être honnête. Cependant je ne dévalise personne, je cherche seulement à ne pas heurter, blesser, jusqu’à ce que cela me crève et que soudain j’explose en quelques bons vieux jurons de derrière les fagots. Du coup cela m’énerve évidemment et je finis par ne plus voir quiconque, je me cloître afin de me donner tranquillement et sans vergogne tout un tas de petits noms d’oiseaux. Ma femme se moque, j’adore ça. Car c’est une réaction saine. Elle me désamorce comme ces démineurs de plages Normandes avec un timing d’une précision inouïe. Au millième de seconde elle prévient tout bang et boum. Du coup elle rit, je ris à mon tour et nous revenons à nos moutons le plus aimablement du monde. A noter qu’être aimable n’a pas grand chose à voir toujours avec la gentillesse ni d’ailleurs avec la politesse.|couper{180}

Doit-on croire encore à la gentillesse ?

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Là où il n’y a pas d’âge.

Annales akashiques, huile sur toile Patrick Blanchon 2018 C'est par hasard que le discours s'interrompt pour faire place au silence. Par hasard car à cet instant la volonté n'y est pour rien. Par hasard car on ne peut vouloir ce silence là,, on ne sait même pas qu'il existe. Disons donc par hasard. Je ne voulais plus discourir ainsi et un gouffre s'est ouvert en moi. Je ne voulais plus peindre ainsi et la toile soudainement s'est déchirée, par hasard, ou providentiellement. C'est à dire que dans cette déchirure le contenu n'a plus de sens, il ne reste plus que la forme floue à peine distinguable, un quelque chose. Ce flou provient à la fois de l'œil comme de l'ouïe. Ce flou est le sujet et le sujet c'est à nouveau le peintre. Qu'il peigne des nuages, des fleurs, son visage, un assemblage chaotique de taches, c'est exactement la même chose toujours. Le sujet est immortel, on aurait tort de croire que l'interruption, la pause, en marquerait un début comme une fin. La mort véritable elle-même n'y peut pas grand-chose. Le sujet s'auto- transmet comme un bâton qui court seul sa longue course de relais La forme en revanche est individuelle, unique. C'est la ressemblance qui aveugle le plus et interdit ainsi le passage. La structure du discours est unique si le contenu est bateau pour se diriger vers l'inconnu, errer. Ainsi Nadja. Ce livre bien complexe quand on tombe dessus sans filet. Ulysse-Breton accroché à son mat intellectuel est bien moins solide finalement que l'authenticité de cet amour qu'une soi-disant timbrée lui porte. Timbrée et prophétesse, tout pour plaire pourtant ... Mais non. C'est à dire que c'est pareil pour le chant des sirènes, cette incohérence qui fonde tout le chant, tout le langage, il faut s'accrocher pour le regarder vraiment telle qu'elle est sans ciller. Ce que dit Homère dans son récit est une chose, ce que fait Breton en est une autre, si proche mais tellement différente. Il se barre sans retour pour conserver sa tête, pour ce que ça lui sert, la belle affaire... Ce qui se jette dans l'amer d'être découvert ce n'est pas la sirène. Ce ne sera jamais elle. Ce qui se jette dans le néant c'est cette part enfantine en nous qui soudain comprend à quel point le babil général qu'elle tente d'imiter est vain. Cependant si on tient un peu plus loin, si on slalome entre les catégories, celles du courage et de la lâcheté, le silence bruit intensément, et le néant s'ouvre sur les grandioses fêtes foraines Akashiques. Le temps s'écroule sur lui-même et sitôt l'incohérence traversée, dépassée on en revient à ce pays natal, Là où il n'y a pas d'âge.|couper{180}

Là où il n'y a pas d'âge.

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Phoenix

« La résurrection de Lazare » par Le Caravage, musée régional de Messine (1609) Durant quelques jours il s’absente. On le cherche partout mais nul ne le trouve et on finit par l’oublier. Car voyez-vous la vie est faite ainsi, lorsqu’on ne trouve pas ce que l’on cherche on finit par oublier ce que l’on cherchait. Il n’y a pas de raison particulière à cela, c’est une sorte de constante sans laquelle la vie elle-même ne parviendrait pas à s’y retrouver. Un matin il baille et se lève du pied droit, dehors tout indique déjà l’arrivée du beau temps, peut-être même du printemps. Mais n’anticipons pas ! Restons là au présent. Quelques jours s’écoulent comme de l’eau qui s’évapore. Le sol de l’atelier est sec. Froid et sec, idéal pour y marcher nu-pied et retrouver ainsi le contact avec la réalité. Récapitulons. Le personnage principal de cette histoire est un peintre qui raconte sa vie de peintre. Ne nous égarons pas au-delà de ce périmètre. Même si le peintre en question possède des velléités d’écrivain, ou de chanteur, de coureur à pied, de cuisinier, de collectionneur de mignonnettes, de porte-clefs, de papillons, et qu’il pratique en douce l’art difficile de créer des herbiers, qu’il ne rechigne nullement à s’enfoncer des après-midi entières dans des puzzle, à relire des dictionnaires, des encyclopédies, principalement médicales, même si le peintre s’éparpille en confection de sauces, de ragouts, dans la quête effrénée du meilleur tandori, ou bien les mille et une versions de la crêpe Suzette, soyons généreux et bon avec le lecteur, ne l’égarons pas, retenons son attention de poisson rouge et repartons d’un bon pied, le droit comme je le précise encore et effectuons ce petit pas de côté. Dansons joue contre joue. Non zut, désolé c’est venu comme ça. Il suffit qu’on pose des limites pour que certaines personnes s’acharnent à ne pas les respecter. L’auteur notamment. Ou son personnage… Lequel des deux ? Mystère et esquimau. —Et donc t’es mourus ou pas ? S’interroge le lecteur qui se pince comme pour se demander si lui-même ne rêve pas, s’il est bien là en ce moment même en train d’assister à la renaissance d’un Phoenix, et en direct je vous prie. N’est-ce pas encore une tromperie, une trahison, un coup fourré, bref quelque chose de totalement scandaleux de voir un mort se relever comme Lazare de Béthanie et se remettre en branle comme si de rien n’était ? —Où donc est Jésus bordel sans qui rien de ce genre ne peut exister ? La chatte roupille sur son coussin et lâche un pet dans son rêve de chatte. Jésus par Minou. Le peintre ouvre les yeux, il se tâte, les couilles évidemment c’est la partie la plus centrale de l’homme. Tout est là, bien en place. Mystère et esquimau. Le peintre prend une nouvelle toile, essuie ses pinceaux, il prépare de nouvelles couleurs sur sa palette. Le voici parcouru d’un léger frisson, il a froid aux pieds. Alors Il se dit qu’il faut bouger pour se réchauffer, peut-être même danser, sautiller, peindre vite, très vite entre deux pensées L’auteur aussi sent soudain ses pieds se réchauffer. Et il écrit : sentir mais pas que des pieds. Comme c’est bizarre tout cela, qu’il suffise de laisser s’exprimer son personnage pour en vivre les sensations. Car l’auteur en général évidemment n’a pas du tout de sensation. Il s’adapte à tous les temps, à toutes les températures, à tous les climats. On ne sait même pas si l’auteur est un être vivant. On serait bien en peine de le dire. Donc, tout ce que l’on peut imaginer, car il ne reste que l'imagination, c’est qu’il n’est pas mort non plus. Tout le monde sait pertinemment que les morts n’ont rien à dire. D’ailleurs ils n’en ont pas besoin, puisque les vivants comme les personnages, sont exactement crées pour cela.|couper{180}

Phoenix

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La mort du petit cheval.

https://youtu.be/rOCaizRD_dA Le petit chat est mort, non zut le petit cheval, mieux, l'âne. Quelque chose est mort. Ce blog s'achève ainsi en queue de poisson. Comme son personnage principal le très fameux, Patrick Blanchon. Ne riez pas, ne pleurez pas, gardez vos humeurs, votre humidité pour des temps de sècheresse à venir. Arthur Rimbaud aussi a arrêté la poésie pour devenir trafiquant d'armes. Tout doit avoir une fin. Bonne ou mauvaise peu importe. Comme je n'ai cessé de le dire tout dans ce blog ou à peu près ne fut jamais autre chose que de la fiction, le produit de l'imagination. De l'article en apparence le plus sérieux, au plus délirant. Prenez donc du recul , conseil de peintre ne confondez pas le doigt avec la lune. Et tous les compliments, les critiques, les conseils, l'auteur, silencieux, vous en remercie et rend à César ce qui appartient à tout le monde comme il se doit. J'ai pensé à écrire une petite épitaphe mais cela serait encore bien exagéré, et inutile. Les histoires sont ainsi faites qu'elles ne sont que des coups de vent, on n'en voit que les effets mais la cause reste invisible. Y a t'il d'ailleurs une cause à quoique ce soit ? On le voudrait et en même temps on le craint. L'ignorance est confortable, sécurisante, c'est de là qu'elle tire son énergie et sa durée. L'auteur lui ne meurt pas. Il continue sa route bon an mal an vers d'autres aventures. Un auteur doit avoir un instinct de survie hors du commun je crois. Il doit être comme un renard, toujours prêt à y laisser une patte lorsque le piège s'est refermé. Il doit se ronger l'os tout seul et repartir sur trois pattes en espérant avoir des liens de filiation avec les lézards. Les choses sont têtues, que ce soient les histoires que l'on se ressasse ou la queue des lézard, on n'en finit pas avec elle comme ça. Tout se transforme, se métamorphose sans relâche. Il faut juste étudier les rythmes consciencieusement pour se rendre compte. Tout ce que Patrick Blanchon pourrait dire c'est qu'il s'est bien amusé en jouant l'écrivain, le peintre, l'artiste, tout ce qui se passe ensuite à partir de là lui échappe comme il se doit car on n'écrit pas pour soi évidemment. Ou alors une certaine qualité de soi qui est synonyme de l'autre. Ce dont Patrick Blanchon se défendra évidemment en souriant comme un benêt. Pour vous qui avez suivi ce blog un grand merci ! Il n'y aura pas de cérémonie, pas de messe, rien de tout cela. Juste cette masse de textes que vous pourrez revisiter si le cœur vous en dit jusqu'à ce que tout ça disparaisse dans les tréfonds du net qui riment avec oubliettes.|couper{180}

La mort du petit cheval.

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Arrête ton cirque !

En ce moment c'est cette phrase qui tourne en boucle, un impératif désagréable à entendre mais qu'il faut bien écouter à un moment ou à un autre. — Arrête ton cirque ! Arrête de réfléchir ! Arrête la masturbation ! Arrête la cigarette ! Arrête tout ça et peins ! Tu nous fais chier, voilà c'est dit. J'en pleurerais. Ou Je défoncerais un truc, n'importe lequel, tiens ce tableau par exemple sur lequel j'ai passé quelques heures aujourd'hui et qui ne donne rien. Puching-ball dérisoire. —Tu sais qu'il y a des gens qui n'ont pas le quart de tes possibilités et qui eux en font quelque chose ? Tu veux quoi à la fin ? Et ne commence surtout pas avec ton "je ne veux rien". Tu nous emmerdes avec ça. Une fois Jimmy m'avait dit un truc dans le même genre. ça remonte à loin, 30 ans pas moins. — On dirait que tu es assis au milieu d'une pièce et que tu attends que les gens passent et t'en collent une, tu dois être une saleté de maso. J'avais rigolé à l'époque. Un rire jaune. Car il n'avait pas tort. J'ai toujours voulu qu'on me défonce la gueule, je ne connais rien d'autre que ça comme relation avec les autres au bout du compte. Bien sur je pourrais encore me repasser le disque, la ritournelle d'une enfance malheureuse, celle d'un gosse battu comme plâtre. Mais ça n'apporterait rien de plus je le sais désormais. Personne ne peut comprendre ce genre de chose. On est juste horrifié d'y penser, mais ça n'excuse pas tout non plus. La sélection naturelle revient toujours à un moment donné sur le tapis. Les forts, les faibles. Si tu ne te relèves pas, tant pis pour ta gueule c'est que tu n'es pas si fort qu'on l'avait espéré voilà tout. Et puis on passe à la suite. Au temps qu'il fait, à celui qu'il fera demain. On enchaine, on ne perd pas de temps. Enfin résultat des courses que reste t'il comme choix vraiment une fois ces choses posées ? Fermer ma gueule, serrer les dents. Essayer d'avoir l'air à peu près normal — Bonjour, bonsoir, il fait beau, la baguette est tout chaude, bien sur, je vais sortir la poubelle, puis je balaierai l'atelier. Je ferai tout bien propre pour recevoir les élèves. Je ferai même bruler de l'encens que j'ai dégotté chez Action pour que ça sente bon. Je rangerai tout mon bordel, je le remballerai. Je ferai de cet espace un lieu vide et net, genre clinique aseptisée. Et désormais je dirais aussi prenez donc un modèle, tracez des petits carreaux, copiez, copiez jusqu'à vous en faire péter la rétine, et pendant ce temps je vous passerai de la musique qui adoucit les morts. — On aimait mieux avant quand tu nous parlais philosophie, désormais on t'a perdu. Tu n'es plus vraiment là, t'es là mais en même temps absent. Je ne pipe pas mot, j'encaisse. Filer juste un doigt ils vous bouffent le bras. Tout ça pour des sommes dérisoires, une mauvaise réflexion de départ, une inaptitude chronique avec le pognon et l'obsession de vouloir être aimé, apprécié, de renforcer cette putain de "belle image" pour que personne ne voit la ruine, le délabrement, le désert. J'ai tout bien planqué, même à moi-même. Surtout à moi-même. Et là quand j'essaie juste de dire la moindre chose quelque chose m'appuie de nouveau sur la tête. Rien n'a changé. Rebelotte. Des gros cons qui savent tout commentent : — tu devrais plutôt faire ceci, cela. Oh non tu te trompes, tu ne vois pas les choses de la meilleure façon. Et si je me rebiffe ? Silence, baffes virtuelles, dédain, insultes et quolibets. Tout ce que j'aime en fait, tout ce que j'attends pour être sur encore une fois d'être dans le même cauchemar. Le cauchemar familier. Je fais tout ça rien que pour ça. Pour être assis là au milieu de cette pièce et que chacun passe et me balance son mal être, sa violence, son amour insupportable. — Et surtout reste assis là, ne bouge surtout pas. Arrête ton cirque ! J'ai beau jouer des coudes dans l'utérus peine perdue. Toute naissance serait une mort assurée. On ne me loupera pas à la sortie. C'est cela et pas autre chose. J'ai essayé tellement de choses, j'en essaie chaque jour des milliers. De l'explosion à la fragmentation en passant par la diversion, l'éparpillement. Est ce que c'est un jeu ? Un putain de jeu ? Est-ce qu'on a la possibilité à un moment de dire pouce ? Je le prends le moment, je fais un doigt d'honneur pour être parfaitement compris. Une fois de temps en temps, comme je peux, en passant. Personne ne voit, ne comprends. "il plaisante". — continue à te lamenter sur ton sort ça va surement faire avancer les choses Faire avancer les choses ? Mais quelles choses bordel ? De quoi est-ce qu'on parle vraiment ici ? Ils espèrent quoi ? Des fois je me dis qu'ils espèrent que je crève. Rien que pour exorciser leur propre trouille de crever. — Arrête ton cirque , sois donc le gentil que tu es au fond, on le sait, on le voit. Refais nous encore une fois le clown qui sourit, pas le méchant clown qui nous fout la pétoche. ça... je ne peux plus vraiment le décider je me dis, je n'y crois plus vraiment, il faudrait que je fasse des efforts surhumains encore pour y accéder. Et je n'ai absolument plus rien du tout de surhumain. vous m'avez usé jusqu'à la corde. La corde pour me pendre, vous me l'avez mise sous le nez. Comme une devinette préparée de longue date, il fallait que je trouve tout seul, pas simple déduction, en profitant de mon esprit si compliqué pour vous en payer une bonne tranche. Possible que je me tue un de ces quatre, possible que je vous tue tous aussi avant cela comme dans les journaux télévisés. Que je devienne incompréhensible pour toute forme de société humaine. J'attendrais que vous soyez là avec vos gueules enfarinées prêts à éclater de rire en prévoyant déjà ma dernière connerie ou clownerie Je vous laisserai même le dire encore une dernière fois — Arrête ton cirque ! Et tatatatatata bang bang ! je tirerai dans le tas.|couper{180}

Arrête ton cirque !

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Délicatesse

Avec le ciel et les nuages nous avons abordé la légèreté. Désormais nous allons nous diriger vers la délicatesse. Le problème… pour un éléphant dans un magasin de porcelaines…c’est de ne pas tout flanquer par terre, alors on prend son temps, on y va cool, ce n’est pas pour un musée, juste une étude ! Huile sur toile 46x55cmAutre étude 46x55cm|couper{180}

Délicatesse

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Avant, après

Avant je ne voyais pas l’espace désormais il est partout. Je n’ai rien brisé, rien rangé, rien caché J’ai juste gratter un peu les murs Ma main est passée au travers Ma curiosité ensuite Qui s’est ouverte en fleur sans but ni raison Puis ont cédé tout doucement L’avant , l’après Devant l’espace immense du moment présent Aquarelle 2019|couper{180}

Avant, après

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Une peinture minimaliste

Je ne comprends rien aux grandes théories, elles me paralysent généralement. Rien de tel que d’expérimenter ! En ce moment nous étudions dans tous mes ateliers la délicatesse et comme prétexte pour y parvenir nous avons porté notre dévolu sur la fleur. — aura t’on le droit de prendre un modèle ? me demande t’on —Oui si vous ne pouvez pas vous en passer … Mais bon, je préfère l’imagination comme toujours. Et dans mon petit coin je me dis voyons voir…essayons de suggérer En alliant cette première réflexion à cette interrogation sur le minimalisme je fais des essais… en voici un format 20x20cm à l’huile Ce qui m’intéresse est de ne pas y passer des heures. Je me suis donc dit top chrono 1h et puis c’est tout on verra bien. Huile sur bois format 20x20cm|couper{180}

Une peinture minimaliste

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Une petite huile sur bois

On ne sait jamais comment s’achèvent les périodes de sécheresse , ce qu’on est parvenu à détruire, à vider…et ce qui va surgir à nouveau. Voici une petite huile sur bois de format 20x20cm sans prétention Peut-être le début de quelque chose…mais j’ai aussi appris à ne pas tirer de plan sur la comète. Huile sur bois 20x20cm 2022|couper{180}

Une petite huile sur bois

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La merveilleuse invention du bouton pause.

J'en étais au troisième Jack Daniel et ça ne passait toujours pas. Le genre de colère que l'on rumine durant des jours et des jours sans relâche. A croire qu'on éprouve une trouille terrible de rester sans. — Pas beaucoup de monde ce soir me dit Eva qui était là depuis le début de la soirée. T'as pas l'air dans ton assiette ajoute t'elle. — Oh rien de grave que cet excellent 12 ans d'âge ne puisse amortir, juste une énième dispute avec la femme de ma vie, je dis. — tu devrais essayer le bouton "pause" me lance Eve en clignant d'un œil. Je l'aime bien Eve, c'est une ancienne journaliste spécialisée dans l'art content pour rien. On se croise régulièrement au Montana. Elle y vient seule et repart parfois avec un petit jeune ou l'un des nombreux jazzmen qui viennent s'exhiber là. Elle ne dit pas trop de connerie à la minute, et cerise sur la gâteau, elle apprécie le whisky elle aussi, ce qui d'ailleurs nous a permis de nous adresser la parole pour la première fois, une première fois qui remonte à loin... je me demande si j'étais déjà au trente-sixième dessous avec la femme de ma vie à cette époque là... On s'est regardés, fameuse idée, merveilleuse idée le bouton pause. C'est vrai que c'est un truc auquel je n'avais jamais pensé. — Normal tu as la caboche toujours encombrée... se moque Eve. Elle me regarde, je la regarde — Non on est amis on ne va pas gâcher ça je dis. — Bien sur qu'on est amis elle dit. Et je vois son regard mélancolique dériver vers son verre puis revenir vers le mien, vide. On remet ça aller c'est ma tournée elle dit. Je ne me souviens plus vraiment de la suite, à vrai dire certaines absences dues au taux d'alcoolémie dans le sang m'ont toujours intriguées. Comme par exemple le simple fait de me retrouver après une nuit de beuveries dans mon lit au matin. Comme s'il existait une sorte de pilote automatique, une conscience en dessous de la conscience usuelle des choses des évènements et des êtres. Le clitoris d'Eve était phénoménal. A un moment je l'ai regardée dans le blanc des yeux parce que je pensais m'être fait alpagué par un travelo. Mais non c'était une vraie femme me suis-je convaincu de penser. — On est amis elle dit encore, je peux l'entendre 5 sur 5 tandis que je tripotais son engin comme on appuie sur le bouton pause d'un magnéto. Avance rapide, pause, recul sidéral. Après je ne sais plus trop, j'ai oublié, ça doit certainement être imprimé quelque part encore mais j'en ai perdu l'accès. Et puis aussi j'étais déjà bien installé dans mon cinéma habituel il faut dire. Le genre de spectacle que l'on doit subir plus ou moins passivement parce que quelque chose nous attire dans l'obsession et la répétition. Et aussi parce que l'on espère inlassablement une happy end tout en la redoutant. Sur ce genre d'installation le bouton pause est inaccessible, on ne le trouve nulle part autour du grand écran. La seule solution serait de se lever et de déranger tous les gens assis dans le noir en se barrant. Tout à fait le genre de précaution à la con à laquelle aussi on s'accroche pour tenter de conserver un peu de dignité, ou une identité qu'on ne veut jamais lâcher. https://youtu.be/zqNTltOGh5c|couper{180}

La merveilleuse invention du bouton pause.

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Ce que vous devriez savoir pour être moins con.

— Bienvenue à tous dans cette nouvelle formation, namasté, hello, salut, good morning, bon dia et caetera. Le temps que Catherine achève de préparer le café, le thé, je vais juste vérifier avec vous que vous avez bien tous réglé. Par exemple Simone, je vois que tu n'as pas envoyé de chèque avec ton formulaire d'inscription, et que toi Louis tu as oublié de signer le tien. Il se lève, c'est un grand type d'une cinquantaine d'années aux tempes argentées doté d'une barbe de trois jours. — Pas de soucis pour ceux qui ont choisi de payer en plusieurs fois sur internet, le premier versement ne sera effectif que la première semaine du mois prochain comme convenu. Avec cette période bizarre je sais que beaucoup d'entre vous traversent de grandes difficultés notamment sur le plan financier. C'est pourquoi l'association a décidé cette année de faire un effort conséquent, vous l'avez certainement remarqué. -Voilà, Simone merci pour ta gentillesse, tu peux venir t'asseoir avec nous... Le petit déjeuner est prêt et ces petits tracas administratifs étant réglés, passons tout de suite au plan de cette nouvelle formation. Il s'approche d'un paperboard et il tourne la première page pour laisser apparaitre le fameux plan. Tout d'abord parlons des horaires, nous commençons à 9h et prendrons une pause de 12h à 13h puis nous enchainerons l'après-midi jusqu'à 17h. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que la ponctualité est nécessaire évidemment, nous ne sommes plus à l'école, nous sommes tous responsables de nos actes n'est-ce pas. —Qu'est-ce que la timidité ? vous le savez tous bien sur puisque vous êtes là. Il sourit en découvrant une dentition impeccable. Petite vague d'ébaubissement doublée de connivence dans la salle. Certaines semblent se détendre tandis que d'autres n'hésitent pas à se tripoter le menton, à se fourrer un doigt dans une oreille ou une narine. — qu'est ce que la timidité martèle le gonze en attendant visiblement que quelqu'un lève le doigt pour lui répondre. — C'est mon problème principal dans la vie dit une jeune femme au fond de la salle. — non, attend... Brigitte c'est ça ?, ce n'est pas la bonne façon d'intervenir. Je te le dis à toi mais c'est valable pour tous. Si vous voulez intervenir, vous effectuez un petit signe de la main et vous vous levez ensuite quand c'est à vous de parler, vous ne restez pas assis sur votre chaise. La jeune femme est cramoisie et se confond en excuses. Oui bien sur Philippe excusez, excuse moi... elle se rassoit et lève la main. Sur quoi le Philippe en question enchaine sans plus la regarder. La timidité est donc un problème c'est ainsi que vous désirez la vivre n'est-ce pas ? comme un problème et il a une sorte de petit sourire entendu. Mais le saviez-vous ... votre timidité n'est rien d'autre que votre orgueil, cet orgueil que vous n'osez pas assumer vis à vis des autres.... Je crois que c'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à décrocher. Dès le premier jour, dès la première heure. Encore une fois de plus je me suis retrouvé comme un con avec de nombreux regrets sur ma façon d'effectuer des choix. C'est vrai que la timidité était une sacré gène dans ma vie de tous les jours, mais de là à m'avilir à un tel point, à payer tous ces charlatans pour imaginer trouver une solution, un remède... le ridicule venait tout juste de me sauter aux yeux. Dans le fond j'aurais du choisir l'autre stage, celui intitulé " ce que vous devriez savoir pour être moins con". Du coup je m'apercevais clairement du cynisme dans lequel toutes ces formations avaient été conçues. Et évidemment en bon timide que j'étais, la colère commença à me monter au nez. Je levais donc le doigt et lorsque le regard de Philippe se posa enfin sur moi, je me levais comme un diable surgit d'une boite, j'étais écumant de rage et je balbutiais —La timidité c'est ne pas oser dire à un connard qui vient de nous baiser qu'il est un connard doublé d'un enfoiré. Mais merci Philippe, parce que grâce à toi, grâce aussi à ces 800 euros que j'ai désormais autour du cou jusqu'à Noël prochain, je crois que je touche du doigt la réalité comme jamais. Sur quoi je pris mon blouson, l'enfilais puis me dirigeais jusqu'à la table où était posés les tasses et le pot de café, je m'en servi un que j'avalais tranquillement en tournant le dos à l'assemblée. Enfin j'effectuais une volte-face pour toiser à nouveau tout ce beau monde. On aurait dit une photographie en noir et blanc extraite directement d'un film de Charlie Chaplin. Ils étaient tous en arrêt les yeux exorbités, même le Philippe en question était figé, le bras levé dans l'axe de son paperboard. Il était blanc comme un linge et je remarquais que ses lèvres avaient pris la couleur du vieux rose. Puis sans plus attendre je me dirigeais vers la sortie. Dehors les nuages avaient disparu laissant la place à un immense et profond ciel bleu. Peut-être que finalement j'étais parvenu à faire avec une seule pierre deux coups. C'est sans doute ce jour là que j'ai perdu ma timidité et que je suis devenu un tout petit peu moins con. https://youtu.be/eZhSvSvMBgU|couper{180}

Ce que vous devriez savoir pour être moins con.