import
import
Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
import
28052023
S’atteler à une tâche, à un travail, à un projet. Ce qui conduit à s’atteler. Qu’il reste quelque chose malgré tout. S’atteler à l’écriture d’un journal, d’un carnet, laisser une trace. Ce qui est paradoxal puisque tu ne te relis jamais. Une trace pour qui alors ? Une trace dans l’invisible. Une opération magique. Peut-être. Et ensuite quand tu publies c’est que tu es déjà mort, que tout ça ne te concerne plus. Que tu n’es déjà plus celui qui écrit ces lignes. Peut-être aussi. Les hypothèses ne manquent pas. — Tu es trop tourné vers toi, penses un peu à moi. Exactement le genre de phrase que j’entends depuis toujours. Cette culpabilité qu’on voudrait que tu éprouves et par laquelle tu parviens, enfin, à bien vouloir prendre conscience du monde. A daigner prendre conscience de l’autre comme monde Le monde se résumant à moi que tu ne regardes pas n’a jamais été le monde, Peut-être parce que l’on a commis cette erreur une fois et qu’on ne s’en est jamais totalement remis. mais comment l’expliquer et pourquoi. As-tu encore envie de dépenser une énergie quelconque à vouloir expliquer quoi que e soit ? Aucune envie justement. Ça n’en vaut pas la peine. C’est idiot cette expression, mais c’est à peu près ça, une peine dépensée à vide, pour rien. Fut un temps où tu ne ménageas pas ta peine. Puis ce fut ridicule de peiner ainsi à vide. Totalement ridicule. Regarder froidement les faits. Le fait de ne pas assumer pleinement une solitude. De faire chier le monde parce qu’on se sent seul abandonné. Le fait de se coller à l'autre comme si c'était une bouée, qu'on se sente naufragé. C’est toujours la même histoire. Ne pas vouloir crever. On ne peut pas en vouloir aux gens pour ça, c’est humain. Etre humain excuserait à peu près tout. C’est toi qui es bizarre souviens t’en. Pour eux tu es une bizarrerie. Tu te fous de tout et de toi-même. Quelque chose ne tourne pas rond. Être ou ne pas être du coté de la vie, de ce qu’ils appellent la vie. — oui je veux pouvoir m’acheter du parfum, aller chez le coiffeur, partir en vacances, aller au restaurant … Ça peut se comprendre. L’écart peut se mesurer. Tout laisser derrière soi encore une fois et partir. Ce refrain qui revient encore et encore. Tu ne sais que fuir m’a t’on dit avec chagrin. Rejouer encore une fois sa vie aux dés. Quand je vois toutes les lâchetés dont on est capable pour maintenir un certain niveau de confort ou de paix tout simplement. Une obéissance insupportable - qu’on ne peut plus supporter du tout - intolérable- à un ordre des choses. Peut-être que je serais d’accord pour qu’on m’enferme. Qu’on m’isole, qu’on me jette aux ordures comme une pomme pourrie pour ne pas contaminer toutes les autres pommes du panier. Et tous ces imbéciles en transe avec leur confiance en soi jetteraient la clef de la cellule. Aucune envie de vengeance cependant pour m’aider à tenir de longues années dans les souterrains d’un château. Mais la nuit bien sur que je m’exercerais en douce à traverser les murs. On ne peut faire autrement que de recréer sans cesse le monde. Même si on ne le veut pas, si on tente de s’y opposer, le refus créer encore quelque chose de proche de la même idée. Un gant retourné c'est toujours un gant.|couper{180}
import
27052023
Écrire la date ainsi ressemble à l'inscription d' un tatouage. Il n'y a qu'une seule journée qui porte ce tatouage. Chaque journée tatouée pourrait ainsi l'être, même les plus insignifiantes. Un matricule de la journée. Une succession de matricules pour faire une semaine, un mois, une année, une vie. Dans quelle mesure l'imagination joue t'elle un rôle sur la perception de ces journées. Des phrases me reviennent. Celles où il est dit qu'on se ferait des idées, que l'on verrait les choses en noir. Celles aussi où serait évoqué le pire. Il pourrait y avoir pire. Ce pourrait être bien pire. Réjouissons nous que ce ne soit pas encore pire. Ces phrases que l'on dit pour que l'autre revienne au bercail, revienne à des pensées moins toxiques, à je ne sais quelle vie normale. En général ça fonctionne. Un peu d'humour par là-dessus, ça peut le faire. Contre mauvaise fortune, bon cœur. Sauf quand ça ne le fait pas. Quand on se sent pris au piège. Qu'on aurait envie de hurler. Que l'on préfère se terrer plutôt que d'avoir à parler, à expliquer, à disserter. Quand les êtres que l'on a l'habitude de nommer nos proches sont à des années-lumière de ce qui se joue vraiment dans notre intériorité. Et toujours aussi cette honte tenace bien sur de ne pas savoir être heureux avec ce que l'on a. De ne pas savoir s'y contraindre. De ne pas savoir rendre l'autre heureux. Comme s'il s'agissait d'un contrat tacite. Nous devrions nous rendre heureux, ce serait la moindre des choses. Et la fermeture soudaine de l'un envers l'autre quand ce contrat pour une raison ou une autre est rompu. Il faut toujours trouver la raison. L'inventer au besoin. L'affrontement rend créatif. Sauf quand cet affrontement n'est pas possible, car il coute trop d'énergie, une énergie qui n'est plus disponible. —La déprime normalement ça vient en septembre. Tu ne vas pas te mettre aussi à te déprimer au printemps. Il y a dans ses mots une crainte bien sûr, une inquiétude. Comme si on n'avait pas déjà suffisamment d'empêchements comme ça pour que tu en rajoutes. Normalement je fais face, normalement. Mais ce mot, normalement , me semble être du chinois ces derniers jours. J'ai agi normalement toute ma vie. On me file des coups je tends l'autre joue. Enfin pas toujours, mais assez régulièrement je me plie à la coutume. Normalement c'est comme ça que ça fonctionne. Normalement, c'est bien là le jeu. Sauf que là non, pas envie de jouer. On a bien le droit de ne pas jouer de temps en temps, de s'extraire du jeu, de botter en touche. Est-ce trop demander ? ça parait tellement insupportable et surtout tu te rends compte j'espère, au printemps. Que devrions-nous choisir d'écrire dans un journal qui puisse être lu ensuite sans dommage. Que devrions-nous dissimuler dans l'idée, l'espoir la crainte d'être un jour lu. Cette peur que l'autre découvre à quel point nous lui sommes parfois étranger. Il est possible de l'écrire bien sur pour soi, pour se souvenir à quel point parfois on peut se sentir étranger à tout et à chacun. Avons nous tant besoin de le noter pour nous en souvenir. N'est-ce pas plutôt de l'ordre du testamentaire. Je ne me suis jamais remis de la découverte des camps, à l'âge de 10 ans. Cela aura toujours paru tellement absurde. Comment le monde pouvait-il prétendre être joyeux après cela ? Comme pouvions nous oublier soit disant parce qu'il faut vivre. C'est que l'on a fait bien sûr, on a oublié autant qu'on le pouvait je crois. Jusqu'à ce que ça nous revienne soudain dans les relents lourds du jasmin, dans l'insignifiance des spots publicitaires, dans les paroles insipides des politiciens, dans l'horreur de s'apercevoir face à une banalisation des crimes, des scandales, des guerres ; dans les lettres de relance des créanciers. Dans l'abjection qui ne parvient plus à faire bonne figure. L'a t'elle jamais vraiment fait d'ailleurs ou bien évitions nous de la voir telle qu'elle est toujours ? Cette obsession de toujours vouloir relativiser l'horreur, l'ailleurs, repousser tout ça au loin. —Tu exagères, tu ne peux pas prendre sur toi tous les malheurs du monde. Tu devrais ne t'occuper que de tes affaires, te boucher le nez les oreilles, les yeux. —Oui c'est vrai, c'est comme ça que l'on vit normalement. Sauf certains jours où la coupe est pleine, qu'elle déborde, que l''on ne parvient plus à stopper l'hémorragie. Mais n'aies pas trop d'inquiétude, je suis bien aussi lâche que n'importe qui d'autre. Sans doute plus. Ne t'inquiète pas trop. Demain, je penserai à autre chose bien sur. Demain j'aurais oublié. Demain il fera beau, j'arriverais à oublier tout cela, et peut-être à chantonner en découpant les oignons pourquoi pas. Je pleurerai en épluchant les oignons et ce sera tout à fait normal, les choses seront rentrées dans l'ordre.|couper{180}
import
Parler
Une poésie qui parle ou qui ne parle pas La poésie qui leur parle ou pas Il y a des poésies qui ne me disent rien Cela ne me dit rien Il faudra un jour qu’on en parle Et bien justement parlons-en Ils parlent derrière son dos Ils parlent à voix basse Ils parlent à tort et à travers Ils parlent de tout et de rien Ils lui ont mal parlé Une parole maladroite Il parle pour ne rien dire Il veut avoir le dernier mot Ses dernières paroles C’est un homme de parole Il n’a que de la gueule Il n’est qu’un mot En un mot comme en dix Ils lui dirent ses quatre vérités Il ne pipa plus mot Parle moi d’amour Le parler comme le manger Il mangeait ses propres mots Il parle dans sa barbe Tu parles Charles Donner sa parole Serrer les dents Ravaler ses mots Revenir sur une parole Manquer à sa parole Parler de la pluie et du beau temps La parole est un instrument de domination Le dernier qui parle a gagné Avoir le dernier mot Mais si seulement ils pouvaient se taire Ils se turent, leur parole tomba dans la nuit Les Saint-Jean bouche d'or ou Chrysostome Parler et écouter, entendre. Mieux vaut être sourd que de ne rien entendre. Assez parlé, chantons Le déversement de la parole Le fil ténu de ses paroles Tu peux toujours parler Parle à mon cul ma tête est malade Ils ne savaient quoi dire , ils ne se parlaient pas. Ils restaient muets. Il n'y avait pas de mur. Ils ne se renvoyaient pas la balle. Ils n'éprouvèrent pas le besoin de parler Elle parle lentement, elle le fait exprès, elle en profite. Tant qu'elle parle on ne pourra rien faire. Mais elle devrait parler plus vite, un peu plus vite. Le fait qu'elle s'applique à la lenteur pour parler devient suspect. Elle domine par la parole, par la lenteur de sa parole. On est dans l'attente ainsi de ce qu'elle veut dire. Mais elle ne veut rien dire, elle veut juste prendre la parole. C'est une torture de l'écouter parler. Parfois il est préférable de prendre ses jambes à son cou plutôt que de se laisser envahir, impuissant, par sa parole. Il lui donne des coups, elle lui assène des mots. Le gamin compte les points. Une parole incohérente une parole solitaire un monologue une parole vide des paroles stériles une parole féconde, la parole est d'argent le silence est d'or, joindre l'acte à la parole, des paroles mensongères, marcher sa parole, il tiendra parole, il déversera un flot de paroles, une histoire sans parole. Ce n'est pas parce que l'on parle qu'on a quelque chose à dire. On en parlera à un autre moment. On n'en parla jamais. Il aurait aimé pouvoir lui parler avant qu'il disparaisse. Il regretta ses paroles. De quoi allons-nous donc encore parler C’était un véritable moulin à paroles Il avait son franc-parler Tu parles. La parole est à la défense Des paroles vivres Des lettres mortes Il n’a qu’une parole Cause toujours Une parole incessante Il a parlé Ils ont parlé Il leur a coupé la parole Les écrits restent les paroles s’envolent Des pourparlers De sobres paroles Des paroles inaudibles Le vent emporte ses paroles Lettre morte parole vive Ils n’ont pas voix au chapitre Ils ne manquent pas d’air Ils parlent pour ne rien dire Le patriarche a parlé Désirez vous ajouter quelque chose ? On en reparlera Elle veut qu'ils se parlent, qu'il lui parle. Si on se parle ça va mieux. elle ne supporte pas le silence. Alors il parle de choses futiles, du temps qu'il fait, de choses insignifiantes, l'important est de parler pas d'avoir quelque chose à dire. Au bout d'un certain temps la parole ainsi fut pire que du silence. Ils ne s'entendent plus.|couper{180}
import
Suivez le guide
Prends une phrase, n’importe laquelle, celle-ci par exemple. Puis vois où elle te mène, c’est à dire à celle-là.|couper{180}
import
Mort face au chaos
Je place tous mes espoirs dans cette nouvelle toile, et bien sur je perds le fil, le labyrinthe me désarme. A gauche ou à droite , je tâtonne, je me perds de plus en plus loin. Le lendemain je me tiens devant la toile je ne vois rien. Je plisse les yeux je ne vois rien. Rien ne tient Aucune joie, aucun plaisir A gauche à droite je tâtonne, j’efface et je reprends Rien ne va J’abandonne tout espoir tout plaisir toute joie Je suis mort face au chaos Assis sur ma chaise Immobile J’ai mal au cul Ça me réveille Je rigole Comme un idiot La chatte fait sa toilette Sur la table de l’atelier Au mur la pendule est arrêtée Sur 10h10 Depuis des années|couper{180}
import
Des phrases à la queue leu leu
Tout va bien, puis il y a un couac, rien ne va plus. La cigogne se posa et le poids du volatile, ajouté à celui du nid, le toit de la baraque s’effondra. La choucroute représente encore une énigme, commencer par le chou ou la charcuterie, ce dilemme est idiot mais j’y tiens. De toutes façons impossible de faire la différence entre le Gewurtz et le Riesling, et puis zut à la fin je préfère la bière. De deux choses la troisième me séduira toujours un petit peu plus. Agrandir, grossir à loisir l’anfractuosité d’un mur, puis s’y glisser, un jeu d’enfant. La relation que l’on établit avec un nuage n’est pas à prendre à la légère. Car même changeant même si un nuage ne cesse jamais de se métamorphoser, ce qui opère à l’intérieur d’y celui ce changement est stable comme le roc. J’ai souvent joué à chat avec ce nuage à tête de chien. Autrefois je ne levais pas les yeux au ciel par dépit comme aujourd’hui. On peut parfois sentir le blé en herbe à l’intérieur des os et qui remue doucement au passage des vents L’intérieur d’un os est comme l’extérieur du monde, à très peu de chose près. Sans vase pas de lotus Pas de golem sans boue Pas de réalité sans rêve Pas de trois sans un et deux. La danse est un moyen du corps de protester contre la domination de la tête. La nuit il danse. Il met n’importe quelle musique qui lui tombe sous la main sur son mange-disque et il danse Mal. Très mal. Mais aucune importance, il est seul, il ne peut écraser les pieds de quelqu’un d’autre Il s’en donne à cœur joie. Renouer par la danse avec le mouvement naturel du sang dans les veines les artères la liquidité Se liquider par la danse Ou bien fendre en quatre quelques bûches avec une cognée Le manche et la cognée, un couple toujours d’actualité Ça peut vous boucher un coin en un rien de temps En plein hiver suer sang et eau, ahaner, en mettre un bon coup Puis se retrouver comme un con du dos coincé. Immobilisé au milieu de nulle part La neige autour Les loups sortent du bois Et ne rien pouvoir faire Que devenir arbre mort Une infinie patience Se résoudre en une infinie patience. Rejoindre l’intérieur de ses propres os Les os et leurs eaux La substantifique moelle Ne s’étale pas sur l’invisible tranche Le pot au feu Les bas morceaux La moutarde renaît fleur Et crée le dégel Le dos reprend sa forme, réinvente ses vertèbres Les articulations s’articulent comme par enchantement Les loups doucement refluent dans le sous-bois Le sous bois expire aspire le loup Le loup est l’air de nos forets Comme la biche celui des vieilles lunes Exhalaisons des buées de l’imaginaire Encore une stère de bois devant soi quel bonheur Affronter les intempéries, faire face, puis danser joue contre joue S’écrouler ensuite comme la montagne en éboulis Achever sa course sur la plage se livrer à la marée Devenir nuage à tête de chien En bas il y a un enfant qui joue à chat|couper{180}
import
26052023
Ils ne voient pas les pièces d’or, ils se souviennent de celles appartenant à d’autres, qui eux-mêmes ne les voyaient déjà pas. L’or est un rêve. Il regarde la pièce dans la paume de la main. Il ne voit pas la pièce mais l’un de ses doubles, l’un de ses fantômes. Les mêmes fantômes de pièces d’or qui sillonnent les terres imaginaires de nos mondes intérieurs. Le poids de la pièce d’or parvenant sur sa paume est infime au regard du poids des songes qui occupa son esprit durant la traversée. La richesse est un rêve à portée de main parait-il. Mais l’autre dit que la main n’a pas grand chose à voir dans cette affaire, hormis pour perpétrer massacres et tueries Que le Congo est d’abord un fleuve avant d’être un pays. Il se tient devant la devanture de la boulangerie attiré par les pâtisseries Des éclairs au chocolat luisant, des Paris-Brest bourrés de crème beurrée Passe en arrière plan un corbillard tout noir Dans la bouche le goût de mort évacue celui du sucre. Dans la librairie sous cellophane les magazines tentant le chaland Parution mensuelle, bis-mensuelle, hebdomadaires, bis-semestrielle Avec des bonus, des CD, des DVD, des Décalcomanies, des pin’s. Se concentrer sur le timbre-poste qu’on est venu ici acheter Ne pas s’égarer, résister, dans la queue pas à pas ne pas flancher. L’irréel du beau temps de plus en plus visible. Le beau temps ne peut plus dissimuler cet aspect De l’irréalité Du coup le mauvais temps en devient presque rassurant Du coup de gong explosant dans la pièce l’écho persiste encore au delà des murs Au delà de la ville Au delà des années Il ne fut pas nonchalamment donné ce coup de gong Il fut de maître libérant ses esclaves. Dans Lausanne il y a des bas et des hauts puis le lac Ou bien Il y a d’abord le lac puis la ville est des bas et des hauts. Dans quel ordre se décrit-on le désordre qui nous parvient Quel ordre créons-nous pour que notre désordre soit compréhensible À nous-mêmes Aux autres Par la fenêtre de la cuisine la chatte vaque, elle va et vient libre Et je m’inquiète. J’ai du mal à m’y faire Puis je m’y fais, ou j’apprends à faire avec l’inquiétude Vivre avec cette inquiétude Surmonter l’inquiétude Ou se laisser dominer par celle-ci viscéralement inquiet Comme un bourdon incessant du foie et des tripes, les nerfs à vif, la rate au court-bouillon, l'intestin et son destin, le ciboulot toujours au boulot. L’odeur du jasmin est comme le poids de l’or dans la main Fugace Rien vraiment ne nous appartient. Pourquoi ne pas s’en réjouir Et honorer nos morts Qui tout à fait comme nous pensons l'être furent jadis, autrefois, naguère, des vivants Lu quelques pages de Conte de fée de Stephen King, rondement mené. Simple à lire trompe l’insomnie. Derrière l’apparence simple du travail, beaucoup. Populaire ne signifie pas indigent, enfin pas encore tout à fait. Et il y a a apprendre partout, ce pourrait être une devise. Il est tout aussi intéressant de lire King que Michon ou Echenoz ou encore Harrison, sans que je ne puisse dire clairement pourquoi je trouve cela intéressant vraiment. Tout ce qui est écrit semble digne d’intérêt. Ce que l’on en attend ou plutôt n’attend plus peut-être un indice de cet intérêt ou de cette curiosité. Observer la machinerie, les rouages, le chant des sirènes, se laisser emporter juste ce qu’il faut pour se dire —tiens je me laisse emporter, comment donc est-ce possible. Lire plusieurs ouvrages en parallèle permet de prendre une distance avec tous, et ce quelque soit l’intérêt qu’on y puisse trouver à chacun. L’intérêt nous regarde en chien de faïence. On ne lit pas par sympathie tel ou tel auteur. On ne lit plus ainsi. On lit pour ce qui est écrit sur la page blanche, on chasse le reflet, on parvient parfois à le débusquer. On le débusquera tôt ou tard. Le rare reflet comme le grand cerf mythique, celui qui désarçonne et rend fou, par exemple Moby Dick. On n'en est plus à lancer des harpons, à vouloir s’y accrocher, à visiter les profondeurs, à vouloir se mesurer en perdant toute mesure. Lire tranquillement une phrase après l’autre. Considérer l’autonomie de chaque phrase, perdre au fur et à mesure l’idée d’une continuité fictive. C’est lire différemment. C’est lire comme si on écrivait.|couper{180}
import
Encore de la glisse dans les images
un petit peu tous les jours et on verra à la fin. Installation de la fibre, percement du mur extérieur, longue mèche Traversée de la paroi Percez et vous verrez Un serpent sort des murs pour se rendre chez les voisins Technicien et proprio éberlués Petite tête long corps, couleuvre Élégant reptile Faut-il y voir un signe, pas facile. Que penser de Grigori Grabovoï Ce savant russe, mathématicien qui promet de ressusciter les morts En visualisant des séries de chiffres. Pour changer la réalité. Évidemment un ouragan de critiques s’abat sur l’homme On le traite de menteur, de faussaire de gourou Il faut dire qu’il fait payer cher ses services 40000 roubles pour réssusciter un enfant Pas donné Et rien de certain En plus. Neuf ans de prison puis libéré pour bonne conduite Et la petite entreprise prospère. Sur le net. Bien mais imaginons que nous soyons des programmes informatiques, dans un simulacron géant Il serait logique qu’une série de chiffre qu’on répèterait comme un mantra Nous change favorablement la vie. Quel est le chiffre pour se débarrasser à tout jamais de l’URSSAF celui pour plus de beurre dans les épinards J’aimerais tellement les prononcer en boucle Assis sur un tapis à clous. Quel est le chiffre pour voir la réalité vraie Oh non pas celui là, on risque de ne voir que des câbles des tuyaux des fils cousus de blanc La belle endormie est donc seulement un robot ? Heureusement le vin est le vin Pas le vingt du mois où l'on tire la langue Le vin divin.|couper{180}
import
Récalcitrant
Peut-être un mot associé encore à messie. Le messie récalcitrant. Un livre de Richard Bach l'auteur de Jonathan Livingstone le goéland. Que j'associe à des souvenirs du merveilleux voyage de Nils Holgersson de Selma Lagerlöf. Etre récalcitrant. Etre récalcitrant de nature. Il ne pouvait s'empêcher d'être récalcitrant. C'est plus fort que lui. La croyance dans le fait qu'être récalcitrant conduit à quelque chose dont on ne sait jamais rien d'avance. Le pire ou le meilleur peu importe. Etre récalcitrant pour s'opposer à une pente, à une destinée toute faite. Etre récalcitrant vis à vis de tout consensus. Récalcitrant face aux paroles creuses, aux pensées prémâchées, envers toute idéologie, tout dogme, toute vérité énoncée assénée, être récalcitrant en disant les quatre vérités à qui veut en n'imposer qu'une. Le plaisir d'être récalcitrant pour l'être en oubliant tout des raisons qui nous aurons conduit à le devenir. Etre récalcitrant comme certains sont par nature bon enfant, affables, urbains. Un havre de paix, une ile, une bulle. Etre récalcitrant quelque que soit ce qui va se présenter à l'horizon. Une seconde nature. Laquelle serait la première dans ce cas ? Illustration peinture d'une élève parfois récalcitrante.|couper{180}
import
Point de vue
Je vois Il voit voyons voir Le pronom et le temps comme point de vue. La conjugaison délimite une profondeur de champs Je vois des arbres qui demain ne seront plus. J’ai connu un homme que j’ai longtemps appelé papa, il est mort en 2011. Je n’ai que très peu connu cet homme que j’appelle encore papa silencieusement. Depuis la fenêtre de la chambre l’enfant peut voir les collines sombres barrant l’horizon. Elles continuent encore aujourd’hui à barrer l’horizon ces collines. Au crépuscule il enjambe le muret au fond du jardin, traverse le grand champs, parvient à la ferme et tend son pot au lait pour que la femme du paysans le remplisse. Il y a un cerisier maigrichon. Pres du poulailler il y a un arbre maigrichon, c’est un cerisier qui produit des fruits acides. Dans une description trouver le mot juste est plus important que d’aligner des mots qui ne veulent pas dire grand chose. Un cerisier maigrichon. Un gamin maigrichon. Quelque chose qu’on voudrait dire en l’atténuant. Un cerisier maigre ? Un cerisier chétif ? Un cerisier étique ? Malingre ? Décharné ? Une fois il mettra le feu au poulailler, c’était le genre de bêtise à sa mesure. Une fois il avait mis le feu au poulailler, c’est le genre de bêtise qui le caractérise en quelques mots. Un jour il mettra le feu au poulailler, il fera cette bêtise. Le goût de l’oseille réveille les papilles tout comme le goût des cerises acides. L’acidité dont il a besoin. L’acide contre l’alcalin. Le calcaire contre l’acide. Le salpêtre qu’il recueille sur les vieux murs dans des expériences de chimie en vue de la fabrication de nitroglycérine. Le goût du salpêtre sur la langue n’est pas le même que celui du haricot vert qu’on croque à belles dents. Faire rouler un petit pois entre la langue et le palais. Croquer dans un petit pois, goûter à la fraîcheur d’un petit pois qui explose en bouche. La tentation de l’omniscience, la facilité qu’elle propose et le doute où elle conduit. Une vision kaléidoscopique crée par la multiplicité des points de vue, le rythme des textes, la longueur des phrases, les dialogues qui s’enchevêtrent. Si l’on multiplie les points de vue, donc les personnages il est possible de créer un prisme doté de multiples facettes. Doté, qui hérite en vue d’un mariage, qui fait honneur à l’image que désire renvoyer au monde une famille. Il est possible de créer un prisme par la multiplicité des pronoms et des temps. L’histoire est la restitution de ces multiples points de vue à l’intérieur d’une durée. L’intérêt d’une histoire réside dans l’interaction entre chaque point de vue et la durée de cette interaction. L’intérêt d’une histoire réside dans une durée au cours de laquelle interagissent des personnages qui ont chacun leur point de vue. Dans quelle mesure la nouvelle est-elle préférable au roman, et est-ce une affaire de préférence. Dans quel ordre se poser ces questions A t’il une préférence pour écrire nouvelle ou roman ? Ciseler une nouvelle Se répandre dans un roman En quoi écrire une nouvelle agit-il sur une recherche morale, en quoi un roman s’en égare t’il ? Tenir une place, tenir un point de vue, tenir une colline. Tenir dans une durée.|couper{180}
import
25052023
le progrès technologique se substitue au progrès moral par le biais de la croyance en un système , c'est l'erreur de Rousseau et de tous les théoriciens qui suivent. Mettons en place un système qui palliera la défaillance. Le politique ne peut pas pallier la morale au sens où il n'y a de morale véritable qu'individuelle. Que le progrès moral est sans cesse à redéfinir pour et par chaque nouvel individu qui naît. Ce que l'on nomme morale vis à vis d'un groupe n'est qu'un ensemble de règles, ou une tradition qu'on suit parce que c'est plus simple de la suivre que de s'y opposer. Est-ce que ce que je viens d’écrire m’appartient, où bien n’est-ce qu’une idée attrapée dans l’air du temps. Il est toujours difficile de discerner l’origine de nos pensées, pour autant qu’on s’intéresse à cette origine. Reprise de la lecture de Bergounioux, son carnet de la décennie 80-90 et stupéfait de voir à quel point je m’y retrouve, le style est différent, les préoccupations concernant entomologie et géologie sont parfois éloignées encore que j’avais bien mes lubies aussi. C’est plutôt une affaire de ton, le ton d’une époque. Pas étonné qu’il lise Jürger. Dans les années 80 beaucoup semblent avoir lu Jünger. Il faudrait vérifier s’il n’y a pas une réédition du traité du rebelle pile au moment des élections. Dans quelle mesure un homme qui écrit un journal ne se laisse t’il pas prendre à son propre piège. C’est à dire devient son personnage. Ne vit que pour ce personnage. Et aussi parfois l’impossibilité de cacher une grande naïveté ou candeur entre les lignes. « Une trentaine de pages à ce cahier. Que restera-t-il dans dix ans, dans vingt ans, si je suis encore là, de ces heures dont j’essaie de fixer la teneur ? Déjà ne subsiste plus, pour certaines, que la mention que j’en ai faite. Quinze jours, et la main de l’oubli a passé. Mais ce pâle témoignage est encore préférable à l’abîme qui nous talonne. » Extrait de Carnet de notes, 1980-1990 Bergounioux, Pierre l'âge et peut-être un léger progrès moral font que ces mots réactualisent, quelques instants, des préoccupations anciennes, désormais vidées de leur ancienne importance. Une brève nostalgie, mais pas de regret. Entendu qu’au Mexique- parait-il, il existe des joutes d'écriture, semblables à des tournois de catch. Les protagonistes sont masqués et leur prose est projetée sur écran géant. Plus spectaculaire qu'un blog. Écrire dans le vide, écrire à vide. Avide d’écrire et de lire, encore oui. Mais je ne crois plus à ces histoires de postérité , je n’en ai plus besoin, ni même à la publication d’un livre comme objectif ou carotte pour écrire. Dans quelle mesure la phrase juste au dessus de celle-ci dit-elle la vérité ? Le retour à un journal est tentant. Tenir son journal au jour le jour ou régulièrement, et y noter tous les petits faits du quotidien qui ont attiré l’attention. Mais dans quel but encore sinon pour se relire à un moment ou l’autre, se souvenir, ou vérifier éventuellement des faits dont nous ne sommes plus vraiment certains avec le temps. Un journal peut-être utile en cas de début d’Alzheimer. Si toutefois on se souvient que c’est soi qui l’a écrit, que ce n’est pas un roman. Le progrès moral consiste à réduire bien des croyances, comme autant d’ objets, et probablement d’êtres imaginaires, de choses vagues qui autrefois furent qualifiées d’essentielles, d’indispensables et qui ne le sont plus. Le progrès moral est directement en lien avec un progrès de l’imagination. Une imagination plus claire ? A moins qu’il ne soit la quintessence d’un parcours d’assassin. Hier soir entre deux ateliers j'ouvre la fenêtre de la salle et je plonge le regard dans les tilleuls du jardin d'en face. Plonger le regard comme pour le nettoyer. Une certaine luminosité de la pierre du mur, dans l'ombre des feuillages, ces verts sombres à coté des tendres éclairés par la la lumière de la fin de journée, un petit bouleversement. Petit parce que pas le temps de m'y installer qu'un élève entre dans les lieux. Mais instinctivement j'ai pris une photographie. Tout à fait le genre de petit bouleversement qu'on peut noter dans les pages d'un journal le lendemain.|couper{180}