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vivons nous dans une simulation ?
Le theme de la simulation est exploré par l'artiste Jeremy Geddes dans ses œuvres photographiques De quelle époque date l’idée que nous puissions vivre dans une simulation ? On pourrait penser que cette idée est récente, aux alentours des années 2000, avec les hypothèses développées par le philosophe Nick Bostrom. Mais cette vision est peut-être une sorte de recyclage opportuniste, lié à la technologie informatique, au progrès des machines, aux prémisses de l’intelligence artificielle. L’idée que la réalité soit une illusion remonte à l’origine de l’humanité. Chez les hindous il existe en sanskrit le terme de Maya pour nommer la réalité matérielle illusoire qui nous entoure. René Descartes au 17eme siècle et Georges Berkeley au 18 ème ont également explorer cette hypothèse en leur temps, non pas qu’il s’agisse directement du terme de simulation mais plutôt un questionnement sur la nature de la réalité, et les limites de notre perception de celle-ci en imaginant une méthode d’investigation, le doute méthodique. Pour George Berkeley (1685-1753) la réalité est subjective, elle n’existe que dans notre esprit, on n’est pas loin de l’idée de simulation, c’est l’idéalisme subjectif. La notion de simulation informatique, dans laquelle nous baignons aujourd’hui, notamment grâce aux bonds prodigieux du développement des jeux vidéo, nous fait imaginer celle-ci sous un angle technologique. Mais cette idée d’illusion date de la naissance de l’humanité, elle n'a jamais cessé de l'accompagner. Quand nos ancêtres s’enfoncent au plus profond des grottes obscures pour aller dessiner des animaux, c’est pour perpétuer l’idée d’une création incessante qui provient des entrailles de la terre. Dans le mythe cosmogonique Hopi mais aussi dans de nombreuses ethnies sur la planète l’idée que l’être humain, ainsi que tous les animaux sont issus des entrailles de la terre est sans doute le mythe cosmogonique encore dominant dans toute l’histoire de l’homme. De même qu’à cette époque la Terre est souvent mâle et le ciel femelle, c'est-à-dire l’inverse de ce que nous avons coutume d’imaginer désormais. L’idée de dessiner, de créer, à seule fin d’entretenir une continuité du mouvement créatif global me plait bien, sonne juste, comme unique but, ou raison quand je regarde les parois de la grotte Chauvet ou le geste inscrit dans l'espace de la toile chez Fabienne Verdier, voire n'importe quel peintre, même débutant. Je veux dire que le talent n'entre pas en ligne de compte dans cette affaire, ça regarde le gout d'une époque, l'air du temps, les sommes d'argents que l'on échange pour acquérir beauté, puissance, renommée, pouvoir, n'entrent pas en ligne de compte. Seul le mouvement créatif depuis la première main sur laquelle on souffle de la poussière d'ocre ou de charbon, cette main posée sur une paroi jusqu'à la meilleure réalisation en 3 D de nos jours me subjugue. C'est cet ensemble, pas une individualité. Et si, désormais, on imagine qu’une civilisation extraterrestre puisse avoir crée cette simulation dans laquelle nous sommes, elle participe tout autant à cet ensemble, elle l'agrandit d'autant. Quel vertige d'imaginer s'étendre aux confins de l'univers, ce foisonnement de fantasmes, d’idées, de rêves ou de cauchemars aliens se mélangeant à notre humanité ... D'un seul coup me vient cette vision que toute créativité se sert de ses créatures pour s’auto entretenir à travers mille média mille supports nous humains, ou extraterrestres potentiels compris. Ce qui est merveilleux c'est de pouvoir admirer cette créativité qui ne s’arrête jamais, qui crée des univers parallèles, des réseaux des couloirs, des tissus, des étoffes bariolés tout en tricotant et détricotant sans relâche son support, repoussant même selon mon intuition ses limites. Mais pas vraiment d'admiration sur toute notion utilitariste. Peu ébloui en somme par le fait que nous humains ou extraterrestres puissions l’employer à quelque fin que ce soit. L’illusion à mon avis est dans le malentendu, la déformation de nos pensées par toute idée de profit, d'intérêt . On ne cesse de penser que quelqu’un ou quelque chose puisse tirer profit de la créativité alors que nous sommes tous à son service, que ses buts dépassent notre compréhension. Et si c'était simplement une enfant, si la créativité n'était qu'un jeu d'enfant sans autre but que celui de s'amuser. Encore faudrait-il faire cet effort d'aller explorer ce qu'est pour nous un amusement, et son contraire le sérieux que nous nous targuons de placer en avant de tout vrai travail ... Maintenant admettons que nous vivions vraiment dans une simulation crée par des entités extraterrestres, des divinités ou je ne sais quoi, admettons-le. Quel serait le but de cette simulation ? Sommes-nous des Sims s' agitant dans la game-boy d’un adolescent alien boutonneux ? Faisons-nous partie d’un spectacle télévisuel diffusé dans une galaxie voisine, chaque soir après le JT de 20h heure locale ? Sommes-nous des rats étudiés dans un laboratoire céleste ? Sommes-nous une expérience ? Une réserve indigène à l’instar de celles protégées d' aborigènes en Australie, ou en Amazonie, Sommes-nous une arche de Noé qui prend l’eau ? Quelque soit ce que nous sommes dans cette simulation nous servons à quelque chose, nous sommes utiles à quelque chose, même si c’est seulement ludique, peu noble, de la variété pour le populo , que ce soit divertissant ou utilitaire, seule notre fierté, notre vanité sera susceptible d'en être vexée, ce qui n'est pas si grave. L’ennui serait que nous ayons été conçus par des intelligences supérieures disparues à jamais depuis des milliers de kalpas, que le sens, les raisons de notre création, de notre existence soient pour toujours oubliés perdus , que nous existions à vide dans le vide intersidéral. Jusqu'au moment où la créativité voudra bien nous amener à nous inventer un sens qui tienne la route. Mais n’est-ce pas là le pire cauchemar de l’individu dit moderne voire aussi de n'importe quel alien singleton qui , comme bon nombre d'entre nous vit dans l'illusion de s’imaginer seul au monde ? La simulation, l’illusion, est certainement bien plus logée dans ce fantasme de solitude que nulle part ailleurs.|couper{180}
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menues choses à régler avant de partir
Pour partir le coeur léger. Pour en finir avec le regret. Pour laisser propre, si possible, derrière soi. A l' impossible nul n'est tenu. Ceux qui n'ont rien compris, on ne leur en voudra pas. On ne s'est pas compris soi-même. Il n'y a peut-être rien à comprendre. La tête ailleurs, tête de cochon ou tête de lard, l'entêtement et l'endettement, l'abus de croyance, les excès de crédits comme de méfiance, tous les excès pour mesurer la dose exacte, sans oublier l'obsession du manque. Le manque d'entrain, le manque de rigueur, le manque à gagner, les occasions manquées, celles surtout de la boucler, la bouche en cœur, le manque de souplesse, de fermeté, le manque d'appétit, le manque de retenue, les heures de colle, les idées noires, les nuits blanches, les petits matins blêmes, les difficultés persistantes, le manque d'argent, le manque de temps, le manque de confiance, le manque d'humilité, le manque d'imagination, le manque de repartie, le manque d' argument, le moule à manque, le manquement à la règle, les réussites et les défaites, les petites combines à deux balles, le plomb dans la cervelle, les mensonges, les omissions, les péchés, les bonnes poires, la queue de cerise dérobée, la pomme croquée, la banane épluchée, les pépins du raisin, l'absurdité des raisons, le ver dans la prune, la ficelle du poulet rôti, la peau des andouilles, la peau du lapin, la papatte du chien, la langue pendante, les pieds sur les deux freins, le pied sur le champignon, toujours le sempiternel refrain, le geste auguste du semeur, le bras d'honneur, le noeud gordien, le foin pour lequel on fait l'âne, le couteau trouvé par la poule, le bonheur des imbeciles, la béatitude des serins, la mélancolie des génies, la messe de minuit, Pâques au tison, un été pourri, une fleur au fusil, le manque de ténacité, l'excès de désinvolture, la cuillerée pour maman, la bouchée pour papa, le yin et le yang, les herbes aromatiques, le goût perdu, le goût retrouvé la longue cohorte des dégoûts, le soupçon de sel, le scrupule en la matière, la tête à Toto, le ventre de Paris, l'araignée au plafond, le lupin des prés, les allers et les retours, les dimanches qui n'en finissent pas, le tour de France. le petit vélo, l'éternel perdant, le second permanent, les virements bancaires, le chèque en bois, les montagnes de toc, les lundis sous la pluie, la montre plaquée, la gourmette qui brille trop, les orifices bouchés, les plaies qui suintent, la musique de supermarché, les caddies qui bouchonnent, la caissière aux lèvres gercées, le patron beat, le coup du père François, celui de Trafalgar, les 400 coups, celui de Jarnac, la botte de Nevers, le lasso de Buffalo Bill, l'herbe de bison dans la bouteille, la vodka trop chaude, le canon trempé dans une barrique de flotte, pour tuer plus et plus vite, le lieu où les Satrapes s'attrapérent, le bras perdu à la victoire de Samothrace, les bras qui tombent vu l'ampleur des dégâts, les maudits trous dans le gruyère, la dent cassée sur une porte claquée, la Fanny des boules, la glace qui fond sur le cornet puis sur les doigts, le temps qui se brouille, la mémoire qui fait défaut, la paille dans la main, la poussière dans l'œil, les poches crevées, la fausse monnaie, le retour à l'envoyeur, le chien de ma chienne, le taureau pris par les cornes, la corrida de Noël, le m'as-tu-vu du samedi soir, le fond du verre, la bouteille à moitié vide, le fond de veau, l'acidité des prunelles, la grenouille qui veut se faire aussi grosse qu'un bœuf, le grenier où elle sèche, la cave où il fait noir, la mère a quatre bras du puit, la chouette crucifiée sur la porte, l'oiseau frappé en plein vol, la dérive des incontinents, le rapprochement des faits, la preuve par neuf, la baignoire qui fuit, le robinet qui coule, le printemps qui revient, les femmes prises pour des truies par des veaux, les vessies prises pour des lanternes, le meunier qui dort, le crocodile qui veille au grain, l'hallali les jours de solde, la course à l'échalote, le pluriel des attentes interminables, le singulier de la foule, l'étrangeté des évidences, la frappe jetée par l' alignement, la propriété c'est le vol, la bêtise la mieux partagée, la raison du plus fort, les yeux qui s,injectent de sang, le carton rouge donné par l'arbitre, la joie simple des gueux, le bon sens des repus, l'affiche rouge, le pull over rouge, le petit livre rouge, les betteraves rouges, l'arrogance des minables, le parfum de l'entourloupe, le monologue incessant, la barre au t, le point sur le i, la cuisson exagérée des carottes, le point à la ligne.|couper{180}
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impressions
Paul Cézanne La sainte Victoire Ce sont les cellules du corps qui se nourrissent d'impressions comme la cervelle de pensées, le ventre de farfalles au pesto. la pensée, le ventre, la langue ne devraient pas chercher a extraire quoique ce soit de l'impression, ce ne sont pas leur domaine. la substantifique moelle de l'impression sera réservée à la cellule seule. l'usage de la métaphore comme dérivation des impressions devrait être interdite par décret, ou mieux encore, l'inscrire dans la constitution. Se sentir affamé, en manque de tout à un tel point, qu'on se rue sur la métaphore. se laisser traverser de part en part par une impression. L'observer sans y toucher, sans la tripoter. Est-ce que tu tripoterais une jolie femme qui passe devant tes yeux ? une vieille femme hideuse ? un crotale ? une fois j'ai levé la main et un billet de 200 francs s'y est collé, j'ai juste eu le temps de voir le chiffre 200 et je l'ai aussitôt fourré dans ma poche de peur que ce ne soit qu'un rêve. Mais ce n'était qu'un rêve dans le rêve évidemment. Quel bénéfice en ai-je tiré ? quelques bières, quelques kebab du côté de Chateau-Rouge, le renouvellement des épices à l'épicerie africaine sous mes fenêtres. Tout est allé au ventre. Si je n'avais pas fermé la main le billet se serait envolé de nouveau vers une autre main, l'idée d'un billet de 200 francs qui vole ainsi de main en main et que personne ne saisit, que chacun laisse s'envoler à nouveau. J'étais peut-être un maillon d'une très longue chaînes de renoncements. Moi j'ai refermé la main sur ce billet. Ai-je failli, comme on fait faillite à ce moment là ? j'ai immédiatement songé que j'avais été choisi par la Providence, bien sûr. Grossière erreur de débutant. Le beau temps n'appartient pas plus à moi qu'à personne d'autre. C'est sans doute pour ça que tout le monde dit il faut beau... pour essayer de partager cette impression qui n'appartient à personne, au lieu de dire quelque chose de concret comme : as-tu pensé à racheter des filtres à café ? Ce qui reste d'une impression lorsque celle-ci a satisfait la cellule, est une scorie que la pensée peut parfois utiliser, mais de façon inconsciente. Que l'art aussi utilisé en toute inconscience. Sachant aussi qu'au dernier niveau de la maîtrise conscience et inconscience s'inversent, que César rend tout au centuple à son peuple. j'ai l'impression qu'il va pleuvoir. Non tu n'as rien du tout, sauf des écailles devant les yeux. Il était impressionnant. C'est à dire que toutes les cellules de mon corps attachèrent leur serviette leur cou et s'emparant de leurs couverts, firent dans mon corps un tintamarre du feu de Dieu. une impression photographique, la persistance rétinienne. Appuyez donc votre menton, rapprochez-vous, regarder le,point vert, ne cillez plus. Un parfait rond violet clair, presque rose, persiste ensuite dans la pénombre du cabinet aux murs verts. FOND DE L'ŒIL. imprécise, l'impression perdure. On s'attarde ainsi plus sur les fonds, en peinture, une fois la précision des premiers plans avalés. La précision marque le gibier, le flou aide le lièvre à se fondre dans les luzernes. une impression peut se relier a une autre, faire une chaîne, un collier, mais pas un os dans le nez. une impression peut emboîter le pas d'une autre impression, mais parvenu devant le tourniquet du métro chacune doit enfiler son propre ticket pour parvenir à quai. La chair de poule n'est pas une impression, elle est seulement la manifestation de ce qui se produit dans une salle de fitness intérieure, lorsque les cellules trop gavées pédalent à en perdre haleine On ne devrait pas dire : j'ai une ou des impressions bizarres , mais plutôt : Je suis traversé en ce moment par quelque chose qui ne s'adresse pas directement à moi. Cela produirait un dédoublement désopilant du je, qui pourrait enfin lacer ses chaussures sans se briser le dos, ou martyriser un siege. Se fier à une impression, de préférence la première , est en contradiction avec ne pas se fier aux apparences, vous l'aurez sûrement remarqué. les peintres impressionnistes au bout d'une assez longue et pénible dévotion, ne m'impressionnèrent plus, et c'est justement à ce moment précis que je pus les apprécier. Paul Cézanne peignit tant de fois la Sainte-Victoire parce qu'il cherchait la nature de l'impression qu'elle lui procurait. Qu'elle procurait surtout aux cellules de ses jambes, de son dos pour pouvoir marcher et trimballer son matériel, à chaque fois, chaque jour, vers cette source de ravitaillement infinie.|couper{180}
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exercice d’écriture, le portrait rapide.
le dispositif serait le suivant : un prénom et la phrase "ce que c'est que..." plus une image inspirée aussitôt par la rencontre, un panoramique de cette image, une sorte de petit épuisement de cet arbitraire- 3 minutes pour écouter, sentir, s'entretenir avec elle ou lui, sur l'être qui porte ce prénom. Sont-ils réel ? imaginaires ? aucune importance. L'arbitraire de ce que cette situation inspire, sera écrit un peu plus tard, en une vingtaine de minutes et ne devrait faire qu'une seule page. d'après une idée de François Bon et de Rémi Checchetto. En lisant les scans envoyés par François, je découvre la bienveillance de Rémi Checchetto envers ses modèles. En effet ces portraits sont ensuite livrés à leurs modèles, mieux vaut être prudent. D'autre part ce qui est écrit ne se base que sur un aperçu lacunaire, ce sont des portraits partiels, des portraits qui ne représentent que l'arbitraire des trois minutes échangées avec la personne, dans un instant donné, et que cet instantané déclenche par la suite dans la vingtaine de minutes d'écriture. Le mode bienveillant. Se mettre en mode bienveillant. Basculer, sombrer, s'élever dans ce mode, en étant plutôt bienveillant. Une préférence pour la bienveillance. Bon enfant. Pas envers la personne finalement, mais avec la notion d'arbitraire. Accueillir l'arbitraire l'esprit ouvert. Rester comme à distance de ce qui vient se recueillir, s'écrire, puis s'en aller. Ce que l'on va choisir d'écrire ne devrait porter préjudice à personne, notamment pas à soi-même. Dans ce soi devenant creuset de cet arbitraire. Un exercice de tournure d'esprit bien plus qu'un simple exercice d'écriture. S'agit pas non plus d'être lénifiant. Comme en peinture il serait bien utile de trouver le ton, ou en musique l'accord qui sonne juste. On pourrait utiliser cet exercice comme outil de récapitulation chamanique. Remonter à certains noeuds dans lesquels une énergie est restée bloquée, colère, jalousie, envie, etc. Renverser les points de vue, changer de point d'assemblage. En profiter pour dénouer. P. 1980 Ce que c'est que d'avoir peur de se faire avoir, une peur à transformer en autre chose, une résistance. Vouloir être indemne, rester indemne, trouver en soi le courage de renoncer à se faire avoir. Agir à partir de ce courage, de cette peur. C'est peut-être le désir de ne pas se faire avoir par la peur d'avoir peur. Par la peur du désir de sombrer et le lieu ici soudain semble essentiel. Le lieu du combat, le lieu du sacrifice, l'autel ou le ring sur lequel se laisser envahir ou combattre la peur. L'ici contre l'ailleurs, la lumière contre l'ombre, la chaleur contre le froid, le soleil contre la nuit, l'indifférence contre l'amour. Une affaire de localisation. La peur d'être localisé définitivement dans l'ici et de rater l'ailleurs. La peur de rater par peur de ce qu'impose le désir d'ailleurs. La peur de devenir trop localisée, de se sentir mal localisée, de ne pas se sentir à l'aise dans un lieu, de vouloir changer de lieu, pas forcément pour se rendre quelque part, mais pour ne pas rester ici terrassée par la peur ou le désir sans rien faire, d'être tétanisée par la peur et le désir et de ne rien savoir qu'en faire. De ne pas savoir que faire de la peur ni du désir. S'énerver, se mettre en colère, s'en prendre à soi-même, se mettre en colère de ne pas pouvoir faire un seul pas en dehors du cercle de cette peur, de ce désir. Pousser la colère et les regrets. Et soudain se lancer, peu importe la maladresse, peu importe les tergiversations, peu importe les avis, peu importe l'opinions des autres, pas même la sienne, lui qui est assez fort, il comprendra, et s'il ne comprend pas tant pis. Ca peut prendre un peu de temps le temps qu'il comprenne. Tant pis ou tant mieux. Il faut voir confiance, il faut se faire confiance. il ne faut pas rester dans le doute, dans l'hésitation, dans la peur, il faut agir maintenant, il faut partir, il faut aller très loin. se délocaliser, devenir indétectable, parce que le lieu et la peur sont devenus trop intimes, parce que le désir et les lieux sont trop liés. Il faut trancher. Il faut lever le pied, lever le camp, faire un pas, sortir de chez soi, plonger dans l'ailleurs, vaincre la peur, vaincre le désir, choisir, être libre P. 1989 Ce que c'est que la méfiance. De devoir la dépasser pour faire confiance. Quand chaque trahison est un morceau d'âme qu'on voit partir, qu'on croit perdre, mais qui ne sont qu'étapes vers la confiance en soi. À venir. Çe que c'est que la méfiance. Un petit bout de glace dans l'œil qui trouble la pureté de l'air. Une poussière dans l'œil qui fait qu'on louche, qu'on devient myope, qu'on se recroqueville sur soi-même. Il faudrait croire en une possibilité d'accueil quand on a été banni, d'autant plus qu'on aura été banni. Il faudrait parvenir à s'élever, à prendre de l'altitude, à sourire de la trahison même. Sourire du manque de confiance des autres en eux-mêmes, pas méchamment, mais comme on observe un moineau voler du pain aux pigeons. En rire. Rire de ses propres méfiances, rire des trahisons à venir, cueillir tout cela comme on accueille le soleil ou la pluie. Récupérer ainsi la force, l'énergie perdu dans les chagrins dans la tristesse, la rancune, parvenir à s'élever au-dessus de tout cela, des pensées surtout, revenir aux impressions, à la sympathie première. au primordial, comme à la solitude essentielle, au lieu exact de toutes les retrouvailles. M. 2023. Ce que c'est qu'une présence que créel'absence. Les ombres coupantes dans une ruelle de Casa, d'un bidonville. Le soleil sur une peau blanche ponctuée de taches de rousseur, des lèvres pâles, un triste sourire, contre mauvaise fortune bon cœur. Les présences aussi créent l'absence, les illusions, la rage, l'envie d'apprendre. Ce que sont présences et absences sous un même ciel, dans cet air qu'on respire cette eau qu'on boit , la nuit qui revient chaque soir, les souvenirs et l'oubli. La gentillesse s'envole soudain comme une palombe, à l'angle d'une rue ; La métaphore ultime recours du dépourvu. La gentillesse ne disparaît que si l'on ne regarde plus le ciel. La gentillesse comme la naïveté que l'on croit perdre et qui revient comme une chatte se frotter contre la joue. Le je n'est plus qu'un jeu, la gravité s'est métamorphosée en légèreté, en odeurs de thym entêtantes, les champs sont bleus lavandes. Sur un coin de table ces oignons épluchés et coupés luisent dangereusement, saliver n'est plus de mise cependant. La frugalité est venue comme une bogue qui choit sur un chemin terreux, le brillant du marron rit, et nous aussi aller. Quelques tentatives, un début. Ce n'est pas encore tout à fait ça, mais comme on dit, un pas après l'autre.|couper{180}
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trois petits travaux
Mal organisé, inquiet, terrorisé parfois, j'essaie de surnager comme je peux. L'enfant têtu ne veut toujours pas couler. Je fais sur la tablette, je vole un peu de temps, de plaisir. Et tant pis s'il n'y a pas de lien, au contraire. trois petits travaux sur Procreate avril 2023.|couper{180}
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Barnett Newman né à Lower East Side.
(Première partie) "… Au lieu d'utiliser des contours, au lieu de faire des formes ou de créer de l'espace, mon dessin déclare l'espace. Au lieu de travailler avec les restes de l'espace, je travaille avec tout l'espace. " Barnett Newman considérait les dessins comme essentiels à sa méthode de travail. Et compte tenu de son penchant pour une seule ligne droite pour façonner l'espace (ce qui a été surnommé le "zip"), il n'est pas clair si l'espace dont il parle est l'espace sur le morceau de papier bidimensionnel, ou un espace plus tridimensionnel. espace. Ou peut-être pensait-il à l'espace qu'impliquent ses dessins. Ou il aurait pu simplement parler de la zone, ou de l'espace, sur un morceau de papier. Beaucoup de questions que se posent les non-artistes finalement. Encore une fois agir n'est pas réfléchir. Déclarer plutôt que tergiverser. Le long de l'East River entre le pont de Manhattan et la 14 ème rue s'étend Lower East Side dont la limite ouest est Brodway. Ce quartier fut longtemps habité par une population ouvrière et défavorisée, il n'avait pas bonne réputation. Beaucoup de juifs venus d'Europe de l'Est y vivaient et y vivent encore. En 1910 on en comptait 540 000 d'après le livre de Paul Johnson, une histoire du peuple juif ( JC Lattes , 1989) C'est dans ce quartier de New York que nait Barnett Newman, le 29 janvier ( tiens comme moi ) mais lui ce fut l'année 1905. En 1905 que se passe t'il aux Etats-Unis d'important ? Les Etats-Unis prennent le contrôle des droits de douanes, par un traité signé avec la République Dominicaine. La création du Rotary Club. Création d'un protectorat qui mettra fin à l'ingérence américaine en République Dominicaine. Le début de l'ère Lochner ( la cour suprême s'oppose systématiquement à toute règlementation favorisant les conditions de travail, notamment les durées de travail et les salaires ) Ce qui entraine un peu plus tard la création d'un syndicat international, le International Workers of the Word à Chicago, dont les participants seront nommés les Wobblies ( deux cents socialistes, anarchistes et syndicalistes radicaux) Ils souhaitent ainsi en réaction à la loi Lochner, rassembler les travailleurs sans discrimination de sexe, de race ou de qualification. Ils prônent l’action directe et l’autodéfense en cas d’agression. Les Noirs se réunissent aux chutes du Niagara sous l'impulsion de William Edward Burghardt Du Bois ( diminutif W.E.B du Bois) Des familles noires s'installent à Harlem. Il se passe toujours quelque chose quelque soit l'année que l'on choisit sur Wikipédia, c'est fascinant. Donc Barnett est d'origine juive. Ses parents viennent de Lomza en Pologne. Le père Abraham gagne sa vie en vendant des pièces détachées de machine à coudre aux ouvriers des usines de vêtements du coin. Est-ce pour la fabrication des jeans qui demande énormément de main d'œuvre et de matière première depuis la découvertes des premiers filons d'or du Klondike quelque années auparavant ? On peut le supposer. Il faudrait effectuer des recherches pour en être vraiment certain. Mais ça ne changerait en rien la vie de Barnett Newman, ni celle de son père Abraham qui grâce à ce commerce permet à la famille de vivre assez confortablement. D'ailleurs, en 1915 ils déménageront dans le Bronx, et Barnett se met au piano, au sport et au sionisme puisqu'il fréquente l'école Hébraïque. ( il aura même des cours particuliers en sus des autres dispensés par de jeunes juifs arrivant eux aussi d'Europe) Entre 1919 et 1923 Barnett fréquente plus le Métropolitan Muséum of Art que l'école. C'est juste à côté de l'école donc forcément beaucoup plus attractif. En 1923 il se met à fond au dessin et décroche un prix pour un dessin intitulé "Much-labored-over" ( beaucoup travaillé) Il fait la rencontre d'Adolph Gottlieb qui revient de Paris et qui est fortement influencé par Cézanne, Matisse et Fernand Leger. Gottlieb dira un jour " Pour moi, certaines abstractions n'ont rien à voir avec l'abstraction. Au contraire, il s'agit du réalisme de notre temps." Ce qui sonne assez juste à mon avis. Il crée en 1935 le groupe The Ten. ( Peut-être un clin d'œil à l'ancien groupe Ten American painters qui fut crée en 1885 pour protester contre le mercantilisme de leurs anciennes expositions et leur ambiance de cirque... ) Ils furent les représentants de l'impressionnisme américain durant une bonne vingtaine d'années. Barnett est aussi copain avec un certain Aaron Siskind, qui deviendra plus tard un photographe assez connu. Mais pas par moi. Dans son travail, Siskind met en avant des détails de nature et d'architecture. Pour lui, ce sont des surfaces lui permettant de créer de nouvelles images totalement indépendantes de leur sujet d'origine. Quelques images d'Adolph Gottlieb et de ses œuvres Quelques images d'Aaron Siskind et de ses œuvres Je m'arrète là pour aujourd'hui. Suspens. L'article complet sera publié sous forme de feuilleton pour ne pas accaparer le temps des lecteurs d'un seul coup.|couper{180}
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Maître et serviteur
"Bien entendu je me suis encore trompé sur toute la ligne". La créature doit se tromper pour que le maître arrive et—normalement— l'extirpe du mauvais pas dans lequel elle s'est fourrée. C'est un jeu, il y a certaines règles, normalement, on devrait se sentir tenu de les respecter. Mais, cette fois le maitre adopte une toute autre tactique, il décide de ne rien faire et la créature se retrouve estropiée. Ce qui ne porte pas chance au maître, puisqu'il doit désormais se débrouiller pour effectuer seul ses corvées quotidiennes. Les forces en présence. toujours la même chose, depuis des lustres, le bon et le méchant, le bien et le mal. C'est la vie comme on dit. Mais que dire de la troisième force dont on ne parle jamais ? Celle crée par le frottement des deux autres ? Où se situe le véritable courage pour la créature ? Est-ce le fait d'affronter perpétuellement le maître, de lui obéir servilement ? Un peu des deux selon la météo ? Rien de tout cela ? Il y a un mystère de la créature comme il y a un mystère du maître. Dites-moi que les deux se valent. Il y a aussi un mystère du spectateur qui regarde se dérouler le roman, le film, sa propre existence. Ensuite bien sur on peut encore dire beaucoup de choses, tripoter tout cela à en vomir d'auto satisfaction, d'ennui ou de dégout...Des maîtres et des serviteurs l'ennui et le dégout, au même titre que l'occupation et l'amour et même l'indifférence. Et aussi, ne pensez-vous pas que, de façon régulière, mettons une fois ou deux par jour , quand ce n'est pas à la minute, les rôles puissent ne pas être figés, qu' ils peuvent s'intervertir, que la créature devienne un instant le maître et vice versa ? C'est un dialogue. Au début, un dialogue de sourd. Puis l'oreille s'ouvre comme s'ouvre une marguerite au beau milieu d'un champ de marguerites. Il n'y a que des marguerites partout et plus personne pour les effeuiller. Elles tournent leurs têtes vers le ciel, vers la lumière ; mais elles ne bronzent pas comme les touristes en août sur les plages. Elles n'ont pas l'air de subir, il est possible qu' elles échangent. quel mystère que ces échanges ! Peut-être que je me suis encore trompé sur toute la ligne oui. Qu'il ne faut rien vouloir construire à partir des impressions. Il faut juste les laisser nous pénétrer pour nourrir quelque chose en soi. La créature boit un café, le maître se laisse pénétrer par l'impression procurée par le gout du café, son odeur, le poids du mug. Et puis une fois la tasse reposée on passe tous les deux à autre chose. Chacun va de son coté On met un temps fou à se laisser pénétrer par cette intuition. Ensuite on ne peut strictement rien en faire. C'est comme ça, c'est la vie. Ce n'est pas triste, pas gai, c'est entre les deux, il s'agit de ne pas trébucher bêtement-se dit-on. Et, évidemment, le simple fait de se le dire nous fait aussitôt trébucher. Tant que l'on veut saisir ce qui se dissimule sous les mystères ce sera toujours ainsi. Ou totalement différent. C'est à chacun de voir. Et une fois que l'on a écrit tout cela est-ce que l'on se sent plus avancé ? Il vaut mieux pas. Cette pensée nous ferait aussitôt reculer de quatre cases sur le jeu de l'Oie.|couper{180}
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Sur la route romantique
Günther Förg est né en 1952 à Füssen, en Allemagne, en Bavière, là où coule le Lecht, sur la route romantique. Romantique parce que construite par les romains. Il y a un château gothique, (Hohes Schloss) , l'un des plus beaux de Souabe. On peut le visiter et y découvrir une jolie collection d'œuvres de la période gothique et de la Renaissance. Un peu plus loin on trouvera le complexe baroque (1697 – 1726) de l'ancien monastère bénédictin de Saint-Magne fondé au viiie siècle. Le baroque c'est au XVII ème siècle la refonte plus rhétorique , plus théâtrale, d'un vocabulaire formel provenant de l'architecture antique, et déjà revisité par la Renaissance. C'est dans cette environnement que Günther Förg est né c'est de là qu'il est parti pour devenir l'un des plus grands artistes de l'abstraction contemporaine. Est-ce étonnant qu'il revisite, lui aussi, dans ses peintures abstraites, le vocabulaire formel de la peinture de ces prédécesseurs notamment : Barnett Newman, Clifford Still, Willem de Kooning ? Pas vraiment quand on réunit ensemble ces quelques informations sur lui et la ville de Füssen. Dans les années 70 il étudie à l'Académie des Beaux-Arts de Munich ( Munchen) et très tôt à partir de 1973 rencontre un succès international. Ce qui l'intéresse c'est la modernité et surtout les signes par lesquels elle se manifeste. Il les traque au travers de ses photographies d'architecture concernant l'époque du Bauhaus, notamment la confrontation des bâtiments avec l'usure du temps Quelques images de ses photographies de l'architecture du Bauhaus : Quelques images de ses peintures abstraites : Peut-être que ce qui choque le public quant à ces œuvres abstraites c'est leur apparente simplicité ou facilité d'exécution. On se dit qu'un enfant pourrait le faire. C'est vrai. En ce qui me concerne je ne trouve pas ça péjoratif. La différence se situe dans l'intention avec laquelle un enfant peut réaliser un tel travail et celle d'un artiste associée à d'autres, en matière de langage formel, et à toute une histoire de l'art traitant de la même volonté , ou curiosité, qui le précède. Quelques œuvres de Barnett Newman ( 1905-1970 ) Quelques œuvres de Clifford Still Quelques œuvres de Willem de Kooning Sur la route romantique on se rend compte en premier lieu que ça vient du romain et non d'un sentiment romantique comme on aurait pu l'imaginer. En second lieu la notion de vocabulaire formel que l'on s'échange, travaille, réinvente de génération en génération à propos d'une thématique quelle qu'elle soit. La modernité n'est pas un champignon qui pousse en une nuit, elle est toujours le fruit d'une histoire, d'une langue, et des être qui prennent le temps de se pencher sur cette histoire.|couper{180}
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L’entendement et le malentendu, en peinture
Clyfford Still with PH-1024, 1976. Photographed by Patricia Still. © City and County of Denver, courtesy the Clyfford Still Museum Archives. L'entendement, c'est un peu plus que de la compréhension, c'est presque de la connaissance, peut-être que c'est presque synonyme- le presque empêchant de mentir, de se laisser une porte de sortie, de ne pas enfermer l'entendement dans un lieu clos. Encore qu'entendre la peinture puisse être paradoxal puisqu'on à coutume de lui associer l'œil, le regard, la vue en tout premier lieu. Ce n'est pas rare qu'il faille passer par le contournement aujourd'hui, en peinture comme en beaucoup de domaines, pour se désensabler d'habitudes devenues stériles. De ces habitudes qui nous figent dans une posture surtout. C'est cette pétrification l'empêchement, c'est ce que l'on ne cesse de murmurer en boucle quand on est fatigué surtout. Et c'est un cercle vicieux, on se fatigue à murmurer intérieurement ce cercle de pensées habituelles, ça doit essayer tant bien que mal de nous rassurer, mais ça nous fatigue d'autant plus, parce que l'on sent bien que d'être rassuré ne suffit pas, ne suffit plus. On aimerait retrouver une énergie, mais on ne fait pas du neuf avec du vieux, on voudrait du neuf bien sur. On a le sentiment que la nouveauté nous sauvera du marasme, mais la question ne se situe pas au niveau des mots neufs ou anciens, je ne le crois pas. Je ne le crois plus. Au contraire évacuer ces deux mots, les expulser hors de soi, lève des barrières, des oeillères, et sans doute offre une possibilité à l'entendement de pouvoir enfin pénétrer doucement en soi. Il suffit pour cela de faire appel à la curiosité bien souvent, de se poser de bonnes questions. Ainsi quitter les réseaux sociaux par exemple sur un coup de tête pour aller quérir dans la solitude de l'atelier des ressources en soi fut une des meilleurs choses que j'ai faites en ces premiers mois de cette année 2023. Ce n'est peut-être pas tant un coup de tête maintenant que j'y pense. C'est bien plus une lassitude de voir défiler dans mon fil d'actualité toujours à peu de choses prés les mêmes contenus. Associé à cela l'idée d'y perdre mon temps, de me divertir, de m'égarer non d'une manière profitable mais plus dans le sens d'une dégradation. Une dégradation entrainée par la mise en place de rituels toxiques auxquels on s'habitue, dont on est le jouet d'un système, la victime d'une aliénation. Bien sur je mesure ce que j'écris, tout le monde n'utilise pas les réseaux sociaux ainsi, certains même s'en servent très habilement, et ça leur est amplement profitable. Tout est affaire d'intention. Mon intention est de progresser en peinture, de me sortir de l'habitude, de ne pas peindre toujours les mêmes sempiternelles tableaux, de voir quelque chose qui me regarde. Il faut que je peigne pour voir quelque chose qui me sorte de ce que je ne cesse de voir tout le temps et qui m'englouti. Il faut que je peigne quelque chose je puisse à la fois voir et sur quoi m'appuyer pour mieux voir. Et cela je ne peux le faire que seul. Personne ne peut m'y aider pas plus que de m'y contraindre. Il y a quelques jours un ami peintre se désolait, et je crois qu'il se désole encore, de quelques réflexions que je lui ai fournies sur des toiles qu'il me présentait. Les peintres entre eux sont détestables, on ne devrait pas fréquenter de peintre quand on est peintre et si on n'a pas l'estomac bien accroché. Car étant des gens de haute sensibilité un rien venant d'autrui nous accable. Un rien dit ou un rien entendu. Et souvent il y a beaucoup de malentendus entre les peintres. J'ai donc dit quelque chose comme "bof... " en voyant ces tableaux. Je me le suis d'abord dit pour moi-même et par amitié je n'ai pas su le garder pour moi, voilà la vérité. Il n'y avait pas de mauvaise intention, juste une erreur d'appréciation, l'oubli que l'autre était peintre avant d'être amical. Entendre la peinture c'est avant tout repérer les couacs. C'est repérer la fausse note, le geste qui ne vient pas du naturel, du spontané, mais de l'air du temps, de la ritournelle de l'air du temps. Et j'y suis particulièrement sensible, ou révolté, comme on voudra. Et puis je n'ai pas peur, de personne, pour le dire. A ces moments là la colère je crois m'emporte de constater encore qu'un autre sera tombé au champ d'honneur, se sera fait baiser par l'air du temps. Voilà le fond de ma pensée. Vraiment. C'est dans le fond une base assez bienveillante. Prétentieuse surement, mais bienveillante. du coup je ne vois personne et c'est bien comme cela. Je préfère ne pas voir de peintre en tous cas. A part des peintres débutants, des élèves, des gens qui n'ont pas d'idée précise de la peinture. De plus en plus quand on me pose des questions sur la peinture, je réponds que je ne sais pas. Ce n'est pas qu'en vérité je ne sache pas de réponse. Bien sur que comme tout le monde j'aurais une réponse ou plusieurs réponses toutes faites à fournir. Mais, je préfère passer pour un ignorant, même en temps que professeur, parce que ce n'est tout bonnement pas à moi de fournir des réponses à toutes les questions que tout le monde se pose sur la peinture. Je trouve que c'est très bien de poser questions, de se les poser soi-même surtout, mais qu'il vaut bien mieux tenter également d'y répondre par soi-même. Ou encore mieux, d'entretenir ces questions sans forcément chercher à y répondre trop rapidement. Régler la question comme on le croit souvent, ne la règle pas, cela la fait disparaitre momentanément. Donc comment faire pour améliorer son entendement en peinture ? Je crois qu'il faut avant tout un peu d'humilité pour reconnaitre que d'autres ont peint avant soi. Qu'il y a une histoire de la peinture comme une histoire tout court. Si on s'intéresse à l'abstraction par exemple comme c'est toujours mon cas, il est bon de se poser quelques questions sur les origines de celle-ci. De connaitre quelques noms, quelques jalons des différentes poussées qui ont provoqué tel ou tel tendance ou mouvement. Il est bon de connaitre aussi les contextes social, économique, politique de ces mouvements. Il est bon de trouver des informations, du pour et du contre afin de se créer sa propre idée, d'y réfléchir ensuite par soi-même. Je suis fasciné par le gouffre qui s'est crée entre d'une part le grand public, dont d'ailleurs de nombreux peintres de ma connaissance font partie, comme moi-même et la poignée d'artistes-peintres abstraits, souvent vivant à l'étranger, mais même en France, et qui sont inconnus sauf du marché de l'art contemporain. Comment aider à la mise à jour, à aider le public et moi-même à mieux saisir ce qui se produit en peinture abstraite de nos jours ? Cela demande de la patience, de l'habilité, du discernement, du temps, mais ce n'est pas impossible. Et en plus cerise sur le gâteau, luxe inespéré, l'envie est là de m'y mettre. A mon rythme, sans chercher non plus à être dans une urgence, ni à vouloir faire "une œuvre" . Non franchement rien de tout cela. Seulement faire part de mes trouvailles, des associations d'idées, des déductions, m'éclairer un peu plus tout en aidant à l'éclaircissement général voilà tout. Améliorer l'entendement pour éclaircir les choses en peinture. De la pure synesthésie en quelque sorte. note : ( personnage possible à utiliser : le professeur didactique qui veut éclaircir le monde.) Je ne cesse pas d'entendre la généalogie de Pantagruel se mêlant à celle de l'Ancien Testament. Si je devais écrire une généalogie de l'art abstrait ce serait sans doute la meilleure manière de le faire. Juste une suite de noms avec le minimum d'anecdotes, d'éléments distinctifs, à part ceux bien sur nécessaires au rythme du mode récitatif ou imprécatoire.|couper{180}
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Exercice d’écriture : "à nul moment je n’ai décrit ton visage"
d'après une idée de François Bon sur son site Tierslivre British painter Francis Bacon portrait session on September 29, 1987 in Paris, France. (Photo by Raphael GAILLARDE/Gamma-Rapho via Getty Images) Une mine assombrie, une mine radieuse, une mine pathibulaire, une mine sombre, une mine d’or et de feu, une mine avec quoi on minaude, une mine hypocrite, une mine de faux-cul, une mine impassible, indifférente, une mine éveillée, une grise mine. La figure hautaine, faire bonne figure, figure-toi donc, au sens propre comme au figuré, de sa figure qui ne me revenait pas, sa figure s’allongeait, une demie figure, se casser la figure, il lui cassa la figure, il lui aurait bien cassé la figure, des bleus sur la figure, figurez-vous, il figure parmi les caids, il se figure qu’il en est un. Face à face ils se regardent. C’est une double-face, un faux-jeton, un hypocrite. S’effacer. Il n’a pas de face. On dénombre 14 os dans une face : 13 fixes et un mobile, la mandibule. -les deux os maxillaires -les deux os zygomatiques -les deux os nasaux -les deux os palatins -les deux cornets nasaux inférieurs. Les deux os lacrymaux, ou unguis -l’os vomer -la mandibule Sans oublier les sutures que l’on pourra découvrir dans le massif facial, la fronto-nasale, les deux fronto-maxillaires, les deux fronto-zygomatiques, et maxillo-zygomatiques À tout cela n’omettons pas non plus les sinus, frontaux, maxillaires, sphénoïdaux, ethmoïdaux. Au nord la face se limite au cuir chevelu, à l’est comme à l’ouest par les oreilles, au sud le cou. Ce n’était pas un groin, une hure, un mufle, pas plus qu’un museau, c’était une face humaine. Elle se leva pour changer le disque de face, pile au moment crucial. Elle peut avoir de nombreuses facettes. Elle est capable de facéties assez facilement. Elle n’est pas dénuée d’humour. De toutes les façons quand elle entre dans une pièce, elle l’illumine, on en reste souvent bouche-bée. Selon l’expression de son visage, qui peut brusquement changer comme un ciel irlandais, nous essayons en vain d’adopter une tenue. De la façon dont elle nous regarde, pas de peine à savoir que ça va barder. Elle peut complètement changer de facies, devenir méconnaissable. Nous ne nous reconnaissons plus. Cependant, en observant attentivement son visage quand elle est en rogne, au plus profond de ses habituelles dépressions, ou en pleine crise d’éthylisme, en repoussant l’inquiétude, l’angoisse, la crainte-toute cette trouille- que ces expressions provoquent en nous ; en les surmontant-peut-être grâce à ce sentiment que l’on nomme espoir ou amour, on finit tant bien que mal par la reconnaitre notre, puisqu'il est entendu que nous formons une famille n’est-ce pas ? Dans ces moments là, on ne peut pas la dévisager frontalement. Il faut ruser, nous ne pouvons qu’employer la tactique des petits coups d’œil furtifs. Mais, malheur à nous si elle surprend le stratagème. Elle redouble de colère. Le petit coup d’œil furtif ressemble à une réplique de théâtre, qui lui donne immédiatement le "la". Aussitôt, la voici accordée, elle se laisser déborder, s' aveugle par le manque de confiance en elle. La voilà enfin, elle sort de ses gonds pour de bon. A ces moments là, elle est tellement dépourvue de discernement, qu’elle pourrait certainement nous tuer dans son emportement. Ce qui, nous le pensons, lui fournirait peut-être une excellente raison pour se lamenter enfin pour quelque chose de tangible, et ce jusqu’à la fin de ses jours. D’ailleurs, peut-être que nous faisons tout pour que ça arrive. Pour qu'elle nous achève pour de bon. Qu'elle soit coupable enfin de quelque chose vraiment. Pour qu’il lui soit enfin fourni une raison, une logique ; la folie étant pour elle ce refuge, dont nous nous sentons irrémédiablement exclus. Avec le temps j’ai de plus en plus de difficultés à me souvenir de son visage. Cette familiarité que l’on entretient avec un visage comme pour se rassurer du connu, se prémunir en continu de l’inconnu, de l’inconnaissable, cette familiarité se dissipe ou se décompose avec les saisons. Putréfaction de la familiarité que l’on entretenait autrefois comme on entretient une maison, un jardin, une paire de chaussures, l’argenterie des aïeux. Si entre mes doigts, je prends une de ces photographies d'elle en noir et blanc dans la boite où je les ai rangées, je peux en même temps la reconnaitre comme ne pas la reconnaitre du tout. Elle m’échappe. Je peux observer avec une acuité extraordinaire ce mouvement qui s’effectue à la fois dans la pensée comme dans le cœur ; cette fuite irréversible, comme une fuite de canalisation. On essaie de la colmater grâce à l’évocation de certains souvenirs, de préférence des bons, même s'ils apparaissent rares, mais ça ne change rien, la fuite continue. On ne sait plus qui est qui à ces moments là. C’est pour cela que je renonce à regarder des photographies d’elle dans la boite. Le désagréable n’est pas aussi surmontable que ces anciennes peurs ces anciennes colères, toute cette folie d’autrefois. D’autres fois encore, c’est plus fort que moi, il faut que j’ouvre cette boite, cela devient une urgence, comme pour tenter d’exorciser une angoisse affreuse, me dire que je n’ai tout de même pas rêver tout ça. Comme si je voulais me faire mal, ou me pincer. Comme s’il n’y avait que douleur susceptible de l'invoquer. un sacrifice assez bénin somme toute vu l'habitude, pour provoquer l’apparition de sa silhouette, de son visage comme seul lien entre nous. Le mal la douleur, la souffrance provoquée par l’ignorance mutuelle, par le surgissement et la disparition intempestive des figures, des expressions d’un visage. Il m’est désormais impossible de décrire son visage. C’est comme si j’avais perdu les mots qui auraient pu jadis m’offrir cette possibilité. Une apparente occasion non seulement perdue, mais source de regrets, de rumination infinie encore. Je les ai possédés un jour ces mots, comme cette possibilité et je les ai perdus. Sans doute qu’il doit en être ainsi. Dans notre religion nous n’avons pas la possibilité de décrire des visages. Parce que tout visage est à l’image d’un visage unique dont nous savons qu’il nous échappe, qu’il doit toujours nous échapper. L'interdit n'est pas toujours fondé sur l'idiotie comme on le croit si souvent de nos jours. Dans notre religion étrange nous avons appris à crée la présence par l’absence, il en est ainsi, c’est la tradition. On peut faire tout ce que l’on voudra pour tenter d’échapper à la tradition, ça ne modifie en rien celle-ci. Au contraire, c’est même recommandé de s’opposer, c’est un devoir, cela fait intégralement partie de la tradition. Cela renforce sa justesse, c’est tout. Pour voir un visage, le voir vraiment, on s'interdit de le décrire et contre toute attente le voici, il nous regarde.|couper{180}
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voir, s’aveugler
acrylique sur toile format 30x30cm avril 2023 voir, être ébahi, sidéré, mais par quoi ? regarder au travers d'une forme d'aveuglement. un aveuglement volontaire. au travers d'un rideau. on ne sait quoi. Pas d'idée arrêtée. Un obstacle utile pour ne pas se faire des idées.|couper{180}
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Tentative d’épuisement.
acrylique sur toile 18x24 cm avril 2023 Trajectoires, routes, chemins, sentiers, labyrinthes, errances, routines, enfermement dans des routines, habitudes, exceptions, découvertes, œillères, répétitions, corvées, ennui, lassitude, surprise, étonnement, hypnose, itinéraires, décider, se laisser porter, hasard, nécessité, obligation, résistance, ombre et lumière, gris, couleurs, connu, inconnu, nouveauté, fatigue, energie, renouveau. Une suite de mots séparés par des virgules. Comme un itinéraire de pensées qui se déplie. Eviter la phrase, l’argumentation, l’explication, la justification. Revenir encore sur le tableau demande de dépasser la fatigue. Revenir sur le tableau demande d’oublier le connu. Revenir sur le tableau. Pénétrer dans l’inconnu. Avoir un regard neuf, détaché, de ce que ce tableau était il y a encore une minute. Ne pas avoir de suite dans les idées puisqu’il n’y a pas d’idée. Il n’y a pas d’idée en amont. Il y a juste l’envie de peindre un tableau. Quel est vraiment mon âge quand je peins un tableau ? Quelle est mon expérience ? Est-ce que je peux me servir de cette expérience quand je peins un tableau ? Si je m’en sers je retombe presque toujours sur le même tableau. Oublier l’expérience, oublier tous les tableaux déjà faits. Commencer un tableau c’est commencer une nouvelle vie. Il se peut que cette nouvelle vie soit semblable à toutes les autres déjà passées. Il se peut qu’il y ait seulement un tout petit décalage. Il se peut que ce petit décalage soit une opportunité à laquelle on peut s’accrocher un moment. On peut encore s’accrocher à l’espoir que ce ne soit pas exactement le même tableau, la même vie. Dans ce cas il faut changer de trajectoire, d’itinéraire, de routine, d’habitude. Prendre cette habitude de ne pas se laisser enfermer dans les habitudes. Résister à l’habitude. Résister à l’ennui qur provoque la répétition, la routine, l’habitude. Le hasard existe puis il n’existe plus. La nouveauté peut être toxique. N’est-ce pas une forme de handicap que de toujours se cantonner au même trajet, suivre le même cheminement, se mettres des œillères ? N’est-ce pas un handicap que de ne pouvoir supporter l’idée de déjà-vu. N’est-ce pas de la bêtise d’imaginer que l’on se baigne plusieurs fois dans le même cours des choses ? N’est-ce pas le déjà-vu l’obstacle ? N’est-ce pas l’illusion d’avoir vu quelque chose, de ne l’avoir vue que partiellement pour une raison ou pour une autre à cet instant précis où on l’a vue qui empèche de le regarder à nouveau et pourquoi ne pas recommencer, regarder à nouveau, s’y prendre à deux ou plusieurs fois pour regarder à nouveau ? Et si rien n’était nouveau ? Si c’était seulement l’œil qui soudain s’ouvrait comme par hasard. Il n’y a pas de hasard. Alors pourquoi l’œil s’ouvre à ce moment précis ? Par lassitude de quelque chose qu’il ne désire plus voir. Par lassitude d’une habitude du voir. L’œil change de trajectoire, l’œil emprunte un autre chemin, il décide à cet instant précis de faire une exception à son habitude. Il dépasse l’idée de corvée, d’obligation, de résistance. Il n’est pas attiré par la lumière seulement il explore aussi l’ombre. Il n’est pas attiré par ce qui attire régulièrement, la couleur. Il ne s’oppose plus à la nuance. Il accepte le noir et le gris en même temps que la couleur. L’œil est fatigué de s’opposer, il lâche prise, ce n’est pas un hasard. C’est un ressort qui a longtemps été compressé et qui à un moment précis se relâche. Peut-être qu’il faut en finir une bonne fois pour toutes avec l’idée de nouveauté. Il n’y a jamais eu de nouveauté, il n’y en a pas, il n’y en aura plus. Il n’y a pas de hasard pas plus que de nouveauté. Il y a seulement de l’aveuglement. Un aveuglement crée par l’habitude. Un aveuglement crée par la peur de voir, la peur de regarder vraiment. Un aveuglement qui est ce qu’on appelle le confort, le « ça me suffit », le « j’en ai déjà bien assez ou trop vu ». Peut-être qu’il faut s’enfermer. Il faut s’enfermer avant de l’être par hasard. Le hasard n’existe pas. Il faut une méthode. Il faut toujours une méthode. On croit que l’on n’a pas de méthode mais c’est faux. On a une méthode. Cela peut être inefficace. L’efficacité est-il l’unique validation d’une méthode ? Quand saura t’on que l’on est véritablement efficace ? Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire pour un peintre d’être efficace ? Ce n’est pas de peindre plus vite. Ce n’est pas suivre le même processus pour obtenir toujours le même résultat. L’émotion n’est pas un résultat scientifique. Adopter le même protocole de travail conduit à une forme d’aliénation. C’est le protocole qui peint. Donc ce n’est plus vraiment moi. Qu’est ce qui me gène dans le fait que ce ne soit plus moi qui peigne mais un protocole ? Je ne veux pas mourir ? Je délègue quelque chose que je considère important pour moi à un protocole qui peu à peu me biffe, me gomme ? Est-ce que les gens qui s’appuient sans relâche sur des protocoles ne sont pas d’une certaine manière des suicidaires ? Ils veulent tuer le hasard qui n’existe pas. Ils veulent tuer une illusion en eux-mêmes. Peut-être qu’ils ne savent pas qu’ils sont eux-mêmes des illusions. Peut-être qu’ils le savent très bien et qu’ils s’appuient sur des protocoles en espérant que ça cesse. Faire le tri entre la réalité et l’imagination ne peut pas s’effectuer complètement par la logique. Il faut une part d’errance, d’expérimentation. Il faut s’écarter de la route, emprunter des chemins, des sentiers, se perdre, errer, apprendre à transformer des corvées en moines zen. Ne plus faire de différence entre le connu et l’inconnu, entre le courage et la peur, entre la fatigue et l’énergie. Peut-être que nous sommes comme des ressorts. On se compresse, on se détend, c’est un va et vient plus ou moins régulier. Il faut peut-être ouvrir l’œil pour voir ça. Ne pas rester hypnotisé par la source du hasard, qui n’existe pas. Se rendre le plus loin possible, jusqu'à l'épuisement. Ensuite, recommencer.|couper{180}