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L’entendement et le malentendu, en peinture

Clyfford Still with PH-1024, 1976. Photographed by Patricia Still. © City and County of Denver, courtesy the Clyfford Still Museum Archives. L'entendement, c'est un peu plus que de la compréhension, c'est presque de la connaissance, peut-être que c'est presque synonyme- le presque empêchant de mentir, de se laisser une porte de sortie, de ne pas enfermer l'entendement dans un lieu clos. Encore qu'entendre la peinture puisse être paradoxal puisqu'on à coutume de lui associer l'œil, le regard, la vue en tout premier lieu. Ce n'est pas rare qu'il faille passer par le contournement aujourd'hui, en peinture comme en beaucoup de domaines, pour se désensabler d'habitudes devenues stériles. De ces habitudes qui nous figent dans une posture surtout. C'est cette pétrification l'empêchement, c'est ce que l'on ne cesse de murmurer en boucle quand on est fatigué surtout. Et c'est un cercle vicieux, on se fatigue à murmurer intérieurement ce cercle de pensées habituelles, ça doit essayer tant bien que mal de nous rassurer, mais ça nous fatigue d'autant plus, parce que l'on sent bien que d'être rassuré ne suffit pas, ne suffit plus. On aimerait retrouver une énergie, mais on ne fait pas du neuf avec du vieux, on voudrait du neuf bien sur. On a le sentiment que la nouveauté nous sauvera du marasme, mais la question ne se situe pas au niveau des mots neufs ou anciens, je ne le crois pas. Je ne le crois plus. Au contraire évacuer ces deux mots, les expulser hors de soi, lève des barrières, des oeillères, et sans doute offre une possibilité à l'entendement de pouvoir enfin pénétrer doucement en soi. Il suffit pour cela de faire appel à la curiosité bien souvent, de se poser de bonnes questions. Ainsi quitter les réseaux sociaux par exemple sur un coup de tête pour aller quérir dans la solitude de l'atelier des ressources en soi fut une des meilleurs choses que j'ai faites en ces premiers mois de cette année 2023. Ce n'est peut-être pas tant un coup de tête maintenant que j'y pense. C'est bien plus une lassitude de voir défiler dans mon fil d'actualité toujours à peu de choses prés les mêmes contenus. Associé à cela l'idée d'y perdre mon temps, de me divertir, de m'égarer non d'une manière profitable mais plus dans le sens d'une dégradation. Une dégradation entrainée par la mise en place de rituels toxiques auxquels on s'habitue, dont on est le jouet d'un système, la victime d'une aliénation. Bien sur je mesure ce que j'écris, tout le monde n'utilise pas les réseaux sociaux ainsi, certains même s'en servent très habilement, et ça leur est amplement profitable. Tout est affaire d'intention. Mon intention est de progresser en peinture, de me sortir de l'habitude, de ne pas peindre toujours les mêmes sempiternelles tableaux, de voir quelque chose qui me regarde. Il faut que je peigne pour voir quelque chose qui me sorte de ce que je ne cesse de voir tout le temps et qui m'englouti. Il faut que je peigne quelque chose je puisse à la fois voir et sur quoi m'appuyer pour mieux voir. Et cela je ne peux le faire que seul. Personne ne peut m'y aider pas plus que de m'y contraindre. Il y a quelques jours un ami peintre se désolait, et je crois qu'il se désole encore, de quelques réflexions que je lui ai fournies sur des toiles qu'il me présentait. Les peintres entre eux sont détestables, on ne devrait pas fréquenter de peintre quand on est peintre et si on n'a pas l'estomac bien accroché. Car étant des gens de haute sensibilité un rien venant d'autrui nous accable. Un rien dit ou un rien entendu. Et souvent il y a beaucoup de malentendus entre les peintres. J'ai donc dit quelque chose comme "bof... " en voyant ces tableaux. Je me le suis d'abord dit pour moi-même et par amitié je n'ai pas su le garder pour moi, voilà la vérité. Il n'y avait pas de mauvaise intention, juste une erreur d'appréciation, l'oubli que l'autre était peintre avant d'être amical. Entendre la peinture c'est avant tout repérer les couacs. C'est repérer la fausse note, le geste qui ne vient pas du naturel, du spontané, mais de l'air du temps, de la ritournelle de l'air du temps. Et j'y suis particulièrement sensible, ou révolté, comme on voudra. Et puis je n'ai pas peur, de personne, pour le dire. A ces moments là la colère je crois m'emporte de constater encore qu'un autre sera tombé au champ d'honneur, se sera fait baiser par l'air du temps. Voilà le fond de ma pensée. Vraiment. C'est dans le fond une base assez bienveillante. Prétentieuse surement, mais bienveillante. du coup je ne vois personne et c'est bien comme cela. Je préfère ne pas voir de peintre en tous cas. A part des peintres débutants, des élèves, des gens qui n'ont pas d'idée précise de la peinture. De plus en plus quand on me pose des questions sur la peinture, je réponds que je ne sais pas. Ce n'est pas qu'en vérité je ne sache pas de réponse. Bien sur que comme tout le monde j'aurais une réponse ou plusieurs réponses toutes faites à fournir. Mais, je préfère passer pour un ignorant, même en temps que professeur, parce que ce n'est tout bonnement pas à moi de fournir des réponses à toutes les questions que tout le monde se pose sur la peinture. Je trouve que c'est très bien de poser questions, de se les poser soi-même surtout, mais qu'il vaut bien mieux tenter également d'y répondre par soi-même. Ou encore mieux, d'entretenir ces questions sans forcément chercher à y répondre trop rapidement. Régler la question comme on le croit souvent, ne la règle pas, cela la fait disparaitre momentanément. Donc comment faire pour améliorer son entendement en peinture ? Je crois qu'il faut avant tout un peu d'humilité pour reconnaitre que d'autres ont peint avant soi. Qu'il y a une histoire de la peinture comme une histoire tout court. Si on s'intéresse à l'abstraction par exemple comme c'est toujours mon cas, il est bon de se poser quelques questions sur les origines de celle-ci. De connaitre quelques noms, quelques jalons des différentes poussées qui ont provoqué tel ou tel tendance ou mouvement. Il est bon de connaitre aussi les contextes social, économique, politique de ces mouvements. Il est bon de trouver des informations, du pour et du contre afin de se créer sa propre idée, d'y réfléchir ensuite par soi-même. Je suis fasciné par le gouffre qui s'est crée entre d'une part le grand public, dont d'ailleurs de nombreux peintres de ma connaissance font partie, comme moi-même et la poignée d'artistes-peintres abstraits, souvent vivant à l'étranger, mais même en France, et qui sont inconnus sauf du marché de l'art contemporain. Comment aider à la mise à jour, à aider le public et moi-même à mieux saisir ce qui se produit en peinture abstraite de nos jours ? Cela demande de la patience, de l'habilité, du discernement, du temps, mais ce n'est pas impossible. Et en plus cerise sur le gâteau, luxe inespéré, l'envie est là de m'y mettre. A mon rythme, sans chercher non plus à être dans une urgence, ni à vouloir faire "une œuvre" . Non franchement rien de tout cela. Seulement faire part de mes trouvailles, des associations d'idées, des déductions, m'éclairer un peu plus tout en aidant à l'éclaircissement général voilà tout. Améliorer l'entendement pour éclaircir les choses en peinture. De la pure synesthésie en quelque sorte. note : ( personnage possible à utiliser : le professeur didactique qui veut éclaircir le monde.) Je ne cesse pas d'entendre la généalogie de Pantagruel se mêlant à celle de l'Ancien Testament. Si je devais écrire une généalogie de l'art abstrait ce serait sans doute la meilleure manière de le faire. Juste une suite de noms avec le minimum d'anecdotes, d'éléments distinctifs, à part ceux bien sur nécessaires au rythme du mode récitatif ou imprécatoire.|couper{180}

L'entendement et le malentendu, en peinture

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Exercice d’écriture : "à nul moment je n’ai décrit ton visage"

d'après une idée de François Bon sur son site Tierslivre British painter Francis Bacon portrait session on September 29, 1987 in Paris, France. (Photo by Raphael GAILLARDE/Gamma-Rapho via Getty Images) Une mine assombrie, une mine radieuse, une mine pathibulaire, une mine sombre, une mine d’or et de feu, une mine avec quoi on minaude, une mine hypocrite, une mine de faux-cul, une mine impassible, indifférente, une mine éveillée, une grise mine. La figure hautaine, faire bonne figure, figure-toi donc, au sens propre comme au figuré, de sa figure qui ne me revenait pas, sa figure s’allongeait, une demie figure, se casser la figure, il lui cassa la figure, il lui aurait bien cassé la figure, des bleus sur la figure, figurez-vous, il figure parmi les caids, il se figure qu’il en est un. Face à face ils se regardent. C’est une double-face, un faux-jeton, un hypocrite. S’effacer. Il n’a pas de face. On dénombre 14 os dans une face : 13 fixes et un mobile, la mandibule. -les deux os maxillaires -les deux os zygomatiques -les deux os nasaux -les deux os palatins -les deux cornets nasaux inférieurs. Les deux os lacrymaux, ou unguis -l’os vomer -la mandibule Sans oublier les sutures que l’on pourra découvrir dans le massif facial, la fronto-nasale, les deux fronto-maxillaires, les deux fronto-zygomatiques, et maxillo-zygomatiques À tout cela n’omettons pas non plus les sinus, frontaux, maxillaires, sphénoïdaux, ethmoïdaux. Au nord la face se limite au cuir chevelu, à l’est comme à l’ouest par les oreilles, au sud le cou. Ce n’était pas un groin, une hure, un mufle, pas plus qu’un museau, c’était une face humaine. Elle se leva pour changer le disque de face, pile au moment crucial. Elle peut avoir de nombreuses facettes. Elle est capable de facéties assez facilement. Elle n’est pas dénuée d’humour. De toutes les façons quand elle entre dans une pièce, elle l’illumine, on en reste souvent bouche-bée. Selon l’expression de son visage, qui peut brusquement changer comme un ciel irlandais, nous essayons en vain d’adopter une tenue. De la façon dont elle nous regarde, pas de peine à savoir que ça va barder. Elle peut complètement changer de facies, devenir méconnaissable. Nous ne nous reconnaissons plus. Cependant, en observant attentivement son visage quand elle est en rogne, au plus profond de ses habituelles dépressions, ou en pleine crise d’éthylisme, en repoussant l’inquiétude, l’angoisse, la crainte-toute cette trouille- que ces expressions provoquent en nous ; en les surmontant-peut-être grâce à ce sentiment que l’on nomme espoir ou amour, on finit tant bien que mal par la reconnaitre notre, puisqu'il est entendu que nous formons une famille n’est-ce pas ? Dans ces moments là, on ne peut pas la dévisager frontalement. Il faut ruser, nous ne pouvons qu’employer la tactique des petits coups d’œil furtifs. Mais, malheur à nous si elle surprend le stratagème. Elle redouble de colère. Le petit coup d’œil furtif ressemble à une réplique de théâtre, qui lui donne immédiatement le "la". Aussitôt, la voici accordée, elle se laisser déborder, s' aveugle par le manque de confiance en elle. La voilà enfin, elle sort de ses gonds pour de bon. A ces moments là, elle est tellement dépourvue de discernement, qu’elle pourrait certainement nous tuer dans son emportement. Ce qui, nous le pensons, lui fournirait peut-être une excellente raison pour se lamenter enfin pour quelque chose de tangible, et ce jusqu’à la fin de ses jours. D’ailleurs, peut-être que nous faisons tout pour que ça arrive. Pour qu'elle nous achève pour de bon. Qu'elle soit coupable enfin de quelque chose vraiment. Pour qu’il lui soit enfin fourni une raison, une logique ; la folie étant pour elle ce refuge, dont nous nous sentons irrémédiablement exclus. Avec le temps j’ai de plus en plus de difficultés à me souvenir de son visage. Cette familiarité que l’on entretient avec un visage comme pour se rassurer du connu, se prémunir en continu de l’inconnu, de l’inconnaissable, cette familiarité se dissipe ou se décompose avec les saisons. Putréfaction de la familiarité que l’on entretenait autrefois comme on entretient une maison, un jardin, une paire de chaussures, l’argenterie des aïeux. Si entre mes doigts, je prends une de ces photographies d'elle en noir et blanc dans la boite où je les ai rangées, je peux en même temps la reconnaitre comme ne pas la reconnaitre du tout. Elle m’échappe. Je peux observer avec une acuité extraordinaire ce mouvement qui s’effectue à la fois dans la pensée comme dans le cœur ; cette fuite irréversible, comme une fuite de canalisation. On essaie de la colmater grâce à l’évocation de certains souvenirs, de préférence des bons, même s'ils apparaissent rares, mais ça ne change rien, la fuite continue. On ne sait plus qui est qui à ces moments là. C’est pour cela que je renonce à regarder des photographies d’elle dans la boite. Le désagréable n’est pas aussi surmontable que ces anciennes peurs ces anciennes colères, toute cette folie d’autrefois. D’autres fois encore, c’est plus fort que moi, il faut que j’ouvre cette boite, cela devient une urgence, comme pour tenter d’exorciser une angoisse affreuse, me dire que je n’ai tout de même pas rêver tout ça. Comme si je voulais me faire mal, ou me pincer. Comme s’il n’y avait que douleur susceptible de l'invoquer. un sacrifice assez bénin somme toute vu l'habitude, pour provoquer l’apparition de sa silhouette, de son visage comme seul lien entre nous. Le mal la douleur, la souffrance provoquée par l’ignorance mutuelle, par le surgissement et la disparition intempestive des figures, des expressions d’un visage. Il m’est désormais impossible de décrire son visage. C’est comme si j’avais perdu les mots qui auraient pu jadis m’offrir cette possibilité. Une apparente occasion non seulement perdue, mais source de regrets, de rumination infinie encore. Je les ai possédés un jour ces mots, comme cette possibilité et je les ai perdus. Sans doute qu’il doit en être ainsi. Dans notre religion nous n’avons pas la possibilité de décrire des visages. Parce que tout visage est à l’image d’un visage unique dont nous savons qu’il nous échappe, qu’il doit toujours nous échapper. L'interdit n'est pas toujours fondé sur l'idiotie comme on le croit si souvent de nos jours. Dans notre religion étrange nous avons appris à crée la présence par l’absence, il en est ainsi, c’est la tradition. On peut faire tout ce que l’on voudra pour tenter d’échapper à la tradition, ça ne modifie en rien celle-ci. Au contraire, c’est même recommandé de s’opposer, c’est un devoir, cela fait intégralement partie de la tradition. Cela renforce sa justesse, c’est tout. Pour voir un visage, le voir vraiment, on s'interdit de le décrire et contre toute attente le voici, il nous regarde.|couper{180}

Exercice d'écriture : "à nul moment je n'ai décrit ton visage"

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voir, s’aveugler

acrylique sur toile format 30x30cm avril 2023 voir, être ébahi, sidéré, mais par quoi ? regarder au travers d'une forme d'aveuglement. un aveuglement volontaire. au travers d'un rideau. on ne sait quoi. Pas d'idée arrêtée. Un obstacle utile pour ne pas se faire des idées.|couper{180}

voir, s'aveugler

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Tentative d’épuisement.

acrylique sur toile 18x24 cm avril 2023 Trajectoires, routes, chemins, sentiers, labyrinthes, errances, routines, enfermement dans des routines, habitudes, exceptions, découvertes, œillères, répétitions, corvées, ennui, lassitude, surprise, étonnement, hypnose, itinéraires, décider, se laisser porter, hasard, nécessité, obligation, résistance, ombre et lumière, gris, couleurs, connu, inconnu, nouveauté, fatigue, energie, renouveau. Une suite de mots séparés par des virgules. Comme un itinéraire de pensées qui se déplie. Eviter la phrase, l’argumentation, l’explication, la justification. Revenir encore sur le tableau demande de dépasser la fatigue. Revenir sur le tableau demande d’oublier le connu. Revenir sur le tableau. Pénétrer dans l’inconnu. Avoir un regard neuf, détaché, de ce que ce tableau était il y a encore une minute. Ne pas avoir de suite dans les idées puisqu’il n’y a pas d’idée. Il n’y a pas d’idée en amont. Il y a juste l’envie de peindre un tableau. Quel est vraiment mon âge quand je peins un tableau ? Quelle est mon expérience ? Est-ce que je peux me servir de cette expérience quand je peins un tableau ? Si je m’en sers je retombe presque toujours sur le même tableau. Oublier l’expérience, oublier tous les tableaux déjà faits. Commencer un tableau c’est commencer une nouvelle vie. Il se peut que cette nouvelle vie soit semblable à toutes les autres déjà passées. Il se peut qu’il y ait seulement un tout petit décalage. Il se peut que ce petit décalage soit une opportunité à laquelle on peut s’accrocher un moment. On peut encore s’accrocher à l’espoir que ce ne soit pas exactement le même tableau, la même vie. Dans ce cas il faut changer de trajectoire, d’itinéraire, de routine, d’habitude. Prendre cette habitude de ne pas se laisser enfermer dans les habitudes. Résister à l’habitude. Résister à l’ennui qur provoque la répétition, la routine, l’habitude. Le hasard existe puis il n’existe plus. La nouveauté peut être toxique. N’est-ce pas une forme de handicap que de toujours se cantonner au même trajet, suivre le même cheminement, se mettres des œillères ? N’est-ce pas un handicap que de ne pouvoir supporter l’idée de déjà-vu. N’est-ce pas de la bêtise d’imaginer que l’on se baigne plusieurs fois dans le même cours des choses ? N’est-ce pas le déjà-vu l’obstacle ? N’est-ce pas l’illusion d’avoir vu quelque chose, de ne l’avoir vue que partiellement pour une raison ou pour une autre à cet instant précis où on l’a vue qui empèche de le regarder à nouveau et pourquoi ne pas recommencer, regarder à nouveau, s’y prendre à deux ou plusieurs fois pour regarder à nouveau ? Et si rien n’était nouveau ? Si c’était seulement l’œil qui soudain s’ouvrait comme par hasard. Il n’y a pas de hasard. Alors pourquoi l’œil s’ouvre à ce moment précis ? Par lassitude de quelque chose qu’il ne désire plus voir. Par lassitude d’une habitude du voir. L’œil change de trajectoire, l’œil emprunte un autre chemin, il décide à cet instant précis de faire une exception à son habitude. Il dépasse l’idée de corvée, d’obligation, de résistance. Il n’est pas attiré par la lumière seulement il explore aussi l’ombre. Il n’est pas attiré par ce qui attire régulièrement, la couleur. Il ne s’oppose plus à la nuance. Il accepte le noir et le gris en même temps que la couleur. L’œil est fatigué de s’opposer, il lâche prise, ce n’est pas un hasard. C’est un ressort qui a longtemps été compressé et qui à un moment précis se relâche. Peut-être qu’il faut en finir une bonne fois pour toutes avec l’idée de nouveauté. Il n’y a jamais eu de nouveauté, il n’y en a pas, il n’y en aura plus. Il n’y a pas de hasard pas plus que de nouveauté. Il y a seulement de l’aveuglement. Un aveuglement crée par l’habitude. Un aveuglement crée par la peur de voir, la peur de regarder vraiment. Un aveuglement qui est ce qu’on appelle le confort, le « ça me suffit », le « j’en ai déjà bien assez ou trop vu ». Peut-être qu’il faut s’enfermer. Il faut s’enfermer avant de l’être par hasard. Le hasard n’existe pas. Il faut une méthode. Il faut toujours une méthode. On croit que l’on n’a pas de méthode mais c’est faux. On a une méthode. Cela peut être inefficace. L’efficacité est-il l’unique validation d’une méthode ? Quand saura t’on que l’on est véritablement efficace ? Qu’est ce que ça peut bien vouloir dire pour un peintre d’être efficace ? Ce n’est pas de peindre plus vite. Ce n’est pas suivre le même processus pour obtenir toujours le même résultat. L’émotion n’est pas un résultat scientifique. Adopter le même protocole de travail conduit à une forme d’aliénation. C’est le protocole qui peint. Donc ce n’est plus vraiment moi. Qu’est ce qui me gène dans le fait que ce ne soit plus moi qui peigne mais un protocole ? Je ne veux pas mourir ? Je délègue quelque chose que je considère important pour moi à un protocole qui peu à peu me biffe, me gomme ? Est-ce que les gens qui s’appuient sans relâche sur des protocoles ne sont pas d’une certaine manière des suicidaires ? Ils veulent tuer le hasard qui n’existe pas. Ils veulent tuer une illusion en eux-mêmes. Peut-être qu’ils ne savent pas qu’ils sont eux-mêmes des illusions. Peut-être qu’ils le savent très bien et qu’ils s’appuient sur des protocoles en espérant que ça cesse. Faire le tri entre la réalité et l’imagination ne peut pas s’effectuer complètement par la logique. Il faut une part d’errance, d’expérimentation. Il faut s’écarter de la route, emprunter des chemins, des sentiers, se perdre, errer, apprendre à transformer des corvées en moines zen. Ne plus faire de différence entre le connu et l’inconnu, entre le courage et la peur, entre la fatigue et l’énergie. Peut-être que nous sommes comme des ressorts. On se compresse, on se détend, c’est un va et vient plus ou moins régulier. Il faut peut-être ouvrir l’œil pour voir ça. Ne pas rester hypnotisé par la source du hasard, qui n’existe pas. Se rendre le plus loin possible, jusqu'à l'épuisement. Ensuite, recommencer.|couper{180}

Tentative d'épuisement.

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moi qui t’ai nourri

je l'ai entendu beaucoup et je l'entends toujours , c'est souvent un reproche ; un rappel à l'ordre ou à la raison. Mais quoi, comment ose-tu, moi qui ai tout fait pour toi, moi qui t'ai nourri, quelle ingratitude . Pas rare que ce soit plus facile de faire à bouffer que de prendre l'autre dans ses bras, de lui parler, de lui dire vraiment la vérité. Le facile et le difficile et tous les modes de communication qui en découlent. Et si on inverse les choses ? Pour faire à bouffer, il faut du fric, dont il faut en trouver, pour en trouver il faut travailler, se rendre à ce travail de bonne heure, supporter les autres toute une journée de travail, qu'on l'accepte ou pas, revenir ensuite, entrer dans un supermarché, chez un boucher, un épicier, être à peu près poli, vider son porte-monnaie, faire une carte bleue, grossir encore le découvert, prendre un crédit à la consommation, et enfin rentrer chez soi exténué. Faire à bouffer. Et là le merdeux se pointe la gueule enfarinée, tu ne m'aimes pas assez etc. Alors tu réponds moi qui t'ai nourri, ou moi qui t'ai donné la vie, ou moi quelque chose, n'importe quoi en fait pour ne pas être gommé de la surface du monde soudain. Quelle injustice non ? Qu'il te reste une maigre chance d'exister un tout petit peu jusqu'au moment de poser la tête sur l'oreiller quoi. Moi qui t'ai nourri.... quelle ingratitude. Le merdeux en profite pour s'enfoncer encore plus dans ses rancunes pour se construire ainsi avec la rancune. Pour n'être plus que rancune. Tristesse, malheur, rancune des trop nourris, des trop habitués, des borgnes parfois très semblable à ceux qui se vivent sous-alimentés. l'origine d'un mode de communication le plus facile du monde sans doute.|couper{180}

moi qui t'ai nourri

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Lignées

Il est intéressant d'imaginer les liens qui se tissent à travers le temps d'un artiste à l'autre. Imaginer ou inventer certainement, car nous n'avons pas toujours de preuves pour étayer cette intuition. Par exemple ce matin j'effectue quelques recherches sur l'artiste-peintre contemporaine Amy Sillman. Amy Sillman est une artiste-peintre américaine née en 1955 à Détroit, Michigan. Elle est connue pour son travail en peinture abstraite, qui explore souvent les relations entre la couleur, la forme et le mouvement. L'une des contributions les plus importantes de Sillman à l'abstraction est sa capacité à créer des œuvres d'art qui sont à la fois rigoureuses et émotionnelles. Elle utilise souvent des couleurs vives et des formes abstraites pour créer des compositions qui sont à la fois expressives et sophistiquées. En outre, Sillman est également connue pour son engagement critique envers l'histoire de l'art et les conventions de la peinture abstraite. Elle utilise souvent des références à d'autres artistes pour interroger les idées préconçues sur l'abstraction. Cette approche a permis de renouveler la peinture abstraite en la connectant à des problématiques critiques importantes. Je tombe sur le résumé d'un livre écrit de la main de l'artiste " Faux pas" Quelques images du travail d'Amy Sillman. Combien pèse une couleur ? Comment une forme peut-elle être politique ? Les peintres ont-ils besoin de Freud pour analyser leur passion pour les pots de peinture ? Est-ce qu'une toile peut avoir de l'humour ? L'abstraction gestuelle est-elle forcément un truc de machos ? Figure essentielle de la scène artistique contemporaine, Amy Sillman est une peintre dont les écrits régénèrent la pensée sur l'art, à partir de questions « pratiques » qui permettent de considérer d'un œil neuf l'art contemporain. Attentive à retracer des idées trop vite oubliées et à réévaluer des œuvres mal considérées, elle bouscule les idées reçues sur les avant-gardes, de Maria Lassnig et Philip Guston à... Delacroix. Faux Pas rassemble des textes et des cartoons et dessins humoristiques de Sillman, pour beaucoup réalisés pendant la première vague du COVID-19, ainsi que des portraits d'artistes au travail, composant un panorama personnel de la peinture contemporaine. Assez cher, 20 € à la Fnac, je le note pour quand j'aurai de quoi, sinon il y a un petit livre disponible sur Kindle pour 1,70 € de la superbe collection "Between artists" éditée à l'origine par Alejandro Cesarco , publiée au début de ART PRESS. C'était introuvable et voici qu'on le trouve en kindle, presque gratuitement. Tout est en anglais bien sûr. D'Amy Sillman le fil de l'intuition ou de l'écriture conduit à Pat Steir née plus tôt en 1940 à Newark, New Jersey. Surtout connue pour ses peintures dégoulinantes, les "waterfalls" datant des années 80. Le lien que l'on peut effectuer se base sur la ligne et le silence, mais chez Pat Steir il y a encore un peu de séduction, c'est cette idée de séduction qui me conduit à Agnès Martin. Plutôt le désir chez elle d'y renoncer définitivement. Quelques images du travail de Pat Steir : Un lien, une lignée se crée soudain avec une autre femme et son travail : Agnès Martin. Agnès Martin née en 1912 Macklin (Saskatchewan), au Canada, puis elle déménage à Vancouver. Le début de son travail comme chez beaucoup de peintres est figuratif. Ensuite elle s'installera aux Etats-Unis, à New York 1941 ..? mais je crois qu'elle est arrivée aux US en 1931, par contre pas d'information sur la ville, et le travail qu'elle y effectua durant cette longue période de 10 ans. Elle est surtout connue pour la dernière partie de son travail pictural. Celui-ci constitué de grilles rectangulaires. ( huile et crayon) Bien que minimalistes dans la forme, ces peintures s'écartent de l'intellectualisme, fréquent dans les démarches minimalistes, au profit d'une approche personnelle et spirituelle. En raison de la dimension spirituelle supplémentaire de son travail, elle a préféré que son travail soit classifié en tant qu'expressionnisme abstrait. Dans ses compositions, elle utilisait essentiellement le noir, blanc, et le brun avant son arrivée au Nouveau-Mexique. Ensuite, les compositions ont évolué par l'emploi de teintes légères, changeantes selon la lumière. Agnès Martin oblige le spectateur à s'approcher de son œuvre pour la percevoir, en cela elle intègre dans ses compositions l'attitude en mouvement du spectateur et l'oblige ainsi à une nouvelle dimension de perception ; en cela l'œuvre d'Agnès Martin est magistrale. En 1967 Elle quitte son atelier de Coentis Slip (quartier sud Manhattan) dans un loft, non loin de Robert Rauschenberg, Jasper Johns et James Rosenquist. « l’une des rares enclaves artistiques principalement queer en Amérique » a dit un historien (J.Katz). Elle en profite pour faire table rase et détruire l'ensemble de son travail. « Je suis instable et je veux essayer de ne pas parler pendant trois ans. Je veux vraiment le faire. « (lettre à un curateur, 1967) « Je m’intéresse à une expérience sans paroles et silencieuse, et à son expression dans une œuvre d’art qui est également sans mot et silencieuse. » En 1973, elle réapparait avec A Clear Day (Un jour clair) une série de trente sérigraphies (portfolio 30 dessins). Parait cette année-là, son recueil « La perfection inhérente à la vie » (« On the Perfection Underlying Life »), une tentative de formulation de ses idées sous forme de monologue intérieur. Un recueil d’aphorismes, de conférences, de poèmes et de paraboles, un itinéraire de l’errance et de la perfection. En 1976, elle achète une caméra et filme en plein air. C’est "Gabriel", un film silencieux qui explore le bonheur, l’innocence et la beauté, ces émotions abstraites dont on peut faire l’expérience, selon elle, à travers la contemplation du monde naturel. Agnès Martin est récompensée du lion d’Or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de sa carrière en 1997. Elle est l’une des grandes artistes du vingtième siècle. Quelques images du travail d'Agnès Martin Peut-être que ce genre de billet intéressera les lectrices ou lecteurs de ce blog, peut-être pas , peut-être que je peux parfois éviter de parler de "moi" comme j'en ai la manie. Encore que tout choix invoque cette instance, ce qui est la raison principale, fausse évidemment, que je me donne pour toujours avoir l'air de ne rien choisir. Ne pas faire de choix est aussi un choix. Ensuite le temps dira la raison pour laquelle ces choix ont été effectués -soit disant inconsciemment. Le dira t'il vraiment un jour ? parfois j'en doute, c'est un défaut qui attend toujours de devenir qualité. D'un autre côté : je me demande souvent en quoi mes choix regardent les autres, lorsque j'ai terminé de peindre un tableau, d'écrire un texte ? J'ai souvent bien des doutes après coup. Et bien sur que J'imagine aussi que l'intérêt sera proportionnel ( pour moi ) au fait que ça ne semble regarder personne , que cet aveuglement sera même à l'origine de ce que je considère moi comme un bon billet, un bon tableau. Ce fait de ne regarder personne. J'irais ensuite jusqu' à dire même pas moi mais ce serait présomptueux, je ne suis pas encore à ce niveau. Peut-être que c'est pour cela que j'ai encore besoin de publier, d'exposer. Cet automatisme de publier, d'exposer tout de même, comme lorsqu'on vit dans un désert à chercher toujours plus ou moins un point d'eau, en apprenant à économiser sa salive quand rien ne vient. Mais pour économiser quoique ce soit ne faut-il pas remonter à sa valeur, une valeur à soi à ne pas confondre avec les valeurs générales. En tous cas cette idée de créer ainsi des lignées d'artistes me plait bien. On verra bien où ça mène, pour cela il suffit de s'y mettre régulièrement voilà tout encore une fois.|couper{180}

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Où est passée la candeur ?

J'allais l'écrire quand soudain le mot s'est échappé. Candeur ne s'utilise plus guère. Dans la langue parlée qui dit encore candeur aujourd'hui ? Est-ce pour autant que ce que la candeur voulait dire a disparu aussi ? en examinant les synonymes on reste sur le réserve, comme souvent avec les synonymes. L'ignorance y côtoie la niaiserie, glissement d'une époque à l'autre. La notre est féroce. Quand ce mot candeur remonte de l'oubli il me parle d'autre chose, de bien autre chose que de bêtise. La bêtise c'est sans doute d'avoir oublié la candeur, de ne plus pouvoir l'écrire.|couper{180}

Où est passée la candeur ?

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Prendre et jeter.

Prendre un bonbon dans le tiroir, jeter l'emballage dans la poubelle. Prendre connaissance d'un fait, le jeter aux oubliettes. Prendre racine, couper les ponts. Prendre une date, perdre son temps. Prendre la tangente, tourner en rond. Prendre un tournant dans sa vie, filer à l'anglaise. Prendre la température, jeter un froid. Prendre l'air, cracher ses poumons. Prendre une veste, ramasser un râteau. Prendre un rendez-vous, poser un lapin. Prendre un air sérieux, se dégonfler comme un ballon de baudruche. Prendre la mesure, dépasser les bornes. Prendre à gauche, perdre le sens de l'orientation. Prendre le rythme, perdre la mesure. Prendre une amande, filer une pèche. Prendre les choses en main, sentir que les bras en tombent. Prendre le dessus, s'écraser comme une merde. Prendre sa respiration, donner le change. Prendre les choses en grippe, s'évertuer. Prendre un râteau, tomber à la pelle. Prendre la file, sortir du rang. Prendre ses grands airs, recevoir un vent. Prendre la main dans le sac, donner sa chemise. Prendre au mot, emboiter le pas. Prendre l'avion, tomber des nues. Prendre une pincée de sel, faire la soupe à la grimace. Prendre un grain, rembourser au centuple. Prendre appui, perdre connaissance. Prendre la main, recevoir un soufflet. Prendre peur, perdre le nord. Prendre l'autobus, flanquer son billet. Prendre un raccourci, se retrouver à la rue. Prendre des vessies pour des lanternes, péter les plombs. Prendre un chat pour un chat, loucher sur des sardines. Prendre le meilleur, s'attendre au pire. Prendre une patate, faire chou-blanc. Prendre une heure de colle, se décoller la rétine. Prendre un bain de siège, abdiquer sagement. Le fait de noter quelque chose Le fait de noter quelque chose, n'importe quoi, pour se tenir là, être là, chaque jour. Comme si tu avais peur de t'oublier toi-même. Que quelqu'un, quelque chose t'oublie, soit oublié. C'est avancer avec sa peur. Avoir peur mais avancer avec cette peur, aller jusqu'au bout. Le fait d'écrire n'est pas une affaire d'envie ni d'humeur, c'est une affaire à entretenir, comme on prend soin, on ne laisse pas mourir, on ne le fait pas pour obtenir quelque chose de tangible. Le fait d'écrire est un acte, qui n'est ni banal ni important, c'est juste un acte, pour chercher quelque chose de juste, un équilibre. Le fait de noter quelque chose peu importe quoi, peu importe la forme le contenu, c'est gratter une croute. Quelque chose cloche, quelque chose suppure, tente de se cicatriser, mais on ne veut pas laisser la cicatrice aller à son terme, l'oubli de la blessure, on gratte la croute un peu chaque jour pour entretenir quelque chose, peut-être soi. Le fait de noter quelque chose, n'importe quoi, d'écrire quelque chose est plus qu'une habitude, mais ce n'est pas une maladie, ce n'est pas une manie, il faut que quelque chose sorte pour qu'un intérieur se crée comme un dehors. Si ce que l'on note n'était pas noté, restait au-dedans, on n'en mourrait pas pour autant, il ne faut plus exagérer les choses ainsi, comme avant. Si ce que l'on note n'est pas noté ce n'est pas si important ce n'est pas la note l'important c'est le mouvement. Un mouvement se décompose. Le jour est une partie d'un tout, et ce tout est le mouvement. Une chose est notée puis elle est vite oubliée, elle n'occupe plus d'espace dans la tête ; le fait de noter cette chose permet à l'espace de se reconstituer, de combler le trou laissé par cette chose qui précédemment possédait une place dans la tête. Ecrire quelque chose n'importe quoi qui passe par la tête vide la tête, crée à la fois des trous et de l'espace. Il y a un mouvement qui s'effectue ainsi dans la tête en notant, c'est à noter. Le fait de noter pour essayer d'échapper à prendre et à jeter. Pour qui te prends-tu et pourquoi ensuite te jettes-tu , quand tu n'écris pas. C'est aussi un mouvement de se prendre puis de se jeter en dehors de ce qui est écrit. Si on écrit c'est peut-être pour échapper au prendre et jeter permanent. Si on écrit il y a pourtant des règles à respecter, comme oublier le prendre et jeter, ce pourrait être la première règle. En avançant avec sa peur dans cet espace, en creusant des trous qui se rebouchent en raison d'une force centripète ou centrifuge, dans la tête. En dehors de l'écriture on prend ceci on jette cela, on se prend et jette, sans arrêt. L'écriture est ce qui permet de stopper ce mouvement pour en créer un autre. Il ne peut y avoir de vie sans mouvement, pas plus que d'écriture. Mais ce ne sont pas les mêmes mouvements. Pour qui te prends-tu quand tu écris, pour personne, pas même pour toi, c'est autre chose que dans la vie, dans la vie tu dois toujours te dire que tu es toi, te prendre pour ceci te jeter pour cela. La peur t'aide à avancer, la peur de quoi c'est difficile à dire, elle est toujours présente, le choix et la peur sont omniprésents, la peur et les choix, la peur et l'embarras du choix, semblent disparaitre complètement quand tu écris. Mais c'est peut-être une illusion, une fantasmagorie, peut-être que quand tu écris tu ne penses plus à ces choses qu'il faut prendre et jeter, peut-être que tu ne penses plus à toi dans ce cadre là, c'est un autre toi qui ne peut être toi dans la vie. Il y a trop d'émotions à supporter dans la vie, trop à cacher dans la vie, les autres ne comprendraient pas, peut-être que tu écris des choses pour tenter de les éclaircir à cet autre en toi. Le toi de l'écriture est différent du toi dans la vie. Le fait de le noter ne comblera pas la différence pourtant, c'est à cause de cette différence que ce qui s'écrit peut s'écrire. La différence est un trou béant. Il est nécessaire de vivre et d'écrire en même temps pour entretenir la béance. C'est cette béance l'appui. C'est cette béance qui produit l'équilibre. Si tu supprimes, tu jettes l'un des deux toi tu crées du déséquilibre. Tu vois cela très bien avec la peinture en ce moment. La peinture est du même ordre que l'écriture pour toi. Si tu ne peins pas, si tu ne fais que vivre ou te laisser vivre, tu ne te sens pas bien, il te manque quelque chose d'important, tu ne peux pas poser le doigt dessus, cette chose te manque et la béance se retourne alors contre le toi séparé de l'autre toi. Tu es peut-être cinglé, schizophrène, hypocondriaque en tous cas c'est quasi certain. Tu ne peux vivre sans cette possibilité de soupape que représente pour toi noter quelque chose chaque jour, ou peindre quelque chose, peu importe quoi, sauf qu'en ce moment peindre tu ne peux pas, et ça te rend fou. Tu te jettes parce que tu ne peux pas prendre un pinceau. Tu te jettes à corps perdu dans l'écriture parce que tu ne peux pas peindre, tu ne peux plus peindre,. Tu te jettes à corps perdu la tête la première dans l'écriture parce que tu ne supportes plus les émotions si violentes que fait naitre en toi l'absence de la peinture. Tu essaies de te raccrocher à quelque chose en écrivant, de te reprendre, mais tu vois bien que ça ne fonctionne pas, tu te jettes encore plus loin, un peu plus chaque jour, en notant quelque chose avec ta peur au ventre, tout en continuant d'avancer, un mot après l'autre, une page après l'autre, de jour en jour, d'heure en heure, pas à pas. Fatiguer ee quelque chose à dire, peu importe quoi, ne pas trop y penser, mais s'attacher à le fatiguer un peu plus chaque jour en notant. Puis ressortir, vivre la vie de chaque jour comme tu peux, te rendre à l'évidence, tu prends et tu jettes comme tout le monde, tu es comme tout le monde, tu n'es absolument pas différent des autres. Est-ce rassurant ? Est-ce réconfortant ? ce n'est pas ça, c'est autre chose encore, tu es là à vivre ta vie chaque jour comme tu peux entre peindre et écrire, tu en parles de moins en moins avec les autres, c'est quelque chose que tu gardes pour toi désormais, tu ne déranges pas les autres avec ça. Tu es avec ta peur, tes outils, tu ne sais pas bien où tu vas, mais tu continues à t'y rendre, comme on accepte totalement un destin tragique. Comme on note : -ok j'accepte ce chemin quel qu'il soit où il mène, tout est absolument ok. Ensuite encore l'embarras du choix bien sûr, en pleurer, en rire ou simplement rester coi.|couper{180}

Prendre et jeter.

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Des virgules

Des virgules comme on dit des saisons des vies comme si le blanc ne suffisait pas qu'il faille encore le renforcer, marquer la pause, la séparation comme marquer le coup des séparations, reprendre souffle, sans trop vite s'essouffler, mesurer sa respiration par égard à l'autre, pour la clarté, pour le sens unique, pour refouler l'ambigu, des virgules, d'accord mais où, comment, combien ? Quel tempo eut égard aux poumons, à l'air qui s'y engouffre, aux vents, à la bouche qui lit, aux lèvres qui exhalent le son, à la langue en son palais, à la gorge chaude, à l'irritée ? Sans virgule c'est un train grande vitesse, qui sitôt aperçut déjà s'enfuit, on l'oublie, avec virgule un train de banlieue qui s'arrête à chaque gare, on ne peut que s'en souvenir, montées et descentes de passagers, toute la misère du monde en wagonnets. Parvenir à trouver les bons côtés des deux, ni trop, ni pas assez, demande sûrement autre chose que des doigts, un clavier, c'est à creuser.|couper{180}

Des virgules

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l’alinéa

Difficile de se réveiller soudain et de s'apercevoir que l'on n'a rien compris au film qui se déroule sur l'écran. C'est une peur surtout, pire, une panique. C'est comme si tout à coup la peur s'était inversée, le gant se retournait contre la main qui l'épouse encore à peu près. On a peur de cet afflux brut d'informations, sur la vie, et qui semble simultanément plus réelle, d'autant plus qu'on sait désormais que l'on a dormi durant presque toute la séance. Il faudrait se reprendre, respirer, utiliser la ponctuation avec discernement, ne pas céder à la panique, s'accrocher à du tangible, de l'indiscutable, une certitude, des traditions peut-être, voire des règles découvertes en amont de soi par d'autres. On aimerait croire à la certitude après l'avoir repoussée au loin, afin de ne jamais se laisser aller à un confort jugé médiocre ; on aimerait l'amadouer cette peur par l'intérêt, le bénéfice, le profit, qu'elle peut nous apporter à tenter encore une fois, la bonne, la dernière, de nous aider à repousser l'inéluctable. On ne parvient pas encore à se dire que l'on a gâché une vie, que l'on a tout gâché ; une vie et un monde sont à cet instant étrangement synonymes. C'est alors que l'envie d'ordre surgit, que l'on s'interroge sur le tri, sur les ordures, le grain et l'ivraie, le rangement, la clarté, la simplicité peut-être. Il existe alors, on s'en souvient, la possibilité de découper le chaos pour mieux l'avaler, le digérer, tout en se débattant submergé par cette soudaine lâcheté qui nous envahit, on peut peut-être abdiquer et s'appuyer sur l'alinéa. C'est à dire ne plus sauter de ligne, écrire en débutant par le petit espace avant le tout premier mot d'une phrase, d'un paragraphe, un retrait, oui, un vrai oui comme au moment d'en finir, l'alinéa, peut-être.|couper{180}

l'alinéa

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Le participe présent et le gérondif

Il qualifie le sujet et fonctionne soit comme un adverbe invariable soit comme un adjectif qui s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. Exemple avec l’utilisation du participe présent comme adverbe La boite de Nicopass demeurant sur le bureau, une nouvelle addiction me guette. Les bonbons goût « menthe fraicheur » conduisant au sevrage tabagique, s’enfilent l’un après l’autre comme des friandises. Exemple avec l’utilisation du participe présent comme adjectif Les pastilles abondantes qu’il suce pour ne plus fumer. Utilisation du participe présent en mixant l’adverbe et l’adjectif : Les pastilles abondantes qu’il suce pour ne plus fumer, 96 par boite, la boite durant en moyenne une semaine. (Note : Le participe présent ne peut être supprimé sans quoi la phrase n’a plus de sens, alors qu’on peut tout à fait se passer du participe présent utilisé comme adjectif) Les pastilles qu’il suce pour ne plus fumer, 96 par boite, la boite en moyenne une semaine. On voit bien qu’il manque quelque chose dans la dernière proposition. Comment construire un adverbe avec le participe présent Prendre un verbe, utiliser la 1ère personne du pluriel puis changer ons en ant. Exemple : nous prenons, prenant, nous mangeons, mangeant, nous écrivons, écrivant. Comment construire un adjectif avec le participe présent Il suffit d’accorder le participe présent avec le sujet en genre et en nombre Exemple : Une porte battante, des chevaux piaffants, des pastilles calmantes. Quelques pièges lors du passage du participe présent à l’adjectif verbal Le u est supprimé Le q est remplacé par le c Exemple naviguant, navigant Trafiquant, traficant Voguant, vogante Convainquant, convaincantes Attention à ne pas confondre le participe présent et le gérondif Qu’est-ce que le gérondif, à quoi sert-il ? Le gérondif est utilisé pour exprimer une simultanéité, plusieurs actions qui se produisent en même temps. Il est précédé de la préposition « en » qui sert à décrire certaines circonstances de l’action. Exemples : En conduisant j’écoute la radio diffusant un spot publicitaire, n’allumant pas de cigarette ayant décidé depuis le 27 février dernier de ne plus fumer. En passant au crépuscule à la hauteur de la raffinerie de Feyzin je suis toujours aussi admiratif du spectable produit par ses lumières fixes ou clignotantes. En me creusant la tête ce matin concernant mon ignorance crasse de la langue je décide de m’attaquer à la compréhension de quelques règles grammaticales tout en faisant l’impasse sur la ponctuation. (Note sur la focalisation dans l’emploi du gérondif) « En me creusant la tête je décide de m’attaquer à » La focalisation est portée sur je décide de m’attaquer à Alors que je pourrais aussi dire : en décidant de m’attaquer à je me creuse la tête Cela ne fait pas vraiment une grande différence ? Si, tout de même, décider et creuser ce n’est pas vraiment la même chose… alors que se passe t’il … C’est que le gérondif peut aussi exprmier une manière Exemple : j’apprends à mieux comprendre le français en écoutant des podcasts pendant que je conduis mais à chaque fois je perds le fil en passant devant la raffinerie de Feyzin. La construction du gérondif On utilise la préposition en et la terminaison ant. 3 exceptions : Etre, en étant Avoir, en ayant Savoir, en sachant|couper{180}

Le participe présent et le gérondif

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Exercice d’écriture sur les objets ( d’après Francis Ponge)

White mug on the wooden table le bégaiement de Ponge associé à son obstination aura produit quelque chose. Je possède ces deux atouts sans conteste. Et aussi la même tristesse provoquant à peu de chose près la même méchanceté. Mais ce n'est pas une nouveauté, quelque soit l'écrivain les circonstances atténuantes déferlent. C'est une sorte de maladie, être hypocondriaque en littérature, c'est se découvrir tous les symptômes de l'autre. Ce qui n'est pas une sinécure. Enfin bref, allons-y. Le blanc entre chaque mot, évidence de nos jours, ne l’était pas pour Thucydide. Que prendre pour objet dans ce nouvel exercice d’écriture ? le blanc ou le mot ? Si je veux prendre un mug quand je suis ici en train de l’écrire, je me rends compte que je prends le mot plus que l’objet. Et si je dis un mug rempli de café noir, tous ces blancs entre les mots me sautent désormais aux yeux. L’association du b et du l comme dans bla-bla, blanc, bleu, blairer, blache, qui vient du gaulois blaca (chêne blanc ou pubescent) pubescent signifie couvert d’un duvet de poils fin et court, on parle de tige, de feuille, par extension un adolescent pubescent (Léon Bloy utilise pubescent comme substantif, un pubescent excité) Le son bl appartient à la famille des sons liquides. Le blanc en raison de la faible cohésion de ses molécules épouse tout l’espace de la feuille vierge, de la toile de coton ou de lin une fois apprêtée. Le mot mug est nouveau dans mon vocabulaire, il remonte à mon séjour en Suisse, à Lausanne en 1999 jusqu’à 2003. Pour mon départ, je reçu un cadeau de la part de cette entreprise. C’était un ensemble de tasses décorées avec des chatons, qui ne piqua pas ma curiosité pas plus que mon plaisir, c’était juste inespéré, incongru, bizarre. Tenez, c’est pour vous ce sont de jolis mugs. Mais alors la question se pose comment nommais-je cet objet avant la Suisse ? Je crois que je ne le nommais pas tout simplement. Aussi loin que remonte mon souvenir je crois que je ne possédais qu’un seul de ces objets. Pour des raisons pratiques avant tout, car mes logis étaient exigus, notamment l’emplacement pour ranger la vaisselle. Le tout était réduit au strict nécessaire. De plus je ne recevais jamais personne dans ces lieux, ou alors à d’extrêmement rares exceptions. Donc il est possible qu’à certain moment j’eusse utilisé le mot tasse par inadvertance. Par pure distraction, ou parce que je ne possédais pas d’autre mot. Il est tout à fait possible que j’aie fait de même avec les mots qu’avec les objets, en conserver très peu finalement, juste le nécessaire strict. Encore que dans mon esprit l’association branlait entre grande tasse et petit pot. Autrefois, lorsque j’étais enfant, à Villevendret chez mes grands parents, et aussi à Paris, dans l’appartement de la rue Jobbé Duval, le café se prenait dans des Mazagrans, je mets une majuscule j’imagine parce que c’était souvent le dimanche, à des occasions particulières qu’on les sortait des affreux buffets Henri II. Les mazagrans sont donc pour moi des récipients de luxe, des tasses hautes, proche par leur aspect des verres à pied. Sauf que le Mazagran ne comporte pas d’anse, comme les mugs. La matière des tasses que je n’appelais pas mug mais qui en sont cependant, sont souvent en terre cuite, en grès, ou en porcelaine, il y a dans ces matières quelque chose de rassurant, une sorte d’intimité s’effectue s’apprend entre les lèvres et le rebord de ces hauts bols cylindriques. A certain moment ma vie changea, j’obtins l’abondance, et en même temps plus de mugs, voire parfois une compagne. Peut-être celle-ci mettait-elle dans le pot commun ses propres mugs et moi le mien, c’est souvent ainsi dans les associations humaines. Et remarquable inégalité aussi en passant. Mais je préférais toujours le mien, je n’en pris jamais un autre dans mon souvenir. Lorsqu’il était sale je préférais le laver que d’en utiliser un autre. Je n’aime pas vraiment la sonorité de ce mot mug, qui me rappelle le meuglement, le mugissement, et aussi , par ricochet, des périodes assez difficiles de ma vie passée. Des périodes où ne pouvant bénéficier de cafetière, ni de café moulu, j’utilisais de la poudre de café lyophilisée en laissant couler le robinet d’eau chaude pour obtenir une substance se rapprochant au plus près du brûlant. En pension, en mon adolescence, qui n’était guère celle d’un pubescent excité. En retrait d’autrui déjà, je fabriquais cette mixture et j’en étais satisfait. Elle me procurait une indépendance, proche du sentiment de liberté, utile pour ensuite endurer les journées. Après avoir savouré mon premier café lyophilisé, je pouvais suivre le troupeau à la chapelle, réciter ou ânonner quelques psaumes, puis parvenir à la table collective du petit déjeuner, observer patiemment la gabegie, et me retenir de demander quoique ce soit, surtout pas leur affreux café flotte trop léger. Dans mon adolescence j’utilisais le verre à dent pour boire ce café lyophilisé, je crois que j’ai toujours aimé vivre de façon spartiate. Le blanc s’oppose au noir du café, il y a cette petite affichette quelque part dans la mémoire rédigée par Talleyrand. Noir comme le diable, chaud comme l’enfer, pur comme un ange, doux comme l’amour Du coup je ne sais plus vraiment ce que je voulais dire, quel objet a donc été choisi pour l’exercice ? Est-ce le blanc, le café, le mug, le mazagran, ou encore s’agirait-il une fois de plus ( comme toujours et comme c'est agaçant) de moi tout simplement. Encore raté donc, il faudra recommencer encore et encore jusqu'à la fin, à la disparition totale. Alors un papillon se posera sur ton nez. Viser le mug de loin et ne jamais le toucher. Tous les endroits d’une pièce où le mug sera posé, déposé, comme on dépose un poids pour s’alléger, la plupart du temps sans y penser parce que justement une pensée surgit, qui entraine un déplacement, et l’oubli de cet endroit précédent. Admettons qu’un mug ne soit pas seulement un mug, mais un symbole. Un symbole dont on ne peut se passer pour créer une relation entre le monde innomable, invisible, inaudible et soi. Le café est le contenu du contenant tenu par un con au milieu d’un pièce de théatre à laquelle il ne comprend strictement rien. Dans mug il est possible que se cache le mot tug ou thug qui de mémoire est une secte d’assassins. Parfois il m’est venu à l’esprit que je pouvais être un assassin refoulé, que le t de thug s’affadisse en mmmug. Meugler n’est pas mon fort pas plus que brailler, encore que je devrais sans doute apprendre le braille vu mon aveuglement de plus en plus progressif. Se retrouver aveugle à chercher son mug dans l’atelier ne serait sans doute pas pire que de ne plus savoir où je l’ai mis. Avec l’abondance excessive il m’arrive désormais d’abandonner certains préceptes tellement utiles jadis. Je me surprends à prendre plusieurs mugs, puis à les poser je ne sais où. Peut-être que la sénilité commence comme ça. On ne sait plus où l’on pose les choses. Les choses transitent par nos mains mais elles acquièrent une sorte d’indépendance. Les choses se foutent de nous. Sénilité et paranoïa peuvent aller ensemble comme larrons en foire. Détachons les lettres créons de l’espace entre elles. Le m le u le g. Si on ote le u qui ne sert sans doute pas grand-chose quand tout est de l’hébreu, que reste t’il ? MG Comme dans image, imaginer, mage, magie. Ainsi le mug est peut-être un ersatz de baguette mgq En tous les cas la main a besoin de tenir cet objet à période régulière, pour donner une contenance à l’ensemble. Comme la cigarette Ce n'est pas rien de se donner une contenance. Cela est à rapprocher du liquide qui remplit le vase, le verre, qui prend la forme du contenant qu’on lui offre. Ne serais-je rien d’autre qu’un liquide, un gaz, une vapeur qui ainsi attend d'obtenir une contenance ? Le mug est le microcosme dans ce cas, une image fétiche que je trimballe d’un lieu à l’autre de l’atelier, un grigri. Ai-je quoi que ce soit à voir avec les marabouts. Suis-je moi-même marabouté ? Ai-je croisé un praticien du vaudou me condamnant à porter un mug toute la sainte journée, m’obligeant malignement à le poser, le déposer, et l’oublier. Puis le chercher souvent en vain, et donc à me diriger vers l’étagère de la cuisine, là où toute une collection de mugs sont alignés ; pour en prendre un autre et encore un autre et ainsi de suite ? Suis-je frappé par la malédiction des mugs ? Ou alors mon dégout de l’abondance m’a-t-il emporté vers l’ultime frontière, celle de l’indifférence totale, là où le manque et l’excès ne font plus qu’un ? Là ou avoir un mug ou mille n'apporte absolument plus rien de plus que tout ce qu'on a déjà compris de la vie. Peut-on être frappé par une quelconque illumination, rejoindre la stupeur totale, le nirvana seulement à l’aide du mot mug représentant l’objet mug ? Peut-être aussi que l’usage du mug s’atténuant de plus en plus dans ma vie quotidienne est-il le signe d’une dégénercence. Depuis que je ne fume plus le fait est, je bois bien moins de café, et donc, je ne me sers presque plus de mug. Le mug est une sorte d’image résiduelle de mon existence passée, une sorte de pierre tombale que je continue à porter à bout de bras de temps à autre sans même y penser, par habitude. Mais l’ici-git qu’il représente reste indécis, mouvant, antitétique. Le mug semble dire plutôt ici rien ne git de plus que ce qui déjà git. Le mug serait-il un intermédiaire entre le monde des vivants et des morts ?|couper{180}

Exercice d'écriture sur les objets ( d'après Francis Ponge)