Lignées

Il est intéressant d’imaginer les liens qui se tissent à travers le temps d’un artiste à l’autre. Imaginer ou inventer certainement, car nous n’avons pas toujours de preuves pour étayer cette intuition. Par exemple ce matin j’effectue quelques recherches sur l’artiste-peintre contemporaine Amy Sillman.

Amy Sillman est une artiste-peintre américaine née en 1955 à Détroit, Michigan. Elle est connue pour son travail en peinture abstraite, qui explore souvent les relations entre la couleur, la forme et le mouvement.

L’une des contributions les plus importantes de Sillman à l’abstraction est sa capacité à créer des œuvres d’art qui sont à la fois rigoureuses et émotionnelles. Elle utilise souvent des couleurs vives et des formes abstraites pour créer des compositions qui sont à la fois expressives et sophistiquées.

En outre, Sillman est également connue pour son engagement critique envers l’histoire de l’art et les conventions de la peinture abstraite. Elle utilise souvent des références à d’autres artistes pour interroger les idées préconçues sur l’abstraction. Cette approche a permis de renouveler la peinture abstraite en la connectant à des problématiques critiques importantes.

Je tombe sur le résumé d’un livre écrit de la main de l’artiste " Faux pas"

Quelques images du travail d’Amy Sillman.

Combien pèse une couleur ? Comment une forme peut-elle être politique ? Les peintres ont-ils besoin de Freud pour analyser leur passion pour les pots de peinture ? Est-ce qu’une toile peut avoir de l’humour ? L’abstraction gestuelle est-elle forcément un truc de machos ? Figure essentielle de la scène artistique contemporaine, Amy Sillman est une peintre dont les écrits régénèrent la pensée sur l’art, à partir de questions « pratiques » qui permettent de considérer d’un œil neuf l’art contemporain. Attentive à retracer des idées trop vite oubliées et à réévaluer des œuvres mal considérées, elle bouscule les idées reçues sur les avant-gardes, de Maria Lassnig et Philip Guston à... Delacroix. Faux Pas rassemble des textes et des cartoons et dessins humoristiques de Sillman, pour beaucoup réalisés pendant la première vague du COVID-19, ainsi que des portraits d’artistes au travail, composant un panorama personnel de la peinture contemporaine.

Assez cher, 20 € à la Fnac, je le note pour quand j’aurai de quoi, sinon il y a un petit livre disponible sur Kindle pour 1,70 € de la superbe collection "Between artists" éditée à l’origine par Alejandro Cesarco , publiée au début de ART PRESS. C’était introuvable et voici qu’on le trouve en kindle, presque gratuitement. Tout est en anglais bien sûr.

D’Amy Sillman le fil de l’intuition ou de l’écriture conduit à Pat Steir née plus tôt en 1940 à Newark, New Jersey. Surtout connue pour ses peintures dégoulinantes, les "waterfalls" datant des années 80. Le lien que l’on peut effectuer se base sur la ligne et le silence, mais chez Pat Steir il y a encore un peu de séduction, c’est cette idée de séduction qui me conduit à Agnès Martin. Plutôt le désir chez elle d’y renoncer définitivement.

Quelques images du travail de Pat Steir :

Un lien, une lignée se crée soudain avec une autre femme et son travail : Agnès Martin.

Agnès Martin née en 1912 Macklin (Saskatchewan), au Canada, puis elle déménage à Vancouver. Le début de son travail comme chez beaucoup de peintres est figuratif. Ensuite elle s’installera aux Etats-Unis, à New York 1941 ..? mais je crois qu’elle est arrivée aux US en 1931, par contre pas d’information sur la ville, et le travail qu’elle y effectua durant cette longue période de 10 ans.

Elle est surtout connue pour la dernière partie de son travail pictural. Celui-ci constitué de grilles rectangulaires. ( huile et crayon) Bien que minimalistes dans la forme, ces peintures s’écartent de l’intellectualisme, fréquent dans les démarches minimalistes, au profit d’une approche personnelle et spirituelle.

En raison de la dimension spirituelle supplémentaire de son travail, elle a préféré que son travail soit classifié en tant qu’expressionnisme abstrait. Dans ses compositions, elle utilisait essentiellement le noir, blanc, et le brun avant son arrivée au Nouveau-Mexique. Ensuite, les compositions ont évolué par l’emploi de teintes légères, changeantes selon la lumière.

Agnès Martin oblige le spectateur à s’approcher de son œuvre pour la percevoir, en cela elle intègre dans ses compositions l’attitude en mouvement du spectateur et l’oblige ainsi à une nouvelle dimension de perception ; en cela l’œuvre d’Agnès Martin est magistrale.

En 1967 Elle quitte son atelier de Coentis Slip (quartier sud Manhattan) dans un loft, non loin de Robert Rauschenberg, Jasper Johns et James Rosenquist. « l’une des rares enclaves artistiques principalement queer en Amérique » a dit un historien (J.Katz). Elle en profite pour faire table rase et détruire l’ensemble de son travail.

« Je suis instable et je veux essayer de ne pas parler pendant trois ans. Je veux vraiment le faire. « (lettre à un curateur, 1967) « Je m’intéresse à une expérience sans paroles et silencieuse, et à son expression dans une œuvre d’art qui est également sans mot et silencieuse. »

En 1973, elle réapparait avec A Clear Day (Un jour clair) une série de trente sérigraphies (portfolio 30 dessins). Parait cette année-là, son recueil « La perfection inhérente à la vie » (« On the Perfection Underlying Life »), une tentative de formulation de ses idées sous forme de monologue intérieur. Un recueil d’aphorismes, de conférences, de poèmes et de paraboles, un itinéraire de l’errance et de la perfection.

En 1976, elle achète une caméra et filme en plein air. C’est "Gabriel", un film silencieux qui explore le bonheur, l’innocence et la beauté, ces émotions abstraites dont on peut faire l’expérience, selon elle, à travers la contemplation du monde naturel.

Agnès Martin est récompensée du lion d’Or de la Biennale de Venise pour l’ensemble de sa carrière en 1997. Elle est l’une des grandes artistes du vingtième siècle.

Quelques images du travail d’Agnès Martin

Peut-être que ce genre de billet intéressera les lectrices ou lecteurs de ce blog, peut-être pas , peut-être que je peux parfois éviter de parler de "moi" comme j’en ai la manie. Encore que tout choix invoque cette instance, ce qui est la raison principale, fausse évidemment, que je me donne pour toujours avoir l’air de ne rien choisir.

Ne pas faire de choix est aussi un choix. Ensuite le temps dira la raison pour laquelle ces choix ont été effectués -soit disant inconsciemment. Le dira t’il vraiment un jour ? parfois j’en doute, c’est un défaut qui attend toujours de devenir qualité.

D’un autre côté :

je me demande souvent en quoi mes choix regardent les autres, lorsque j’ai terminé de peindre un tableau, d’écrire un texte ? J’ai souvent bien des doutes après coup. Et bien sur que J’imagine aussi que l’intérêt sera proportionnel ( pour moi ) au fait que ça ne semble regarder personne , que cet aveuglement sera même à l’origine de ce que je considère moi comme un bon billet, un bon tableau.

Ce fait de ne regarder personne.

J’irais ensuite jusqu’ à dire même pas moi mais ce serait présomptueux, je ne suis pas encore à ce niveau. Peut-être que c’est pour cela que j’ai encore besoin de publier, d’exposer.

Cet automatisme de publier, d’exposer tout de même, comme lorsqu’on vit dans un désert à chercher toujours plus ou moins un point d’eau, en apprenant à économiser sa salive quand rien ne vient. Mais pour économiser quoique ce soit ne faut-il pas remonter à sa valeur, une valeur à soi à ne pas confondre avec les valeurs générales.

En tous cas cette idée de créer ainsi des lignées d’artistes me plait bien. On verra bien où ça mène, pour cela il suffit de s’y mettre régulièrement voilà tout encore une fois.

Post-scriptum

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Pour continuer

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre