Barnett Newman né à Lower East Side.

(Première partie)

"… Au lieu d’utiliser des contours, au lieu de faire des formes ou de créer de l’espace, mon dessin déclare l’espace. Au lieu de travailler avec les restes de l’espace, je travaille avec tout l’espace. "

Barnett Newman considérait les dessins comme essentiels à sa méthode de travail. Et compte tenu de son penchant pour une seule ligne droite pour façonner l’espace (ce qui a été surnommé le "zip"), il n’est pas clair si l’espace dont il parle est l’espace sur le morceau de papier bidimensionnel, ou un espace plus tridimensionnel. espace. Ou peut-être pensait-il à l’espace qu’impliquent ses dessins. Ou il aurait pu simplement parler de la zone, ou de l’espace, sur un morceau de papier. Beaucoup de questions que se posent les non-artistes finalement. Encore une fois agir n’est pas réfléchir. Déclarer plutôt que tergiverser.

Le long de l’East River entre le pont de Manhattan et la 14 ème rue s’étend Lower East Side dont la limite ouest est Brodway. Ce quartier fut longtemps habité par une population ouvrière et défavorisée, il n’avait pas bonne réputation. Beaucoup de juifs venus d’Europe de l’Est y vivaient et y vivent encore. En 1910 on en comptait 540 000 d’après le livre de Paul Johnson, une histoire du peuple juif ( JC Lattes , 1989) C’est dans ce quartier de New York que nait Barnett Newman, le 29 janvier ( tiens comme moi ) mais lui ce fut l’année 1905.

En 1905 que se passe t’il aux Etats-Unis d’important ?

Les Etats-Unis prennent le contrôle des droits de douanes, par un traité signé avec la République Dominicaine. La création du Rotary Club. Création d’un protectorat qui mettra fin à l’ingérence américaine en République Dominicaine. Le début de l’ère Lochner ( la cour suprême s’oppose systématiquement à toute règlementation favorisant les conditions de travail, notamment les durées de travail et les salaires ) Ce qui entraine un peu plus tard la création d’un syndicat international, le International Workers of the Word à Chicago, dont les participants seront nommés les Wobblies ( deux cents socialistes, anarchistes et syndicalistes radicaux) Ils souhaitent ainsi en réaction à la loi Lochner, rassembler les travailleurs sans discrimination de sexe, de race ou de qualification. Ils prônent l’action directe et l’autodéfense en cas d’agression. Les Noirs se réunissent aux chutes du Niagara sous l’impulsion de William Edward Burghardt Du Bois ( diminutif W.E.B du Bois) Des familles noires s’installent à Harlem.

Il se passe toujours quelque chose quelque soit l’année que l’on choisit sur Wikipédia, c’est fascinant.

Donc Barnett est d’origine juive. Ses parents viennent de Lomza en Pologne. Le père Abraham gagne sa vie en vendant des pièces détachées de machine à coudre aux ouvriers des usines de vêtements du coin. Est-ce pour la fabrication des jeans qui demande énormément de main d’œuvre et de matière première depuis la découvertes des premiers filons d’or du Klondike quelque années auparavant ? On peut le supposer. Il faudrait effectuer des recherches pour en être vraiment certain. Mais ça ne changerait en rien la vie de Barnett Newman, ni celle de son père Abraham qui grâce à ce commerce permet à la famille de vivre assez confortablement. D’ailleurs, en 1915 ils déménageront dans le Bronx, et Barnett se met au piano, au sport et au sionisme puisqu’il fréquente l’école Hébraïque. ( il aura même des cours particuliers en sus des autres dispensés par de jeunes juifs arrivant eux aussi d’Europe)

Entre 1919 et 1923 Barnett fréquente plus le Métropolitan Muséum of Art que l’école. C’est juste à côté de l’école donc forcément beaucoup plus attractif. En 1923 il se met à fond au dessin et décroche un prix pour un dessin intitulé "Much-labored-over" ( beaucoup travaillé) Il fait la rencontre d’Adolph Gottlieb qui revient de Paris et qui est fortement influencé par Cézanne, Matisse et Fernand Leger. Gottlieb dira un jour " Pour moi, certaines abstractions n’ont rien à voir avec l’abstraction. Au contraire, il s’agit du réalisme de notre temps." Ce qui sonne assez juste à mon avis. Il crée en 1935 le groupe The Ten. ( Peut-être un clin d’œil à l’ancien groupe Ten American painters qui fut crée en 1885 pour protester contre le mercantilisme de leurs anciennes expositions et leur ambiance de cirque... ) Ils furent les représentants de l’impressionnisme américain durant une bonne vingtaine d’années.

Barnett est aussi copain avec un certain Aaron Siskind, qui deviendra plus tard un photographe assez connu. Mais pas par moi. Dans son travail, Siskind met en avant des détails de nature et d’architecture. Pour lui, ce sont des surfaces lui permettant de créer de nouvelles images totalement indépendantes de leur sujet d’origine.

Quelques images d’Adolph Gottlieb et de ses œuvres

Quelques images d’Aaron Siskind et de ses œuvres

Je m’arrète là pour aujourd’hui. Suspens.

L’article complet sera publié sous forme de feuilleton pour ne pas accaparer le temps des lecteurs d’un seul coup.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre