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ex-voto
ex-voto au musée de Laon Avril et pas encore d'outardes en ma Gaspésie. Il faut fermer les yeux plus fort pour les faire venir, peut-être en mai comme il se dit dans la chanson. La fin est toujours là, fidèle depuis le tout début, ces deux comme larrons en foire, amants épris d'un amour infini. On dit qu'un jour on va mourir alors qu'on meurt à chaque instant sans y penser. Je n'aimerais pas finir sur un regret à venir en songeant trop et mal à mon passé. De quoi suis-je vraiment responsable que d'avoir eu la prétention ou l'orgueil de trop l' être et sous tant de formes tant de circonstances que ce soir j'en ris de bon cœur. Cela ne dit pas pour autant le contraire qu'on serait délivré en n'étant responsable de rien. Comme dans le mélange des couleurs le plus difficile n'est pas la couleurs mais de trouver la mesure, la justesse, le dosage. La fin ne devrait pas être triste. Elle ne l'est pas en réalité.|couper{180}
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T’as peur de quoi
De quoi t'as peur, t'as peur de quoi. L'image voilà c'est ça, c'est toujours ça. Mais nom de Dieu ce que tu loupes. Si tu disais le quart du tiers de tout ce que tu voudrais dire et que tu ne dis pas, quelle tranche de rire. Bon l'image partirait en quenouille évidemment, elle se racornirait comme une comptabilité truquée dans le foyer d'un poêle, d'une cheminée à l'arrivée de la police, qu'on entend toujours arriver à temps pour faire bien propre, avoir l'air. Mais avoir l'air sans les paroles, se faire des nœuds à la cervelle , aux intestins, t'y gagnes quoi ? Je pourrais tout à fait dépasser les bornes. Dire tout haut qu'Eléonore Condor fut de toutes, la plus grande et belle salope que j'ai jamais connue de ma vie. Encore qu'elle soit totalement inventée pour la circonstance évidemment. ( Désolé par avance si tout rapprochement homonymie ou ressemblance, etc.) Car on sait désormais qu'on ne dit pas impunément n'importe quoi qui nous passe par la tête. On risque des problèmes, d'aller en prison mais pas encore d'être écartelé comme autrefois en place publique. Peut-être que ça reviendra si on y pense, si on est maint et maints à se donner la main pour y songer, à ce point qu'on en fabrique une forme-pensée, un égrégore. Je veux dire si la peur du désordre nous oblige à trouver des responsables de toute urgence pour remettre de l'ordre. Créer un halte là. Ecarteler son prochain marque l'esprit pour une durée indéterminée ( comme les contrats de travail après quoi longtemps on courre sans les trouver.) Démembré par quatre chevaux et à partir de quatre points cardinaux quelle sensation sensationnelle ( à partir ou vers ? 'ai soudain un doute ) Osiris et Seth toujours en chamailleries. Et Isis, que fait Isis surtout si elle s'appelle en la circonstance Eléonore Condor hein ? J'ai donc une sacrée salope dans la tête et qui ne me lâche pas. En ai-je peur, est-ce que ce ne serait pas de ça surtout que j'ai grand peur ? C'est que les femmes désormais ne sont plus tout à fait autant les femmes d'hier. Tout comme les hommes d'ailleurs. Héraclite le dit dans un beau livre qu'il n'a jamais écrit mais que l'on cite à qui mieux mieux - L'idiot est celui qui croit qu'il se baigne dans la même baignoire tous les jours que Dieu fait. De là à dire salope à chaque fois qu'on n'est pas d'accord avec une, ou des, n'est-ce pas une preuve à ajouter encore au dossier, un manque criant de vocabulaire. Encore que salope c'est assez joli à prononcer comme varlope, patafiole, épinette, bucolique, vespéral, bourrique, écouvillon, pis que pendre, œcuménique Si on faisait une assemblée œcuménique pour discuter du rapport entre le son et le sens des mots on ne serait pas couché de sitôt. Surtout en France. On pourrait faire un grand méchoui au clair de lune, boire un bon vin du Rhône, faire ripaille en devisant. Serait-il possible qu'on affublasse ainsi de noms d'oiseaux ses congénères juste en raison d'une sonorité d'iceux , et surtout du sacré plaisir physique qu'on en retirerait en abondance, un plaisir de la langue, du palais, de la gorge, du ventre et des deux tympans voire même des couilles puisque il en faut parfois le dit-on pour aborder certains sujets tabous. Et que soudain tout le monde tombe d'accord pour s'exclamer que de la signification des mots du dictionnaire on s'en cogne comme de l'an 40 ou du Coran ou de la Bible. Que la définition défini tant et tant et bien abusivement qu'elle dépasse les limites qu'on en soupe et qu'on se trisse. T'as peur de quoi ne le disant pas. Qu'on te prenne pour un voyou, un fou, un niais, la belle affaire, laisse faire, ils font d'abord les étagères puis ils s'adonnent à les remplir. C'est leur passe-temps. Ecartelé - joli mot à dire- ça doit pas être banal, comme crucifié. Encore qu'il suffise de pas grand chose hier comme aujourd'hui pour crucifier qui que ce soit, juste deux planches et quelques clous. Tu dis que t'as peur d'être le Christ (des fois) , mais rassure-toi t'as bien déjà tout fait pour pas pouvoir y arriver.|couper{180}
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T’y es pour rien
Cimetière des Rois Je sens que je me déshumanise. Je l’éprouve et ça m’éprouve. Je lutte contre en le disant. J’essaie de le dire un petit peu tous les jours. Comme avec l’huile de foie de morue. Il y avait aussi le phenergan, une cuillérée pour papa une autre pour maman, pour dormir, à ne pas oublier. Mais j’ai vécu quand même plus vieux que Baudelaire. Mince récompense quand j’y pense. Et c’est à se demander si c’est mieux d’être un vieil arbre dont le tronc tout écorcé par les piverts sonne de plus en plus creux, ou un véloce météore qui, en combustant de tous côtés, s’éclate, atmosphère chaleureuse, en écornant quelques vélociraptors en tenue de camouflage, mâchant du chewing gum, causant fort de tout et rien. Un chat étique traverse une rue dans ma tête. Je le suis des yeux, à c’t’heure tout est bien pathétique d’être suivi du regard. Et même proche de sympathique voire de poétique. J’ai sauté une ligne pour ne pas le déranger. Ce n’est pas un sourire qui flotte dans l’air, ici pas de chat du Cheshire, seulement un vieux matou qui miaule dans les toutes premières pages d’un livre qui se traine, qui ne s’achèvera pas d’aujourd’hui, ni peut-être demain, désolé pour Cormac McCarthy Plus les jours passent moins je suis humain je le sens, ce n’est plus tout à fait comme avant, alors à quoi bon s’en prendre aux arbres pour tâcher noircir du papier. Quelqu'un ou Quelque chose me dit : t’y es pour rien Mais je sais bien que c'est pas vrai, on y est tous un peu pour tout, un petit peu chacun, et ça dure depuis la Saint Glinglin, ou sans exagérer le calendrier liturgique, au moins ça pour se repérer. Autant dire que ça ne présage pas de lendemains qui chantent. Ce qui tombe bien, surtout quand ils chantent faux la plupart du temps. A moins que du côté de l'ouïe ça se dégrade aussi. Et que pour cette raison si simple comme souvent, on n'apprécie plus la musique tout à fait comme avant. C'est pas gai tout ça m'a dit un homme sans qualité particulière qui passait, ça m'a bien fait plaisir qu'il dise au moins ça, je l'avais pris au départ pour un somnambule croisé dans un autre livre. Encore qu'on puisse dire et faire tant de choses durant notre sommeil, peut-être même plus que durant nos veilles. En 2010 en Avignon ( je vais chaque année en Avignon pour voir des pestacles de théâtre- et des fois je ne m'endors pas ) Donc en 2010 Guy Cassier avait adapté un premier morceau de l'Homme sans qualité de Musil. ( je me souviens de Dominique Frot ... était-elle accompagnée sur les tréteaux, seule ? mais pas important. Vois comme ça te revient quand t'y pense pas. Et comme ça devient flou sitôt que tu t'accroches à une pensée . La tentative d'une synthèse entre toutes les contradictions des personnages dont le seul point commun est leur aveuglement face au désastre qui va s'abattre sur le monde ( L'Histoire se passe en 1913 ) Une phrase fut relevée qui se régurgite soudain va savoir pourquoi comment : « la perte de l’unité de l’être et la fragmentation de la réalité en milliards de petits morceaux qui n’ont plus de liens ». Est-ce qu'on y est vraiment pour rien. Est-ce que ce n'est pas beaucoup plus fatiguant de se dire ça tout le temps. Mais au delà de ce constat navrant, une rapidité de diction m'avait réjouit et tenu en haleine. Un débit d'enfer, mais calme en même temps pour régurgiter tant de mots à la seconde. Le fameux grand calme au beau milieu de la tempête surement. Ce que je retrouve soudain en ce dimanche, lisant à voix haute Rabelais dans la petite pièce que tantôt on appelle bibliothèque, bureau, chambre selon les circonstances qui nous entourent. Est-ce que j'ai l'air bête ? bien sûr, et c'est aussi ( mais je m'illusionne sans doute encore ) un acte de résistance formidable , par les temps qui courent ( où donc ?) de ne pas avoir peur d'avoir l'air bête. Et bon d'accord je me suis dit ces deux monuments ont un petit je ne sais quoi qui les rapproche dans ma tête et j'ai aussi eu une sacrée envie de me retrouver au Père Lachaise, à Paris, refaire tout le chemin à pied depuis la Bastille en passant par la Roquette, et rue du Chemin Vert.|couper{180}
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Où t’en es
Est-ce que tu sais où t'en es. Où t'en es de quoi, qu'est ce que c'est que ce quoi dont tu ne sais pas s'il est loin d'où t'es. Mais de même avec qui. Tout aussi loin. Est-ce que tu sais où t'en es avec qui et quoi. C'est une question. Il faut bien un quoi ou un qui, peut-être les deux. Est-ce que tu veux vraiment savoir où t'en es avec qui ou quoi ou avec qui et quoi ? Et comment que tu le sauras comment que tu peux le savoir, est-ce que tu veux vraiment le savoir, où t'en es de qui de quoi. C'est pas seulement en le disant, en se posant la question que ça devient une vraie question. Tu le sais ça. Tu sais que tu pourrais très bien lancer une question en l'air sans en avoir rien à faire. Et vite repartir entre les pluies de réponses qui tombent. Est-ce que ça va bien t'avancer pour savoir où t'en es, pour savoir de qui ou de quoi. T'es ici, t'es là, tu le vois bien, alors pourquoi que tu demandes où t'en es. Peut-être que t u voudrais que quelqu'un s'amène et te réponde, qu'il te dise t'es ici t'es là comme un pot sur cette étagère, cet arbre dans ce champs, c'est pas comme si toi tu ne le savais pas. Peut-être alors que c'est pour que t'en sois sûr . Tout à fait certain, certain à devenir fou. Mais pourquoi pas devenir fous pourquoi vouloir jamais être sûr toute la question est peut-être ici ou là comme dans qui ou quoi. Peut-être que c'est pour ne pas devenir fou. Et peut-être qu'à force tu l'es vraiment devenu. Et si des fois t'en sais rien qu'est ce que ça peut bien faire, si ça se trouve c'est comme ça qu'on sait où en en est c'est quand on arrête de se le demander. Quelqu'un s'amène et te demande alors où t'en es, tu réponds je sais pas, suis ici ou là , ici et là , voilà tout.|couper{180}
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Décalage
View of a Businessman in front of a wallwith clocks of different country - Jetlag concept Je viens de renouveler quelques abonnements en ligne, tous mes prélèvements mensuels via PayPal ayant été refusés suite à une méchante arnaque. Les banques pour ça n'ont pas fait de chichi à croire qu'elles sont rodées à ce genre d'exercice, opposition carte, dossier de remboursement, nouvelle carte en quelques jours à peine. Du coup j'ai désormais un doute quant à Paypal qui ne m'a même pas répondu quand j'ai repéré le pot aux roses, des prélèvements sauvages sur mon compte pro et mon compte perso. Heureusement que l'on n'a pas encore la fameuse puce électronique directement fichée dans l'œil ou la cervelle, je me demande comment il faudrait ensuite modifié ce moyen de paiement en cas de pépin, de piratage. Une opération chirurgicale à chaque fois pour tout remettre d'aplomb ? On semble bien parti vers ça. Mais j'imagine qu'ils pourront reconfigurer les puces à distance, les hackers aussi, bref, ça promet. Je me sens de plus en plus décalé avec ce monde, j'attribue ce phénomène à l'âge, à une forme de fatigue de la répétition, une répugnance de plus en plus aigüe vis à vis de la bêtise sous toutes ses formes. Surtout quand abasourdi je comprends qu'elle provient de moi surtout. toujours une certaine naïveté qui est je crois une rançon à payer pour je ne sais quoi- cet enthousiasme obstiné- par exemple. Je suis décalé presque totalement mais enthousiaste voire béat. Ce que j'ai vu arriver comme nouveauté en une vie est phénoménal, toutes ces inventions, cette technologie, ce saut quantique réalisé par l'espèce en quoi 60 ans à peine, alors que durant des millénaires nous fûmes dotés de moyens rudimentaires, enfin, d'après la version officielle d'une histoire qu'on veut bien nous livrer. Hier au dîner nous recevions M et C et la conversation s'est portée sur notre vision commune de ce bond technologique. Encore que nous n'arrivions pas à nous décider pour savoir si c'était une si bonne chose que ça. Pas vraiment à voir l'isolement de nombreuses personnes de nos entourages respectifs connectés à leurs écrans. D'ailleurs nous le sommes aussi d'une certaine façon aussi, le mot Youtube est revenu plusieurs fois dans nos conversations soit à propos de peinture, de civilisations englouties, de science, et de danse. Nous sommes finalement tout autant asservis que n'importe qui d'autre Ce qui me fait réfléchir beaucoup à ce qui se passerait si soudain une panne électrique générale nous privait de toutes ces facilités. J'y pense relativement souvent je m'en rends compte, comme si quelque part je l'attendais cette panne générale comme une libération. Ce qui me conduit régulièrement à penser à ces périodes austères traversées jadis. Des périodes qu'à l'époque j'ai pu considérer comme sombres et qui aujourd'hui se nimbent à la fois de nostalgie et de l'idée d'une perte, celle d'une simplicité lumineuse. Ne presque rien posséder que l'essentiel et faire avec créait une sensation de liberté extraordinaire en contrepartie de ce qu'on nomme pauvreté. C'est de cela surtout dont j'éprouve des bouffées de nostalgie, pas vraiment d'une jeunesse passée ou d'un "c'était mieux avant". C'est comme si j'avais eu la chance de vivre en côtoyant à un moment de mon existence l'essentiel et que pour des raisons qui n'en sont pas je l'eusse abandonné, voire trahi. Au profit de quoi sinon d'une sécurité toute illusoire , un asservissement par cercles successifs et qui affermi son étreinte de plus en plus étroitement avec les années. Une sensation de défaite ou d'échec est souvent lié à ce constat. Mais je ne vois souvent que le coté négatif dans ces circonstances, j'écarte tout de l'aventure fabuleuse traversée qui est cette vie. Peut-être une résistance obstinée et trop frontale en même temps qu'une fausse servilité dans laquelle je me serais embourbé victime des habitudes. Toujours le paradoxe, le cul entre deux chaises. Et en même temps des bouffées d'enthousiasme et de béatitude effrayantes, un genre de folie douce qu'on pourrait appeler contemplation, émerveillement. Assez rare de rencontrer ces facultés chez mes proches comme mes contemporains en général. Ce qui fait que je ne les exhibe pas, cette considération miraculeuse du monde je la conserve par devers moi. Mais peut-être ressort-elle via la peinture, cependant que j'en suis toujours déçu car le résultat en est toujours désespérément éloigné. C'est depuis toujours cette marche en crabe entre lumière et ombre qui m'aura conduit dans de formidables imbroglios avec autrui et au final seul avec moi-même. Mais aucun regret c'est assumé. Il arrive pourtant qu'on perde la mémoire comme on perd aujourd'hui ses moyens de paiement, on se retrouve soudain nu et apeuré comme un petit enfant, dans un oubli total de tout ce que l'on croit avoir amassé comme discernement, sagesse, bon sens. Peut-être est-ce voulu par notre inconscient. On peut tellement se retrouver fat d'une lamentable prétention, sitôt qu'on pense tenir quoique ce soit. A ces moment là où la bêtise véritable nous guette , un programme de survie se met en branle. On redevient idiot, ou simple d'esprit, on se retrouve dans cet étonnant décalage avec les êtres, les choses, et surtout soi-même.|couper{180}
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Atelier d’écriture, revisite 05 double tu.
Gregory Derenne peinture Toi œuvre à venir Projet projection projetée à partir de qui de quoi qui es tu ? sinon un rêve, mieux encore rêvé d'un ou de milliers de rêves multiples arbre à maintes branches et racines quelle est ta taille, ton épaisseur ton encombrement, ton essence ton emplacement au sein de la grande de l'immense forêt des œuvres déjà faites, de celles à venir ? Est-ce toi qui m' impose d'aller à ta rencontre ou la petite mélodie de l'air du temps Et si je me bouche un instant les oreilles perdrais-je alors la chanson ou bien est-elle déjà là inscrite depuis toujours tout au fond de moi, dans l'élucubration due à mes insomnies ? Mais alors dans quel moi vraiment te tiens-tu et qui m'échappe sitôt que j'effectue par distraction le moindre pas au dehors dans la rue n'es-tu pas pure distraction qui m'oblige à m'enfuir dans d'autres toujours si décevantes pour revenir vers toi ? Toi peintre imposteur Tu es peintre, tu dis que tu es peintre et cela te semble si ridicule de vouloir ainsi te définir au regard d'autrui. Peut-être que c'est pour qu'on te flanque la paix, qu'on cesse de t'ennuyer avec ce fameux qui es-tu. Tu t'es inventé un rôle, une fonction, mais non par vocation vraiment, pas par désir, par obligation serait plutôt le mot. De là toutes ces difficultés, parmi lesquelles celle surtout de rester face à ton chevalet alors qu'en fait tu préférerais mille fois aller marcher dans la campagne, voir leurs formes leurs couleurs leurs mouvements, en être sans éprouver le moins du monde le besoin de l'exprimer. Toi tu dis que tu es peintre mais tu ne peins pas tant que ça, tu donnes seulement l'impression que tu peins ce qui passe de moins en moins inaperçu à des regards avertis, à tes yeux à toi tout au moins. Ce qui te fait songer à cette vieille cette profonde résistance à tout engagement de ta part sinon pour pallier au plus pressé toujours à l' urgence, aux factures, à l'argent, à tout ce qui est bien loin d'être poétique ou romantique. Tu dis que tu es peintre pour faire le malin, l'avocat du diable, tourner en dérision un mythe, peut-être ce mythe de l'œuvre à venir et qui ne vient jamais, car comme le disent les punks :" no futur" mon petit vieux, tout au présent sont les êtres les choses les vérités comme les illusions. Et tu pourrais en être désespéré si tu ne trouvais pas tout ça si drôle si bizarre, si beau, mais d'une fréquence dure à tenir pour s'en souvenir.|couper{180}
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Ivresse et abstinence
Entre les deux toujours mon cœur balance. Plutôt ma tête. Le doute dans ma tête toujours lui, le diable de doute. Mais de temps à autre je sens que j'ai une petite chance alors je fonce tête baissée. Dans l'ivresse comme dans l'abstinence. Car il faut de chacune explorer l'étendue, apercevoir l'illimité, s'en réjouir comme s'en effrayer. Peut-être est-ce à partir de là que le cœur peut peser chacune de nos actions bien mieux que peuvent les autruches peser icelles en iceux.|couper{180}
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Du lanternois à l’antipodien en passant par l’utopien
Quand Panurge réclame la charité devant Pantagruel ravi, il la réclame en quatorze langues dont trois imaginaires - le lanternois, l'utopien et le langage des antipodes- C'est dire déjà à quel point Panurge éprouve à la fois l' universalité du concept de charité et sent gausse gentiment. C'est cette gentillesse qui rapproche les deux compères certainement. Mettre autant d'effort et de fantaisie pour atteindre au but n'est pas banal et si à première vue on peut en rire ce qui se dissimule sous cette réaction première crée une émotion, un espoir. Que le personnage de Panurge rassemble en un seul caractère tout ce qu'il peut y avoir eu de roublardise de ruse, de méchanceté chez l'homme aussi loin qu'on puisse l'imaginer, et de comprendre qu'à travers lui c'est l'ignorance, la peur qui se fraie un chemin vers la connaissance, c'est à dire en fait la bonne façon d' aborder l'instant présent, est un baume. Le lanternois et l'antipodien sont des langages hybrides chers à Rabelais qui créait de nombreux néologismes à son époque en utilisant sa connaissance du latin et du grec notamment, mais aussi de l'arabe, de l'hébreu, et certainement bien d'autres langues encore. Nombre de ces néologismes sont entrés dans la langue de tous les jours désormais mais il serait trop long ici d'en faire la liste. De l'utopien personnellement je ne sais que fort peu de choses, sans doute parce qu'il ne s'écrit pas, qu'on n'en trouve par suite que peu de traces ; il n'est que paroles prononcées en l'air dans un moment qui se sera évanoui pour laisser place à d'autres.|couper{180}
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Rabelais et le printemps
Rabelais dessiné par Matisse On a tous son Rabelais, et c’est drôle de constater que c’est chasse gardée souvent et depuis bien longtemps. C’est dire à quel point dans l’imagination de la langue il tient sa place, même si on ne l’a que très peu lu. Parfois d’autant plus est l’importance qu’on ne l’aurait pas lu. La difficulté je m’en souviens était de vouloir le lire mentalement à l’école. Il aura fallu beaucoup d’années pour retraverser cet imaginaire conditionné, se rendre au texte et le prononcer de vive voix. Au début on bute un peu sur les expressions, la graphie des mots, les conjugaisons, mais à l’oreille peu à peu un souvenir nous vient, on se sent de plus à plus à l’aise de le dire tout haut. Ce n’est pas innocent que le vieux françois revienne. Dans tout ce qui se délite de nos jours on cherche sans doute un appui solide et quoi de plus solide que la langue avec laquelle on pense ou s’exprime, qui crée notre corps et nos mouvements. Je suis émerveillé par le travail de François Bon, son projet vidéaste d’aller sur les lieux et lire à haute voix des passages entiers de Pantagruel, Gargantua et tout le tutti. Que Rabelais nous revienne comme il a dû venir à ses contemporains par l’oreille j’imagine est vraiment un soufflet opportun à la parole gelée qui nous submerge. Ce printemps avec les premières vidéos de François refleurit la langue mais pas seulement, on peut l'apercevoir sur les fruitiers, nombreux ici en Isère, dans les cris tombant du ciel, le retour des hirondelles. Et je me dis qu'au lieu d'avoir chacun son Rabelais, faire comme cet autre François bien généreux, le partager aux quatre vents. voici le lien pour suivre cette formidable aventure ( bien sûr c'est payant et c'est bien normal- mais à différents niveaux de bourse, allez voir ) https://youtu.be/fxG8VywwAeU François Bon parle de l'édition Bouquin, du Tout Rabelais, et wouah ! qu'est ce qu'on en apprend ou plutôt comprend !|couper{180}
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Esquisses, ébauches, croquis, études
Grande difficulté à distinguer désormais les nuances entre ces différentes catégories d’autrefois- Mais étaient-elles aussi distinguables qu’on l’imagine. Tout ce qui est en amont de l’œuvre d’art en tant que préparation de celle-ci ou à celle-ci. En réfléchissant, la gravité au sens de l’importance qu’on lui attribue- sérieux, sombre, puissant, sévère- autant qu’on veuille croire à l’idée de catégorie-serait un critère selon quoi juger de la pertinence ou de l’impertinence des miennes. Quand je dessine un pot sur un coin de table suis-je dans un état d’esprit aussi grave que lorsque je pose des touches de peinture sur une grande toile de commande ? La notion de sérieux est-elle encore valable pour distinguer ces catégories en matière de travail artistique. Peut-être qu’elle n’est qu’un faux-nez, une fausse piste que les notions de pesanteur (levis le léger et gravis le lourd ) sont termes de commerce avant tout, une façon de peser, et qu’elle n’est pour moi qu’un fléau, qu’elle me tient constamment dans le doute, le soupçon, l’ineptie d’une action commise en pleine ignorance. Le travail préparatoire est une association de deux mots sur quoi buter. Travail en tant que torture et préparer, dans le sens de faire subir un apprêt, c'est-à-dire apprêter, ou maquiller, voire embellir. Aborder le réel sans filtre au travers le dessin, la peinture, l’écriture c’est avant tout ne pas savoir quoi peindre ou dire. C’est la quête de ce qu’est le vain, le vin en tant que divin, dit vin pour voir le vain dans la dive bouteille. Car ai-je la prétention fabuleuse d’avoir quoique ce soit d’interessant, d’important, de grave à peindre ou dire, non et j’en suis bien conscient depuis longtemps. Ce sérieux, cette gravité, cette pesanteur ces mots associés à la préparation artistique me déplaisent dans l’intention qu’il faut pour y entrer et qui est en un mot d’obtenir quelque chose. Ce serait comme ces aeronefs qu’on lance vers le ciel, dans un mouvement d’oblique calculé et qui perdent un étage puis un suivant et encore un autre avant de s’extraire de la stratosphère, d’arriver enfin en contact avec le vide intersidéral. Mais si on est déjà perpétuellement en contact avec ce vide, pourquoi donc effectuer encore une préparation à y pénétrer. Mon travail avec les enfants est sans doute de plus en plus l’élément principal qui alimente mon élucubration car je n’ai pas la prétention de dire qu’il s’agit ici d’une « grave » reflexion ; l’observation de cette spontanéité et de cette joie avec laquelle les enfants se lancent dans le dessin la peinture en toute ingénuité me tourne plus la tête vers l’avenir que vers l’arrière. Je me suis aussi procuré, incidemment, l’édition numérique de l’excellent « Tout Rabelais » que je me suis mis à lire à haute voix ( uniquement le texte original ). Le plaisir de sauter à pied joints dans cette belle langue, de la prononcer agit sur les molécules d’eau du corps certainement, réveillant de vieilles mémoires enfouies parmi lesquelles surtout les mystères du rire comme le mystère du vin ou du vain. Le vain rejoint le banal, c'est à dire surtout pour moi leur immense attrait depuis toujours. Si travail préparatoire à l'œuvre il doit y avoir, si il doit y avoir ébauches, esquisses, études, c'est surtout à mon sens de se désensevelir d'une notion de gravité, d'importance, de sérieux qui revient toujours au moment où je l'attends le moins, mais qui n'est pas celle désirée, qui n'est que l'obstacle permanent à une autre bien plus énigmatique.|couper{180}
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Une histoire entendue sur la route.
Hier soir, en revenant de mon atelier de peinture j’ouvre Youtube et laisse faire le hasard de l’algorithme qui me propose une vidéo sur une jeune femme peintre Akiane Kramarik. Evidemment je ne peux pas voir les images qui défilent puisque je conduis mais l’histoire qui m’est contée est tellement extraordinaire que je n’en éprouve pas le besoin, je me laisse porter par celle-ci en me promettant d’aller regarder ces toiles dès que j’en aurai le temps à la maison. Akiane Kramarik est née en 1994 à Mount Morris dans l’Illinois d’un père américain et d’une mère lituanienne. C’est lors d’une émission sur la chaine CNN où elle sera invitée à l’age de 12 ans qu’elle déclare avoir eu des visions de Dieu et le sentiment très fort d’avoir une mission artistique à accomplir alors qu’elle avait 5 ans Akiane Kramarik en 1999 est agée de 5 ans lorsqu’elle disparait mystérieusement durant environ 6 h. Ses parents inquiets font appel à la police, elle est recherchée dans tout le comté d’Ogle dans l’Illinois en vain. 6 heures plus tard elle réapparait aussi mystérieusement qu’elle avait disparu dans la cabane où elle vit avec ses parents dans une extrême pauvreté. La première chose qu’elle dira alors c’est qu’il faut absolument qu’elle peigne ses « visions ». C’est ainsi qu’à 5 ans Akiane débute sa carrière d’artiste, elle dessine, elle peint sur tout ce qui lui tombe sous la main, elle est littéralement prise d’une transe et dit que son professeur est Dieu lui-même qui lui aurait enseigné les premiers rudiments de l’art de peindre lors d’une téléportation au Paradis. Elle n’a que 8 ans lorsqu’elle peint ce tableau et elle dira que l’homme qui l’a inspiré était le Christ. A noter que ce tableau connaîtra une étonnante histoire puisqu’il fut volé par un galeriste indélicat et caché dans un coffre fort durant 12 ans puis lui fut restitué. Rien ne prédestinait la petite fille à vivre une telle aventure puisque ses parents étaient athées, qu'ils vivaient dans un dénuement ne leur permettant pas de posséder télévision ou même une radio. De plus ostracisée par la population locale parce que la famille ne se rend pas à l'église, Akiane suit un enseignement à domicile. Autant dire qu'elle est totalement coupée du monde. Pour dispenser des cours à des enfants du même âge la vision de ce tableau m'a vraiment bluffé. De même qu'en découvrant son site internet j'ai découvert ses dessins réalisés à l'âge de 5 ans, donc après sa "disparition". Je n'ai jamais vu aucun enfant avec de telles dispositions à cet âge. Ensuite que penser de cette histoire je n'en sais rien. Ce matin je me promène encore sur internet pour glaner quelques informations sur la jeune femme, je découvre qu'elle est devenue une artiste réputée, qu'elle possède une chaine Youtube , somme toute qu'elle est devenue une artiste comme une autre désormais si on omet l'épisode prodigieux de son enfance. Ensuite les commentaires associées à chaque vidéo que j'ai pu lire sous celles-ci m'ont fortement éprouvé. Chacun y allant de sa vénération pour Dieu avec moult bénédictions prières et tout le tutti. Bon. Je me suis mis à songer à ces personnes qui commentaient, qui éprouvent cette nécessité notamment dans ce genre de vidéo, parfois il n'est pas rare qu'elles glissent en même temps une petite anecdote personnelle, un témoignage. j'ai pensé à l'Amérique à ces millions de pauvres gens dont le seul espoir est entretenu par une croyance religieuse. Puis j'ai pensé à ce 1% des plus riches qui possède 95 % des ressources de la planète. A cet ordre nouveau qu'ils tentent de mettre en place avec un slogan qui dit tout " Vous n'aurez plus rien mais vous serez heureux". J'ai pensé à cette jeune femme qui a peint dans son enfance ce qu'elle croit être le Christ et qui par la suite à l'âge adulte est devenue une artiste lambda. Je veux dire que le miracle si il y a tout comme la monstruosité sont laminés par l'indifférence, le désabusement, la pauvreté culturelle, l'aliénation au flot continu d'informations de toutes sortes. J'ai pensé à Bill Gates et à ses acolytes qui achètent à tour de bras les terres des fermiers américains, aux graines empoisonnées de Monsanto, à ce monde qu'ils nous préparent où il sera question bientôt de nous flanquer de puces électroniques directement dans le corps afin de nous asservir encore plus efficacement qu'aujourd'hui avec les écrans. J'ai pensé à l'argent virtuel, au fait que tout cela fait une boucle, les terres récupérées, les suicides des paysans, les puces tatouées, les cryptos monnaies, la féodalité et la servitude. J'ai pensé à ma propension à m'éblouir de n'importe quel pauvre miracle pour ne pas rester dans cet enfer. Alors j'ai eu envie d'écrire ce billet sur cette jeune femme, Akiane Kramarik comme pour faire preuve d'une étrange solidarité qui m'étonne moi-même. Ce dont il est question, j'imagine , c'est cette faculté extraordinaire de l'enfance à s'inventer des mondes, à y croire, et qui pourrait changer 1000 fois la face de ce monde si on accordait du crédit un tant soit peu plutôt que de considérer celles-ci selon des normes auxquelles nous sommes asservis comme des histories à dormir debout S'il fallait encore trouver un sens à la vocation artistique des plus jeunes ce serait leur insuffler surtout cette confiance en leur imagination, à les aider à croire que leurs œuvres peuvent réconforter les autres, les éclairer, les faire réfléchir.|couper{180}
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Bleu égyptien
L'un des premiers colorants synthétiques crée par l'homme il y aurait 4500 ans. On parle aussi de fritte de bleu égyptien à ne pas confondre avec le lapis-lazuli aussi utilisé pour le bleu. Il s'agit d'un silicate double de calcium et de cuivre. En fonction du chauffage ( température, durée de cuisson ?) l'intensité des bleus est variable, s'étendant du bleu pâle au bleu le plus sombre. Le pigment est ensuite broyé pour utilisation. L'intensité du broyage va aboutir à des tons différents de bleus, et les artistes égyptiens l'ont bien compris et utilisé. Ils ont parfois joué avec les différentes tailles des particules de broyage, pour donner des aspects différents. Il serait intéressant de connaitre la nature du fondant utilisé à l'époque c'est à dire quel type de cuivre, quelle quantité... ? et qui a pour propriété d'abaisser la température de fusion d'un ou de plusieurs éléments de la préparation durant la cuisson. Le bleu , souffle divin, décore la coiffure de ceux partis dans l'Eternité. Un bleu éclatant ou coruscant. Ce codage sous le rond bleu doit être particulier à INFLUENZ, le code hexadécimal du bleu égyptien étant #1e366d #1434a2rgb(20, 52, 162) Cependant en utilisant un autre convertisseur on trouve encore un nouveau code... On pourrait se fier sans doute un peu plus au code RGB en effectuant un calcul de pourcentage des trois couleurs ( rouge, vert, bleu ) qui le constitue. 20/255 = 7% de rouge 52/2500= 20% de vert 162/255= 63/ de bleu Ce qui ne donne pas 100 % car il n'est pas tenu compte du blanc qu'il faut rajouter à chacune de ces proportions ( il faudrait ensuite faire des tests pour savoir si on doit répartir cette quantité de blanc sur les trois couleurs, deux, ou une seule... Un bon exercice à réaliser en perspective. On l'appelle aussi bleu de Pompéi car il fut également utilisé par les romains pour décorer murs et confection de fresques mais il fut abandonnée vers 470 après JC. Récemment on a cependant retrouvé ce pigment dans un retable d'une église de Barcelone ( Sant Pere de Terrassa) Ce qui est bien étrange car celui-ci semble dater de 700 ans plus tard. Des hypothèses furent échafaudées, soit on avait reinventé le procédé de fabrication, mais alors pourquoi ne s'est-il pas étendu à d'autres créations, ou alors une boule de bleu égyptien aurait été retrouvée on ne sait où et utilisée à cette seule fin de décoration de ce retable ci, et puis plus rien.|couper{180}