Décalage

View of a Businessman in front of a wallwith clocks of different country - Jetlag concept

Je viens de renouveler quelques abonnements en ligne, tous mes prélèvements mensuels via PayPal ayant été refusés suite à une méchante arnaque. Les banques pour ça n’ont pas fait de chichi à croire qu’elles sont rodées à ce genre d’exercice, opposition carte, dossier de remboursement, nouvelle carte en quelques jours à peine. Du coup j’ai désormais un doute quant à Paypal qui ne m’a même pas répondu quand j’ai repéré le pot aux roses, des prélèvements sauvages sur mon compte pro et mon compte perso. Heureusement que l’on n’a pas encore la fameuse puce électronique directement fichée dans l’œil ou la cervelle, je me demande comment il faudrait ensuite modifié ce moyen de paiement en cas de pépin, de piratage. Une opération chirurgicale à chaque fois pour tout remettre d’aplomb ? On semble bien parti vers ça. Mais j’imagine qu’ils pourront reconfigurer les puces à distance, les hackers aussi, bref, ça promet.

Je me sens de plus en plus décalé avec ce monde, j’attribue ce phénomène à l’âge, à une forme de fatigue de la répétition, une répugnance de plus en plus aigüe vis à vis de la bêtise sous toutes ses formes. Surtout quand abasourdi je comprends qu’elle provient de moi surtout. toujours une certaine naïveté qui est je crois une rançon à payer pour je ne sais quoi- cet enthousiasme obstiné- par exemple. Je suis décalé presque totalement mais enthousiaste voire béat.

Ce que j’ai vu arriver comme nouveauté en une vie est phénoménal, toutes ces inventions, cette technologie, ce saut quantique réalisé par l’espèce en quoi 60 ans à peine, alors que durant des millénaires nous fûmes dotés de moyens rudimentaires, enfin, d’après la version officielle d’une histoire qu’on veut bien nous livrer.

Hier au dîner nous recevions M et C et la conversation s’est portée sur notre vision commune de ce bond technologique. Encore que nous n’arrivions pas à nous décider pour savoir si c’était une si bonne chose que ça. Pas vraiment à voir l’isolement de nombreuses personnes de nos entourages respectifs connectés à leurs écrans. D’ailleurs nous le sommes aussi d’une certaine façon aussi, le mot Youtube est revenu plusieurs fois dans nos conversations soit à propos de peinture, de civilisations englouties, de science, et de danse. Nous sommes finalement tout autant asservis que n’importe qui d’autre

Ce qui me fait réfléchir beaucoup à ce qui se passerait si soudain une panne électrique générale nous privait de toutes ces facilités. J’y pense relativement souvent je m’en rends compte, comme si quelque part je l’attendais cette panne générale comme une libération.

Ce qui me conduit régulièrement à penser à ces périodes austères traversées jadis. Des périodes qu’à l’époque j’ai pu considérer comme sombres et qui aujourd’hui se nimbent à la fois de nostalgie et de l’idée d’une perte, celle d’une simplicité lumineuse. Ne presque rien posséder que l’essentiel et faire avec créait une sensation de liberté extraordinaire en contrepartie de ce qu’on nomme pauvreté. C’est de cela surtout dont j’éprouve des bouffées de nostalgie, pas vraiment d’une jeunesse passée ou d’un "c’était mieux avant". C’est comme si j’avais eu la chance de vivre en côtoyant à un moment de mon existence l’essentiel et que pour des raisons qui n’en sont pas je l’eusse abandonné, voire trahi. Au profit de quoi sinon d’une sécurité toute illusoire , un asservissement par cercles successifs et qui affermi son étreinte de plus en plus étroitement avec les années. Une sensation de défaite ou d’échec est souvent lié à ce constat. Mais je ne vois souvent que le coté négatif dans ces circonstances, j’écarte tout de l’aventure fabuleuse traversée qui est cette vie.

Peut-être une résistance obstinée et trop frontale en même temps qu’une fausse servilité dans laquelle je me serais embourbé victime des habitudes. Toujours le paradoxe, le cul entre deux chaises.

Et en même temps des bouffées d’enthousiasme et de béatitude effrayantes, un genre de folie douce qu’on pourrait appeler contemplation, émerveillement. Assez rare de rencontrer ces facultés chez mes proches comme mes contemporains en général. Ce qui fait que je ne les exhibe pas, cette considération miraculeuse du monde je la conserve par devers moi. Mais peut-être ressort-elle via la peinture, cependant que j’en suis toujours déçu car le résultat en est toujours désespérément éloigné.

C’est depuis toujours cette marche en crabe entre lumière et ombre qui m’aura conduit dans de formidables imbroglios avec autrui et au final seul avec moi-même. Mais aucun regret c’est assumé. Il arrive pourtant qu’on perde la mémoire comme on perd aujourd’hui ses moyens de paiement, on se retrouve soudain nu et apeuré comme un petit enfant, dans un oubli total de tout ce que l’on croit avoir amassé comme discernement, sagesse, bon sens. Peut-être est-ce voulu par notre inconscient. On peut tellement se retrouver fat d’une lamentable prétention, sitôt qu’on pense tenir quoique ce soit. A ces moment là où la bêtise véritable nous guette , un programme de survie se met en branle. On redevient idiot, ou simple d’esprit, on se retrouve dans cet étonnant décalage avec les êtres, les choses, et surtout soi-même.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre