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Ballade
Hier, vers la demie de seize heure, mes pieds, énervés par une trop longue immobilité, m'ont emporté ballade juste au bord de la pluie j'avais pris mon appareil photo, on ne sait jamais, peut-être pour capturer quelque chose ou bien m'en donner l'idée, une possibilité une heure trente de monts et de vaux entre les petits immeubles, petits pavillons ouvriers, les travaux de la grand place, les fruitiers, la décharge publique, les cheminées d'usine, les premiers iris, l'odorant lilas. Ballade en fin d'après midi et chance de ne pas rencontrer la pluie. Je suis passé au retour par le centre ville pour voir les films à l'affiche du Rex qui résiste vaillamment. On ira ce soir à la séance de vingt et une heure voir "les chemins noirs" Pas que ça m'enchante , mais cela lui fera bien plaisir depuis le temps. J'ai même gardé dans la poche de mon jean deux billets de dix euros depuis plusieurs jours. Je les récupère en prenant soin de ne pas les casser, les dépenser , de pantalon en pantalon et ce depuis que je ne fume plus. C'est l'avantage. Rien peint du tout aujourd'hui, je crois que je n'aurais pas du regarder ce documentaire hier d'Arte. Picasso le Minotaure c'est pas moi, loin de là. Et dans le fond des choses je n'en suis pas mécontent. De toutes façons il est beaucoup trop tard pour devenir vache, toro, toréador., j'avais la tête ailleurs, on ne peut ni tout faire ni être partout. C'est très réaliste ce que je dis, je devrais retourner faire une nouvelle ballade, je sens que j'énerve mes arpions. Bien content d'avoir trouvé un petit livre de Cocteau qu'il publia du reste non en France mais en Allemagne... Il parle de ses rencontres, dont Picasso justement, qui visiblement ne faisait pas tourner en bourrique que les dames.|couper{180}
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Extrait de Cocteau sur les peintres
dessin de Cocteau et notamment Picasso « L’audace chez le peintre est presque toujours confondue avec une fougue du pinceau. Baudelaire lui-même s’y laisse prendre et décerne à Delacroix les audaces que dissimulait Ingres. Sous une apparence académique, fort trompeuse, Ingres déforme, décante, organise, bascule à la renverse les cous des femmes comme des goitres, murmure d’une voix grave, au lieu de déclamer, et récolte que la jeunesse de son époque se trompe de porte, et qu’il lui faudra attendre que les cubistes le découvrent. Le cubisme a été le classicisme s’opposant au romantisme des Fauves. En 1953, Picasso, dans Guerre et Paix, a marié le lyrisme et le calme, Le Bain turc d’Ingres et L’Entrée des croisés à Constantinople de Delacroix. Qu’a-t-il fait ce Picasso pour déranger les jeunes peintres ? Il s’est imposé comme un dogme que le bien fait dénoncerait une recherche d’esthétique, une inélégance de l’esprit. Ainsi ouvre-t-il une fausse porte aux paresseux qui ne le gênent pas et la ferme-t-il à ses contradicteurs qu’on prendra pour esthètes et retardataires. Car il referme toutes les portes qu’il ouvre. Le suivre c’est se cogner. Peindre sur la porte c’est être accusé de platitude. « Une figure mal faite de Picasso résulte d’innombrables figures bien faites qu’il efface, corrige, recouvre et qui ne lui servent que de base. À l’encontre de toutes les écoles il semble achever son travail par une ébauche. Son entreprise destructive est constructive en ce sens qu’on ne saurait construire du neuf sans détruire ce qui est. Il donne l'espoir, s'il désespère. Il prouve que l’individualisme ne se trouve pas en danger de mort et que nous ne marchons pas vers un avenir de termites. Bien des cornes le menacent, mais il leur oppose une prodigieuse agilité de torero. Les écoles nous enseignent à partir de l’infini pour atteindre au fini. Picasso fait la route inverse. Il va du fini vers l’infini. Un objet infini. Une figure infinie. C’est ce non-fini, cet in-fini qui nous intriguent et nous attachent. La mise au point de ses lorgnettes d’approche se fixe au flou. Mais comme ce flou s’exprime avec précision, il intrigue encore davantage. En outre, chaque détail du tableau semble obéir à des distances différentes entre l’œil et ce qu’il regarde. Picasso m’a raconté qu’il avait vu en Avignon, sur la place du château des Papes, un vieux peintre, à moitié aveugle, qui peignait le château. Sa femme, debout à côté de lui, observait le château avec des jumelles et le lui décrivait. Il peignait d’après sa femme. Picasso dit souvent que la peinture est un métier d’aveugle. Il peint, non ce qu’il voit, mais ce qu’il en éprouve, ce qu’il se raconte de ce qu’il a vu. Cela communique\à ses toiles une puissance imaginative incomparable." Extrait de Démarche d'un poète Jean Cocteau|couper{180}
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dire contre le dit
dessin sur tablette avec Procreate le dit c'est l'ennemi, ça c'est dit, contredire le dit est toujours possible, il est possible de redonner ainsi au verbe une dynamique, un vecteur, tu dis un truc et paf ! tout de suite dans la foulée, tu te contredis. Et vois là-bas ce qu'ils font du dit, ils dépècent les carrières de marbre, les forêts de chênes, pour graver des signes bien jolis mais qui n'ont pas de sens. Une fois que j'ai dit ça, c'est comme si je n'avais rien dit. Si personne ne vient me contredire, je crois que ça restera en l'état. Il y a bien des états dits de droit, des états de dits, pourquoi n'y aurait-il pas des états de contredit, de non-dit. des états sans foi ni loi comme dans les jours d'aujourd'hui. Surtout au printemps tout le monde dit comme c'est beau ici c'est le printemps tu as vu, il faut beaucoup de réflexe, un entraînement de chaque jour, chaque minute, pour oser dire et sans ciller -non je n'ai rien vu. Rien du tout. Histoire de donner une mince chance à la conversation, ou au moins à la contradiction. Mais tout le monde s'en fout, chacun s'en va dans son printemps à soi, hypnotisé par sa propre idée du beau, du renouveau, des bourgeons qui pètent ; il paraît que ça aide à supporter tout le reste.|couper{180}
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traversée
dessin sur tablette avec Procreate une traversée de l'inutile commence en premier lieu par la prise de conscience sourde de tout de ce que tu croyais important, précieux, utile. Ce sont des écailles qui se détachent lentement des yeux pour glisser vers l'oubli ou le néant. Autrefois cela te paraissait insupportable et tu essayais constamment de recoller ces morceaux, plus ou moins avec soin, mais, tandis qu'un de ces fragments reprenait place, te recréait un peu bancal, un autre à nouveau se détachait pour glisser au loin. Au bout du compte il en résulta une monstruosité sans nom, une créature à ranger dans la catégorie des films d'horreur, une reconstitution grossière, un amoncèlement des morceaux de cadavres unis par des coutures grossières. enfin l'inutilité fut d'une intensité telle que tu dus lâcher ta besogne. Un espace gris t'avala tout entier, une sorte de no man's land dans lequel tu erras des milliers de jours et de nuits, mais sans jamais savoir quand était la nuit quand était le jour . Tout avait perdu à ce point de son importance que tu ne parvenais plus à discerner et les choses et les êtres et leurs contours et l'espace entre eux. Tout ne fut plus que formes figées dans la roche froide, et tu fis encore des efforts débiles durant un temps indéfinissable. Tu rampas lentement sur des corps, sur des objets, sur des mots qui n'avaient plus aucune signification ni sens ni laideur ni beauté. Et puis dans une anfractuosité de ce monde bizarre tu trouvas enfin une place. Tu ne fis plus alors que regretter d'antiques sensations, des sentiments appartenant à des âges antédiluviens, tu parvins ainsi à mi chemin du but que le destin avait depuis toujours fixé pour toi. Tu commençais à prendre racine dans la roche, tu réinstallais l'idée du confort, quand celle-ci fut heurtée par un immense corps céleste qui pulvérisa tout ce que tu croyais encore être toi et ce lieu cet espace et tes minces espérances de devenir. Éparpillées dans l'espace noir des bribes flottent tout autour de toi, tu n'es plus dans un corps précis, tu es dans chacune de ces bribes et pourtant tu es en même temps nulle part et partout. Tu es cette conscience qui parvient vaille que vaille, coûte que coûte encore à se faufiler, à traverser l'inutile, en empruntant parfois un peu d'utile si besoin est, si vraiment nécessité, pour voyager plus loin.|couper{180}
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actions, obligations
comment le vocabulaire propre à la finance, à l'argent pénètre t'il dans notre propre langue et en grande partie inconsciente la souille. Encore qu'un mot en lui-même ne soit rien mais que les toutes premières sonorités qu'on y trouve, celle de l'enfance, en deviennent abîmées dans l'oubli, chassées d'un Éden pour atterrir en enfer. J'essaie de me souvenir de la toute première fois où j'ai entendu le mot action, mais je l'ai certainement lu avant de l'entendre de la part d'autrui. une action effectuée à l'intérieur d'une page, d'un paragraphe, et que ma voix aura prononcé intérieurement le découvrant . Obligation devait se rapprocher musicalement d'oubli, peut-être une interprétation sauvage et qui longtemps m'aura induit en erreur. Une "oubligation" Gassion c'était le nom des concierges qui habitaient en bas de l'immeuble de la rue Jobbé Duval. Ils étaient vieux et tout secs, gentils, affectueux, avec des cigales en plastique accrochées à leurs rideaux. Oublie Gassion, je n'ai jamais vraiment pu les oublier, ils reviennent de temps en temps me visiter, ou je vais les visiter en pensée. Je n'ai jamais conservé de lien avec eux une fois parti dans le Bourbonnais, comme je ne conserve de lien avec personne. Enfin ça ne m'empêche pas de penser a beaucoup de gens et tout le temps. Conserver des liens j'imagine que c'est proche des raisons des sépultures dans les cimetières, on écrit, on téléphone, on rencontre certaines personnes à période régulière, pour être certain qu'ils sont à un endroit, un lieu précis, qu'ils ne nous envahissent pas l'esprit de façon intempestive- ce que je ne cesse de vivre depuis toujours. Donc entretenir des liens c'est enterrer quelqu'un ou quelque chose dans la fantasmagorie de mon esprit. Cela me ramène encore une fois à ce baiser morbide. Ma mère me poussant dans le dos pour que j'aille embrasser mon aïeul froid allongé dans sa chambre dans son grand lit. Action ! Puis la sensation peu agréable des lèvres posées sur la viande froide légèrement piquante. Oublie Gassion vite le contact de la pulpe d'un doigt sur un corps d'insecte en plastique. Les morts et les vivants, les liens et les tombeaux, la mémoire et l'imaginaire, Gulliver attaché au sol par des milliers de petites créatures rageuses qui ne cessent de réclamer leur dû, des comptes. Je me réveille quand je veux les gars, sauf que là non je ne peux pas, je ne peux plus, ça ne fonctionne plus. Pris dans les actions les obligations, bien pris.|couper{180}
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contenu
nature morte, Paul Cézanne le contenant et le contenu, quelque chose à creuser dans cette image, un vase ébréché ne peut plus contenir la même chose, on peut y placer autre chose, des fleurs séchées, des éléments qui ne s'enfuiront pas par la brèche, ou encore s'en séparer, le jeter. Quand juge t'on que c'est le bon moment de se séparer d'un vase ébréché, sur un agacement, au bout d'une longue série de petites gènes presque invisibles, l'idée de se séparer n'est-t'elle pas déjà inscrite tout à fait en amont même de ce moment où l'on a acquis l'objet qu'il faudra jeter ou dont il sera d'une importance quelconque de vouloir le détourner de son emploi. Le plus important est-ce le contenant ou le contenu, ce trouble en y pensant. L'habitude de se voir en tant que contenant, de s'affubler d'une importance, laquelle ? pour créer du contenu, c'est encore autre chose. L'importance est donc d'importance entre contenant et contenu. Et si par hasard l'importance, toute notion d'importance se perdait soudain, si le contenu n'avait plus aucune importance tout comme le contenant... quelque chose serait délivré qui serait aussi proche d'un contenu. Une étagère de livres dont on ne voit plus les titres, mais qui forme toujours en soi une image de la lecture, de la bibliothèque, d'une certaine culture. Une question bien plus que n'importe quelle réponse que l'on se sera toujours donnée comme prétexte. Important le prétexte, peut-on jamais produire quoique ce soit sans but sans raison, sans prétexte. On en revient à la notion d'acte gratuit, qui n'est jamais gratuite puisque cherchant à se prouver à soi la réalité d'une gratuité inventée, fantasmée, c'est à nouveau un prétexte que l'on se sera donné. Peindre sans raison, peindre avec un corps, le corps s'exprimant par geste, la raison serait encore de laisser s'exprimer un corps. Tenir le corps dans l' immobile est aussi un acte. Ne rien faire peut-être le contenu d'un faire ébréché, d'une raison ébréchée. A qui s'adresse un tel contenu, on ne fait jamais rien sans s'adresser à une image d'autrui, à une image de soi, qu'à des images. Peindre ce que l'on ne peut considérer comme une image, peindre à la fois le contentant et le contenu, "peindre l'être" comme dirait un ami peintre, ce que je trouve toujours un peu trop ronflant comme expression. Et le non-être alors ne se peindrait-il pas ? le lieu où n'existe ni contenant ni contenu, juste un grand silence et rien ? Le non-être il est possible que ce soit un sérieux malentendu. Le non être c'est cette vie ici-bas où l'on s'accroche à des raisons comme à des épines. Et ici on insiste sur le bas pour s'inventer encore un haut, bien sûr. c'est contenu dans le paquet. Il faut se contenter de ça comme se contenir, sinon on devient un fâcheux, un emmerdeur, un chercheur qui ne trouve jamais rien.|couper{180}
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entre-deux
Peindre et non peindre, l'entre-deux, à la fois dépression et fébrilité. Une vue d'esprit. Ce n'est pas parce que l'on se tient devant une toile avec le pinceau que l'on peint. Ce n'est pas parce qu'on est assis à regarder une toute petite tête d'oiseau au haut du toit que l'on fait autre chose. Un conditionnement si ancien qui nous pousse a l'exaltation dans le faire, à culpabiliser de non faire. Pousser le curseur dans les deux sens, dans une exagération du faire et du non faire pour se rendre compte de l'absurdité d'une telle séparation en catégories. Il faut en avoir dans le ventre pour tenir dans chaque extrême. Puis le temps met à jour le ridicule, on abandonne quelque chose en route, une part de soi qu'on estimait si importante, une forme de résistance qui n'a plus vraiment de raison d'être. On entre dans une autre forme de déraison, on vieillit voila tout. quelque chose parfois encore semble s'opposer à l'évidence, une jeunesse récalcitrante. On tente de la raisonner, de se raisonner, la vieillesse aussi peut être tout aussi récalcitrante. Quelqu'un, quelque chose se trouve au centre dans cet entre-deux, on ne sait plus vraiment quoi ou qui.|couper{180}
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Réviser
Peut-être que c'est juste un passage obligé, un goulot d'étranglement, un boyau, il faut se plier parfois aux circonstances. On croit savoir tant de choses, mais doit-on les expliquer dans le menu, on se rend compte alors de la confusion dont est faite notre clarté. C'est pourquoi régulièrement, je repasse par le boyau, je me plie en quatre, je me fais le plus petit possible pour m'y introduire de nouveau. J'oublie tout ce que je sais sur la couleur un instant et j'essaie ensuite de me l'expliquer le plus clairement que je le peux. Il y a donc au début trois couleurs qu'on est obligé d'acheter dans une boutique, on ne peut pas les obtenir autrement etc etc ...|couper{180}
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Une roue
Depuis quand existe t'elle cette roue. Et pourquoi chaque fois désire t'on la réinventer, chaque génération. On perd un temps fou à vouloir absolument réinventer la roue. Ce n'est pas comme si on ne savait pas qu'elle existe la roue. Mais peut-être qu'on veut créer sa roue à soi, comme pour se dire moi aussi j'en suis capable, moi aussi je peux fabriquer une roue. Et une fois qu'on l'a cette roue, on en fait quoi ? Il en faudrait au moins une autre pour un vélo, trois pour une charrette, on se regarde on est trop vieux pour le boulot qui reste à faire. On reste avec sa roue comme un con au bout de la main. Et puis on l'envoie dans le décor, on n'en veut même plus de cette roue. On ne se souvient même plus pourquoi on voulait inventer une putain de roue. Un autobus passe, il possède toutes les roues qu'il faut pour rouler, on monte dedans, on se la boucle, la boucle est bouclée.|couper{180}
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Déplacement ( revisite 06 , atelier d’écriture)
Un ciel bas, un chemin bordé de talus gras, un fossé avec des gargouillis, des haies pour arrêter le vent, le pas lourd d'une vache qui rejoint l'ombre d'un chêne puis s'y vautre, l'écho d'un coucou qui se répercute, des éboulis de petits cailloux sous la semelle de la chaussure, dominante verte du paysage, collines et halliers de ronces , fruits bleutés, un poids oppressant sur la poitrine qui voudrait hurler. Et puis ce sifflement qui jaillit des lèvres pour accompagner l'instant, une improvisation. Un peu plus loin le chemin s'arrête net, passe une route goudronnée, qu'on emprunte à droite. Autres clôtures, talus, fossés, haies, palis tordus. Le bruit est différent, le bruit des pas sur la chaussée, et on peut voir un peu plus loin l'horizon de la route qui tourne là-bas sur la droite derrière l'if. De part et d'autres de la départementale, la terre retournée, une terre grasse, terre de sienne et ombre, avec quelques rehauts d'ocre et de vert, de grosses mottes laissées par les lames d'une machine agricole. Dans le ciel une buse effectue des cercles dans une odeur électrique des plages de silence, entrecoupées de bruits furtifs dans les taillis. Marcher jusqu'au bout, jusqu'au tournant de la route, trouver la perpendiculaire ensuite pour ne pas rebrousser chemin, fuir l'ennui plus loin. Une ferme, un aboiement de chien, un tintement de clochettes , quelqu'un tape sur du métal dans la grange, on passe vite devant, sans regarder, on regarde droit devant le bout de cette nouvelle route, le nouveau point fixe, un nouveau tournant. S'en approcher, y arriver, tourner encore à droite plus loin, tourner en rond comme ça à angle droit pour ne pas trop voir qu'on tourne en rond ainsi chaque jour des vacances, emprunter divers itinéraires, s'illusionner ; on ne peut pas vraiment ici se perdre. D'ailleurs les toits reviennent, archi connus, le hameau, le début du même chemin par quoi on est parti. Miracle et déception de revenir à la maison.|couper{180}
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Bitume et Cendre
Tableau de SERGIO PADOVANI base d'huile et de bitume Je n'ai pas retenu le nom de cet artiste qui utilise du bitume dans sa peinture, le bitume, le jus de vie. Ni celui de cet autre qui utilise de la cendre, de la poussière de feu. Bitume et cendre dans l'art de peindre de nos jours. Est-ce que je suis passé à coté de quelque chose... je ne me sers que de pigment et de liant. Ensuite une fois qu'on s'est engagé dans une pratique qu'on s'y est habitué, difficile d'en changer. L'idée de tout reprendre à zéro est-elle enfin en train de passer. Plus le temps passe plus le zéro devient abstrait, inatteignable. Donc, un engagement vient avec la lassitude, la lucidité, la peur de se tromper encore ? Un engagement par défaut ?|couper{180}
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En finir
L'idée d'en finir est séduisante s'il n'y avait toujours la peur, la chose sans doute la mieux partagée du monde, et qui nous tient tremblotant , fébrile, ou parfois las, dans l'espoir d'un achèvement indolore. Les choses ne peuvent finir bien, parce qu'elles ne peuvent non plus finir mal. Elles finissent voilà tout. Ce qui est assez rassurant pour un peintre quant à l'idée d' achèvement de ses propres tableaux. Les tableaux finissent eux-aussi, ils le peuvent, de la même manière qu'ils ont commencés. Ensuite dire c'est bien, c'est beau, c'est émouvant, c'est horrible, c'est ceci c'est cela, on doit pouvoir sans passer. Devenir avec les années de plus en plus léger. Si on veut continuer à peindre il faut s'en passer, et de plus en plus rapidement vers la fin. Illustration Le tombeau des secrets , Sophie Calle.|couper{180}