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Des énoncés
"Dans les années 50, on avait montré déjà que plus une foule se densifie, moins elle se déplace vite. Cela s'appelle le diagramme fondamental et cela relie la densité et la vitesse de déplacement d'une foule." Mehdi Moussaïd - CC / photo_collection Dénoncer ou avouer, le fait que ---jusqu’à présent, aucun énoncé ne se soit livré sans difficulté. Qu’’aucun énoncé ne fut pris pour argent comptant. Que le moindre énoncé entendu ou lu, donna toujours beaucoup de fil à retordre. Du fil de fer. Du fil de fer barbelé qui plus est. Des rouleaux entiers de fils de fer barbelé, des trains entiers , des convois sans cesse répétés. Et, à chaque fois, le passage de fourches plus ou ou moins caudines, au petit matin, dans le brouillard glacé, où, en levant le cou, le menton, la tête, les yeux, le regard on pouvait lire : “ARBEIT MACHT FREI” “On fixa ensuite le moment où seraient livrés les otages et où les légions, privées de leurs armes, passeraient sous le joug. (…) Tous courbèrent donc ainsi la tête sous le joug, et, ce qui était en quelque sorte plus accablant, passèrent sous les yeux des ennemis. Lorsqu'ils furent sortis du défilé, quoique, pareils à des hommes arrachés des enfers, il leur semblât voir la lumière pour la première fois, cette lumière même, leur découvrant à quel point était humiliant l'état de l'armée, leur fut plus insupportable que tous les genres de mort.(Tite-Live, Histoire romaine ) Il faut regarder ainsi les choses ,— froidement comme si on était mort aux alentours de 1943, 44. Comme si tout ce qui va se passer ensuite , se reproduire et se reproduire sans relâche, ne soit pas différent, mais du même, de l’approchant, du presque semblable. Du monstrueux. Il ne s’agit que d’améliorations progressives, d’affinements successifs pour produire de nouveaux produits hallucinogènes. Un nouveau joug, de nouveaux brevets dans le progrès des inventions en matière d humiliations, de brimades, de punitions. C’est que la science en général, la médecine et en particulier le management des entreprises, ne peuvent faire l’impasse envers de telles avancées, de si formidables découvertes. La possibilité d’un surcroît de rentabilité les torture et les seconde pour qu’ils développent encore et encore leur créativité afin de nous asservir ou nous avilir. Bien sûr on changera le décor, on le modifiera un peu, parfois beaucoup, mais le fond reste identique. Il s’agit toujours de reformuler un genre d'énoncés bien rodé. “ARBEIT MACHT FREI” Et on peut le décliner en Français, en Anglais, en Russe, en Chinois, en Malgache, le fond reste le même si la sonorité peut paraître étrangère voire divertissante. L’efficacité n’est que la partie visible de l’iceberg. C’est pourquoi les énoncés paraissent en premier lieu simples presque inoffensifs. On ne s’attarde guère sous la surface. On ne veut pas aller regarder sous la surface. On ne gratte pas la surface, seulement les parois des chambres à gaz quand c'est trop tard. To work even harder. Miasa mafy kokoa. Rabotat' yeshche userdneye. Gèngjiā nǔlì dì gōngzuò On peut prendre tous ces énoncés et en toutes les langues, sous leur surface on trouvera toujours la même chose : Nous voulons que tu crèves en tant qu’individu. Nous voulons que tu rejoignes la confrérie, la coterie, le groupe, la foule, la masse. Nous voulons que tu paies, que tu consommes, que tu disparaisses totalement dans le cercle vicieux , payer, consommer, s’amuser. L’énoncé lu entendu sans cela, sans tout cela, en premier lieu n’est qu’une suite de sons qui ne veut absolument rien dire. Ensuite lorsqu'on est au fait de ce que peut dissimuler le moindre énoncé, il est possible de se transformer en entomologiste. Considérer alors tout énoncé comme un insecte. Prendre le temps de l'observer dans ses moindres détails. tenter de remonter sa généalogie, ses mutations, les variations de climat qui l'obligent à renforcer ici une carapace, là à se laisser pousser une nouvelle paire d'antennes ou de pattes. S'attarder sur chaque énoncé, comme s'il l'on se trouvait confronté soudain à une nouvelle espèce d'insecte. Le photographier sous toutes les coutures. Puis la coller dans une boite en verre et le déposer sur une étagère. Fabriquer une étiquette ensuite en utilisant un mot latin ou grec en hommage aux anciens, qui dès l'origine savaient déjà tout cela sur le bout des doigts. Avant que l'amnésie ne nous tombe dessus.|couper{180}
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L’abondance, la mesure
Jan-Gossaert dit "Mabuse" 1478-1532-Madone-à -l'Enfant Tout ça pourrait rendre cinglé. Peut-être est-il déjà trop tard. Cette profusion d’idées qui ne cesse de se déverser comme l’eau d’une fontaine de jardin, une fontaine qui s’autopompe en circuit clos. Les nains de jardin tout autour restent silencieux. Un merle moqueur se moque. Prisonnier de l’abondance, vilain condamné à la servilité pire qu’obéir , serf misérable. Le malgré-soi revient à fond de train. La victime. Un peu de mesure mon petit vieux. Tout à fait le genre de victime qui établit méticuleux le compte des lunettes, de dents en or, de cheveux dans les camps. On compte et puis on balance sur le tas, des montagnes se créent ainsi. Des concrétions infinies. Le malgré-soi capot. Mais quel petit salaud. Petit doigt sur la couture du pyjama rayé. Non mais tu te rends compte, toi qui voulais résister. Preuve qu’on ne change pas si facilement sa nature. Que pour certain la nécessité d’un maître va se loger dans la profondeur la plus débile de l’être. Être ainsi dominé par sa propre abondance, ne pas savoir comment lui résister. Une soumission terrifiante, quand on y pense. Que la mesure jaillisse de ce tas de boue, en fabrique un golem, préserve les enfants prisonniers du ghetto. Tomber à genoux. Implorer la géométrie. Allumer des cierges au Nombre d’Or. Se mettre à plat ventre devant la moindre représentation d’un fantasme de simple, d’austérité. Puis une fois la bonne conscience refaite, repartir ventre à terre. Se vautrer dans l’abondance de nouveau. Se réveiller la nuit pour mieux encore la servir. Des fois qu’on aurait eut malheur de laisser passer une idée. Des fois que la culpabilité nous tenaillerait d’avoir laisser sans contrôle la main mise sur la profusion. Des fois qu’on toucherait enfin la flamme, qu’elle nous liquiderait nous consumant comme il faut. Carbonisation totale de l’éphémère, fauché en plein vol. Combustion impeccable, petit tas de cendres choyant au sol, vite balayé par les grands vents, la pluie, avalé aussitôt par les terres, la rigole qui zigzag entre les limaces, les salades. Digéré par l’oubli. Chaque jour c’est ainsi que Sisyphe vit. Et ça ne lui viendrait pas à l’idée de laisser tomber son caillou, de dire ça suffit comme ça les conneries. De prendre sa serviette de bain, de se rendre à la plage, de piquer une tête puis d’aller s’allonger sur le sable, se rôtir la couenne au soleil. De prendre du bon temps. Un sacré manque d’imagination finalement. —La mesure viendra d’elle-même ou bien ne viendra pas. C’est ce que rumine Sisyphe comme but ou comme raison. Sans doute est-ce la seule possibilité d’imagination une fois que toutes les autres auront été dans l’ivresse, la fièvre, épuisées. —Brûler l’abondance , la mesure, par les deux bouts.|couper{180}
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Du jour au lendemain
https://youtu.be/X1FCTBRXqqYC'est de ce morceau Outro du rappeur allemand d'origine iranienne Sinan-G qu'est extrait le générique de fin de l'émission "du jour au lendemain" Des bribes ajoutées à des bribes. Ce n’est peut-être que cela ce que tu appelles un journal. Finalement pas si éloigné de l’autre, le journal qu’on achetait autrefois en kiosque. Avec ses articles, ses gros titres, des hiérarchies d’importance arbitraires. Peut-être que le journal littéraire s’oppose tout en employant les mêmes outils, les mêmes armes au journaux du soir ou du matin sur lesquels on fonde une idée d’actualité. On chamboulerait ainsi l’importance de cette actualité, en employant un arbitraire valant l’autre. Cette nuit impossible de dormir. J’ai vu le film sur Simone Veil. Ce qui a aussitôt fait ressurgir cette colère ancienne vis à vis des camps, concernant aussi toute cette injustice, cette médiocrité, cette banalité terrifiante. Après quoi il me fut encore plus impossible de dormir. J’avais envie de calme et j’ai repensé à ces moments où la nuit j’écoutais Alain Veinstein, l’émission du jour au lendemain. J’ai recherché sur l’appli Radio France mais hélas la série des Podcasts s’arrête à 2011 on ne peut pas aller au delà. J’ai fini par jeter mon dévolu sur un entretien avec Charles Juliet à propos de son journal VI et de la réédition de Ténèbres en terre froide. La voix de Veinstein et celle de Juliet bien plus que leurs propos finalement sont parvenus à apaiser l’angoisse, ou la rage. Ce qui me fait penser à nouveau combien nous sommes hypnotisés par nos pensées à propos du sens des choses. Qu’il suffit juste de tendre l’oreille aux sons que produisent les voix pour en obtenir bien plus que des pensées, des avis, des opinions. Ce matin je lis quelques articles de blog, mais le cœur n’y est pas vraiment. Il vaut mieux ne pas trop lire ainsi, attendre d’être plus disponible aux autres. C’est souvent cette indisponibilité qui fait barrage je m’en rends compte. Parmi les premiers textes lus je note une confusion entre deux mots hybride et bourde. Et ça se retourne aussitôt contre moi. Je pense à ce que j’écris, à toutes ces bourdes, à l’aspect hybride de ce blog. Jusqu’à présent tellement fragmentaire, le fait que je saute du coq à l’âne consciencieusement ne m’avait jusqu’à aujourd’hui pas vraiment déplu. Bien au contraire. J’en avais presque établit un vague protocole, un rassurant dispositif, une grande liberté surtout. Mais pour rassembler tous ces fragments épars, faire un tout, et qui ait un sens ou une cohérence, c’est à dire une moindre politesse pour le lecteur, c’est une autre paire de manche. Parfois je suis au bord d’espérer y parvenir que j’y renonce presque instantanément. Parce que je vois un livre. Parce que la finalité serait encore de faire un livre, une sorte de preuve. Ensuite à quoi servirait cette preuve, en ai-je vraiment besoin. Est-ce que ça produirait la satisfaction d’un achèvement quelconque ? J’ai bien peur que oui, par faiblesse. Ce dont je ne peux que me méfier absolument et qui renforce aussi ma conviction de ne rien vouloir savoir, de ne rien savoir à propos de l’écriture, de la littérature, de ne pas avoir d’idée arrêtée. De continuer à avancer en aveugle me semble être tout ce que je peux faire du mieux que je le peux. Et d’aller ainsi à coup de bourdes, de textes hybrides, du jour au lendemain sans trop faillir, sans trop espérer ni me désespérer non plus. Un livre m’exclurait du temps. Et je crois que j’ai appris à accepter le temps qui passe maintenant, quelque soit la façon dont il passe et comment je m’en réjouis ou le subit. Accepter ça est je crois un grand pas. Cela vaut bien une satisfaction semblable à celle de produire un ouvrage. Voire une œuvre. Accepter sa faiblesse, et cette forme d’impuissance qui nous empêche de se fourvoyer, tout en se fourvoyant encore tout de même. L’égarement si cher comme seule possibilité de résistance. Je crois que comme les voix entendues cette nuit, un texte, des textes charrient la même chose. Celui qui parle comme celui qui écrit se cantonne à une périphérie et ignore tout de ce qui se passera au delà de celle-ci. La paix peut-être le message qu’on envoie sans même le savoir, du plus profond de la colère de l’angoisse ou du ridicule. Je veux dire que de lire une succession de bourdes peut rassurer, apaiser, amuser beaucoup les gens à propos de ce qu’ils appellent leurs bourdes à eux. Je tape hybride sur Google pour essayer de trouver une image d'illustration et je me retrouve face à des voitures... Je renonce donc à illustrer plus avant cet article.|couper{180}
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C’est aujourd’hui dimanche
https://youtu.be/H3iM2ROp7aQ Si je n’avais pas vu cet étalage de fleurs je n’y aurais pas pensé. Et puis c’est dimanche, la chanson des roses blanches, incontournable. Il y a des béances qui vous retrouvent où que vous soyez. Les pensées s’évanouissent avec le temps, les années. C’est cela surtout de quoi elle est constituée cette béance. De cette distance, de ce vide que l’on découvre entre les pensées d’hier et celles quasi inexistantes d’aujourd’hui Et soudain l’horreur de la fête. Cette fête à laquelle toujours tu t’obstines à ne pas vouloir participer. Comme à aucun défilé, au moindre enterrement. Tu te retrouves avec la tête et le cœur encore plus vide à tenter d’esquiver tous les clichés. Ils ont la peau dure ces clichés, ces lieux communs. Un jour probable qu’ il faudra bien que tu leur cèdes. Quand il n’y aura plus autant de colère, autant de tristesse, autant d’empêchements inqualifiables. Peut-être même seras-tu heureux de t’engouffrer dans tous ces lieux communs. C’est une peur qui vient d’un désir. Les deux irrépressibles que tu t’acharnes pourtant à réprimer en attendant d’en approcher nu le pourquoi qui se dérobe comme tu te dérobes.|couper{180}
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}
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un temps pour chaque chose
https://youtu.be/KyORfuSAa74 J’écoute François Bon lire son Rabelais, la généalogie des Géants. Derrière lui un chat se prélasse, ou se redresse tout à coup, comme s’il avait repéré un truc incongru ou inédit à l’intérieur de la maison de Ronsard, mais ça ne dure guère, soudain le voici qui fait sa petite toilette, se lèche le cul. Grand bonheur d’écouter ces textes lus en plein centre de l’œil du cyclone. Apaisant et en même temps inspirant. La généalogie des géants, tous ces sons qui vous dégringolent soudain dans l’oreille et qui vous rappelle autre chose. Non pas l’ancien testament, pas ça. Plutôt de l’eau qui s’écoule paisiblement, un ruisseau, une rivière, un fleuve pourquoi pas. Légèreté et puissance de cette musicalité des mots comme de l’eau et l’idée profonde d’une reliance, d’une alliance générale, d’un chant général à la manière de Pablo Neruda. Mais l’Ancien Testament est tout de même là qu’on le veuille ou pas. L’œil pour œil et le dent pour dent. Et parmi ces réminiscences celle qui rappelle qu’il y a un temps pour chaque chose et qui se confond avec une place pour chaque chose. Je pense à cela ce matin en me souvenant d’un commentaire reçu sur un de mes textes concernant les gros-mots et l’observation donnée que leur utilité serait mineure en poésie. Qu’avec des gros-mots on ne ferait que de petits poèmes. Et encore, qu’avec des mots simples de la grande. Si je suis d’accord avec la seconde assertion, elle coule de source, la première m’intrigue. Pourquoi ne pourrait-on faire des odes bourrées de jurons, fleuries d’insultes, de belles Jérémiades constituée à partir d’une prosopopée laissant s’exprimer la politesse par sa totale absence. Il y a un temps pour chaque chose, la poésie de Ronsard, la prose de Rabelais, les misères de Rutebeuf, de Nerval de Villon, les illuminations de Rimbaud ou Baudelaire et encore tant d’autres qu’un dictionnaire entier n’y suffirait pas - nous disent aussi cela Je veux dire qu’on écrit on parle on s’exprime toujours peu ou prou avec son temps, qu’on n’est pas complètement détaché de celui-ci, ni singleton. Cela se fait sans même y penser. On est si imbibé, en immersion avec un son ambiant qu’on le restitue toujours plus ou moins à travers nos filtres. A moins de n’être pas du temps, à moins de se créer une illusion d’éternité dans laquelle nous nous rapprochons de l’un ou de l’autre précités pour parler la même langue. Mais ce n’est pas tout à fait la même chose. Etre du temps, ne pas en être, s’obliger au simple de façon violente face au compliqué, à la politesse, face à l’insane, c’est créer des catégories, ou les renforcer encore, c’est établir des camps. Il y a un temps pour chaque chose, cela me semble être une invitation plus qu’un sermon, une injonction. Peut-être que ce qui relie Rabelais à l’aujourd’hui est un chaos semblable se situant dans ce que nous nommons le bons sens ou la raison, ou encore le savoir. En savons nous beaucoup plus aujourd’hui qu’au temps de Joachim du Bellay ? Avons nous progressé d’un pouce sur la compréhension du monde, ou de notre espèce ? C’est à voir mais grande chance qu’on n’y verra pas grand chose de nouveau. Il y a un temps pour chaque chose et pas pour rien sans doute mais pour se rendre compte que l’eau comme la parole, l’écriture empruntent mille formes mais joue toujours la même musique malgré les apparences, l’harmonie, les dissonances, l’illusion de la diversité des paysages qu’elles traversent. https://youtu.be/us8DrqldkaQ|couper{180}
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Faire des étincelles
Ce que l’on comprend seul d’un événement, d’un texte, d’une parole dite. Ce que l’on fabrique seul de tout ça. Quitte à être totalement à côté de la signification qu’attribue la collectivité. Tout chemine de la naïveté première, par la bêtise-soi-disant- puis par le malaise, la culpabilité, le jugement, l’enfermement, la libération et la rédemption qui est le retour chez soi, le retour à sa propre naïveté qui vaut bien toutes les sciences entr’aperçues dans ce périple. Faire d’une tare, d’un égarement, d’une solitude, une force plutôt que tout ces harassements, ces accablements, qui nous rongent sans relâche. Parce qu’on aurait commis comme le crime de s’inventer un sens personnel à la vie qu’on mène, qu’on sent, aux événements qui ne cessent de se déployer, et d’ailleurs dont personne ne sait le pourquoi du comment mais s’impose l’air d’avoir l’air de savoir, tout ça pour être à l’heure grégaire, à la mode ou je ne sais quoi. —Mais non vous ne pouvez, vous n’avez pas le droit, vous vous égarez ! Tenez allez donc au coin, prenez ce bonnet d’âne, et mon pied au cul, et ma main sur la gueule, en passant. Comme cela parait naturel désormais d’ânonner , en raison de l’habitude prise tôt, enfoncée de grès ou de force dans le ciboulot. Je comprends mon attrait furieux pour les silex, leur cassure nette, leur avantage tranchant. Je suis du silex comme on est des villes, de la campagne. L’obsession de faire du feu en frappant l’un contre l’autre deux silex m’est venue tôt. J’y ai passé comme on passe des rames de papier au déchiqueteur, beaucoup de temps, toute une enfance. Jamais je n’ai obtenu autre chose que des étincelles. Il ne m’est pas venue l’idée de l’étoupe, du foin, de la brindille, du duvet comme combustible. C’est que le feu en lui-même, une fois pris- cette idée majeure partagée par un si grand nombre, ne m’intéressait pas. C’était son origine, la naissance du feu qui me fascinait bien plus que de m’y réchauffer de m'en rassurer ou d'en être éclairé. La grosse boite d’allumettes sur le plan de travail de la cuisine, une facilité détestable. Frotter une allumette contre la partie rugueuse de l’emballage, faire un tel geste de manière machinale, en pensant aux fins de mois, aux commissions, au linge, aux semis, à l’injustice chronique des quolibets, des critiques, des moqueries, voilà dans quel état ou lieu de l’esprit résidait ma mère une grande partie du temps. Frotter une allumette sans y penser pour allumer le feu sous le faitout, la poêle, l’introduire dans la gueule noire d’un four pour rôtir le poulet, réchauffer ou dorer le gratin de nouilles, se jeter dans cette facilité sans y penser, m’expliqua en grande partie je crois ce vers quoi mène une énorme partie de nos apprentissages. Faire des choses sans y penser, en pensant à autre chose, ne jamais être là mais logé dans l’ailleurs, la rêverie furieuse des lendemains qui chantent. Battre le briquet, expression attrapé dans un conte de fée, Perrault ou Grimm, non Andersen plutôt : Le petit soldat de plomb. Ou peut-être Riquet à la houppe, je reviens donc à Perrault. Mais peu importe le lieu, l’origine, la référence. Battre le briquet, pour dire allumer la flamme d’un briquet. Cela incite immédiatement à penser la peine qu’il faut infliger à un objet quelconque pour qu’il produise l’étincelle puis la flamme. Toute l’éducation que nous avons subit ne tient-elle pas dans cette expression désuète. Il fait noir, on n’y voit goutte, mais si l’on bat le briquet l’obscurité, l’ignorance reculeront. Ceci expliquant cela il ne fut pas rare que je choisisse l’obscurité en y pénétrant les mains vides, sans silex, sans allumette, sans briquet. Je crois que je voulais comprendre cette obscurité, sa nature, sa raison d’être. Me faire ma propre idée de cette obscurité. Évidemment ainsi en apparence je n’arrive nulle part pour la plupart des gens. Ils ne peuvent se faire une idée de nulle part, désirant plus que tout des lieux balisés, avec des torches de préférence, de grands feux, des feux rouges, des feux de stationnement, des feux de position, des panneaux de signalisation, indiquant le meilleur sens de circulation possible pour ne pas s’égarer. J’aime le soir quand le soleil frappe ou bat les surfaces vitrées des immeubles de la ville. Quand des étincelles surgissent des grandes tours au delà de Neuilly, son pont, du coté de Courbevoie ou Puteaux. Dans ce quartier neuf qu’on nomme la Défense. Il y a là une sorte de rétribution du minéral, du silex, une intention qui ressurgit du fond des âges. La géométrie, la froideur, les angles aigus, tranchant, les étincelles aux surfaces vitrées beaucoup plus larges, un meilleur accueil à l’étincelle, peut-être une glorification de celle-ci bien plus que partout ailleurs dans la ville de l’autre coté du pont qui enjambe la Seine. Taper un silex contre un autre jusqu’à ce que l’odeur qui s’en dégage vous prenne le nez, vous enivre, nous avons ce pouvoir depuis le fond des âges. Est-ce vraiment pour nous prémunir contre l’obscurité, pour seulement ça et cuire des aliments et nous chauffer. Je crois que c’est bien plus et en même temps si peu. Peut-être qu’une grande partie de ce que nous nommons poésie provient que de ça. Taper un silex contre un autre, provoquer des chocs dans la minéralité, peut-être du son, pourquoi pas une musique si on prend la précaution d’observer le rythme qui nous conduit. De temps à autre la chair en pâtit, le tranchant de la pierre tranche la chair, le sang jaillit. Il faut peut-être perdre beaucoup de sang ainsi pour créer la moindre étincelle en tapant l’un contre l’autre deux silex. C’est un apprentissage aussi.|couper{180}
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Vivre au jour le jour
S'attendre à crever n'importe quand ne permet pas de faire de plan sur la comète. C'est tellement miraculeux de vivre, quoiqu'on en dise. Malgré toutes les saloperies qu'on entend toute la sainte journée je veux dire. Quand on vit ainsi au jour le jour en s'attendant à crever à n'importe quel instant, quand on s'attend à tout perdre d'un seul coup à n'importe quel moment, vivre est malgré tout un miracle renouvelé à chaque instant. Mais quoi, Nathalie Sarraute a commencé si tard à publier... dans quel état elle a dû être avant. Et à 96 ans dans quel état elle devait être à la fin... Toute surprise sans doute que le miracle se fut ainsi renouvelé ainsi de suite durant tant et tant de jours de mois, d'années. Hier je me disais que j'étais complètement foutu, bon à ficher à la benne. 63 ans, et toutes ces misères que l'on me fait pour obtenir une pension. Toutes ces misères qu'on me fait de ne rien vouloir devoir à personne. De me démerder seul depuis 2006. Gagner sa vie n'aura jamais représenter quelque chose de plus juste que durant toutes ces dernières années. Gagner pas grand-chose mais vivre malgré tout. Même si c'est toujours au jour le jour. Ce matin j'écoute une émission sur Sarraute et paf un sursaut. bien que j'ai passé les 47 ans depuis un bail et que je doute d'aller jusqu'à 96. Mais moi je publie sur mon blog, ce n'est pas pareil. Je n'ai même pas besoin d'éditeur. Je m'en fous complètement d'avoir un éditeur. J'écris au jour le jour, comme je vis. Ca durera le temps que ça durera et voilà tout. Mais c'est pour dire quand même que la vie est miraculeuse. 47 ans jusqu'à 96 on ne se rend pas compte... tous ces bouquins, un volume de la Pléiade je vous prie. Ce n'est pas rien. Il faut croire dans les miracles et certainement avoir un peu de rage en soi toujours, pour persister, voilà tout.|couper{180}
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Queneau et ses exercices de style
Raymond Queneau, Photomaton, 1928, Fonds Jean-Marie Queneau/diff. éditions Gallimard. Donc l'écriture ne permet pas d'être sauvé. Ni de léviter. Ni les mondanités. Ni de remplir le réfrigérateur. Ni même un minimum de respect. Pas plus qu'un sourire de mon banquier, des institutions en général. Pas même de ma chatte qui s'en tamponne royalement. L'écriture ne permet pas grand chose en fin de compte à part de s'écrire au kilomètre, pour aider à passer le temps, pour contrer l'angoisse, pour se dire je fais tout de même un peu quelque chose dans ma journée. Est-ce que j'écris pour les autres ? rien n'est moins sûr. Parfois j'aimerais bien, mais mieux vaut ne pas être trop exigeant non plus. L'erreur sans doute est de penser qu'elle doive permettre ou servir à quoique ce soit. Du coup quand je ne me sens pas très bien je reprends mon Queneau. Je relis quelques passages d'exercices de style. Je crois que ce bouquin vaut autant qu'un périple douteux vers l'Himalaya et ses monastères pouilleux. Question distance il nous rapproche du vrai sujet. Comment rire de ce que l'on écrit, s'en détacher en même temps, et accessoirement, être frappé par la grâce de l'illumination, surtout par temps morose, quand la luminosité baisse et que machinalement on appuie sur l'interrupteur du bureau. Prendre une simple scène et la réécrire ainsi en employant plusieurs temps de la conjugaison relativise beaucoup le point de vue qu'on peut avoir sur l'écriture, sur l'importance qu'on y accorde, ou que l'on s'accorde surtout à soi en tant que scribouillard compulsif. Une légèreté. Un allègement notoire de l'idée de notre propre importance. Des moineaux sont venus s'ébrouer dans une flaque d'eau laissée par la pluie dans la cour. Je les ai regardé faire un bon moment. La chatte aussi. On s'est même regardé la chatte et moi à un moment, c'était assez troublant. Elle à lorgner les piafs mais mesurant l'effort à produire et le gain putatif à en extraire, elle a renoncer à bouger, tout comme moi. J'aurais pu prendre un appareil photo pour immortaliser la scène . Pour me changer les idées. Tout en sachant qu'on en change pas d'idée aussi facilement que ça d'un moment à l'autre. Queneau et les moineaux sont divertissants comme à peu près tout ce qui a pour fonction de nous extirper d'une idée fixe. Puis ils se sont envolés d'un coup. J'ai refermé le livre et mes pensées se sont aussitôt ruées vers ce qui pouvait rester à grignoter dans le réfrigérateur. Se vider et se remplir, tout ne se résume t'il pas à cela. Quand j'étais plus jeune je me demandais comment vivaient vraiment les écrivains, leur vraie réalité. Peut-être fut elle la mienne en grande partie. Un refuge contre une certaine réalité justement. Ce qui entraine , assez logiquement, qu'écrire, avec tout ce qui va avec consiste à tenter de créer une réalité au regard d'une autre. Se valent-elles ? Et pourquoi faudrait-il que les choses se valent ? J'écris parce que je ne peux pas faire autrement voilà tout. J'écrirai parce que je ne pourrai sans doute jamais faire aussi sincèrement autre chose. Je n'écrirais certainement pas si je pouvais faire autre chose. Si je n'avais pas écrit je ne sais pas ce que j'aurais pu faire d'autre. Eussé-je planté des poireaux, des blettes, des salades si je n'avais pas eu cette lubie d'écrire ? J'ai écrit tout le temps bien avant de prendre un carnet et un stylo. Je voudrais bien continuer à écrire une fois mort, si c'est possible évidemment. Le jour où je n'écrirais plus c'est peut-être parce que le monde aura disparu, que le néant aura repris tous ses territoires. Mais rien n'est moins sûr sachant que rien ce n'est pas rien. ce n'est jamais totalement rien. Je me rassure. J'écris, tu écris, il ou elle écrit nous écrivons vous écrivez ils écrivent. Parfois c'est bien de réviser Queneau et ses conjugaisons. C'est relaxant.|couper{180}
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Suite sans queue ni tête
https://youtu.be/QkHSfMr7kbc Ça ne tient pas debout…debout les morts…Tout se casse la gueule… Il est solide mais jusqu’à quand… ça ne tient plus debout… ça ne cassera pas trois pattes à un canard… Mais redresse-toi nom de Dieu… Je vais m’allonger un peu, je suis fatigué… En position du tireur couché… C’est plus difficile d’avoir le bras tendu que la bouche ouverte hein… Tiens-toi droit… Regarde-moi quand je te parle… De toutes façons tu n’y arriveras pas… Il faut travailler dur… Il a toujours la tête dans les nuages… Il est dans la lune… Les hommes ça ne pleurniche pas… Serre les dents bordel.. On va tous couler et ce sera de ta faute… Pas de quoi fouetter un chat… Je te garde un chien de ma chienne… Tu veux être arrivé avant d’être parti… Prends le train en marche… mais accroche-toi bon Dieu, accroche-toi… Si ma tante en avait on l’appellerait mon oncle… Avec des si on mettrait Paris en bouteille… non, tu ne peux pas dire ça… Tu ne peux pas vivre comme si tu étais seul au monde… Tu es comme ton père… Arrête de rêver… Tu sais, à quelques centimètres près tu n’étais qu’une merde… Si tu ne veux pas le faire pour toi, fais le au moins pour moi… En tous cas tu peux être sûr, tu ne l’emporteras pas au paradis… Mets donc ta fierté dans ta poche, pour une fois… Je t’avais bien dit que ça se passerait comme ça, mais tu n’écoutes rien… A la guerre comme à la guerre… A la fortune du pot… A la bonne franquette… Vous êtes sommé… nous vous mettons en demeure… Vous êtes dans l’obligation… une contrainte à payer … Nous vous avons relancé plusieurs fois… sans réponse de votre part… Bien cordialement… Vous devez la somme de… Cette somme reste exigible … vous devez fournir ces justificatifs sous peine de… Pour un problème technique taper 1… pour un renseignement sur votre compte taper 2… pour demander un report d’échéance cliquez ici… Pour toute autre demande allez sur notre site internet… Je peux passer devant je travaille… Je suis pressé j’ai un train à prendre… ça ne vous dérange pas que je passe devant vous je n’ai que ça… Vous avez la carte de fidélité… vous voulez les vignettes… vous payez par carte… vous voulez le ticket… Vous n’avez pas du tout de monnaie… désolé le paiement est refusé… Nous avons tenté plusieurs fois de prélever la somme de… Si vous ne régularisez pas le service sera clôturé… Nous sommes désolés mais… nous sommes navrés mais… Avec les éléments que vous nous avez fournis nous ne sommes pas en mesure… Ça ne tient pas debout… arrête de rêvasser… mais bouge-toi le cul bordel… Tu vas nous tuer… on se tue pour toi… tu ne l’emporteras pas au paradis… Un peu de couille quoi… Tu imagines que les choses vont te tomber dans le bec… La vie est une tartine de merde dont on mange un petit bout tous les jours… Vous êtes sommé… nous vous contraindrons… vous serez dans l’obligation… on vous saisira vos biens… on vous saisira tout… vous finirez dans la rue… vous finirez clochard mon pauvre… De toutes façons même pas la peine d’essayer, c’est déjà plié, tu n’y arriveras pas… Regarde-moi quand je te parle… Lève la tête… Mais qu’il est con… Une connerie dans une bouteille il est capable de la casser pour faire la connerie… Je vais m’allonger, tu m’as fatigué… Redresse-toi… Qui n’avance pas recule… Ne reste pas planté là…|couper{180}