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La ramener

Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}

La ramener

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Consignes

Travail d'élève en stage Il y a stage, il y a thème, donc il y a consignes. Et comme je ne prépare jamais rien, la consigne au début n’est qu’un embryon. Un petit bout de quelque chose, une boulette de bousier qui au fur et à mesure de la journée s’épaissit. C’est pourquoi j’ai pris l’habitude de donner dès le départ une consigne vague. Par exemple celle-ci — A l’aide d’une couleur primaire et de sa complémentaire faites donc une peinture sur laquelle on serait incapable de voir ni l’une ni l’autre. Ensuite on prend le café, des petits gâteaux, il y a des questions, plein. Les questions c’est bien. Heureusement qu’il y a toutes ces questions sinon je ne sais pas du tout quelle nouvelle consigne je pourrais leur donner. Une consigne pour produire encore plus de questions peut-être ... Tentons. —On était parti sur le thème de la couleur, mais est-ce que vous connaissez vos valeurs au fait ?|couper{180}

Consignes

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Apprendre à boire

A classer dans le recueil pensées d'un idiot. Parmi les souvenirs de beuverie de ma jeunesse, beaucoup de gueules de bois. L’ivresse se paie chère surtout si pour une raison ou une autre on désire en sortir. De plus il y a toujours quelqu’un d’Agen pour vous dire d’aller à Castres ou à Pétaouchnok, d’apprendre à boire. Peut-on apprendre à boire. Grande question. Cela nécessiterait une assez longue explication sur le pourquoi du comment, sur l’innée et l’acquis, sur la multitude des chemins qui n’en fait somme toute aucun. Aucun et quelque chose. Ou encore quelque chose et rien. Sophocle déjà en parle non sans jouer d’ambiguïté à chaque vers. —Je trouverai le criminel dit son Œdipe. Tout et rien. Ce ne sont pas deux choses mais une. Et cette chose n’est pas grand chose au sens ou grand la distinguerait de rien. —Boire pour oublier, disent certains. Boire parce qu’elle m’a quitté. Boire parce que je ne suis pas gai. Beaucoup de gens boivent à tort. Boire pour boire c’est autre chose de plus franc. Boire en gaulois, Boire en Celte, en Gaélique, en Britannique. Boire pour une identité linguistique. Si ça peut, faut essayer pour boire. Boire pour esquiver la réalité comme un champion de boxe sur un ring. Jeu de jambes, on titube, on s’étale, on se relève, on tourne en rond dans un espace plutôt carré. Boire avec méthode. Boire de façon quasi mathématique. En mesurant la progression du taux l’alcool dans le sang comme passe temps. Être titubant mais attentif à la titubation. Mais apprendre à boire, pas d’école connue, pas de formation. C’est que boire est affaire si personnelle dans le fond qu’on serait bien en peine d’en tirer des règles, un manuel, un objet de transmission. Se bourrer la gueule n’est pas boire comme souffler n’est pas jouer. C’est griller beaucoup d’étapes entre le matin et la fin de la journée. Je vois quelques uns qui se vantent d’absorber en un clin d’œil l’équivalent d’un jour ou deux d’opiniâtreté et de patience. Pour s’écrouler lamentablement ensuite dans un sommeil sans rêve. Ceux là boivent pour dormir. Alors qu’on peut en buvant atteindre le contraire, s’éveiller à des réalités parallèles, et qui ne touchent jamais cette réalité-ci. Même en cellule de dégrisement. Boire pour naviguer sur une multitude de réalités parallèles est comme naviguer sur aucune. Il convient à un moment de s’en rendre compte. Ce n’est pas apprendre à boire qu’il faudrait dire c’est tout ce qu’apprend le boire. Être un ivrogne ordinaire rien de plus facile. Tout le monde peut y arriver. Mais atteindre à l’extraordinaire par la boisson c’est autre chose et d’ailleurs la boisson n’est qu’un outil, elle n’est pas une fin en soi. L’important c’est l’ivresse. Et qu’importe le flacon dit-on, la bouteille ou le verre. Cultiver son ivresse est affaire si personnelle qu’il serait prétentieux et parfaitement inutile de vouloir l’enseigner à d’autres. Peut-être en est-il de même de toute chose en ce monde une fois qu’on le découvre avec une. Apprendre à écrire, à peindre, à aimer. On peut aussi se demander à quoi sert l’éducation en général sinon maintenir la croyance qu’on peut tout apprendre des autres et rien de soi.|couper{180}

Apprendre à boire

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Relecture

Il y a quelque chose de douloureux. Douloureux est trop fort, une gène. Je suis gêné lorsque je relis un texte. Pas tous les textes, les miens. Déçu est le mot qui accompagne la gène. C’est décevant, c’est gênant. C’est une question de temporalité. Relire ne s’effectue pas dans le même temps qu’écrire. Ça paraîtra une évidence. Mais si l’on creuse cette évidence on en découvre son étrangeté. Le décalage se fait jour. Le mouvement de l’écriture, le mouvement de la lecture sont deux mouvements distincts. Peut-être parce que lorsque j’écris je ne sais pas du tout vers quoi me mène ce mouvement. Je ne fais que suivre le mouvement avec ses variations d’intensité issues d’un mouvement intérieur à l’écriture elle-même en train de se constituer. Quand je relis je me retrouve face à une chose achevée, une chose morte, inerte, un cadavre. Je ne me sens pas en mesure de dire c’est un bon cadavre, un mauvais, dans mon esprit tous les cadavres se valent. Ce ne sont qu’enveloppes vides, dépouilles de quelque chose qui n’est plus. Se relire est donc lié en grande partie à la mort. Est-ce douloureux de faire face à la mort dans un texte ? Ce serait trop fort, exagéré, grandiloquent. Non il s’agit d’une gène et cette gène crée un empêchement à cet autre mouvement que j’imagine possible bien sûr sans toutefois y accéder : Lire à tête reposée. Lire avec sang-froid. Lire froidement. Lire d’une façon impitoyable ces textes. Voilà quelque chose de nouveau. L’idée d’être sans pitié. Mais pour qui ou quoi ? Pour le texte, pour celui qui l’écrit ou le réécrit en le lisant de nouveau. Avec du recul. Si je m’appuie sur mon expérience en peinture c’est la même chose, une totale absence de pitié envers mes propres peintures. Rare que la moindre trouve grâce à mes yeux quand je prends un tant soit peu de recul. Alors qu’il en est à l’opposé pour les peintures réalisées par mes élèves. Je suis doté d’une compassion sans borne pour les peintures réalisées par les enfants notamment. Peut-être pas tant pour les adultes à la vérité. C’est difficile. Il faut à la fois ménager les sensibilités et maintenir un certain niveau d’exigence. Une exigence que j’attribue au fait qu’on me paie pour donner mon avis, ou des conseils. Il est nécessaire de ne pas raconter d’histoire ici. Il est nécessaire de les raconter habilement. Enseigner demande beaucoup d’habileté pour aplanir les obstacles. Les mêmes très exactement que moi je ne cesse de mettre en travers de ma propre route pour écrire ou peindre. Quel paradoxe. Peut-être qu’un texte achevé, un tableau achevé venant de l’autre déclenche plus d’aménité. Je ne peux intervenir sur une chose considérée comme achevée. Ce n’est pas souhaitable d’intervenir à priori. Qui suis-je pour dire cette chose aurait pu être un peu mieux achevée, ou elle n’est pas tout à fait achevée, ça bouge encore, ça demande à vivre ou je ne sais quoi. Mais quand je pense ça demande à vivre et que cette phrase surgit presque en même temps, simultanément à une notion d’achèvement, j’ai certainement de quoi me questionner. Si ce n’est pas achevé, si c’est encore trop vivant, ce n’est ni mort ni vif à la façon dont je comprends moi qu’une chose est morte ou vive. Qu’en sais je ? Qu’est-ce que je comprends vraiment de ces deux états de l’être ou des objets. Et quelle relation cette ambiguïté entretient elle avec une idée personnelle de la beauté. On parle d’art il faut donc de toute évidence du beau. Ainsi il y aurait la belle mort et la belle vie. Le regard serait posé sur cet horizon, s’aveuglerait de ce mot sans doute. Resterait dans l’aveuglement un certain temps jusqu’à ce qu’une sorte de vision soudaine surgisse balayant d’un coup en même temps ces deux notions de mort et de vie. Les balayant comme on balaie un sol d’atelier en recueillant la poussière dans une pelle. Pelle qu’on vide ensuite sans y penser dans une poubelle tout en recommençant une nouvelle journée. Est-ce que la relecture me gène car elle m’oblige à aller explorer la poubelle. Pour voir si je n’ai pas jeté autre chose que de la poussière. Si je ne me suis pas trompé quant à ce que je considère comme de la poussière, c’est à dire du temps qui passe dans lequel on ne parvient pas à achever correctement quoi ce soit Dans un tel cas il faudrait se mettre à l’écart du temps, s’isoler du temps afin de mieux le considérer pour ce qu’il est. Un espace. Un espace tout à fait semblable à une page d’écriture, un texte. Un espace comme une toile clouée sur un châssis et sur laquelle peine et joie sont mêlés à un point tel qu' elles en deviennent indiscernables. Peut-être que la relecture d’un texte ou d’un tableau représente l’indiscernable. Me replace dans une strate enfantine oubliée dans laquelle la différence n’existe pas encore. Sauf que l’adulte ne veut rien comprendre de cette strate, il ne veut plus y retourner vue la peine, la difficulté qu’il aura eu à s’en extraire bien malgré lui. S’en extraire pour être avec le groupe. Ce qui lui fait finalement détester tout groupe quel qu’il soit par pure réflexe animal. Là ce n’est plus de la gène c’est une véritable douleur. Cela veut dire tout ça pour ça, tout ça que pour ça ? Encore que ce dégoût réflexe ne provient que d’un engouement bâillonné depuis belle lurette Un engouement premier contrarié qui n’est jamais parvenu à reprendre sa forme d’origine. Un engouement premier resté logé comme un poignard dans un mur, auquel, à force de le voir tous les jours planté là, devient parfaitement invisible. Relecture, relire, relier. De belles difficultés quand on s'y penche.|couper{180}

Relecture

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d’un point de vue global

Il m'en avait bouché un coin. Comment pouvait-il prétendre voir ça. Pantois, j'assistais à la représentation. J'avais trouvé une place de choix, au premier rang. La difficulté comme toujours étant celle de maintenir sur mon visage l'impassibilité propre aux stoïques. Puis il dit : --- Si "je" considère les informations dont "je"dispose d'un point de vue global.... Je sentis mon corps me trahir à cet instant précis du bal de global. Des convulsions irrépressibles me jetèrent hors de moi, m'éjectèrent depuis mon siège vers le sol, à quelques centimètres des chaussures en cuir de vachette de l'orateur qui fit un bond en arrière. L'assistance un instant stupéfaite, très vite ensuite se tint les cotes tandis qu'un peu penaud, je retournais m'asseoir à ma place.|couper{180}

d'un point de vue global

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Ce qui est une tuile

Une autre idée qui peut être digne d’entrer dans le recueil “ les pensées d’un idiot “ La sensation parfois de pousser le bouchon plus loin que nécessaire. Ainsi cette pensée sur les œuvres, toutes les œuvres qu’elles qu’elles soient. Celles que l’on classe par catégories, avec des qualificatifs, des jugements, des avis d’experts, celles qui méritent qu’on s’y attarde, et les autres qu’on met en un clin d’œil au rebut. Toutes les œuvres se valent sur le plan de l’être. Elles sont. Tout œuvre est ce qu’elle est. Et ce avant même que l’on pose un regard sur elle. Ce regard qui ensuite désire se l’approprier ou la repousser. Le professeur en vieillissant ne parvenait plus à dire si les œuvres de ses élèves étaient “bonnes” ou “mauvaises”. Avec les années son œil s’était exercé à un tel point qu’il était parvenu à dépasser les critère de jugement habituels que fournissent l’éducation, l’apprentissage, la pratique. Il ne parvenait plus vraiment à se souvenir à quel moment l’étrange phénomène s’était produit. Un jour il ouvrit la porte de l’atelier, aperçu les élèves installés devant leurs chevalet, puis il avait considéré cet ensemble et en était resté interloqué. Tout était parfait. Il n’y avait rien à dire sur quoique ce soit. Tous les tableaux tombaient d’aplomb. Il n’y voyait partout qu’harmonie, justesse, perfection. Ce qui est une tuile. Car si le professeur avait perdu sa langue, il conservait une assez bonne oreille, et peu à peu les voix des élèves lui parvinrent. — Comme c’est moche. — Je ne sais vraiment pas où je vais avec cette croûte. — Je suis complètement perdue, — Rien ne va plus Cela le réveilla de sa torpeur, ou de sa rêverie. Il comprit qu’il devait poursuivre sa tâche jusqu’au bout ainsi que tous attendaient qu’il le fisse ou face. Il ne pouvait pas rester de profil. Il passa le reste de la journée à produire du conseil comme tous l’attendaient. —Moins bleu ce bleu — Plus rouge ce rouge — Plus épaisse cette ligne — Pas nécessaire celle-ci. Ce faisant, il se voyait lui-même d’une façon étrange. Il était en même temps lui et un autre tout comme ses élèves étaient eux-mêmes et encore d’autres. Plusieurs fois dans la journée il éprouva l’envie de dire —Arrêtez Arrêtez tout, cessez cette comédie ! Cependant il n’en fit rien, la réalité grondait derrière les verrières de l’atelier. Un orage formidable, des grêlons gros comme des œufs de pigeons.|couper{180}

Ce qui est une tuile

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Digne d’être

Sans titre Techniques mixtes sur toile 80x80 cm Mai 2023 « Ce livre ne sera publié intégralement que quand l'auteur aura acquis assez d'expérience pour en savourer toutes les beautés » Alfred Jarry (à propos de “Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien”) Pourquoi tu ne fais rien de tout ça. Si rien signifie pour toi laisser tout ça -tous ces textes- tranquilles, en l’état. Où encore , si la difficulté première, celle de penser en faire quelque chose touchait, comme on gratte une croûte pour raviver une plaie, à la dignité d’être de quoi que ce soit. L’embarras à la seule pensée de déranger le monde vraiment. Vraiment, c’est à dire pas pour rire, mais, au contraire, l’entraînant vers une tristesse encore plus grande. L’orgueil peut aller jusqu’à ce point de l’horizon , attirant ainsi à lui, par convergence, toute perspective. Car peu de distance en somme entre le rire et la tristesse, dans la logique de ta syntaxe . Les textes en l’état doivent donc, encore, toujours, acquérir, pour toi, de la dignité. Ce qui signifie donc qu’à l’heure actuelle ils n’en ont pas, ou si peu. Mais qu’elle est donc cette dignité, quelle idée de dignité t’empêche et simultanément, par l’effet des vases communicants te pousse vers l’audace ? L’audace des timides, des moins que rien, des laissés pour compte. Aucun entraînement des nerfs acquis- péniblement- sur les bancs des écoles, des pensionnats des chapelles, des entreprises, n’a jamais pu te convaincre d’une dignité digne de ce nom. Tu leur a opposé, à toutes, celles entendues, ces dignes dignités affichées, et vues, bien vues, de beaux refus. En commençant par leur dire — oui, bien sur, montrez-moi donc votre fameuse vertu Je n’en vis aucune qui ne fut pas soutenue par autre chose qu’un vice. Le vice et la vertu et vice versa. L’empressement à devenir digne ne vient-il pas toujours de la peur d’être indigne ? Et plus la peur sera grande, plus l’empressement brouillon. Mais au bout de tous ces brouillons que nous reste t’il ? Que te reste-t’il ? Sinon un doute sur ce qui les aura poussé à se produire, se reproduire, se multiplier et croître La crainte de ne pas être ? Le désir d’être ? Deux erreurs de logique, de métaphysique. Tentons alors la pataphysique Trouvons une solution purement imaginaire Une hypothèse folle peut-elle apporter une sage certitude ? Et si l’erreur se logeait dans les mots d’abord Hypothèse et certitude. Sur ce qu’on ne saisit pas des mots Qu’on ne saisit jamais l’insaisissable des mots. Une forme de dignité alors pourrait naître sur le seuil de l’insaisissable Un nouveau-né enveloppé dans des linges douteux Que le désir de ne pas dépasser ce seuil recueille Emporte chez lui pour apprendre ou prendre soin, De la dignité comme de l’insaisissable Et, cependant le paradoxe est ce respect envers la chose qui surgit Le texte qui arrive de nulle part. Que tu n’oses qu’à peine modifier Pour ne pas mettre trop visiblement ton grain de sel. Pour ne pas te mettre en avant. Tu voudrais tellement ne pas te mettre en avant Que c’est évidemment tout le contraire qui se produit Souvent. Dans ton monde à toi pas de différence entre peur et désir Dignité et infamie Encore que tout cela ne soit bien sûr que des mots Destinés à tenter de cerner l’insaisissable En lui lâchant la bride En l’observant s’ébrouer par delà les remparts, les barrières, la phrase, le paragraphe, la page En définitive peux tu dire que tu as compris quoique ce soit à tout ça ? Parfois tu le crois, d’autre fois non, rien. Attraction répulsion c’est la loi. Il y a la dignité que l’on affiche et puis l’autre à soi qu’on n’ exhibe pas. Entre les deux ce n’est pas ton cœur qui balance, c’est plutôt la loi de l’attraction-répulsion qui commande. En même temps ce titre ne veut rien dire du tout, je crois que c'est juste un pléonasme voilà tout.|couper{180}

Digne d'être

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Les pensées d’un idiot

Une idée arrive, je la note. On ne sait jamais. Le narrateur est un idiot, c’est ce qu’il pense. Regrouper de petits fragments de ses idioties. Ainsi en promenade avec Berthe, nous n’avions pas marché cent mètres qu’elle prononçait cinq fois le nom d’une amie, en ajoutant qu’elle mentait. —Claire ment Claire ment Claire ment Claire ment Claire ment. Je me disais que ça devait l’embêter beaucoup d’avoir une amie mentant à tout bout de champs. Justement nous arrivions au bout d’un champs Et une fois de plus elle me dit alors — Mais Claire ment tu n’as rien compris Un peu plus tard j’appris que Claire était le second prénom de cette jeune femme. Je ne su jamais s’il y avait une relation entre cette Claire et cette Claire qui mentait, je me méfie des rapprochements intempestifs. Enfin le fait est qu’au bout de cette promenade je ne la revis jamais plus.|couper{180}

Les pensées d'un idiot

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Boileau sans bol

Écrire de façon simple ou compliquée. Boileau évidemment. On peut tout aussi bien s’en moquer. Du clairement con su, du clairement et non c’est… Aiguiser la pensée ne peut mener qu’au sang. Aiguiser les sens vers l’égarement. Écrire avec une paire de vieux ciseaux rouillée et ne couper aucune burne. Laisser les burnes en paix. Ne pas s’en préoccuper. En revanche être présent quand ça s’écrit Une politesse.|couper{180}

Boileau sans bol

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caviardage 2

ca valait le coup de le préciser ...|couper{180}

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Un art du prompt

L’engouement pour la nouveauté fonctionne toujours aussi bien. Ce que nous appelons nouveau n’est généralement qu’une façon d’emballer l’ancien, du packaging, associé à de bonnes campagnes marketing. Comment pouvons-nous avoir la bêtise de penser que nous pouvons créer de la nouveauté, cela reste pour moi une énigme. L’intelligence Artificielle ressemble en tous point à la nouveauté. En tous cas est vendue comme telle. Une révolution. Ce n’est pas rien. C’est un objet qui tourne sur lui-même. Quelque chose qui tourne en rond. Si tout le monde a désormais accès à Chat GPT, ou à Midjourney, la différence sera toujours tranchée entre les imbéciles et les personnes qui réfléchissent un peu. L’espace où l’on écrira la requête n’est pas un espace de babillard. Plus on sera précis dans les termes employés, plus on demandera à l’AI de se poser elle-même les “bonnes questions” sur telle ou telle sujet plus elle sera efficace. Le problème réside dans le fait que pour demander des choses précises, il faut en premier lieu se les préciser à soi-même, Ce qui évidemment laisse encore à l’intelligence tout court de beaux jours devant elle. L’art du prompt, va se développer de plus en plus, c’est à dire qu’il y aura des formations pour apprendre à parler à une machine. Ça va aller très vite, c’est prompt. A quand les formations pour apprendre à se parler à soi-même, aucune date n’est encore précisée.|couper{180}

Un art du prompt

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Voir, percevoir

Les mots ne se livrent pas si facilement qu'on croit. Il ne suffit pas d'aller jeter un coup d' œil au dictionnaire. Peut-être que ça nous rassure de posséder un dictionnaire pour employer les mots de la bonne manière. Pour parler comme tout le monde, pour ne pas passer aux yeux du monde pour un idiot. Il faudrait pouvoir revenir sur la toute première fois où le mot surgit, sur un tableau noir, sur la page blanche d'un livre. Ainsi on se souviendrait de la confusion entre voir et noir, voir et choir, voir et croire. Des liens se tissent entre les mots sans qu’on en prenne conscience. Des lapsus s’installent, et dont on ne parle pas. Dont on ne parle jamais. Pourtant une grande partie de ce qui est nommé poésie ne fonctionne qu’ainsi, en effectuant des rapprochements inattendus entre les mots. Il faut donc creuser à travers toutes les strates, toutes les couches qu’une idée une volonté de normalité aura déposées sur cette première sensation d’un mot, sur nos tentatives maladroites d’en fabriquer des synonymes personnels. Cette maladresse est tout ce qui nous reste une fois que l’idée du monde, de la norme et de nous-même volent en éclat. On pourrait considérer cela tragique, mais ce ne l’est pas. C’est plus une longue maturation, un œuf, une coquille qui soudain se brise. Ce qui en sortira ne peut-être monstrueux qui s’y l’on s’attarde encore sur la nécessité du semblable. C’est presque semblable voilà en quoi c’est inquiétant pour la plupart, aussi inquiétant que de se tenir devant une glace le matin un rasoir à la main. Ensuite l'important n'est plus ce que l'on perçoit, ce sera bien plus la façon dont on s'y prend pour percevoir. Je perçois cette table, mais si je retire de cette perception toute l'histoire que je ne cesse de me raconter avec cette table qu'est ce que je perçois vraiment. Un mot, une table, une personne. Qu'est ce que je perçois sans me raconter d'histoire ? Je pourrais en établir une discipline. Durant un quart d'heure par jour, assis tranquillement quelque part je percevrais tout ce qui m'entoure. Je ferais attention à la moindre histoire qui surgirait, je n'en tiendrais pas compte, je la laisserais s'évanouir comme elle a surgit. Je ne m'intéresserais qu'à ces surgissements permanents qui recouvrent les objets, les lieux, les êtres. Peut-être qu'à ce moment précis j'aurais une fenêtre de vision inédite, ou mieux, je retrouverais la vision que je n'ai jamais perdue, qui est toujours au fond de moi-même depuis les tous débuts de mon existence. voir, percevoir cette fragilité enfantine, ce qui résiste envers et contre tout, ne pas avoir peur du ridicule, dépasser le ridicule. Suivre la voie que le ridicule propose.|couper{180}

Voir, percevoir