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Les fêtes
Je n'ai jamais aimé les fêtes. J'y ai détecté très tôt une férocité qui ne collait pas avec les belles images que les gens autour de moi désiraient montrer d'eux-mêmes. Même si, adulte, l'effroi premier m'en est passé et s'est transformé peu à peu en simple agacement, à chaque fois que je croise une fête quelconque j'ai tendance à bifurquer rapidement, à m'égarer comme on peut parfois par chance le faire dans les ruelles d'une Venise imaginaire. Les fêtes de fin d'année notamment sont un mauvais moment à passer. Alors pour aujourd'hui je vais faire du léger, et une fois les fêtes passées je reviendrai en meilleure forme Pour l'heure je vais m'enfouir dans un bouquin en attendant que ça passe|couper{180}
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Non
https://youtu.be/hmRPECd9Yig C'est un tout petit mot de rien du tout en apparence, un mot que j'ai longtemps refusé d'employer pour ne blesser personne. Mais à force il a commencé à prendre un poids fou. Cela a commencé par des problèmes d'articulations je crois bien. En me levant le matin il me fallait un palan. Et puis les difficultés se seront accumulées peu à peu comme la poussière que l'on ne combat pas courageusement, la poussière s'accumule et au final on est souvent obligé d'employer les grands moyens pour retrouver des surfaces propres à l'intérieur de chez soi. Aussi un matin, j'ai commencé timidement à essayer de dire non. Mais comme je n'étais pas habitué je ne savais pas employer le dosage correct, et puis je suis comme ça, passionné, quand je trouve un truc nouveau j'ai toujours tendance à en abuser pour mieux parvenir à l'ennui, pour y parvenir plus vite , pour mieux m'en libérer au final je crois bien. tout ce qui me titille les neurones au final se transforme en cage et je suis le loup à l'intérieur qui veut sortir. Un matin j'ai dit non, je n 'irais plus travailler dans cette boite. Ça m'a énormément surpris évidemment, je ne m'y attendais pas du tout. Et puis une fois propulsé dans l'air de la chambre ce refus a commencé à revêtir sa propre existence. C'était désormais un fait irréfutable, et je ne pouvais plus revenir en arrière. Mon épouse au début a bien tenter de me raisonner un peu mais comme elle se heurtait à l'étrangeté de ce fait, elle aussi, elle a découvert une impuissance inattendue chez elle à pouvoir utiliser la logique pour me convaincre d'y retourner. C'était extraordinaire en y repensant la puissance de ce non qui déclenche un court circuit dans la mécanique conjugale bien huilée de ces dernières années. Nous ne nous y attendions pas. Ce n'était absolument pas prévu. Cependant qu'on ne savait pas du tout encore si cela allait être une bonne ou une mauvaise chose. On s'est rapidement dirigé vers les conséquences comme toujours plutôt que de s'attarder sur la raison principale. Qu'allions nous devenir focalisait bien plus que ce qui avait pu se passer. Suite à ce premier non, j'ai du prendre de l'assurance, et j'ai osé en dire d'autres. Non je n'ai pas envie d'aller déjeuner avec ta mère. Non je n'ai pas envie de regarder cette série policière que j'ai déjà vue 5 fois Non je n'ai pas envie de sortir pour rencontrer ces amis avec qui je n'éprouve aucune affinité. Non non non... et petit à petit quelque chose que j'ignorais totalement de moi a finit par arriver en plein jour. Je devenais peu à peu un personnage que je n'avais jamais vraiment apprécié. Ce qu'on appelle communément un "beauf". Envie de rien, toujours ronchon, s'opposant par le seul plaisir de s'opposer. Dire non dans une certaine mesure déclenchait quelque chose d’extrêmement libératoire et, en contrepartie, j'observais cette chose que je devenais peu à peu, cet espèce de monstruosité marchant sur deux pattes et dont je n'avais pas d'autre définition que celle immédiate de "pauvre type". En même temps ou parallèlement si l'on veut j'ai commencé à faire ce que j'aimais c'est à dire peindre et ce de plus en plus dans l'espoir que peut -être vendre des toiles serait une issue logique. Et pour ne pas être dépendant, j'ai ouvert un cours de peinture, afin de ramener un peu d'argent chaque mois. Je ne pouvais pas bénéficier d'une quelconque pension puisque j'avais démissionné sur un coup de tête comme on dit généralement. Au début quand je dispensais mes cours ce devait être effroyable pour les élèves car mon obsession du "non" s'était propagée jusque dans la peinture. Non cela manque de contraste, non ce ne sont pas les bonnes harmonies de couleurs, non le format que tu utilises n'est pas adapté à ton sujet et systématiquement je convainquais chacun de tout détruire et de recommencer. Néanmoins le nombre d'élèves s'accrut d'autant que je déployais des trésors de férocité. Allez savoir ce qui peut bien se passer dans la tête des gens ? Cela a duré ainsi quelques années et mon affaire de cours de peinture devenait de plus en plus florissante. Au final j'ai du prendre un plus grand atelier pour recevoir les gens qui arrivaient de plus en plus nombreux. Et puis ce que je considérais comme improbable parce que je refusais plus ou moins que ce soit une certitude, est arrivé. Mon père est décédé. Son décés a eut de multiples conséquences sur notre vie. Bien sur nous avons soudain pu bénéficier d'une somme conséquente et inespérée dans la situation matérielle dans laquelle nous vivions. Nous étions locataire à cette époque et le loyer était vraiment une folie et mon épouse à son tour venait de démissionner d'un job qu'elle occupait depuis plus de 25 années. Bien que les cours rapportent assez d'argent l'amputation de nos ressources par le paiement du loyer mensuel nous préoccupait, il y avait ce risque perpétuel de ne plus parvenir à pouvoir honorer nos dettes. alors nous avons décidé d'utiliser l'argent hérité de la vente de la maison paternelle pour acheter une maison en Isère. Nous n'aurions jamais plus à payer de loyer, nous aurions un chez nous véritable enfin. Nous pourrions être un peu soulagé ou rassuré sur notre vieillesse à venir. J'ai réouvert un nouveau cours de peinture dans cette nouvelle ville. J'ai continué à peindre et peu à peu j'ai commencé à exposer de plus en plus. Peindre avait toujours été pour moi une sorte d’exutoire, et je peignais ce qui me passait par la tête, sans rechercher une cohérence, ou établir de "collections". C'était une façon de respirer surtout. Quand il a fallu commencer à penser à vendre je me suis interrogé sur la façon dont il fallait s'y prendre. Je me doutais bien qu'il ne suffisait pas d'aller montrer des tableaux pour trouver par miracle des clients. J'ai par mégarde comme on reprend une cigarette après des années de sevrage, réutiliser le oui . tu veux exposer dans un café associatif ? Oui tu veux exposer dans le trou du cul du monde ? oui tu veux exposer dans une mairie et boire des verres de mauvais blanc avec des gros cons qui rigolent en reluquant tes toiles ? oui Tu veux participer à ceci ? oui Et à cela tu as essayé qu'en dis tu ? ben oui j'ai ainsi dit oui tellement de fois au cours de ces 24 derniers mois que ça a finit par me donner le tournis. et puis j'ai pris des engagements à longs termes en plus pour enfoncer le clou bien proprement. Dans un an mais oui Dans deux ans mais pas de poblème Et là d'un seul coup je viens de me reveiller ce matin et la première chose qui me vient à l'esprit c'est ce petit mot de 3 lettres C'est sorti d'un coup j'ai regardé mon épouse et j'ai dit Non je n'irais pas à cette énième expo et voilà tout. Elle n'a rien dit elle a juste osé un préviens les quand même... Et j'ai haussé les épaules en allant dans l'atelier pour allumer une nouvelle cigarette.|couper{180}
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Ecrire
J'ai pris l'habitude d'écrire chaque jour, assez souvent chaque nuit, le jour et la nuit se mélangeant dans l'acte d'écrire. Je me creuse moins la tête qu'auparavant plus jeune où je cherchais mes mots, ignorant quoi écrire à chaque fois que j'ouvrais un carnet. Désormais je n'ai plus qu'à ouvrir la page neuve de ce logiciel et poser un mot comme fanal en titre pour que tout coule au fur et à mesure comme une eau parfois trouble, parfois vive selon l'humeur. Ecrire est devenu une addiction tranquille qui ne dérange personne. Ecrire m'aide à tenir pour le reste du temps de la journée à traverser à me resserrer un peu avant de m'éparpiller. Ecrire me donne parfois l'impression de m'être utile, ou complètement inutile, cela aussi c'est selon. Selon le dernier repas pris selon le climat Selon ce qui me traverse aussi à cet instant ou je décide de m'immobiliser sur la chaise, au bureau pour me mettre à table noir sur blanc. Je ne sais pas pourquoi je passe par l'écriture plutot que par la peinture. Je pourrais faire la même chose avec le dessin, la peinture. Me dire aller à table et tous les jours un peu noircis et coloris des feuilles, des toiles, tu sais maintenant que ça s'accumule que chaque jour est une partie à produire comme la pierre que l'on pose entre deux pierres. Cependant que je ne m'y résoud pas bien dans le dessin et la peinture. Jusqu'à me dire aussi que je ne suis pas dessinateur, ni peintre, que j'ai emprunté un personnage encore qui jour le dessinateur et le peintre et qui n'est pas moi. C'est une grande question ces jours derniers de savoir quoi dessiner et quoi peindre désormais. Un vide encore Que je tente de combler maladroitement en remplissant d'autres trous tout autour de celui ci. L'écriture est une pelle sans doute une pelle ou une pioche qui sert à la fois à creuser et combler ce fichu trou. Le trou formé par les mensonges, les illusions, leur acidité corrosive. Je m'y enfonce chaque jour chaque nuit un peu plus comme dans une sorte d'aveu. Et quand je me pose la question de savoir à qui cela est adressé Est ce à moi ? Est ce à toi ? Je préfère m'extraire de la chaise d'un seul coup, et me retrouver dans la cour à fumer en regardant les petits paquets de la neige qui fond, qui ne tiennent pas.|couper{180}
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Investir sur soi.
Tu l'as surement remarqué mais on ne peut plus surfer deux minutes sur le net sans être harponné par une kyrielle d'offres alléchantes concernant tout un tas de sujets aussi passionnants les uns que les autres. Ma boite mail en est pleine ! Comment vaincre sa timidité Comment devenir Charismatique Comment écrire un roman à succès Comment avoir toutes les filles qu'on veut j'en passe et des moins bonnes. Evidemment les sujets que j'ai choisis de citer non aucun lien avec les sujets qui m’intéressent vraiment dans la vie. Mais tout de même si j'ai envie de t'en parler c'est que cela a bel et bien attiré mon attention pendant quelques secondes. Le mot clef de tout cela tu l'as compris c'est "attirer ton attention", voir te distraire de la liste de raisons pour lesquelles tu étais en train de surfer sur le net. Parfois ça marche vraiment, par exemple quand Antoine BM t'envoie son mail quotidien et qu'il te propose de créer ton école en ligne ben ça fait mouche. J'ai donc décidé de me payer la formation d'Antoine que je connais assez bien désormais, cela fait une année environ que je le suis que j'observe ses stratégies, et je ne peux pas être autrement qu'admiratif. C'est un jeune homme pragmatique qui sait ce qu'il veut et qui sait l'obtenir visiblement. Alors que moi je suis un vieux de 60 berges qui a passé sa vie à changer de point de vue, de religion, de femme, de job , à errer, bref à voyager autrement qu'en charter parce que cela n'allait pas avec mes genoux. Un jour un gars m'a dit "pierre qui roule n'amasse pas mousse" La belle affaire, qu'est ce que j'en ai à faire d'être plein de mousse lui ai répondu derechef ! je suis venu au monde nu j'en repartirai pareil ! Mais du coup si je te parle de ce jeune aujourd'hui c'est parce que je suis victime d'une étrange nostalgie. Si j'avais 25 ans aujourd'hui il est certain que je serais dans cette mouvance de vendre mes formations en ligne sur un tas de sujets plus ou moins intéressants. Si j'avais 25 ans aujourd'hui je ne serais pas salarié je serais déjà à mon compte et je ne posséderais pas beaucoup plus que ce que je possédais à 25 ans déjà , c'est à dire que j'aurais en plus un Ipad, un Yéti, peut être un clavier bluetooth, un hub pour pouvoir utiliser tout ça et puis un petit sac d'habits. Et je serais souvent en voyage car avec le net on peut bien travailler de partout on s'en fout. Si je regarde leur parcours à ces jeunes, car il y en a plusieurs que je suis attentivement mais je ne vais pas les citer tous. Une chose qu'il m'ont apprise importante, c'est l'idée d'investir sur soi. A part dans les années 90 où j'ai décidé de suivre une formation de PNL payante, je n'ai guère investi sur moi par ce biais. J'ai investi du temps dans les études pourtant, dans les bibliothèques, , j'ai investi du temps dans mille et un naufrage sentimentaux et professionnels, mais je n'ai jamais eu vraiment envie de me former pour acquérir des méthodes rapides et efficaces afin de "gagner ma vie" C'est ce que proposent tous ces jeunes gens, investir sur soi , c'est à dire leur acheter du contenu de la formation pour des sommes relativement modiques. Le pack d'Antoine pour créer son école était en promo et dans mes cordes alors j'ai sauté le pas. C'est vrai que mon plus gros problème c'est de trouver un ordre pour organiser les choses. Un plan d'action, j'ai tendance à partir dans plein de directions en même temps, un plan en étoile loin du centre névralgique des choses justement, c'est à dire l'action. ou plutôt je vais dire que je réalise des actions désordonnées , des actions qui n'ont rien à voir les unes avec les autres bien souvent. Alors là me suis je dit si je ne passe pas à l'action c'est vraiment nul. Un peu comme un patient qui entre en psychanalyse, je me suis dit je paie donc je fais gaffe, je suis sérieux merde faut rien louper. J'ai essayé aussi la psychanalyse, une fois. Je me suis tiré en quatrième vitesse. J'ai épousé une psychanalyste pour achever d'en finir avec la psychanalyse. Dans le fond je pourrais me réjouir de n'avoir jamais pris le temps d'établir un vrai plan d'action dans ma vie car je n'aurais tout bonnement pas eu cette vie là dont je ne suis ni fier ni honteux dans le fond. Mais bon comme je vais avoir 60 ans en janvier je me suis dit que c'était peut-être un soubresaut utile à la suite Qu'est ce qu'on ne donnerait pas finalement pour s'illusionner encore un peu ..? Et tu vois il se pourrait bien que pour passer à l'action justement il ne faille pas se poser toutes ces questions, il faudrait avoir 25 ans et foncer même si c'est dans un mur, ce n'est pas bien grave. Du coup voilà une résistance au changement comme j'ai l'habitude d'en fabriquer à tour de bras et si tu es un peu dans ce même type de fonctionnement inscris toi à mes contacts privés pour commencer, tu recevras une liste de bonne raisons que l'on s'invente communément pour ne pas faire les choses et comment contourner cette manie. https://urlz.fr/aSST|couper{180}
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Savoir bien dessiner
Parmi ces trois mots deux ne servent à rien et je vais t'expliquer pourquoi. La plupart des gens pensent qu'il faut savoir dessiner, et donc que ça s'apprend. Mais rappelle toi quand tu étais gamin tu t'en fichais complètement, de savoir dessiner, tu dessinais et puis voilà ! Ensuite que peut bien vouloir dire "bien dessiner" par rapport à qui ? par rapport à quoi ? Savoir bien dessiner implique aussitôt un savoir mal dessiner .. oh mon crayon balance entre les deux pôles j'ai les chocottes maman ! Bon ok si tu feuillettes les carnets de croquis de Léonard de Vinci, et que tu as comme ambition de dessiner comme ça, il va te falloir bosser un peu. Mais pourquoi voudrais tu dessiner comme Léonard de Vinci, puisque c'est déjà fait, plié, enterré, il n'y a qu'un Léonard et puis voilà ! Ensuite rappelle toi aussi qu'à son époque il n'y avait pas les smartphones ni les reflex numériques qui permettent désormais d'avoir des photographies nettes et sans bavure, de jolis portraits, de jolis paysages. Alors tu peux prendre ça comme un challenge de dessiner aussi bien que Léonard bien sur, tu peux copier sa manière, mais est ce que ça va vraiment t'apprendre à dessiner je ne le crois pas. Car pour moi dessiner c'est avant tout s'exprimer avec justesse, montrer qui on est, donc la seule chose que tu peux faire c'est dessiner comme toi tu le sens. Et pour ça tu n'auras besoin que de temps chaque jour pour t'y mettre et réfléchir sur ce que tu as fait au bout d'un moment. Au début ton œil sera pratiquement aveugle, tu ne verras pas grand chose, et tu auras tendance à dire bof, c'est pas terrible, aller corbeille... C'est une erreur, garde tout au contraire, dans un pochette, et mets bien la date à chaque fois que tu réalises un dessin, ta signature et la date. Parce que tout ce que tu fais en dessin compte, tout ce que tu fais en dessin est précieux. Parce que si tu mets ce que tu dessines à la corbeille cela veut dire que tu as perdu ton temps et que tu n'estimes pas ton effort. L'estime de soi est importante ( sans en abuser non plus ) alors conserve, chouchoute tout ce que tu produis et tu m'en diras des nouvelles dans quelques années quand ton œil sera plus ouvert quand sur ces premières esquisses tu comprendras qu'il y a avait déjà la trace, les prémisses d'un talent à venir. Concernant le "bien dessiner" c'est souvent un avis qui provient des autres. C'est assez facile dans le fond de "bien dessiner" quand tes dessins correspondent à ce qu'attendent le plupart des gens concernant un visage, un paysage. Mais dans le fond "bien dessiner" est souvent un mensonge que tu commences par te faire à toi-même. Alors peut-être que "savoir bien dessiner" n'est rien d'autre qu'un faux problème que tu places sur ton chemin pour ne pas te mettre à dessiner vraiment. C'est à dire dessiner comme tu es comme personne .. et voilà ce qu'a super bien compris Mac Donald quand il t'invite à venir "comme tu es" dans ses établissements. Si ma manière de voir les choses dans ce domaine te plait, n'hésite pas à t'abonner à mon blog, et puis il y a aussi un lien que je place juste en dessous pour faire partie de mes contacts privés https://urlz.fr/aSST|couper{180}
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Impeccabilité
En tant que peintre, il suit une voie qu’il n’a pas choisie. L’envie de créer ne lui a apporté que des problèmes. Longtemps, il lutte contre elle. Il culpabilise quand ce plaisir l’éloigne de ce que l’on appelle « la vie active ». Il met des années à se débarrasser de cette culpabilité. C’est sans doute l’un de ses travaux les plus importants. Il ne sait pas exactement ce qui l’aide à assumer ce rôle. C’est un peu comme un rat dans un labyrinthe : au début, il se cogne partout, puis il comprend. Une seule voie mène à l’assiette. Il explore beaucoup, mais rien ne mène directement à soi. Pourtant, c’est l’ensemble de ces détours qui lui révèle qui il est. Et cela aussi, il le refuse. Une petite voix murmure : « Ne te berne pas toi-même. » Il apprend à l’écouter. Il l’appelle l’impeccabilité. L’impeccabilité n’est pas la perfection. Elle ne s’atteint pas. On ne peut que vouloir l’être. Pour cela, deux outils : devenir excellent et maîtriser son art. Il faut cesser d’obéir. Non seulement aux autres, mais aussi à nos propres convictions. Elles finissent par nous emprisonner. Plus il se déleste, plus la petite voix devient claire. Elle n’a pas besoin d’emphase. « La petite voix », cela suffit. Être impeccable, ce n’est pas vivre en ermite. C’est être pleinement engagé. On peut vivre dans la société en gardant ce son en soi. Il y a un humour dans cette voix, comme dans la vie. On apprend à le savourer. Il enseigne l’humilité. Il faut parfois serrer les dents, avaler des couleuvres. Et si l’on tente de s’éloigner, la vie nous ramène. Il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Mais mieux vaut ne pas rester cancre trop longtemps. Il y a un but à tout cela.|couper{180}
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L’insupportable
Depuis l'école il est là et on nous apprend à le supporter avec de mauvais points, des claques, des coups de règle sur les doigts ce qui provoque par résignation l'habitude. Puis c'est l'entrée à l'usine, au bureau et il faut bien s'y faire aussi., l'atmosphère souvent lugubre des petits matins , la cohue des transports en commun , les coups de gueule des petits chefs , la transparence que nous opposons aux rêves des filles qui voudraient du solide et du sécurisant. Nous passons notre vie toute entière à supporter l'insupportable par oubli, par fatigue, par lassitude et à quoi bon . Il faut parfois un choc, une déflagration énorme pour que nous nous réveillions et le retrouvions intact tel qu'il a toujours été dans le fond. Il faut des tours qui s'effondrent, des salles de concert jonchées de cadavres, quelque chose de si extraordinairement monstrueux pour qu'on se dise merde rien n'a changé et c'est bien horrible de tout prendre en pleine figure à nouveau. Et puis les jours filent et on replonge dans le quotidien et l'on oublie à nouveau, on se range convenablement dans les files d'attente, on évite d'égorger les gens, on paie ses impôts et on vote contre un tel ou une telle plutôt que d’espérer vraiment que le candidat élu sorte véritablement du lot. On lit ensuite tous les scandales et on s'offusque collectivement de s'être une fois de plus fait berné comme si c'était la première fois. Puis on oublie à nouveau , le quotidien, et on se prépare à revoter encore et encore . Pourtant la vie nécessite ce combat permanent et de front contre l'insupportable , pas la peine d'attendre la guerre ou l'attentat pour s'y mettre. Il me semble qu'une vigilance animale devrait être apprise dés le plus jeune age pour s'opposer à l'insupportable. Pour cela il faudrait que l'école ne soit plus ce qu'elle est, que le monde ne soit plus celui ci ni les usines, ni les bureaux, où nous passons notre temps à esquiver la vie comme l'insupportable.|couper{180}