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Peindre sans but

Je peins pour me débarrasser du but, de tous les buts Pour fuir tout ce le mental fait miroiter Donc c’est un but Donc merde ! Demain je recommencerai.|couper{180}

Peindre sans but

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La première impression en peinture

Je viens de peindre une bonne partie de la journée. Une grande toile de 100x100 cm à l'huile et je poste le travail en cours sur mon compte Instagram. Je pourrais me demander pourquoi je me sens obligé de poster ce travail sur les réseaux sociaux en premier lieu. Est-ce parce qu'il faut que je poste absolument quelque chose pour ne pas perdre ma place dans l'algorithme ? Est-ce parce que j'en suis tellement fier que je ne peux conserver cela pour moi seul, que je me trouve dans une sorte d'obligation de le partager ? de partager l'exaltation pour en réduire ainsi la charge ? Est-ce parce qu'en le regardant au contraire je ne puis éprouver la moindre sensation que je puisse trouver suffisamment solide pour m'appuyer et que je compte sur celle des autres afin de pouvoir décider de l'orientation future de ce tableau ? La plupart du temps comme je l'écris plus haut je ne me pose jamais ces questions. C'est une sorte d'habitude que je me suis donné de poster les tableaux dans leur état d'avancement tels qu'ils sont. Ceci pour obtenir un peu de visibilité sur internet, ajouter un peu d'eau au moulin de ce personnage de peintre qui ne cesse de se débattre entre une idée de la peinture et la peinture elle-même. En préparant mon nouveau livre, le tome deux de "propos sur la peinture" je relis un texte dont le sujet est "la première impression". A la relecture je découvre des maladresses, des passages flous que je me mets à corriger moi qui ne me relis quasiment jamais. Cela vient aussi d'une impression que j'éprouve à me relire que je pourrais résumer dans les mots confusion, désordre, bancal. C'est la fameuse première impression à la relecture de la plupart de mes textes depuis toujours. Du coup j'ai décidé de rebloguer ce texte corrigé puis d'aller me servir un café. En fumant la cigarette qui l'accompagne invariablement à cette heure de la nuit, les idées arrivent par vagues successives autour de cette idée de "première impression". Des idées que je n'ai évidemment pas mises dans ce texte. C'est la même chose lorsque je vois mes tableaux exposés dans les différents lieux qui ont la gentillesse d'accueillir mon travail. Une sorte d'insatisfaction chronique si je peux dire qui se résume par une sorte de prise de conscience désagréable concernant le fait que la plupart de mes toiles ne me paraissent plus du tout abouties comme je l'avais pensé en les signant quelques mois ou années plus tôt. Je crois que derrière l'aspect désagréable il y a tout de même quelque chose de positif dans ce jugement, c'est l'idée que rien n'est jamais totalement terminé et que tout peut encore s'améliorer. Il y a des peintres qui devaient éprouver la même sensation puisqu'ils n'hésitaient pas à se rendre dans les salons où leurs toiles étaient exposées avec des tubes de gouache ou d'huile pour ajouter quelques touches à la sauvette par ci par là. Ainsi Bonnard par exemple était-t 'il connu pour cela. D'ailleurs il existe un mot pour ce genre de manie : c'est le mot "bonnarder". Dans le film "Turner" On voit également le peintre s'approcher de l'une de ses toiles, puis sortir un tube de rouge pour réaliser une bouée au premier plan de sa mer qu'il trouve subitement trop vide. Bref cela montre bien à quel point nous avons du mal à nous fier vraiment à ce que l'on appelle une première impression comme à une dernière d'ailleurs. A l'impression du moment qui peut nous faire agir de la pire ou de la meilleure des manières. Mon épouse qui est une passionnée de séries policières et psychanalyste de métier, rejette en bloc la notion d'impression lorsqu'il m'arrive de l'ennuyer avec les miennes. La phrase : j'ai l'impression qu'il va pleuvoir, que les choses vont bien ou mal se passer dans telle ou telle situation, j'ai l'impression qu'on va toucher un joli petit pactole car ma paume me gratte etc. cette phrase là au mieux la fait toujours sourire, au pire l'agace et j'en prends alors pour mon grade. Toi et tes impressions... J'imagine que tout le monde connait plus ou moins cela n'est-ce pas. Ce qui fait qu'au bout d'un moment on n'en parle plus. On finit par garder ses impressions pour soi et la boucler. Ce n'était pas le cas du Capitaine du navire sur lequel devait embarquer Charles Darwin lors de la fameuse et légendaire expédition du Beagle. A cette époque on croyait dur comme fer à la physionomie en tant que science et le bonhomme se faisait fort d'être physionomiste. Monsieur Darwin n'a pas le nez qui convient pour un tel voyage aurait t'il dit. Ce nez n'inspire aucun courage ni détermination. Heureux 19eme siècle qui avait donc tenté de faire des impressions une science exacte. En vain évidemment. Pour en revenir à Columbo et à ma femme, les policiers ne peuvent s'empêcher de le dire au moins une fois par épisode : "je n'imagine rien, je ne pense rien, je m'appuie seulement sur les faits, rien que les faits." Cela me fait rebondir sur un petit texte qu'avait écrit Calaferte sur un fait divers afin de se guérir de la maladie des écrivains : leur perpétuelle tendance à la digression. Des phrases sèches et courtes, sujet verbe, complément, sans pratiquement aucun adjectif ni adverbe, voilà une jolie retraite et largement de quoi méditer par la même occasion. Mais pour revenir à mon titre, c'est à dire cette fameuse première impression en peinture, celle qui surgit lorsqu'on repose le pinceau et que l'on s'éloigne du travail pour le regarder vraiment, sur quoi nous appuierions nous si ce n'était celle-ci ? On peut examiner le tableau au travers de différents points de vue bien sur, tant par sa composition par exemple, son jeu de couleurs, la température générale de l'atmosphère qui s'en dégage , mais c'est souvent au travers de l'impression générale première que nous tentons d'établir le contact avec le travail en cours ou achevé. Cela me fait penser au métier d'entrepreneur. Quelle est la principale qualité d'un entrepreneur ? c'est l'intensité. Et c'est aussi l'intuition, la rapidité de décision. Il serait impossible pour un entrepreneur d'examiner une problématique en se perdant dans le méandre des détails et des nuances. Cela c'est le travail des salariés généralement. C'est donc seulement armés de leurs impressions que les entrepreneurs vivent et choisissent intensément au travers leurs décisions l'avenir de leurs entreprises. Cela ne signifie pas qu'ils croient en la magie. Cela signifie qu'ils font confiance au cumul de l'expérience qu'ils ont déjà vécu en de nombreuses situations, à l'intuition qui en surgit pour tel ou tel cas de figure qui se représente ou se présente et qu'ils décident selon leur impression. Autrement dit et c'est paradoxal un entrepreneur fait presque plus confiance à ses premières impressions qu'un peintre ou qu'un artiste. Pourquoi ? Parce que dans le monde de l'entreprise il est convenu que les choses se passent ainsi la plupart du temps. Que le succès n'a aucune raison valable et qu'il ne sert à rien de disséquer les choses pour l'expliquer. En revanche ils passent beaucoup de temps à examiner leurs échecs à les ruminer pour en extraire certains principes et s'améliorer. Ils ne s'enlisent pas dans l'émotion que provoque généralement l'échec chez la plupart d'entre nous, ils l'examinent froidement et en tirent des conséquences pour l'avenir. Est ce qu'un peintre fait cela ? Je dirais oui et non en ce qui me concerne. Oui parce qu'a force d'échec on finit par comprendre comment il arrive la plupart du temps et non parce que je ne suis pas toujours apte à en extraire la substantifique moelle, parce que je crois que je m'en fous. Parce que je dois aussi aimer l'ambiance, l'énervement que m'apporte l'échec, parce que l'échec pour moi est une sorte de norme. Et que le succès est un accident qui me perturberait plus que tout autre incident en fin de compte. Je n'arrive jamais à me fier à mes premières impressions en peinture concernant mon propre travail. En revanche je suis tout à fait excellent pour remonter le moral de mes élèves et ce de façon naturelle, spontanée, comme je respire. Car je sais immédiatement en parler étrangement alors que devant mes toiles, je reste muet. Sans doute reviendrais je encore sur cette affaire de première impression car il y a encore beaucoup à dire. Mais trop en dire fatiguerait le lecteur, donnerait une mauvaise impression d'emblée en observant la taille du texte déjà bien assez long. Une prochaine fois peut-être ... Presque rien Evidemment je me dépêche de publier ce texte sans même le relire, pour ne pas m'empêtrer à nouveau dans la première impression que ne manquerait pas d'en surgir et ce dès la première ligne, le premier mot.|couper{180}

La première impression en peinture

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Il sera plusieurs fois cette fois.

Il était une fois un homme qui cherchait le bonheur et qui ne cessait de se lamenter car il ne le trouvait pas. Lorsqu'il regardait autour de lui, il était envieux de ce que possédaient les autres et il s'obstinait à relever tous les objets, les qualités, les avantages qu'une telle ou un tel semblait posséder et dont il se plaignait d'être dépourvu. A le regarder attentivement il avait tout à fait le profil d'un comptable qui enregistre les entrées et les sorties d'un livre de comptes. Au fur et à mesure des années il avait même peu à peu emprunté cette apparence caractéristique des petits employés de bureau timorés. Aux coudes, sur sa veste de tweed il avait fait poser deux protections de velours pour ne pas abimer le tissus. Et si vous aviez pénétré jusqu'à son intérieur, vous seriez tombé sur une garde robe étonnante : le même costume pour chaque jour de la semaine, et les mêmes chaussures de couleur noire à semelles plates alignées sur une étagère. Un peu plus loin dans la cuisine, sagement alignés dans les placards un verre par jour, ou bien encore une pile impeccable de 7 assiettes. Bref quelque chose de maladif, d'étriqué semblait gouverner la vie de notre homme qui se plaignait sans relâche, mais bien sur dans son for intérieur, jamais de vive voix, de l'absence totale de bonheur auquel il se trouvait condamné. Les rares fois où il avait tenté de trouver une explication à cet état de fait il avait invoqué la destinée, la fatalité, la faute à pas de chance et il n'avait guère exploré l'au delà du cercle de convictions dans lequel il s'était enfermé. Il était une fois une femme qui cherchait l'amour et qui ne cessait de se plaindre à qui voulait bien l'entendre car elle ne l'avait jamais trouvé. Lorsqu'elle regardait autour d'elle, son cœur se serrait d'apercevoir tous ces couples qui s'aimaient et cette vision par ricochet ne cessait de la renvoyer à sa propre solitude. Pour autant les rares fois où un homme l'abordait, qui dans la file d'attente d'un cinéma, d'un théâtre, qui à la table d'à coté au café ou au restaurant, qui dans les transports en commun, aucun ne paraissait digne suffisamment pour qu'elle lui accorde la moindre réponse. La peur de l'inconnu qui ne cessait de la tenailler depuis l'enfance, elle la projetait toute entière sur ces silhouettes qui s'approchaient d'elle et la renvoyait à sa vulnérabilité, à son manque totale de consistance-se disait-t 'elle et qui lui dissimulait sa vraie nature : un orgueil maladif. Lorsque parfois, à l'heure bleue du soir elle ouvrait ses fenêtres au haut de l'immeuble où elle vivait, elle s'appuyait sur la rambarde du petit balcon et contemplait les fenêtres des immeubles alentour. Elle restait là avec sa tasse de thé de longues minutes à observer les lumières s'allumer ou s'éteindre dans tous ces appartements, dans tous ces foyers où évidemment résidait l'amour dont elle était écartée. Il était une fois un homme qui cherchait du travail et n'en trouvait que rarement car toutes les tâches qu'on voulait bien lui confier, il ne les trouvait pas assez nobles pour lui. A chaque fois on aurait pu rire de voir exactement le même scénario se dérouler. Tout d'abord une joie excessive lorsque par le plus grand des hasards à la suite d'un entretien on lui accordait le job. Ensuite passait un mois ou deux, rarement trois où l'homme déployait tout un arsenal de politesse, d'assiduité, de ronds de jambes envers ses collègues, sous chefs et chefs, en n'oubliant pas d'afficher un mépris pour tout ce qui était au dessous de sa condition, puis comme une pendule suisse irrémédiablement à l'heure, toutes ces choses tombaient brusquement en quenouille. L'homme était comme frappé par une étrange maladie et plus un seul mot ne sortait de sa bouche qui ne manifesta alors toute l'acrimonie dont il se sentait la victime et qu'il renvoyait sur le monde entier. Nul ne savait ce qui avait pu déclencher un tel changement de comportement. Et d'ailleurs nul ne s'y intéressait vraiment, surtout pas les dirigeants des diverses entreprises qui au bout du compte le licencièrent car évidemment on ne peut pas utiliser le temps d'une journée de travail à se plaindre uniquement. Il était une fois un vieil homme qui était devenu veuf. Chaque matin lorsqu'il se réveillait il touchait la place près de lui pour constater l'absence de la femme tant aimée. Cela lui permettait de commencer la journée dans la plus grande tristesse mélanger à la dose de colère minimum pour se redresser sur le bord du lit et enfiler ses pantoufles. Ensuite la série de gestes qu'il effectuait durant une grande partie de la journée ressemblait à ces cartes perforées que l'on introduisait dans les pianos mécaniques pour jouer perpétuellement la même rengaine. La machine à café s'allumait toute seule une demie-heure avant qu'il enfile les fameuses pantoufles , tout avait été soigneusement programmé la veille avant d'aller se coucher. Une fois le café bu, tout était rangé, la tasse et la cuillère dans le lave vaisselle, le petit coup d'éponge sur le carrelage de la table, le petit coup de serviette pour sécher toute trace d'humidité ensuite. alors sonnait 8h c'était le moment où le chien montrait quelques signes d'agitation. L'homme décrochait la laisse de son clou, et le tintement de la ferraille comme un signal déclenchait un dialogue qui se répétait jusqu'au plus profond de la mémoire du chien et probablement de ce qui restait de la mémoire du vieux. Ensuite l'homme disait au chien comme tous les matins : pas bouger Puis il sortait pour aller démarrer son véhicule diesel. Lorsque c'était l'été c'était pour mettre en route la climatisation , lorsque c'était l'hiver, le chauffage. Ensuite il revenait à la cuisine, prenait un bol dans le placard et se resservait un café qu'il buvait debout en regardant par la fenêtre. Puis il reposait le bol près de la cafetière, se dirigeait vers la porte d'entrée et s'adressant au chien disait : -Aller vieux, c'est l'heure on y va. Le véhicule roulait au pas vers la sortie de la petite résidence puis prenait vers l'Est vers la foret qui se tenait à quelques kilomètres L'homme et le chien marchaient une heure sur les chemins forestiers puis ils revenaient vers le véhicule. Parfois ils avaient aperçu une biche, un chevreuil et l'événement durant quelques instants apportait un peu de baume au cœur du vieux. Mais ça ne durait guère. Aussitôt qu'il s'arrêtait devant le magasin Lidl pour aller faire les emplettes de ses menus quotidiens, il repensait à son épouse et sur son front quelqu'un qui se serait intéressé à sa physionomie, aurait aperçu se creuser encore plus les rides de son front, et l'humidité soudaine lui brouillant la vue. Il était une fois un homme ébloui par sa propre existence comme par toutes celles appartenant aux autres, pas seulement les être humains, mais aussi le moindre insecte, le moindre animal, la moindre fleur, le moindre brin d'herbe. Cependant qu'il n'arrivait pas à l'exprimer. C'était tellement énorme comment mettre des mots là dessus comprenez vous ? Ce sentiment intense de vivre et cette impossibilité de pouvoir le partager en mot ou en geste avec tout ce qui existait sur cette terre l'avait comme paralysé depuis ses plus jeunes années. Il se sentait impuissant comme lorsqu'on rêve de courir dans un rêve et que l'on découvre ne pouvoir faire que du sur-place. Comment exprimer toutes ces choses que j'éprouve ne cessait t'il de ressasser durant des années. Son esprit était tellement obsédé par cela que rien de ce qu'il vivait ne semblait l'intéresser véritablement. Il vivait dans ce paradoxe. Parfois quelqu'un venait, un ami possible, une femme qui aurait pu devenir une compagne éventuelle, mais tous ces liens qu'on lui proposait de tisser ne lui paraissait jamais suffisamment intenses et il finissait toujours par éprouver de l'ennui. Au bout de plusieurs années ainsi il décida de vivre seul, de refuser toute compagnie. Il trouva un emploi pour subvenir à ses faibles besoins, un obscur travail dans un petit bureau au bout de cette ville. Les horaires étaient convenables et la charge de travail suffisamment légère pour que la plupart du temps il puisse réfléchir à la façon dont il pourrait s'exprimer pour témoigner son grand message. Les années passèrent et il se mit à écrire sur des petits carnets. Au bout de 20 ans il avait rédigé des centaines de ces carnets qu'il rangeait dans des cartons au fur et à mesure pour les remiser dans le petit grenier qu'il louait avec l'appartement dans lequel il vivait. Un jour des voleurs vinrent et fracturèrent toutes les portes de ces greniers et dérobèrent les cartons imaginant y trouver des objets à revendre. Ce fut pour l'homme au début la pire catastrophe qu'il n'aurait pu imaginer. Durant des mois il devint l'ombre de cette ombre qui était lui-même. Il tomba gravement malade et pris un congés pour s'enfermer chez lui. Allongé sur son lit il ne cessait plus de ressasser son parcours et à se demander pourquoi, pourquoi, pourquoi moi. Un soir d'été alors qu'il avait laissé sa fenêtre ouverte un petit oiseau pénétra dans la chambre. Durant quelques instants il se cogna aux murs étroits de celle ci puis finit par se poser sur le pied du lit et fixer l'homme obstiné à vivre son agonie. L'oiseau se mit à chanter. L'homme interloqué se redressa un peu, leurs regards alors se croisèrent et ce fut comme une délivrance enfin. Puis l'oiseau ressortit de la chambre comme il était venu. L'homme se secoua, se lava s'habilla et enfin s'installa à sa table pour écrire sur la nouvelle page d'un nouveau carnet. Mais cette fois ci une fois le carnet terminé il le mit dans une enveloppe et l'adressa à une maison d'édition dont il appréciait depuis toujours les publications, la ligne éditoriale. Puis il retourna à son travail totalement guéri. Et la vie continua ainsi aussi belle et intense telle qu'il l'avait toujours éprouvée sans jamais parvenir à vraiment le dire. Mais quelle importance de le dire se disait t'il désormais .|couper{180}

Il sera plusieurs fois cette fois.

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Mon "secret" pour écrire et pour peindre.

En regardant une vidéo de mon ami Patrick Robbe Grillet sur la réalisation d'un dessin au fusain, je me suis posé cette question : Quel est donc son secret pour posséder une telle fulgurance ? Le dessin ne dure qu'à peine 3 secondes et je suis resté bluffé par la virtuosité de sa ligne et par la rapidité d'exécution. https://youtu.be/js6OxtLW4bA S'était-t 'il entrainé comme ces adeptes des arts martiaux à répéter sans relâche le même geste ? Y avait t'il une façon particulière de mobiliser l'énergie pour la concentrer dans ce geste ? Utilisait il la respiration et si oui le geste partait-t'il de l'inspire ou de l'expire , ou encore de ce moment entre les deux ? Bref, j'étais là me poser toutes ces questions lorsqu'il se mit à parler du fait de dessiner ou de peindre "entre les pensées". -Aussitôt qu'une pensée surgit je relève le crayon ou le pinceau- dit il de mémoire. La raison invoquée est que la plupart du temps nos pensées sont des jugements, des comparaisons, et que celles ci polluent le trait sans même que l'on s'en rende compte. Du coup je suis resté un moment comme deux ronds de flan devant la vidéo et évidemment ce qui ne devait pas manquer d'advenir advint : Je me suis demandé si moi aussi j'étais capable de peindre entre les pensées ? Du coup j'ai tout de suite essayé de faire une série de peintures au brou de noix et à l'encre de chine sur papier pour observer ce qui se passait à l'état brut, c'est à dire sans tenter d'arrêter la moindre pensée ni chercher à peindre évidemment entre celles ci. Le but était juste d'observer ce qui se produit durant l'acte de peindre. Et là problème de taille : Aucune pensée. Du coup je m'affole, je grille immédiatement quelques cigarettes en tournant en rond dans mon atelier. Quelque chose semblait ne pas tourner rond, cette absence totale de pensée pendant que je peignais m'a carrément flanqué la trouille. Et bien sur à partir du moment où j'ai arrêté de peindre les pensées ont fini par se bousculer dans ma pauvre tête Du genre : Tu dois être complètement marteau mon pauvre gars. C'est impossible de ne pas penser et tu n'es pas assez attentif pour remarquer toutes les pensées qui t'assaillent à ce moment là voilà tout. Ou encore : à l'opposé si on veut : Tu es tellement vide de sens, totalement, absolument, que ce vide est ton état naturel. Bref plutôt les boules en gros. J'ai laissé passé quelques mois, évidemment je suis passé à bien d'autres choses et puis soudain aujourd'hui je lis un article de Julian Chapiro sur l'écriture et là une sorte de déclic s'opère. voici une traduction de ce qu'il dit : Les grands esprits sont devenus brillants grâce à la communication. De grandes idées émergent en écrivant ou en parlant, pas avant. Lorsque vous exprimez des idées, votre cerveau ne peut s'empêcher d'établir des liens entre elles et de les faire progresser.L'écriture est un laxatif pour l'esprit. En fait j'avais toujours imaginé qu'il fallait penser avant de faire quelque chose du genre peindre ou écrire et je me sentais toujours extrêmement mal à l'aise, voir coupable de ne jamais parvenir à y arriver. En peinture bien sur j'ai quelques thématiques récurrentes, comme dans les sujets qui m'obsèdent quant à l'écriture, mais on ne peut pas dire que j'y pense vraiment. Les choses viennent seulement lorsque je me mets à peindre ou à écrire. Je ne fais jamais de plan, jamais d'ébauche ou d'esquisse. Mon manque de confiance dans ma pensée pour créer est tel que j'occulte totalement celle ci systématiquement pour écrire ou peindre. Les raisons sont sans doute multiples et je ne vais pas les énumérer ici car cela dépasserait la limite supportable d'un article de blog. Ce que je veux dire pour résumer c'est que cette faille, ce soi disant handicap dont je pensais être une sorte de victime au bout du compte pourrait bien s'avérer mon meilleur atout pour écrire et peindre. En ne m'attachant à aucune pensée, ignorant totalement le mécanisme de la pensée je plonge littéralement dans l'inconnu pour en extirper des phrases, des idées, des lignes et des couleurs. Du coup il y a bel et bien un résultat après coup et ce résultat je l'analyse évidemment comme tout à chacun pourrait le faire en décidant que c'est bien ou que c'est médiocre. Au début la confrontation avec ce résultat m'était tellement pénible que je ne relisais jamais mes carnets, j'empilais mes peintures dans un coin de la maison sans vraiment prendre le temps de les regarder vraiment. J'étais tellement obnubilé par l'idée de l'écriture ou de la peinture comme étant des actes artistiques que je me sentais souvent en dessous, pas au niveau, pas de taille à affronter le moindre verdict, à commencer par le mien. C'est avec le temps que les choses se sont calmées, en acceptant peu à peu de livrer à d'autres regards ces textes et ces tableaux. Ce n'était pas aussi catastrophique que je l'aurais cru c'était ça aussi la réalité. Donc oui finalement j'ai véritablement un secret pour écrire et peindre, c'est à dire quelque chose que j'ai toujours imaginé comme une tare , quelque chose de honteux. Je ne pense à rien, je me lance et je me dis on verra bien. La vérité c'est qu'avec les années la peur du ridicule a peu à peu disparu de mes préoccupations. Je l'ai même étudié en profondeur ce sentiment de ridicule à une époque de ma vie à seule fin de l'explorer, comme on explore une terre hostile à première vue mais qui dissimule des trésors inouïs quand elle nous devient de plus en plus familière. Je crois que cette peur du ridicule y était pour beaucoup dans le jugement abrupt que je portais sur mes créations littéraires et autres. Et tant que cette peur m'entravais je ne pouvais parvenir à une certaine justesse d'exécution. Soit j'en mettais trop soit pas assez. C'est cette difficulté de pondération sans doute qui est au centre de l'acte créateur. Cette difficulté avec le temps s'est elle aussi transformée en quête, en cheminement. Le but n'est pas d'arriver à un beau texte, à une belle peinture, le but est de parvenir à une certaine idée de justesse qui n'existe ni en amont ni en aval de ces instants durant lesquels j'agis. Le but est de parvenir au présent et d'en capturer quelque chose par l'action afin d'en témoigner. C'est juste cela. C'est aussi pour cette raison qui ne me paraissait pas vraiment utile au monde que j'ai eu un mal de chien à me considérer comme un artiste ou un écrivain. Ca va mieux maintenant. C'est toujours bon de partager un peu de ses hontes comme de ses secrets n'est-ce pas ? Toutes mes amitiés Patrick ! voici, pour les anglophones ; le lien vers le site de Julian Chapiro au cas où un déclic puisse se produire, se répéter à l'infini https://www.julian.com/|couper{180}

Mon "secret" pour écrire et pour peindre.

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On va tout vous expliquer.

C'est en 1978 que parait le roman de Georges Perec "La vie mode d'emploi" qui obtiendra la même année le prix Médicis. Une toute première ébauche avait déjà vu le jour en 1974 dans "Espèce d'espaces" du même auteur publié aux éditions Galilée. A l'origine raconte Perec l'idée lui est venue de l'observation d'un dessin : No vacancy de Saul Steinberg No vacancy de Saul Steinberg Il s'agit d'un immeuble dont on a retiré les murs extérieurs afin que l'on puisse observer la vie des habitants. Le but du roman est d'épuiser non la totalité du monde mais d'un fragment seulement de celui-ci. Ce qui est déjà en soi une tâche impossible lorsqu'on y réfléchit. C'est sur le postulat d'une exhaustivité possible en raison du lieu et du temps réduits face à l'immensité de l'univers et de l'éternité que s'agite en vain , l'ambition de Bartlebooth le principal protagoniste de ce récit ou de ces mini romans contenus dans le roman tout entier. On pourra aussi retenir le personnage de Valène, ce peintre qui désire "faire tenir toute sa maison sur sa toile". Perec mettra une dizaine d'années pour construire ce roman mais il déclarera aussi que c'est une obsession qui remonte à bien plus loin, comme d'habitude à l'enfance. Ce désir d'exhaustivité, de vouloir tout expliquer, dérouler, déployer pour se faire une idée claire de quelque chose, de toutes choses, voilà ce qui ne nous quitte plus désormais. Une volonté malsaine d'ubiquité ne cesse de nous animer cependant qu'elle nous dirige simultanément tout droit vers l'insignifiance magistrale. Quel drôle de paradoxe ne trouvez vous pas ? Evidemment si ces idées me viennent ce matin ce n'est pas pour rien. Je me rends compte en examinant mon travail de peintre que celui ci aussi est propulsé par ce même désir d'exhaustivité, par cette nécessité de déployer de nombreuses techniques, de nombreux médium, et ce sur de multiples formats et supports. Il y a comme un mouvement dont le point de départ serait de vouloir absorber le monde l'ingurgiter le dévorer pour le restituer à chaque fois sur une seule toile, un seul dessin, et qui évidemment se solde par des échecs à répétition. Je ne crois pas être le seul à qui cela arrive. Je crois que beaucoup d'artistes sont obsédés par cette idée d'exhaustivité sans même qu'ils n'en prennent jamais conscience. Non pas que l'art puisse expliquer quoi que ce soit, cela j'en suis désormais persuadé, mais comme la profusion des œuvres, la profusion des pensées sans doute provoque t'elle cet élan vers une sorte de toute puissance dangereuse que l'on mettra des années parfois a ralentir puis à freiner enfin. Cette boulimie s'achève souvent par une anorexie avant d'enfin trouver son juste milieu par la mystérieuse opération du Saint-Esprit allié à celui Des vases Communicants. Aussi mon poil se hérisse t'il malgré moi, notamment celui qui trône au creux de la paume de ma main, sitôt que j'entends la phrase plus du tout magique pour deux ronds : "On va tout vous expliquer" Désolé je ne bouffe plus au même râtelier, mes seigneurs et dames, désormais j'ai réduit la voilure, je deviens gourmet, je me contente de savourer, j'étudie l'élégance, je m'abstiens de lécher l'assiette.|couper{180}

On va tout vous expliquer.

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Avantages et inconvénients de la prise de notes

Nous connaissons tous cette histoire où un jeune garçon a tellement peur de s'égarer qu'il emporte des miettes de pain dans ses poches afin de poser des points de repère dans la forêt. Cela part évidemment d'une ignorance de ce que sont l'égarement et l'appétit des oiseaux. Mais si cette première action n'avait pas été tentée il n'y aurait pas de retour, le Petit Poucet ne pourrait pas en tirer la conclusion qu'au lieu de miettes il est préférable de semer de petits cailloux. Hier j'ai retrouvé cette peur de l'égarement par hasard. Comme quoi nous n'en sommes jamais totalement indemnes. Et ce même si on a déjà expérimenté énormément de stratégies dont l'objectif récurrent est de ne pas oublier son chemin ni cette peur surtout de l'oublier. En pleine crise de procrastination, errant parmi les divers objets de mon atelier je me suis finalement assis pour ouvrir ma tablette et me connecter à YouTube. Je me souviens que j'avais juste envie de voir un reportage sur la grotte d'El Castillo, en Espagne concernant l'art pariétal. Mystère des lubies qui me traversent régulièrement... Au début d'une vidéo traitant de la grotte Chauvet... une publicité a attiré mon attention. Il s'agissait d'un jeune homme de 16 ans Eliott Meunier ( je vous mettrai le lien en fin d'article promis) dont le bagou et l'intelligence me sidérèrent presque immédiatement. Il vendait une formation sur la prise de notes intelligente ( encore une de plus me suis je dit ) mais le prétexte n'avait que très peu d'importance finalement car ce qui comptait était la fascination qu'il exerça sur moi durant les toutes premières minutes. Avec une excellente organisation de sa pensée, son éloquence et sa bouille sympathique il capta mon attention et je repoussais de plus en plus le moment où normalement je devrais appuyer sur le message " passer les annonces". En haut à gauche de l'écran un lien commercial se mit à clignoter et sans réfléchir je cliquais dessus. Il s'agit d'une formation gratuite de quelques jours par email pour se constituer un second cerveau qui va ô joie emmagasiner tout une masse d'informations, facile à retrouver et qui laisserait le premier faire son boulot tout simplement, l'allègerait en ne perdant plus de temps à faire autre chose qu'à réfléchir. A l'aide de captures d'écran Eliott Meunier me démontra, une fois inscrit , l'importance de prendre des notes et surtout de pouvoir intelligemment les utiliser afin de créer des articles, des vidéos, des podcasts etc... en seulement quelques clics. Autrement dit comment utiliser la procrastination pour augmenter sa productivité par ce que l'on nomme l'effet cumulé, et les intérêts composés. Qu'est ce que ça peut bien vouloir dire que cette notion d'effet cumulé allez vous me demander Et bien pour résumer c'est le fait de faire une chose un petit peu tous les jours, de mettre en place une habitude, une action qui lorsqu'on la réalise sur le moment n'a l'air de rien mais qui au terme d'un certain temps produit de la valeur. Pour ne citer qu'un seul exemple de ce que représente cet effet cumulé je pourrais citer ce blog par exemple. Je passe en moyenne une heure par jour pour écrire un ou plusieurs articles depuis 3 ans désormais. Ce qui désormais représente plus de 1500 articles. Si je prends une moyenne de 2000 mots par article, cela représente 3 000 000 mots écrits depuis toutes ces journées ces semaines, ces mois ces années ! De quoi écrire plusieurs livres si j'en avais le courage, la motivation autrement dit si je m'attachais à une discipline. Du coup j'ai l'effet cumulé mais pas encore vraiment le gout pour les intérêts composés. La principale difficulté que je rencontrerais si je devais utiliser tout ce contenu pour le transformer en livres serait de regrouper ces textes par catégories, ce que permet déjà Wordpress à condition que l'on utilise l'option. J'avoue qu'au début je ne l'ai pas beaucoup utilisée pas plus que la notion d'étiquettes. Cela signifie que je ne peux pas rattacher de nombreux textes entre eux par ce que l'on nomme un système de maillage interne. J'ai réglé partiellement cette difficulté lors de la création de mon premier livre en revenant dans l'interface de gestion des articles ce qui apparemment n'est plus aussi facilement accessible désormais. J'ai construit un menu dans lequel j'ai utilisé des mots clefs comme "propos sur la peinture" "récits de fiction" "poésie" par exemple pour avoir des dossiers dans lesquels ranger rapidement chaque nouveau texte. Classement très sommaire évidemment. Cela pose une question c'est comment appréhender à la fois nos connaissances sur un thème, comment percevoir les limites de notre savoir sur ce thème, et comment éviter les redites ? C'est à dire ne pas rabâcher toujours les mêmes choses jusqu'à saouler son audience. Une idée qu'Eliott Meunier propose c'est de considérer tout contenu comme un assemblage de briques dont il faut trouver les concepts essentiels. C'est à dire qu'à chaque fois que l'on lit un bouquin, regarde une vidéo, écoute un podcast s'imposer la discipline de déconstruire le contenu pour en déceler les concepts essentiels. C'est ce qu'il nomme la phase de déconstruction. Puis de créer une note globale sur chaque contenu avec nos propres mots sous forme de titres puis le blabla qui l'accompagne en dessous. Ensuite il s'agit de reprendre chacun de ces titres pour en faire une note permanente qui toujours avec nos mots notre langue personnelle résumera le concept afin de le dissocier et ainsi le rendre autonome. Cette note sera bien sur reliée ensuite à sa source, et à de nombreux liens sous forme de mots clefs et de backlinks, le fameux maillage interne et externe. L'objectif est de crée ainsi tout un réseau d'information autour d'une thématique semblable au réseau neuronal de notre premier cerveau. Pour illustrer son propos Eliott Meunier utilise un logiciel gratuit nommé Obsidian. Evidemment il en fait la pub et au travers d'autres vidéos de sa chaine You tube il nous montre la manière de l'utiliser de façon schématique pour nous donner l'envie de nous le procurer. Et surtout de suivre sa formation payante afin de pouvoir tirer la puissance maximum de ce système de prise de notes. Bon. Je me suis évidemment dit que c'était tentant. On ne va pas se mentir c'est un rêve d'imaginer appuyer sur un bouton et d'avoir un contenu qui se construit magiquement devant nos yeux n'est ce pas ? C'est un rêve récurrent chez moi en tous les cas. Plusieurs fois dans ma vie j'ai été obsédé littéralement par ce syndrome du Petit Poucet. Seulement voilà je prenais un tas de notes sur tout un tas de carnets et je ne les relisais que très rarement. Je me disais toujours ce sera pour mes vieux jours vous voyez ce que je veux dire. C'est le genre de chose qui n'arrive probablement jamais. Aujourd'hui j'ai atteint un âge avancé et j'ai perdu pas mal de ces carnets de notes, j'en ai même jeté beaucoup à la poubelle dans mes moments de lucidité aigue. Mais régulièrement ça me revient d'une façon ou d'un autre. Et je me dis comme ce serait chouette, appuyer sur un bouton et tout retrouver aussitôt. C'était déjà ce que j'imaginais de l'informatique en général lorsque dans les années 90 j'ai touché pour la première fois un clavier d'ordinateur. Et là je suis resté comme un con. Parce qu'avant d'appuyer sur le fameux bouton je me suis rendu compte qu'il fallait faire un travail prodigieux en amont pour comprendre comment tout cela fonctionnait. Comment ouvrir une fenêtre déjà, comment écrire sur un traitement de textes ? comment utiliser Excel ? et j'ai passé des mois à étudier toutes ces choses avant de pouvoir enfin me retrouver devant mon écran pour pénétrer dans le vif du sujet. Ce que je ne fis pas tout de suite car c'était les débuts d'internet et il y avait là aussi énormément de choses que je ne possédais pas et dont je me suis donné l'obligation d'étudier. Il y a deux ans je tombe sur un vidéo d'Antoine BM sur la prise de note intelligente et tous mes vieux démons se réveillent. Je profite d'une promo et j'achète cette formation et je m'y colle. A la vérité je n'ai jamais pu aller plus loin que les premiers modules. Quelque chose me disait que je perdais mon temps à suivre cette formation et évidemment je m'en suis voulu de m'être fait avoir par moi-même, par ces idées de manque ou de peur ou je ne sais quoi encore. Cela me montre à quel point en tant qu'internaute je suis vulnérable. C''est à dire que l'on peut passer à un état de consommateur passif qui cherche du contenu sur l'art pariétal au statut de prospect puis de client en l'espace d'à peine quelques minutes. Je ne crois pas être le seul à qui cela arrive n'est ce pas ... Si je devais résumer les avantages de prendre des notes c'est à mon avis qu'il s'agit de rendre la procrastination plus acceptable vis à vis de nos propres yeux. Prendre des notes et les flanquer dans un carnet ou un logiciel en vrac au fur et à mesure de nos lectures ou de la consommation de nos innombrables contenus n'est rien d'autre qu'une façon de se donner "bonne conscience". Et cela ne sert à rien si on ne possède pas un système solide de classement par thématique, par concept, par auteur, par tout une série d'exemple et d'articles connexes qui permettront ainsi de se faire une idée de l'état de nos connaissances sur un sujet précis. Si on n'est pas créateur de contenu soi-même, j'imagine que cela ne sert pas à grand chose de posséder un tel système. Et encore faut il s'entendre sur la définition de créateur de contenu évidemment. En ce qui me concerne je crois que le désordre, que l'anarchie même de mes différentes connaissances même si parfois cela me plonge dans un ennui épais, me permet également d'avoir des moments de créativité intenses. Je ne pense pas que j'éprouverais le même plaisir de voir surgir les idées si je n'avais pas cette impression agréable qu'elles surgissent à la fois de partout et de nulle part lorsque je les vois apparaitre sur mon traitement de textes. En vrai je n'ai pas d'autre but que le plaisir de jouer avec toutes ces connaissances et ces idées, je ne cherche pas à en tirer un avantage financier la plupart du temps. D'ailleurs cela arrive tellement rarement à mon esprit que je pourrais bien trouver cela suspect au bout du compte ne trouvez vous pas ? L'un des inconvénients majeur de tous ces systèmes de prise de note désormais c'est que j'ai la sensation de déléguer mon intelligence à un système, à une machine dont je deviendrais esclave. Les carnets se perdent. Les supports numériques ne sont pas éternels j'ai déjà vu cela avec les CD et DVD que l'on nous vendait autrefois comme inusables, indestructibles. Je suis peut-être vieux jeu en fin de compte je fais confiance à l'inconscient dont les objectifs comme les voies de tous les Dieux sont impénétrables. Impénétrables cela ne signifie pas qu'ils n'existent pas ces objectifs. Ils sont cependant différents de ceux auxquels on s'accroche pour passer le temps comme on dit. Un peu d'humour pour terminer. La nuit dernière j'ai rêvé d'un bouchon en Loire Atlantique, le lendemain je me suis dépêché de peindre ce petit 20x20cm pour ne pas l'oublier. Bouchon en Loire Atlantique Lien vers la Chaine Youtube d'Eliott Meunier :https://www.youtube.com/channel/UCPo1nFSGNkyzrA9yvtkEvIw|couper{180}

Avantages et inconvénients de la prise de notes

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Oiseau momifié

On dirait des bandelettes mais il s’en fout L’oiseau momifié Il voyage dans l’immobile L’œil ouvert dans l’ombre brûlée par les étoiles Des bandages qui ne l’empêchent pas de s’envoler|couper{180}

Oiseau momifié

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Comment en venir aux mots.

C'était à l'automne de cette année 1976 peu après cet épisode de grande sécheresse qui avait débuté durant l'été 75 et que l'on venait de revivre que je fis une découverte extraordinaire. Nous étions harassés je crois. Mon père notamment n'en pouvait plus de se débattre dans son désœuvrement. Le chômage avait frappé notre famille peu après la crise de 74. Et il se rendait compte à quel point tout ce qu'il avait cru avoir bâti et dont il avait coutume de s'enorgueillir de vive voix ne valait plus tripette. Sans diplôme il devait serrer les dents pour passer des tests psychologiques à chaque nouvel entretien, lui le vendeur formidable, ce héros issu tout droit des divers faits d'armes de Corée , d'Algérie Du Sénégal ou de Trifouillis les oies, qu'il ne cessait de ressasser pour combler le vide de ses journées. L'épouvante que représentait la misère à venir il la manifestait par une mauvaise humeur chronique. S'agaçant d'un manque de sel, rugissant contre le soleil, la lune et les oiseaux qui, disait-t 'il, ne cessaient de faire du boucan dérangeant sa tristesse et son perpétuel apitoiement sur lui-même. Ce fut à l'heure du diner peu après une crise aigue où il s'était emparé des ciseaux de couturière de ma mère pour trancher net un épis que j'arborais et qui l'agaçait au plus haut point que nous en vînmes presque aux mains faute de mots. Une discussion politique qui tourne mal ça arrive. Ce genre de discussion d'autant plus dangereuse qu'elle charrie de nombreux ressentiments sans même que l'on en prenne conscience. Ainsi en allait-t'il de l'abolition de la peine de mort au Canada , de la dévaluation du peso de plus de 50% au Mexique, ou bien encore de cette interdiction qu'avait lancée Aparicio Mendez à 15000 dirigeants des partis traditionnels Uruguayens d'exercer une activité politique pour une durée de 15 années. Je crois qu'à cette époque je ne ménageais aucun effort pour m'insurger contre à peu près tout et n'importe quoi à partir du moment surtout où mon père tentait d'imposer son avis, et invariablement un avis contraire. C'était si l'on veut la fin d'une dictature, sa statue était déboulonnée et mise à bas depuis tous ces mois passés durant lesquels, horrifiés, nous avions découvert le gamin capricieux qui se dissimulait derrière une carrure de géant gonflé de fatuité. Ma mère faisait des aller-retours incessants depuis la cuisine vers la remise attenante pour s'enfiler du blanc directement au goulot. La télévision était allumée depuis des 5h du matin et ne s'éteignait pratiquement plus que durant quelques heures au creux des nuits. Et malgré tout cela on continuait encore à me faire espérer dans un avenir, dans ces règles totalement débiles qu'imposent l'école, le monde du travail, alors que désormais tout concordait pour prouver leur vacuité. Je crois que je souffrais de ces mensonges innombrables comme on peut souffrir de l'absence. Il me semblait que je les avais perdu définitivement, qu'ils n'étaient plus que des fantômes d'eux mêmes. Et que par ricochet il fallait que j'agisse de manière pressante pour ne pas en devenir un moi aussi. C'est peu après "la nuit des crayons" en Argentine ou quelques étudiants furent enlevés et certains probablement assassinés sous le prétexte fallacieux d'une manifestation pour les transports, vers la mi septembre, que je fis le parallèle à voix haute entre la dictature militaire et la façon de se comporter de mon père. Il y avait des flageolets dans un grand plat de terre je m'en souviens encore très bien. Le coup de poing formidable que mon père décocha à la surface de la table fit léviter le tout comme au ralenti. Je vis la lèvre inférieure de ma mère trembler légèrement puis je fus trainé par une puissance inouïe vers la porte de la maison. Je fus éjecté ni plus ni moins presque sans un mot. Tout cela tombait à pic. Nous étions parvenu à un paroxysme. Il fallait bien qu'un orage enfin éclate. Néanmoins l'inconfort de me retrouver dehors pieds nus me fit ouvrir la porte et pénétrer à nouveau dans la maison. Je me hâtais d'aller chercher quelques affaires que je fourrais dans un sac tube, je pris soin de chausser aussi une paire de tennis . Et à cet instant où j'étais enfin paré pour l'aventure je les toisais tous les deux et le seul mot qui pu sortir de ma bouche fut "ciao !" C'était vraiment bizarre. Je refermais la porte soigneusement tout en me demandant où j'allais bien pouvoir aller et j'optais presque aussitôt pour la gare depuis laquelle je pourrai prendre un RER et me retrouver à la Capitale. Assis dans le wagon tout me paraissait tellement irréel. Je voyais le paysage défiler de chaque coté comme si je m'étais engagé dans un voyage intersidéral. Une sorte d'état d'apesanteur où je ne sentais plus du tout le poids de mon corps sauf la rage et la tristesse se mélangeant pour me donner une consistance sur laquelle m'appuyer un peu. Un peu mais pas beaucoup non plus. Je passerai rapidement sur les différentes astuces et expédients découverts pour survivre durant les quelques semaines qui suivirent. Et dont la plupart évidemment ne furent pas nobles. Il m'aura fallu voler, tricher, mentir, trahir, et je n'en ai pas conserver de mirifiques souvenirs. Cependant que parallèlement à la débine dans laquelle enfin je pénétrais pour de vrai et que j'allais explorer quasiment sans interruption durant des années je découvrais le refuge des bibliothèques. J'avais mis le doigt sur quelque chose qui me semblait plus gênant que la misère , c'était le manque de vocabulaire, l'impossibilité d'exprimer tout ce qui m'étouffait et la lecture fut à cet instant de ma vie aussi puissante que pour Bernadette Soubirou l'apparition de la Vierge. Je crois même que j'en fis une sorte de culte, une religion. Apprendre à lire cela n'était rien. Réapprendre à lire vraiment c'est à dire à développer sa propre pensée et le discernement fut comme un nouveau pallier. Quelques semaines plus tard je passais un coup de fil pour avoir malgré tout quelques nouvelles et tombais sur la voix de ma mère qui me dit ah c'est toi, ton père est à l'hôpital il vient de faire une crise cardiaque. J'ai dit j'arrive. Mais je ne suis pas allé à l'hôpital. J'en ai profité pour prendre quelques affaires que j'avais oubliées dans ma précipitation, notamment ma guitare. Chanter dans les rues et les cafés allait devenir bientôt mon gagne pain et c'est grâce à cette guitare sans doute que je n'ai pas sombrer totalement dans la délinquance. Je suis retourné presque aussitôt vers Paris. Tu es vraiment sans pitié avait lâché ma mère sur le seuil de la porte en me regardant partir à nouveau. Ce n'était pas un choix c'était la seule solution que j'avais trouvée à ce moment là pour ne pas m'empêtrer dans la compassion ou la pitié. Si j' avais succombé à ces sentiments m'étais je dis sans vraiment me le dire, les choses auraient repris leur cours exactement comme avant j'en étais persuadé. Si j'avais éprouvé compassion et pitié à cet instant de ma vie je n'aurais pas eu la même vie que celle-ci. Non pas que l'une puisse être plus intéressante qu'une autre, ni pire ni meilleure. Mais j'en avais tout simplement assez de cet amas de non dits, de ce mauvais silence entre nous tous. C'est ainsi que j'en suis venu aux mots.|couper{180}

Comment en venir aux mots.

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La conscience et le temps

Depuis plusieurs jours je ne cesse de penser à mille petites choses qui d'ordinaire me paraitraient insignifiantes. Lorsque je dis "penser" c'est un bien grand mot. Car à la vérité, elles se présentent à ma conscience sous forme de petits flashs, comme ces étoiles filantes dans le ciel nocturne de la mi aout. Il y a toujours un doute sur leur apparition et leur disparition. A un tel point que le spectateur lui-même pourrait , à ce moment là, douter de qui il est. Ce sont de petites choses comme par exemple le fait que très récemment quelqu'un sur le parking a éprouvé le besoin pressant de s'emparer des essuie-glace de mon vieux Kangoo. Ou encore le fait que mon attention se soit soudain fixé sur une anfractuosité du grand mur bordant la cour à l'Est. Cela m'arrive régulièrement d'examiner les murs, je pourrais presque parler de manie, ou d'habitude. Alors pourquoi est-ce que mon esprit rejoue régulièrement la scène de cet instant là particulièrement ? Comme s'il représentait une sorte de synthèse de toutes les anfractuosités déjà observées tout au long de ma vie. Comme si aussi ce vol d'essuie-glace n'était pas seulement un vol d'essuie-glace mais le symbole de nombreux larcins dont j'ai été la victime, et même le coupable finalement. C'est comme si ces micro évènements étaient des punaises qui à un moment donné épinglent la conscience dans un instant particulier, la focalisent sur celui-ci et que simultanément il n'existe plus que cette scénette, que tout le reste tout autour s'évanouisse mystérieusement. Cela forme une sorte de galaxie mais en fait je pourrais aussi bien parler d'un espace clos à l'instar d'un bocal dans lequel ma conscience aurait à peu de chose près la forme d'un poisson rouge. Et évidemment ce poisson se heurte perpétuellement aux parois de verre du bocal. Il ne peut avoir accès à l'au-delà de celui-ci. Ce qui me fait réfléchir sur l'attention que l'on porte à certains pans de notre existence, à certains pans de la réalité qui nous entoure, et pas à d'autres. N'est-ce pas cette attention seule qui crée ce que nous nommons la vie, la réalité, le monde, et je ne sais quoi d'autre encore ? Et nous faisons exactement là même chose avec la notion de temps. Nous attribuons de l'importance, de l'attention à certains instants et très peu à d'autres. C'est comme si nous vivions dans une large proportion de notre existence totalement inconscients et du temps et de la réalité. Aussi loin que je puisse me souvenir de qui je suis j'ai toujours été frappé par cette évidence : l'inconscience dans laquelle nous baignons tous et en même temps ce genre de folie d'attacher une attention souvent démesurée à ce que nous nommons "important". Peut-être que ma révolte à l'origine ne provient que d'une indignation profonde et qui concerne en grande partie cette indifférence que la plupart des gens entretiennent avec le monde et eux-mêmes. J'ai perdu si je peux dire un temps formidable, des années à m'insurger contre l'évidence. Mais dans le fond je ne suis pas si différent que tout à chacun. Je n'attribue pas non plus de l'importance à tout. Parfois même en ayant poussé jusqu'à l'extrême l'indignation je n'en ai plus attribué à rien. J'ai passé aussi un temps fou à me foutre royalement de tout et surtout de moi-même. Aujourd'hui j'ai exploré à peu près tout ce qui était en mon pouvoir en matière d'attention ou d'inattention et j'en reviens encore une fois à la position du milieu. En espérant qu'il soit juste. Juste pour ne faire pencher le fléau de la balance ni vers l'une ni vers l'autre. Parvenir à une équanimité quasi totale. Mais c'est une folie évidemment et pour m'en préserver à un moment donné j'ai du avoir l'intuition que je parviendrai à cette conclusion un jour ou un autre, et je me suis préparé un antidote. Le fait de me marier. C'est extraordinaire le mariage quand on y pense. A deux on se corrige perpétuellement en matière d'attention. Lorsque mon épouse par exemple me dit "tu ne fais attention à rien" j'entends tu ne fais pas assez attention à moi. Et vice versa évidemment. On a toujours de quoi corriger le tir. Par tâtonnement peut-on dire, on appréhende ce que peut être la paix du foyer, quand on est fatigué des guerres. Cette fatigue pour autant qu'on s'y intéresse, que l'on puisse aussi lui accorder de l'attention représente souvent ce que l'on nomme la fatigue du quotidien. C'est à dire toute cette attention que l'on porte à des habitudes comme aux parois du bocal. Ces habitudes qui créent le bocal dans lequel il n'y a plus seulement un poisson rouge mais deux. On se plaint parfois de cette fatigue, lorsqu'on lui porte une attention trop importante. C'est à dire que l'on ne voit pas les bénéfices qu'elle dissimule, qu'on ne veut pas les voir sans doute. Pourtant ces deux poissons rouges ne sont pas là par hasard autant qu'on puisse le croire. J'étais en train d'écrire ce texte lorsque soudain mon épouse m'appelle. Un problème avec son ordinateur à résoudre de façon urgente. La première chose qui me vient est bien sur l'agacement. Je déteste être interrompu pendant que j'écris. je maugrée, je râle plusieurs fois, je fais ça aussi par habitude. Mais je sais aussi qu'à un moment ou à un autre je vais me lever et me diriger vers son bureau, et examiner le problème. C'est toujours le même schéma mais j'éprouve cette nécessité de râler malgré tout, de m'attarder quelques instants pour m'apitoyer sur mon propre sort. Le genre "pourquoi moi ?" on connait tous plus ou moins cela n'est-ce pas. Cet instant, la conscience de cet instant où soudain on baisse les bras et où l'on se dit que ce qu'on est en train de faire n'a pas plus d'importance finalement que le vol d'une paire d'essuie-glace ou bien l'attention que l'on porte à un trou dans une paroi. On se lève et l'on plonge dans l'inconnu que représente cette nouvelle panne informatique et on ne se rend même pas compte que c'est une chance de traverser enfin la paroi d'un bocal où d'une relation que l'on a installée malgré nous ou à cause de nous. Que c'est une chance qui s'offre pour voir un peu plus loin que le bout de ses nageoires.|couper{180}

La conscience et le temps

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De la sauvagerie au raffinement

"Pour PRG quelques éléments qui me sont venus suite à une question posée sur la notion d'auto-sabotage." De la pulsion à la pensée. Pour illustrer ce voyage de la pulsion à la pensée j’aimerais parler du refus. Un refus magistral tout d’abord qui se manifeste dans la révolte, dans un « non » catégorique et ce dès les premiers pas. Si le but premier, fut interprété par le simple fait de se tenir debout et d’appartenir ainsi à l’espèce, tous les efforts à produire pour tenter d’y parvenir me parurent absurdes presque immédiatement. Ces premiers échecs à répétition furent comme prémonitoires d’un avenir tiraillé entre l’envie de réussir quoique ce soit et celle de systématiquement tout rater. C'est-à-dire que dans mon for intérieur déjà pesait lourd le pour et le contre. J’avais beau me creuser la cervelle je ne comprenais pas grand-chose à ces idées de réussite qui ne m’appartenaient en rien et que je sentais impérieuses comme un héritage laissé en jachère dont j’avais en charge l’entretien et surtout l’injonction silencieuse d’une fructification. Il fallait faire mieux. C’était ce mot d’ordre certainement qui n’était jamais prononcé clairement qu’il fallait capter. Que j’ai capté comme un buvard boit l’encre. Faire mieux était un non-dit, un implicite et tout ce qui n’était que « bien » ne pesait pas bien lourd dans cette balance invisible. Je crois que mes tous premiers refus tirent leur origine de cette injonction invisible qui, par son importance, son omniprésence, était une béance trouant le monde tranquille que l’on me présentait sans relâche comme une réalité à accepter les yeux fermés. Aujourd’hui avec le recul les choses se sont complexifiées car les années et l’expérience m’auront contraint à apprécier ou détester la nuance. Évidemment que rien n’est noir ou blanc, qu’entre ces deux extrêmes s’étalent l’immense gamme des gris. Un marais boueux dans lequel on s’engage pour chercher quelque chose que l’on ne trouve jamais. Parce que tout bonnement l’important n’est pas de trouver mais de traverser. Toutes ces pensées semblables à des poupées russes dont l’ultime est si infime, si insignifiante qu’elle se confond à l’extrême avec l’incohérence. Comme si la cohérence naissait de la présence invisible elle aussi cette graine folle. Comme si la cohérence était la seule et unique nécessité que des générations passées nous avaient léguée comme on léguait la braise et la flamme pour permettre au groupe de s’éclairer dans l’obscur, de traverser la nuit, tout en se réchauffant à l’abri des vents glacials. La sauvagerie dont je parle remonte à une époque d’avant la découverte du feu, d’avant la découverte de cette cohérence. Cette sauvagerie animale prise au piège si l’on veut, dans les filets de la logique incompréhensible nécessitant de se lever, de marcher, de se tenir enfin debout comme tout le monde. Je ne me souviens pas de mes premiers pas. Je ne me souviens que de l’effroi provoqué par le fait de ne pas y parvenir, de cette désespérance apportant avec elle la colère, la haine, l’envie de me terrer à jamais sous terre, la preuve de ma faillite comme si quelqu’un ou quelque chose n’attendait que celle-ci. Cette attente indicible de la chute à venir comme une clause écrite en minuscules dans un contrat illisible. L’ambition ne pouvait provenir que d’un sentiment de revanche, du ressentiment. L’ambition était déjà souillée avant même qu’elle ne se présente comme but à atteindre comme un chemin sans embûche. Et je n’étais pas d’accord avec cette ambition-là, je n’ai jamais cessé de lutter contre sans même connaître le mot. Cette ambition était un fardeau qui amoindrissait l’être qui le recroquevillait sur lui-même, qui ne rendait rien heureux, mais au contraire posait sur un piédestal l’effort le difficile, la souffrance et le pénible comme des passages obligés dans le labyrinthe que représente toute idée de réussite. Au mieux j’éprouvais de la compassion au pire la sensation du ridicule qu’entrainait un tel postulat. Et je ne me décidais jamais à prendre parti pour l’une ou l’autre. La meilleure position que j’ai toujours choisie était de me tenir dans l’équidistance de ces deux extrêmes. Entre l’amour fou et la dérision la plus totale. Si je puis écrire tout cela aujourd’hui c’est que malgré tout j’ai effectué un chemin qui s’élance depuis la pulsion jusqu’à la pensée en passant sans doute par le kaléidoscope de toutes les émotions, de tous les sentiments. Je me suis éloigné du centre névralgique sans pour autant jamais le quitter du regard. A bien y réfléchir je ne suis pas peintre pour rien. Je ne peux voir un tableau comme une obsession qu’en prenant de la distance avec ceux-ci, en multipliant les points de vue. En me détachant des émotions des pulsions basiques comme des idées toutes faites. A bien y réfléchir aussi ce n’est pas ce qu’il y a sur le tableau qui m’intéresse le plus. C’est bien plus le cheminement pour parvenir à accepter qu’il y a quelque chose à voir, et que je suis en partie responsable de ce quelque chose. Que sans moi il n’y aurait qu’une toile vierge. Que sans moi il n’y aurait qu’une attente silencieuse s’étendant aux confins de l’univers comme une faim, une soif qui ne s’apaisent jamais. Peut-être que je peins aussi pour cela pour calmer la faim et la soif, pour leur donner une raison d’être si ce n’est une raison véritable, partageable, échangeable. Un être plus qu’un avoir, une possession, une propriété, un bien. La peinture est d’abord un médium. Un outil. Ce n’est jamais une fin en soi. Mais c’est l’outil que j’ai choisi pour cheminer entre la pulsion et la pensée. Ce qui est étonnant c’est la faculté que possède la peinture pour faire taire la pensée tout en la nourrissant de silence et de calme. Comme un enfant que calmerait une mère en lui donnant le sein pour qu’il s’arrête de brailler. Mes tableaux sont ils vraiment représentatifs de ce cheminement ? Et quand bien même en quoi cela intéresserait il les gens ? c’est ce que je me demande de plus en plus désormais. Lorsque je regarde l’ensemble je ne vois guère qu’un fouillis, un désordre. Des scories résultant du creusement d’un filon laissé à ciel ouvert par les mineurs. Il faut alors que je me pose la bonne question : Qu’est ce qui est vraiment important ? Est-ce la déception de ne pas avoir réalisé une œuvre digne de ce nom et rejoindre ainsi l’amertume familiale pour jouir enfin de tout mon saoul du leg ? Ou bien est-ce la reconnaissance de posséder un cœur vraiment contre toute attente. D’être parvenu finalement à trouver cette fameuse pierre philosophale capable de transmuter le plomb en or et de garantir une éternelle jeunesse ? Là encore je ne prendrais pas position. Je me dirais encore que la modestie vaut bien tous les trésors tous les legs du monde. L’entre-deux m’a toujours aidé finalement à ne pas sombrer dans la folie c'est-à-dire à revenir tout entier dans la pulsion ni à m’égarer à jamais dans la sublimation. C’est comme cela que j’ai compris qu’il fallait marcher au bout du compte, je ne suis pas fichu de dire si c’est la meilleure ou la pire façon de se tenir debout et d’appartenir à l’espèce. Mais c’est celle qui me convient et qui me mènera sans aucun doute à la destination finale le plus naïvement lucide que possible. Pour ça je crois que j'aurais fait de mon mieux comme on dit. A ne pas confondre je ne le crois plus avec du désespoir ou de l'auto-sabotage, il me semble que c'est tout le contraire. Sans doute que pour la plupart ce ne sera pas limpide mais je mettrais ma main au feu, c'est serein et joyeux me concernant. Le raffinement à venir. Peut-être faut il considérer le raffinement comme l’extraction d’une essence plutôt que de m’essayer à devenir dandy. Le laboratoire me convient mieux que n’importe quelle mondanité. Je suis bien, plus à l’aise, avec les alambics et les cornues qu’avec n’importe quel être humain qui exprimerait cette nécessité d’avoir à parler, à partager, à expliquer échanger, bref qui se donnerait une raison d’exister. Un autre moi insupportable plus encore que je m’insupporte moi-même. Le raffinement passe aussi par la solitude, celle de l’atelier, celle de la page de traitement de texte. Au bout du compte ce sont les seuls lieux où je me sens bien, où j’ai l’impression d’être totalement présent et de marcher sans produire trop d’effort. Mieux que de marcher même car c’est autre chose que simplement le corps qui est en mouvement. C’est la sauvagerie et la pensée enfin alliées pour une éternité d’instants, deux contraintes qui forment un pont une passerelle, une liberté.|couper{180}

De la sauvagerie au raffinement

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Pourquoi changer ?

L'idée de changer revient comme une ritournelle, tu sais c'est un peu cette chanson que l'on fredonne sans savoir vraiment pourquoi ni comment et qui finit par nous agacer au bout d'un certain temps. Tout ce qui est plus fort que soi est agaçant n'est-ce pas ? Tout ce que l'on ne maitrise ni ne contrôle pas l'est souvent aussi. Cette agacement je crois qu'il provient du petit enfant que l'on conserve au fond de nous-mêmes, et qui soudain comprend que beaucoup de choses dans la vie le dépassent. Qu'il ne maîtrise ni ne contrôle pas grand-chose. Alors je peux me dire que c'est enfantin de vouloir changer. C'est à dire que j'imagine grâce à l'illusion du changement devenir un autre. Mais quel autre si ce n'est celui qui espère parvenir à s'adapter, c'est à dire à maîtriser en toutes circonstances l'impact provoqué par les circonstances. Lorsque j'étais gamin j'étais fasciné par l'eau. Y t'il quelque chose qui s'adapte mieux aux circonstances que celle-ci ? Et comment s'y prend t'elle ? C'était déjà ce genre de question que je me posais lorsque j'allais m'asseoir au bord du Cher pour essayer de devenir un pêcheur aussi habile que mon père. Je l'imaginais habile évidemment comment n'aurait-t 'il pas pu l'être ? Par mimétisme je m'efforçais de m'extraire de quelque chose déjà pour me rendre vers un ailleurs imaginaire. Il me semble que si j'avais pu me filmer à 8 ou 9 ans en train de jeter ma ligne dans le fleuve j'aurais pu voir cette caricature à la fois pathétique et émouvante de ce petit garçon effectuant des efforts insensés pour devenir homme. Pas n'importe quel homme, le père. Le pouvoir et la fascination dans lesquels j'avais glissé avec une facilité déconcertante m'avait totalement déconcerté. Je n'étais plus une mélodie, mais une cacophonie. L'admiration, la haine, l'amour et la crainte formaient alors une sensation omniprésente de panique qui m'interdisait l'accès à qui j'étais. Tout mon être s'élançait alors vers ce désir de ressembler à ce père tout en détestant souvent le résultat que j'obtenais. Cela m'agaçait beaucoup et déclenchait aussi de formidables colères contre le monde entier. Puis une fois la rage passée j'entrais alors dans une sorte de catatonie. Il me fallait m'enfouir dans un trou ou bien grimper au haut d'un arbre pour retrouver mes esprits. Le lieu commun se confondait avec un platitude infinie, qui souillait toute idée d'horizon comme d'avenir . Au fond de moi lorsque je cherchais à me distinguer au delà de ce modèle qu'imprimait mon père, je ne voyais rien. Et j'habillais ce rien d'oripeaux fantasques, abracadabrants lorsque parfois j'avais l'opportunité de prendre la parole. Pour attirer l'attention des autres sur ce rien qui semblait m'envahir comme une nuit. Une sorte d'appel au secours à peine dissimulé qui provoquait évidemment l'effet contraire. La fuite ou l'évitement, la mise à l'écart. Cela se produisit tellement de fois dans dans cette enfance que peu à peu l'évènement devint un os que je rongeais. Une obsession. Cette peur ou l'ennui que je provoquais chez les autres finalement je crois que je m'en nourrissais. C'était sans doute ma seule véritable nourriture pour fortifier cette vulnérabilité que j'avais peu à peu découverte. Rien n'était aussi intense à coté de cette émotion qu'elle provoquait et qui me renvoyait à une singularité impossible à nommer. Cette singularité devint une sorte de compagnie je crois. Une confidente. Du rien dont elle était issue elle se métamorphosa sans même que je ne m'en aperçoive en tout. Puis mon enfance s'acheva, et j'entrais tout aussi lamentablement dans l'adolescence. J'espérais beaucoup dans le collège et la multiplicité des sources d'enseignement. L'espoir d'un nouveau monde me préoccupa quelques semaines, peut-être quelques mois en raison de la force d'inertie. Puis je compris que je n'avais échappé à Charybde que pour aller buter contre Scylla. La volonté de ressembler à mon père s'évanouit doucement remplacée par celle de ressembler à d'autres, que ce soit des camarades ou des professeurs avec lesquels j'entretenais quelques affinités. J'empruntais leurs postures, leurs répliques, et jusqu'à leurs mimiques à seule fin de parvenir à exister dans ce nouveau monde. Je m'éloignais encore de qui j'étais pour devenir quelqu'un d'autre le temps de la journée d'école. Puis je rentrais et il me fallait toujours un espace temps particulier pour switcher du collège à la famille. Pour changer ce costume de collégien, en fils. J'avais saisi de plein fouet la notion de positionnement et de statut. Mais le problème était l'impossibilité d'effectuer des liens toujours avec ce rien au fond de moi. La singularité paraissait indifférente à tous les efforts que j'essayais de faire pour m'intégrer dans ces différents lieux et espaces. Et plus je faisais d'effort d'ailleurs plus il me semble que la présence de cette singularité s'en trouvait comme renforcée. Ce qui se traduisait à nouveau par des colères, des dépressions, ou encore des frénésies étranges d'aller courir dans les bois les champs à perdre haleine, de lectures boulimiques , ou encore m'allonger sur le lit de ma petite chambre en ne faisant plus attention qu'au seul fait de respirer pour tenter de me débarrasser de l'incessant tourbillon mental qui m'accablait. Tout au long de ce processus je crois que j'ai été obsédé par l'envie de changer, de pouvoir me débarrasser de cette intuition terrifiante de n'être rien. Une intuition aussi que cette intuition serait prémonitoire. J'avais tellement la trouille d'être ce rien qu'il ne pouvait être qu'un désir que je ne parvenais pas à assumer. Une sorte de fabrication imaginaire, une allégorie ou une succession de métaphores pour tenter d' échapper à la réalité de la vie et de la mort. L'idée de changer devait à peu de chose près être du même acabit que cette barre de points de vie supplémentaires qui s'affiche au haut de l'écran d'un jeu vidéo. Je pouvais changer plusieurs fois, ce n'était pas un souci tant que j'avais encore quelques petits cœurs allumés avant le Game over définitif. Evidemment on peut considérer que la vie est un rêve ou un jeu. Une sorte d'abstraction. On peut trouver une issue en imaginant cela aussi. En s'en persuadant. Lorsqu'on est seul, il n'y a aucun problème. Les difficultés viennent avec les autres et notamment ceux dont on finit par s'entourer et que l'on aime et que l'on entoure également d'attentions et de manifestations d'affections. Ces relations intimes s'attaquent directement à cet espace temps anéanti que l'on porte pour toujours au fond de soi. Elles ne cessent de vouloir l'amadouer afin qu'on puisse l'oublier. Et cela fonctionne durant un temps. Puis il arrive que ce temps s'achève. Le rien reprend possession de tous ses territoires à l'occasion d'un changement d'hygrométrie dans l'air, d'un nuage qui passe, d'un chat qui miaule. On se retrouve alors nez à nez avec ce rien, avec cette singularité d'être aussi vieux qu'Hérode par ses artères aussi naïf qu'un nouveau né par ses cris et ses larmes lorsqu'on lui refuse le sein. Alors on prend une nouvelle toile, celle que l'on a raté hier et on recommence. Peu importe qu'on réussisse cette fois ci ou pas à affronter ce rien les yeux dans les yeux. Ce n'est pas une question de victoire. C'est seulement accepter d'être en vie pendant que nous le sommes tels que nous sommes. Golgotha Nouvelle version|couper{180}

Pourquoi changer ?

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Comment le beau devient le laid

Une préoccupation de peintre : le beau En tant que peintre évidemment la beauté est un sujet de préoccupation. Une sorte de tarte à la crème si je peux dire. Il y aurait quelque chose d'impérieux qui gouvernerait toutes les intentions du peintre afin de les ramener tant bien que mal à une idée de beau. La question que l'on pourrait alors se poser si on avait un tant soit peu de jugeotte c'est de savoir si le beau est une notion subjective ou objective ? Elle est un peu des deux à mon avis lorsqu'on débute. Une confusion s'opère entre le gout personnel et l'opinion générale concernant la beauté dans laquelle nous baignons en toute inconscience. Parvenir à effectuer le distinguo, n'est certes pas une sinécure. Le beau est t'il une décision ? Et puis il faut une sacrée dose de vanité aussi pour déclarer quelque chose comme "c'est beau parce que j'ai décidé que ce l'est tout simplement" et persister afin d'éprouver ce sentiment très particulier : celui de vouloir avoir raison. Cette décision est le fruit d'un choix et de nombreux renoncements. Mais malgré tous les efforts à produire pour y parvenir nul ne peut en garantir la réalité pas plus que la véracité. C'est un "beau empirique". Et cela tombe bien car nous sommes désormais dans l'ère la plus empirique qu'il soit. Si les grecs se perdaient autrefois dans les méandres de la philosophie et des mathématiques pour rêver d'harmonie, notamment en architecture on voit clairement désormais le résultat de cette formidable perte de temps. Y a t'il encore beaucoup de temples hellènes vaillants ? La plupart ne sont plus que ruines plus ou moins bucoliques. Ce qui n'est pas le cas du Colisée à Rome apogée si l'on veut d'un apprentissage "à la dure" ou dans "le vif" du sujet. C'est qu'il y a une grande différence entre ceux qui réfléchissent et qui au bout de longues réflexions parfois agissent, et ceux qui font, subissent des échecs puis recommencent. Le beau chez les anciens Ce qui est beau pour un romain est sans doute ce qui dure, ce qui est utile et se mesure à la sueur de tous les fronts qui l'ont bâti. Depuis le premier muret , la première route départementale, en passant par les aqueducs petits moyens puis grands. Alors que pour un Grec le beau est du domaine des Idées et la plupart du temps il y reste. Cela fait réfléchir sur l'apprentissage en général et en peinture en particulier. Faut-il donc un diplôme sanctionnant un parcours intellectuel la plupart du temps et très peu de pratique ? Ou bien faut il l'intensité et la persévérance, l'obstination de vouloir seulement s'exprimer ? L'idéal serait de posséder les deux évidemment mais ce n'est jamais vraiment le cas. Ce que l'on gagne en savoir, en connaissance agit de façon inversement proportionnelle à l'intensité, à l'énergie que l'on doit déployer en toute ignorance pour parvenir à ses fins. C'est sans doute la raison pour laquelle tellement de diplômés des Beaux-arts entament une carrière dans le marketing ou sur Youtube plutôt que de s'acharner devant une toile, une sculpture. Pour en revenir à nos moutons Vous me direz c'est intéressant mais comment le beau devient-il le laid ? puisque tu le dis, puisque en quelque sorte tu l'as promis ... c'est que forcément tu as une idée là dessus, non ? C'est vrai j'ai une idée. Mais ne croyez pas que cette idée apparaisse dans mon esprit d'une façon claire, une idée n'apparait jamais ainsi, ou du moins ce qui s'avance en tant que tel n'est jamais une idée intéressante. C'est plutôt une couche superficielle d'éléments qui s'agglutinent à la va vite pour masquer autre chose. Et il faut d'abord s'intéresser à cette pellicule et la gratter avec un minimum de patience pour la crever et apercevoir enfin se qui se dérobe pour être capturé. L'Idée comme le Beau se dérobent. C'est la raison pour laquelle la plupart des gens restent attachés à une notion collective, rassurante, facile de ces ces deux notions. Le beau un lieu commun d'où surgit la laideur ? On se rassemble ainsi dans les idées comme dans une notion de beauté d'une époque Cela ne serait pas bien grave après tout, s'il n'y avait cette fichue manie de tout vouloir s'approprier pour soi. C'est mon idée, Moi je trouve ça beau et puis ça laid. Comme on le dit encore dans certaines campagnes : "la fille la plus belle du monde ne peut donner que ce qu'elle a." C'est à dire que ces mots d'ordre de l'Idée et du Beau si rassurants puissent ils être, si attrayants par le confort dans lequel ils nous installent sont comme un sein. On peut les pétrir autant que l'on veut il n'en sortira pas une seule goutte de lait. La disparition du banal C'est lorsque on se détourne du sein comme du mot d'ordre qu'une fissure s'opère, que la matière s'écarte mystérieusement. C'est du plus profond de l'ennui et de l'à quoi bon que soudain l'aurore pointe son joli minois. Eblouissement du banal jusqu'au plus haut degré du vertige ! On lévite sans même le vouloir tout à coup au dessus des cohortes qui s'étripent et qui s'accolent. Comment le beau devient-il le laid ? Il n'y a qu'à constater les dégâts, à compter les points, à ramasser les cadavres et les enterrer. Et même si l'on veut pour marquer le coup graver des noms pour la postérité à la craie blanche. Le beau c'est un peu comme la connerie au bout du compte c'est la chose la mieux partagée du monde. Sauf que chacun veut se l'approprier rien que pour soi envers et contre tous mine de rien. L'Idée et la Beauté stigmatisées par l'idée de propriété. Et ce, même dans un état dit démocratique, ce qui est plutôt fort de café ! parce que d'emblée on pourrait penser que c'est une préoccupation de privilégié, pour ne pas dire de seigneur ou de bourgeois. Photo de mon dernier barbecue.|couper{180}

Comment le beau devient le laid