exercice d’écriture, le portrait rapide.

le dispositif serait le suivant : un prénom et la phrase "ce que c’est que..." plus une image inspirée aussitôt par la rencontre, un panoramique de cette image, une sorte de petit épuisement de cet arbitraire- 3 minutes pour écouter, sentir, s’entretenir avec elle ou lui, sur l’être qui porte ce prénom. Sont-ils réel ? imaginaires ? aucune importance. L’arbitraire de ce que cette situation inspire, sera écrit un peu plus tard, en une vingtaine de minutes et ne devrait faire qu’une seule page.

d’après une idée de François Bon et de Rémi Checchetto.

En lisant les scans envoyés par François, je découvre la bienveillance de Rémi Checchetto envers ses modèles. En effet ces portraits sont ensuite livrés à leurs modèles, mieux vaut être prudent. D’autre part ce qui est écrit ne se base que sur un aperçu lacunaire, ce sont des portraits partiels, des portraits qui ne représentent que l’arbitraire des trois minutes échangées avec la personne, dans un instant donné, et que cet instantané déclenche par la suite dans la vingtaine de minutes d’écriture.

Le mode bienveillant. Se mettre en mode bienveillant. Basculer, sombrer, s’élever dans ce mode, en étant plutôt bienveillant. Une préférence pour la bienveillance. Bon enfant. Pas envers la personne finalement, mais avec la notion d’arbitraire. Accueillir l’arbitraire l’esprit ouvert. Rester comme à distance de ce qui vient se recueillir, s’écrire, puis s’en aller. Ce que l’on va choisir d’écrire ne devrait porter préjudice à personne, notamment pas à soi-même. Dans ce soi devenant creuset de cet arbitraire. Un exercice de tournure d’esprit bien plus qu’un simple exercice d’écriture. S’agit pas non plus d’être lénifiant. Comme en peinture il serait bien utile de trouver le ton, ou en musique l’accord qui sonne juste. On pourrait utiliser cet exercice comme outil de récapitulation chamanique. Remonter à certains noeuds dans lesquels une énergie est restée bloquée, colère, jalousie, envie, etc. Renverser les points de vue, changer de point d’assemblage. En profiter pour dénouer.

P. 1980

Ce que c’est que d’avoir peur de se faire avoir, une peur à transformer en autre chose, une résistance. Vouloir être indemne, rester indemne, trouver en soi le courage de renoncer à se faire avoir. Agir à partir de ce courage, de cette peur. C’est peut-être le désir de ne pas se faire avoir par la peur d’avoir peur. Par la peur du désir de sombrer et le lieu ici soudain semble essentiel. Le lieu du combat, le lieu du sacrifice, l’autel ou le ring sur lequel se laisser envahir ou combattre la peur. L’ici contre l’ailleurs, la lumière contre l’ombre, la chaleur contre le froid, le soleil contre la nuit, l’indifférence contre l’amour. Une affaire de localisation. La peur d’être localisé définitivement dans l’ici et de rater l’ailleurs. La peur de rater par peur de ce qu’impose le désir d’ailleurs. La peur de devenir trop localisée, de se sentir mal localisée, de ne pas se sentir à l’aise dans un lieu, de vouloir changer de lieu, pas forcément pour se rendre quelque part, mais pour ne pas rester ici terrassée par la peur ou le désir sans rien faire, d’être tétanisée par la peur et le désir et de ne rien savoir qu’en faire. De ne pas savoir que faire de la peur ni du désir. S’énerver, se mettre en colère, s’en prendre à soi-même, se mettre en colère de ne pas pouvoir faire un seul pas en dehors du cercle de cette peur, de ce désir. Pousser la colère et les regrets. Et soudain se lancer, peu importe la maladresse, peu importe les tergiversations, peu importe les avis, peu importe l’opinions des autres, pas même la sienne, lui qui est assez fort, il comprendra, et s’il ne comprend pas tant pis. Ca peut prendre un peu de temps le temps qu’il comprenne. Tant pis ou tant mieux. Il faut voir confiance, il faut se faire confiance. il ne faut pas rester dans le doute, dans l’hésitation, dans la peur, il faut agir maintenant, il faut partir, il faut aller très loin. se délocaliser, devenir indétectable, parce que le lieu et la peur sont devenus trop intimes, parce que le désir et les lieux sont trop liés. Il faut trancher. Il faut lever le pied, lever le camp, faire un pas, sortir de chez soi, plonger dans l’ailleurs, vaincre la peur, vaincre le désir, choisir, être libre

P. 1989

Ce que c’est que la méfiance. De devoir la dépasser pour faire confiance. Quand chaque trahison est un morceau d’âme qu’on voit partir, qu’on croit perdre, mais qui ne sont qu’étapes vers la confiance en soi. À venir. Çe que c’est que la méfiance. Un petit bout de glace dans l’œil qui trouble la pureté de l’air. Une poussière dans l’œil qui fait qu’on louche, qu’on devient myope, qu’on se recroqueville sur soi-même. Il faudrait croire en une possibilité d’accueil quand on a été banni, d’autant plus qu’on aura été banni. Il faudrait parvenir à s’élever, à prendre de l’altitude, à sourire de la trahison même. Sourire du manque de confiance des autres en eux-mêmes, pas méchamment, mais comme on observe un moineau voler du pain aux pigeons. En rire. Rire de ses propres méfiances, rire des trahisons à venir, cueillir tout cela comme on accueille le soleil ou la pluie. Récupérer ainsi la force, l’énergie perdu dans les chagrins dans la tristesse, la rancune, parvenir à s’élever au-dessus de tout cela, des pensées surtout, revenir aux impressions, à la sympathie première. au primordial, comme à la solitude essentielle, au lieu exact de toutes les retrouvailles.

M. 2023.

Ce que c’est qu’une présence que créel’absence. Les ombres coupantes dans une ruelle de Casa, d’un bidonville. Le soleil sur une peau blanche ponctuée de taches de rousseur, des lèvres pâles, un triste sourire, contre mauvaise fortune bon cœur. Les présences aussi créent l’absence, les illusions, la rage, l’envie d’apprendre. Ce que sont présences et absences sous un même ciel, dans cet air qu’on respire cette eau qu’on boit , la nuit qui revient chaque soir, les souvenirs et l’oubli. La gentillesse s’envole soudain comme une palombe, à l’angle d’une rue ; La métaphore ultime recours du dépourvu. La gentillesse ne disparaît que si l’on ne regarde plus le ciel. La gentillesse comme la naïveté que l’on croit perdre et qui revient comme une chatte se frotter contre la joue. Le je n’est plus qu’un jeu, la gravité s’est métamorphosée en légèreté, en odeurs de thym entêtantes, les champs sont bleus lavandes. Sur un coin de table ces oignons épluchés et coupés luisent dangereusement, saliver n’est plus de mise cependant. La frugalité est venue comme une bogue qui choit sur un chemin terreux, le brillant du marron rit, et nous aussi aller.

Quelques tentatives, un début. Ce n’est pas encore tout à fait ça, mais comme on dit, un pas après l’autre.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre