vivons nous dans une simulation ?
Le theme de la simulation est exploré par l’artiste Jeremy Geddes dans ses œuvres photographiques
De quelle époque date l’idée que nous puissions vivre dans une simulation ? On pourrait penser que cette idée est récente, aux alentours des années 2000, avec les hypothèses développées par le philosophe Nick Bostrom. Mais cette vision est peut-être une sorte de recyclage opportuniste, lié à la technologie informatique, au progrès des machines, aux prémisses de l’intelligence artificielle.
L’idée que la réalité soit une illusion remonte à l’origine de l’humanité. Chez les hindous il existe en sanskrit le terme de Maya pour nommer la réalité matérielle illusoire qui nous entoure. René Descartes au 17eme siècle et Georges Berkeley au 18 ème ont également explorer cette hypothèse en leur temps, non pas qu’il s’agisse directement du terme de simulation mais plutôt un questionnement sur la nature de la réalité, et les limites de notre perception de celle-ci en imaginant une méthode d’investigation, le doute méthodique. Pour George Berkeley (1685-1753) la réalité est subjective, elle n’existe que dans notre esprit, on n’est pas loin de l’idée de simulation, c’est l’idéalisme subjectif.
La notion de simulation informatique, dans laquelle nous baignons aujourd’hui, notamment grâce aux bonds prodigieux du développement des jeux vidéo, nous fait imaginer celle-ci sous un angle technologique. Mais cette idée d’illusion date de la naissance de l’humanité, elle n’a jamais cessé de l’accompagner.
Quand nos ancêtres s’enfoncent au plus profond des grottes obscures pour aller dessiner des animaux, c’est pour perpétuer l’idée d’une création incessante qui provient des entrailles de la terre. Dans le mythe cosmogonique Hopi mais aussi dans de nombreuses ethnies sur la planète l’idée que l’être humain, ainsi que tous les animaux sont issus des entrailles de la terre est sans doute le mythe cosmogonique encore dominant dans toute l’histoire de l’homme. De même qu’à cette époque la Terre est souvent mâle et le ciel femelle, c’est-à-dire l’inverse de ce que nous avons coutume d’imaginer désormais.
L’idée de dessiner, de créer, à seule fin d’entretenir une continuité du mouvement créatif global me plait bien, sonne juste, comme unique but, ou raison quand je regarde les parois de la grotte Chauvet ou le geste inscrit dans l’espace de la toile chez Fabienne Verdier, voire n’importe quel peintre, même débutant. Je veux dire que le talent n’entre pas en ligne de compte dans cette affaire, ça regarde le gout d’une époque, l’air du temps, les sommes d’argents que l’on échange pour acquérir beauté, puissance, renommée, pouvoir, n’entrent pas en ligne de compte. Seul le mouvement créatif depuis la première main sur laquelle on souffle de la poussière d’ocre ou de charbon, cette main posée sur une paroi jusqu’à la meilleure réalisation en 3 D de nos jours me subjugue. C’est cet ensemble, pas une individualité.
Et si, désormais, on imagine qu’une civilisation extraterrestre puisse avoir crée cette simulation dans laquelle nous sommes, elle participe tout autant à cet ensemble, elle l’agrandit d’autant. Quel vertige d’imaginer s’étendre aux confins de l’univers, ce foisonnement de fantasmes, d’idées, de rêves ou de cauchemars aliens se mélangeant à notre humanité ... D’un seul coup me vient cette vision que toute créativité se sert de ses créatures pour s’auto entretenir à travers mille média mille supports nous humains, ou extraterrestres potentiels compris.
Ce qui est merveilleux c’est de pouvoir admirer cette créativité qui ne s’arrête jamais, qui crée des univers parallèles, des réseaux des couloirs, des tissus, des étoffes bariolés tout en tricotant et détricotant sans relâche son support, repoussant même selon mon intuition ses limites. Mais pas vraiment d’admiration sur toute notion utilitariste. Peu ébloui en somme par le fait que nous humains ou extraterrestres puissions l’employer à quelque fin que ce soit. L’illusion à mon avis est dans le malentendu, la déformation de nos pensées par toute idée de profit, d’intérêt . On ne cesse de penser que quelqu’un ou quelque chose puisse tirer profit de la créativité alors que nous sommes tous à son service, que ses buts dépassent notre compréhension. Et si c’était simplement une enfant, si la créativité n’était qu’un jeu d’enfant sans autre but que celui de s’amuser. Encore faudrait-il faire cet effort d’aller explorer ce qu’est pour nous un amusement, et son contraire le sérieux que nous nous targuons de placer en avant de tout vrai travail ...
Maintenant admettons que nous vivions vraiment dans une simulation crée par des entités extraterrestres, des divinités ou je ne sais quoi, admettons-le. Quel serait le but de cette simulation ? Sommes-nous des Sims s’ agitant dans la game-boy d’un adolescent alien boutonneux ? Faisons-nous partie d’un spectacle télévisuel diffusé dans une galaxie voisine, chaque soir après le JT de 20h heure locale ? Sommes-nous des rats étudiés dans un laboratoire céleste ? Sommes-nous une expérience ? Une réserve indigène à l’instar de celles protégées d’ aborigènes en Australie, ou en Amazonie, Sommes-nous une arche de Noé qui prend l’eau ?
Quelque soit ce que nous sommes dans cette simulation nous servons à quelque chose, nous sommes utiles à quelque chose, même si c’est seulement ludique, peu noble, de la variété pour le populo , que ce soit divertissant ou utilitaire, seule notre fierté, notre vanité sera susceptible d’en être vexée, ce qui n’est pas si grave.
L’ennui serait que nous ayons été conçus par des intelligences supérieures disparues à jamais depuis des milliers de kalpas, que le sens, les raisons de notre création, de notre existence soient pour toujours oubliés perdus , que nous existions à vide dans le vide intersidéral. Jusqu’au moment où la créativité voudra bien nous amener à nous inventer un sens qui tienne la route.
Mais n’est-ce pas là le pire cauchemar de l’individu dit moderne voire aussi de n’importe quel alien singleton qui , comme bon nombre d’entre nous vit dans l’illusion de s’imaginer seul au monde ?
La simulation, l’illusion, est certainement bien plus logée dans ce fantasme de solitude que nulle part ailleurs.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}