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La mort du petit cheval.
https://youtu.be/rOCaizRD_dA Le petit chat est mort, non zut le petit cheval, mieux, l'âne. Quelque chose est mort. Ce blog s'achève ainsi en queue de poisson. Comme son personnage principal le très fameux, Patrick Blanchon. Ne riez pas, ne pleurez pas, gardez vos humeurs, votre humidité pour des temps de sècheresse à venir. Arthur Rimbaud aussi a arrêté la poésie pour devenir trafiquant d'armes. Tout doit avoir une fin. Bonne ou mauvaise peu importe. Comme je n'ai cessé de le dire tout dans ce blog ou à peu près ne fut jamais autre chose que de la fiction, le produit de l'imagination. De l'article en apparence le plus sérieux, au plus délirant. Prenez donc du recul , conseil de peintre ne confondez pas le doigt avec la lune. Et tous les compliments, les critiques, les conseils, l'auteur, silencieux, vous en remercie et rend à César ce qui appartient à tout le monde comme il se doit. J'ai pensé à écrire une petite épitaphe mais cela serait encore bien exagéré, et inutile. Les histoires sont ainsi faites qu'elles ne sont que des coups de vent, on n'en voit que les effets mais la cause reste invisible. Y a t'il d'ailleurs une cause à quoique ce soit ? On le voudrait et en même temps on le craint. L'ignorance est confortable, sécurisante, c'est de là qu'elle tire son énergie et sa durée. L'auteur lui ne meurt pas. Il continue sa route bon an mal an vers d'autres aventures. Un auteur doit avoir un instinct de survie hors du commun je crois. Il doit être comme un renard, toujours prêt à y laisser une patte lorsque le piège s'est refermé. Il doit se ronger l'os tout seul et repartir sur trois pattes en espérant avoir des liens de filiation avec les lézards. Les choses sont têtues, que ce soient les histoires que l'on se ressasse ou la queue des lézard, on n'en finit pas avec elle comme ça. Tout se transforme, se métamorphose sans relâche. Il faut juste étudier les rythmes consciencieusement pour se rendre compte. Tout ce que Patrick Blanchon pourrait dire c'est qu'il s'est bien amusé en jouant l'écrivain, le peintre, l'artiste, tout ce qui se passe ensuite à partir de là lui échappe comme il se doit car on n'écrit pas pour soi évidemment. Ou alors une certaine qualité de soi qui est synonyme de l'autre. Ce dont Patrick Blanchon se défendra évidemment en souriant comme un benêt. Pour vous qui avez suivi ce blog un grand merci ! Il n'y aura pas de cérémonie, pas de messe, rien de tout cela. Juste cette masse de textes que vous pourrez revisiter si le cœur vous en dit jusqu'à ce que tout ça disparaisse dans les tréfonds du net qui riment avec oubliettes.|couper{180}
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Arrête ton cirque !
En ce moment c'est cette phrase qui tourne en boucle, un impératif désagréable à entendre mais qu'il faut bien écouter à un moment ou à un autre. — Arrête ton cirque ! Arrête de réfléchir ! Arrête la masturbation ! Arrête la cigarette ! Arrête tout ça et peins ! Tu nous fais chier, voilà c'est dit. J'en pleurerais. Ou Je défoncerais un truc, n'importe lequel, tiens ce tableau par exemple sur lequel j'ai passé quelques heures aujourd'hui et qui ne donne rien. Puching-ball dérisoire. —Tu sais qu'il y a des gens qui n'ont pas le quart de tes possibilités et qui eux en font quelque chose ? Tu veux quoi à la fin ? Et ne commence surtout pas avec ton "je ne veux rien". Tu nous emmerdes avec ça. Une fois Jimmy m'avait dit un truc dans le même genre. ça remonte à loin, 30 ans pas moins. — On dirait que tu es assis au milieu d'une pièce et que tu attends que les gens passent et t'en collent une, tu dois être une saleté de maso. J'avais rigolé à l'époque. Un rire jaune. Car il n'avait pas tort. J'ai toujours voulu qu'on me défonce la gueule, je ne connais rien d'autre que ça comme relation avec les autres au bout du compte. Bien sur je pourrais encore me repasser le disque, la ritournelle d'une enfance malheureuse, celle d'un gosse battu comme plâtre. Mais ça n'apporterait rien de plus je le sais désormais. Personne ne peut comprendre ce genre de chose. On est juste horrifié d'y penser, mais ça n'excuse pas tout non plus. La sélection naturelle revient toujours à un moment donné sur le tapis. Les forts, les faibles. Si tu ne te relèves pas, tant pis pour ta gueule c'est que tu n'es pas si fort qu'on l'avait espéré voilà tout. Et puis on passe à la suite. Au temps qu'il fait, à celui qu'il fera demain. On enchaine, on ne perd pas de temps. Enfin résultat des courses que reste t'il comme choix vraiment une fois ces choses posées ? Fermer ma gueule, serrer les dents. Essayer d'avoir l'air à peu près normal — Bonjour, bonsoir, il fait beau, la baguette est tout chaude, bien sur, je vais sortir la poubelle, puis je balaierai l'atelier. Je ferai tout bien propre pour recevoir les élèves. Je ferai même bruler de l'encens que j'ai dégotté chez Action pour que ça sente bon. Je rangerai tout mon bordel, je le remballerai. Je ferai de cet espace un lieu vide et net, genre clinique aseptisée. Et désormais je dirais aussi prenez donc un modèle, tracez des petits carreaux, copiez, copiez jusqu'à vous en faire péter la rétine, et pendant ce temps je vous passerai de la musique qui adoucit les morts. — On aimait mieux avant quand tu nous parlais philosophie, désormais on t'a perdu. Tu n'es plus vraiment là, t'es là mais en même temps absent. Je ne pipe pas mot, j'encaisse. Filer juste un doigt ils vous bouffent le bras. Tout ça pour des sommes dérisoires, une mauvaise réflexion de départ, une inaptitude chronique avec le pognon et l'obsession de vouloir être aimé, apprécié, de renforcer cette putain de "belle image" pour que personne ne voit la ruine, le délabrement, le désert. J'ai tout bien planqué, même à moi-même. Surtout à moi-même. Et là quand j'essaie juste de dire la moindre chose quelque chose m'appuie de nouveau sur la tête. Rien n'a changé. Rebelotte. Des gros cons qui savent tout commentent : — tu devrais plutôt faire ceci, cela. Oh non tu te trompes, tu ne vois pas les choses de la meilleure façon. Et si je me rebiffe ? Silence, baffes virtuelles, dédain, insultes et quolibets. Tout ce que j'aime en fait, tout ce que j'attends pour être sur encore une fois d'être dans le même cauchemar. Le cauchemar familier. Je fais tout ça rien que pour ça. Pour être assis là au milieu de cette pièce et que chacun passe et me balance son mal être, sa violence, son amour insupportable. — Et surtout reste assis là, ne bouge surtout pas. Arrête ton cirque ! J'ai beau jouer des coudes dans l'utérus peine perdue. Toute naissance serait une mort assurée. On ne me loupera pas à la sortie. C'est cela et pas autre chose. J'ai essayé tellement de choses, j'en essaie chaque jour des milliers. De l'explosion à la fragmentation en passant par la diversion, l'éparpillement. Est ce que c'est un jeu ? Un putain de jeu ? Est-ce qu'on a la possibilité à un moment de dire pouce ? Je le prends le moment, je fais un doigt d'honneur pour être parfaitement compris. Une fois de temps en temps, comme je peux, en passant. Personne ne voit, ne comprends. "il plaisante". — continue à te lamenter sur ton sort ça va surement faire avancer les choses Faire avancer les choses ? Mais quelles choses bordel ? De quoi est-ce qu'on parle vraiment ici ? Ils espèrent quoi ? Des fois je me dis qu'ils espèrent que je crève. Rien que pour exorciser leur propre trouille de crever. — Arrête ton cirque , sois donc le gentil que tu es au fond, on le sait, on le voit. Refais nous encore une fois le clown qui sourit, pas le méchant clown qui nous fout la pétoche. ça... je ne peux plus vraiment le décider je me dis, je n'y crois plus vraiment, il faudrait que je fasse des efforts surhumains encore pour y accéder. Et je n'ai absolument plus rien du tout de surhumain. vous m'avez usé jusqu'à la corde. La corde pour me pendre, vous me l'avez mise sous le nez. Comme une devinette préparée de longue date, il fallait que je trouve tout seul, pas simple déduction, en profitant de mon esprit si compliqué pour vous en payer une bonne tranche. Possible que je me tue un de ces quatre, possible que je vous tue tous aussi avant cela comme dans les journaux télévisés. Que je devienne incompréhensible pour toute forme de société humaine. J'attendrais que vous soyez là avec vos gueules enfarinées prêts à éclater de rire en prévoyant déjà ma dernière connerie ou clownerie Je vous laisserai même le dire encore une dernière fois — Arrête ton cirque ! Et tatatatatata bang bang ! je tirerai dans le tas.|couper{180}
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Délicatesse
Avec le ciel et les nuages nous avons abordé la légèreté. Désormais nous allons nous diriger vers la délicatesse. Le problème… pour un éléphant dans un magasin de porcelaines…c’est de ne pas tout flanquer par terre, alors on prend son temps, on y va cool, ce n’est pas pour un musée, juste une étude ! Huile sur toile 46x55cmAutre étude 46x55cm|couper{180}
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Avant, après
Avant je ne voyais pas l’espace désormais il est partout. Je n’ai rien brisé, rien rangé, rien caché J’ai juste gratter un peu les murs Ma main est passée au travers Ma curiosité ensuite Qui s’est ouverte en fleur sans but ni raison Puis ont cédé tout doucement L’avant , l’après Devant l’espace immense du moment présent Aquarelle 2019|couper{180}
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Une peinture minimaliste
Je ne comprends rien aux grandes théories, elles me paralysent généralement. Rien de tel que d’expérimenter ! En ce moment nous étudions dans tous mes ateliers la délicatesse et comme prétexte pour y parvenir nous avons porté notre dévolu sur la fleur. — aura t’on le droit de prendre un modèle ? me demande t’on —Oui si vous ne pouvez pas vous en passer … Mais bon, je préfère l’imagination comme toujours. Et dans mon petit coin je me dis voyons voir…essayons de suggérer En alliant cette première réflexion à cette interrogation sur le minimalisme je fais des essais… en voici un format 20x20cm à l’huile Ce qui m’intéresse est de ne pas y passer des heures. Je me suis donc dit top chrono 1h et puis c’est tout on verra bien. Huile sur bois format 20x20cm|couper{180}
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Une petite huile sur bois
On ne sait jamais comment s’achèvent les périodes de sécheresse , ce qu’on est parvenu à détruire, à vider…et ce qui va surgir à nouveau. Voici une petite huile sur bois de format 20x20cm sans prétention Peut-être le début de quelque chose…mais j’ai aussi appris à ne pas tirer de plan sur la comète. Huile sur bois 20x20cm 2022|couper{180}
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La merveilleuse invention du bouton pause.
J'en étais au troisième Jack Daniel et ça ne passait toujours pas. Le genre de colère que l'on rumine durant des jours et des jours sans relâche. A croire qu'on éprouve une trouille terrible de rester sans. — Pas beaucoup de monde ce soir me dit Eva qui était là depuis le début de la soirée. T'as pas l'air dans ton assiette ajoute t'elle. — Oh rien de grave que cet excellent 12 ans d'âge ne puisse amortir, juste une énième dispute avec la femme de ma vie, je dis. — tu devrais essayer le bouton "pause" me lance Eve en clignant d'un œil. Je l'aime bien Eve, c'est une ancienne journaliste spécialisée dans l'art content pour rien. On se croise régulièrement au Montana. Elle y vient seule et repart parfois avec un petit jeune ou l'un des nombreux jazzmen qui viennent s'exhiber là. Elle ne dit pas trop de connerie à la minute, et cerise sur la gâteau, elle apprécie le whisky elle aussi, ce qui d'ailleurs nous a permis de nous adresser la parole pour la première fois, une première fois qui remonte à loin... je me demande si j'étais déjà au trente-sixième dessous avec la femme de ma vie à cette époque là... On s'est regardés, fameuse idée, merveilleuse idée le bouton pause. C'est vrai que c'est un truc auquel je n'avais jamais pensé. — Normal tu as la caboche toujours encombrée... se moque Eve. Elle me regarde, je la regarde — Non on est amis on ne va pas gâcher ça je dis. — Bien sur qu'on est amis elle dit. Et je vois son regard mélancolique dériver vers son verre puis revenir vers le mien, vide. On remet ça aller c'est ma tournée elle dit. Je ne me souviens plus vraiment de la suite, à vrai dire certaines absences dues au taux d'alcoolémie dans le sang m'ont toujours intriguées. Comme par exemple le simple fait de me retrouver après une nuit de beuveries dans mon lit au matin. Comme s'il existait une sorte de pilote automatique, une conscience en dessous de la conscience usuelle des choses des évènements et des êtres. Le clitoris d'Eve était phénoménal. A un moment je l'ai regardée dans le blanc des yeux parce que je pensais m'être fait alpagué par un travelo. Mais non c'était une vraie femme me suis-je convaincu de penser. — On est amis elle dit encore, je peux l'entendre 5 sur 5 tandis que je tripotais son engin comme on appuie sur le bouton pause d'un magnéto. Avance rapide, pause, recul sidéral. Après je ne sais plus trop, j'ai oublié, ça doit certainement être imprimé quelque part encore mais j'en ai perdu l'accès. Et puis aussi j'étais déjà bien installé dans mon cinéma habituel il faut dire. Le genre de spectacle que l'on doit subir plus ou moins passivement parce que quelque chose nous attire dans l'obsession et la répétition. Et aussi parce que l'on espère inlassablement une happy end tout en la redoutant. Sur ce genre d'installation le bouton pause est inaccessible, on ne le trouve nulle part autour du grand écran. La seule solution serait de se lever et de déranger tous les gens assis dans le noir en se barrant. Tout à fait le genre de précaution à la con à laquelle aussi on s'accroche pour tenter de conserver un peu de dignité, ou une identité qu'on ne veut jamais lâcher. https://youtu.be/zqNTltOGh5c|couper{180}
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Ce que vous devriez savoir pour être moins con.
— Bienvenue à tous dans cette nouvelle formation, namasté, hello, salut, good morning, bon dia et caetera. Le temps que Catherine achève de préparer le café, le thé, je vais juste vérifier avec vous que vous avez bien tous réglé. Par exemple Simone, je vois que tu n'as pas envoyé de chèque avec ton formulaire d'inscription, et que toi Louis tu as oublié de signer le tien. Il se lève, c'est un grand type d'une cinquantaine d'années aux tempes argentées doté d'une barbe de trois jours. — Pas de soucis pour ceux qui ont choisi de payer en plusieurs fois sur internet, le premier versement ne sera effectif que la première semaine du mois prochain comme convenu. Avec cette période bizarre je sais que beaucoup d'entre vous traversent de grandes difficultés notamment sur le plan financier. C'est pourquoi l'association a décidé cette année de faire un effort conséquent, vous l'avez certainement remarqué. -Voilà, Simone merci pour ta gentillesse, tu peux venir t'asseoir avec nous... Le petit déjeuner est prêt et ces petits tracas administratifs étant réglés, passons tout de suite au plan de cette nouvelle formation. Il s'approche d'un paperboard et il tourne la première page pour laisser apparaitre le fameux plan. Tout d'abord parlons des horaires, nous commençons à 9h et prendrons une pause de 12h à 13h puis nous enchainerons l'après-midi jusqu'à 17h. Je n'ai pas besoin de vous rappeler que la ponctualité est nécessaire évidemment, nous ne sommes plus à l'école, nous sommes tous responsables de nos actes n'est-ce pas. —Qu'est-ce que la timidité ? vous le savez tous bien sur puisque vous êtes là. Il sourit en découvrant une dentition impeccable. Petite vague d'ébaubissement doublée de connivence dans la salle. Certaines semblent se détendre tandis que d'autres n'hésitent pas à se tripoter le menton, à se fourrer un doigt dans une oreille ou une narine. — qu'est ce que la timidité martèle le gonze en attendant visiblement que quelqu'un lève le doigt pour lui répondre. — C'est mon problème principal dans la vie dit une jeune femme au fond de la salle. — non, attend... Brigitte c'est ça ?, ce n'est pas la bonne façon d'intervenir. Je te le dis à toi mais c'est valable pour tous. Si vous voulez intervenir, vous effectuez un petit signe de la main et vous vous levez ensuite quand c'est à vous de parler, vous ne restez pas assis sur votre chaise. La jeune femme est cramoisie et se confond en excuses. Oui bien sur Philippe excusez, excuse moi... elle se rassoit et lève la main. Sur quoi le Philippe en question enchaine sans plus la regarder. La timidité est donc un problème c'est ainsi que vous désirez la vivre n'est-ce pas ? comme un problème et il a une sorte de petit sourire entendu. Mais le saviez-vous ... votre timidité n'est rien d'autre que votre orgueil, cet orgueil que vous n'osez pas assumer vis à vis des autres.... Je crois que c'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à décrocher. Dès le premier jour, dès la première heure. Encore une fois de plus je me suis retrouvé comme un con avec de nombreux regrets sur ma façon d'effectuer des choix. C'est vrai que la timidité était une sacré gène dans ma vie de tous les jours, mais de là à m'avilir à un tel point, à payer tous ces charlatans pour imaginer trouver une solution, un remède... le ridicule venait tout juste de me sauter aux yeux. Dans le fond j'aurais du choisir l'autre stage, celui intitulé " ce que vous devriez savoir pour être moins con". Du coup je m'apercevais clairement du cynisme dans lequel toutes ces formations avaient été conçues. Et évidemment en bon timide que j'étais, la colère commença à me monter au nez. Je levais donc le doigt et lorsque le regard de Philippe se posa enfin sur moi, je me levais comme un diable surgit d'une boite, j'étais écumant de rage et je balbutiais —La timidité c'est ne pas oser dire à un connard qui vient de nous baiser qu'il est un connard doublé d'un enfoiré. Mais merci Philippe, parce que grâce à toi, grâce aussi à ces 800 euros que j'ai désormais autour du cou jusqu'à Noël prochain, je crois que je touche du doigt la réalité comme jamais. Sur quoi je pris mon blouson, l'enfilais puis me dirigeais jusqu'à la table où était posés les tasses et le pot de café, je m'en servi un que j'avalais tranquillement en tournant le dos à l'assemblée. Enfin j'effectuais une volte-face pour toiser à nouveau tout ce beau monde. On aurait dit une photographie en noir et blanc extraite directement d'un film de Charlie Chaplin. Ils étaient tous en arrêt les yeux exorbités, même le Philippe en question était figé, le bras levé dans l'axe de son paperboard. Il était blanc comme un linge et je remarquais que ses lèvres avaient pris la couleur du vieux rose. Puis sans plus attendre je me dirigeais vers la sortie. Dehors les nuages avaient disparu laissant la place à un immense et profond ciel bleu. Peut-être que finalement j'étais parvenu à faire avec une seule pierre deux coups. C'est sans doute ce jour là que j'ai perdu ma timidité et que je suis devenu un tout petit peu moins con. https://youtu.be/eZhSvSvMBgU|couper{180}
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Femme qui rit, la vache…
Dans la collection phénoménale des phrases toutes faites à la con, une m’a toujours intriguée « Femme qui rit, à moitié dans le lit » Bon…c’est pas faute d’avoir essayé je l’avoue, j’avoue à peu près tout en ce moment d’ailleurs, pour tenter d’être accepter dans le royaume céleste. Je sais pas si j’aurais assez de temps pour tout déballer avant de grimper dans le wagon mais bon « c’est l’intention qui compte » comme on dit ( autre phrase qui mérite un pompon) C’est faux. Je veux dire que j’en ai toujours fait rire énormément, des femmes de tous âges, toutes conditions, des moches, des belles, et des inqualifiables. Aucune ne m’a jamais ouvert son plumard pour autant ce qui fait que tel que vous me voyez je suis toujours puceau ou presque (ça empêche de mentir) Bon il est vrai que j’ai toujours un peu tendance à exagérer les choses, voire les caricaturer carrément. Et que je ne lis ou n’écoute la plupart du temps que ce qui m’arrange. L’autre moitié du processus ? Aucune idée de ce dont il est question. Faut-il être beau ? Faut-il être riche ? Faut-il en avoir une énorme ou au contraire ? Être gentil ? Féroce ? indifférent ? Attentionné ? Un peu tout cela en même temps ? Comme je suis que ce que je suis et qu’être autre chose me paraît totalement éreintant je préfère donner ma langue aux chattes. Voilà ce que sont les phrases toutes faites, on les suit comme parole d’évangile et on finit au bout du compte par perdre la foi, mais pas son berlingot. Comme quoi on peut finir sa vie con et vierge (ou presque) à la fois. Ici je mettrais bien une chanson de Brel « beau et con à la fois » une fois, mais je sais aussi qu’il ne faut pas abuser de la bonne volonté des lectrices et lecteurs.|couper{180}
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Comment vite torcher un article, sans que ce ne soit de la merde.
J'ai seulement quelques minutes pour écrire un article qui tient la route. Mettons 20 minutes, car ensuite j'aurais juste le temps de sauter sous la douche, d'enfiler mes guenilles et de me rendre au diable Vauvert pour donner mes cours. Comment faire ? J'imagine que vous avez tous eu ce genre de questionnement... au moins une fois dans votre vie de bloggeur, ou d'écolier, lorsqu'il fallait coute que coute rendre votre rédac à la maitresse sous peine d'obtenir une jolie bulle rouge. Wordpress n'est pas ma maitresse mais il sait y faire. Chaque jour si je publie un article il me refile un bon point. Il me dit "Bravo vous avez publié régulièrement pendant 100 jours" Que se passerait-il si j'omettais, je n'ose même pas y penser. Ma vie toute entière probablement s'en irait à vau l'eau... Peut-être que plus personne ne me lirait, je finirais comme tellement d'autres bloggeurs au fin fond d'un cul de basse fosse numérique ? Rien que d'y penser ça me fait des gargouillis dans le ventre, symptômes bien connus des habitués de la trouille, des diarrhéiques et autres petits foireux grands suceurs, avaleurs et amateurs d'Imodium. Donc non, il faut prendre le taureau par les cornes comme ma grand tante Albertine me le chuchote du fond de son sépulcre espagnol. Je ne me souviens plus d'ailleurs si elle est enfouie à Madrid ou à Lisbonne tout à coup. Non , mince, mais si en plus je perds la mémoire des mausolées, rien ne va plus. Et puis j'ai toujours été nul en géographie comme ça ne vous a certainement pas échappé. Réagis ! bon Dieu me dit Albertine J'ai toujours adoré qu'on me hèle en m'adorant comme Dieu bon. Sans doute que de nombreux problèmes dans ma vie viennent de là. A force de me dire Bon Dieu j'ai fini par le croire. Je n'en abuse pas. Mais là faut bien que je fasse appel à ma toute puissance pour écrire ces quelques lignes. Et en plus sans que cela ne se voit trop, pas du tout envie que l'on me ramène encore une fois au Golgotha pour devenir le clou du spectacle non mais oh ! Donc mon conseil principal pour torcher un article le plus vite possible, c'est de ne surtout pas réfléchir, d'écrire tout ce qui vous passe par la tête. Ensuite s'il vous reste un peu de temps après avoir torché ça vous pouvez tenter de corriger les fautes d'orthographe, les tournures un peu lourdes, les fautes de logique, de bon sens. De quoi parle cet article ? voilà la question cruciale que vous devez vous poser. Et aussi et surtout est ce que ça intéresse vraiment les gens ? est ce que ça répond à un besoin ? à une douleur ? à un épine dans le pied , un bout de mangeaille entre deux dents ? Voilà, comment et pourquoi. et éventuellement faites donc croire que vous seul avez LA solution.... Ah et puis j'oubliais, il faut de l'entrainement de la pratique, il faut avoir la courante à peu près tous les jours sans quoi rien. Donc conseil encore ( gratuit) : A potron-minet avalez des Fuca et le soir de l'imodium. De temps en temps inversez ça peut aussi être marrant. Reste à savoir si s'en est ou pas, de la merde. Reniflez l'air du temps et faites vous votre propre idée, et surtout ne croyez pas que je vais vous mâcher tout le boulot.|couper{180}
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Tangente du crabe
https://youtu.be/1FwEXTdTt4I La remise en question est essentielle chez les artistes. Il ne faut pas en abuser pour autant, mais honte à ceux qui ne cillent jamais, qui ne sont pas empoignés par le doute, qui ne se remettent jamais en question. Je pense à un crabe. Je pense à ce crustacé qui pratique la tangente comme vecteur de déplacement. Et j'admire. J'admire d'autant que je suis en ce moment en train de réviser mes classiques, la divine proportion et la section dorée. Une telle austérité s'est abattue cet hiver qu'il faut bien trouver sa pitance quelque part coute que coute, et s'il le faut, s'en inventer de nouvelles à partir du souvenir. Toujours le souvenir ne cesse d'osciller dans chacun de nos instants avant de prendre lui aussi la tangente, de s'élancer vers l'inconnu, le sans nom, la soi-disant nouveauté. Faire du neuf avec de l'ancien est une constante. Comment faire autrement ? Certains se font capturer par la tendance qui n'est que fragilité, déjeuner de soleil. Tenir compte de la tendance certes, mais ne pas l'adorer comme un benêt. Il est possible que le nombre d'or ne soit qu'une simple vue de l'esprit qui perdure, dont on se gargarise cycle après cycle quand tout se barre en couille. Je veux dire comme ce fantasme d'ordre qui revient lui aussi lorsqu'on ne comprend plus du tout les vertus du fouillis. Lorsqu'on s'égare si loin parfois que l'urgence des balises et des repères nous ramènent par de mystérieux souffles à la rêverie du concret. Par chance je suis mauvais en géométrie. Du moins j'ai toujours préservé l'effort d'y plonger tête en avant. Ma géométrie est personnelle, intime. Je pourrais faire l'éloge du crabe, en peindre quelques un, réinventer la symbolique, rejoindre les visionnaires défunts, les Klee, les Kandinsky qui parlent de la rigidité des verticales et des horizontales comme autant de lignes ennemies. Je pourrais faire mille choses qui soudain surgissent dans mon esprit. Mais je ne le fais pas. J'applique toujours en priorité sur moi-même les lois que je décèle. Je ne le fais pas, je me mets dans la peau, la carapace du crabe, je prends la tangente et je cavale ventre à terre, dans une ivresse mêlée d'effroi et de désir. Je répudie la tendance en usant jusqu'à la corde l'ivresse des tangentes, je me tiens à la pyramide, pas celle des Egyptiens non, celle des éternels besoins.|couper{180}
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Le fantasme du tout en un.
Rien de nouveau sous le soleil me dit Berthe puis elle se penche et attrape sur un rayon du bas un gros bouquin à la couverture dépenaillée. — tu vois, ça c'est le "Tout en Un" de ma mère qui le tenait de sa mère et qui elle même probablement l'a reçu en héritage de sa grand-mère , elle dit en me tendant l'ouvrage. — Un bon poids la vache ! me dis-je. Puis je me mis à feuilleter délicatement le bouquin dont la date de publication était encore à peu près lisible:1910. Il y avait là-dedans une somme invraisemblable d'informations portant sur tous les sujets susceptibles d'intéresser le quidam moyen du début du 20ème siècle. Cela allait de la recette de la potée au choux aux remèdes de grand-mère, des explications détaillées sur l'usage des ventouses et autres sangsues ,toute une partie traitant de botanique et de jardinage, avec de temps à autre un paragraphe amusant sur les vertus insoupçonnées de l'oseille et du pissenlit, puis, encore plus loin, on découvrait de vieilles cartes d'un monde révolu avec ses colonies ses comptoirs, des frontières totalement farfelues, le tout abondamment illustrées ensuite par des images d'indigènes. Et ce n'était pas tout, on tombait encore sur deux ou trois pages de citations grecques et latines, et encore plus loin des planches en noir et blanc alignant les bouilles des rois de France pour s'élancer ensuite sur la description détaillée du système respiratoire humain. Je crois que c'est là que je me suis dit pouce, ça suffit et que j'ai refermé le bouquin pour allumer une cigarette. — ça se lit sur une table pas au lit me dit Berthe en rigolant et aussi pour m'extirper de la fascination dans laquelle je suis toujours happé visiblement Berthe c'est ma voisine de palier, elle frôle la soixantaine et vit seule avec son chat. C'est la seule qui a répondu à mon bonjour depuis que j'habite ici, dans cet immeuble sans ascenseur, à la Croix-Rousse. De temps à autre nous nous rencontrons dans l'escalier, le dimanche principalement lorsqu'on remonte nos cabas du marché. — Attendez je vais vous donner un coup de main j'ai dit la première fois en la voyant vaciller dans les étages au dessus de moi. — oh ben c'est pas de refus elle a juste dit car elle était essoufflée. Et depuis c'est un rituel. Je me demande si elle ne guette pas mon retour du marché depuis la terrasse d'un bistrot pour se dépêcher de m'emboiter le pas lorsque j'en reviens car désormais on se retrouve en bas comme par miracle presque tous les dimanches. —Les lyonnais, ce sont des cons finis, me dit Berthe assez régulièrement. On voit bien pourquoi c'est la capitale de la Gaule, jamais vu autant de connards au mètre carré elle ajoute. Berthe vient de la région Parisienne, du coté de Pontoise. Une veuve qui a échouée ici, juste dans l'appartement d'à coté. J'avoue que selon mes premières impressions sur les autochtones je lui donne raison . Si à Paris les gens sont des cons de parisiens à Lyon les lyonnais leur dament le pion haut la main. — On se refait le même ? Berthe dit, en me resservant un pernod sans attendre de réponse. Une dose du dimanche propice à enchainer la sieste avant même d'avoir déjeuné. Après on bavasse de tout, de rien, on se tient compagnie comme ça une fois par semaine. Puis à un moment son chat miaule et vient se frotter contre elle, c'est le signal pour moi de me lever et d'aller rejoindre mes pénates. Il faut toujours se référer à un signal pour prendre congé élégamment des gens. Pour rester dans la zone où l'on n'est pas pesant pour l'autre. De retour chez moi je range les courses et je vais m'allonger pour cuver l'apéro. Dans un demi sommeil les images naissent facilement sous les paupières, il faut relâcher toute la tension de celles ci pour obtenir la netteté, j'aperçois le bouquin, le tout en un posé sur la table où je l'ai laissé. D'un seul coup je me rends compte d'une petite douleur de ne pas en avoir un moi aussi. Car évidemment ma grand-mère et ma mère en possédait un, mais avec tous ces déménagements je ne sais absolument plus où je l'ai fichu. Maintenant ça m'obsède bizarrement, je n'arrête plus de penser à ce bouquin. J'imagine que si je le retrouvais ce serait le signe certain d'une rémission, qu'il résoudrait d'un coup tous mes soucis, mes idées noires mes problèmes. Peut-être même que je serais capable de coucher avec Berthe, que dis-je ? de vivre carrément avec elle, et ce juste pour être à proximité du bouquin qu'elle possède, si semblable à celui que j'ai paumé, je ne sais plus où, quelque part dans la vie.|couper{180}