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On devrait s’y habituer.

Une fois par an, à la pleine lune, ma chatte se barre par les toits et je ne la revois plus durant plusieurs jours. Je devrais y être habituer depuis le temps, mais justement non je n'y arrive pas. Quelque chose de l'ordre de la perte, de l'abandon se rejoue invariablement lorsque je descend dans la cour pour fumer, ouvre ensuite la porte de l'atelier et m'aperçois que la portion de croquettes distribuée la veille n'a pas été touchée. C'est une sorte de feu vert donné à la panique, à l'angoisse et je me mets à imaginer tout un tas de scénarios, tous les plus monstrueux les uns que les autres. Le plus souvent elle est enfermée quelque part et ne peut pas en sortir. Je suis allé chez les voisins hier soir pour leur demander si par hasard elle n'était pas retenue dans une de leurs dépendances, dans leur cave, dans leur grenier. Ils ont été sympas ce qui m'a permis de visiter ces différentes pièces, mine de rien et aussi de renforcer par ma déconvenue de ne trouver aucune chatte, mes pires angoisses. Des gamins malfaisants l'ont ligotée quelque part, puis l'auront torturée. Une vieille dame seule lui aura flanqué le grapin dessus et lui donne à manger des boites, l'horreur suprême. Ce qui est intéressant dans la perte c'est souvent les retrouvailles j'ai remarqué. De là à penser que j'ai besoin d'éprouver l'angoisse de ces pertes juste pour bénéficier de la joie des retrouvailles, je me dis que je suis tout à fait tordu comme il faut pour vivre ce genre de chose. Donc je pourrais tenter la méthode Coué, ou la loi de l'attraction... visualiser immédiatement sa silhouette se découpant sur la nuit claire, là haut sur le toit, entendre son miaulement caractéristique lorsque soudain elle me repère, puis sourire en l'imaginant redescendre l'échelle de bois que nous avons appuyée contre le mur pour qu'elle soit parfaitement autonome. Mais non l'angoisse est cette chose connue, rassurante si l'on veut que je préfère choisir en priorité. Ce qui une fois la chose découverte me laisse songeur sur tout un tas d'autres choses, et d'êtres surtout que j'ai perdues volontairement ou pas au cours de ma vie.|couper{180}

On devrait s'y habituer.

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Mes visages

huile sur papier 2022 Je me suis remis à peindre depuis quelques temps après une longue période d'empêchements multiples. Ce genre de période nécessaire dans une vie de peintre, une remise en question, qui porte bien son nom lorsqu'on pense à la torture. Se torturer tout seul dans son coin surtout pour des choses probablement tout à fait inutiles. Jusqu'à ce que l'inutile tout entier vous saute enfin aux yeux. Car somme toute pour en revenir à une définition pragmatique de la peinture, de l'art en général, c'est bien cette quête de l'utile qui me conduit le plus sans que je ne veuille toujours l'entendre. Il faudrait toujours faire attention vraiment à ce que l'on ne veut pas voir ni entendre, ni penser d'ailleurs. Je me suis donc remis à peindre parce que c'était utile que je le fasse, du moins j'y trouve une utilité soudaine après coup. Dans la réalisation de ces visages surtout qui ne sont pas des portraits, qui ne représentent évidemment pas une "réalité" mais questionnent celle-ci au travers du prétexte du visage. Ils ont l'air d'être de vrais visages à première vue. Mais un œil exercé découvrira vite la supercherie qui se situe entre maladresse et habileté. Avoir l'air d'être vrai, c'est tout à fait une peinture qui relate la problématique de notre époque. Je suis un peintre tout à fait contemporain pour cela. Faire du mensonge quelque chose de touchant est un petit plus que je tente d'ajouter, mon épice personnelle qui donnera bon gout à la sauce pour l'avaler. C'est très subversif mine de rien. Le tragique est un lieu commun, parce que notre cervelle préfère se réfugier dans le connu. Ce qui constitue un véritable enfer, le seul probablement. Reproduire le connu dans un visage c'est mettre en scène une partie de cet enfer de cette tragédie, et placer la maladresse non visible immédiatement comme une issue. C'est à dire qu'une fois celle-ci découverte elle devient un indice pour se repérer dans la cartographie générale du mensonge. Toute la difficulté est de ne pas sombrer dans l'ironie, de ne pas y aller soi, et de ne pas y emporter le spectateur, car cela serait inutile, cela n'apporterait rien de plus. Le fil rouge est l'émotion éprouvée vis à vis de cet écart entre habileté et maladresse. Et qui remet en question ces deux piliers à partir desquels les jugements s'élèvent sans relâche. Peut-être que je divague, mais si cela n'est pas utile dans le monde d'aujourd'hui, qu'est-ce qui peut bien l'être ?|couper{180}

Mes visages

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L’amitié

Huile sur toile collection privée — Tu es terrible, tu n'appelles jamais un tel, une telle , on dirait que tu t'en fiches complètement, tu ne sais pas entretenir les relations, me confie mon épouse pour la énième fois, à propos de tel ou tel événement où je devrais convier des personnes, ce que je ne fais pas la plupart du temps. L'autre jour aussi on me laisse un message sur mon répondeur que j'écoute et puis je passe à autre chose. J'oublie de répondre. — Comment !? mais tu n'as pas répondu, et tu attends quoi pour le faire ? Suis-je aussitôt repris dès que j'en parle entre la poire et le fromage, c'est à dire comme la plupart du temps, lorsque les choses me traversent. —Mais c'est pour ça exactement que tu n'as pas d'ami, tu ne sais pas t'en occuper, tu ne fais rien, on dirait que tu attends que ça te tombe tout cuit dans le bec ! m'avait déjà dit quelqu'un il y a très longtemps. J'étais enfant à l'époque et l'essentiel de ma vie se déroulait dans mon imaginaire. Je ne pense pas que les choses aient vraiment changé depuis tout ce temps. J'ai des amis qui appartiennent plus à mon imaginaire qu'au monde réel. Cette prise de conscience est venue tardivement, je dirais aux alentours de la cinquantaine. Ce fut un vrai choc de le découvrir, une sorte de deuil si l'on veut. Mais on se fait à tout, vivre c'est en grande partie cela, traverser toutes ces choses sur cette passerelle étroite qui relie le monde dit réel à celui dit imaginaire. Un étonnant va et viens. Si bien qu'en plein milieu de cette passerelle on se demande bien ce qui est vrai et ne l'est pas. On est devenu le fameux chat de Schrödinger, ou Hamlet, ou Snoopy sur sa niche. Je veux dire qu'il y a de quoi avoir des doutes et forcément un brin d'humour. Mais une chose est sure la plupart du temps, lorsque soudain un ami se retrouve en face de moi, je reprends la conversation exactement là où nous l'avons laissée. Une abolition de la durée, et des vicissitudes du temps, immédiate s'opère et j'ai l'impression de partager une sorte d'éternité. En fait très peu de personnes, de celles qu'on a l'habitude plus qu'autre chose de désigner comme "amies" peuvent comprendre et accepter cet était de fait. C'est faire la nique au temps. Faire fi de toute obsolescence, de toute entropie. Et si ça ne fonctionne pas toujours, je dirais que c'est très rare, ça ne vient pas de moi. A la vérité ça n'a pas fonctionné une seule fois, de toute ma vie. C'est le jour où j'ai retrouvé mon ami d'enfance à la foire de Sancoins, au marché des Grivelles précisément. Il y avait une chance sur un million pour que je tombe sur lui et sans doute est-ce pour cela qu'au début ma joie fut forte. Mais très vite en voyant son visage bouffi par l'alcool, ses mains rouges et gonflées de maçon, en écoutant ses borborismes gênés face au citadin que j'étais devenu, un certain malaise s'est installé. Un malaise partagé immédiatement. La rencontre a duré très peu de temps et c'était déjà très long, je m'en souviens encore. La prise de conscience d'un tas de choses comme le simple fait que nous n'avions plus jamais eut le moindre lien depuis mon départ de l'Allier à l'âge de neuf ans. Et parallèlement le souvenir de ces beaux moments partagés ensemble à jouer dans les arbres, à courir en foret et dans les blés, à vivre cette enfance tout simplement. C'était mon "meilleur ami" voyez-vous comment l'imagination peut nous jouer des tours. C'est surtout ce que je me disais à cet instant précisément dans la cacophonie des beuglements et mugissements de toutes ces bêtes agglutinées là pour parader à la foire. Il m'a regardé et moi ses yeux. Je ne l'ai pas reconnu. Il n'y avait plus cet enfant dans le regard de l'homme, juste un voile derrière lequel j'ai subitement eu peur de ne rencontrer que du vide. La conversation n'a pas pu reprendre comme avant à propos de l'excellent gout des cerises et des petites filles après lesquelles ensemble nous courrions. Au lieu de ça ce silence gêné d'être devenus autres. Une expérience comme celle-ci laisse des marques indélébiles. On se met à douter de tout forcément et surtout de soi-même et de notre façon d'envisager le monde et ses habitants. Suivi une longue période à partir de cette date où je considérais alors que je devais quasiment tout à ma seule imagination. Je me mis à étudier celle-ci avec la plus grande circonspection et ma vie alors se resserra, je devins d'une sècheresse telle que je ne me reconnus plus , moi non plus, en me rasant. j'étais devenu pareil à ce "meilleur ami" délaissé en quelque sorte. Et lorsque je me toisais dans le reflet des vitres des miroirs je n'avais guère d'empathie pour ce que je pouvais y découvrir. J'étais devenu Bucéphale, je détalais devant ma propre ombre, non pas par peur mais par nausée. Ce furent souvent les femmes qui jouèrent le rôle d'Alexandre. Qui me prenant par le colback et en me retournant dans le bon sens vis à vis des soleils et de leurs aveuglements me permirent peu à peu de reconquérir un semblant d'estime de moi-même où alors un dégout tel qu'il menait telle une carte au trésor, vers le grotesque, l'exagération, la caricature. Mais ce n'était encore que le pur jeu de mon imagination évidemment. Je veux dire une interprétation des rôles, celui de la victime comme ceux des héroïnes ou des traitresses. Cette histoire parallèle qui ne cesse de remanier nos propres clichés à l'infini jusqu'à ce que l'on découvre finalement qu'ils ne sont que ces choses tristes et terriblement banales. L'amitié est donc une histoire que l'on se raconte la plupart du temps tout seul. Avec de temps à autre une intersection dans une autre histoire tout aussi solitaire. Le fait alors de reprendre le fil de la conversation est exactement comme reprendre un livre de chevet avant de s'endormir. Il faut un quart de tour pour se souvenir de tous les personnages, les lieux, les événements, chausser ses loupes et repartir dans le fil des pages. Et c'est à peu près tout de tout ce que j'en aurais retenu de vraiment tangible j'en ai bien peur.|couper{180}

L'amitié

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Perdre le fil

Huile sur papier. Sans une bonne organisation, on perd vite le fil. Ensuite une fois le retard pris cela demande des efforts pour le rendre ou le récupérer, peu importe le verbe que l'on posera là-dessus, tout le monde comprend ce dont je veux parler. Je veux aussi parler d'une certaine fidélité à tenir en laisse, ou par les rennes, sans qu'elle n'ait cette manie de vous tirer en avant et qui pose comme une crotte le dilemme de savoir qui, entre le maitre et de la bestiole. C'est qui qui conduit le bal nom de Dieu ? La lassitude chez moi conduit régulièrement le bal. Une lassitude non attribuée, une lassitude abonnée à l'annuaire des absents. Une lassitude issue de l'absence toute entière, la mienne évidemment. Une absence mâchée lentement, puis remâchée encore, et enfin digérée. Avec parfois cette sorte de bonus :Etre las et absent à sa propre lassitude d'absent. On peut parler d'éveil évidemment. Pas trop fort non plus pour ne gêner personne. Perdre le fil, au début on se culpabilise forcément. Puis suit une période blanche où ce n'est pas vraiment que l'on se désintéresse, on n'arrive tout simplement plus à fixer son intérêt suffisamment longtemps pour qu'il germe, qu'il produise des ramifications, des feuilles des bourgeons ou des fruits. Ce genre de conneries que tout le monde sait à un moment ou l'autre considérer pour ce qu'elles sont, c'est à dire de beaux prétextes, un genre usuel de divertissement. Ce qui fait que l'on se doit tout de même un peu d'honnêteté à soi-même sur cette fameuse angoisse de "perdre le fil" je veux dire que c'est tout bonnement une autre figure du désir, inédite cette fois et qui comme à chaque fois que l'inédit pointe son nez, flanque la pétoche et fait pédaler le hamster dans la cambuse. Bon Dieu mais comment cela se fait-il que je sois si con, si ceci ou tellement cela ? Comment se peut-il que je prenne un tel panard à perdre le fil, en gros. Par orgueil comme toujours évidemment. Y a t'il quoique ce soit d'autre dans la vie que l'orgueil, je veux dire comme responsable de tout égarement. Je disais hier c'est beau, on dirait que ça sort de la bouche d'un maitre soufi ... non mais quel con ! Des fois je te jure je ferais mieux de la boucler plutôt que de m'emmêler les pieds dans les nœuds que je noue tout seul. A moins que tout ne soit prévu dans ce plan et de longue date. A moins que l'égarement soit balisé, que perdre le fil ne soit qu'une façon parmi toutes les façons possibles et imaginables de trouver la voie invisible justement et tout bonnement. La seule voie humainement possible. Je veux dire celle qui existe sous mes propres pieds et aucune autre rêvée, imaginée, fantasmée. Ce qui au bout du compte inverserait toutes les opinions et subitement s'il vous plait, ces opinions que l'on ne cesse de chérir sur l'orientation en général et les 4 points cardinaux en particulier. Perdre le fil serait un levier encore plus puissant que celui d'Archimède. Pas pour soulever le monde, bien sur que non, quelle ineptie ... mais simplement pour soulever son cul du canapé, une très bonne chose en soi, et m'est avis tout à coup que ça sonne juste à ce moment où je l'écris : qu'il faut juste oser pour voir.|couper{180}

Perdre le fil

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Exposition à la librairie « La folle Aventure » à la librairie de Trévoux (01)

Aujourd’hui c’est l’accrochage à la librairie de Trévoux, 3 grande rue. Le nom de celle-ci : la folle aventure, illustre bien l’exploit d’ouvrir une librairie de nos jours. J’ai encore eu le temps de retoucher une grande toile, finalement il y aura tout de même quelques visages parmi lés autres toiles abstraites. Le vernissage est samedi prochain à 10h30 avec une lecture de quelques poèmes par Georges. Je serai présent. Affiche de l’expo à partager si vous connaissez du monde dans la région Une grande toile 100x100cm acrylique et fusain|couper{180}

Exposition à la librairie « La folle Aventure » à la librairie de Trévoux (01)

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Exposition Librairie "la folle aventure" Trévoux (01) ( vidéo)

Il y a le visage du souvenir celui que la pensée redessine Le visage absent que brouillent les superpositions les effacements partiels Le visage revenu trop vite glissant comme un éclair le visage indomptable fuyant instable qui joue à cache-cache Il n'a que faire des sentiments le visage estompé entre sourire et mort Est-ce un signe d'amour Cet appel au visage qui ne vient pas Qui est tourné résolument vers d'autres lumières Qui n'est que calotte clairsemée Un envers d'humilité Un refus obstiné à l'appel Ce visage toujours absent Qu'on a pourtant vu. Georges CHICH "Quelque chose qui illumine" Coll.POESIE XXI jacques andré éditeur. https://youtu.be/_Q5aOvDMKEEvidéo Exposition "Rendez-vous autour de quelque chose qui illumine" Librairie "La folle aventure" Trévoux (01)|couper{180}

Exposition Librairie "la folle aventure" Trévoux (01) ( vidéo)

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Accrochage

J’ai mis des pitons, des ficelles, pour que tout cela tienne. On m’a confié quatre vieux murs, blancs immaculés pour accrocher mes toiles à la folle aventure, librairie associative du village de Trévoux. Et je ne regrette pas du tout le voyage ! L’agencement s’est fait comme par magie cette fois. Et en attendant la vidéo voici quelques photos ! Quelques images de l’accrochage à la folle aventure, librairie de Trévoux|couper{180}

Accrochage

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L’importance des dégradés en peinture.

brou de noix et encre de chine format 20x20 cm La dégradation pour la plupart des gens n'est pas un mot porteur de joie, d'espoir, de beauté à contrario du peintre que je suis. J'aime les dégradés de toutes sortes. Les dégradées aussi, et durant longtemps en raison d'une homonymie qui prend sa source dans mon esprit naïf, enfantin. Les femmes plus âgées que moi décorées de ridules, de rides, de plis et de traits tombant m'attiraient toujours bien plus que les jeunes à la peau lisse et à la cervelle toute entière tournée vers des avenirs à construire, des foyers à entretenir, des marmots à fabriquer puis à choyer, ou pas d'ailleurs. Il y a certainement une relation de dégradé à dégradée que je n'avais guère soupçonnée alors. Car finalement c'est en ouvrant les yeux sur ma propre dégradation, je veux parler de ces changements parfois imperceptibles qui me font passer d'une valeur à une autre, que j'ai enfin compris ma quête des reflets. Possible que peindre ou s'allonger sur un divan participent d'une même motivation qui est celle de comprendre le dégradé, de se le raconter à voix haute et en couleurs de longues heures, de longues années, pour enfin atteindre à l'expertise, au geste sur, au dosage parfait sur la langue ou bien au bout du pinceau. j'ai toujours été fasciné par cette histoire, le fait de tellement s'attarder sur la confection des fonds chez Botticelli. Il parait qu'il pouvait y passer des jours, des semaines, des mois parfois...Trouver les bons passages ( pas sages) d'une valeur à une autre, échanger les points de vue de soi-même à soi-même, surtout entre une perception masculine et féminine, de ce fond notamment sur lequel peindre un beau sujet, de préférence religieux, ou mythologique. Un beau dégradé ne montre aucune dureté, aucune frontière. D'une certaine manière il m'évoque une image de liberté tout à fait discrètement, comme une femme âgée se livre sans pudeur à l'aventure de l'anonymat dont j'aurais été un des acteurs avant de comprendre que j'étais peintre plus que Don Juan ou gigolo.|couper{180}

L'importance des dégradés en peinture.

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Tristesse de l’orgasme en peinture.

L'horrible fresque ratée de Jésus, Ecce Homo, a désormais son musée - L'Express C'est comme lorsqu'on tourne la dernière page d'un roman qui nous a plu, comme lorsqu'on voit un ami partir au coin de la rue, lorsqu'on comprend que la passion s'achève une fois sa tache accomplie. Ou lorsqu'on qu'on se réveille soudain après l'orgasme et peu importe qu'il provienne de la chair ou de l'œuvre achevée. Un manque de gratitude total, semble nous murmurer encore encore alors que le fantôme de l'extase s'est à peine revêtu de son suaire et qu'il se tire au-delà. C'est rigolo, grotesque, burlesque finalement et je crois qu'il vaut mieux en rire, mieux : en sourire. Car c'est la tristesse qui nous est forcément échue en tant que consommateur. Dans ce personnage étriqué que l'on nous demande, sans nous le demander toujours tout haut de pénétrer, comme on essaie de chausser des souliers trop petits. L'orgasme devenu reflexe pavlovien qui, sitôt achevé délaisse ce qui l'aura crée pour s'en détourner et se jeter immédiatement presque sur "autre chose". Que ce soit une autre femme, un autre homme, une autre toile, peu importe sur quoi l'on jettera alors son dévolu pour réitérer l'expérience de l'orgasme. Au bout du compte cela devient une dépendance. On ne peut aimer vraiment dans un tel but ni peindre. On se rend compte tôt ou tard de cette supercherie. C'est là le moment important d'ailleurs. Une fois qu'elle est vue, ferme t'on les yeux ou bien aiguisons nous l'acuité ? that is the question Ce n'est pas to be or not l'importance c'est plutôt suis-je un branleur, une branleuse ou pas ...? Il n'y a pas vraiment de moralité au bout de cette réflexion. Plutôt un étrange soulagement comme lorsqu'on rompt avec des personnes "chères" si chères qu'on leur a laissé la peau et les os la plupart du temps avant d'oser prendre la poudre d'escampette sous peine de disparaitre tout entier. D'ailleurs ce sont les mêmes personnes souvent qui vous brandissent cette impérieuse nécessité d'orgasme à répétition, qui se servent de vous en tant que "chose" justement. Puis qui passent à tout autre chose sans même vous prévenir que vous êtes devenu "hors d'usage". Ce qui pousse à considérer la toile différemment une fois la vanité de cette notion d'orgasme découverte. S'agit t'il seulement d'évacuer une humeur, une pulsion, souiller les draps de coton ou lin ? Ou bien de tout autre chose qui ne soit pas l'offrande d'excréments que les petits enfants s'enjouent à offrir à leurs mamans ? La maman bat des mains avec un sourire benoit en disant encore encore et tout alors se passe très bien, la répétition proviendra du cœur au ventre ou au bas ventre ainsi gagné. La maman fait une bouche en accent circonflexe en disant —Tu ferais mieux de faire tes devoirs et de ranger ta chambre et on se retrouve alors rangé dans la catégorie des médiocres pour longtemps, avant de prendre du galon à l'envers de devenir, mercenaire, tueur à gages, curé, Ou peintre du dimanche.|couper{180}

Tristesse de l'orgasme en peinture.

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L’amour, la peinture, le tout ou rien

Peinture érotique japonaise époque Edo ( Galerie Collin Estampes ) Il y a sans doute autant de sottise à entrer en amour qu'en peinture avec à la bouche ce chantage permanent que l'on se fait à soi-même, ce fameux tout ou rien. On y perd en fluidité, en légèreté, et cette essence qu'on porte en soi, passe de l'état gazeux à l'état lourd d'un minéral, probablement un genre de cristal , sans intermédiaire. Avec l'âge il est possible qu'on comprenne mieux cette sottise, comme on saisit aussi la beauté des fleurs, sans pour cela faire de longs discours, interrompre enfin le monologue intérieur. Etre simplement là, interdit. Vieille expression désuète depuis que plus rien vraiment ne parait l'être, et que l'on nous serine à tout bout de champs des slogans sur ce que doit être ou pas cette liberté. La liberté, l'amour, autant de thèmes qui désormais sont là pour attirer le chaland puisqu'ils sont reconnus de nécessité publique. La douleur d'être enfermé en soi, la souffrance d'être seul au monde, comme tout cela rapporte gros désormais. Tant qu'on croit que quoi que ce soit vienne du dehors, de l'extérieur. Ainsi en peinture ce temps passé à reproduire des choses connues, archi connues et déjà mille fois faites comme en amour d'ailleurs. On se dit ce sera tout ou rien, on se le chuchote, se le murmure comme pour se donner une raison alors qu'en fait aucune raison n'est là. Aimer et peindre sans raison voilà la folie de nos jours. Et cela offusque l'intelligence à un tel point qu'elle préfère le mépriser plutôt que d'en tirer profit. Et c'est tout à fait ainsi que l'intelligence mène sans détour à l'idiotie. Comprendre que l'intelligence est un moyen et non une fin demande du temps, du recul comme l'amour et la peinture. Une fois passée la période faste des lunes de miel, il faut savoir conserver l'enthousiasme, c'est toujours le plus difficile tant la nostalgie nous force à l'égoïsme, à la tristesse. C'est à ce moment là justement, qu'il faut se souvenir des vertus de l'acceptation, se concentrer sur elle, comme un chien de berger guette les égarés dans les pâturages sans barrière. Accepter au quart de tour finit par mener au plaisir de l'attention et nourrit cet affamé perpétuel. Cependant que l'enthousiasme n'est pas une possession, mais un état d'être. Chez moi extrêmement volatile. Et s'il ne dure guère c'est que je remarque à quel point le moindre enthousiasme extérieur affiché m'agace prodigieusement la plupart du temps. Du coup j'en reviens au point de départ invariablement, j'accepte cet agacement pour ce qu'il me révèle, je finis par prendre plaisir à relever mes failles, mes défauts, et soudain, imperceptiblement mon cœur s'allège, le pinceau devient plus léger, la peinture plus fluide, et tout tombe alors dans cet espace vide, en apparence, d'où surgissent mille formes d'enthousiasme sans que je ne puisse m'en approprier vraiment aucune. Sans que je ne puisse m'approprier vraiment le moindre résultat. D'où cette difficulté permanente à recevoir le moindre compliment, tous ces pièges qui surgissent sous la forme de propositions laudatives. Comment appelle t'on cela déjà dans la langue de tous les jours ? Etre mal baisé je crois. Et bien accepte-le, accepte le fait d'être mal baisé pourquoi pas... et peut-être qu'à un moment où un autre tu en tireras du plaisir va savoir... et même un certain enthousiasme qui sait ?|couper{180}

L'amour, la peinture, le tout ou rien

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C’est plus fort que moi !

Je me disais ce matin encore je vais faire toute une série de visages meme manière même format c’est à dire en privilégiant le dessin. Et puis l’idée subite de flanquer plus de peinture a surgit. Et me voici avec une nouvelle toile qui est plus colorée que les autres et dont je ne suis pas certain qu’elle ne tombe pas comme un cheveu dans la soupe. Quand je peins des choses arrivent que j’accepte. J’y prends même du plaisir à me laisser emporter, alors que manque t’il pour que je ne parvienne pas à l’enthousiasme ? Mystère et esquimau… Visage acrylique et fusain 2022 format 70x70cm|couper{180}

C'est plus fort que moi !

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Le bon moment pour dessiner, pour peindre

jouer du piano sur un tapis volant d'accord, mais tout cela est cousu de fil blanc ! Y a t'il un moment meilleur qu'un autre pour dessiner ou peindre ? C'est que nous croyons en nous inventant de nombreuses raisons pour repousser ce fameux moment. Ce ne sont d'ailleurs pas tant des raisons que des excuses. —Excusez-moi mais en ce moment, ce n'est pas le moment. Quelles sont les excuses habituelles ? Essayons de les lister pour y voir un peu plus clair. Je ne suis pas assez doué ou expérimenté, donc il faut que je suive des cours, que j'aille voir des tutos sur internet.Je n'ai vraiment pas le temps de le faire parce que je dois faire tout un tas d'autres choses en priorité.C'est un hobby, je ferai cela lorsque je serai à la retraite.A chaque fois que j'ai dessiné ou peint quelque chose j'ai toujours été anéanti par le résultat, c'est nul à chier.Je ne possède pas le bon matériel.Je n'ai pas suffisamment de place et si je m'y mets je devrai tout ranger pour utiliser la table du salon, de la cuisine, le bureau etc.Je ne sais pas quoi dessiner ou peindre.D'autres sont doués, ils ont vraiment du talent ce qui est n'est pas mon cas, je préfère renoncer. Je pourrais continuer cette liste sur des pages et des pages car les excuses que l'on s'invente sont innombrables. Et c'est assez paradoxal d'ailleurs de voir un tel développement de créativité surgir lorsqu'il s'agit d'être négatif, de prendre ce prétexte du bon moment que l'on ne trouve jamais bien sur. On préfère ainsi rester dans une sorte de fantasme. Un jour peut-être... C'est ce que se disent les joueurs de loto, et les gratteurs de black Jack. Sauf qu'eux passent tout de même à l'action chaque semaine au moins une fois pour nourrir leur espoir. Je pourrais décortiquer chacune de ces excuses pour vous montrer qu'elles ne tiennent pas debout et que la véritable raison de cela n'est probablement aucune de ces raisons. La véritable raison est de ne pas être ok avec son désir dans le moment présent. J'ai envie de dessiner mais je me frustre parce que je connais mieux le renoncement que l'acceptation, je connais mieux l'échec que la réussite. Je suis exactement semblable à vous. Je me donne sans arrêt tout un tas d'excuses pour ne pas dessiner ou peindre. Mais je sais pertinemment que ce ne sont que des excuses, je ne peux pas me le cacher. Sans oublier la culpabilité qui me talonne car c'est mon métier de dessiner et peindre, si je ne le fais pas je ne peux pas payer les factures tout simplement. Encore que j'exagère, puisque je donne des cours je peux aussi trouver cette excuse de ne pas en avoir besoin, me dire que je sais dessiner et peindre, et que j'attends d'avoir une bonne idée pour m'y mettre. A chaque fois que j'ai pensé ce genre de chose je me suis retrouvé totalement déprimé très peu de temps ensuite. Donc non la bonne méthode ne consiste pas à repousser le fameux moment de s'y mettre. La bonne méthode découle d'une prise de conscience concernant l'organisation de son temps. On ne peut pas dessiner ou peindre toute une journée, je veux dire en obtenant un bon résultat. La vérité c'est qu'il suffit d'une ou deux heures par jour pour parvenir à un résultat et s'arrêter suffisamment à temps pour conserver le désir d'y revenir les jours suivants. Imaginez que vous rencontriez quelqu'un qui vous plait, avec qui vous éprouvez le besoin d'échanger, de partager. Imaginez que vous ne lui lâchiez pas les basquettes de toute une journée... moi personnellement je trouverais cela fatiguant. Je ne dis pas que je ne l'ai pas vécu, bien sur que oui je l'ai vécu, j'ai vécu ce genre d'illusion amoureuse. Mais tout bien pesé j'ai trouvé que c'était épuisant, et surtout parfaitement inutile. C'est une dérive de la consommation je crois bien que de vouloir épuiser les gens ainsi en leur disant le plus de choses possibles en un court laps de temps. En monopolisant leur temps. Ont-ils ou elles envie de réitérer l'expérience par la suite ? à voir. Sauf si l'amour rend aveugle, là vous ne serez bien sur pas en mesure de voir quoique ce soit, vous ne pourrez que découvrir votre besoin de dépendance, votre facette de client ou de consommateur en un mot : de micheton. Savoir quand commencer et savoir quand s'arrêter, voici une des clefs les plus importantes pour pouvoir durer sur le long terme que ce soit en dessin, peinture ou dans la simple vie de tous les jours. Une fois que vous avez décidé de ces limites le bon moment est une blague. Vous n'avez plus qu'à décider du créneau horaire pour vous lancer dans l'aventure, quelque soit ce créneau, il suffira ensuite de vous y tenir comme une moule accrochée à son rocher. Même si durant ce laps de temps vous ne faites pratiquement rien, même si le papier ou la toile reste blanche, restez devant, soyez imperturbable tout au long de la durée que vous avez choisie. Peut-être qu'au début vous devriez être raisonnable, prudent, et ne vous accorder qu'une demi heure chaque jour, voir même une ou deux fois par semaine. Mais faites le, ne réfléchissez plus une fois le créneau inscrit sur votre agenda, arrêtez de vous trouver des raisons, des excuses pour vous absenter de cet instant là cet instant que vous aurez décidé. Et vous verrez comme c'est magique. Au bout d'un mois à peine vous aurez enfin trouvé votre "bon moment" vous m'en direz des nouvelles, non ne me remerciez pas, j'accepte les cb et les chèques cependant. J'entends déjà les objections. C'est quoi ce discours ? l'art ce n'est pas ça, c'est faire ce que l'on veut quand on veut, c'est ça la liberté etc etc Et bien non la liberté ce n'est pas cela je suis au regret. Mais la liberté dont vous parlez ressemble comme deux gouttes d'eau à ce bon moment que vous cherchez je peux vous le garantir, j'ai l'âge, j'ai l'expérience, j'ai le capital de bêtises dites et faites. La véritable liberté comme le meilleur moment c'est lorsque vous aurez posé un cadre, quelques contraintes et que vous vous y tiendrez . C'est à ce moment que la créativité se réveillera qu'elle déroulera sous vos fesses un tapis volant et que vous pouvez vous envoler vraiment.|couper{180}

Le bon moment pour dessiner, pour peindre