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10.Détail 1-35327

L'un des Détails de Roman Opalka, dont chacun constitue une partie de l'œuvre OPALKA 1965 / 1 - ∞ Archiver le présent La seule chose vraiment importante dans la vie ce n'est pas de vouloir faire quelque chose pour devenir quelqu'un, mais de se souvenir pourquoi nous avons décidé de naitre plutôt que de résider dans l'inexistence d'une conscience en route vers un rêve d'infini qui ne peut se réaliser, qui ne se réalisera jamais. Maria est une femme mure à la peau douce mais son cœur est de diamant. Elle ne me fait aucune concession et j'aime ça. Car si moi je ne sais pas encore qui je suis elle le sait quant à elle bien avant que je ne vienne dans ce monde. Elle connait mon futur, mes forces, mes faiblesses et elle sait aussi que la seule façon d'obtenir ma confiance vraiment passe par le don total de soi. Elle sait aussi à quel point je me leurre quant à la notion de confiance , de don et du Soi que je ne cesse de confondre encore avec moi. — Viens me dit-elle je veux te faire connaitre quelqu'un. Et c'est ainsi qu'elle me conduit à la galerie Yvon Lambert à Paris, où je me retrouve devant les toiles du peintre Roman Opalka qui à priori ne me parlent pas. — Regarde voici un homme qui est venu parmi nous avec un but dont il est parvenu à se souvenir. Je me sens mal à l'aise car je ne vois que des nombres plus ou moins gris et ça ne me parle vraiment pas. Je ne comprends rien de ce que Maria essaie de me dire. D'ailleurs je lui dis : Pourquoi m'as tu amené là je trouve ces toiles vraiment trop moches, sortons d'ici allons nous balader, boire un verre à la terrasse d'un café, il fait si beau profitons-en. Mais Maria ne l'entend pas ainsi. Elle a toujours un but précis et s'amuse de me voir à chaque fois m'esquiver. — Tu ne peux pas perdre autant de temps que tu le fais, cesse donc de te réfugier dans l'hédonisme, d'ailleurs regarde-toi dans la glace, tu as l'air de quoi ? Et soudain j'aperçois mon reflet dans un des miroirs qu'elle m'indique et je vois un type que je ne reconnais pas. Nous sommes arrivés en 2010 et j'ai cinquante ans alors qu'un instant auparavant je n'étais qu'un jeune homme. Maria pourtant est toujours Maria, elle n'a pas changé d'un iota. On dirait que le temps ne laisse plus aucune trace sur son beau visage. Je suis pris de panique, je suffoque en observant le visage du type que je suis devenu à la surface du miroir. Je crois que je vais tourner de l'œil. Maria en profite pour m'entrainer vers un siège, elle s'assoit près de moi et me raconte l'histoire de ce peintre, Roman Opalka. Il fait aussi partie de l'équipe au sol me dit-elle c'est ton frère. Il va bientôt achever sa mission, et ce que tu peux voir sur ces tableaux n'est qu'une toute petite partie de tout ce qu'il a accompli. Je ne comprends toujours pas. Je demande alors à Maria de m'expliquer la raison de ces nombres qui s'enchainent ainsi dans des valeurs de gris différents. Pourquoi faire ce genre de chose c'est totalement inutile, et ce n'est même pas beau à proprement parler. — Je comprends ta trouille me dit Maria. Et tu sais Roman aussi a eu peur, il a même du se rendre à l'hôpital une fois qu'il a compris dans quel projet il allait devoir s'engager pour le restant de sa vie dans cette dimension. Son cœur s'est affolé. Mais il a tenu bon exactement comme toi tu le feras. Au moment où elle achevait sa phrase je sentis qu'une présence hostile avait envahi la grande salle d'exposition. J'eus un flash dans lequel je voyais la verrière au plafond voler en éclat et des formes sombres gigantesques descendre à une rapidité hallucinante. — cours me dit Maria il ne faut pas qu'ils nous voient ensemble. Je m'exécute. Mais au moment d'atteindre la porte je me retourne pour voir si Maria me suit, je ne vois plus rien. La pièce est vide, la verrière au plafond est intacte. Seuls les grandes toiles du peintre Opalka sont là, silencieuses comme si elles étaient depuis toujours dans l'attente de mon attention. Alors malgré mon cœur qui bat la chamade, malgré toute l'incompréhension de la scène que je viens de traverser je retourne m'asseoir pour mieux les regarder à nouveau.|couper{180}

10.Détail 1-35327

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8.A chacun sa vérité.

La vérité et le mensonge sont les mots que nous utilisons dans cette dimension. Cependant ces deux mots nous éloignent souvent de ce point particulier dans lequel nous pouvons demeurer en paix si on reste silencieux, si on ne pense pas avec des mots. Si nous sommes vraiment attentif à ce qui se produit maintenant, tout ce que nous pouvons percevoir n'a rien à voir avec la vérité et le mensonge tels qu'on nous les a appris. Dire sa vérité doucement, en commençant par la laisser venir à soi-même est le début d'une aventure incroyable. Mon erreur fut sans doute de la dire trop haut à de nombreuses personnes qui ne désiraient pas l'entendre. Et je profite donc cet l'instant pour leur offrir de me pardonner si elles estiment encore que je les ai blessées. Ce qui me guide depuis le début est une aversion viscérale pour l'injustice et celle-ci n'a pas besoin de passer par le raisonnement. Au contraire je dirais que le fait de raisonner chaque fois m'égare quant à mes intuitions premières vis à vis de ce qui est juste ou ne l'est pas. Je ne saurais dire d'où me vient cette sensation. Elle est là depuis le début. Et parfois je dirais même qu'elle est là bien avant le début de ma vie, qu'elle appartient à l'être que je suis avant qu'il ne se confonde avec ce que je suis bien obligé de considérer comme un avatar. L'intuition n'est pas un pouvoir magique. Elle est toujours le fruit d'une somme d'expériences vécues. Lorsque l'être a tellement vécu et explorer de probabilités dans les domaines du possible comme de l'impossible. Lorsque l'être n'a plus besoin de l'apparente sécurité de la certitude et du doute. Lorsque l'être saisit qu'il provient d'un espace-temps multi dimensionnel, qu'il se souvient de toute une gamme de fréquences des plus hautes aux plus basses que ses périples lui aura donné la chance de visiter. Ce fut toujours important de me mettre en retrait du monde des autres pour retrouver une certaine fréquence comme on peut tourner le bouton d'un transistor pour écouter une émission favorite. Cette fréquence c'est ce qu'ici bas on peut appeler une vérité et que souvent lorsque je m'en suis ouvert fut traitée comme un mensonge. C'est aussi par cette friction entre deux termes employés pour définir la réalité que la plupart du temps j'ai éprouvé ce sentiment d'injustice. Cela fait sans doute partie des choses que j'ai décidées d' élucider en venant au monde, C'est ma feuille de route si l'on veut. Pour ce faire j'ai choisi une configuration où l'injustice règne pratiquement à chaque instant. Ce qui m'étonne aujourd'hui en écrivant ces lignes c'est d'avoir survécu à toutes ces épreuves. Et si j'ai survécu c'est probablement parce que j'ai toujours deviné que ces épreuves n'étaient dans le fond que les étapes d'un plan. Parce qu'intuitivement j'ai toujours su qu'au delà de la sphère de préoccupations de mon avatar, l'être avait choisi de s'entrainer lui -même pour apprendre à aimer encore plus profondément la nature de la réalité. Evidemment il m'était difficile enfant d'expliquer ces choses ce qui causait parfois des colères à la fois chez mes proches qui ne comprenaient pas mes agissements, et en mon avatar qui était doté de toute la sottise de cette espèce à laquelle nous appartenons. La sottise c'est de croire au temps, au besoin d'obtenir tout un tas de choses sur lesquelles je focalisais le manque. Et bien sur j'attribuais à ce manque des responsables, en première ligne mes parents. Aveuglé par les conséquences, par les objectifs bien plus que sur la cause véritable de ce manque je me suis enfoncé progressivement dans les plus basses vibrations de ce monde. J'ai connu la colère, l'envie, la jalousie, la fourberie, autant de termes provenant de la communauté que j'ai fini par laisser pénétrer dans l'esprit de mon avatar. Cela faisait bien sur partie du plan aussi. Il fallait bien que je sache dans le détail tout ce qui constituait le juste comme l'injuste et surtout la raison d'une telle séparation entre ces deux concepts ici-bas. Et donc j'étais seul, du moins je l'ai longtemps cru. Cela aussi faisait partie du plan, je veux parler de cette solitude incroyable dont je peux encore me souvenir avec étonnement désormais. Explorer la solitude fut une de mes plus belles difficultés. Je m'y repris à de nombreuses fois pour amadouer la souffrance, le désespoir, la perte d'estime de soi que devait traverser mon avatar pour retrouver le calme, et surtout l'intelligence du cœur appartenant à cet être. Mon avatar était traversé parfois par d'étranges moments de transe et de grâce qui devaient sans doute l'aider à tenir, à patienter dans l'attente de saisir le but pour lequel, une nouvelle fois, il avait effectué cet acte héroïque de revenir sur la Terre. Lorsque mon avatar atteint ses 18 ans, la mode sur Terre dans ce pays, à Paris, était de s'intéresser à la spiritualité pour beaucoup de jeunes gens oisifs qui ne savaient pas vraiment ce qu'ils voulaient faire de leurs vies. L'oisiveté comme on le dit aussi est la mère de bien des vices. Donc je me concentrais sur ces vices de bon cœur. Je ne me rendais pas compte cependant que j'établissais une sorte d'inventaire pratiquement exhaustifs de toutes les vicissitudes et turpitudes humaines. Notamment le sexe prit énormément de place dans la cervelle de mon pauvre avatar. Et les choses étant arrivées à un tel point de pollution dans sa cervelle qu'il se jeta à corps perdu dans l'étude de la philosophie, de la religion, en n'ayant plus qu'un seul but : être sauvé, ou parvenir à se détacher de ce qu'il nommait encore à cet époque l'égo. J'en ris aujourd'hui. Un avatar qui veut se détacher de son égo... il y a vraiment de quoi rire. Mais bon, ainsi qu'il est ici coutume de le dire : "Les chemins de l'Etre sont impénétrables." A la vérité, et je le dis le plus doucement possible pour ne heurter personne, l'attirance pour le sexe comme pour le détachement par la suite et notamment le bouddhisme, ne provient que des ondes crées par les milles avatars que l'être s'invente pour explorer en même temps toute les facettes d'une seule et même conscience. Et bien sur au delà de cette conscience qui probablement n'appartient elle-même qu'à une certaine fréquence sur la bande FM de l'univers se tient la nuit, les étoiles et l'amour infini qui maintiennent à la fois la cohérence et l'incohérence de l'univers. Une respiration qui se tient à la fois ici et là, ici et maintenant depuis toujours et à jamais. Qu'un amour puisse être tellement présent à chaque instant et que nous restions dans l'ignorance de cet amour, ne relève pas l'intelligence de l'espèce humaine en général pas plus que celle de mon avatar. Je me suis souvent demander pourquoi. Pourquoi ne voit-on pas clairement l'amour qui ne cesse d'être là tout le temps ? Pourquoi nous enfonçons nous dans de si basses vibrations avec toute cette collection de mots pour nous justifier ensuite ou pas ? Cette vérité que je tente de dire depuis toujours c'est que nous sommes tous les manifestations de cet amour sans aucune exception. Que mêmes les injustices ont leur raison d'être comme les massacres et leurs auteurs. Rien ici-bas comme tout en haut ne peut être sans amour. Mais que croyons-nous vraiment savoir de l'amour ? Nous n'en sommes qu'au tout début. De grandes choses se préparent qui nous aideront probablement à mieux comprendre celui-ci. Cette nuit j'ai encore fait ce rêve où d'immenses vaisseaux extra terrestre arrivaient en silence et stationnaient au dessus de notre Terre. Je ne les sens pas hostiles. J'ai même eu la possibilité de visiter l'un de ces vaisseaux où j'ai retrouvé des amis que je n'avais pas revus depuis très longtemps. A cette occasion j'ai manifesté une bouteille de Dom Pérignon. En ôtant le bouchon il y a eut un plop ! qui a fait rapetisser toute l'assemblée à la taille d'un dé à coudre. Puis tout est revenu à la normal et on s'est échangé des nouvelles de l'univers. — Tchin a dit Picasso, Léonard paraissait soucieux, et se grattait le crane. Par contre Hokusai s'était déjà allongé sur une banquette dans la vaste pièce et griffonnait comme a son habitude des fractales à n'en plus finir. Terri Broughton Waiting in the wings|couper{180}

8.A chacun sa vérité.

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Le visible et l’invisible.

Tout ce dont j'ai conscience est le visible. L'invisible c'est le reste. Et ce reste est comme la partie submergée d'un iceberg. Enorme, immense, gigantesque. Lorsque ce jour de mars 1968 Philippe me confie que je n'ai qu'à penser très fort à une certaine fille pour "l'avoir", ma première réaction est d'observer le doute monter en moi concernant la santé d'esprit de mon ami. J'y repense aujourd'hui car c'est la première fois que je me suis retrouvé confronté au pouvoir de la pensée, relaté par un de mes congénères. Du coup j'ai essayé évidemment. J'ai pensé très fort à certaines filles. D'autant qu'il avait ajouté qu'à l'aide de ce stratagème aucune limite ne pouvait exister, qu'on pouvait toutes les avoir. Je n'étais pourtant pas certain que nous parlions de la même chose au travers de cet auxiliaire. Malgré ma tentative les choses restèrent exactement dans le même état globalement. C'est à dire que ces filles ne me regardaient pas plus qu'avant. — C'est parce que tu n'y crois pas assez fort ajouta Philippe lorsque je fis le point avec lui une semaine plus tard. Puis il enclancha sur ma mère et m'avoua que lui, il rêvait d'elle avec succès tous les soirs. Ce qui mit fin à notre relation le même jour. Cette déception est à marquer d'une pierre blanche quant à la confiance que j'éprouvais désormais pour l'amitié avec les êtres humains, notamment les individus mâles. Et du coup je reportais durant un temps mon attention sur les filles. Elles représentaient je crois un accès à beaucoup de ces choses dont je n'avais pas conscience. Des choses que je situais à l'extérieur de ma pensée de ma conscience. Mais qui se trouvaient également dans une partie de moi que j'ignorais, où alors je me trompais de mot pour qualifier ce genre de choses. Si je devais trouver un mot qui se rapproche aujourd'hui le plus de ce que ressentais alors, je choisirais l'imprévisible. Quoique je puisse imaginer quant à une situation, quelque que soit mon espoir, elles trouvaient toujours le moyen de me renvoyer dans les goals comme on dit. Ce qui au bout du compte m'entraina à ne plus avoir d'idée arrêtée sur quelque but que ce soit. Ce qui déclencha encore quelque chose de perturbant : Un amour infini dont je ne savais quoi faire. Je crois que je pouvais tomber amoureux aussi rapidement que l'on attrape des poux à cet âge là. Ce qui était d'autant plus confortable que j'avais fini par ne plus m'attendre à rien en retour. Tout ce passait dans ma tête ou mon cœur, peut-être les deux. Donc d'une certaine manière j'étais parvenu à mes fins. C'est à dire comprendre cette perturbation qu'avait provoqué mon ami Philippe lorsqu'il disait qu'en pensée rien n'était impossible, que l'on pouvait "toutes les avoir". Cela collant parfaitement en plus avec mon naturel sauvage. Cela ne dérangeant pas ma solitude et mes longues rêveries. Et si par hasard je me retrouvais confronté avec une réalité quelconque je me hâtais de lui trouver un maximum de défauts, d'agacement, afin de ne pas m'attacher à celle-ci. Ainsi par exemple Anne-Marie, la fille du restaurateur qui habitait à deux pas et qui chaque jeudi s'amenait devant le portail pour que nous jouions à la dinette ou je ne sais quoi. C'était une petite grosse comme moi, ce qui devait lui faire imaginer qu'on pu être fait l'un pour l'autre comme on dit. Néanmoins puisque l'habitude de nous fréquenter s'installa je finis par la considérer comme un élément de ma vie à cette époque au même titre que ces interminables journées d'école, des roustes de mon père, des corvées pour ranger les stères de bois au fond du jardin. Je n'étais pas amoureux d'Anne-Marie car elle me ressemblait trop. Elle était visible comme le nez au milieu de mon visage. Michèle en revanche ne venait que durant les vacances scolaires. Son absence créait le manque suffisant pour que mon esprit puisse vagabonder à loisir. De plus elle était d'une cruauté mesurée, alternant savamment les caresses les baisers avec autant d'entourloupettes, de mensonges, de trahisons. Elle représentait un mystère que je n'avais de cesse de vouloir élucider et qui à chaque fois se soldait par un échec. Sa méchanceté était l'obstacle que je devais dépasser pour prouver l'amour, la compassion que je lui portais. Jamais elle ne me le demanda d'ailleurs, le contrat fut immédiatement tacite. Sans doute aujourd'hui suis-je mieux enclin à accepter que j' étais l'unique signataire d'un tel contrat. L'amour, l'imagination, la pensée et cette obsession perpétuelle de vouloir m'approcher au plus près du mystère, le pénétrer, découlent certainement de mes lectures. J'avalais des forets entières d'ouvrages, de contes et légendes, des romans de chevalerie. Ce n'eut été que billevesées si au delà des intrigues, des personnages, je n'avais toujours détecté intuitivement de grandes vérités sur les forces invisibles qui manipulent les êtres. Je possédais ou j'étais possédé déjà, je me souviens, par ce genre de lucidité encombrante pour un gamin de 7 ans. L'intuition que tout ne se joue pas uniquement dans le visible mais bien plutôt à de multiples dimensions de l'invisible. C'est à cette période, cherchant des solutions pour avoir accès un peu plus à ces territoires dissimulés que je portais mon attention sur le notion de but et de cible et sur le paradoxe. Si tout le monde autour de moi semblait malheureux perpétuellement de ne jamais pouvoir atteindre leur but, si les buts s'évanouissaient au fur et à mesure qu'on s'en approchait de trop près, un peu comme les filles, alors il était temps de découvrir de nouvelles stratégies. Ce fut grâce au tir à l'arc que je fis des progrès dans le domaine de l'invisible. Si je voulais atteindre une cible en la visant, cela ne fonctionnait pas à 100% Le hasard semblait participer à l'action en grande partie alors qu'on s'obstine généralement à tout mettre en œuvre pour qu'il n'y ait pas de hasard justement. On choisit le bon morceau de bois, la bonne ficelle, on apprend quelques rudiments d'aérodynamisme pour tailler correctement l'empennage des flèches dans des plumes de poules. On essaie de tout prévoir jusqu'à la force du vent. Mais malgré cela on n'atteint pas les 100% de coups réussis. Bientôt une nouvelle obsession m'occupa l'esprit. Obtenir ces fameux 100% d'une autre façon, inédite que toutes celles que je connaissais jusque là. Je découvris que si je ne regardais pas la cible et que je déclenchais mon tir j'avais quasiment le même nombre de chances de toucher au but que si je mettais tout en œuvre scrupuleusement pour tenter d'y parvenir. Et sans doute aurais je pu y parvenir. Sans doute étais-je vraiment à deux doigts de pouvoir y parvenir si je ne m'étais pas tant accroché justement à ce but d'atteindre les 100%. Ce fut en plein entrainement au tir à l'arc, et alors que je jubilais de parvenir au but que mon père obtenu sa mutation en région parisienne et que nous dûmes quitter l'Allier et le Cher pour rejoindre l'Oise et ses berges polluées. L'invisible avait donc décidé qu'il était grand temps que je m'éloigne de lui pour étudier le visible d'un peu plus près. https://youtu.be/hmRPECd9Yig|couper{180}

Le visible et l'invisible.

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Le travail et l’argent

Combien coûte ceci combien coûte cela ? Et on marchande, on négocie avec comme objectif, comme idée fixe de remporter une “bonne affaire”. Depuis l’arrivée du Covid j’ai pris l’habitude de faire payer les élèves au mois. Afin de ne pas les léser en cas de nouveau confinement car ils payaient au trimestre avant cela. Mais pour le coup je me rends compte des dérives que je n’ai bien sûr pas prévues. Ainsi un tel arrête de venir car son jour de télétravail a changé une autre ne viendra pas pendant trois semaines car elle va en vacances au Mexique, une autre ne peut pas venir tous les cours du moi d’avril et mai et ne veut plus payer qu’un seul mois… Bref me voici devant les conséquences malencontreuses d’avoir voulu bien faire. Qu’à cela ne tienne je l’assume. Cependant l’année prochaine non seulement mes tarifs augmenteront mais en plus je ferai payer d’avance toute l’année ! Je ne vais pas me justifier encore en expliquant par le menu que moi je paie les memes charges toute l’année et que je calcule un tarif horaire en conséquent. Je l’ai déjà fait, ça ne sert strictement à rien. Et puis ma foi si j’ai moins d’élèves l’année prochaine cela me donnera l’occasion de faire autre chose je ne vais pas m’inquiéter. C’est tout à fait face à ce genre de situation que l’on comprend comment les choses peuvent changer et s’améliorer même. En faisant confiance y compris à son sentiment d’injustice et d’agacement.|couper{180}

Le travail et l'argent

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4.Tu ne jugeras pas

Et charité bien ordonnée commence par soi-même. C'est à dire que ce jugement qui te conduit sans relâche dans les plus basses vibrations de l'énergie, tu apprendras à t'en défaire, à t'en libérer. Tache ardue. Surtout si on considère que l'on est perpétuellement installé sur le banc des accusés. Dans un procès sans appel, avec le pressentiment que les choses finiront mal. Que reste t'il alors pour s'orienter ? La méditation et l'observation furent des clefs. Et aussi cette sensation perpétuelle de ne pas appartenir à ce monde dès mon plus jeune âge. Malheureusement le jugement m'attrapa très tôt, il m'extirpa de l'enfance en me scindant en deux parties distinctes. Probablement pour que je parvienne à comprendre sa raison d'être, ses tenants et aboutissants. C'est à dire la séparation, l'oubli, l'aveuglement. Il faut juste se souvenir. Se souvenir que rien ne surgit par hasard. Que tout est toujours là exactement au bon moment. Ainsi cette volonté soudaine de rejoindre la classe de catéchisme du petit village où j'habitais me tenaillait depuis des semaines lorsque soudain je décidais de m'en ouvrir à ma mère. Mon père ne voulait pas que j'aille au catéchisme, toute idée d'église lui hérissait le poil sans que je ne comprenne pourquoi. Peut-être voulait-il que la responsabilité, le choix ne vienne que de moi-même. Peut-être ne voulait-t 'il pas m'imposer une religion ainsi qu'il est d'usage dans notre campagne. C'est à dire reproduire par habitude, par tradition, et peut-être aussi dans un soucis de conformité. Il avait dit que je pourrai bien choisir la religion qui me plaira le jour où j'aurai suffisamment de jugeotte pour le faire. Ce qui projetait mon désir, ou ma curiosité de la chose religieuse dans une temporalité qui m'obligeait à patienter. Or la patience en tant qu'enfant n'a jamais été mon fort. La patience était ce mot que l'on interposait toujours entre l'envie et la satisfaction de l'envie. La patience créait le temps. Et je trouvais toujours le temps beaucoup trop long en tout. Et bien sur dans cette sensation d'ennui que le temps interminable me procurait pour atteindre n'importe quel but, j'avais recours à cette nouvelle propriété de mon esprit qui était le jugement. Je crois que je me suis mis à juger à peu près tout et n'importe quoi, n'importe qui par pur ennui. Mais à l'époque je ne me rendais pas compte à quel point ce jugement s'insinuait en moi comme un poison et dévastait mon cœur. Le jugement était le petit morceau de glace que je me fourrais tout seul dans l'œil pour ne plus percevoir qu'un monde désenchanté. Et probablement que le but caché de ce mouvement était de rencontrer la reine des Neiges, ce personnage dont j'avais fait connaissance dans ces livres de contes que je ne cessais de dévorer. Je suis passé ainsi en un claquement de doigt de l'unité à la séparation en laissant pénétrer en moi la notion de jugement pour tromper mon ennui, parce que j'ignorais tout des raisons de la patience et du désir. Le monde s'obscurcit aussitôt. Je revois défiler toutes ces scènes dans une grisaille quasi permanente. Même les moments que je considérais jadis comme des pauses, des récréations, des moments où l'on peut reprendre sa respiration après un long moment en apnée, me semble teintés de gris aujourd'hui. C'est à dire que l'aura de beauté, de poésie, dont je me suis servi pour les conserver durant de nombreuses années s'est évanouie. Elle ne semble plus avoir de raison d'être puisqu'elle fut créé en miroir de ce sentiment d'ennui, de désolation qui s'évanouit désormais. Je me dis que ça ne doit pas être facile d'écrire simplement les choses sans jugement. Que probablement ça n'intéressera pas beaucoup de personnes. Si je juge utile de publier ces textes c'est avant tout pour moi, pour réparer un malentendu. Le fait d'appuyer ensuite sur le bouton publier n'est peut-être pas grand chose d'autre qu'un symbole lorsque je considère la naïveté enfantine qui ne m'a jamais quitté tout à fait. Comme je le dis à mes élèves, je ne cherche pas à réaliser un chef d'œuvre littéraire, je me concentre plutôt sur le fait de parvenir à effectuer un bon exercice. Et puis pourquoi avoir encore besoin de justifier les choses comme pour s'excuser de faire quoi que ce soit ? Sans doute parce que cette part de moi qui est à l'œuvre chaque jour et qui écrit ces lignes ne connait pas de frontière, ni de séparation. Elle s'aventure sur tous les plans de l'être et récupère le ton de chacun d'eux, le restitue sans jugement. Sans jugement véritable malgré tout ce que moi je peux en juger. C'est aussi une sorte de foi dans le pouvoir des mots que j'ai depuis toujours. Pas tellement les mots que l'on prononce mais ceux qui restent noirs sur blanc dans les livres. C'est mon aspect maya dont il faudra bien que je parle un jour ou l'autre, et de cette part intime dont progressivement je me souviens grâce à l'écriture, grâce aux mots. La fonction de scribe revient de façon lancinante tout au long de ma vie. Et mon intérêt pour les rébus, les charades, me fait désormais me souvenir avec nostalgie d'une dextérité que j'ai perdue ou que je considère incomplète, que je juge incomplète. Que je juge incomplète comme pour mieux m'interdire de m'en souvenir réellement. L'art de manier les glyphes. De les assembler avec la plus haute élégance dans des dédicaces éblouissantes. Mais je n'ai guère que des flashs, je me revois assis sur ce que je crois être un lit luxueux entouré de serviteurs et d'amis qui tous sont suspendus dans l'attente de ma prochaine combinaison de signes et de sons. Et si le jugement vient interrompre tout à coup le flot de ces images ce n'est certainement pas du au hasard pas plus qu'à la peur au désir ni à l'ennui. C'est seulement pour éviter de pénétrer trop avant dans une digression dont je suis trop souvent coutumier. Lorsque je me souviens de toutes ces années emprisonné dans le jugement je peux aussi bien penser à Merlin l'enchanteur emprisonné par celle qu'il aime la belle Viviane à l'intérieur d'un rocher. Viviane n'est pas à maudire ni plus qu'à révérer. C'est là justement que se loge toute la beauté que je découvre peu à peu à mon histoire. Doucement les voiles frissonnent sur la peau de la nuit nue. Et cependant une image surgit lumineuse. C'est celle où je suis en train de jouer avec la boue dans un jardin, je crée des villes au bord de fleuves et j'imagine la vie de leurs habitants . Lorsque soudain j'aperçois un fil de vierge qui traverse le jour ou la nuit. Un fil de Vierge léger et lumineux Alors j'interromps tout, je ne peux faire autrement que de le suivre et qu'importe où il me mène, qu'importe tout ce que je dois laisser à nouveau derrière moi pour le suivre. A ce moment précis où je me lève et le suis j'ai perdu le jugement comme on le dit aussi des fous. Encre et chocolat les doux plaisirs d'une ancienne vie de scribe.|couper{180}

4.Tu ne jugeras pas

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Que la lumière soit

Rêve ou réalité ? C'est la nuit, la maison est tranquille. Je viens de descendre à l'atelier pour fumer une cigarette et je contemple le désordre dont je me suis entouré comme d'habitude. Depuis quelques jours ce désordre m'est incompréhensible, il ne me semble plus nécessaire comme avant. Je peux imaginer un espace désormais totalement différent, un lieu où à chaque fois que j'aurais besoin de quelque chose je saurais immédiatement à quel endroit le trouver. J'avoue avoir fait de nombreuses fois l'inventaire des solutions qui pouvaient s'offrir pour créer la clarté. Aucune n'a tenue plus de quelques jours. Aujourd'hui je crois comprendre la raison véritable pour laquelle le désordre revient sans relâche. Il me sert à la fois d'entrave et de protection. Il est cette habitude que j'ai installée faute de mieux, tout simplement parce que je ne sais pas demander d'aide. Parce que depuis toujours je me considère comme l'unique responsable de mon désordre. Et donc par cette même logique je pense être aussi le seul qui puisse être apte à créer l'ordre, à réparer ce que je nomme le laisser-aller, le désordre de ma vie comme de mon atelier. Cette tentation de créer un ordre, je sais déjà à quel point elle sera vouée à l'échec si je ne compte que sur mes seules ressources. Si je continue à vouloir être ce vieux con orgueilleux et soi disant savant dont je ne cesse d'entretenir l'image à mon propre regard. Hier en me rasant durant un bref instant j'ai aperçu mon reflet vaciller à la surface du miroir. J'ai soudain vu un jeune homme en pleine vigueur qui me souriait. une Image loufoque que j'ai immédiatement chassée de mon esprit en me traitant de benêt. J'ai répété ce mantra de la vieillesse , avec plusieurs références aux trains qui déraillent, à des choses qui autrefois étaient sensées tourner rond muées par de pauvres vues d'esprit. Je fume ma cigarette en repensant à cette lassitude qui s'est emparée de moi et qui a répudié les rêves. Je fume ma cigarette en observant méthodiquement chaque ilot du désordre. Je ne fais qu'observer, rien d'autre, je me dis que ce n'est même plus la peine de m'accabler. Les carottes sont cuites, tu te diriges vers la fin accepte le et observe. Voilà ce que je me dis. C'est à ce moment là que je me suis senti soudain totalement différent. D'un seul coup j'ai trouvé le gout de la cigarette absolument immonde et j'ai écrasé celle-ci dans un cendrier plein déjà à ras-bord. J'ai regardé le grand mur blanc face à moi sur lequel j'ai peint un carré de toile 70 x70. J'ai éprouvé une envie de rire soudaine. Et le rire qui m'a soudain secoué a du produire quelque chose. Je n'avais plus aucune douleur nulle part soudainement. Je me suis même senti joyeux tout à coup sans raison. Un jeune homme. —Je suis un jeune homme j'ai dit tout haut. La chatte a dressé une oreille et s'est retournée, elle semblait acquiescer en miaulant. Et puis j'ai eu soudain cette intuition qu'il suffisait peut-être de prononcer tout haut ce que l'on voulait pour créer quoique ce soit. Chose que je me suis toujours interdit de faire étonnement en cette vie. Je me suis bien sur demandé si j'étais en train de devenir complètement maboul. Etais-je en train de rêver tout bonnement, un de ces rêves gris et stupides comme j'en traverse tant en tant que jeune vieillard ? Et tout à coup j'ai entendu cette phrase que j'avais apprise sur les bancs du catéchisme. — Que la lumière soit ! Qui n'est dans le fond qu'une demande effectuée à haute voix par le Verbe lui-même. Une prière à mon humble niveau désormais alors que longtemps j'ai pensé qu'il s'agissait d'un commandement. Ce qui change tout. Ce qui permet de passer d'un cauchemar au rêve et du rêve à la réalité que l'on désire finalement. Que la lumière soit c'est bête quand on y pense, surtout dans cette époque de boutons poussoir où on allume et éteint des pièces et des villes sans y penser. Je me suis dit que j'étais peut-être prêt, enfin, à demander vraiment quelque chose désormais. Et c'est paradoxal d'avoir ce genre de pensée au moment même où je sens que je n'ai plus vraiment besoin de grand chose, à part un peu de clarté et cette envie de voir disparaitre le désordre. Enfin, après avoir relaté cette petite expérience qui m'a bousculé dans toutes mes certitudes, j'ai décidé d'aller me coucher et de m'endormir sur une nouvelle demande. Plusieurs fois j'ai murmuré tout bas : —Qui suis-je ? Avec cette étrange confiance que je remarque m'envahir en prononçant ces mots, une confiance proche de la plus folle des certitudes. Mais cette fois je balaie mon envie de rire. Je me sens tellement paisible. Et voilà exactement comment je me suis endormi comme un petit enfant certain du lendemain. Photographie de mon atelier vu au travers de vitres embuées.|couper{180}

Que la lumière soit

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Abolir le hasard en peinture.

Quand la science moderne évoque le hasard c'est toujours parce qu'elle se trouve face à une impasse qui lui demande de reconsidérer ses hypothèses de départ. On pourrait dire qu'elle botte en touche ainsi, comme les sèches elle se carapate en projetant un nuage d'encre pour tenter de brouiller les pistes à tous les adeptes du bon sens. Quand on accepte que le hasard n'existe pas la vie est beaucoup plus simple. Mieux, tout prend un sens. Encore faut-il ne pas se tromper de sens en confondant son bon vouloir avec la réalité. Réalité dont à priori nous ne savons rien à part pour les plus futés qu'elle existe, qu'elle est présente, qu'elle brille par la présence si je puis dire de sa perpétuelle absence. Car chaque fois que l'on s'accroche un peu trop à une réalité il est de bon ton qu'elle s'évanouisse. Comme pour nous dire justement : "doucement je ne suis pas une fille facile". Et c'est sans doute pour cela que l'on confond souvent les femmes et la réalité. En les sublimant dans un premier temps, puis en les conspuant lorsqu'on se trouve confronté à nos propres déceptions. Le respect est primordial ici . Respecter la réalité c'est aussi respecter l'idée de l'instant présent, d'accepter tout ce qu'il nous présente, y compris le hasard en tant que présent. Aussi abolir le hasard ce n'est pas le répudier dans la catégorie insensée des aléas. En peinture non plus on ne joue pas aux dés. La seule raison qui reste en tant qu'obstacle est simplement le saut à effectuer qui transmute la peur en foi. Je ne donne pas de recette pour effectuer ce saut. Il est propre à chacun d'effectuer le sien selon sa nature, et surtout ses intentions d'origine. A ne pas confondre avec les petits désiderata du quotidien. On ne se sert pas du hasard pour briller, pour paraitre, pour vendre quoique ce soit. Ce n'est pas prévu comme ça. Par contre pour peindre oui, c'est à dire comprendre l'équilibre, l'harmonie, les lignes de force, l'ombre et la lumière, appréhender une unité dissimulée sous les contraires, les opposés en chevauchant la vitesse des paradoxes. Oui vraiment, c'est à cet instant que le hasard est un allié, le meilleur de tous sans aucun doute. Cependant que pour ce faire la conscience doit s'élargir. On doit sortir d'une habitude de voir uniquement ce que l'on veut toujours voir. De ce programme installé comme une routine qui nous porte à toujours voir les mêmes choses tout en ignorant toutes les autres. Comment y parvenir ? Il n'y a pas de technique pour cela, et après de nombreuses années de réflexions semblables à autant de petits chocs qu'une mouche subit en se heurtant à la surface de la vitre pour trouver la sortie, je dirais qu'il faut vivre. D'abord en toute inconscience. Puis une fois que l'on s'en lasse pour telle ou telle raison, s'éloigner de la répétition. S'asseoir et observer. Car rien n'est fait pour rien. Et l'erreur est la brique de toute dextérité à venir une fois qu'on accepte de la considérer pour ce qu'elle est. C'est à dire tout sauf un hasard. Esquisse fusain au hasard 2022|couper{180}

Abolir le hasard en peinture.

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Le personnage de l’éveillé revient au printemps.

Il faut énormément d'énergie pour maintenir la moindre illusion. C'est cette phrase qui me réveille en pleine nuit. Et bien que je ne comprenne pas pourquoi elle surgit ainsi, je décide de faire confiance. Toujours faire confiance dans l'à propos. Et déjà, par cette confiance dans ce que n'importe qui d'autre que moi nommerait le hasard, j'économise une énergie précieuse en ne m'y opposant pas par le doute. L'énergie est un des leitmotiv de mon existence. Un sujet de réflexion permanent. Une obsession. Certains se demandent combien d'argent coute telle ou telle chose. Moi je m'interroge sur la quantité d'énergie à dépenser pour parvenir à comprendre l'absurdité de mes prétendus besoins ou désirs. Quelle énergie va me couter le fait de dire la vérité ? La mienne surtout. Car, c'est une intuition aussi, dans tout l'univers, l'énergie dont je parle est le bien le plus précieux. Celui pour qui on ment, on assassine, on assujetti des mondes, ici et partout, en tous temps et en tous lieux. c'est à dire maintenant. C'est par le grapin de l'attention sans relâche, cette attention que l'on on exige de chacun de nous, que cette énergie nous est dérobée. Evidemment cet esclavage est tellement présent depuis ce que nous imaginons être des milliers d'années, l'habitude de le considérer comme étant "normal" est tellement bien ancré dans nos cervelles que nous ne nous rendons plus compte de cet esclavage. Mais imagineriez-vous un seul instant que ce vous voyiez dans votre vie de tous les jours, tout ce que vous considérez comme vrai ou faux, que tout cela n'est qu'une gigantesque illusion ? Et que vous participez grâce à l'énergie que vous paraissez donner de vous-mêmes, à maintenir ce mensonge collectif ? Que feriez-vous dans un tel cas ? J'observe la résistance en Ukraine. Comment une si petite armée peut-elle résister à l'envahisseur, lui donner autant de fil à retordre. Couper les ponts est la meilleure stratégie pour empêcher la progression des chars, voilà ce que je désire sélectionner comme information utile du film que l'on me projette, et peu importe les raisons pour lesquelles on me le projette, peu importe les raisons pour lesquelles j'ai choisi d'être spectateur. C'est aussi ce que j'ai fait durant toutes ces années. Je n'ai fait que couper les ponts avec ceux qui désiraient me dérober mon énergie. Soit l'entreprise avec son univers où l'on doit marcher sur la tête. Soit les femmes que j'ai fréquentées, toujours le même genre de femme, comme si on avait deviné mes gouts, à moins que l'on ne m'ait programmé secrètement ces gouts et que l'on m'avait " par hasard" toujours mis en présence de celles-ci. Soit mes désirs et ce fut le plus difficile que de remonter à leur source véritable pour m'apercevoir enfin qu'ils n'étaient comme tout le reste, un placage et rien d'autre. Ce que je pensais être mes désirs n'était rien d'autre qu'une installation de derricks à perte de vue pour exploiter et à mon insu, une grande part de mon énergie. Les mots utilisés pour me faire réagir la plupart du temps pour je ne sais quelle raison n'ont jamais fonctionné. On m'a dit que j'étais paresseux, velléitaire, dispersé, dépourvu de ténacité, impuissant, lâche, ridicule, paranoïaque. On me l'a dit tant de fois que j'ai fini par les intégrer peu à peu ces opinions comme des vérités. Et le résultat fut ce sentiment de honte contre lequel je n'ai eu de cesse de lutter. Mais voyez-vous, même cette réaction à la honte fait partie du programme implémenté. Toute révolte visible ou invisible est déjà prévue et de longue date. Se révolter contre sa propre honte est le dernier pont que j'ai coupé avec l'illusion. Aujourd'hui, je me suis réveillé en pleine nuit ainsi que je le fais désormais depuis des mois et c'est cette phrase qui soudain a surgit. Et je me souviens tout à coup que c'est une réponse à quelque chose que j'ai pour la première fois oser demander. C'est cette question qui parait si inutile si souvent que j'ai osé demander en silence, c'était ma prière. —Qui suis-je ? Le monde que j'ai connu ne sera plus jamais le même. Moi-même je ne serai plus ce que j'ai toujours cru être. C'est comme si une nouvelle présence , un nouveau point de contact avec la réalité de l'univers s'était soudainement établi. Beaucoup plus intense que tout ce que jusque là j'appelais être présent. Car non seulement je découvre cette présence mais je m'aperçois qu'elle a toujours été là, dissimulée au fond de moi, au fond de ma poitrine, dans le tréfond de cet organe physique qu'on nomme le cœur. Tout m'arrive par flots désormais, je peux me souvenir de tout mon saoul, sans rien réenfouir dans l'urgence que nécessite le paraitre. Et ce dont je me souviens si délirant cela soit-il je sens que ce n'est pas une nouvelle illusion. Car la joie est si intense et à la fois si paisible que je dépose à ses pieds tous mes doutes, toutes mes antiques failles, et je recouvre tout ce que j'avais cru perdu à jamais. Toute l'énergie est là à nouveau comme au tout premier jour. Et je pourrais, si je le désirais, effectuer une nouvelle pirouette, attribuer tout cela à l'arrivée du printemps que ça n'y changerait rien. Simon Hantaï Peinture qui représente les plis de tous les plis traversés.|couper{180}

Le personnage de l'éveillé revient au printemps.

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Comment trouver un sens au tableau ?

Je peins l'insensé car il n'existe pas, il ne peut exister. Car tout ce qui nait sur le tableau si désordonné soit-il, je prends pour hypothèse que c'est une création. Et que pour moi créer a un sens de toutes façons même si moi je ne comprends pas ce sens. Donc je peins les choses les plus insensées possibles, le désordre, le déséquilibre, le disharmonieux pour me convaincre que mon hypothèse est juste, tout simplement. Cependant cette observation me donne du fil à retordre. Quelle est la différence entre l'imagination, l'affabulation et le délire ? Qui sont trois termes de degrés différents sur l'échelle de la création. Et bien je crois qu'ils n'existent vraiment que dans un espace collectif, dans un égrégore au sein duquel tout le monde s'entend plus ou moins pour qualifier une chose, un événement, une sensation, une pensée. Cependant si je suis seul face au tableau ces trois mots ne veulent plus rien dire. Je ne vois qu'une création constituée de taches de couleurs, de formes, de lignes qui pour le moment reste muette. C'est à dire que je crée quelque chose qui n'entretient pas de relation avec cette partie de moi qui me fait dire justement que je suis moi dans un espace collectif. Ce que j'attends alors du tableau c'est qu'il me livre son sens dans une intimité. Par télépathie en langage clair et cordial. Que l'information me parvienne sous la forme d'une émotion. Je peins toujours dans ce sens là qui semble être le sens inverse de nombreux peintres lorsqu'ils évoquent leur processus créatif. Car beaucoup semblent savoir ce qu'ils veulent peindre, car ils ont d'abord une émotion qu'ils désirent peindre pour la partager. Je n'arrive pas à faire cela. Parce que peindre une émotion pour moi représenterait peindre quelque chose de mort, qui n'existe déjà plus, ce serait comme peindre une ruine, un vestige, un lien avec une nostalgie souvent insupportable. Et puis j'ai toujours la sensation d'une erreur de position comme si je me fiais à un GPS détraqué. J'ai vécu ça à mes débuts de peintre où je peignais des fantômes. Je suis pour la vie. Je ne peux et veux peindre que le vivant. C'est à dire l'émotion qui surgit de cet insensé que je tente maladroitement de décrire par des mots. j'essaie de sortir du programme habituel, de mon spectacle, de ma projection, de mon cinéma perpétuel. De changer le film si possible. Mais revenons à cette notion d'insensé. Accepter que quoique ce soit existe sous cette forme reviendrait à dire qu'il existe un hasard, et que nous ne sommes finalement que les jouets d'un tel hasard. Quelque chose de très ancien en moi me préserve ou m'empêche d'y croire. Je me suis toujours battu contre cette vision pessimiste en explorant d'ailleurs moi-même toutes les versions les plus pessimistes possibles pour les éprouver. Aucune de ces visions les plus pessimistes ne tient face au moindre rayon de soleil, à la fragrance du jasmin, au sourire d'un petit enfant. Toujours au fond des gouffres j'ai été secouru par le chant d'un oiseau qui m'a ouvert le cœur. Cela semble tellement naïf pour la plupart des gens à qui je l'ai dit. Tout le monde a son petit avis sur l'imagination l'affabulation et le délire n'est-ce pas. Surtout si on ne mets pas les mains dans le cambouis. J'écris l'insensé aussi probablement. Et pour les mêmes raisons que je le peins. Pour respirer car s'il faut vraiment trouver un sens à tout pourquoi pas celui-là ? huile sur toile 80x80 cm 2020|couper{180}

Comment trouver un sens au tableau ?

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Respiration de peintre

Détruire, construire, respiration de peintre Techniques mixtes 70x70cm 2022|couper{180}

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Peinture et chasse

— je ne mettrais pas ça aux murs, me dit- elle —c’est pas fait pour ça, je réplique Comme si on peignait que pour mettre des têtes de sangliers aux murs Monde étrange ! Peintures chamaniques 2022|couper{180}

Peinture et chasse

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Le personnage du professeur de peinture.

Travail collectifTravail collectiftravail collectifTravail collectif Parmi tous les personnages de cette histoire abracadabrante, il est temps d'évoquer le professeur. Et si possible sans porter préjudice à celui-ci. C'est à dire en pesant le pour et le contre comme on le fait d'ordinaire pour se faire une idée à peu près juste de quoique ce soit. Impossible donc de pénétrer dans les extrêmes. Il n'y aura ni louange ni accablement. Juste l'observation la plus objective possible des faits. A très exactement 10h52 minutes le professeur commence à s'agacer et sort précipitamment pour fumer une cigarette. Dehors il fait encore un peu frais mais il fait beau temps. Un bref coup d'œil sur l'ampélopsis squelettique du mur ouest de la cour et qui commence à se peupler de longs bourgeons, inspire au professeur un bref réconfort. Il en profite pour faire le point rapidement car il se trouve aux prises avec un os. Avec cette élève là, la magie du professeur n'opère pas. Elle ne cesse de clamer qu'elle ne sait pas où elle va, que le tableau qu'elle est en train de faire ne veut rien dire, que tout est moche et qu'elle ne sait pas si elle reviendra le mois suivant. A partir de là le professeur a le choix. Soit il rentre à nouveau dans la pièce et il dit : —Effectivement c'est mieux que tu ailles voir ailleurs car tu me gonfles le boudin prodigieusement. ou bien Il peut aussi revenir dans l'atelier en disant : — C'est super ! l'ampélopsis commence à bourgeonner c'est vraiment le démarrage du printemps. Autre possibilité encore : — Tu sais c'est tout à fait normal de se sentir perdu au début, ce n'est que ta troisième séance, accroche-toi. Et même, il pourrait s'asseoir, prendre une feuille et lui montrer comment lui, le professeur, réalise un tableau abstrait sans réfléchir. En ajoutant en guise de préface peut-être : "l'important c'est de bien préparer ses couleurs sur la palette pour ne pas se freiner ensuite ou s'interrompre lorsqu'on peint et qu'il faut en refabriquer dans l'urgence." Eureka se dit le professeur en éteignant son mégot. Et il fait effectivement ce qu'il a décidé en dernier recours sous le regard de son élève récalcitrante. Elle a les larmes aux yeux la bichette. Puis il dit ; — à toi de jouer ! en ajoutant un petit clin d'œil bienveillant, ça ne mange pas de pain se dit le professeur. Désespoir de l'élève qui reste les yeux rivés sur le tableau du professeur. — C'est vraiment pas compliqué dit encore le professeur. Tu prends le pinceau, tu le trempes dans la peinture et tu peins sans y penser, en t'amusant à poser la couleur. — ... —Quels sont les trois mots importants ici et maintenant ? se sent contraint d'ajouter encore le professeur, je vous les rappelle : AccepterPlaisirEnthousiasme. —Maintenant si vous tenez à souffrir absolument, libre à vous, mais sachez que ce n'est pas du tout nécessaire pour réaliser cet exercice. —Moi je ne peux toujours pas m'empêcher de souffrir quand je peins dit une autre élève comme pour rassurer sa voisine éplorée. — c'est parce que tu crois que souffrir te préservera de faire "n'importe quoi" , parce que tu crois que souffrir est la seule solution pour un but une destination, un accouchement... Dit le professeur. Puis il s'adresse au groupe dans son ensemble : —Ce que vous appeler une destination un but c'est du déjà vu, c'est un cliché auquel vous vous accrochez comme une moule à son rocher. Oubliez ces choses idiotes, peignez et surprenez vous.|couper{180}

Le personnage du professeur de peinture.