import

import

convocation d’urgence.

J'ai à peine terminé d'écrire le texte précédent que j'entends un bruit au rez de chaussée. Quelqu'un essaie de rentrer dans la maison. Je passe un pantalon et descend les escaliers pour me diriger vers l'entrée. Je vois la poignée agitée frénétiquement par quelqu'un ou quelque chose à l'extérieur. Je tourne la clef tout doucement dans la serrure prêt à faire face. Une sacrée montée d'adrénaline que je n'ai pas eu depuis un paquet de temps. Je me sens invincible prêt à assommer un Troll s'il le faut. — C'est Jim idiot, pas la peine d'exploser tes vêtements en te transformant en Hulk mon gars. Désolé pour le dérangement en pleine nuit, mais là tu as dépassé les bornes, tu as fichu le bordel, tu es convoqué d'urgence. Et j'ai à peine le temps de réaliser tout ça qu'une lumière éblouissante irradie la rue . Jim me tire dehors sans ménagement et je me sens attiré vers le haut, je m'envole carrément. Puis je perds connaissance. Lorsque je reprends connaissance je découvre une vaste salle sphérique au milieu de laquelle des silhouettes que je distingue encore mal s'affairent autour de ce que j'imagine être à première vue un corps allongé sur une table d'opération. Mon regard dérive, attiré par les parois de la salle qui sont bleutées et transparentes. Au travers de celles-ci il fait sombre et j'aperçois de minuscules points de lumière qui scintillent faiblement. A un moment surgit soudain une énorme boule au delà des parois et je mets un instant à comprendre qu'il s'agit de la lune. Je la vois s'éloigner à grand vitesse jusqu'à ce que prenne conscience simultanément de deux choses. Je suis dans un vaisseau spatial, et le corps allongé sur la table c'est le mien. Mais je ne suis pas dans mon corps, par un phénomène que je ne m'explique pas, j'ai réussi à m'évader de celui-ci et je me tiens là à distance en train d' observer toute la scène. Je n'éprouve pas de peur vraiment, juste de la curiosité au début. Mais lorsque je vois tout à coup que l'on m'enfonce dans les narines un objet métallique je me révolte. Je ne peux retenir mon exclamation — Mais qu'est ce que vous êtes en train de me faire, arrêtez ! Mais c'est comme dans un rêve où l'on tente de courir et ou on s'aperçoit avec stupeur qu'on fait du surplace. Personne ne semble entendre. Je vois l'objet qui ressemble à une espèce d'aiguille ressortir de mes narines avec au bout un tout petit morceau de métal. Je me concentre pour zoomer sur celui-ci et je parviens à obtenir une vision claire tout à coup comme si je m'étais transformé en microscope. C'est un tout petit bout de métal sur lequel j'aperçois des caractères, comme une inscription mais je n'arrive pas à déchiffrer ceux-ci. A peine ai-je terminer mon examen que je me sens tout à coup aspiré par mon corps. Je me retrouve désormais dans ce corps. J'entrouvre les paupières et j'aperçois nettement les êtres qui m'entourent. Ils sont vêtus d'un uniforme sombre avec un sigle clair sur le coté gauche de la poitrine. — Tout va bien me dit une voix d'homme en français avec un léger accent. — Il s'est réveillé, il ne faut plus tarder nous avons déjà un bon quart d'heure de retard dit une autre voix qui soudain m'est familière. Des yeux je cherche son propriétaire et j'aperçois Salvador, moustaches au beau fixe. Puis son image si je peux dire s'évanouit pour laisser la place à un personnage étrange, un être avec une tête plus grosse que le corps qui parait malingre. Je ne peux détacher mon regard du sien, un regard d'un noir profond et légèrement humide. — La reine désire te parler en toute urgence me dit-il. Mais ses lèvres ne bougent pas. D'ailleurs il possède une bouche sans lèvre. Il échange avec moi par télépathie. Au moment où je finis de traiter l'information je sens une secousse qui provient je l'imagine du vaisseau tout entier. Il s'est mis à accélérer et il m'emporte à une vitesse supraluminique vers l'inconnu.|couper{180}

convocation d'urgence.

import

Notule 2

Mes cours s’arrêtent demain. Les vacances.. raison de plus pour mettre les bouchées doubles. En plein travail à l’atelier Mon programme est de revenir sous chaque soleil dessiner et peindre ce qui peut remonter dans mon souvenir. Le premier soleil, l’âge d’or, hyperborée il y a de ça quelques centaines de milliers d’années. Une paille à côté des 4 milliards d’années d’existence de la Terre soi disant. Une petite esquisse, puis un encrage au feutre et la recherche des couleurs …|couper{180}

Notule 2

import

Un peu plus loin dans la matière.

Jim et moi avons traversé les quatre soleils précédents pour nous retrouver dans cette époque ci , celle du cinquième soleil. Il possède une bien meilleure mémoire que moi et, assez rapidement, bien que nous soyons d’une égalité d’âme parfaite à l’origine, il s’impose comme instructeur afin d’accélérer ma prise de conscience. Cependant je ne suis pas vraiment du genre à accepter facilement un maître ou un guru quel qu'il soit. À l’âge de quarante ans je suis prisonnier de mon propre désir d’explorer la matière, notamment par l'intermédiaire des relations physiques. Je me souviens comme elles prennent une grande place dans le périmètre de mes préoccupations du moment. Un jour où j'arrivais au travail après une nuit agitée, Jim me fit une réflexion qui me vexa. — Tant que tu seras dominé par le reptile entre tes jambes tu n’arriveras pas à te souvenir. Quelque chose dans ce goût là. Je haussais les épaules, et nous nous enfonçâmes dans la journée de travail sans pratiquement plus échanger un mot sauf pour les raisons du métier. Il n’y avait d’ailleurs pas que les femmes qui nourrissaient l’appétit du reptile. L’absorption d’alcool me crevait également. Mais j’avais une vigueur t’elle encore à l’époque que je ne comptais pas mes dépenses d’énergie dans aucun domaine. J'étais l'homme de tous les excès. —tu es un guerrier qui se bat contre des fantômes me dit ce soir là Jim le jour où tu te battras contre des choses réelles, la source même de toutes tes fantasmagories, alors tu auras fait un grand pas vers ta mémoire. Je haussais les épaules de nouveau en lui répondant que c’était ma vie et que tout ça ne regardait que moi. Je n’avais pas de leçon à recevoir de lui, puisqu’il ne cessait de dire que nous étions égaux à la base en tous points. Peut-être que ma quête en cette vie différait t'elle de la sienne. Et aussi, désormais que j'écris ces lignes , est-il plus juste de dire que nos chemins sont différents pour atteindre chacun à un but spécifique que nous nous sommes fixés Hyperborée -100 000 ans Jim et moi sommes installés au haut d' une colline. Un paysage verdoyant dont chaque élément semble produire sa propre lumière, d'une intensité douce et radieuse. Nous sommes à la fois male et femelle chacun de nous, et désirons expérimenter quelque chose, mais nous nous traversons si je peux dire sans jamais vraiment parvenir à nous toucher réellement. Nous n'y prêtons pas une attention soutenue, nous en avons fait une sorte de jeu si je peux dire. En fait nous sommes de purs esprits. Tout autour de nous n'est qu'esprit. Sommes nous vivants, sommes nous morts ? nous ignorons tout de ces concepts. Pour obtenir le nécessaire il nous suffit d'imaginer la plénitude en continue, ainsi se règle la satiété comme la faim, la soif, le désir. Nous pouvons nous rendre d'un point à l'autre de la planète juste avec le désir de nous y rendre. Nous pouvons également nous rendre sur de nombreuses autres mondes. La notion de bien et de mal n'existe pas sur la Terre appelons là ainsi car pour l'instant son nom hyperboréen ne me revient pas. Nous passons notre temps à étudier l'Energie, à la manier par l'esprit. Ce n'est pas difficile, cela se fait naturellement. Déjà à l'époque que j'évoque nous avons perdu un peu de cette connaissance qui nous était instinctive en arrivant au monde. Nous ne naissons pas comme les hommes et les femmes d' aujourd'hui. Chaque naissance consiste à briser la coquille d'énergie qui entoure notre âme, notre esprit. Pour ce faire il me semble que c'est la simple curiosité de vivre de nouvelles expériences qui nous pousse. Sur Hyperborée tout le monde est hermaphrodite tout le monde peut s'enfouir dans la terre et pondre un œuf. Rien à voir avec les œufs de poule, on ne peut pas faire d'omelette avec. C'est un œuf énergétique. Au lieu d'une coquille de calcaire ces œufs là s'entourent d'une pellicule d'énergie assez simple à traverser. Nous voyageons dans les étoiles à la rencontre d'autres peuples. Mais ces peuples sont souvent beaucoup plus évolués que nous le sommes. Ils possèdent d'étranges machines permettant d'utiliser le prana, l'Energie primordiale. Grace à ces machines ils peuvent créer des satellites plus gros encore que notre Lune afin d'influer sur l'évolutions de milliers de planètes, créer des atmosphères propices à la vie sous toutes ces formes. Nous en avons même rencontré qui était capables de créer des soleils, des constellations, et même des galaxies. Ces derniers si j'ai bonne mémoire portent un nom dont la traduction la plus proche est Initiateurs. Ils sont encore plus puissants que tous les dieux jamais imaginés ici sur terre. De temps à autre il arrive aussi que nous découvrions des mondes étranges d'une densité beaucoup plus lourde que tout ce que nous n'avons jamais connu. Sur ces mondes males et femelles sont distincts c'est surtout cette particularité dont j'arrive à me souvenir. Comme si cette distinction appartenait à un désir que je tente déjà d'entretenir en secret à l'époque d'Hyperborée. La fascination pour la sexualité me préoccupe de plus en plus, je veux dire cette séparation que j'ai pu observer . Cette distinction visible qui s'établit ainsi entre male et femelle, me renvoie à une confusion, une étrange nostalgie alors que je me croyais ici même dans un monde parfait. D'ailleurs l'être que je nomme Jim me mets en garde exactement comme ce jour là sous le cinquième soleil. Il a perçu cette nostalgie au fond de moi. La nostalgie qui est un sentiment inconnu ici sur Hyperborée. — Tu ne devrais pas t'attarder sur cette vibration basse m'informe t'il en pensée, car ici sous le 1er soleil, nous n'avons pas de cordes vocales, nous communiquons essentiellement par télépathie. Encore que ce mot soit inexact, car il fait référence à la pensée alors que nous ne faisons guère qu'échanger des émotions, des sentiments. Le cœur est plus important que l'esprit si je peux dire les choses ainsi pour tenter d'être clair. Ce n'est encore qu'une légère ombre au tableau. Juste une émotion, peut-être pas même encore un sentiment, mais déjà mon désir est là dans son état primordial : Aller un peu plus loin dans la matière.|couper{180}

Un peu plus loin dans la matière.

import

1.Notule 1

Notule comme Nautilus le vaisseau submersible du Capitaine Némo, héros de l'enfance. La notule c'est une idée qui passe comme une anguille électrique et qui très vite disparait dans les abysses. Pourquoi pas note tout simplement ? A cause de canule aussi ( allez donc voir sur Google) Non mais notule c'est bien ça fait aussi penser à rotule à une articulation, à des assemblages cartilagineux qui eux mêmes évoquent Carthage, et quelques guerres Puniques Punique comme pugnace et toute la sainte clique des mots en nique. Belle panique ! Donc une nouvelle catégorie qui n'est toujours que le prolongement de quelque chose d'autre un raffinement comme on fabrique des scoubidous à partir de résidu de pétrole Le fameux pet de Troll. qui d'ailleurs vient à manquer depuis qu'on ne croit plus aux Trolls. Comment ça marche ? et bien je crois que je vais numéroter. Notule 1 Notule 2 et comme ça comme Opalka jusqu'à la fin ça me détend d'énumérer.|couper{180}

1.Notule 1

import

Demander

Que demander ? Qui demande ? On peut passer une vie sur ces deux questions qui n'en font qu'une probablement. Jusqu'à se réveiller et se demander bon sang qu'est-ce que je voulais demander ? tout est là.|couper{180}

Demander

import

Une toute autre réalité.

Lorsqu'on est habitué à vivre dans un certain décor, en ayant mis en place des habitudes, il est toujours difficile d'en changer. On a du mal à changer cela comme on a aussi du mal à changer notre façon de penser. Pourquoi changer d'ailleurs ? La plupart des personnes ne pensent pas à changer de vie, ils préfèrent subir, se plaindre, accuser tout un tas de choses extérieures à elles-mêmes. Ce n'est évidemment qu'une manière de renforcer la peur, et... de ne jamais rien changer. Immaturité et irresponsabilité sont des mots appartenant au vocabulaire de notre époque, et qui la désigneront sans doute le mieux à l'avenir s'il existe toutefois encore des êtres susceptibles d'appartenir à un avenir tel qu'on puisse l'imaginer. Car les dieux sont ponctuels, ils reviennent à périodes fixes pour tout changer ici sur notre planète. Comment changer cela ? Cette perpétuelle répétition de la catastrophe et du cataclysme ? Que veulent donc les dieux ? Le vieil indien avec lequel je travaille parle peu. Je l'appelle l'indien, mais en réalité je ne sais pas s'il est indien vraiment. Aussitôt que je l'ai vu j'ai pensé à un vieux chef sioux. Il est vêtu comme tout le monde, pas de plume, pas de colifichet aucune amulette. Juste un jean impeccable et une chemise à carreaux rouges et noirs. Il porte les cheveux longs réunis à l'arrière par un chouchou. Il 'en impose. Pourtant aussitôt que nos regards se sont vraiment rencontrés nous avons pleuré. Comme si un voile se déchirait tout à coup et que nous ayons gagné l'accès à une toute autre réalité. Jim est à priori Indien mais tout un tas d'autres choses que je ne parviens pas à distinguer. Je sais que je le connais depuis toujours. Que nous avons mené beaucoup de guerres ensemble à la fois ici sur cette planète mais aussi dans d'autres mondes. Est-il possible de retrouver des âmes frères comme des âmes sœurs ? — Oui c'est possible me dit une voix qui m'est désormais familière. Maria est revenue et assiste en silence à ces retrouvailles, visiblement très émue elle aussi. — Il y a encore beaucoup de personnes que tu vas retrouver me dit-elle, Car on ne peut changer la réalité seul, il faut beaucoup d'âmes, beaucoup de cœurs, beaucoup d'amour pour que cela fonctionne. Jim ne resta pas, il n'avait pas suffisamment de temps lorsque nous achevâmes la journée de travail ce jour là. — Nous nous reverrons bientôt, on prendra le temps. Et il disparut en me faisant un petit signe de main.|couper{180}

Une toute autre réalité.

import

Une pièce de plus

Journée de Pâques, bonnes Pâques ! Pas vue de cloche ? ni de lapin ? Du coup je me suis demandé où pouvait bien être passé Quetzalcoatl Acrylique et collages sur bois 20x20cm|couper{180}

Une pièce de plus

import

Sous cloche.

— Ce qui est stupéfiant c'est de constater à quel point les gens dorment profondément alors qu'ils se croient réveillés. — Oui mais c'est seulement stupéfiant lorsqu'on se réveille soi-même et qu'on le constate. Donc c'est là-dessus que tu dois travailler. Tu ne peux pas changer le monde en descendant seul dans la rue avec une pancarte pour protester. Maria s'est redressée, son visage est un peu plus dur que d'habitude. Il ne lui manque qu'une armure et un casque pour qu'elle ressemble à Athéna la déesse de la Justice. — J'ai envie de les secouer pour qu'ils se réveillent. — Surtout pas réplique t'elle. Tu ne peux pas interférer ainsi brutalement dans la vie que chacun s'est choisi de vivre. — Que faire dans ce cas ? je ne supporte pas cette passivité, cette impuissance. — Il y a plus d'une façon de lutter me dit Maria. Et parmi toutes l'une des plus difficiles est de lutter avec élégance, en s'effaçant à chaque fois afin de ne pas se laisser envahir par la vanité ou l'orgueil. En mettant de coté ton petit égo. — C'est pour cela que j'ai toujours voulu être artiste. Mais quelque chose m'en a toujours plus ou moins empêché. Je me suis mis les bâtons dans les roues tout seul sans vraiment savoir pourquoi. — Sans doute parce que tu ne prends pas les choses dans le bon ordre. On n'a pas à "vouloir" quoique ce soit, on l'est ou on ne l'est pas. Si tu te sens artiste sois-le et voilà tout. Puis elle me tourna le dos et sorti de la maison sans un mot de plus. Je me retrouvais seul à me demander ce qui pouvait bien clocher encore. Qu'avais je dit ou fait pour contrarier mon ange gardien, pour le pousser tellement à bout ? Alors je me centrais sur moi-même pour écouter les battements de mon cœur. Je remontais le fil des événements et je n'eus guère à aller chercher bien loin. Je me revis la veille au soir en train de faire le pitre. Des amis étaient venus pour diner et ils désiraient visiter l'atelier, voir mes derniers tableaux. La série Révélations les étonna. La femme dit je n'aime pas du tout, l'homme dit on dirait de la BD. Comme ça m'agaçait j'ai lâché quelques mots notamment celui d'abduction en indiquant sur l'un des petits formats la scène ou un extraterrestre est en train d'opérer sur une silhouette allongée. Et j'ajoutais que cela m'était arrivé que cette série relatais ma propre histoire, ce dont j'étais parvenu à me souvenir. J'ai vu la mâchoire de l'homme se modifier comme s'il serrait les dents fortement. Il n'osait pas rire je le voyais. La femme m'a regardé et elle m'a dit — Tu déconnes là. Je n'ai pas répondu à la question j'ai dis aller on va boire un coup, on va prendre l'apéro. Ils avaient apporté un jeu de société et nous avons joué un peu tout en buvant l'apéro. De temps en temps ils me regardaient bizarrement. D'autant que c'était un jeu où il fallait dire un mot et trouver la carte qui correspondait le plus à ce mot — Abduction j'ai redis le même mot. Et je les ai vu se décomposer aussitôt. Du coup ils m'ont demandé ce que ça pouvait vraiment vouloir dire. Et je leur ai raconté qu'à l'âge de 8 ans je me suis fait enlevé par les gris tout à fait sérieusement. Plus je racontais l'histoire plus je les voyais s'enfoncer dans le canapé où ils étaient assis ne sachant plus s'ils devaient rire ou bien se mettre en colère d'avoir à écouter de telles inepties. Je les voyais tellement mal à l'aise que j'ai eu honte. Alors j'ai fait une plaisanterie et ça a détendu un peu l'atmosphère. Néanmoins ils voulaient soudain en savoir plus. Alors j'ai continué ; j'ai dit qu'en ce moment j'étais pas mal dans le sujet parce que j'écris ce roman et que les tableaux que j'ai envie de peindre sont en lien avec toutes ces idées qui m'occupent toute la journée et la nuit. — tu déconnes a encore dit la femme lorsque je lui ai dit que mon vrai corps était quelque part sur une planète de la constellation d'Orion que j'avais découpé mon âme en plusieurs morceaux pour remplir plusieurs missions en même temps dont une sur cette terre. — Et c'est quoi au juste ta fameuse mission me demande l'homme en rigolant. — Aider les gens à se réveiller car vous avez tous été mis sous cloche. Vous dormez et vous ne vous en rendez pas compte. — Ah ouais a dit la femme et toi t'es éveillé, t'es un peu comme Bouddha ou Jésus n'est-ce pas... sur un ton ironique. — Oui c'est la raison pour laquelle il ne faut pas vous étonner outre mesure si je traverse la pièce en lévitant j'ai dit en clignant d'un oeil. On est tous parti dans un sacré fou rire. Mais j'ai tout de suite senti au fond de moi je n'aurais pas du raconter ces choses. J'avais enfreint quelque chose d'important sans faire vraiment attention. C'est pour cela que ce matin les mots ne sont pas venus comme d'habitude et que Maria probablement me boude. On ne plaisante pas avec la source de la création. Sinon on ne fait pas avancer les choses et au lieu de libérer les gens sous cloche, on les renforce encore plus dans leur croyance en leur réalité. Ils s'y endorment encore plus profondément.|couper{180}

Sous cloche.

import

Tout ira bien

— Parfois je me sens fatigué comme si j'avais passé ma vie toute entière à me battre. A ce moment là je suis envahit par un tas d'images de champs de batailles. Ce qui revient le plus souvent ce sont tous ces corps gisant dans la boue. Je suis seul et je vois tous ces corps parmi lesquels je peux identifier des hommes jeunes et vieux, des femmes, et des enfants. — Laisse venir ces images, ne les fuis pas me dit Maria. Ce que tu vois n'est pas une illusion, tu as vraiment vécu toutes ces scènes et pas seulement dans cette vie sur cette planète mais dans bien d'autres mondes également. La guerre est semblable partout, désolation et morts forment toujours son décor. Il faut que tu sois attentif, que tes émotions ne prennent pas le dessus. Il ne faut pas te laisser submerger par celles-ci. Centre toi et peu à peu tu parviendras à découvrir quelques indices qui te mèneront vers des pans entiers de ta mémoire. — Mais quel cauchemar de se souvenir de tout dis-je soudain à Maria. — Seulement si tu t'attaches aux émotions que tu as associées avec ces souvenirs dans toutes tes existences passées pour les revivre. — Mais comment pourrais-je être sans émotion face à de tels désastres ? c'est inimaginable. — Souviens toi que ces morts que tu vois, tout comme toi, avez choisi de vivre ces événements. Cela fait partie intégrante du jeu si je peux dire .... — Un jeu ? Mais qui peut-être aussi dépourvu de cœur pour créer un tel jeu ? — La conscience utilise les émotions pour apprendre en projetant des personnages, des scènes de vie et de mort dans la matière. Mais elle se situe au delà des émotions ordinaires. — Tout cela me parait être d'une froideur inimaginable dis-je. — Détrompe toi sourit Maria dans très peu de temps tu comprendras mieux ce que j'essaie de te dire. Février 1967. Vallon en Sully, Allier. Je n'ai pas vu mon père durant plusieurs jours et j'appréhende son retour. C'est vendredi, je reviens de l'école à pied comme tous les après-midi et de loin j'aperçois son véhicule garé sur le talus devant notre maison. Ma gorge se serre. Je ne sais pas ce qui me tombe dessus à ce moment là, est-ce la colère ou bien la peur, les deux en même temps. Bref je n'en mène pas large et plus j'avance plus je cherche un moyen d'aborder la situation au mieux, moins j'y arrive. Lorsque je monte l'escalier de pierres qui mène à notre étage, je suis vaincu totalement je m'attends à tout. Je pousse la porte et me retrouve dans la cuisine, mon père est là assis à la table, il m'attend. Devant lui est posé le carnet de notes qu'il doit signer. Ce trimestre a vraiment très mal commencé, je n'ai la moyenne nulle part sauf en français. Les mauvaises notes se sont accumulées rapidement ainsi que les commentaires de la directrice de l'école, rédigés au stylo bille rouge. Je n'arrive pas vraiment à expliquer pourquoi j'ai décroché. Je crois que l'école ne m'intéresse pas, je n'arrive pas à m'intégrer vraiment, j'ai la sensation de toujours être à coté de la plaque en toutes choses. Même un simple jeu avec mes camarades me demande de produire une tonne d'efforts pour faire semblant d'être comme tout le monde, d'être "normal". je suis perpétuellement mal dans ma peau, mal à l'aise avec les autres. Toutes ces choses que l'on essaie de me mettre dans la tête, le calcul, l'histoire, la géographie, je n'y crois pas un seul instant. Et comme je n'y crois pas je lutte pour que tout ça ne s'installe pas dans mon crâne. Je me suis inventé mon propre monde, en phase avec la nature surtout. La plupart du temps tout ce qui fait l'objet de l'agitation de mes camarades ne m'intéresse guère. J'y participe le moins possible, mais j'y participe cependant car j'ai vu ce qu'ils faisaient aux parias. Ils les battent, leur crachent dessus, les insultent en font des esclaves. Je ne tiens pas à me retrouver dans cette position. Les enfants tels que je les connais alors que j'en suis moi-même un , sont sans pitié la plupart du temps ici dans notre campagne. Ils peuvent tuer des oiseaux et tout un tas d'autre animaux sans aucun remords ni regret , comme si c'était aussi naturel que de respirer. Ce qui n'est pas mon cas. Quelque chose au plus profond de moi s'y refuse. D'ailleurs je crois que je me suis mis à la pèche pour m'entrainer à tuer quelque chose dans mon coin. Pour essayer de rejoindre de cette façon le groupe si on veut et aussi mon père qui adore la pèche. Mais foncièrement cela me fait un mal de chien d'avoir à ôter la vie à quoi que ce soit, même à un simple insecte un asticot, un gardon ou une ablette. Mais c'est à ce prix apparemment que l'on devient grand, que l'on devient adulte, par l'exercice du meurtre. Je viens d'avoir sept ans le mois dernier. Je crois que j'ai un peu plus de plomb dans la cervelle. Ces idées sur le respect de la nature sont nouvelles. Avant cela je crois que je ne respectais pas plus les choses que mes congénères pour être franc. Je devais tuer ou détruire tout un tas de choses autour de moi sans même m'en rendre compte. C'est cette année qu'il se passe quelque chose de nouveau. Le fait d'avoir atteint ma septième année semble être comme le signal d'une nouvelle vie, plus raisonnable si je peux dire. Cependant je cache ce changement, je le garde pour moi. En apparence dans la vie de tous les jours je crois que je fais l'idiot ou l'abruti pour éviter d'attirer trop l'attention. Pour rester dans la case irrécupérable dans laquelle mes propres parents m'ont collé. — Qu'est ce que tu as encore fichu me dit mon père en guise de bienvenue. tu as vu tes notes ? Et tu crois peut-être que ça va durer comme ça ? Je vais t'apprendre la vie moi mon petit père. Et il se lève, retire sa ceinture m'attrape par le colbac et me pousse contre la machine à laver. Ma mère est là dans un coin de la cuisine. J'ai le temps d'apercevoir son visage. Elle est d'accord avec lui, ils sont complices ça ne fait pas un pli. — Pas la tête... elle dit juste à mon père qui s'emballe et y va de bon cœur à force de me taper et me fouetter. Je me laisse glisser au sol et il continue de s'acharner. Et là je m'évanouis, je sors de mon corps et je marche quelques pas pour voir le spectacle. Je n'en veux à personne, je n'éprouve pas d'émotion, je suis juste un observateur de la scène. quelques temps plus tard alors que je me suis trainé jusqu'à la chambre que je partage avec mon jeune frère, mon père m'appelle. Je reviens à la cuisine et je vois qu'il a pris un grand bout de carton sur lequel il a écrit en gros au feutre noir " Je suis un cancre " — A partir de maintenant je veux te voir tout le temps avec cette pancarte sur le dos. Me dit-il. Quelle honte j'éprouve alors, je m'imagine déjà effectuer le chemin à pied lundi prochain pour me rendre à l'école, devenir la risée du village tout entier, de tous ces gamins sans pitié... je pleure à chaudes larmes ce qui évidemment a don d'agacer mon père immédiatement qui me colle une nouvelle baffe. — Arrête de pleurer c'est trop facile dégage dans ta chambre je ne veux plus te voir de la soirée. J'ai du porter cette pancarte durant deux semaines. Je suis devenu la risée du village et de l'école comme je l'avais prévu. Et puis une fois que j'ai eu à traverser tout cela, un soir que je rentrais à nouveau vers la maison, je me suis arrêté au milieu du grand pont qui enjambe le fleuve, le Cher. J'ai posé mon cartable et je me suis défait de cette maudite pancarte. Puis je l'ai envoyée dans le fleuve. Je l'ai suivie un instant, le courant était fort et il y avait des nappes de sang à la surface des eaux, parce que les abattoirs à cette époque étaient à coté. Lorsque je suis rentré à la maison je m'attendais à recevoir une nouvelle dérouillée. J'ai de nouveau aperçu la voiture de mon père qui était rentré plus tôt, mais cela ne m'a rien fait de spécial ce coup là. J'ai monté l'escalier d'un pas léger et j'ai poussé la porte d'entrée. Mon père était encore là assit à la table, on aurait dit qu'il m'attendait. Quand il a vu que je n'avais plus la pancarte sur le dos il m'a sourit et il a juste dit bravo petit. ça m'en a bouché un sacré coin. J'avoue que je n'ai rien compris au film ce jour là. Je repense régulièrement à cette scène de mon enfance, à ce monstre d'homme qui me terrorisait jadis. Il fut un véritable salaud dans mon esprit durant des années. A chaque fois que je tombais sur les termes pervers, sadique, cruel, tyran, je ne pouvais m'empêcher de penser à lui de façon automatique si je peux dire. Il représentait certainement tout ce que je détestais le plus au monde. Mais c'était trop facile de me considérer ainsi comme une victime. C'était inacceptable, preuve que sa façon de m'éduquer malgré tout avait tout de même porté quelques fruits. Des années plus tard je ne le vois plus comme ce salaud qui hanta mon enfance. Il m'a certainement appris énormément de choses sans peut-être en être véritablement conscient lui-même. En tous cas j'aime cette idée d'avoir su tirer un essentiel de toutes ces expériences. J'aime à me dire que c'était sa mission de me torturer ainsi pour que je devienne l'homme que je suis désormais. En réalité tout va bien, tout a toujours été très bien, et forcément tout ira bien. Il suffit juste de regarder les événements s'emboiter les uns les autres, avoir la vision de l'aigle qui voit les choses de haut, et ne pas s'attacher à toutes les émotions qui nous empoisonnent souvent l'existence. Mais je conserve envers et contre tout un dégout profond pour le meurtre ; que ce soit celui d'un autre de mon espèce comme de n'importe quelle espèce. Et parfois il me vient à l'idée que si j'ai choisi cette existence c'est justement pour me défaire d'une soif inextinguible de sang, pour apaiser mon karma, rééquilibrer une énergie fondamentale souillée par des centaines, des milliers de massacres dont je fus l'un des acteurs principaux.|couper{180}

Tout ira bien

import

Un nouvel ami

Salvador Dali et Federico Garcia Lorca Très peu de temps après avoir trouvé cette chambre d'hôtel, rue des Poissonniers dans le 18 ème arrondissement de Paris, je fis la rencontre de Salvador. Cela se produisit à la bibliothèque du centre Georges Pompidou que l'on appelle aussi Beaubourg. A cette époque comme je l'ai déjà dit, j'étais seul et je venais souvent me plonger ici dans la lecture. Lire me permettait de fuir la réalité qui ne me convenait pas du tout. Une année auparavant en 1988 j'avais même entrepris de partir de France pour m'installer au Nord du Portugal, dans un village nommé Célorico do Basto. Je revenais tous les 6 mois en France environ pour travailler, refaire un pécule et repartir le plus rapidement possible. J'avais trouvé une maison en location, très peu chère et sans confort dans la foret qui borde le village. J'y étais heureux car personne ne me dérangeait et je pouvais me consacrer tout entier à ma passion, l'écriture. De temps en temps je dessinais aussi, mais je peignais pratiquement pas étant donné le cout du matériel, j'avais décidé d'en faire l'économie et de me rabattre sur des moyens minimalistes. Donc c'est en 1989, l'hiver de cette année là que je rencontrais ce jeune homme efflanqué et qui alors était imberbe. Il n'avait pas encore laissé poussé ses célèbres moustaches dont j'aime à m'amuser de temps en temps au cours de mon récit. En fait je l'appris bien des années plus tard, c'était son âme qui avait choisi de m'apparaitre ainsi à l'époque. En ayant pratiquement le même âge il y avait plus de chances que l'on puisse sympathiser. J'étais appuyé contre la rembarde à contempler la ville qui s'étendait au loin lorsqu'il m'aborda. — Mon cher ami cela fait plusieurs fois que je vous vois ici à piocher par ci par là des ouvrages de toutes catégories, j'ai décidé qu'il était urgent que je vous entretienne de ma méthode dont, croyez-moi, bien des artistes à venir ne tariront pas de louanges. J'avais l'habitude d'être abordé ainsi par un tas de types loufoques et donc je m'apprêtais à botter en touche comme d'habitude sur un ton assez sec lorsque quelque chose, appelons ça le destin, m'en empêcha. Car au fond de son regard dans lequel je plongeais je ne vis pas un fou bien au contraire. Je vis quelqu'un de particulièrement intelligent, encore que ce mot aujourd'hui ne signifie plus grand chose. Mieux vaudrait dire "éclairé". Il y avait une lumière tout au fond de ce regard qui m'inspirait confiance. Et du coup je me détendis en lui demandant — Et quelle est donc cette fameuse méthode ? — C'est la méthode paranoïaque Critique dont je vais vous exposer les rouages sans plus attendre car notre rencontre voyez-vous n'est pas dû au hasard. D'ailleurs il n'y a pas de hasard. L'homme bien que s'exprimant un peu pompeusement me plu tout de suite, je le trouvais à la fois amusant et en même temps derrière cette façade que n'importe qui aurait pu considérer comme étant du flan, de la folie ou je ne sais quoi, je sentis qu'il y avait quelque chose qui m'était personnellement adressé. De plus il était l'une des très rares personnes que j'ai eu à connaitre sur cette terre qui ne croyait pas au hasard. — Et pourriez vous la résumer en quelques mots cette méthode je demandai. — Il s'agit ni plus ni moins d'une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes. Mon premier réflexe évidemment fut celui d'un nigaud, je me mis à rire. Puis voyant que j'avais vexé mon nouvel ami, je me repris vite. Et je lui demandais plus de détail si possible avec les mots les plus simples qu'il puisse trouver dans l'instant. — Imaginez, mon cher ami que vous ayez un oignon dans la tête, c'est à dire comme on le dit chez nous, en catalogne, une obsession, une idée fixe. Ainsi par exemple vous êtes Narcisse et vous ne voyez jamais autre chose que cette fleur qui porte le même nom, et vous dissertez alors sur elle si vous êtes poète, vous en faites un roman si vous êtes écrivain et vous pouvez aussi tout comme moi en faire un tableau évidemment . Cela ne me paru pas évident à comprendre et ça ne s'arrangea guère pas la suite lorsqu'il commença à faire référence à tout un tas de personnes visiblement des savants comme Lacan ou Clérambault sur la paranoïa. Puis il me perdit complètement lorsqu'il évoqua la figure de style que l'on appelle syllepse. Depuis lors j'ai appris évidemment ce qu'était cette figure de style dont l étymologie remonte au grec et qui signifie "Prendre ensemble, embrasser ( un sujet en général mais ça doit aussi fonctionner pour un être) et bien sur comprendre.". Cette figure de style est particulière car elle s'attache bien plus à la pensée qu'à des règles grammaticales. C'est à dire qu'un mot utilisé dans une phrase peut avoir tellement de couches de sens accumulées justement telles les couches d'un oignon que tout à chacun s'en fera une lecture absolument personnelle. Ce jour là nous parlâmes durant des heures aussi de la photographie et du cinéma. Salvador avait mon âge ou à peu près mais j'étais stupéfait par la quantité de connaissances qu'il possédait dans ces domaines. A coté de lui je n'étais qu'un ignare. Même si j'avais déjà pas mal roulé ma bosse en tant que photographe dans une autre vie, je comprenais tout à coup à quel point je n'avais exercé cet art qu'en dilettante. Salvador était peintre mais il s'intéressait à tout, et quand je dis tout c'était vraiment tout. Il me parla de trois étapes incontournables à la réalisation d'une œuvre digne de ce nom et qui curieusement utilisait le même processus que la photographie, et donc que je connaissais. La prise de vueLe passage au révélateurLa fixation dans une œuvre J'en restais baba. C'est comme si ma calotte crânienne venait de s'ouvrir comme la corolle d'une fleur. Aussitôt et sans doute jugeant que j'étais absolument pret à être "ensemencé". Salvador précisa encore un peu plus sa méthode. Mon bon ami, ma méthode est véritablement extraordinaire ! Elle se veut toutefois un dépassement du procédé passif de l'écriture automatique, qui n'est que du mentisme, une simulation du petit automatisme mental à partir d'hallucinations hypnagogiques. Elle se veut plus encore un dépassement de la technique de décomposition et recomposition d'images, technique également inventée par les surréalistes et que Moi j'ai moi-même pratiquée, mais qui n'est à mes yeux que de l'escapisme, une invitation aux fantasmes. À une divagation d'idées en idées que propose le surréalisme à partir d'un fantasme ou de quelque chose qui révèle ce fantasme, ma méthode de paranoïa critique ajoute une interprétation, un système interprétatif expliquant le déplacement de sens d'une idée obsédante à l'autre en « un ensemble cohérent de rapports systématiques et significatifs Sur quoi il extirpa de la poche de son pantalon une montre à gousset, consulta l'heure et me dit : On bavarde, on bavarde mais c'est l'heure, un Gala m'attend quelque part il faut que je m'y rende en toute urgence. Et il disparut ainsi de mon champs de vision, exactement comme il y était apparut. Je restais encore un moment dans la bibliothèque à picorer dans quelques livres par simple curiosité ou désœuvrement. Je trouvais quelques bouquins sur Lacan, puis sur Clérambault mais l'épaisseur des discours que j'y trouvais me renvoya à mon idée fixe c'est à dire à mon manque d'instruction, et je laissais tomber. Ce soir là lorsque j'allumais le petit transistor qui me tenait compagnie dans ma chambre d'hôtel, j'appris la mort d'un peintre célèbre que je ne connaissais que par la publicité dont il avait été l'acteur pour vanter les délices du chocolat d'une grande marque. Il s'appelait Salvador Dali. Je trouvais cela insolite que ce grand peintre porte le même prénom que mon nouvel ami. Puis je passais à tout autre chose en l'occurrence l'épluchage des oignons et autres légumes pour confectionner ma soupe du soir. La métamorphose du Narcisse Salvador Dali.|couper{180}

Un nouvel ami

import

Tout est fait main dans l’instant

Encore deux petits formats 20x20cm acrylique et collages sur panneaux de bois. Ce sont des œufs cachés chut ! C’est mieux que les cloches et le tocsin|couper{180}

Tout est fait main dans l'instant

import

Le but et l’empêchement

On se fixerait un but, et celui-ci ne serait que la couche superficielle d'un oignon. Alors l'empêchement prendrait tout son sens. Il est probable que l'aide demandée ne vienne d'ailleurs qu'ainsi par tous les empêchements que l'on découvrirait sur un chemin. On tenterait de lutter contre ces obstacles, plus ou moins longtemps. Parfois une vie toute entière, cela n'a pas vraiment d'importance puisque le temps n'existe pas. La seule chose qui existe c'est le but réel que de vies en vies nous découvrons peu à peu. Le seul raccourci qui peut exister est de s'enfoncer profondément dans le cœur comme dans l'instant. Traverser l'épaisseur apparente des déserts et des silences, perdre même l'idée de tout but. Se confondre en silence comme autrefois on se confondait en excuse. Disparaitre des cartes. — Tu n'as pas à t'excuser d'être qui tu es, me dit Pablo alors qu'une fois de plus j'étais à deux doigts de le faire. Ce reflexe. Sitôt que je fais quoique ce soit, j'ai l'impression d'enfreindre des règles, de sortir d'un cadre, d'être une sorte de hors la loi. Souvent je pense que je ne suis qu'un idiot. Si je gratte la pellicule fine de mes pensées, de ma prétendue intelligence, je découvre toujours cette idiotie enfouie. Comme si je désirais la cacher perpétuellement aux yeux du monde. — C'est justement là qu'il faut aller me dit Salvador moustaches à 10h 10. — tout le monde fait semblant plus ou moins ajoute Maria qui beurre ses tartines. Chacun donc possède un avis sur la question. Mais grosso modo tout le monde est d'accord sur le fait que le mensonge soit nécessaire. — Pourtant cela fait plusieurs années que je montre mon idiotie au grand jour, je dis. — Ce n'est pas avec l'ironie que tu t'en sortiras dit Maria. Je sens qu'elle a raison. J'ai cette intuition depuis des jours déjà. C'est difficile d'imaginer voir le monde dépourvu de mon ironie habituelle. Cela me rend si vulnérable. Sans cette distance il faudrait que je me balade avec un chariot de kleenex. — tu n'es pas responsable de tout le malheur du monde me dit Salvador. Même Dieu ne peut endosser une telle responsabilité ajoute t'il. — D'ailleurs le malheur c'est une vue de l'esprit déclare Pablo. Bonheur, malheur tout ça ne sont que des mots, des pensées, la seule chose de vraiment réelle c'est l'action. Action, réaction, création ! C'est dans cette friction que la sève s'exprime. Une fois que le but est clair il n'y a plus d'empêchement qui vaille. C'est ce que j'ai compris en tous cas. D'ailleurs mon œuvre est là pour en témoigner. — Mais tu sais quand même qu'on ne dit pas que du bien de toi je réplique. — Quelle importance ce que les gens disent ? Que savent les gens de ma vie vraiment ? Que savent les gens concernant mon but réel ? Que comprennent t'ils vraiment qui ne soient pas directement relié à leurs petites aspirations personnelles ? Suisse 2001. Elle s'appelle Marie et je l'ai épousée. Je crois que je l'aime. L'amour me sauvera, voilà ce que j'ai pensé. C'était une erreur évidemment. Très peu de temps après notre mariage je me suis senti étranger à tout ce qui m'entourait. Encore plus que d'ordinaire ce qui n'est pas peu dire. J'ai fait semblant de ne pas comprendre mon erreur. Je me suis dit sois donc raisonnable. A la quarantaine il est temps de l'être, c'est ce que j'imaginais. C'est surtout ce que j'attendais plus ou moins, comme un déclic. La possibilité de devenir raisonnable comme un but en soi. Je travaillais dans un boite d'intérim et on me refilait des missions un peu partout dans le canton de Vaud. J'étais le français, le froussemard comme on dit ici. C'est à dire un fainéant doublé d'un râleur, pas très propre sur lui si possible. Bref un étranger. Je devais bosser deux fois plus pour leur prouver le contraire, mais ici, même si un français travaille deux fois plus, ce sera toujours bien moins que ce qu'effectue un ouvrier vaudois qui travaille normalement. J'ai posé des planchers, construit des murs, des charpentes, des toitures, par toutes les températures, et en mettant du cœur à l'ouvrage autant que je le pouvais. ça ne change rien ici, un français c'est un français et il faut forcément s'en méfier. D'ailleurs mon vieux break Nevada était encore immatriculé en France les premiers mois après notre mariage, je me faisais arrêter pratiquement chaque jour par la police cantonale. Contrôle d'identité s'il vous plait. chaque jour ça porte un peu sur les nerfs. Jusqu'à ce que je craque que je fasse homologuer mon permis de conduire en suisse et que je change mes plaques. Devenir comme tout le monde, normal. Cela peut aussi être un but comme tout un tas d'autres buts. Que voulais-je donc ? Etre heureux ? Etre sauvé ? Etre normal ? Sans doute voulais-je beaucoup trop de choses et c'est bien là que naissent la cohorte des empêchements. Qu'ils proviennent de l'extérieur, du quotidien, ou bien de l'intérieur, de ce sentiment de malaise d'être perpétuellement à coté de la plaque, peu importe. Je rapportais de l'argent mais pas suffisamment pour en être fier. J'avais laissé derrière moi un emploi plus prestigieux et il me semblait que de revenir dans ces boulots merdiques était une régression normale , le prix à payer si l'on veut pour atteindre à tous les buts que je m'étais fixés. Je ne rechignais pas vraiment mais je conservais malgré tout le souvenir, ou plutôt l'impression d'avoir été plus glorieux. En terme de fric je m'apercevais tout de même qu'en tant que simple ouvrier je gagnais pratiquement autant que lorsque j'étais cadre en France. Ce qui me permettait de constater que mon soucis ne provenait pas de l'argent mais plutôt de ma fierté ou de mon orgueil. Marie était à son compte et gagnait correctement sa vie. De plus nous habitions chez elle. Ma fierté se trouva mal placée rapidement car finalement je me retrouvais dépendant d'elle en grande partie sans même m'en être aperçu. L'amour comme on le sait rend aveugle. Je crois que c'est en raison de cette impression lancinante de dépendance que les choses se sont mises à péricliter. De plus à l'époque je n'étais toujours pas sorti de mon rêve de devenir un grand écrivain. C'était assez ridicule surtout si j'essaie d'adopter le point de vue de Marie qui est d'une nature simple et qui ne se prend pas la tête. J'écrivais toujours en secret sur de petits carnets que je planquais. Une année, deux années passèrent ainsi bon an mal an. Je rongeais mon frein en silence toujours animé par l'espoir de parvenir à devenir normal, heureux, sauvé. J'avais envoyé des CV un peu partout et tout à coup je reçus enfin une réponse pour retrouver une place semblable à celle que j'occupais en France. Le salaire était trois fois supérieur à ce que je gagnais exactement dans le même poste. C'était l'occasion de me dire qu'une partie du problème causé par ma fierté était réglé. Mais je me trompais. Comme nous avions soudain plus de ressources Marie décida d'acheter un vieux Ford, un camping-car pour que nous allions nous balader les weekend, nous rapprocher de la nature. A cette époque elle s'intéressait beaucoup à un genre de yoga , le Krya Yoga et à un sage qui l'enseignait .Elle a même décidé de baptiser le vieux Ford du nom de ce fameux Yogi. Quand j'y pense aujourd'hui, elle n'était peut-être pas si simple que je l'avais pensé à première vue. Une sorte d'élan mystique animait Marie et aussi, comme cela arrive chez certaines femmes qui désirent autant qu'elles en ont peur, être des magiciennes ou des sorcières, je ne cessais de me heurter à une sensation diffuse de toute puissance assez agaçante à la longue. Je n'avais pas le permis de conduire m'autorisant à conduire le véhicule. C'était donc Marie qui nous trimballait une fois de plus. Et bien sur je rongeais mon frein sur le siège passager. Nous nous rendions régulièrement dans la même clairière du coté de Moutier et là le scénario était toujours le même également. J'allais ramasser du bois mort, on faisait griller des saucisses ou autre et on regardait les étoiles avant d'aller se coucher. Je crois que deux ans après notre mariage, nous ne faisions plus l'amour. Je pense que ça venait surtout de moi. Je me trouvais beaucoup trop dépendant pour pouvoir être en mesure d'honorer ce rôle. Et évidemment ce genre d'impuissance peut être interprété par un manque d'amour. Ce qui n'est pas complètement erroné non plus. Peu à peu j'étais assailli par un tas de pensées négatives me concernant. Et comme j'écrivais, je finis par mettre tout ça sur le dos de mon imagination, puis sur l'écriture elle-même. Je m'en était ouvert à Marie et à la fin je me souviens que j'avais emporté tous mes carnets pour les bruler dans la clairière. C'était pour moi une tentative d'exorciser mes démons si l'on veut. Du moins en apparence car en réalité je ne voulais que prouver à Marie ce que j'étais capable de faire pour rester avec elle, lui prouver que malgré les apparences, je continuais à l'aimer. Rien ne tenait debout dans cette histoire. Je m'en aperçois en même temps que je l'écris. J'étais amoureux d'une idée d'amour, d'une idée de paix comme je voulais être libéré d'une malédiction mais j'avais beau essayer de me repentir sans arrêt de je ne sais quelle faute que je pensais avoir commise, ça ne fonctionnait pas. Au final j'étais le froussemard, un fainéant, probablement malhonnête et pas bien propre jusque dans notre lit conjugal si je peux dire. Quand à ce super job que j'avais trouvé il m'ennuya presque aussitôt que je pris mes fonctions. Tout était tellement étriqué, archaïque, proche du ridicule. On ne se rend pas toujours compte lorsqu'on vit en France et qu'on y travaille à quel point certaines pratiques sont restées moyenâgeuses dans d'autres pays , soi disant civilisés, comme la Suisse par exemple. Pourtant j'apportais mes compétences pour augmenter conséquemment le chiffre d'affaire de la boite. Je fis le job correctement et même un peu plus comme d'habitude. Mais bon sang comme je m'ennuyais. Finalement lorsque je faisais le point n'avais je pas obtenu en grande partie tout ce que j'avais demandé ? Une femme un job Etre enfin libéré de toutes les malédictions c'est pourquoi je peux parler de la réalité des buts désormais et des empêchements nécessaires qui les accompagnent. Au bout de 3 ans nous divorçâmes, je fus viré de suisse dans les 15 jours après la prononciation du divorce par le tribunal du Canton. Une fois de plus je dû tout quitter, tout recommencer. Sans doute parce que je n'avais pas encore bien compris la leçon, me disais je accablé par la culpabilité évidemment. Mais en vérité je remercie l'homme que j'étais, du fond du cœur, je remercie aussi mon ex-femme Marie du fond du cœur tout autant car ce n'était que le passage nécessaire par lequel passer pour parvenir à un autre but dont j'ignorais quasiment tout alors.|couper{180}

Le but et l'empêchement