Le but et l’empêchement

On se fixerait un but, et celui-ci ne serait que la couche superficielle d’un oignon. Alors l’empêchement prendrait tout son sens. Il est probable que l’aide demandée ne vienne d’ailleurs qu’ainsi par tous les empêchements que l’on découvrirait sur un chemin.
On tenterait de lutter contre ces obstacles, plus ou moins longtemps. Parfois une vie toute entière, cela n’a pas vraiment d’importance puisque le temps n’existe pas.
La seule chose qui existe c’est le but réel que de vies en vies nous découvrons peu à peu.
Le seul raccourci qui peut exister est de s’enfoncer profondément dans le cœur comme dans l’instant.
Traverser l’épaisseur apparente des déserts et des silences, perdre même l’idée de tout but.
Se confondre en silence comme autrefois on se confondait en excuse.
Disparaitre des cartes.
— Tu n’as pas à t’excuser d’être qui tu es, me dit Pablo alors qu’une fois de plus j’étais à deux doigts de le faire. Ce reflexe.
Sitôt que je fais quoique ce soit, j’ai l’impression d’enfreindre des règles, de sortir d’un cadre, d’être une sorte de hors la loi.
Souvent je pense que je ne suis qu’un idiot. Si je gratte la pellicule fine de mes pensées, de ma prétendue intelligence, je découvre toujours cette idiotie enfouie. Comme si je désirais la cacher perpétuellement aux yeux du monde.
— C’est justement là qu’il faut aller me dit Salvador moustaches à 10h 10.
— tout le monde fait semblant plus ou moins ajoute Maria qui beurre ses tartines.
Chacun donc possède un avis sur la question. Mais grosso modo tout le monde est d’accord sur le fait que le mensonge soit nécessaire.
— Pourtant cela fait plusieurs années que je montre mon idiotie au grand jour, je dis.
— Ce n’est pas avec l’ironie que tu t’en sortiras dit Maria.
Je sens qu’elle a raison. J’ai cette intuition depuis des jours déjà. C’est difficile d’imaginer voir le monde dépourvu de mon ironie habituelle. Cela me rend si vulnérable. Sans cette distance il faudrait que je me balade avec un chariot de kleenex.
— tu n’es pas responsable de tout le malheur du monde me dit Salvador. Même Dieu ne peut endosser une telle responsabilité ajoute t’il.
— D’ailleurs le malheur c’est une vue de l’esprit déclare Pablo. Bonheur, malheur tout ça ne sont que des mots, des pensées, la seule chose de vraiment réelle c’est l’action.
Action, réaction, création !
C’est dans cette friction que la sève s’exprime.
Une fois que le but est clair il n’y a plus d’empêchement qui vaille. C’est ce que j’ai compris en tous cas. D’ailleurs mon œuvre est là pour en témoigner.
— Mais tu sais quand même qu’on ne dit pas que du bien de toi je réplique.
— Quelle importance ce que les gens disent ? Que savent les gens de ma vie vraiment ? Que savent les gens concernant mon but réel ? Que comprennent t’ils vraiment qui ne soient pas directement relié à leurs petites aspirations personnelles ?
Suisse 2001. Elle s’appelle Marie et je l’ai épousée. Je crois que je l’aime. L’amour me sauvera, voilà ce que j’ai pensé. C’était une erreur évidemment. Très peu de temps après notre mariage je me suis senti étranger à tout ce qui m’entourait. Encore plus que d’ordinaire ce qui n’est pas peu dire. J’ai fait semblant de ne pas comprendre mon erreur.
Je me suis dit sois donc raisonnable. A la quarantaine il est temps de l’être, c’est ce que j’imaginais. C’est surtout ce que j’attendais plus ou moins, comme un déclic. La possibilité de devenir raisonnable comme un but en soi.
Je travaillais dans un boite d’intérim et on me refilait des missions un peu partout dans le canton de Vaud. J’étais le français, le froussemard comme on dit ici. C’est à dire un fainéant doublé d’un râleur, pas très propre sur lui si possible. Bref un étranger.
Je devais bosser deux fois plus pour leur prouver le contraire, mais ici, même si un français travaille deux fois plus, ce sera toujours bien moins que ce qu’effectue un ouvrier vaudois qui travaille normalement.
J’ai posé des planchers, construit des murs, des charpentes, des toitures, par toutes les températures, et en mettant du cœur à l’ouvrage autant que je le pouvais. ça ne change rien ici, un français c’est un français et il faut forcément s’en méfier.
D’ailleurs mon vieux break Nevada était encore immatriculé en France les premiers mois après notre mariage, je me faisais arrêter pratiquement chaque jour par la police cantonale. Contrôle d’identité s’il vous plait. chaque jour ça porte un peu sur les nerfs. Jusqu’à ce que je craque que je fasse homologuer mon permis de conduire en suisse et que je change mes plaques.
Devenir comme tout le monde, normal. Cela peut aussi être un but comme tout un tas d’autres buts.
Que voulais-je donc ? Etre heureux ? Etre sauvé ? Etre normal ?
Sans doute voulais-je beaucoup trop de choses et c’est bien là que naissent la cohorte des empêchements. Qu’ils proviennent de l’extérieur, du quotidien, ou bien de l’intérieur, de ce sentiment de malaise d’être perpétuellement à coté de la plaque, peu importe.
Je rapportais de l’argent mais pas suffisamment pour en être fier. J’avais laissé derrière moi un emploi plus prestigieux et il me semblait que de revenir dans ces boulots merdiques était une régression normale , le prix à payer si l’on veut pour atteindre à tous les buts que je m’étais fixés. Je ne rechignais pas vraiment mais je conservais malgré tout le souvenir, ou plutôt l’impression d’avoir été plus glorieux.
En terme de fric je m’apercevais tout de même qu’en tant que simple ouvrier je gagnais pratiquement autant que lorsque j’étais cadre en France. Ce qui me permettait de constater que mon soucis ne provenait pas de l’argent mais plutôt de ma fierté ou de mon orgueil.
Marie était à son compte et gagnait correctement sa vie. De plus nous habitions chez elle. Ma fierté se trouva mal placée rapidement car finalement je me retrouvais dépendant d’elle en grande partie sans même m’en être aperçu. L’amour comme on le sait rend aveugle.
Je crois que c’est en raison de cette impression lancinante de dépendance que les choses se sont mises à péricliter. De plus à l’époque je n’étais toujours pas sorti de mon rêve de devenir un grand écrivain. C’était assez ridicule surtout si j’essaie d’adopter le point de vue de Marie qui est d’une nature simple et qui ne se prend pas la tête.
J’écrivais toujours en secret sur de petits carnets que je planquais.
Une année, deux années passèrent ainsi bon an mal an. Je rongeais mon frein en silence toujours animé par l’espoir de parvenir à devenir normal, heureux, sauvé.
J’avais envoyé des CV un peu partout et tout à coup je reçus enfin une réponse pour retrouver une place semblable à celle que j’occupais en France. Le salaire était trois fois supérieur à ce que je gagnais exactement dans le même poste. C’était l’occasion de me dire qu’une partie du problème causé par ma fierté était réglé.
Mais je me trompais.
Comme nous avions soudain plus de ressources Marie décida d’acheter un vieux Ford, un camping-car pour que nous allions nous balader les weekend, nous rapprocher de la nature. A cette époque elle s’intéressait beaucoup à un genre de yoga , le Krya Yoga et à un sage qui l’enseignait .Elle a même décidé de baptiser le vieux Ford du nom de ce fameux Yogi.
Quand j’y pense aujourd’hui, elle n’était peut-être pas si simple que je l’avais pensé à première vue.
Une sorte d’élan mystique animait Marie et aussi, comme cela arrive chez certaines femmes qui désirent autant qu’elles en ont peur, être des magiciennes ou des sorcières, je ne cessais de me heurter à une sensation diffuse de toute puissance assez agaçante à la longue.
Je n’avais pas le permis de conduire m’autorisant à conduire le véhicule. C’était donc Marie qui nous trimballait une fois de plus. Et bien sur je rongeais mon frein sur le siège passager.
Nous nous rendions régulièrement dans la même clairière du coté de Moutier et là le scénario était toujours le même également. J’allais ramasser du bois mort, on faisait griller des saucisses ou autre et on regardait les étoiles avant d’aller se coucher. Je crois que deux ans après notre mariage, nous ne faisions plus l’amour. Je pense que ça venait surtout de moi. Je me trouvais beaucoup trop dépendant pour pouvoir être en mesure d’honorer ce rôle.
Et évidemment ce genre d’impuissance peut être interprété par un manque d’amour. Ce qui n’est pas complètement erroné non plus.
Peu à peu j’étais assailli par un tas de pensées négatives me concernant. Et comme j’écrivais, je finis par mettre tout ça sur le dos de mon imagination, puis sur l’écriture elle-même. Je m’en était ouvert à Marie et à la fin je me souviens que j’avais emporté tous mes carnets pour les bruler dans la clairière.
C’était pour moi une tentative d’exorciser mes démons si l’on veut. Du moins en apparence car en réalité je ne voulais que prouver à Marie ce que j’étais capable de faire pour rester avec elle, lui prouver que malgré les apparences, je continuais à l’aimer.
Rien ne tenait debout dans cette histoire. Je m’en aperçois en même temps que je l’écris.
J’étais amoureux d’une idée d’amour, d’une idée de paix comme je voulais être libéré d’une malédiction mais j’avais beau essayer de me repentir sans arrêt de je ne sais quelle faute que je pensais avoir commise, ça ne fonctionnait pas.
Au final j’étais le froussemard, un fainéant, probablement malhonnête et pas bien propre jusque dans notre lit conjugal si je peux dire.
Quand à ce super job que j’avais trouvé il m’ennuya presque aussitôt que je pris mes fonctions. Tout était tellement étriqué, archaïque, proche du ridicule. On ne se rend pas toujours compte lorsqu’on vit en France et qu’on y travaille à quel point certaines pratiques sont restées moyenâgeuses dans d’autres pays , soi disant civilisés, comme la Suisse par exemple.
Pourtant j’apportais mes compétences pour augmenter conséquemment le chiffre d’affaire de la boite. Je fis le job correctement et même un peu plus comme d’habitude.
Mais bon sang comme je m’ennuyais.
Finalement lorsque je faisais le point n’avais je pas obtenu en grande partie tout ce que j’avais demandé ?
Une femme
un job
Etre enfin libéré de toutes les malédictions
c’est pourquoi je peux parler de la réalité des buts désormais et des empêchements nécessaires qui les accompagnent.
Au bout de 3 ans nous divorçâmes, je fus viré de suisse dans les 15 jours après la prononciation du divorce par le tribunal du Canton.
Une fois de plus je dû tout quitter, tout recommencer.
Sans doute parce que je n’avais pas encore bien compris la leçon, me disais je accablé par la culpabilité évidemment.
Mais en vérité je remercie l’homme que j’étais, du fond du cœur, je remercie aussi mon ex-femme Marie du fond du cœur tout autant car ce n’était que le passage nécessaire par lequel passer pour parvenir à un autre but dont j’ignorais quasiment tout alors.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}