Les entités involutives.
Maureen O’HARA
Continuer à se concentrer sur les battements du cœur en s’endormant donne de bons résultats. A nouveau je me sens frais et dispo pour me remettre au travail ce matin.
Et la première chose qui me vient à l’esprit, ce que je dois écrire, c’est cette nouvelle possibilité de découvrir la singularité de certaines pensées qui viennent parasiter ce sentiment de bien-être presque aussitôt que je l’éprouve.
Comme si le fait de se sentir bien dérangeait une partie de mon esprit et qu’il se mette alors à créer des pensées troubles, des pensées contraires.
Dans quel but ? je l’ignore et sans doute qu’en laissant aller les mots, les phrases s’enchainer les uns aux autres, j’ai l’espoir d’en avoir un peu plus le cœur net.
N’est-il pas possible qu’aussitôt que l’on élève sa fréquence vibratoire, c’est-à-dire que l’on axe ses actions et ses pensées sur le cœur justement, que l’on se rende dans un même temps vulnérable à ce que j’appellerais des attaques provenant d’entités involutives ?
Que peuvent-elles être ? Et pourquoi m’attaquent-elles justement au moment même où je décide de m’extirper si l’on veut de leur domination ?
Domination dont je ne me rendais pas compte quelques instants auparavant.
Voilà bien la dualité telle qu’elle est dans notre dimension.
La conscience ne cesse de produire des opposés pour que de cette friction une étincelle supplémentaire en jaillisse, que la conscience s’élargisse ainsi.
Toujours cette notion de bien et de mal, ce programme binaire dans lequel le mental se complait.
Hier j’ai éprouvé l’envie irrépressible de visionner un western. J’avais fini ma semaine, j’avais peint suffisamment de tableaux pour la journée, il était temps de m’accorder une pause et c’est l’envie de revoir un vieux film en noir et blanc qui s’est présentée à moi.
Ce film c’est Rio Grande avec comme acteur John Wayne que je n’ai vu qu’une seule fois dans mon enfance et qui m’avait marqué sans doute en raison de la réunification d’une famille. D’ailleurs le personnage du Colonel Yorke dont le seul but dans la vie est le devoir devait à cette époque déjà d’épouser des valeurs paternelles, ou que je ne pouvais considérer qu’ainsi.
Le plaisir de revoir ce vieux film fut un peu gâché par la façon dont John Ford traite les personnages des Indiens qui ne sont que de pauvres faire valoir à la fameuse US Cavalry.
Mais passons.
Revoir Maureen O’hara balaie toutes les déceptions. J’en était amoureux déjà enfant. Elle incarnait à l’écran ce que j’aurais voulu que ma mère fut. A la fois cette femme aimante et en apparence docile mais en réalité un volcan bouillonnant en perpétuelle révolte contre la domination masculine.
Même si dans ce film elle n’est là que comme potiche si l’on veut. Encore un faire valoir pour augmenter les chances de John Wayne de véhiculer convenablement les valeurs des années 50. L’homme protecteur, sécurisant, sur lequel tout le monde peut compter, pratiquement aucune faiblesse etc etc
Cette vision en noir et blanc d’un idéal outre-Atlantique m’a laissé un peu de marbre sur la fin.
Un peu comme la plupart des films de Walt Disney.
J’ai toujours plus ou moins éprouvé un malaise en les visionnant, tout petit déjà, tout cela me revient à présent.
Comme s’il s’agissait d’enfoncer le clou, de nous rabâcher un mensonge.
En fait cette prise de conscience ou ce souvenir associé à la vision américaine du bonheur m’est devenu précocement insupportable je m’en rends compte.
C’est-à-dire que j’ai l’impression que quelqu’un ou quelque chose a appuyé sur un interrupteur dans mon esprit pour me montrer l’envers du décor.
Que toutes les valeurs véhiculées et dans lesquelles des générations ont cru dur comme fer, toutes ces valeurs ne sont ni plus ni moins que des mensonges éhontés créés à seule fin de dominer le monde entier. D’orienter toutes ces actions toutes ces pensées que dans un seul but
Cette fameuse réussite de merde.
Ce n’est rien d’autre qu’une façon de donner un os aux chiens pendant que l’on arme le fusil pour les achever.
Corée
Vietnam
Toutes les magouilles en Amérique Centrale.
Et aujourd’hui l’Ukraine.
L’histoire se répète inlassablement.
Et si on observe c’est toujours lorsqu’’on flanque un démocrate à la tête de l’Amérique que ça finit en eau de boudin.
Comme quoi la notion de démocratie a bien changé depuis les Grecs. Encore que ces derniers n’étaient pas non plus des humanistes forcenés d’après les dires des esclaves relégués au ban de cette fameuse démocratie.
Voyez donc. On se lève en pleine forme et aussitôt que l’on se met à réfléchir un tant soi peu sur la situation du monde qui nous entoure, on cherche la boite de doliprane.
Encore que je ne sois pas sur du tout que le doliprane puisse éloigner les entités involutives.
Toutes ces pensées négatives qui vous assaillent sans relâche sitôt qu’on a l’impression d’avoir enfin trouvé une issue. Qui redoublent même d’hostilité d’autant qu’on semble près à s’évader pour de bon.
Une fois que l’on s’est vraiment décidé à demander de l’aide, la vigilance est requise. Car pris dans nos habitudes il n’est pas évident de repérer les signes, ou les preuves que cette aide nous est accordée.
Car nous nous attendons à des changements extraordinaires. Nous concentrons toute notre attention sur l’apparition éventuelle d’un miracle. Et nous ne voyons rien évidemment parce que la plupart du temps nous ignorons tout de la nature véritable du miracle.
De plus on pourrait aussi dire que ce à quoi nous aspirons, nous le repoussons dans un même temps de façon inconsciente tant que cette aspiration ne provient que de l’illusion, de la matrice.
J’avais déjà compris cette loi étrange lorsque je n’étais qu’une enfant et que je cherchais à atteindre une cible avec mon arc et mes flèches. Ce qui posait un problème c’était pourquoi je voulais mettre dans le mille.
Intuitivement je sentais déjà que vouloir mettre dans le mille était une sorte de mot d’ordre. Que nous étions éduqués, entrainés dans le seul but de réussir.
Réussir quoi cependant ? C’était assez flou.
Ce l’était déjà pour mes parents je crois et pour mes grands-parents également, plus j’observais les adultes qui n’avaient que ce mot de réussite comme but unique de leur vie, plus je comprenais l’amertume qu’ils ressentaient d’avoir échoué en quelque sorte.
Tout simplement parce qu’ils ne s’étaient pas posés de question sur ce que pouvait vraiment la réussite pour eux-mêmes. Ils suivaient un programme qu’on leur avait implanté dans la cervelle.
Pourquoi n’ai-je pas cru à ce programme ? Cela reste un mystère. Du moins tant que l’on veut voir la vie comme une suite logique de conséquences qui mène à l’échec ou à la réussite vues sous un angle commun.
J’ai demandé de l’aide presque aussitôt que j’ai commencé à respirer sans même m’en souvenir.
À commencer par le fait d’avoir à survivre puisque je suis né bien plus tôt que prévu. On a dû me placer dans une couveuse quelques temps avant que ma mère puisse me récupérer. C’est certainement à partir de cette première épreuve si l’on veut que j’aie éprouvé la détresse, la solitude et que j’ai crié à l’aide en langage de nouveau-né.
Mais cela ne suffisait toujours pas. J’ai été élevé par mes grands-parents paternels durant les quatre premières années de mon existence car le couple formé par mes parents battait de l’aile. Ils n’arrivaient pas à vivre ensemble. De plus mon père était encore militaire, il faisait la guerre en Algérie. C’était un jeune couple qui venait d’avoir un enfant avec toutes les conséquences possibles que cet événement peut entrainer, bonnes ou mauvaises.
En 1962 lorsque mon père fut démobilisé il dû encore cravacher pour se faire une place comme on dit dans une société qui vendait de la tôle ondulée pour les toitures. Il apprenait son nouveau métier avec cette rage, cette volonté des gens qui veulent à tout prix réussir socialement car c’était là le but encore durant cette période que l’on nomme les trente glorieuses.
Je me souviens du manque. Ou plutôt je ne me souviens pas d’un moment de plénitude véritable qui dure suffisamment longtemps pour que je puisse m’apaiser vraiment.
Tout au plus ma mère nous rendait elle visite de temps à autre. Je voyais son beau regard et j’étais éperdu d’amour en le voyant puis je sombrais dans une sorte de désespoir lorsqu’elle repartait.
Ces allers-retours répéter entre le bonheur et le malheur si l’on veut, je peux les considérer comme une sorte d’entrainement à trouver un juste milieu, un équilibre entre bonheur et douleur tout simplement.
Parallèlement à cela j’adorais tous les gens que je côtoyais. Je les aimais naturellement comme un enfant en bas âge peut avoir un tel sentiment. C’est à dire sans jugement, un amour naturel basé sur la seule présence des êtres quel qu’ils soient.
C’est alors que j’ai commencé à faire des cauchemars, à me réveiller en pleine nuit, et bien sur me faire gronder par mes grands-parents car ils étaient encore actifs. Ils travaillaient dur en se levant à l’aube pour se rendre sur les marchés où ils vendaient des volailles, et des œufs.
Grand-père se réveillait à quatre heures du matin et grand-mère également puisqu’elle lui préparait le café. Ensuite il partait aux halles pour charger ses colis et installer tout son matériel dans un endroit de Paris.
Je restais avec grand-mère la matinée puis elle rejoignait grand père et on me confiait à Monsieur et Madame Gassion, les concierges de l’immeuble.
Lorsque je repense au petit garçon que j’étais ce ne devait surement pas être facile pour lui, Mais je vois cela aujourd’hui avec un point de vue d’adulte évidemment, je peux mesurer l’écart qu’il pouvait y avoir alors avec une enfance dite "normale".
Mais quand on ignore tout de ce qui est normal on n’a pas de raison vraiment de se plaindre n’est-ce pas.
Il devait y avoir une régularité que je parvenais à détecter dans tout ce bazar apparent.
Je savais que tel jour était différent d’un autre parce que le marché se trouvait à tel endroit. Je savais aussi que si ma mère venait ce serait probablement un dimanche. Ce genre de régularités appartenant à la journée.
Pour ce qui était de mes nuits je dirais que la régularité provenait de mes cauchemars car ils étaient souvent les mêmes. Deux ou trois et ils alternaient aussi selon les jours ou plutôt les nuits de la semaine.
Je dormais dans le même lit que grand-père et je me souviens que la fenêtre de la chambre donnait sur la rue Jobbé Duval dans le 15ème. En face de notre immeuble, au même étage vivait une folle. La nuit, l’été principalement, elle ouvrait ses fenêtres en grand, montait sur son balcon et parlait toute seul ou encore se mettait à hurler en criant des propos incohérents.
Je me souviens que j’éprouvais un sentiment étrange vis à vis de cette folle. J’en avais un peu peur bien sûr mais je semblais la comprendre 5 sur 5. Elle pouvait tout à fait être semblable à la douleur que j’éprouvais au fond de moi-même lorsque je pensais à ma mère, à ma solitude, à ma presque totale incompréhension du monde autour de moi.
D’ailleurs toute ma vie durant je crois que j’ai toujours été fasciné par ce genre de folie, par la folie des femmes surtout bien plus que celle des hommes. D’ailleurs ma mère possédait ce genre de folie aussi. Lorsqu’elle buvait et qu’il arrivait qu’elle s’épanche soudain à voix haute devant nous, mon frère et moi, cela paraissait tout aussi incohérent que les propos de cette folle en face ma chambre d’enfant.
Car après tout il ne pouvait rien lui manquer. Elle avait désormais une jolie maison, nous ne manquions plus d’argent grâce au travail acharné de mon père, on avait tout, la télé, le frigo, le grille pain, comme dans une chanson de Boris Vian, des voitures, un chien… que demander de plus ?
L’essentiel certainement, ou du moins ce que tout à chacun finit par considérer tôt ou tard par être cet essentiel. Un amour qui comblera tous les manques.
Erreur commune.
Lorsque ma mère parlait d’amour j’avais toujours le sentiment qu’elle était à côté de la plaque. C’était un mélange de contenu de magazine féminin, de feuilleton de série B et probablement aussi des reliquats de contes et légendes dans lesquels s’agitent les princes et les princesses. Elle faisait comme elle pouvait pour trouver des symboles, des représentations idylliques si l’on veut qui pourrait la consoler de ne pas trouver ce qu’elle cherchait dans sa vie quotidienne.
À côté de ça une énergie sexuelle débordante comme si le plaisir physique et la douleur qui va avec généralement, pouvaient remplacer ou rééquilibrer le manque affectif.
C’était une femme moderne évidemment. Elle cherchait une issue pour s’évader d’un carcan de mots d’ordre relayé par mon père les yeux rivés sur la réussite financière, le paraitre. Lui-même d’ailleurs n’était-il pas le prisonnier de tous les mots d’ordre qu’il ressassait sans relâche ?
L’enfance est un lieu d’observation continu. Les adultes de mon temps avaient pris l’habitude de ne pas accorder d’importance véritable aux dire des enfants. Et évidemment ayant compris cela je crois que j’en profitais.
Dans les années entre 1960 et 70 les lignes se mettaient à bouger sérieusement. Tout un univers connu s’évanouissait peu à peu pour laisser la place à un monde nouveau, un monde de revendications de toutes sortes. Tout le monde était pris dans ce changement et bien sur notre famille n’y échappait pas.
Cependant aucun changement ne se produit sans peur ni douleur. Lorsque je repense à ce que j’observais dans mon enfance, je ne voyais que des solitudes qui tentaient vaguement de s’associer les unes aux autres pour des besoins généralement plus pratiques qu’autre chose. Évidemment je n’étais pas en mesure de comprendre les véritables liens affectifs entre les gens, terriblement compliqués à comprendre pour un enfant.
Je sentais bien qu’il y avait de l’amour mais il ne se manifestait jamais comme j’aurais pu moi-même l’espérer ou l’attendre.
Maria avait passé un peignoir et revenait avec son plateau pour le petit déjeuner. Elle me sourit à présent et me tend une tasse de café.
— tu penses parce que tu te crois intelligent que ces entités involutives ne sont que le produit de ton imagination., que c’est ta lucidité qui les crée ... et bien ce n’est pas tout à fait exact.
Ces entités existent réellement. Elles sont elles mêmes à la solde de personnages extrêmement dangereux
C’est la raison pour laquelle tu dois absolument continuer à te centrer sur ton cœur, pénétrer en lui le plus profondément que tu peux. A cet instant ou tu seras centré vraiment tu sauras, tu te souviendras de tout.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}