Un peu plus loin dans la matière.

Jim et moi avons traversé les quatre soleils précédents pour nous retrouver dans cette époque ci , celle du cinquième soleil. Il possède une bien meilleure mémoire que moi et, assez rapidement, bien que nous soyons d’une égalité d’âme parfaite à l’origine, il s’impose comme instructeur afin d’accélérer ma prise de conscience.
Cependant je ne suis pas vraiment du genre à accepter facilement un maître ou un guru quel qu’il soit. À l’âge de quarante ans je suis prisonnier de mon propre désir d’explorer la matière, notamment par l’intermédiaire des relations physiques. Je me souviens comme elles prennent une grande place dans le périmètre de mes préoccupations du moment.
Un jour où j’arrivais au travail après une nuit agitée, Jim me fit une réflexion qui me vexa.
— Tant que tu seras dominé par le reptile entre tes jambes tu n’arriveras pas à te souvenir. Quelque chose dans ce goût là.
Je haussais les épaules, et nous nous enfonçâmes dans la journée de travail sans pratiquement plus échanger un mot sauf pour les raisons du métier.
Il n’y avait d’ailleurs pas que les femmes qui nourrissaient l’appétit du reptile. L’absorption d’alcool me crevait également. Mais j’avais une vigueur t’elle encore à l’époque que je ne comptais pas mes dépenses d’énergie dans aucun domaine. J’étais l’homme de tous les excès.
—tu es un guerrier qui se bat contre des fantômes me dit ce soir là Jim le jour où tu te battras contre des choses réelles, la source même de toutes tes fantasmagories, alors tu auras fait un grand pas vers ta mémoire.
Je haussais les épaules de nouveau en lui répondant que c’était ma vie et que tout ça ne regardait que moi. Je n’avais pas de leçon à recevoir de lui, puisqu’il ne cessait de dire que nous étions égaux à la base en tous points.
Peut-être que ma quête en cette vie différait t’elle de la sienne. Et aussi, désormais que j’écris ces lignes , est-il plus juste de dire que nos chemins sont différents pour atteindre chacun à un but spécifique que nous nous sommes fixés
Hyperborée -100 000 ans
Jim et moi sommes installés au haut d’ une colline. Un paysage verdoyant dont chaque élément semble produire sa propre lumière, d’une intensité douce et radieuse. Nous sommes à la fois male et femelle chacun de nous, et désirons expérimenter quelque chose, mais nous nous traversons si je peux dire sans jamais vraiment parvenir à nous toucher réellement. Nous n’y prêtons pas une attention soutenue, nous en avons fait une sorte de jeu si je peux dire.
En fait nous sommes de purs esprits. Tout autour de nous n’est qu’esprit.
Sommes nous vivants, sommes nous morts ? nous ignorons tout de ces concepts. Pour obtenir le nécessaire il nous suffit d’imaginer la plénitude en continue, ainsi se règle la satiété comme la faim, la soif, le désir.
Nous pouvons nous rendre d’un point à l’autre de la planète juste avec le désir de nous y rendre. Nous pouvons également nous rendre sur de nombreuses autres mondes.
La notion de bien et de mal n’existe pas sur la Terre appelons là ainsi car pour l’instant son nom hyperboréen ne me revient pas.
Nous passons notre temps à étudier l’Energie, à la manier par l’esprit. Ce n’est pas difficile, cela se fait naturellement. Déjà à l’époque que j’évoque nous avons perdu un peu de cette connaissance qui nous était instinctive en arrivant au monde. Nous ne naissons pas comme les hommes et les femmes d’ aujourd’hui.
Chaque naissance consiste à briser la coquille d’énergie qui entoure notre âme, notre esprit. Pour ce faire il me semble que c’est la simple curiosité de vivre de nouvelles expériences qui nous pousse.
Sur Hyperborée tout le monde est hermaphrodite tout le monde peut s’enfouir dans la terre et pondre un œuf. Rien à voir avec les œufs de poule, on ne peut pas faire d’omelette avec. C’est un œuf énergétique.
Au lieu d’une coquille de calcaire ces œufs là s’entourent d’une pellicule d’énergie assez simple à traverser.
Nous voyageons dans les étoiles à la rencontre d’autres peuples. Mais ces peuples sont souvent beaucoup plus évolués que nous le sommes. Ils possèdent d’étranges machines permettant d’utiliser le prana, l’Energie primordiale.
Grace à ces machines ils peuvent créer des satellites plus gros encore que notre Lune afin d’influer sur l’évolutions de milliers de planètes, créer des atmosphères propices à la vie sous toutes ces formes.
Nous en avons même rencontré qui était capables de créer des soleils, des constellations, et même des galaxies.
Ces derniers si j’ai bonne mémoire portent un nom dont la traduction la plus proche est Initiateurs. Ils sont encore plus puissants que tous les dieux jamais imaginés ici sur terre.
De temps à autre il arrive aussi que nous découvrions des mondes étranges d’une densité beaucoup plus lourde que tout ce que nous n’avons jamais connu.
Sur ces mondes males et femelles sont distincts c’est surtout cette particularité dont j’arrive à me souvenir. Comme si cette distinction appartenait à un désir que je tente déjà d’entretenir en secret à l’époque d’Hyperborée.
La fascination pour la sexualité me préoccupe de plus en plus, je veux dire cette séparation que j’ai pu observer . Cette distinction visible qui s’établit ainsi entre male et femelle, me renvoie à une confusion, une étrange nostalgie alors que je me croyais ici même dans un monde parfait.
D’ailleurs l’être que je nomme Jim me mets en garde exactement comme ce jour là sous le cinquième soleil. Il a perçu cette nostalgie au fond de moi. La nostalgie qui est un sentiment inconnu ici sur Hyperborée.
— Tu ne devrais pas t’attarder sur cette vibration basse m’informe t’il en pensée, car ici sous le 1er soleil, nous n’avons pas de cordes vocales, nous communiquons essentiellement par télépathie.
Encore que ce mot soit inexact, car il fait référence à la pensée alors que nous ne faisons guère qu’échanger des émotions, des sentiments. Le cœur est plus important que l’esprit si je peux dire les choses ainsi pour tenter d’être clair.
Ce n’est encore qu’une légère ombre au tableau. Juste une émotion, peut-être pas même encore un sentiment, mais déjà mon désir est là dans son état primordial :
Aller un peu plus loin dans la matière.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}