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Résister sans résister
On croit que résister c’est faire preuve à la fois d’unité et de rigidité s’accrocher à l’axe d’un but s’y tenir envers et contre tout, Faire fi des vents et des marées. Mais lâcher, sans crainte la barre vaut tout autant suivant la loi des toupies et des mondes. Et de quel but de quel axe parle t’on vraiment Quand il s’agit juste d’être présent|couper{180}
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Dévergondée
Une vielle baraque dans ma tête, une porte dévergondée, une bouche déformée par les coups de poings qui veulent lui imposer le silence S’accroche encore au dernier gond Comme dans l’attente d’un cœur D’un foyer , d’une simple caresse Qu’elle ne pourra supporter Qui l’abattra enfin Pour laisser place nette Aux quatre vents. Ni branlante ni défoncée Juste dévergondée|couper{180}
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Querelle de clocher
Elle est plutôt du genre aide toi et le ciel t'aidera, tandis que lui à choisit le style Dieu y pourvoira. C'est évident que ça ne peut pas marcher entre eux. Cette évidence ne leur saute pas aux yeux, pour le moment tout est bleu. Le ciel, les draps, le papier peint, et même les tasses. C'est lorsqu'il est question de projet que les choses se mettent en désordre. Sur ce point, aide toi et le ciel t'aidera diverge beaucoup de Dieu y pourvoira. Il y a des disputes, des silences, des replis et des tentatives de réconciliation parce qu'ils disent que l'amour peut tout, que l'amour est toujours le plus fort. Ils ne voient même pas leur nez au milieu de leur propre visage. Comment pourraient-ils trouver un terrain d'entente ? Ce genre d'incompréhension est devenue tellement banale désormais, on ne se demande pas vraiment pourquoi ni comment. Chacun prêche pour sa chapelle continuellement prêt à prendre les armes pour un oui pour un non. Cependant si l'on regarde les choses bien en face on ne peut pas faire l'impasse sur la raison de toutes ces chamailleries. C'est Dieu ou le Ciel qui revient tout le temps. Et on dit le Moyen-Age, l'obscurantisme c'était avant. Moi je dis non c'est maintenant, c'est toujours présent.|couper{180}
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L’insatiable
Il dit qu'elle est insatiable et je l'écoute. Il lui faut ce mur pour projeter quelque chose, et faire son cinéma. Je n'en peux plus dit-il, elle m'épuise. Insatiable voilà ce qu'il dit de son épouse. Au début je pensais à une affaire de cul. J'imaginais des nuits torrides et des citrons rabougris à force d'être pressés. Mais ce n'est pas cela. L'insatiabilité qu'il évoque n'est pas focalisée sur le sexe, mais sur tout. Il me parle d'une béance, il a beau tenter d'y pénétrer tout entier rien n'y fait. il est amer à cause de la perte d'illusion désabusé de devoir se désengager suite à un engagement vain. Un vagin avec des dents flotte au dessus de nous dans le bistrot où nous papotons. Nous y allons de bon cœur sur la cruauté de la vie en générale et des femmes en particulier. Et nous buvons comme des trous. La béance est en nous. Pour un peu on ne serait pas bien loin de se trouver au poil entre couilles en oubliant tout le reste. Qu'il dit. Mais lorsque la serveuse passe avec son plateau il n'est déjà plus là , son regard de caniche en laisse à la hauteur de son popotin. J'ai vu nos deux silhouettes dans le miroir au fond elles avaient le dos vouté et ça m'a agacé. Je me suis redressé tout à coup et je lui ai dit je m'en fous. Je m'en fous de ton histoire à la con de ton histoire de con insatiable. C'était la première fois que je réagissais ainsi, aussi crument avec un autre. ça m'a fait du bien je crois. Ensuite j'ai filé, la ville entière était une béance, chaque rue était une béance, moi aussi je n'étais que béance et je ne cherchais pas à combler quoique ce soit, je tentais juste de m'adapter tout en calmant ma soif à chaque arrêt.|couper{180}
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L’inquiétude
Un rien l'entraine vers l'inquiétude. C'est une seconde nature qui, lorsqu'elle fait mine de se dissiper, produit sur la première une sensation de vide inouï. Aussi recherche t'elle l'inquiétude à chaque instant. C'est devenu un reflexe. D'ailleurs s'il arrive qu'elle ne s'inquiète pas, cela l'inquiète. Je crois que c'est devenu chez elle un mode d'existence. Et puis ne faut-il pas aussi considérer les avantages qu'une personne tire de s'inquiéter perpétuellement de tout ? Car il est impossible que l'on s'inquiète pour rien , même si un rien vous inquiète, surtout si un rien vous inquiète. Je pense parfois à son inquiétude comme à un costume de théâtre dont elle se revêtirait pour être l'actrice d'une pièce. C'est à dire que pour jouer convenablement le rôle qu'elle s'est attribué l'inquiétude est indispensable, tout autant que n'importe quel autre accessoire, boucle d'oreille, bague, collier. Il n'y a que lorsque elle se drape d'inquiétude qu'elle se rassure enfin qu'elle se sent enfin elle-même pour ainsi dire. Comme si l'inquiétude et l'inéluctable se confondaient enfin. Sombrer dans l'inquiétude, s'abîmer dans celle-ci, je me demande pourquoi elle s'oblige ainsi à la répétition de ce naufrage volontaire, cela finit par m'inquiéter aussi par ricochet. Car on peut tout imaginer des raisons, sans qu'aucune ne soit meilleure ou pire qu'une autre. Ce qui fait rejaillir un vieil épouvantail ridicule au milieu du champs de mes investigations. Comme une caricature de ma propre impuissance, d'une vanité certaine à désirer ainsi la rassurer de quoique ce soit. Ce qu'elle me reproche amèrement la plupart du temps. — Tu ne me rassures pas. Et c'est vrai que je trouverais cela parfaitement faux et désolant d'avoir cette outrecuidance là. En quoi puis-je rassurer qui que ce soit ? Ce serait me placer à une position qui n'est pas la mienne dans la vie de tous les jours. Une position exceptionnelle et surtout usurpée. Si je peux parler de son inquiétude, c'est parce que je la connais bien. Pour m'inquiéter moi aussi régulièrement de tout et rien. Est ce que je cherche à me rassurer cependant ? pas du tout, et dans l'expérience du phénomène j'en ai vu des vertes et des pas mures je peux vous le dire. Si vous rassurez, ou que vous tentez de rassurer quelqu'un qui passe le plus clair de son temps à s'inquiéter, nul doute qu'il vous en voudra de lui ôter son os ou son jouet. Inconsciemment cela sera transmuté en dette et personne n'aime être le débiteur d'autrui. Du coup il m'arrive d'abouler encore plus dans son sens, d'augmenter ses inquiétudes en lui ajoutant les miennes à voix haute avec des qu'est ce qu'on va devenir et des on ne s'en sortira jamais. Au moins de cette façon elle renonce à ce que je puisse la rassurer de quoi que ce soit, c'est établi aussi clairement qu'un contrat entre nous. Pour autant cela m'arrive de m'inquiéter sur les raisons pour lesquelles j'ai accepté de jouer ce petit jeu avec elle. Ce qui m'inquiète encore plus c'est de devenir conscient de cette inquiétude là que je ne percevais même pas auparavant, au paravent de qui ou de quoi ... ? et qui était dissimulé derrière tous les ça va aller, les t'inquiète pas je suis là, les baisers et les fureurs provoquées par l'impuissance à la rassurer. Un tonneau des Danaïdes qu'on ne peut jamais remplir et qu'on laisse en plan lorsqu'on se rend compte de l'ineptie. L'inquiétude est aussi un pouvoir qu'on a ainsi sur l'autre si je réfléchis bien. Implicitement bien sûr, voire même inconsciemment, déballer sans relâche son inquiétude, au delà de l'ennui vire à l'obscénité après être passé par le vulgaire. L'inquiétude est obscène, c'est une trouvaille de taille. Car tout désormais semble être fait pour la produire et la nourrir, de toutes parts, cette obscénité. L'humanité entière est en train, en ce moment même de se travestir d'inquiétude sans trop broncher et donc de filer vers l'obscénité généralisée. C'est sans doute le seul pouvoir qui lui reste de s'inquiéter ainsi d'un rien ou de tout. Reste à savoir si l'inéluctable répondra à l'appel.. Et ce n'est pas sûr du tout ! Si l'inéluctable adopte mon point de vue, qui est désormais celui de m'en foutre totalement et de laisser chacun à ses propres responsabilités.|couper{180}
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Tu ne te plaindras plus
Cette plainte je la connais bien, c’est une fille facile qui couche avec tout le monde, et puis qui nous revient remplie de mille mots usés, comme un ballon gonflé d’eaux sales. Rebonds après rebonds elle s’en vient à mes pieds et les lèche la pauvresse, la salope, pour que j’opine du chef, que j’aboule dans son sens, par ici la monnaie. Elle me dégoûte d’autant qu’elle pourrait être mon enfant, mon reflet inadmissible , ma ruine, mon désastre. Je l’ai autrefois tant aimée…et connue comme Noé ses enfants sur son radeau fluctuant. J’étais baryton dans la chorale si je me souviens bien et elle me menait à la baguette, c’était si bon de sombrer doucement et surtout de concert, en chœur dans sa fente, on l’imaginait forte et capable d’accueillir le port entier et ses bateaux et l’océan. Mais en vrai on se trompait tellement, une bande de faux semblants attirée par le grégaire et la fragilité des chairs tremblantes. Des vieux salauds sans queue ni tête se complaisant dans la complaisance comme dans une fosse d’aisance. La merde est chaleureuse et la plainte une haleine de charogne qu’on ne repousse plus. Et puis un jour j’ai pris mes cliques et mes claques de ce claque ou chacun par la plainte éculée fait la claque. Ciao la machine à café, l’entrée des stades, la buvette et les Barnum post électoraux. J’ai reposé mon verre en essuyant ma bouche et j’ai murmuré plus jamais, comme on dit never more en reluquant les corbeaux. Plus jamais, c’est dit. Tu ne te plaindras plus.|couper{180}
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L’enchanteresse
Elle est désirable comme une promesse toujours renouvelée, et quand elle parle, les mots simples qu’elle utilise, ouvrent des silences profonds dans les parois blindées de l’idiotie. Une tension silencieuse et vive en jaillit qui s’enroule autour du calme et le serre, savamment , vigoureusement, pour en exprimer le cri. Un cri de gypaète le voici, qui emplit le ciel entier, vautour autrement dit, aveuglé par la profusion du voir. Meurt dans l’herbe haute, à l’ombre du cerisier dont les fruits acides apaisent les chagrins. Et des globes laiteux veinés de rose, l’iris se rétracte et s’écarquille, longs spasmes photographiques, rafales automatiques, torrent discontinu qui file vers la vallée Qui les absorbe Et l’amertume, et des regrets la clique. Vers l’hébétude tranquille des désirs repus par ses étranges charmes. Alors elle rit et danse devant les lions , les taureaux furieux, Réveillés de l’ivresse Où les a mené toute une somme d’impuissances désormais éclairées Car c’est ainsi seulement qu’on peut aimer la magicienne.|couper{180}
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De profundis
Photo de Nicolas Postiglioni sur Pexels.com —Lorsqu'on chute il n'y a rien de pire que de vouloir s'accrocher à quoique ce soit pour ne pas chuter. Je vous parle d'expérience, vous ne trouverez guère d'information dans les livres à ce sujet. Sauf peut-être dans la Bible, car tout absolument tout est dans celle-ci pour ceux qui ont des yeux pour voir évidemment. Il était accoudé au zinc et nous avions engagé la conversation comme c'est l'ordinaire dans ce genre d'endroit entre naufragés lorsque toutefois ils sont bien conscients de leur état de naufragés. C'est à dire que nous allions droit à l'essentiel, sans ambages. Et sa façon de boire m'en avait déjà appris sur lui plus que tous les longs discours que nous aurions pu échanger. C'est l'avantage que produit au fur et à mesure des mois, des années, la fréquentation des bars de tout acabit et de la population interlope qu'on y croise. Il était enseignant à la Sorbonne, et son domaine était les humanités, enfin c'est ce qui m'en est resté. Chaque semaine nous nous retrouvions dans ce café dont le nom désormais m'échappe. J'ai tenté de retrouver son nom sur internet, mais cela fait désormais tellement de temps que tout a changé. Et puis ma mémoire aussi n'est sans doute plus digne de toute la confiance que je voudrais. Disons donc " ce bar à l'angle de deux rues dans le quartier Saint-Germain", et où j'avais coutume d'échouer après avoir écumé tous les autres. Nous étions lui et moi sur la même longueur d'onde et sans avoir commis le moindre effort pour y parvenir. Une basse fréquence du monde dans laquelle nous voyions tout en noir non sans plaisir et soulagement - oserais je dire avec délectation ? — Je ne croyais pas au diable quand j'avais votre âge, vous êtes donc en avance sur moi si je puis dire car vous, vous savez qu'il est présent. Si j'avais eu votre audace... — Mais de quelle audace parlez-vous donc demandai-je. Est-ce audacieux tant que ça de croire au diable ? ou est ce que ce n'est pas plutôt de la stupidité ? en ce qui me concerne j'ai encore quelques doutes qui subsistent. Sauf qu'à la vérité je mentais, j'avais de moins en moins de doutes déjà à cette époque de ma vie. Mais ce type était en train de se réveiller et je ne voulais rien brusquer. — Des années à étudier la philosophie, la logique, et tout un tas de choses très sérieuses pour en arriver là, à ce qu'hier encore j'appelais l'obscurantisme ... et voici qu'un jeune homme de vingt ans à peine en est arrivé aux mêmes conclusions que moi sans être passé par ce parcours aussi ennuyeux qu'inutile... — L'important c'est le résultat dis-je pour tenter de le calmer car visiblement il avait l'air désespéré. Il fallait boire de toute urgence, seul remède que je connaissais à l'époque pour soigner un grand nombre de maux et donc je fis signe au serveur pour qu'il nous recharge en munitions. Des Carlsberg bien fraiches dans mon souvenir. — Connaissez vous le numéro 130 des psaumes pénitentiels jeune homme ? celui qui commence par "De profundis" ... ? — Je connais la chanson paillarde dans laquelle on ajoute morpionibus dis je pour essayer de l'entrainer vers la légèreté car je voyais que l'état d'accablement de mon interlocuteur s'aggravait de plus en plus malgré le verre rempli d'un joli liquide ambré que le serveur venait de déposer devant lui. Et donc voyant sa tête de cocker, in extrémiste j'évoquais aussi Bach et Messiaen ( mais ce dernier surtout pour faire le malin car discuter avec un universitaire demande un peu d'habileté pour ne pas perdre le fil ) Nous parlâmes ainsi de la valeur du temps pour apprendre des évidences, et puis soudain nous abordâmes le sujet des femmes, cela finit souvent ainsi ai-je observé. Le professeur avait été amoureux d'une jeune femme qui je le compris à mi mot était une de ses étudiantes. Quand il l'évoqua son regard changea du tout au tout, et je vis cette flamme s'allumer que je connaissais par cœur, la flamme du désir qui vacille toujours derrière la confusion embuée des regrets et des pseudo sentiments. — Vous ne pouvez savoir ce que c'est que de redevenir un jeune homme puisque vous l'êtes déjà me dit-il. — Donc ce que vous regrettez ce n'est pas cette jeune fille mais votre jeunesse retrouvée et perdue à nouveau dis-je en lui souriant effrontément, œil pour œil, dent pour dent ! — Tous les prétextes sont bons pour s'engager dans la chute dit-il alors, comme s'il ne se parlait plus qu'à lui-même. Et je dois vous remercier jeune homme car vous m'ouvrez encore un peu plus en grand les yeux décidemment. Du fond de l'abime il ne reste plus d'autre solution que de regarder bien en face une réalité qui d'ordinaire nous échappe. Il ne sert à rien d'atermoyer dans ce processus, de se trouver des raisons, des excuses ou je ne sais quoi d'autre encore. L'ivresse de la chute voilà vers quoi il faut se rendre de toute urgence ! Et il recommanda une nouvelle tournée à ma plus grande joie car je n'avais plus un kopeck et j'avais encore grand soif.|couper{180}
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Cycles
Les anciens avaient compris l’importance des cycles. Cela leur avait sauté aux yeux. Cependant qu’ils n’en comprenaient l’origine qu’en l’attribuant à une cause divine. Cycles des saisons, cycles astronomiques ou astrologiques, tout est cyclique et si on ne s’en rend pas compte toujours c’est qu’il nous manque souvent à la fois le recul comme la mémoire des événements. Il nous manque de plus en plus la mémoire, et la disparition de l’Histoire, consciemment voulue ou pas. Car un peuple qui oublie sa propre histoire est voué à l’extinction. Ce n’est plus un peuple, c’est une bande d’individus plus ou moins bien organisée dont l’unique but est la survie. Un peuple qui sort de son histoire est prêt à se vouer à tout pour tenter de pénétrer dans une nouvelle histoire, celle qu’on lui fait miroiter en brandissant tous les ingrédients de la division, de la séparation pour lui indiquer une différence, artificielle évidemment. Que penser alors désormais de la mondialisation qui n’est qu’une façon de plus de gouverner l’humanité en gommant toute différence identitaire peu à peu pour faire de chaque habitant de la planète un simple consommateur et déjà presque uniquement un numéro ? Que penser du groupe de Davos qui prend des décisions pour l’humanité et qui ne servent que le profit, les intérêts d’une poignée de vassaux qui ne se cachent plus d’être inféodée au Pire ? L’histoire peut s’oublier mais non l’attention aux cycles. Surtout lorsqu’il s’agit des cycles menant à la violence, à l’asservissement et à l’anéantissement. L’intelligence malsaine qui se tient derrière ces recommencements n’a pas d’imagination vraiment. Elle ne fait que répéter des boucles à la façon d’un programme informatique. De là à songer que nous sommes dans une sorte de simulation, une matrice artificielle, ce n’est pas si idiot que ça peut en avoir l’air. Même si la raison, le bon sens s’y opposent généralement. Mais peut-être que cette raison, ce fameux bon sens sont ils encore des fictions crées de toutes pièces et dont la fin est de nous dissimuler l’évidence. Car si nous osons effectuer un pas seulement en dehors de la raison et du bon sens nous nous retrouvons alors confrontés aussitôt à l’effroyable comme au merveilleux. Nous voici face à face avec des forces qui nous dépassent et dont nous sommes incapables de saisir les intentions, les buts. Cependant les cycles sont là pour nous aider à nous repérer dans la confusion et nous avons, en même temps que nous les observons, le réflexe génétique, la nécessité ou le devoir, dirais-je, de les noter comme de les faire remarquer à ceux qui nous entourent et ne les voient pas, aveuglés par la Soi-disant modernité, le progrès, etc. Donc à période régulière des forces qui nous dépassent s’affrontent ici bas et font de chacun de nous des pions sur la terre qui devient pour la circonstance leur échiquier. Que nous nous accrochions à la raison ou à l’imaginaire, nous ne pouvons y échapper. Quelque soit le camp que nous choisissons cela n’a pas non plus d’importance, je veux dire que ça n’interrompt pas le cycle, chacun remplira un rôle qui semble attribué depuis toujours et dont il n’a pas conscience dans le détail. Comment résister alors à l’inéluctable ? C’est cette question essentielle que la fréquentation des œuvres d’art peut faire naître en chacun de nous. Que ce soit la peinture, la sculpture, la poésie, tous les arts ne ramènent qu’à cette interrogation, qui prend la figure d’une résistance inédite. Une résistance qui s’adapte et se transforme pour tenter de s’extraire du cycle justement en pointant une unité, une spécificité de chacun des êtres humains uniques que nous sommes. Pour nous rappeler à une Histoire au delà des histoires, au delà des fictions qui ne cessent de créer les mensonges de toutes ces histoires.|couper{180}
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Comment repérer le vrai du faux ?
Photo de Ylanite Koppens sur Pexels.com L'illusion étant aussi parfaite que totale, on est bien en peine, et encore plus pour ceux qui ne jurent que par le vrai et le faux, afin d'asseoir leur autorité sur autrui comme sur eux-mêmes, d'effectuer le sacro-saint distinguo entre ces deux mots. Comment repérer le vrai du faux ? Y a t'il des formations que l'on pourrait acheter ? Y a t'il un mode d'emploi aussi clair que ceux rédigés en français pour l'utilisation des cafetières, des autocuiseurs, sans oublier la limpidité extrême d'un plan de montage Ikéa... Sans doute cela existe t'il déjà. Surement. Sauf que je ne suis pas encore tombé dessus. Et c'est heureux. Car j'aime douter évidemment du bien et du mal fondé, tout autant que du vrai et du faux que l'on m'impose. J'aime surtout laisser résonner cette impression bizarre, déstabilisante à souhait, provoquée par le doute incessant. Et puis cela prend parfois des années avant qu'une justesse ne sorte de terre comme un champignon après la pluie. Et alors là c'est l'évidence qui me saute aux yeux, une évidence éminemment personnelle quasiment impossible à partager sans tomber dans le travers d'une quelconque autorité, d'une volonté de puissance idiote. Non cette évidence est seulement intime voilà tout. Le seul vrai comme le seul faux que je puisse repérer alors est comme une note de musique incongrue qui se serait échappée de la portée et qui par ricochet me fait découvrir justement l'existence celle-ci. Ainsi pour les couleurs c'est la même chose. Je ne dis plus désormais j'aime le vert je déteste le fuchsia, ça n'apporte rien à personne, je me contente de penser que dans un environnement favorable toutes les couleurs ont bien le droit comme leur raison d'exister telles qu'elles sont. Et elles ont même le droit d'échanger quelques vérités comme quelques incongruités. Ensuite tout est une question d'oreille comme d'habitude.|couper{180}
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Influencer
Ça veut dire quoi influencer ou être influencé ? Je pense à cela en regardant deux vidéos YouTube ce matin, l’une qui reprend les paroles d’un alchimiste médiatique, l’autre qui évoque le fait d’avancer en tournant en rond. Ce qui est interessant je ne cesse de le dire et le penser ce sont les intentions qui se trouvent à la base de toute action. Et donc je me demande quelles intentions se dissimulent derrière ces deux discours. Surtout quand il s’agit de le faire publiquement. Cela me conforte d’autant plus sur mon empêchement depuis des mois à partager sur cette plateforme une opinion quelconque sur la peinture comme j’ai pu le faire dans le passé. Si autrefois je cherchais à dépasser le ridicule que m’imposait ce genre d’activité, aujourd’hui je n’en ai plus besoin. Car souvent la seule personne que je cherchais à convaincre par ces paroles n’était personne d’autre que moi-même. Et donc à terme, une sensation désagréable d’exhiber ce ridicule lui-même que pour mieux s’en défaire. Et donc aucune valeur ajoutée vraiment ni pour le spectateur ou l’auditeur. Sinon éventuellement le soulagement pour lui de constater qu’un autre puisse être encore plus ridicule que lui-même Je suis peu sensible aux influences en fait, je m’y oppose même comme s’il s’agissait d’un réflexe. Sitôt qu’on désire m’influencer j’ai cette image de conquistadors espagnols ou portugais avec leur armée de prêcheurs qui se déverse sur une plage de sable fin. Ce qui entraîne un renforcement, une ténacité digne d’un naufragé s’accrochant à une bouée ou un flotteur en plein naufrage. C’est purement un réflexe de survie.|couper{180}
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Éperdu
Éperdu c’est tout, sans complément, sans objet, et même sans sujet si possible. Lire un poème où les mots sertissent les gouffres et les silences. Où soudain les mots recouvrent leurs fonction, où le vecteur dirige vers un point dense et qui repousse le danger d’orientation. Éperdu et c’est l’instant sans surface ni profondeur. Ça ne dure pas longtemps, la durée alors est de nature inverse de tout le temps passé à se chercher pour se trouver, puis enfin d’abandonner. Éperdu c’est tout.|couper{180}