import
import
le zéro et l’infini.
couverture de la première édition américaine. Blaise Pascal dit que l'infini est un cercle dont le centre est partout et le périmètre nulle part. Et c'est évident. Ce n'est pas une théorie. Pas besoin d'observation, d'hypothèse. Chacun de nous est en quelque sorte ce centre. Nous sommes en outre tous des zéros. C'est à dire un néant infini en opposition au tout infini dans cette vibration, cette manifestation du monde visible que nous nous acharnons à nommer la réalité. L'infini ne possède aucune caractéristique. Car s'il en possédait la moindre on pourrait grâce à celle-ci le définir, donc faire de son concept quelque chose de "fini" ce qui est à proprement parler une ineptie. Dieu par exemple ne peut être l'infini puisqu'il est Dieu, il est quelque chose. Eternel, tout-puissant miséricordieux, vengeur etc.... L'infini tel que la nécessité d'en prendre conscience me l'impose contient tout autant zéro que tous les dieux que l'on voudra bien s'imaginer. L'infini n'est rien sauf une nécessité. Et une nécessité qui passe par la plus haute forme d'honnêteté humainement possible, celle du cœur. Comme la suite infinie des chiffres et des nombres forme un infini mathématique dont on ne peut jamais voir la fin. Il n'y a ni début ni fin. On ne peut pas trouver un nombre qui caractérise la limite ultime de cet infini. Il n'existe qu'un symbole. En revanche on ne peut retrancher aucun nombre à cette suite menant vers l'infini. S'il en manque un seul tout s'écroule et on se retrouve face au néant. Le zéro c'est le néant qui s'oppose au tout pour que la conscience puisse créer sa propre opposition, pour que cette chaise soit suffisamment solide afin que je puisse m'y asseoir. Conscience et amour. C'est de cette friction que les mondes visibles naissent et meurent tout comme chacun de nous. Conscience donc quelque chose de fini en opposition à l'amour , à la nécessité d'infini. Je ne peux être conscient que de ce qui se trouve dans ma conscience. Au-delà de cette conscience il ne peut rien y avoir d'autre. Le zéro ne contient pas le tout. Il ne contient que l'infini d'un rien. En revanche la nécessité de l'infini absorbe l'infini du rien, l'infini du zéro la nécessité de l'infini ne peut se passer de la nécessité du néant. Voici donc le fragment numéro 22. Appartenant à l'ensemble des fragments retrouvés dans le fouillis des cartons qui gisent encore épargnés par les souris, les rats là haut dans le grenier. Tout ce fatras de notes, de manuscrits plus ou moins achevés que laisse derrière lui le peintre fêlé à quelqu'un comme à personne. A zéro comme à l'infini Et nul ne peut savoir qui des deux un jour les emportera vers l'oubli total ou la connaissance globale. Mystère et boule de gomme. Quelle importance accorder à tout cela ? Aucune probablement. Entre l'auteur et son lecteur rien d'autre ne compte véritablement que la lecture, c'est à dire la relation. On pourrait même imaginer que c'est la lecture, la relation qui crée de toutes pièces lecteur et auteur, qui ontologiquement sont à la fois nulle part et partout, ici et là, ailleurs et nulle part. Ils existent comme ils n'existent pas. Seule la lecture, la nécessité de la lecture qui s'élance vers l'infini ne peut être remise en question. Staline, les grands procès des années 30 et toujours la même léthargie des européens de nos jours avec Poutine. Assister à l'horreur et rester ainsi bras ballants paralysé par l'infini des hypothèses, des pour ou contre... Se mouiller, ne pas se mouiller.... Justement il pleut.|couper{180}
import
La traversée des égrégores.
Egregore est un projet de black metal américain sur 20 Buck Spin, pour les fans de Samael, Superstition, Morbid Angel, Mortuary Drape, Absu "De juillet 1968 à 1974, huit propositions de loi sur l'abaissement de l'âge de la majorité sont ainsi déposées. L'ensemble des partis s'y rallient progressivement, et tous les candidats à l'élection présidentielle de 1974 le promettent, sachant que le Royaume-Uni avait abaissé la majorité électorale à 18 ans dès 1969, la République fédérale d'Allemagne en 1970 et les Etats-Unis en 1971. Cet abaissement de l'âge de la majorité fait ainsi gonfler le corps électoral de 2 400 000 citoyens. Dans l'esprit de Valéry Giscard d'Estaing, il s'agit d'adapter la loi à l'évolution de la société et de prendre politiquement en compte la jeunesse, même si nombreux sont ceux à droite qui craignent que cette mesure ne favorise une prochaine victoire de la gauche, les jeunes lui étant majoritairement acquis." source Peut-être que la version officielle tient la route pour la plupart des gens. Je veux dire qu'à partir où tout le monde se met d'accord sur l'aspect plausible d'un événement celui-ci sera rangé dans la catégorie des lois ou des vérités. Et si par malchance il vous vient à l'esprit d'en douter on vous dira que vous êtes ignorant, ou fou, ou plus prosaïquement un simple emmerdeur. Mais 21 ce n'est pas rien. On ne passe pas de 21 à 18 comme ça. En numérologie ça ne se fait pas. D'abord parce que le scandium ne peut pas changer brutalement d'état malgré sa mollesse congénitale et selon le bon pouvoir d'une poignée de politicards mal intentionnés. Le scandium et les terres rares qui s'en soucie encore de nos jours ? Au moins autant de personnes qui savent le nombre de schillings dans une guinée. Au moins autant de personnes qui savent le nombre de coups de canons tirés sur l'esplanade des invalides lorsqu'un nouveau président est élu. Et qui se souviendra du petit nom d'agent de la belle Mata bien connue des "services" par le blaze de H21. Enigmatique 21. Dans la simulation générale "notre siècle" porte le numéro 21. 21 siècles vous contemplent péquins moyens, la belle ère des poissons qui glissent entre toutes les mains et renforce d'autant plus l'avidité générale. C'est le début d'une nouvelle période calendaire chez les maya, un nouveau sacrifice se prépare. Une boucherie de plus dont le prétexte est d'honorer et qu'importe que ce soit un dieu ou un homme. L'écoulement du sang sur la terre provoque visiblement une transe nécessaire. Sans laquelle rien de bon ne pourra advenir dans cette illusion du temps linéaire. Je vois à l'instant même la masse inouïe de tous les massacres engendrées pour maintenir l'illusion Stoïquement j'observe. Me voici arrivé au niveau de la tête de l'immense sirène qui git sur le sol sous la forme d'un dessin crée par la guerre et la poudre. Un pas de plus et je pénètre dans l'ailleurs à l'instant toujours présent de tous le présent. Je quitte l'égrégore en pleine conscience du risque de ne plus rien savoir de ce que je vais trouver au delà de celui-ci. Au sol mes croyances comme un bouquet, une corbeille funéraire avec écrite en lettres d'or "en mémoire de l'ami de la part de ses amis". Et en même temps la paix. Et en même temps la joie. Consubstantielles, malgré la somme d'efforts effectuée pour en douter.|couper{180}
import
20.Régénération du vide
Mermaid Réalisé dans le cadre de la Triennale d’Aichi de 2010. 300 x 1 600 cm. Poudre à canon sur papier japonais (washi). © Cai Guo-Qiang (Photo : Izumiya Gensaku) Quand l'empathie tourne à vide il convient de s'intéresser à la fois à ce que signifie l'empathie comme à ce que signifie le vide. C'est à dire à la façon dont chacun de nous se hâte plus ou moins de combler l'espace offert par ces concepts . Lorsque nous éprouvons une sensation de malaise celle-ci provient la plupart du temps d'un trop plein. Nous avons la certitude d'avoir comblé quelque chose et pourtant tout concorde à nous signifier que nous sommes toujours aussi vide. Ce paradoxe entre perception et impression nous propulse dans des fréquence basses de l'être, là où des milliers d'entités ne se gênent pas pour fondre sur nous comme la misère sur le pauvre peuple. A de telles occasions une possibilité de régénération existe où nous pouvons recréer de l'espace. Je me réveillais soudain en ayant la sensation d'avoir beaucoup œuvré durant mon sommeil. Comme si j'avais manipulé à vitesse supraluminique tous les éléments constitutifs de milliers de rêves. Un gigantesque puzzle de milliards de pièces aurait tout à coup défilées devant la tribune de mon discernement, qui lassé, aurait abdiqué soudain pour laisser à un nouveau rêve la possibilité de naître. En me réveillant j'eus ce réflexe de faire un pas de côté, la lame d'un long sabre effleura ma joue et j'en profitais, toujours mué par l'intuition issue elle-même d'une longue habitude, pour porter l'estocade à l'adversaire inconnu. — Excellent ! Maria bat des mains Tu es enfin revenu parmi nous. Café ou thé ? Bizarrement j'eus envie d'un thé. — Alors raconte dit Hildegarde tandis que je prends mon temps pour savourer le breuvage brûlant. Mais j'ai décidé de ménager le suspens. Je les regarde toutes deux tranquillement et continue à me concentrer sur le gout du thé. — Il le fait exprès lance une voix, et il me semble reconnaitre celle de Pablo. — l'attente est comme un sexe fatigué des grottes qui tente d'espérer dans la moiteur des étoiles déclame de façon burlesque Salvador Tous ces mots je les entends, je peux les comprendre, mais je les laisse passer en me concentrant uniquement sur la sensation de mes mains posées sur la tasse, sur la sensation du liquide qui glisse en moi et se mêle à mes humeurs. Rien ne me parait plus évident que cette attention à ce que je suis en train de faire plutôt que de penser, d'imaginer. — Stop reculez tous dit alors Maria, je comprends ce qui se passe. Il a atteint un nouveau palier il est en pleine régénération du vide, il faut lui foutre la paix. Nous reviendrons vers lui un peu plus tard. Peu à peu les voix s'éloignèrent et avec elles la sensation de familiarité étrange dont j'avais pris conscience. Puis je me rendis à l'évidence, j'avais la possibilité de déplacer cette sensation, de la faire reculer dans l'espace comme pour lui insuffler l'impulsion d'un mouvement. Enfin je la laissais vagabonder désormais emportée par l'unique conséquence cinétique de mon intention. Je la suivis ainsi durant un instant puis je la vis disparaitre aux confins d'un immense vortex, dont la forme était le zéro. Je n'éprouvais pas d'émotion particulière. A peine fus-je étonné de ne pas éprouver le moindre étonnement. Puis je me concentrais à nouveau sur la place que j'étais sensé occuper moi-même dans cet espace que je n'eus aucune peine à réduire à l'infiniment petit d'un point. Je me retrouvais alors dans un immense palais. Face à moi un chevalet et un magnifique paysage dont je compris immédiatement être l'auteur. Une voix que je sus être celle d'un empereur chinois m'ordonnait quelque chose dont je ne saisissais pas le sens. Alors je vis le petit tas de peinture noire sur le rebord de la palette. Je trempais mon pinceau dans celui-ci Puis je peignis une porte dans le paysage, une porte qu'il me fut facile d'ouvrir, et qu'au travers de laquelle enfin je pénétrais. Puis que je pris grand soin de refermer soigneusement derrière moi avant de me retourner pour faire face à l'immensité nouvelle du néant que j'allais de nouveau rencontrer devant moi. Bien qu'il n'y eut ni pétard ni flonflon j'eus soudain la nette impression de me retrouver face à l'impromptu. En l'occurrence la trace au sol d'une sirène gigantesque laissée là comme un indice à suivre pour le pèlerin du cœur.|couper{180}
import
Les uns et les autres.
Illustration Siddhârta médite Le nombre 19 est le symbole de l'ouverture de l'un vers les autres. C'est à 19 ans que Siddhârta décide de cheminer vers la sagesse. D'après certains érudits la naissance de Jésus aurait eu lieu le 19 ème jour du mois de mars. C'est aussi dans le jeu de tarot le soleil ou la flamme, la 19 ème lame. Il est aussi dans certains pays comme au japon un signe de malheur car il représente le malheur, le chagrin. Ce qui n'est pas étonnant étant donné la structure encore très féodale du pays du soleil levant, où chaque individu se doit plus que partout ailleurs d'œuvrer pour la collectivité. " Pour le bien de tous". Mal compris le 19 est aussi le signe du dictateur, de l'abus de pouvoir, de l'intérêt personnel au détriment des autres. C'est toujours le risque de rencontrer le pouvoir sans s'y être préalablement préparé. Tout le monde rit et je ris de concert et soudain je regarde les écrans géants et je comprends. La reine se tient devant un individu qui doit bien être moi. Mais je n'ai plus rien d'humain. Je suis un reptilien comme un autre. Rien de sensationnel ne me distingue de tous les autres. Je ne suis même pas blanc. Plutôt métissé si je puis dire. Pour un peu je jurerais que quelqu'un entonne il est des nôtres dans la foule, et que le champagne coule soudain à flot. Pétards et cotillons. Merde de merde je me dis si je m'attendais à ça... — Continue à respirer calmement, ne t'étonne de rien trop longtemps me rappelle le souvenir de Maria. —A genoux esclave m'ordonne la reine et comme je n'obtempère pas suffisamment rapidement des gardes m'empoignent pour m'y forcer. Un pour tous tous pour un me souffle t'on. Le spectacle semble terminé. Je vois la foule qui se lève, les gradins se vider. Sur les écrans désormais je saisis le message qui s'affiche : sortez ! Même les gardes tournent les talons et je reste seul avec la reine. — Je te dégoute toujours autant ? me demande t'elle une fois que nous sommes seuls. — Je n'appelle pas ça du dégout, je suis plus dans l'étonnement et la déception je réplique. — Majesté... — Oui je suis déçu profondément majesté. — tu te croyais humain c'est humain. — ce qui m'étonne c'est de m'être tellement trompé sur ma nature majesté. D'avoir été victime de ma propre illusion si longtemps. Et le fait est que j'ai beau récapituler ma vie toute entière que je ne trouve aucun indice. La reine fait un geste en l'air et soudain j'ai des images qui défilent. Au début elles sont un peu floues puis elles deviennent de plus en plus nettes. Je me retrouve à une période de la Terre où l'être humain n'existe pas encore. La Terre est alors le monde des reptiles. Je comprends aussi confusément que toutes les planètes sont ainsi, comme notre Terre Gaia. Les premiers enfants qu'elles enfantent sont des reptiles. Ce qui crée la différence c'est que l'évolution de ces reptiles suit des possibles différents sur chacune de ces planètes, dans toutes les galaxies. Dans un seul et même instant des milliards de possibles se chevauchent pour produire des résultats différents. Sur Terre les reptiles ont évolué durant des millions d'années et ont acquis une sagesse immense sur nombre de choses. Mais un portail s'est soudain ouvert depuis un univers parallèle pour laisser passer un possible tout à fait différent. Les drakos dont le but est d'asservir tous les mondes car leur unique obsession est le pouvoir. Il ne faut pas confondre les deux espèces elles sont en tous points différentes quant à leurs intentions. Le flux télépathique que m'envoie la reine s'interrompt. Sur les écrans géants on diffuse des scènes de guerre. Des centaines de cadavres jonchent les rues d'une ville totalement dévastée. Les deux camps adverses racontent chacun une version fort différente de l'évènement, relayée par les journalistes du monde entier. — Mensonges et vérités ne sont plus désormais que des mots d'ordre appartenant à des stratégies basées sur la perception me disait hier encore Maria. — Il faut des méchants pour qu'il y ait des gentils me dit la reine télépathe qui semble avoir compris ce à quoi je pensais. C'est la raison d'être de cet univers dans lequel nous sommes tous ensembles prisonniers volontaires. Au delà de nos perceptions que peut il y avoir réellement ? Certains pensent pouvoir franchir la frontière mais ils sont rares car franchir cette frontière confère un pouvoir incommensurable sur autrui. Pour ceux qui sont guidés par la compassion l'amour une chance leur est offerte de quitter cette dimension tandis que pour tous ceux qui ne jurent que par l'avidité aucune issue jamais ne leur sera permise. — Si je peux me permettre Majesté dans votre énoncé un truc me chiffonne. C'est que l'amour ne soit qu'un moyen alors que je pensais qu'il n'était que but. La reine me regarde avec un regard triste. — Qui peut savoir ce qu'est l'amour ? tous autant que nous sommes, bons ou méchants nous en sommes chacun le jouet. — alors pour vous le tyran ultime, plus fort que tous les autres c'est l'amour ? ( Majesté). Et j'ai à peine le temps de penser que cette reine là est un tantinet fleur bleue, que je me retrouve attiré dans un vortex lumineux, j'ai l'impression de n'être plus qu'un paquet de données téléchargées. Puis l'obscurité totale à nouveau. je ne sais plus où je suis, si je suis toujours, pas même ce que je suis vraiment. Je suis une conscience en vrac voilà ce que je suis pour le moment.|couper{180}
import
Drag Queen.
Trinakria, emblème de la Sicile Une chaleur suffocante règne dans ce que j'imagine être la salle du trône. Vaste espace dont les parois luisent doucement d'un vert émeraude. L'odeur est plus répugnante que jamais, et cependant peu à peu il semble que je parvienne à m'y habituer étonnement. Le trône est au centre sur un monticule de ce que je perçois comme étant des ossements soudés les uns avec les autres. Ils sont si vieux qu'ils paraissent minéral voire métallique. J'aperçois la silhouette gigantesque de dos car nous débouchons par une galerie à l'arrière de la vaste salle. Elle doit mesurer approximativement 5 mètres de haut. Encore que je ne la vois pas encore debout puisqu'elle est assise sur le trône. Mes gardiens contournent celui-ci et nous nous engageons au travers d'une double rangée de soldats blancs qui s'écartent pour nous laisser passer. Enfin tout s'immobilise et je me retrouve face à la bête immonde. Je reconnais immédiatement son regard. Celui de la bête du Gévaudan qui venait hanter mes nuits lorsque j'étais enfant. Un regard fou remplit de sang et d'avidité. Le regard de la faim et de la soif. Le regard de l'affreux manque qui déclenche toutes les sauvageries. Elle fait un geste et les gardiens répercutent l'ordre aussitôt en faisant basculer le plateau à la verticale sur lequel je suis retenu prisonnier. Je suis totalement paralysé par la peur car je sais qu'à n'importe quel instant le monstre peut fondre sur moi et me dévorer. Il peut dévorer bien plus que mon corps éthérique, je le sens , c'est mon âme qui l'intéresse. Un nouveau geste de la part de la reine reptilienne et aussitôt une torpeur m'envahit, je sombre dans le sommeil, puis dans le rêve. Alors elle se métamorphose soudain en se levant de son trône. Elle n'est plus ce monstre horrible qui un instant auparavant me terrifiait. C'est une femme, une humaine qui descend doucement les marches. Et quelle femme ! A priori je dirais qu'elle est splendide. Une brune aux cheveux longs, athlétique aux formes généreuses. La peur s'est éloignée pour laisser la place à la surprise puis réveille soudain le désir. L'idée du reflexe pavlovien m'agace en parallèle au plus haut point. Et c'est justement grâce à cet agacement que j'arrive à retrouver mes esprits au sein même du rêve. Presque immédiatement le souvenir de Maria s'interpose et je l'entends qui me rappelle encore une fois à la notion d'équilibre. — Trouve ton point d'équilibre et conserve le en n'importe quelles circonstances, bonne ou mauvaise. Nous nous sommes beaucoup entrainés à ce sujet Maria et moi. Notamment lorsque le désir est au paroxysme de l'excitation, lorsque le corps exulte à un point tel qu'il tente de se fondre en l'autre par la sécrétion, la propagation de l'humeur la plus intime, la plus précieuse de l'homme, son sperme. J'ai appris à patienter, à retenir l'humeur, en me concentrant sur la respiration et en observant le désir s'emparer de tous les plans de mon être pour l'emporter vers la dissolution, l'explosion, la fusion. Dans le fond il n'y a que cela que j'ai à peu près retenu de tous les cours d'alchimie que m'a prodigués Maria. La reine est nue. Elle est superbe, désirable mais j'ai atteint la zone de calme au moment où elle s'arrête devant moi. J'inspire j'expire, j'observe toutes les pensées fougueuses qui s'enchevêtrent dans mon esprit comme une colonie de serpents. J'éprouve même une nostalgie étrange de cet entremêlement. Je peux me souvenir du contact de ces peaux étroitement liées les unes aux autres dans une froideur sous laquelle palpite un désir sauvage. La peau des serpents les armures d'écailles et de métal forment la cuirasse des plus hautes folies qui nous emportent vers la dévoration ultime de l'autre. Et lorsqu'on y parvient le mirage s'évanouit et on se retrouve face à l'égarement, à la séparation radicale de Soi. — Ne sois pas rigide dans le contrôle me disait Maria. Ne cherche pas à retenir, centre-toi plus sur ta respiration encore et sur l'observation calme de tout ce qui advient. Alors l'énergie ne trouvera pas d'issue immédiate, elle continuera son chemin. Mon cœur bat plus lentement doucement désormais. La reine se tient tout contre moi et sa langue pénètre dans le creux de mon oreille. — N'aie pas peur me dit-elle laisse-toi aller et elle s'empare de mon sexe qu'elle caresse doucement tout en ondulant contre moi. Je me mets en méta position au plafond pour voir un peu mieux la scène. Je peux désormais voir la vaste salle de haut, il y a même des gradins comme dans un stade de foot. Des milliers de dacros sont assis là, un public entier avec des femmes des hommes des enfants dracos. Les soldats ont fait un cercle autour de nous. Parmi eux plusieurs filment la scène qui est retransmise sur des écrans géants sur les parois de la salle du trône. C'est à ce moment là précisément que je peux sur l'un deux à l'occasion d'un zoom indiscret apercevoir les attributs de la femme splendide qui me caresse de plus en plus énergiquement. Elle possède une bite et des couilles. Merde alors ! C'est une drag queen ! Du coup je ne peux m'empêcher de rire tout seul. Enfin je me crois tout seul. grossière erreur. Mon rire est désormais en gros plan sur les écrans. La foule s'agite et commence à vociférer puis me huer. Une haine comme j'en ai rarement ressentie est désormais palpable. C'est à ce moment là que choisit le roi-reine reptilien pour retrouver sa forme normale sans pour autant lâcher ma queue. Et je vois mon intimité disparaitre sous une énorme patte griffue. —Inspire, expire, observe et reste zen, même et surtout lorsque c'est difficile me rappelle la voix suave de Maria. Tu dois être capable d'accepter même de mourir pour ne pas perdre ce centre. Justement je suis en train de m'y préparer. Après un tel affront il est fort possible que la monarque moitié male moitié femelle me bouffe tout cru d'un seul coup. Exactement d'ailleurs comme dans mes cauchemars d'enfant ou les raclées terribles reçues par mon paternel. C'est à cet instant que je perçois le fil rouge de cette existence terrestre. Un apprentissage permanent pour dépasser la peur de la mort, rester centrer sur l'observation du réel comme des illusions, et laisser l'Energie filer sa quenouille ainsi soit-il afin de libérer l'essence de qui je suis dans le vaste multivers. Comme une fleur toute simple, pâquerette ou pissenlit. La reine rit. Elle s'est redressée , monstre effroyable et je comprends qu'elle rit. Zoom des gardes vidéastes sur son rire. Soulagement de la foule qui bêtement se met à rire elle aussi. Je rirais bien de concert moi aussi même si ne sais pas pourquoi. —Inspire, expire, observe pour le meilleur et pour le pire. J'ai soudain accès de nouvelles mémoires, le symbole du Baphomet, le symbole à trois jambes de la Sicile, Tinakria, Gorgone et Lilith ressurgissent. De très vieux contes, d'antiques légendes où la dualité féminin masculin se retrouve incarnée par des personnages ambigües. J'ai toujours apprécié justement cette ambiguïté. Car c'est souvent grâce à celle-ci qui se manifeste toujours par un détail insolite dans un univers apparemment ordinaire ou banal, que l'on peut voyager de rêve en rêve, de mémoire en mémoire, d'idée en idée. Que je puisse me mettre à songer à une drag queen au moment même où je risque de perdre mon âme entière ne devrait même pas m'étonner. Où plutôt je devrais me demander ce que je ne comprends pas encore dans l'expression âme entière.|couper{180}
import
Peut-être…
Un pas de plus entre habileté et maladresse Techniques mixtes 70x70cm|couper{180}
import
Les étapes d’un tableau
Voici un aperçu de la mélasse dans laquelle se débat le peintre pour ne pas sombrer dans les clichés Le tableau incessant huile sur toile 70x70cm|couper{180}
import
L’appel de l’ange.
Le train est en compote. Je plane au dessus dans une sorte de brume légère et lumineuse.De loin en loin j’entends de moins en moins distinctement les voix de mes compagnons. Des dizaines de cadavres jonchent le sol en bas. Certains sont incomplets. On dirait les pièces d’un puzzle macabre. C’est à cet instant qu’une voix traverse la confusion comme si c’était du beurre. Et cette voix je la reconnais entre toutes c’est la voix de l’ange, celle de mon ange, mon ange gardien, c’est Maria. Sauf que je ne la vois pas. Elle est là dans ce que j’espère être l’emplacement de mon coeur. Si tant est qu’un ectoplasme puisse posséder encore un coeur. —Écoute-moi me dit-Elle, il n’y a rien de grave, tu es juste dans le coma pour le moment, les secours ne vont pas tarder. Étrangement le coma est une sensation merveilleuse. Peu à peu on dirait que tous mes sens ont été augmentés. —c’est parce que tu es dans l’astral me dit Maria. Mais reste zen, ne commence pas à t’enthousiasmer pour des riens. Ici tout ce qui brille est loin de n’être que de l’or… A peine Maria finit t’elle sa phrase que je me sens soudain traversé par quelque chose de glacé. La peur m’envahit soudain sans que je ne sache pourquoi. Quelque chose est en train de m’attaquer et soudain je mobilise toute mon attention pour tenter de l’apercevoir. Surgissant de la brume un énorme Draco blanc, un Royal, la crème de la crème est en train de bondir droit sur moi. J’ai à peine le temps de tenter une position de karaté que me voici paralysé. Désormais ce n’est plus de la panique mais la rage, la colère qui m’envahit. Comment ai-je pu me faire avoir aussi facilement. Je ne peux pas bouger le petit doigt. Un filet aux mailles extrêmement serrées enveloppe mon corps éthérique tout entier…ma dernière pensée est pour mon corps d'os et de chair, quelque part en bas. Comment vais-je le rejoindre désormais que le lézard m’a capturé et qu’il m’emporte ? —N’ai pas peur me dit Maria soudain, le plan fonctionne comme prévu et ne t’inquiète pas pour ton corps nous l’avons déjà mis en lieu sûr.|couper{180}
import
L’âge d’or.
Un chien Andalou Photo Le fantasme d'un âge d'or revient perpétuellement pile poil au moment des grands bouleversements. Dans l'hypothèse que l'Akasha me présente, je manque m'étouffer de rire. Madame X est élue présidente de la république française et c'est la mise en place d'un merveilleux âge d'or. Tout le monde mange Tout le monde dort Personne n'a plus peur de rien. Nous avons été mis en stase. Des somnambules dont les lèvres balbutient parfois des choses incohérentes au fin fond de leur rêve éveillé. "Noir c'est noir il n'y a plus d'espoir hou hou hou tsoin tsoin". Tandis que les sauriens leur charcutent les neurones à coup de simulations virtuelles, de jeux débiles télévisés, et de chansons à l'eau de rose. Retour du feuilleton HEiDI. Tout le monde est beau tout le monde il est gentil. Sauf à peu près tout ce qui n'est pas gaulois. Et de pure souche svp. Sauf les russes évidemment. Ces bons aryens. Entre bon aryens comment ne pas s'entendre ? — Tu as fini de bailler aux corneilles me dit Hildegarde assise près de moi dans le compartiment. On a du boulot à préparer. Et elle ouvre sa petite mallette de voyage dans laquelle j'aperçois bien rangées toute une collection de petites fioles remplies de liquides colorés. —Oh doucement Hilde, tu sais bien que je n'aime pas être réveillé brutalement. — Si tu rêves à ce genre de choses tu crées un portail dans les possibles et l'Akasha enregistre, donc stop tout de suite ce genre de bidule s'il te plait. On a déjà assez de bordel mieux vaut pas en rajouter. — Tu as raison. Cause moi de botanique, le paysage est morne au delà des fenêtres. Je sais prendre Hildegarde par les sentiments. Il suffit de lui causer de plantes pour que je l'observe se trémousser de plaisir sur son siège. — tu te vois plutôt incinéré ou enterré et bouffé par les vers de terre me demande t'elle. — Euh moi je ne vois rien du tout de tout ça, éventuellement ce ne sera que ma dépouille à qui ça arrivera et dont je me tamponnerai comme de mon tout premier haut de chausse. Avec Hildegarde on a une relation fraternelle du genre à se taquiner tout le temps. Elle est un brin bourrue et fait toujours semblant de ne pas supporter les fantaisistes de mon acabit. Mais c'est comme l'huile et le vinaigre entre nous-deux, et s'il n'y a pas de salade à assaisonner, on se rabat l'un sur l'autre pour un rien. — Tu crois à l'âge d'or Hildegarde ? je demande. — tu veux parler de maintenant elle dit, bin oui forcément que j'y crois puisque je le vis. — Oui mais non, je veux dire au paradis Hilde, avec des chérubins tout nus qui soufflent dans des trompettes et des jardins remplis de fleurs fraiches à l'infini ? — t'es rien couillon toi elle dit. Pourquoi pas aussi aux vierges qui des qu'un pauvre bougre se fait exploser la tronche deviennent toutes nymphomanes en l'accueillant à bras ouverts ? Et pourquoi pas à la petite souris et au Père Noël par dessus le marché ? On explose de rire et c'est à ce moment là que la contrôleuse ouvre la porte du compartiment. Une grande blonde athlétique avec des yeux gris bleus souriants. — tiens voilà la première qui arrive, une Walkyrie visiblement dit Pablo en face de nous. Est-ce que le train a déraillé ? on est tous morts et on est arrivé au paradis ? Puis il fait une mimique qui doit ressembler à son avis à une sorte d'hommage, de révérence à la grande blonde en achevant le tout par un clin d'œil salace comme il en a le secret. — Tiens toi donc espèce de paysan dit Salvador, moustaches orientée 10h10. Puis s'adressant à la contrôleuse : Mademoiselle vous illuminez cet instant comment puis je vous honorer ? — La grande blonde prend un air ahuri et dit : bin z'avez qu'à présenter vos billets en polonais et nous ne sommes mêmes pas étonnés tous autant que nous sommes de comprendre la langue. — Moi j'aimerais que mon corps soit momifié qu'il devienne comme un vieux parchemin me confie Hildegarde. Et nous voilà tous à rigoler devant la grande fille qui est un peu rougeaude tout à coup. — Ah je vous l'avais dit que c'en était une. J'ai un 6eme sens pour les repérer. — Rustre ! tu ne penses donc toujours qu'à jouir le tance Salvador en faisant les yeux doux à la femme en uniforme. puis il ajoute qu'il la peindrait bien nue avec de très longues jambes pour qu'elle puisse gambader dans le désert au coté de ses magnifiques éléphants. On rigole. C'est à ce moment là que l'on voit la grande blonde s'élever dans les airs. Son crane traverse le plafond, puis son corps tout entier. Et nous sommes tous soulevés comme des crêpes de nos sièges. Enfin le train déraille comme au ralenti, tous les wagons pénètrent les uns dans les autres. Dire que quelques instants auparavant je rêvais d'un Age d'or. Le quotidien nous rattrape toujours séance tenante. Il y a eu un attentat sur le train Paris Varsovie. Une explosion. Est-ce un hasard ça m'étonnerait bien.|couper{180}
import
Qui aime bien châtie bien.
Des insurgés polonais à l’écoute de leur radio. Il y a deux manières de châtier l'autre. Soit par une volonté de lui enseigner quelque chose, soit pour le punir. De nombreux malentendus proviennent de l'ambiguïté de l'intention, comme d'habitude. —Oui oui ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément dit le bon Boileau aussitôt. Je ne m'en fais plus. J'observe tout ça sans m'étonner le moins du monde. Et en même temps que je sirote un café je m'interroge sur le début de ce 14 ème élément. Ce devrait être un nouveau départ une fois le 13 passé. Un recommencement. Pourquoi est-ce qu'aussitôt que je démarre la moindre chose je me retrouve confronté à la notion de châtiment ? Immédiatement suivie par cette interrogation concernant l'intention de l'entité que j'imagine tenir le fouet. Les lézards tiennent le fouet. Mais quelle est vraiment leur intention ? Ne sont-ils pas eux-mêmes les jouets d'une intention supérieure ? Il faut que j'en ai le cœur net. C'est la raison principale que je me donne pour pénétrer en douce chez eux suite à la proposition de Maria. Nous étions installés au Mabillon de retour de notre promenade au jardin. Elle avait reposé son verre de limonade et après avoir tripoté quelques secondes sa paille, Maria avait soudain planté son beau regard dans le mien et m'avait dit : —Tu as exactement le profil, et tu le sais. Comme d'habitude je n'avais montré aucune émotion, j'étais resté parfaitement stoïque. Je commençais à apprendre à me situer dans l'instant et de ne plus être étonné par rien. Enfin je crâne un peu, j'avoue, mieux vaudrais plutôt dire que je m'efforçais de faire de cette attitude une habitude. D'ailleurs Maria éclate aussitôt de rire. — Tu as encore rechuté tu te prends pour Basho ? — Plutôt Tchouang Tseu, mais tu as bien raison, j'ai rechuté dis-je cette fois en souriant. —Justement cet art de te fondre dans tous ces personnages nous intéresse au plus haut point. Les lézards sont dans une agitation terrible, mais on ne sait pas pourquoi, il faut que tu ailles glaner quelques informations. D'après nos derniers renseignements qui datent de plusieurs mois ils tentent d'installer un nouvel ordre mondial et tous les subterfuges y vont bon train pour faire avaler cette nouvelle pilule aux terriens. — tu ne vas pas me dire que tu crois à cette histoire de nouvel ordre mondial Maria ? et je la considérais en méta position pour tenter de voir si elle se moquait de moi. Elle fit un geste pour me ramener à ma place. —Je ne plaisante pas du tout il se passe réellement quelque chose de très grave me souffle t'elle. Les américains et les russes se sont mis d'accord je ne sais comment pour faire naitre un conflit planétaire. Je suivais les événements comme tout le monde évidemment mais je n'avais pas imaginé jusqu'à ce que Maria m'évoque cette possibilité, qu'il puissent être à l'origine d'un gigantesque coup monté pour installer ce vieux fantasme d'ordre mondial. — tu n'es pas en train de prêter à ces gens une intelligence qu'ils n'ont pas ? tentais-je d'opposer. — Justement c'est parce qu'ils sont fragiles que les lézards les manipulent à leur guise. Et puis on dit les américains, les russes, mais il ne s'agit que des peuples qui sont pris dans la tourmente. Il faut porter une attention à leurs chefs, à ceux qui les entourent de près, et surtout aux intentions véritables d'un tel désordre. — L'intention ici bas est toujours plus ou moins la même, l'argent, le profit, le pouvoir, rien de nouveau sous le soleil. — Non cette fois il y a autre chose de plus, une nouvelle tentative comme durant la seconde guerre mondiale. C'est une préparation des cervelles à quelque chose de plus funeste encore que tout ce que nous avons jamais connu. Je regarde Maria. Elle s'est assombrie et les cernes que je ne vois jamais sous ses beaux yeux apparaissent désormais. Elle est fatiguée, éreintée. Soudain elle m'apparait comme une très vieille femme au bout du rouleau. — Tu essaies de m'influencer en te faisant passer pour une vieille ? je dis , tu veux que je m'apitoies ? N'as tu donc pas suffisamment confiance en moi pour utiliser encore des stratagèmes ? Elle rit et je la retrouve belle comme au premier jour. — Hum bravo tu fais des progrès chaque jour, dit elle d'une voix calme, tu es vraiment tout à fait prêt pour la mission que nous voulons te confier. Nous allons t'envoyer dans la gueule du serpent. Demain tu pars en Pologne avec Pablo, Léo, Salvador et Hildegarde. Une fois arrivés à Varsovie on vous donnera plus ample information. Varsovie ? la ville Phenix ? Varsovie la ville du pécheur et de la sirène ? Pourquoi vais-je me demander pourquoi Varsovie ? Que demander de mieux pour un nouveau commencement, pour un recommencement. Bereshit de Bereshit ! —Oui tu es le pécheur et tu dois te rendre là bas le plus vite possible pour écouter le chant de la sirène sans faillir me dit Maria d'une voix adoucie. Tu aimes tellement ça les sirènes depuis le temps ajoute t'elle et nous voilà à pouffer comme des gamins en train de fomenter un mauvais coup. Qui aime bien châtie bien me dit-elle en se levant soudain. Et je reste là à la regarder s'éloigner, assis à la terrasse du Mabillon bourrée à craquer de chalands qui jouissent du soleil de Mars. Et de nouveau je me souviens cette fois comme si j'étais victime d'une malédiction. En juillet 2019, c'est le futur, une commémoration qui célèbre l'insurrection de la ville pratiquement à la même heure qu'il est à ma montre au moment où Maria me quitte :17h. Le silence soudain qui s'abat sur la ville. Plus aucun klaxon, tout le monde est comme figé. C'est à cet instant que toutes les sirènes de la ville résonnent et que des milliers de passants s'animent à nouveau, des milliers de polonais qui entonnent des chants de gloire et qui applaudissent. En ce mois de juillet je suis là parmi la foule et j'applaudis moi aussi j'ai les larmes aux yeux j'embrasse les gens autour de moi. Il faut se souvenir comment 77 ans plus tôt nous nous en étions sortis alors que tout absolument tout signait notre ruine. Entre les nazis et l'armée rouge il n'y avait guère d'issue. Et pourtant grâce à Vilnius, à Varsovie nous y sommes arrivés. Nous nous sommes battus pour notre indépendance. même si au bout du compte nous avons perdu. Aout 44, 20 000 SS armés jusqu'aux dents contre 50 000 insurgés... le but d'Hitler était de réduire totalement la ville en cendres ce qu'il a pratiquement réussi à faire. Mais nous avons été pécher la force et le courage au fond de notre cœur, de notre âme guidé par le chant totalement incohérent de la sirène que nous nommions la liberté, l'indépendance, la justice. Ce n'est pas le résultat qui compte toujours le plus. Découvrir que nous avons un cœur, une âme vaut mille fois plus que n'importe quelle défaite ou victoire. Posséder enfin la certitude d'avoir une âme. Tant de malheurs à traverser pour enfin être sur de cela. Quelle est la source ? quel type d'amour peut déclencher de tels châtiments pour saisir cela ? A la fin nous n'étions plus rien c'est en janvier 1945 que les rouges sont entrés dans Varsovie presque totalement dévastée. Une nouvelle domination commence pour nous tous les survivants à partir de cette date. Vers quel amour encore faut-il se hâter ? Tout recommence à nouveau. Un éternel recommencement.|couper{180}
import
Accélération du temps.
La cène Léonard de vinci. Ecrire ces lignes aujourd'hui m'évoque des images de surfeur. Ne pas tomber de la planche, conserver son équilibre en toutes circonstances et ce quelque soit la puissance de la vague, éprouver la décharge d'adrénaline tout en restant centré sur la joie de la glisse. La mort est là comme une vague gigantesque qui emporte tout sur son passage. Elle est là au même titre que la vie. L'une ne peut exister sans l'autre. La 13 ème lettre de l'alphabet d'ailleurs ne ressemble t'elle pas à une succession de vagues ? Il est nécessaire de revenir encore une fois dans l'Akasha au plus fort de la vague, d'ouvrir ses oreilles et ses yeux non pas sur le visible car beaucoup de chausse-trappes y seront déposés par les peuples du Serpent à l'unique fin de maintenir leur pouvoir. L'Archange Saint-Michel vibre à très haute fréquence et le son de sa vibration a le pouvoir de tous nous élever ensemble vers la connaissance immédiate de la situation. On ne peut pas dire que quelque chose va arriver dans un certain temps. Cette chose est là, elle l'a toujours été et le sera toujours. La prévision est un outil de propagande de l'orgueilleux serpent. C'est par la prévision que les reptiliens manipulent le temps sur de nombreux mondes. C'est par la prévision qu'ils semblent accélérer le temps. Voici l'un des signes les plus évident à ceux qui ont des yeux pour voir, des oreilles pour entendre qu'il s'agit vraiment de la fin d'un cycle. Pas besoin d'une corde à treize nœuds pour enseigner cela aux benêts. Saint-Michel vibre et je plonge dans la vague aussitôt avec tous les autres autour de moi. Je brave les éléments pour me tenir debout sur le fil de mon récit sans m'attarder sur la fierté ou l'étonnement d'y parvenir. La mort est là, elle est continuelle comme la vie. Deux lignes fractales qui s'entremêlent comme les branches d'un brin d'ADN pour former une superbe forme hélicoïdale. — J'en connais un rayon là-dessus me dit Hokusai. Pas pour rien que j'ai peint cette énorme vague. J'espère que t'as repéré l'hélice. Il se fend d'un rapide clignement d'oeil. Je lui souris comme on se sourit en se rasant un jour de baraka. — Remarquable en effet cette vague lorsque j'y repense. Il faut vraiment être bien réveillé pour discerner sa portée. Un coup de génie mon frère ! Hildegarde se pointe soudain. Dès qu'on évoque la mort elle est là. Elle en connait un sacré rayon sur les milles et une façon de pourrir ou de sécher sur pied. —Vous croyez que ça va durer encore longtemps cette réunion ? j'ai plein de mauvaises herbes dans mon jardin elle demande. On rigole tous de concert, c'est de l'humour anglais bien qu'elle soit plutôt teutonne , depuis le temps on la connait. D'ailleurs c'est une des vertus intéressantes du temps terrestre à ce que je sache. On n'arrête pas de se reconnaitre à tout bout de champs ce qui pourrait provoquer l'ennui pour moins que ça. En fait nous sommes des milliers comme je l'ai déjà dit. Des milliers dans l'Akasha avec lesquels ils nous est possible de converser à chaque instant, dans un seul instant et en simultané. Et ce qui est effrayant au début c'est de s'apercevoir à quel point tout est là accessible et en même temps de saisir à quel point l'illusion que nous entretenons d'un temps linéaire est une absurdité. Bien malin qui peut dire à quelle période vraiment appartient tel ou tel événement, telle ou telle mémoire. En tant que scribe Maya je peux faire un cours complet sur la notion du temps et qui sera fort utile à n'importe quel empereur ou paysan. Bien plus pratique cette division nommée Tonalpohualli en vingt treizaines pour honorer toutes les divinités sans en vexer aucune. Et de plus en dehors du Soleil et de la Lune, c'est à dire dans une dimension au delà de l'ordinaire visible. Mais ne sombrons pas dans la nostalgie restons bien campé sur la planche et surfons. — Ainsi soit-il oui me souffle Jésus, rappelle-toi la cène, treize à table et tout le tutti. Jésus apparait comme ça de temps en temps dans l'Akasha, mais aussi à coté de moi lorsque je tente de relater mon aventure. Il est un peu partout sans être véritablement nulle part tout comme moi, je crois qu'on s'entend comme larrons en foire, si j'ose dire. Peu à peu la lumière décline et le son se retire. Saint-Michel se retire doucement pour rejoindre ses hautes sphères. Ici nous ne sommes qu''entre la 4ème et la 5ème dimension, nous parvenons à saisir un peu plus de choses que sur Terre. Saint-Michel certains disent qu'il se situe sur la 11 ème ou 12 ème, personne n'en est véritablement certain. D'ailleurs à quoi cela nous servirait il d'obtenir plus de précisions ? Et lorsque j'y pense ce besoin de précision est un peu comme la prévision, une sorte de poison lent qui aura pénétré dans nos cervelles et grâce auquel l'Ennemi accélère le temps dans lequel nous nous incarnons, que nous inventons sans relâche. — Tu ne peux jamais t'arrêter de plaisanter me dit Maria et j'ai soudain l'impression qu'elle m'adresse un reproche. — Mais Maria c'est ma nature de tout trouver si drôle je réplique. — Ah oui ? es-tu si certain de connaitre ta véritable nature ??? Et là elle se transforme en Monalisa, moi en Léonard et on reste face à face durant un moment indéterminé. Jusqu'à ce que quelqu'un lui peigne des moustaches. Ce qui évidemment me fait éclater de rire. Mais je ris un peu jaune car sous mes pieds les éléments semblent de plus en plus déchainés, la vague est encore plus énorme que jamais... le temps se déploie de façon de plus en plus saccadée.|couper{180}
import
11.Avancer à l’aveugle.
Photo de UskaleGo sur Pexels.com —L'évidence est souvent ce que nous ne voyons pas. je sais déjà que tu vas me dire que c'est une réflexion banale, mais réfléchis un peu sur ce que tu appelles banal. Comment tu te dépêches surtout à vouloir toujours tout rendre banal. Car la banalité est un manque d'attention, un manque d'approfondissement de la notion de banal telle que toi tu as décidé de considérer de ce qu'elle devait être. C'est la volonté de toujours s'élancer vers du nouveau, vers de l'original qui finit par rendre banal les êtres et les choses. Plus précisément c'est un déséquilibre dans le temps et l'espace, crée d'ailleurs à cet escient. C'est par ta non-résistance, ta non-opposition à l'incarcération dans l'espace-temps que tu deviens la proie de l'ennui, de ce sentiment de répétition, de la dépression et que tu finis par te résoudre à trouver cette prison banale. La plupart des gens nomment cette prison leur vie, ou le quotidien. Cela fait partie du programme implanté. Au début de ton existence tu as la sensation de vivre un miracle, et puis celui-ci s'évanouit et tu passes ta vie ensuite à vouloir retrouver par tous les moyens le souvenir de ce miracle, tu imagines pouvoir le récupérer intact, et l'entretenir comme une braise, Cependant tu ne te rends pas compte à quel point tu le dénature à quel point tu le recouvres de nostalgie, et de regrets. Tu sens bien que tu te laisses aspirer par quelque chose de glacé et d'indifférent. Et surtout tu acceptes de penser que tu ne peux plus rien y faire. C'est comme un mauvais rêve dans lequel on s'enfonce progressivement. Les lieux et les temps alors se superposent, se mélangent, cela finit par faire de la boue. Et de cette boue surgit un golem, une chose dépourvue d'âme, un objet de vengeance que d'autres que toi et même toi, utiliseront à leurs propres fins. — Mais qui sont ces autres dont tu parles ? demandai-je à Maria non sans un certain malaise, car j'avais formé la certitude qu'elle était complètement folle frappée désormais par une paranoïa aigue. — Tu crois que je délire me dit-elle alors comme si elle pouvait lire dans mes pensées. Puis elle se mis à sourire et je vis la femme que j'avais toujours eu envie de voir et je me mis à sourire moi aussi. Ce jour là nous marchâmes longtemps au bord du fleuve. C'était le début de l'automne 1978, l'année de mes 18 ans. Je ne sais plus si j'étais animé par le désir ou par des sentiments plus profonds mais, me connaissant, j'opterais pour cette obsession de vouloir toujours combler le vide et le manque. Et bien sur, lorsque je veux m'en souvenir , j'éprouve toute une galaxie de sentiments confus encore aujourd'hui. Une galaxie qui tourne autour de la honte, de la culpabilité, du manque de confiance en moi, cet amalgame qui constitue le soleil noir de ma jeunesse. — Il te suffira d'écouter ton cœur, m'avait soufflé Maria lorsque je m'étais ouvert à elle, ce jour là, lorsque j'avais osé lui parler avec confiance de mes plus grandes craintes. J'avais alors eu cette impression de me livrer à elle pieds et poings liés je m'en souviens très bien. Mais l'intention n'était vraiment pas si noble que je voulais qu'elle soit. En fait ce n'était rien d'autre qu'un test. Car pouvais-je réellement faire confiance vraiment à qui que ce soit ? "Il te suffira d'écouter ton cœur" Comme cette phrase alors m'avait parue banale, insignifiante, comme une rengaine automatique déjà entendue mille fois. J'avais hoché la tête en me disant : Ainsi donc elle aussi me parle de ce cœur qu'il s'agit d'écouter pour que le miracle advienne ? ce miracle que je ne vois jamais. j'avais été déçu car cela ne me disait rien, ne me livrait aucune clef. Je crois même qu'une fois cette phrase prononcée par la seule femme avec laquelle j'étais heureux de me sentir bien, je retrouvais aussitôt toute l'étendue de ma solitude, ce cachot dans lequel on contraint les récalcitrants à s'enfermer eux-mêmes au sein même de l'établissement pénitencier que représente le monde d'ici-bas. Poupée russes. Cette sensation soudaine provenait du doute. A 18 ans je doutais déjà de tout comme je doutais de moi-même. Le monde tout entier était le miroir de ce doute que je ne cessais de trimbaler comme un caniche au travers mes perpétuelles errances. L'errance n'a t'elle jamais servi à autre chose vraiment qu'à me fatiguer, à éreinter mon corps et mes pensées et ce fameux cœur dans les rues de la ville ? Maria disparut à l'instant même où le doute m'entrainait à formuler les pires hypothèses parmi lesquelles la folie, ma propre folie n'était pas à exclure. La nuit tomba brutalement à cet instant précisément où je me retrouvais seul sur les berges du fleuve. Je me pinçais pour éprouver la douleur réelle d'être vraiment là, mais j'étais déjà trop habitué à celle-ci. Le doute persista, et je ne savais plus si j'avais tout inventé ou si un détail si infime fut-il put être relevé pour me conduire à me rassurer quant à la réalité du monde et de moi-même. Au début je ne fais pas attention à la nuit qui tombe ainsi comme un couperet. C'est tellement banal qu'elle tombe ainsi, sans même qu'on y prenne garde tant nous sommes tout entier dans nos pensées. Pourtant quelque chose me semble étrange tout à coup. Je me retrouve dans une obscurité absolument totale. La ville lumière elle-même s'est évanouie. Je me demande s'il ne s'agit pas d'une panne d'électricité générale. Mais en tendant l'oreille j'entends les pas des passants,, leurs rires, leurs paroles, leurs disputes lorsqu'ils passent près de moi. Comment peuvent-ils donc être joyeux et querelleurs dans cette obscurité totale ? C'est à ce moment que je comprends aussi que je devenu aveugle soudainement. Je tâtonne pour m'asseoir pris d'un vertige et reste ainsi un long moment à écouter le bruit du monde, à renifler son odeur. Une odeur de pourriture monte du fleuve devant moi. Puis tout à coup en levant la tête je vois des lueurs au début imprécises, des milliards d'étoiles scintillent, je ne peux voir que cela. Et c'est étrange car normalement les lumières de la ville nous l'interdisent. Je ferme les yeux puis les ouvre à nouveau, les étoiles sont toujours là, je jurerais qu'elles sont "vivantes" et qu'une relation tente de s'effectuer entre elles et moi. Je me laisse aller, je ne résiste pas. Je me sens tellement démuni par mes doutes et l'idée affreuse d'être devenu totalement cinglé. Et là je décolle. Quelque chose m'emporte et je recouvre la vue comme auparavant. Paris sous moi devient comme un bijou scintillant dans son écrin, puis ce n'est plus qu'une pâle lueur sur la Terre. Je continue à m'élever encore plus haut, l'altitude doit être inouïe car je vois désormais notre planète réduite à la taille d'un calot puis d'une bille. Je me demande si je suis en train de mourir. Et au moment où je me pose cette question j'entends une musique merveilleuse qui se rapproche de moi, qui m'enveloppe et je crois reconnaitre alors la voix de la soliste qui surnage dans celle-ci. C'est la voix de Maria. Je la cherche, mais ne la trouve nulle part, je ne vois toujours que des milliards et des milliards d'étoiles tout autour de moi et au delà. Et elles semblent de plus en plus "vivantes" et chose extraordinaire c'est que plus je me rends compte de leur vitalité plus je découvre la mienne comme si un voile se déchirait et que toutes les mémoires que j'avais oubliées me revenaient toutes en même temps. A cet instant changement de son, comme un tambour qui se met soudain en branle. Et très vite, dans un même temps comme s'il s'agissait d'une seul instant présent de toute éternité, j'éprouve alors une joie sauvage, une vigueur formidable car je reconnais le son, la voix de mon propre cœur.|couper{180}