Le personnage de l’éveillé revient au printemps.

Il faut énormément d’énergie pour maintenir la moindre illusion.

C’est cette phrase qui me réveille en pleine nuit. Et bien que je ne comprenne pas pourquoi elle surgit ainsi, je décide de faire confiance.

Toujours faire confiance dans l’à propos.

Et déjà, par cette confiance dans ce que n’importe qui d’autre que moi nommerait le hasard, j’économise une énergie précieuse en ne m’y opposant pas par le doute.

L’énergie est un des leitmotiv de mon existence. Un sujet de réflexion permanent. Une obsession.

Certains se demandent combien d’argent coute telle ou telle chose. Moi je m’interroge sur la quantité d’énergie à dépenser pour parvenir à comprendre l’absurdité de mes prétendus besoins ou désirs.

Quelle énergie va me couter le fait de dire la vérité ? La mienne surtout.

Car, c’est une intuition aussi, dans tout l’univers, l’énergie dont je parle est le bien le plus précieux.

Celui pour qui on ment, on assassine, on assujetti des mondes, ici et partout, en tous temps et en tous lieux. c’est à dire maintenant.

C’est par le grapin de l’attention sans relâche, cette attention que l’on on exige de chacun de nous, que cette énergie nous est dérobée.

Evidemment cet esclavage est tellement présent depuis ce que nous imaginons être des milliers d’années, l’habitude de le considérer comme étant "normal" est tellement bien ancré dans nos cervelles que nous ne nous rendons plus compte de cet esclavage.

Mais imagineriez-vous un seul instant que ce vous voyiez dans votre vie de tous les jours, tout ce que vous considérez comme vrai ou faux, que tout cela n’est qu’une gigantesque illusion ?

Et que vous participez grâce à l’énergie que vous paraissez donner de vous-mêmes, à maintenir ce mensonge collectif ?

Que feriez-vous dans un tel cas ?

J’observe la résistance en Ukraine. Comment une si petite armée peut-elle résister à l’envahisseur, lui donner autant de fil à retordre.

Couper les ponts est la meilleure stratégie pour empêcher la progression des chars, voilà ce que je désire sélectionner comme information utile du film que l’on me projette, et peu importe les raisons pour lesquelles on me le projette, peu importe les raisons pour lesquelles j’ai choisi d’être spectateur.

C’est aussi ce que j’ai fait durant toutes ces années. Je n’ai fait que couper les ponts avec ceux qui désiraient me dérober mon énergie.

Soit l’entreprise avec son univers où l’on doit marcher sur la tête.

Soit les femmes que j’ai fréquentées, toujours le même genre de femme, comme si on avait deviné mes gouts, à moins que l’on ne m’ait programmé secrètement ces gouts et que l’on m’avait " par hasard" toujours mis en présence de celles-ci.

Soit mes désirs et ce fut le plus difficile que de remonter à leur source véritable pour m’apercevoir enfin qu’ils n’étaient comme tout le reste, un placage et rien d’autre.

Ce que je pensais être mes désirs n’était rien d’autre qu’une installation de derricks à perte de vue pour exploiter et à mon insu, une grande part de mon énergie.

Les mots utilisés pour me faire réagir la plupart du temps pour je ne sais quelle raison n’ont jamais fonctionné.

On m’a dit que j’étais paresseux, velléitaire, dispersé, dépourvu de ténacité, impuissant, lâche, ridicule, paranoïaque.

On me l’a dit tant de fois que j’ai fini par les intégrer peu à peu ces opinions comme des vérités. Et le résultat fut ce sentiment de honte contre lequel je n’ai eu de cesse de lutter.

Mais voyez-vous, même cette réaction à la honte fait partie du programme implémenté. Toute révolte visible ou invisible est déjà prévue et de longue date.

Se révolter contre sa propre honte est le dernier pont que j’ai coupé avec l’illusion.

Aujourd’hui, je me suis réveillé en pleine nuit ainsi que je le fais désormais depuis des mois et c’est cette phrase qui soudain a surgit. Et je me souviens tout à coup que c’est une réponse à quelque chose que j’ai pour la première fois oser demander. C’est cette question qui parait si inutile si souvent que j’ai osé demander en silence, c’était ma prière.

—Qui suis-je ?

Le monde que j’ai connu ne sera plus jamais le même. Moi-même je ne serai plus ce que j’ai toujours cru être.

C’est comme si une nouvelle présence , un nouveau point de contact avec la réalité de l’univers s’était soudainement établi. Beaucoup plus intense que tout ce que jusque là j’appelais être présent.

Car non seulement je découvre cette présence mais je m’aperçois qu’elle a toujours été là, dissimulée au fond de moi, au fond de ma poitrine, dans le tréfond de cet organe physique qu’on nomme le cœur.

Tout m’arrive par flots désormais, je peux me souvenir de tout mon saoul, sans rien réenfouir dans l’urgence que nécessite le paraitre.

Et ce dont je me souviens si délirant cela soit-il je sens que ce n’est pas une nouvelle illusion.

Car la joie est si intense et à la fois si paisible que je dépose à ses pieds tous mes doutes, toutes mes antiques failles, et je recouvre tout ce que j’avais cru perdu à jamais.

Toute l’énergie est là à nouveau comme au tout premier jour.

Et je pourrais, si je le désirais, effectuer une nouvelle pirouette, attribuer tout cela à l’arrivée du printemps que ça n’y changerait rien.

Simon Hantaï Peinture qui représente les plis de tous les plis traversés.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre