Séparations et retrouvailles

Le semeur au soleil couchant Vincent Van Gogh détail

Durant toute ma vie je n’ai pas cessé de passer de cercle d’amis en cercle d’amis ce qui je crois a eu pour conséquence de me modifier en profondeur à chaque fois. Car nous ne sommes souvent que la résultante des interactions avec les autres. Et en même temps, si je peux dire il faut bien qu’il y ait un axe, un point fixe véritable pour que j’ai pu subir autant de changements sans devenir complètement fou.

Cet axe, ce point fixe je ne peux dire avec des mots ce qu’il est vraiment, mais j’ai toujours eu foi en son existence. Lorsque j’étais plus jeune il me rendait quasiment invulnérable.

C’est à dire que quelque soit la douleur causée par la séparation, par le changement, par la rupture avec un certain nombre d’habitudes, avec une familiarité rassurante crée par le groupe, la famille, au fond de moi il y a toujours cet espace de calme, ce refuge qui me laisse penser que tout ce que je traverse n’est rien d’autre finalement qu’un enseignement, un flux d’informations et que je ne dois pas m’inquiéter outre mesure.

Malgré tout je ne traverse pas ces événements sans douleur. Je les vis si je peux dire sur ce plan comme tout à chacun. J’ai connu la solitude, le désespoir, la colère, l’injustice.

La plupart du temps ces émotions négatives s’élevant en moi lorsque je comprends à quel point une forme d’ignorance, qu’elle provienne des autres ou de moi-même, peu importe, se dresse entre nous comme un mur.

Et bien sur j’ai aussi exploré le sentiment d’être une victime, mais ce n’était pas vraiment satisfaisant. Je veux dire que c’est une facilité, une banalité véritable de considérer être une victime puisqu’après tout j’ai toujours en parallèle la sensation d’avoir la main sur tous mes choix.

Enfin ce n’est pas tout à fait comme ça que je dois l’exprimer. Je dois plutôt dire que cette part de moi-même que je nomme mon axe a toujours choisi bien mieux que ma cervelle, la pensée le raisonnement , le calcul ou l’intérêt peuvent aider le faire.

Je pourrais dire que cet axe c’est mon cœur ou mon âme c’est certainement la même chose mais ce ne sont là encore que des mots. Une fréquence, une vibration particulière qui me conduit depuis toujours à effectuer des choix même si souvent ceux-ci ont l’air d’être ce qu’on appelle des coups de tête, des gestes des actes sans queue ni tête.

Mais cette appellation vient des autres et du fait qu’ils s’accrochent toujours à une idée de normalité, ou de logique.

J’ai toujours été illogique et ce n’est pas parce que la logique me manque, tout au contraire, je sais parfaitement comment celle-ci fonctionne.

L’expression "c’est plus fort que moi" correspond tout à fait à ce qui se produit lorsque je me trouve confronté à une injustice quelle qu’elle soit. Autrefois c’était assez terrifiant car je pouvais me voir fonctionner, agir, comme si j’avais la possibilité de faire un pas de coté et sortir de mon corps.

Je pouvais entrer dans d’effroyables colères, pénétrer dans la mauvaise foi la plus flagrante, partir en claquant des portes non sans au préalable avoir balancé mon poing ou mon crâne contre les murs. Dans le fond cette partie humaine n’’est ni meilleure ni pire que celle de bien des autres que j’ai eu à côtoyer. A commencer par mon père qui m’avait en quelque sorte montré l’exemple. Ce dont je n’étais pas conscient évidemment.

Mais malgré toutes ces colères, ces peurs que je n’ai jamais empêchées vraiment de m’envahir, il y avait toujours cette part de moi qui observait calmement tout ça. Comme une sorte de dissociation. Je pouvais même à certain moment trouver le spectacle burlesque comme si je me trouvais assis sur les gradins d’un cirque.

Quand aux différents partenaires qui se trouvaient pris dans la tourmente je ne sais ce qu’ils ressentaient. La plupart du temps il devaient me voir comme un pauvre type, un salaud, ou un monstre. Ils ne semblaient pas posséder cette part en eux qui leur eut permis de prendre de la distance et de s’amuser du spectacle ridicule que j’offrais.

Une fois que j’avais joué mon rôle je partais et souvent je ne revenais plus. Durant quelques temps les choses allaient ainsi de séparations en retrouvailles, puis l’impression de déjà vu m’indiquait que j’avais atteint une sorte d’objectif. On pourrait appeler ça l’ennui. Et alors je disparaissais pour de bon et on ne me revoyait plus.

Je n’avais pas de rancune, pas de remords, pas de regret. C’était comme une mort à chaque fois et j’acceptais cette mort comme un passage obligé pour grandir si l’on veut. Evidemment je parle pas là d’un enfant qui cherche à devenir adulte, bien que souvent moi-même j’ai confondu cette notion d’évolution car je ne pouvais pas imaginer autre chose.

En fait c’est l’âme, le cœur, la conscience qui ne cesse de vouloir grandir ou évoluer. Je ne sais pas pourquoi elle a prit cette forme, celle d’avoir toujours cette obligation de me séparer des autres et de mourir à ce que je pense être. Et cela s’est produit tant de fois que je ne peux les compter en seulement cette existence mais certainement aussi au travers bien des existences ici sur Terre et sur d’autres planètes, d’autres mondes, d’autres dimensions. J’en suis aujourd’hui enfin persuadé.

Ce qui entraine évidemment une autre forme de séparation. C’est à dire avec les proches que je connais actuellement, et qui se demandent si je plaisante, si je suis à nouveau en train d’inventer de nouvelles facéties auxquelles d’ailleurs je les ai habitués comme pour les préparer au grand final.

En espérant que leur désarroi ne soit pas trop violent ni douloureux.

Quelque chose nous traverse et s’instruit ainsi depuis la nuit des temps. Cette chose, l’Esprit, la conscience semble avoir besoin de nous, de chacun de nous, du plus grand ou plus humble pour exister et évoluer.

S’il en manque un seul tout s’écroule.

J’ai foi dans cette idée que rien ne peut manquer. Que tout est important. C’est l’enseignement que j’ai reçu de la vie, de mes nombreuses séparations, car je sais que les retrouvailles aussi sont inéluctables.

Cette nécessité des retrouvailles est semblable à la nécessité du but.

Pour l’unité.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre