36.Des réponses aux questions
Le Scribe accroupi détail Musée du Louvre.
Peut-être ne prenons-nous pas les choses dans le bon sens. Peut-être devrions nous être plus attentifs aux réponses qui surgissent spontanément et à chaque instant plutôt qu’aux questions qui finissent par tourner en rond autour d’un centre qui déjà en lui-même est une réponse.
Peut-être qu’il nous faut aussi passer par ce cheminement de l’incessante question pour l’épuiser. Pour épuiser toutes les questions et soudain nous rendre compte de l’évidence qui se tient là sous nos yeux.
Ce qui nous égare c’est la frontière que nous ne cessons de poser pour tenter de discerner le possible de l’impossible.
Cette conscience de Soi. Qui peut dire où elle commence et où elle s’achève ? Et ce n’est pas cette pauvre idée finalement qu’il y ait un commencement et une fin qui peut nous tirer d’affaire.
Tout au contraire.
En revanche il y a des degrés de vibration c’est indéniable comme il y a des degrés d’une note de musique à une autre. Comme il y a des milliers de valeurs de gris colorés d’une couleur à l’autre. On ne peut pas les saisir tellement elles sont nombreuses. Nous sommes contraints ici-bas à l’arbitraire. C’est ce que nous croyons. C’est que l’on nous enseigne depuis toujours. La notion de choix et celle du renoncement.
Que le mystère soit détecté par la conscience, que l’on se dise soudain comme tout cela est mystérieux, c’est déjà une réponse en soi que nous nous hâtons de remplacer par une question.
Oh mais quel est donc ce mystère ? Et c’est tout à fait dans le texte à dire par l’acteur qui joue à la perfection son rôle de personnage. Il pourrait même placer un zest d’humour, avoir une attitude décalée en l’exprimant à haute voix.
Oh, mais ... quel est donc ce mystère ... ? Comme si la conscience jouait à s’étonner d’elle-même au travers de chacun d’entre nous.
Puis saisie par un vertige, se hâtant à nouveau vers la question très sérieusement. Une inquiétude propice à réintégrer le rôle avec une gravité nécessaire elle-aussi.
Je me suis posé tellement de questions tout au long de ma vie et sur tant de sujets que je ne peux plus faire semblant désormais d’ignorer l’humour que possède la conscience. Pas Ma conscience, mais la conscience en générale. Qu’elle soit la conscience de l’os, de la pierre, de la graine comme de l’oiseau, cette conscience qui s’explore règne après règne dans ce que nous nommons une durée et simultanément dans ce que nous nommons l’instant présent est toujours à la fois la même et en même temps une étrangère à elle-même.
Emportée vers la nécessité du but de l’infini , de l’amour , de l’unité c’est la seule manière qu’elle a pu imaginer pour se déplacer, d’une chose finie en une chose achevée et en même temps dans une continuité que nous avons peine à appréhender.
La réponse est déjà évidente qu’il puisse exister à la fois un temps linéaire et un instant présent qui le contienne et non l’inverse.
Encore faut-il que la réponse soit dénuée d’intérêt égoïste. Qu’elle puisse être utile au plus grand nombre. Qu’elle ne soit pas une affirmation sans fondement véritable, sans connexion avec le mystère et sa Source.
Que cette réponse soit vécue avant toute chose.
Comment revenir à la question après cette expérience ? C’est toute l’histoire de ma vie. Un éveil précoce, à l’âge de 6 ans puis une longue et fastidieuse vérification qui dure encore aux dernières nouvelles.
Comme si j’avais fini par douter aussitôt l’éveil vécu que pour étudier le fondement tout entier du questionnement. Comme si j’avais choisi de revenir vers le monde après avoir été propulsé au paradis afin de réaliser une tâche, un labeur, une mission.
Vouloir comprendre la matière aura été une obsession autant qu’un égarement volontaire. Car qui peut vraiment dire quoique ce soit de sensé sur ce qu’est véritablement cette matière ? Même les scientifiques les plus renommés n’en tirent tout au plus que des hypothèses. Hypothèses sur lesquels ils fondent des théories. Et tout fonctionne, même un théorie fondé sur une invention. C’est là l’incroyable réponse de l’univers à chaque fois qu’il participe à la moindre création. Et comment ne pourrait il pas en être ainsi ?
comment la neutralité ne serait elle pas le pendant de toutes les bienveillances comme de toutes les malveillances, des mensonges comme des vérités.
Il faut bien qu’il y ait un centre pour qu’un cercle se crée. On ne va pas demander à chaque point de ce cercle de rendre des comptes sur sa nature si ce n’est afin d’épuiser à la fois un art du questionnement, et ce que nous appelons la Raison.
Ce double épuisement poussé par l’avidité de savoir crée exactement son contraire, l’irrationnel et la déraison.
La voix s’interrompit à l’instant même où je commençais à me demander d’où elle provenait. Signe que l’égo recouvrait son territoire, que le mental s’enroulait comme un serpent autour de mon poignet m’imposant ainsi une fois de plus la fausse nécessité du JE.
Me voici au Musée du Louvre. J’ai décroché un job pour continuer à pouvoir étudier. Maitre-Jacques. Ou homme à tout faire comme on le dit plus communément. Ce matin je dois aller déboucher des toilettes dans les salles égyptiennes. C’est la toute première fois que je me rends là-bas et malgré les quelques renseignement que le chef d’équipe l’a donnés je me suis égaré.
Soudain je pénètre dans une grande salle, très lumineuse et je me retrouve face au Scribe. Le choc est tel que je titube. Je suis paralysé par son regard tellement intense, bleu. Les larmes me montent aux yeux et j’éprouve un amour infini pour cette sculpture sans rien comprendre au film. Jamais une œuvre d’art ne m’a touché si profondément. J’éprouve la sensation physique qu’elle m’arrache le cœur que celui ci sort de ma poitrine et prend tout l’espace de la pièce et même au-delà.
Je m’étais rabiboché avec mes parents à cette époque. De temps en temps je faisais un saut pour me rendre chez eux le week-end afin de partager un repas. Ma mère était déjà bien malade sans le savoir. Elle buvait en cachette du vin blanc et s’était trouvé quelques camarades alentour, dépressives probablement aussi pour organiser des parties de oui jà.
Un jour où mon père était en déplacement elle m’avait demandé de participer à l’une de ces fameuses parties. La curiosité l’avait emporté sur le ridicule que j’attribuais à tout cela et je me retrouvais devant un verre rempli de blanc et un autre retourné sur lequel il s’agissait de poser un doigt.
— On va demander quelles ont été tes vies antérieures m’a dit ma mère en clignant de l’œil.
Petit ébranlement de la raison lorsque je sens le verre se déplacer d’une lettre à l’autre que ma mère note soigneusement sur une feuille.
— E S O P E .. ça doit être un nom dit-elle alors je sens des sueurs glacée couler le long de mes reins.
—SCRIBE de PHARAON ..... le nom du pharaon semble indéchiffrable.
Cette scène je peux la placer en amont ou en aval de ma rencontre réelle avec le SCRIBE ACCROUPI. Peu importe en fait. Le lien est là entre ces deux scènes et si j’écoute mon égo je peux me dire tout un tas de choses très valorisantes évidemment.
Mais ce ne sont en fait que des souvenirs écrans.
Car l’important aujourd’hui n’est pas le scribe, mais les deux pierres bleues incroyablement intenses qui créent son regard.
Peu à peu les contours de la sculpture comme tout ce qu’ai tissé comme élucubrations sur mes relations au scribe, à l’ésotérisme de ma mère, s’évanouissent paisiblement.
Il ne me reste plus que ce regard dont je ne peux plus détacher les yeux. Il s’agit d’un regard tellement familier qu’encore aujourd’hui des dizaines d’années plus tard je n’ai qu’à me souvenir pour que mon cœur bondisse à nouveau dans ma poitrine et que des larmes me montent aux yeux.
Ainsi toutes les questions que je me suis toujours posées sur la rencontre avec le scribe forment un cercle sur lequel je me tiens en équilibre depuis tout ce temps et qui ne servaient qu’à appréhender la circonférence.
Je suis ce scribe. Pas moi en tant qu’égo, mais en conscience je me reconnais conscience au travers de son regard.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}