L’autorité
Peinture à l’huile 2021 pblanchon
Par la sonorité du mot, par sa lecture de l’ouïe ou de l’œil , attentive, plus ou moins habitée, et maintes fois renouvelée, il arrive qu’on parvienne à saisir de façon très fugace une relation entre le mot autorité et le mot auteur. Il n’est pas idiot de songer que l’auteur dans un tel cas ait affaire avec l’autorité. C’est même probablement au travers de la manière dont l’auteur considérera cette autorité, qu’il se laissera utilisé ou l’utilisera qu’on pourra considérer qu’il est attirant, intéressant, ou repoussant. Ou qu’il nous indiffère. Que la toute puissance d’une telle autorité se manifeste d’une façon grotesque n’est pas rare. Encore faut-il qu’il y ait encore un tout petit peu de monde auquel le grotesque saute aux yeux. Qu’un auteur devienne imbu de lui-même, du seul fait d’avoir commis l’erreur de croire que l’autorité lui appartenait est de tout temps une banalité. Et cette banalité, cette évidence, s’enfonce sans doute d’elle-même dans le silence commun à son égard. Sauf pour les jeunes critiques qui feront feu de tout bois pour lisser leurs jolies plumes. Il en va de même pas seulement des auteurs mais de tous ceux qui, de près ou de loin, se donnent ou éprouvent la charge de vouloir s’exprimer. Et ce que ce soit publiquement, comme dans l’intimité. Ce qu’on nomme l’autorité n’appartient à personne, elle est même susceptible d’appartenir à tous. Elle est une donnée au même titre que sont des données l’air l’eau la terre et le feu. Un element naturel, une puissance, un esprit. Et en tant qu’élément elle ne fait pas de différence entre les êtres, elle les aborde, les habite ou les quitte à son grès. Elle ne peut être un bien, une possession. Et pourtant elle se confond aujourd’hui avec la propriété,la loi, des verbes d’action autrefois compréhensibles par tous comme gouverner, protéger, accompagner. Du temps où les mots avaient encore un sens, une définition, et où le sens la définition appartenaient à cette croyance que le mot représentait la chose, que les mots, le langage pouvaient créer une traduction fidèle de la parole de Dieu et du monde qui par le verbe avait (ainsi fut-il) crée. On peu même imaginer bien plus loin en amont, des femmes et des hommes qui, démunis absolument aient pu confié en sagesse cette autorité qu’ils percevaient à des dieux, des esprits, des fantômes de toutes sortes, de justes avatars ou acabits., ils l’auraient à bon titre imaginé dans des sociétés où le juste corrélait l’idée nette d’un faux. Sans doute n’était-ce pas mieux que de nos jours ou l’autorité n’appartient plus qu’à une poignée qui s’en sert comme d’une fille publique pour en être la mère maquerelle, la proxénète. Le grotesque, l’absurdité, le ridicule, forment une galaxie terrifiante plus on se rapproche de ce que l’humour, la dérision, l’ironie, voudraient atténuer ou masquer. Une ignominie, une escroquerie d’ampleur mondiale ni plus ni moins. Et lorsque on constate l’arrogance, le mépris, l’inhumanité causé par la perversion de l’autorité alliée au simple pouvoir, l’énergie qui nous traverse se heurte à des obstacles naturels eux aussi. La tristesse, la colère, la dépression ne sont rien d’autre que les manifestations d’obstacles à l’écoulement du flux comme les sont les souches, les rochers posés en travers d’une rivière. On aimerait penser qu’en levant tous ces obstacles nous bénéficierions d’un monde meilleur, que nous deviendrions par décalque meilleurs nous mêmes. Ce serait ne pas comprendre l’autorité de l’univers, et de vouloir encore l’utiliser à notre guise, c’est à dire maladroitement. L’autorité n’est jamais entravée dans l’absolu de son idée. Ce sont seulement les êtres qui s’entravent eux-mêmes dans les malentendus surgissant à son contact. En tant qu’auteur de quoi que ce soit puisque c’est ainsi qu’il est dit désormais : auteur, créateur, poète, peintre, entrepreneur, homme politique, gouvernant, élu, balayeur, marin au long cours, nous devrions souvent nous poser la question de l’écart que nous commettons en toute inconscience avec l’idée d’autorité. L’autorité qui nous traverse nous sollicite, ne le fait pas gratuitement, il y a toujours un tribut à lui offrir en échange. Réfléchir à ce tribut c’est aussi savoir ouvrir l’œil sur ce que nous écartons le plus souvent, c’est à dire le pire. Et il est aussi intéressant d’étudier ce pire qui diffère pour chacun d’entre nous. La postérité étant constituée d’abrutis probablement très semblables à nous, on ne devrait peut-être pas s’enticher de l’autorité pour obtenir gloire, mondanités, éphémères, comme on semble l’oublier souvent. Mais plutôt aiguiser tous les sens, le corps tout entier, puisque nous ne possédons véritablement que lui, et dans cette nudité, cette apparente pauvreté, nous laisser habiter par l’autorité pour agir en son nom tout en nous effaçant le plus possible. Inutile de vouloir à tout prix et en quête de profit pénétrer l’impénétrable qui tisse les fragiles et dérisoires sentiers de l’autorité.peut-être que tout ce que nous pouvons faire est de rester debout en les arpentant.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}