histoires

huile sur toile 70x70 cm disponible à la vente.

l’histoire. Pourquoi je bute sur ce mot comme sur le mot sujet ou le mot thème. Parfois j’essaie de changer de mot, intrigue, démarche, ça ne donne pas grand chose de mieux. Certains mots ont le pouvoir de paralyser. L’exhortation qui se dissimule sous ces mots. Et dont le but est d’obtenir une garantie que l’on écrit ou peint vraiment quelque chose et non rien. Ai-je envie de raconter des histoires. Ce que signifie vraiment cette action, ce boulot. C’est avant tout mentir. Tu racontes des histoires est cette expression entendue en boucle dans l’enfance. Cela signifie que ce que tu racontes c’est n’importe quoi, ça ne tient pas debout, c’est débile, d’aucune importance, peanuts. Voilà peut-être le noeud du problème avec le mot histoire et qui continue à me poursuivre 63 ans après. Comme si, à chaque fois que j’ai l’intention de raconter une histoire , je me heurte à mon insignifiance fondamentale, que toute histoire ne peut qu’être que du vent, une connerie. Que nul n’y croira, et. au bout du bout même pas moi puisque j’ai été vérolé par ce programme, que j’en suis conscient.

Maintenant si je prends les choses depuis un autre point de vue , les histoires que les autres ne cessent de raconter, aux autres, à eux-memes, est-ce que je les prends par réflexivité par dessus la jambe. Du fait qu’on ne prenne pas les miennes au sérieux. Possible. Simple réflexe. Souvent inconscient. Toutes les histoires se ressemblent à peu de choses près. C’est la forme, la façon de les raconter, qui déclenche un intérêt ou pas. L’histoire est également un lieu, un espace dans lesquels une lutte sans merci s’effectue et dont le but est de vouloir gagner en crédibilité sur ce que l’on nomme la,réalité , à défaut d’épater qui que ce soit, d’intéresser l’autre. Vouloir faire son intéressant est aussi une phrase qui remonte à loin. Mais pourquoi voulais-je me rendre interessant en racontant des inepties, se sera t’on posé cette question, pas vraiment, au bout de quelques répétitions, ce comportement singulier ne doit plus l’être, il faut lui coller une étiquette pour être tranquille, pour que la vie ou le spectacle continue. Tu es menteur voilà.

Raconter une histoire, un mensonge, à bien y réfléchir posséde cette fonction de vouloir résister à l’inéluctable, c’est à dire la gifle, l’insulte, l’humiliation. Cette peur d’être battu ou puni toujours présente à chaque instant de la journée. Et pour essayer de reculer ce moment je racontais des histoires, comme je m’en racontais aussi à moi-même. Sont-ce les mêmes, non, mais leur fonction est identique, c’est à dire créer un espace où exister parce qu’ailleurs je n’ai pas d’identité véritable. s’inventer des histoires pour ne plus voir cette réalité de n’avoir aucune existence, de n’être qu’un vide, voilà le type de réalité que j’ai dû regarder en face avant de détourner le regard pour survivre sans doute. Et aussi cette difficulté pour continuer à dire le mot parents au lieu de bourreaux ou gros cons. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose mais qui revient au même, puisque le doute ne cesse plus de s’interposer dans la relation. Est-ce que ce sont des monstres ou bien de parfaits imbeciles. Est-ce que je suis une victime idiote ou bien un gamin plus intelligent que ces deux adultes. Est-ce sans danger de briser ce tabou. J’ai toujours oscillé entre ces deux pôles dans à peu près toutes les situations de ma vie. Que ce soit dans le travail, dans mes relations sentimentales, dans la peinture et bien sûr dans l’écriture. Ce doute est toujours présent et je pense qu’il m’accompagnera dans la tombe.

Quand j’entends la plupart des gens me dire il faut avoir confiance en toi après tout cela, je comprends surtout qu’ils veulent que je choisisse un personnage et que je m’y tienne, surtout pour que ça les arrange, qu’ils puissent compter sur moi en même temps qu’ils m’ont deja affublé du chiffre zéro. Toujours eu cette impression que rajouter un 0 à une unite c’était bien plus symbolique que de trouver une astuce pour dépasser le chiffre 9. Maintenant voilà entend-je , on compte autrement, il y a le 1 et le zéro. Bien sûr zero ne peut être que toi. ensuite on te remplacera par 9 chiffres pour parvenir à 20, et ainsi de suite jusqu’à la saint Glinglin. Tu n’auras donc qu’une existence éphémère, avant d’être remplacé par tous ces chiffres, Mais il faut que l’on puisse compter sur toi. C’est à dire t’ensevelir systématiquement sous des chiffres. L’écriture pourrait être considérée aussi comme du chiffre. Dans ce cas écrire c’est continuer à faire ce job que l’on m’a attribué, continuer à m’ensevelir proprement en essayant d’ y mettre les formes. Parfois j’y arrive d’autres fois non. Faire exploser la forme voilà un désir qui n’est pas innocent et qui dépasse la notion d’histoire, ou qui se heurte à elle tout simplement. Ai-je vraiment fait le tour de ma difficulté avec l’histoire. Je n’ai pour l’ instant qu’ énoncé des faits tels que je les ai perçus. Est ce que ces faits mis bout à bout constituent une histoire, probablement. Cette histoire c’est la mienne et je ne peux que la considérer anecdotique.Elle n’ajoute ni ne retranche rien au monde. C’est une histoire vaine, un lieu vain extirpé d’un espace vide. Mais par quoi, sinon le langage seulement. Les mots surgissent , s’ajoutent à d’autres, sans but, sans raison autre que d’écrire encore un nouveau texte et rien de plus.

hier achèvement d’une toile qui était en suspens depuis quelques mois, comme je m’y suis pris, juste trouver le bon bleu légèrement violacé pour unir les formes disparates.

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre