Comment interpréter un tableau abstrait de Julie Merhetu ?

peinture abstraite en noir et blanc, on devine un stade au centre du tableau, et des gestes de dessin, de peinture, plus ou moins désordonnées tout autour.The Seven Acts of Mercy Julie Merhetu 2004

Mimer pacifiquement la guerre ? la violence ?

Le stade, les dieux du stade. Une course de 192, 27 m car 600 fois l’empreinte du pied d’Hercule ; soit 600 fois 32 cm soit 12 pouces, ou encore 1 foot anglais. (Cette distance correspondait en 776 avant JC à un stadion ou stade. )
Par la suite dans les compétitions en l’honneur de Zeus, on ajouta le retour, soit le diaulos, puis encore plus fort 24 stades, le dolichos soit 4,6 km.

A Olympie il n’y a pas vraiment de structure olympique au sens où nous l’entendons désormais. Il s’agit en tout et pour tout d’une piste recouverte d’un mélange de terre et de sable et qui forme un rectangle de 212 m de long sur une largeur de 28, 60 m aux extrémités avec un renflement l’élargissant à 30,70m en son milieu.

On y pratique bien sur la course à pied, mais aussi la lutte, le pugilat, le pancrace, des sports équestres, et aussi des épreuves musicales.

Au tout début il s’agit pour les coureurs d’atteindre le bois d’Altis. Puis on pratique quelques aménagements, un tunnel sera creusé depuis Altis permettant aux compétiteurs d’apparaître “ comme par miracle” aux regards des spectateurs. Autour de la piste on crée des remblais et des talus pour offrir des places à ceux-ci et quelques unes déjà en surplomb, pour les privilégiés. On installe des sièges pour les notables, puis viendront ensuite les gradins, avec un ordre de placement hiérarchisé selon la condition de chacun qui s’y assoit, ou qui ne s’y assoit pas. Car ici du reste la plupart ne peuvent s’asseoir mais reste debout, le peuple. C’est la naissance du stadium le lieu “où l’on se tient debout” et qui peut accueillir jusqu’à 40 000 personnes.

“une totalité spatiale organique”

Le stade se propose comme un espace fermé, qui s’articule à la ville selon des modalités qui ne sont pas celles de la palestre ( autre lieu sportif réservé aux adolescents âgés entre 12 et 16 ans qui y pratiquent la course également mais aussi le lancer de javelot, le lancer de disque, mais aussi à cultiver l’art des bonnes manières et la discipline- lieu préparatoire à la guerre comme à la défense des cités).
Le stade se différencie également du xystos, piste couverte dans un gymnase où l’on s’entraîne par mauvais temps ou lorsque il faut trop chaud à l’extérieur.
Le stade n’a rien non plus à voir avec l’autel, le temple, l’agora ni aucun autre édifice de la cité.
Au bout du compte si on peut imaginer dans la pensée première du roi Iphitos l’utilisation du stade comme amusement, délassement, ersatz de la guerre, le lieu du Jeu, le lieu où même un cuisinier peut devenir durant quelques instants un héros, presque déjà un dieu ( Référence à Kérébos qui remporta la toute première course en Olympie) il est possible que l’on se fourvoie.
Le stade permet à la guerre de continuer même quand elle n’est pas là. Le stade permet de conserver actif l’esprit de compétition, l’esprit combatif même et surtout en temps de paix.
Le stade acquiert ainsi une place décisive dans la cité il devient le centre névralgique de la compétition autour duquel s’organise la ville et ses nombreuses activités. Il exerce une force centripète sur l’ensemble des peuples hellènes, fondant ainsi une nouvelle unité sociopolitique spécifique à chaque nouvelle olympiade.

Pourquoi le retour des stades ?

Ce qui est étonnant c’est que le phénomène du stade est perdu au Moyen-Age comme à la Renaissance, on ne le retrouve que de nos jours avec la même intensité qu’autrefois. Est-ce que le stade s’associe au sport comme on pourrait le penser, certainement pas. Le stade représente tout autre chose, sans doute la même volonté qu’autrefois de créer une sorte de consensus émotionnel, ou d’aveuglement des foules, hypnotisées, galvanisées par l’aura du sport et de ses divinités, “ses stars.”

Je me demandais si la peinture abstraite contemporaine pouvait exprimer des thématiques associées aux temps actuels, si elle pouvait par exemple évoquer le changement climatique, les conflits sociaux, témoigner tout autant que la peinture figurative avait pu le faire et certainement continue à le faire de notre temps.

J’ai été attiré par un tableau de Julie Merehtu intitulé The Seven Acts of Mercy, [Les sept actes de miséricorde], et qui fait ainsi référence à une peinture éponyme du Caravage, avec plusieurs points de fuite autour d’une structure centrale presque religieuse qui me rappelle vaguement l’image du stade.

Que voit-on sur le tableau du Caravage ?

Cette toile représente les sept œuvres de miséricorde dites « corporelles » qui, dans le dogme chrétien catholique, consistent à :
enterrer les morts. À l’arrière-plan, deux hommes portent un mort dont on ne voit que les pieds.
visiter les prisonniers et nourrir les affamés. Sur la droite une fille rend visite à son père emprisonné et lui donne le sein pour le nourrir (légende de Pero et Micon).
aider les sans-abri. Un pèlerin reconnaissable à la coquille sur son chapeau recherche un abri.
visiter les malades. Le mendiant paralysé gît sur le sol.
vêtir ceux qui n’ont rien (à l’exemple de saint Martin qui a donné son manteau au mendiant nu).
donner à boire à ceux qui ont soif. Samson boit de l’eau de la mâchoire d’un âne.


Petite histoire du tableau du Caravage

celui-ci à été peint pour l’église de la congrégation du Pio Monte Della Misericordia à Naples. A l’époque le peintre veut échapper à la justice romaine, il fuit Rome pour se rendre à Naples en 1607 alors sous domination espagnole. C’est sans doute l’œuvre qui lui a rapporté le plus d’argent 400 ducats, c’est aussi à la même époque qu’il peint la Flagellation du Christ pour le riche Tommaso de Franchis.

Ce que cela m’inspire est sans doute tiré par les cheveux. Autour de quelle institution fédérer le peuple quand le stade a disparu ? La religion, le catholicisme, la Miséricorde ? Mais tout cela n’est encore une fois de plus qu’une tentative de dérivation de la violence inhérente à l’homme, dérivation ou entretien de celle-ci dans l’imposition d’un paradigme basé sur la dualité bien-mal, bonne ou mauvaise action, croire ou ne pas croire et qui entraînera la création de plusieurs inquisitions pratiquement dès la naissance de cette institution.
Le sport et la religion même combat, le but étant l’aveuglement collectif, le naufrage dans l’émotionnel, et bien sur son exploitation par des personnages à sang-froid.

Que représente le tableau de Julie Merhetu ?

Des gestes de peinture plus ou moins appuyés presque dérisoires autour d’une construction architecturale, seul élément solide de l’œuvre. Mais quoique évanescents, ces gestes, remplissent presque la totalité de l’espace, ils sont majoritaires. Ils cernent le stade comme s’il devenait leur cible, comme s’ils s’y opposaient avec une certaine douceur due notamment aux valeurs de gris peu marquées, à une douce confusion, à peine relevée ici et là de traits plus précis, souvent en arc de cercles, en courbes, évoquant peut-être une caractéristique féminine. Il y a là une opposition entre les courbes rigides de la construction architecturale qu’on peut sans peine imaginer masculine, machiste, et celles plus chaotiques d’une féminité “sauvage” ou tout simplement naturelle.

Ensuite la relation avec le tableau du Caravage quelle est t’elle vraiment ? Il est question des miséricordes corporelles en opposition à celles spirituelles ( 7 de chaque)
Le tableau s’organise autour d’un vide, d’une obscurité, la lumière vient de la gauche, ce qui évoque pour moi la maladresse, le hasard, ce qu’on appelle généralement la gaucherie, la femme gauche, la féminité ainsi considérée durant des siècles. Que la lumière de la vienne de la gauche et crée ainsi des contours aux silhouettes, les fait apparaître hors de l’obscurité de la violence fondamentale et comme surprises dans leurs œuvres nommées miséricordieuses procure une belle émotion esthétique et intellectuelle, assez semblable d’ailleurs à celle procurée par l’œuvre de Julie Merhetu. Quasiment identique.

Ainsi deux oeuvres totalement différentes plastiquement mais qui traitent d’une même thématique, celle de la violence finalement, ou encore de l’opposition ombre et clarté , féminin-masculin, se relient dans une histoire plus vaste de l’humanité.

Ensuite, c’est peut-être simplement mon point de vue personnel, ma façon d’interpréter les choses et notamment les œuvres qui me passent devant les yeux avec la grille de lecture dont je dispose.

Note : cet article a été en partie inspiré par un article de Robert Magiorri sur le livre de Marc Perelman, l’Ere des stades (Genèse et structure d’un espace historique) , Le cahier Livres de Libé 10 juin 2010)

Julie Merhetu est née en Ethiopie en 1970, elle quitte l’Afrique pour s’installer aux Etats-Unis en 1977. Sa thématique principale est axée sur les conflits sociaux. ( voir sa page Wikipédia )

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

Se lancer

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre