Le mot "algorithme" nous vient d’Al-Khwârizmî, mathématicien persan du IXᵉ siècle dont les travaux introduisirent l’algèbre en Europe. Dans les "maisons de la sagesse" de Bagdad, où se mêlaient mathématiques, astronomie et poésie, il œuvrait sous les califes abbassides.
Un algorithme est cette panacée capable de résoudre une multitude de problèmes, pourvu qu’on les découpe en instances - comme on couperait les cheveux en quatre. Le verbe "résoudre" lui-même possède cette triple dimension : décider, décomposer, trouver.
Cette approche rejoint la vision soufie, que j’admire chez Omar Khayyâm - à la fois astronome et poète, qui écrivait :

« Au printemps, je vais quelques fois m’asseoir à la lisière d’un champ fleuri.
Lorsqu’une belle jeune fille m’apporte une coupe de vin, je ne pense guère à mon salut.
Si j’avais cette préoccupation, je vaudrais moins qu’un chien. »

La question devient alors : quel filtre appliquer à l’information ? Dans le monde de l’avoir, c’est l’ajustement aux variables du client. Dans l’art, ce fut longtemps la beauté. Dans l’être, ne devrait-ce pas être la simple justesse ?

Ce qui m’amène à "readiness" - cet état de disponibilité à l’instant qui m’a toujours caractérisé. Enfant, je saluais avec empressement chaque personne croisée, jusqu’au jour où mon père me demanda si je les connaissais toutes. La réponse négative fit naître en lui une déception visible.

Sur son bureau trônaient les trois singes de la sagesse - ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire. Emblème s’opposant à mon empressement naturel. Notre malentendu dura longtemps, mais depuis, dans chaque regard rencontré, je perçois cette lueur mystérieuse, simiesque, et j’entends encore le rire de mon père.