Temporalité et Ruptures

Il n’y a pas de temps continu dans ces textes. Ou s’il y en a un, il est troué, bousculé, repris dans ses plis. Ce mot-clé regroupe des fragments où la temporalité devient matière d’écriture : non comme fond neutre, mais comme tension permanente.

Parfois, une rupture : accident, disparition, événement qui brise le fil. Parfois, c’est plus discret : un glissement, une répétition, une scène qui revient autrement, déplacée, comme un souvenir parasité. Parfois encore, c’est le temps lui-même qui se délite — plus de passé, plus de futur, juste une suspension.

Ces textes cherchent des formes pour accueillir cette incertitude. Pour dire l’expérience du temps quand il se défait, quand il revient en boucle, quand il ne tient plus. L’écriture y devient une manière de reconstruire un rythme — ou simplement de faire entendre l’éclat, le battement, la rupture intérieure.

Livre à feuilleter

articles associés

Lectures

Effacement des traces

Lire, ce n’est pas seulement parcourir des livres. C’est aussi décoder les traces de notre quotidien, ces empreintes infimes laissées sur le papier avant qu’elles ne s’effacent. Plonger dans les papiers administratifs. C'est un rituel quotidien, presque inconscient. Scanner les factures, les tickets de caisse, les preuves. Ces fragments de notre passage, de notre consommation, de nos choix, ces pièces censées attester de notre histoire récente. Et pourtant, déjà, elles s’effacent. À un moment, en constatant leur effacement, je suis à mi-chemin entre l’étonnement et la colère. Ainsi, on nous impose, pour des raisons comptables et administratives, de conserver nos liasses de papiers en lieu sûr. Mais à quoi cela sert-il vraiment si, au bout d'une année à peine, elles disparaissent ? Comme si ce que nous vivons n’avait pas vocation à durer, comme si les preuves mêmes de notre passage n’étaient qu’une illusion temporaire. J’ai songé un instant à aller dans les magasins, les banques, exprimer… quoi ? Mon incompréhension face à cette absurdité, ma frustration de voir disparaître ce qu’on exige pourtant de conserver, mon désarroi devant cette obsolescence imposée. Mon étonnement, ma colère, mon désarroi ? Mais peine perdue, me suis-je dit presque aussitôt. Qui écouterait ce désarroi, sinon moi-même ? Qui accorderait de l’importance à ces détails infimes mais pourtant révélateurs d’un monde en perpétuelle disparition ? Il te faut aussi accepter cela, comme ce jour où tu as cherché, en vain, une vieille note griffonnée sur un carnet oublié, une idée précieuse jetée sur le papier et disparue sans laisser de trace, ces idées jetées sur le papier et oubliées, ces souvenirs effacés avec le temps, cette disparition des traces administratives de ta vie professionnelle et personnelle. Mais n’est-ce pas aussi le propre de toute existence, de s’effacer progressivement, d’être recouverte par les strates du temps, de s’effilocher comme ces tickets de caisse dont l’encre s’évapore sous nos doigts ? Hier encore, on nous vantait l'éternité des galettes, des CD, des DVD, tout comme on nous promet aujourd’hui celle du numérique. Mais force est de constater que même ces formats ne nous garantissent pas la pérennité. En changeant de machine, on abandonne parfois tout un pan de sa vie. Combien de fichiers oubliés sur d’anciens disques durs, combien de photos stockées sur des supports désormais illisibles, combien de mots, d’instants, effacés à jamais par l’évolution technologique ? Nous nous en remettons aux machines, persuadés qu’elles garderont tout en mémoire, alors même qu’elles sont les premières à nous trahir. À force de courir après la nouveauté, ne sommes-nous pas en train d'effacer notre propre histoire ? Je ne le sais pas. Ce que je sais, c'est que les traces s'effacent progressivement, avant même notre propre disparition. Et avec elles, peut-être, une part de nous-mêmes. La seule chose qui ne change pas : regarder le ciel. Tenter de lire ce qu'il dit et qui varie perpétuellement. Déjà enfant, j'avais un doute sur ce que je comprenais de cette lecture. Je m'estime heureux d'avoir conservé ce doute. Car tant qu’il reste du doute, il reste une place pour l’émerveillement. Pour la mémoire que l’on forge autrement que sur du papier, sur des écrans, ou sur du silicium. Peut-être que ce qui demeure réellement n’a pas besoin d’être enregistré, numérisé, archivé. Peut-être que ce qui persiste, c’est ce que nous choisissons de garder vivant en nous. Cette disparition des traces ne se limite pas aux objets ou aux fichiers numériques. Elle s'étend même au langage, à ces repères que nous pensions immuables. Elle touche aussi notre langage, nos repères. Pierre Ménard, sur son site "Liminaire", nous fait part d'une péripétie qui semble amusante au premier abord, mais qui, si l'on y réfléchit, glace le sang. Quelqu'un s'amuse à aposer des étiquettes sur tous les objets, une fenêtre, un placard, un ordinateur. Cela semble absurde au narrateur car tout le monde sait ce que sont ces objets. Puis soudain l'ordre des choses se modifie... La tasse devient une douchette, l'ordinateur pluie... ( [https://liminaire.fr/chronique/entre-les-lignes/article/dans-le-temps-a-contre-courant]) Ce glissement arbitraire du sens des mots nous rappelle à quel point notre monde repose sur des conventions fragiles. Lorsque nos repères se dissolvent, que reste-t-il de notre mémoire collective ? Est-ce une bonne ou mauvaise chose je n'en sais rien et une certaine lassitude m'empêche de me lancer dans cette investigation. Finalement, je finis par apprécier cet état flottant, entre étonnement et colère, comme quelqu'un tentant de passer entre les gouttes de pluie, les flocons de neige.|couper{180}

Auteurs littéraires Temporalité et Ruptures

Carnets | février 2025

18 février 2025

Ce mouvement de rapprochement, puis d’éloignement, puis de rapprochement à nouveau. Ce va-et-vient incessant, comme un geste de peintre, ample et mesuré. Il n’est pas là pour rien. Il n’est pas gratuit. Je le paie cher. Parce qu’il en va ainsi de tout. Je me rapproche des êtres, je m’en éloigne pour mieux les voir, pour les voir autrement, quand la proximité m’aveugle. Je m’éloigne du collectif, puis je m’en rapproche, jusqu'à l’agacement, jusqu’à la brûlure, pour retrouver enfin ma quiétude en prenant de la distance. Hier, au musée Science-Expériences, rue Thomassin, Lyon. La station ISS traverse le ciel, passant à 400 km au-dessus de nos têtes, seize fois par jour. Moins qu’un Lyon-Paris, mais il faut pourtant vingt-quatre heures pour l’atteindre. Parce qu’on ne peut la rejoindre en ligne droite. Il faut d'abord s'élever sur la même orbite, puis la poursuivre, l’attraper dans son mouvement. De même, pour fabriquer des cristaux de glace, il faut un certain dosage de pression. Dans une bouteille où se mêlent neige carbonique, eau chaude et produit vaisselle, le gaz se détend brusquement, la température chute sous zéro, et la glace se reforme, à l’envi. Tout est affaire d’équilibre et d’ajustement. La distance ne signifie pas l’abandon. L’éloignement permet parfois de mieux saisir ce qui nous échappe de trop près. Et le mouvement continue, oscillation perpétuelle entre attraction et répulsion, entre le désir et la fuite. Un cycle infini, comme une respiration. L'aller et le retour. Pour comprendre cette notion, la répétition est nécessaire. Jusqu'à s'y perdre totalement. Jusqu'à l'oubli. L'aller et le retour liés au travail. Aux promenades. À la salle de sport. Certains sont quotidiens, d'autres hebdomadaires, d'autres encore suivent un rythme que l'on ne discerne pas immédiatement. Aller et retour de la joie et du dégoût, de l'envie et du rejet, vers un livre, un être, un lieu. Vers soi.|couper{180}

Temporalité et Ruptures

Carnets | Mars 2024

2 mars 2024

Entre réflexions matinales et confrontations discrètes, le narrateur navigue dans un espace de tensions invisibles, là où les gestes les plus banals deviennent des terrains de lutte silencieuse.|couper{180}

Autofiction et Introspection Temporalité et Ruptures

Carnets | avril 2023

notes de lecture

Arrêt de bus lycée du Futuroscope, une vingtaine de minutes d'attente. Un bon week-end passé à deux, avec beau temps, et arbres en fleurs. Tout s’est bien déroulé, l'état d'esprit y est pour beaucoup. Mettre les soucis de côté, se rendre disponible, partager des silences et des rires, avec ce qu'il faut aussi de repli chacun pour recharger les batteries. Les enfants de 10 ans n'ont rien à voir avec l'enfant que j'étais à leur âge. Chaque génération nouvelle, hormis tout le mal qu’on peut dire ou penser du monde, effectue un saut quantique. On ne peut plus comparer les façons d’être, de raisonner ; on ne peut que les observer, en être parfois surpris, voire atterré. Mais c'est une affaire de lunettes : il faut penser à en changer, voir autrement sans comparer, ce qui n’est bien sûr pas facile. Je continue le livre d'Alain Ouaknin, Bibliothérapie, lire c’est guérir. Tout semble si juste concernant la notion de cercle, d'enfermement, le paradoxe que produit celui-ci : la sécurité, l'intégration au groupe, au dépens d'une forme d'identité, de liberté. Tout cercle produit ainsi un double mouvement centrifuge et centripète. Même un cercle où il serait question d'écriture, de lecture. Sans doute est-ce la raison principale qui explique ma volonté permanente de contradiction à l'intérieur de tout groupe, cercle — et à la fin, quand je sens que je dérange trop, que rien ne bouge, je m’éclipse. Mais pour m’enfermer presque aussitôt dans la solitude et l’auto-flagellation. Ce que je trouve de moins en moins rigolo, au bout du compte. Mais pourquoi voudrais-je que tout s’achève perpétuellement en blague, en farce, en comédie ? Plus jeune, je me ruais sur l’ironie comme un naufragé vers une bouée, mais la tristesse de celle-ci me semble tellement inutile désormais. Quitter joyeusement un groupe, un cercle — voilà ce qu’il faudrait toujours ne pas oublier de faire. Parvenus à la gare de Poitiers, le train pour Massy a plus d’une heure de retard prévue… encore un cercle : soixante-dix minutes, quatre mille deux cents secondes, combien de battements de cœur, combien d’étincelles susceptibles de créer une petite joie pour s’en sortir… ? À part continuer de lire, d’écrire, je ne vois pas autre chose. M. est fatigué, il joue sur sa tablette, s’agace ; je décide de ne pas m’en mêler. En deux jours, nous n’avons pas parlé de grand-chose. Nous avons été ensemble, voilà tout. On a ri, beaucoup. J’espère que ce sera pour lui un bon souvenir. Mais qu’est-ce qu’un bon souvenir ? C’est encore un concept que j’invente d’après mes bons souvenirs — ceux réels et surtout ceux fantasmés, déformés… Et cette question en suspens : à quoi ça rime ? Dans le Quichotte de Cervantes, de quoi est-il vraiment question sinon de nommer quelque chose — et surtout d’accepter que cette nomination soit fluctuante. Il ne s’agit ni plus ni moins que de "la sagesse de l’incertitude". Accepter le fait que rien ne soit certain, pas même l’incertain — n’est-ce pas une piste intéressante pour s’évader de tout cercle, toute prison ou dépression ? Vouloir nommer les choses et accepter simultanément que ce soit subjectif, faux, fluctuant, en suspens, provisoire… Ainsi, choisir le bon mot demande d’avoir pesé tous les pour ainsi que les contre, et de rester, malgré tout, dans un doute raisonnable. Se laisser la possibilité de changer d’avis sur un mot. D’où la relecture, encore une fois. Et aussi la forme en rond, de cercle, provenant d’une décision — soudain bizarre — qui pousserait à ne pas vouloir se relire. Bonne ambiance dans la voiture 8 du Ouigo : une bande de filles, la trentaine, certainement éprouvées par le retard, rivalisent de blagues crues. M. est absorbé dans un jeu sur sa tablette. Il n’a presque plus de batterie. On prendra un Uber à Massy pour rejoindre Le Mée-sur-Seine, ça ira plus vite que de reprendre un RER via Les Halles à Paris.|couper{180}

affects Temporalité et Ruptures

Carnets | mars 2023

Continuité d’un lieu

C’est le mot le lieu, ou le lieu le mot. Une continuité discrète, immobile, comme une boucle presque imperceptible, un ruban de Möbius que le temps efface sans jamais l’interrompre. Une énergie ténue, une veine électrique qui parcourt un circuit depuis des décennies, toujours la même, inaltérable tant qu’on n’actionne pas l’interrupteur. Qu’on ne change pas de lieu, de mot. On aurait pu convoquer Leibniz, sa théodicée, un happy-end. Mais l’électricité suffit. Une ampoule au plafond, le filament qui résiste au passage du courant, et la pièce s’éclaire. La lumière est là, sans grandiloquence. Une clarté pauvre qui nous tient. Le mot, c’est maison, chambre. Des lieux auxquels on revient sans que cela n’apporte ni joie, ni profit. Des lieux où l’on sait que des vies se sont usées, sédimentées, sans que cela n’ajoute rien à leur pesanteur. C’est là, c’est tout. Un espace à la fois présent et obsolète, une continuité sans relief. Les gestes, les actions, les surprises, nous ont longtemps captivés, nous tenant en dehors de la chose même, de ce silence étale qui succède au mouvement. Puis l’âge est venu, le temps s’est épaissi, et les mots comme les lieux ont changé de nature. Ils ont perdu leur évidence. Ils se sont décollés de leur usage, comme les papiers peints d’une chambre jamais réchauffée. On dit maison, mais ce n’est plus cette maison. Le mot flotte, au-dessus des objets qu’il désigne, comme une feuille morte prise dans un tourbillon. L’écriture cherche à poser une passerelle, à maintenir ce fil tendu entre le mot et la chose, sans obéissance, sans concession. Il ne s’agirait pas d’en faire un outil docile. Il s’agirait de garder cette tension, cette résistance de l’expression face à l’effondrement. À force d’insister, de creuser, on finit par retrouver un point de contact. Pas une révélation. Plutôt une lente érosion du doute. Le brouillard descend, épais, sur les collines, sur le jardin. Il mange la maison, il dissout la chambre. Il n’y a plus qu’une ombre floue, un amas de pierres informes. Mais la fenêtre reste nette, son cadre bien dessiné, comme un repère planté dans le flou. Un point de vue solide sur l’imprécis. La phrase hésite, contourne, cherche sa place, comme ce regard qui tente de percer la brume sans jamais y parvenir. La maison est là pourtant, la chambre aussi. On peut encore dire les mots. Ils ont juste pris une autre teinte, comme des outils longtemps abandonnés, dont on redécouvre la prise. Il n’y a plus à s’en servir, juste à les laisser exister, avec cette patine de l’oubli qui les rend plus dignes, plus dociles. Et puis le printemps arrive, malgré tout. Les prunus, toujours là, toujours neufs. Est-ce qu’on s’habitue à ce retour ? Est-ce qu’on en reste surpris ? Un instant, on est tenté de croire que la nouveauté existe encore, comme une illusion tenace. Le renouveau s’écrit lui-même, sans notre intervention. Il n’y a plus qu’à laisser venir. Les mots, les lieux ne sont pas ailleurs qu’ici. Ils sont là, dans cette continuité d’écriture qui ne cède pas. Ils habitent la phrase comme les murs de la vieille maison, résistant à l’usure, s’imposant par leur seule présence.|couper{180}

Espaces lieux Temporalité et Ruptures

Carnets | mars 2023

Concordance des temps

On peut contourner la difficulté par le présent. Écrire au présent. Le présent est un cadeau que l’on s’offre à soi-même, puis par ricochet, comme les rais de lumière, où ils veulent, où l’on voudra bien s’y accorder. Ajoutez à cela l’abandon, tous les abandons. Une exploration de l’abandon, la matière abandon. Concordance des temps : retrouver ce matin dans ma boîte aux lettres numérique plusieurs émissions d’Alain Veinstein, des fragments en PDF, un abécédaire en ePub, le tout envoyé par FB. Une gêne à commenter en lisant la liste déjà longue de ceux déjà là. La plupart datent de 2021. L’abandon des commentaires concorde avec de nombreux autres. L’abandon s’effectue au présent. Il est absurde de dire "j’ai abandonné ceci ou cela" comme "j’abandonnerai". Le tabac, sa présence, son absence aussi se relèvent, se révèlent au présent. De vieux souvenirs de photographies en noir et blanc apparaissent dans une cuvette jaune. La notion d’instantané. Mais l’avantage — n’en faut-il pas toujours tant qu’on s’obstine à se sentir floué — est la volatilité de la pensée, de l’envie, de la douleur, quand déjà elles s’évanouissent, qu’une journée passe. Mon épouse compte les jours. C’est devenu un rituel matinal. Il y a un calendrier sur la porte du réfrigérateur. Il faut plier les genoux pour cocher la journée avec un Stabilo bleu. Tout travail mérite salaire. C’est cette phrase qui me vient en cochant la journée d’hier. L’abandon du comptage des jours se trouve renforcé par ce calendrier ; le comptage est un jeu sans importance. On vérifie qu’on peut plier les genoux et encore bien d’autres choses. -- Comme tu es calme, c’est vraiment étonnant, me dit-elle. Je ne cherche pas à l’être, mais bizarrement tout concorde. Le site sous SPIP avance jour après jour. Quelques articles à la volée. Des photographies exhumées. Pas encore certain de la mise en page. L’avantage, c’est qu’on peut le reconfigurer autant qu’on le désire si l’arborescence tient la route. Et même celle-ci, c’est un jeu encore de pouvoir la modifier à tout moment. L’illustration est un tableau peint à l’huile, son titre "Lost in the horizon". Dimensions : 80 × 80 cm. Date : 2018.|couper{180}

Temporalité et Ruptures

Carnets | mars 2023

En rajouter

se contenter de presque rien aujourd'hui.|couper{180}

Temporalité et Ruptures

Carnets | janvier 2023

06 janvier 2023

Dans cette famille, les objets des morts ne se jettent pas. Ils circulent, héritage silencieux qui perpétue leur présence. Ce lit, celui de Charles Brunet, incarne la permanence des absents et les rêves qu’ils suscitent. Dormir dans ce lit devient une passerelle vers des souvenirs enfouis et une adolescence marquée par l’ennui et les longues marches à travers la campagne bourbonnaise. Une réflexion subtile sur le poids du passé, de l’héritage, et la confrontation à l’absence.|couper{180}

Autofiction et Introspection Narration et Expérimentation Temporalité et Ruptures

Carnets | janvier 2023

05 janvier 2023-2

L'homme marche dans les rues d'une ville qui lui est étrangère, bien qu'il y soit né. Le texte relate ses réflexions et son quotidien marqué par un sentiment persistant de décalage avec la société environnante. Les moments d'isolement deviennent des instants de réflexion, où la monotonie du travail et la solitude prennent le dessus, le menant vers une forme d’évasion intérieure.|couper{180}

Autofiction et Introspection Narration et Expérimentation Temporalité et Ruptures
un groupe de personnes assistent à une veillée funebre, tableau de Munch coloris rouge et noir

Carnets | novembre

15 novembre 2019

J’ai pris l’habitude d’écrire chaque jour, et souvent chaque nuit. Le jour et la nuit se confondent dans l’acte d’écrire. Je me creuse moins la tête qu’avant. Maintenant, il me suffit d’ouvrir une page blanche, de poser un mot en guise de titre, et tout s’écoule. Parfois trouble, parfois vif. Écrire m’aide à tenir. Cela me resserre un peu avant de m’éparpiller. Parfois utile. Parfois inutile. Selon. Je ne sais pas pourquoi je passe par l’écriture plutôt que par la peinture. Je pourrais faire la même chose avec le dessin. Me dire : « Allez, à table. » Mais je n’y arrive pas. Je me dis que je ne suis ni dessinateur, ni peintre. Que j’ai encore emprunté un personnage. Que ce personnage n’est pas moi. Ces jours-ci, je me pose la question : quoi dessiner ? quoi peindre ? Un vide encore. Que je tente de combler maladroitement, en remplissant d’autres trous autour. L’écriture est sans doute une pelle. Une pelle ou une pioche. Qui creuse, et qui comble. Un aveu. Et quand je me demande à qui cela est adressé, je préfère m’extraire d’un coup de la chaise et me retrouver dehors, dans la cour, à fumer, en regardant les paquets de neige fondre,sans tenir.|couper{180}

Autofiction et Introspection Temporalité et Ruptures

Carnets | novembre

9 novembre 2019

Dans cet entre-deux fragile, où l’amour vacille entre aujourd’hui et demain, le poème évoque le mystère de la présence et de l’absence, tout en questionnant la nature des liens qui unissent deux êtres.|couper{180}

Autofiction et Introspection Esthétique et Expérience Sensorielle Temporalité et Ruptures
peinture de femme avec dominante rouge