cent fois sur le métier

Si j’écris, c’est plus pour tenter de clarifier ma pensée que pour convertir des lecteurs, voire obtenir des fans. Ecrire noir sur blanc les idées, les pensées, les émotions qui me traversent, ce ne peut évidemment pas être de la littérature. La plupart du temps ça n’intéresse que moi. Le fait de publier ces textes sur ce blog est sans doute plus un acte symbolique, thérapeutique que tout autre chose. Cependant l’assiduité avec laquelle je pratique l’exercice me surprend toujours. Si j’avais un objectif véritable je me demande parfois si je serais capable de soutenir la même discipline, la même endurance, on pourrait presque parler d hygiène ou d’ascèse.
De quoi me suis-je persuadé pour que régulièrement chaque jour, chaque matin j’écrive ces textes ? Comment me suis-vendu à moi-même cette obligation devenue nécessité. Sans doute par le constat presque immédiat de tout le bien que cela me faisait.
S’exprimer fait du bien. Voilà un élément majeur dans l’argumentaire de vente que je me suis adressé à moi-même.
Ce sentiment de paix une fois le texte écrit, l’idée d’avoir accompli quelque chose pour moi-même, me permet depuis des années de résister à la dépression, ou du moins de ne pas la laisser tout envahir. Ecrire est vital vraiment. C’est l’unique moyen que j’ai pu découvrir qui produisait un réel bénéfice.
Après avoir essayé tant d’autres choses. L’alcool, le sexe, les drogues, le mysticisme intense, la marche, les jeux vidéos pour n’en citer que quelques-unes. Je ne peux nier posséder une créativité importante dans le domaine de l’autodestruction, de l’anéantissement de soi.
Est-ce que je suis fier d’écrire tous ces textes, non. Ce serait vouloir tirer un profit bien exagéré d’un bénéfice déjà tout à fait raisonnable. Le simple fait d’être encore en vie est d’une certaine manière parfois suffisant. Il faut que j’accepte souvent que cela le soit. Y a t’il un autre bénéfice plus important que celui-ci ? Je l’ignore totalement.
Maintenant la question est de savoir si je comprends ce que j’écris. De plus en plus j’ai la sensation que ça me dépasse complètement. Et qu’en plus ce n’est pas vraiment important. Peut-être même que c’est lorsque je ne me comprends pas du tout que c’est la voie à suivre de plus en plus.
toujours cette tendance à exagérer, à me rendre au bout du bout voire même au-delà.
Je veux dire que je ne désire pas vraiment comprendre ce que j’écris quand je l’écris. Que ça ressemble pour beaucoup à de l’écriture automatique ou à un phénomène de possession plutôt. J’imagine assez bien être un roseau au travers quoi le vent souffle et pas grand chose de plus.
C’est après que cela se gâte. Si je me mêle de vouloir m’approprier ce que j’ai écrit comme sous la dictée. Alors là rien ne va plus. Je ne vois plus que du charabia, de la lourdeur, et toute la magie la clarté première qui semblait conduire le bout de mes doigts sur le clavier semble s’être totalement évanouie.
rêver d’écrire en imitant du mieux que l’on peut l’écriture. Mais sans jamais rien écrire vraiment. Voilà en gros à quoi tout cela me fait penser désormais. Est-ce que c’est triste ? non, pas vraiment. Est-ce que c’est drôle, un peu. Combien d’entre nous font la même chose dans tellement de domaines et ne s’en rendent jamais compte. C’est à dire qu’ils dorment et ne se réveillent jamais.
et admettons que l’éveil ne soit pas un rêve au sein d’un autre rêve, cela se sera vu tellement de fois, que faire désormais de cette habitude quotidienne ? Serait-il possible soudain d’en faire autre chose ? Quelque chose d’utile non seulement à moi cette fois mais à un plus grand nombre de personnes ?
Ce qui a déclenché ce texte par exemple provient juste d’une simple question que je me suis posée. Comment me suis-je persuadé d’écrire au point de passer à l’acte durant toutes ces années.
Et revenir à ces premiers arguments mériterait sans doute l’effort du détour. Est-ce que je pourrais persuader quelqu’un d’autre que moi-même de s’assoir à une table deux ou trois heures par jour, chaque matin et de pratiquer la même opération ?
Enoncer la liste des bénéfices , préparer celle des réponses aux objections.
Dans le fond comme tout se vend à peu près de la même façon désormais pourquoi ne pas vendre aussi l’écriture. Surtout pas l’idée de faire des romans, de la fiction. non. L’écriture comme remède miracle afin de conserver à la fois la santé, faire des économies, et de ne plus voir le temps passer.
Finalement ce blog tout entier ce n’est peut-être que cela, une sorte d’argumentaire de vente pour un remède miracle. Et pour le fabriquer je n’ai fait qu’adopter une vieille idée issue du corporatisme. "Cent fois sur le métier remet ton ouvrage". Reprise par Boileau assurément. Alors que le corporatisme à la base je m’en tape. Bien étonnant tout cela.
Pour illustrer l’article je cherche le mot clef ouvrage sur Google. Je tombe sur des images de ponts. Des ouvrages d’art. Impeccable évidemment. Comme tout. Même si je suis seul à saisir la nature de cette impeccabilité , est-ce que c’est bien grave, non, pas plus que ça.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}