5 conseils pour entretenir une passion

Je ne savais pas que la passion était comme ma bagnole et qu’il fallait l’entretenir. En général je ne vais chez le garagiste que lorsque j’ai un problème, un voyant qui s’allume, l’airbag qui me comprime, le tuyau d’échappement qui fume. Cela s’appelle de la négligence d’après mon épouse qui trouve toujours les bons mots pour adoucir les angles.

En ce qui concerne la passion elle dit aussi souvent cela, que je suis négligent. Et je lui fais confiance puisque je l’aime.

Mais la négligence c’est un joli mot, encore faut-il savoir pourquoi les gens s’en servent à votre égard.

Une phrase qui me fait toujours rigoler c’est : un égoïste c’est quelqu’un qui ne pense pas à moi. Je la sors en cas d’extrême nécessité, une fois par jour en moyenne.

— tu as encore oublié de changer l’ampoule dans la salle de bain, tu ne t’intéresses vraiment pas à la vie de la maison, ni d’ailleurs à moi tu n’es qu’un égoïste.

Un égoïste c’est quelqu’un qui ne pense pas à moi je réplique.

Ca n’améliore jamais vraiment les choses mais qu’est-ce que ça fait du bien. Et puis au bout du compte lorsque la mayonnaise retombe mon épouse est la première à en rire. Elle apprend, j’apprends, nous apprenons tous les jours grâce à de petites phrases comme celle-ci, vous voyez.

Une autre chose qui revient beaucoup aussi c’est : je ne savais pas que tu étais comme ça quand je t’ai épousé.

— Oui j’ai perdu mon cheval blanc quelque part entre le vin d’honneur et la mairie je dis, je me demande bien où il a pu passer... Et en passant mon amour nous nous sommes épousés l’un l’autre, ne prends pas tout sur tes frêles épaules.

S’asticoter ne fonctionne pas toujours, mais j’avoue que lorsque cela fonctionne avec un ou une partenaire le gros du boulot est amplement fait question entretien.

Sinon oubliez ce qui est noté dans les magazines, ce n’est rien qu’un tissu de conneries. Vous savez toutes ces petites attentions que les amants se doivent comme des traites de crédit au jour le jour. J’ai essayé plusieurs fois et avec des femmes différentes, ça ne fonctionne pas. Je veux dire que la gentillesse ne suffit pas. Vous rendez l’autre débiteur et c’est extrêmement énervant d’être débiteur.

Evidemment tous ces conseils que je vous prodigue tout à fait gratuitement ne valent que pour les couples normaux. Je veux parler de tous ces couples pour qui traverser le mois ressemble à une expédition de Paul Emile Victor vers le Pôle et qui finissent pratiquement en lambeaux le 30. Lorsque la seconde lettre de rappel de la banque nous stupéfie par l’agressivité de son ton, quand tous les voyants sont au rouge et que l’on attend la visite d’un huissier d’un instant à l’autre.

Là la passion est exacerbée.

Pimenter le quotidien par tous les moyens possibles et imaginables, cela fonctionnera toujours croyez-moi.

Par contre si vous vivez une existence de nanti, sans aucun soucis pécunier, si tout vous est permis et que vous ne faites que patauger lamentablement dans l’embarras du choix, vous pouvez être certain que votre relation finira tôt ou tard en eau de boudin. C’est ce que l’on appelle je crois l’ennui du quotidien.

Et, dans ce cas de figure, même si par hasard vous penser soudain à offrir un saphir ou un couteau suisse à votre partenaire, comme ça sans autre raison que le fait de vous rappeler qu’il faut faire quelque chose, il y a de grandes chances pour que cette offrande devienne suspecte.

Pourquoi donc m’offre t’il ou elle cela ?

Remarquez que si vous vous y prenez bien vous pourrez retomber sur vos pieds et revenir à mon premier conseil assez aisément ainsi sans trop d’effort.

— Pourquoi m’offre tu soudain des fleurs ? Tu as un truc à te faire pardonner ? Tu as une maitresse etc etc ... et là vous revenez à la normale en un tour de main. Vous pouvez laisser planer un lourd silence, ou bien parler du couteau suisse qu’elle vous a offert la veille histoire de répliquer dans les clous.

— Hum tu penses ça parce que peut-être ce couteau suisse que tu m’as offert hier était une façon de noyer le poisson, si ça se trouve t’as un amant aussi ...

S’en suit une journée au poil, composée de pics, d’estocs, de bouderies, de retrouvailles, au pire que risquez vous vraiment ?

Evidemment si vous vous trompez vraiment mutuellement c’est ballot, et dans ce cas mes conseils ne vous serviront de rien puisque déjà la passion s’en allée voir ailleurs si j’y suis.

Prenez du temps pour vous asticoter chaque jour sinon vous pénétrerez dans la dangereuse zone de l’indifférence mutuelle, vous ne serez plus que des colocataires , voir pire, de bons amis.

Dans ce premier conseil j’ai glissé un bonus sans même vous le dire. J’ai mêlé savamment deux conseils en un qui sont de soigner toutes les petites attentions envers l’autre et en même temps de ne pas oublier de partager du temps avec elle ou lui.

Ne me remerciez pas.

Mon troisième conseil pourrait aussi faire partie de cet ensemble si je me mettais à abuser de ma propre gentillesse, de mon empathie extraordinaire envers les êtres. Si, dans mon for intérieur je vous disais que j’étais tout en même temps la somme globale des messies et des prophètes de tous temps et lieux. Mais non je ne le dis pas, je vous laisse le découvrir par vous-mêmes.

Mon troisième conseil est de communiquer encore et toujours avec l’autre. Et nous avons déjà vu que le ton, le contenu importait finalement assez peu. Vous pouvez tenter la gentillesse, l’amabilité, la bienveillance aussi de temps en temps ça ne mange pas de pain. Mais rappelez-vous qu’en matière de passion la régularité se confond vite avec l’ennui.

Pour mon propre compte échanger dans la gentillesse m’en apprend beaucoup moins que dans n’importe quel autre registre. tout simplement parce que nous avons une idée préconçue, totalement artificielle de ce qu’est la vraie gentillesse. A chaque fois que je me suis retrouvé face à une femme gentille pour ma part je détectais de nombreux points communs avec des spots publicitaires qui cherchaient à me vendre quelque chose. La gène, le malaise ressenti face à un tel avilissement de l’autre me hérisse le poil et j’en ai des frissons d’effroi rien que de m’en souvenir.

Se dire son amour mutuel, se le clamer, le trompeter sera mon antépénultième conseil.

Mais là par pitié ne sombrez pas non plus dans les clichés, ne dites pas avec votre mine de chien battu

— Mon amour comme je t’aime, je ne pourrai jamais vivre sans toi... ça c’est carrément le remède contre l’amour, vous ouvrez la porte aux pires emmerdements, je préfère vous prévenir.

Qu’est ce que ça veut dire de s’en remettre ainsi à quelqu’un fut-il cet autre qui occupe une place prépondérante dans votre crane et votre cœur ? Vous avancez comme ça, en aveugle, pieds et poings liés et ça ne vous étonne même pas ?

Vous ne savez alors rien de la nature humaine en général, pardonnez-moi.

Ecoutez-moi, ne dites pas ce genre de conneries par pitié. Dites plutôt :

— Tu as pris rendez-vous avec le garagiste pour l’entretien de la bagnole ?

— Que nous as-tu mitonné pour le déjeuner ?

— Chérie j’ai changé l’ampoule, cela n’a pas été facile mais j’ai pensé à ta mine désappointée si j’échouais et du coup miracle j’y suis parvenu.

Ce sont ces petites phrases là qui parlent du véritable amour n’en doutez pas.

Mon dernier conseil porte sur la sexualité ( faites donc sortir les enfants)

Là je ne vais pas y aller par quatre chemins, la surprise, l’étonnement, la fantaisie voilà les ingrédients qui fonctionnent à tous les coups.

D’ailleurs achetez un futon, c’est tellement inconfortable que cela vous obligera à être créatif et comme vous ne dormirez plus la nuit, que vous serez au radar le jour, abandonnez-vous à la Providence qui fait toujours extrêmement bien les choses. Aiguisez votre perception du moment propice pour réaliser la bête à deux dos. Et surtout n’ayez pas peur de l’incongru, de l’inconfortable, du malséant... les plus beaux orgasmes surgissent régulièrement de toutes ces bizarreries du temps et de l’espace.

Avec tout ça si vous foirez ça ne sera surement pas de ma faute, et ne m’envoyez pas de lettre recommandée, je ne vais jamais les chercher.

Post-scriptum

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Faites au mieux

—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}

Faites au mieux

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Se lancer

D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}

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Tendre

travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}

Tendre