import
import
Ça m’appartient, c’est moi ça.
Toujours ça. Et cette envie compulsive de s’y fondre. Se fondre dans ça sans même savoir ce que c’est que ça. Pathologique. Surtout pas aller là. Le fameux ça et là. Cet écart. tenir ferme. Rester sur la même ligne. Mais qu’est-ce qui pourrait me faire dire ça m’appartient, ça c’est moi… juste une flopée de tests effectués, le besoin d’aller- retour, la partie interminable de ping-pong entre ça et là. Rester ici. Pas bouger. C’est ça. C’est ça que je veux. Rester en équilibre au milieu de tous les déséquilibres. Arbre. Arbre tiens, c’est pas mal ça, mais est-ce vraiment moi, est-ce que je peux dire ça. Ta gueule. Prends ton petit pinceau et une grande toile, peins ça et surtout je t’en prie, boucle la.|couper{180}
import
peindre à l’huile sans médium
Première couche huile sans médium Toujours revenir à une idée de pauvreté. Non pas une mentalité de pauvre, se plaignant de manquer, de n’avoir jamais assez. Mais au contraire se débarrasser de ce qui gêne, encombre, brouille, rend confus, éparpille. Hier je faisais le constat d’un empêchement pour peindre à l’huile comme je le souhaiterais. C’est à dire pouvoir m’y mettre à n’importe quel moment, sans empêchement dû au fatras qu’il faut toujours mettre en place : le pot pour nettoyer les pinceaux, les mélanges de médium, toute la cuisine . Une panoplie à Installer, désinstaller, parce que je travaille dans le même espace dans lequel je reçois les élèves. J’ai pensé me faire un autre atelier a l’étage où je pourrais laisser le travail en cours, le bazar, mais trop de frais à engager pour rendre viable le projet. Donc ces derniers temps je me suis rabattu sur l’acrylique. Ce qui ne me convient pas. Le rendu n’est pas le même qu’à l’huile. Même une fois les toiles vernies. Une affaire de texture, de matières. Donc j’ai trouvé une piste, peindre à l’huile sans médium. Il me restait une ou deux plaques de bois que j’avais enduites de médium blanc, j’ai testé. Ce que je cherche c’est une matière, une pâte. Et tout de suite la règle du gras sur maigre m’est revenue. En général je commence par des couches fines diluées dans du white spirit ou de l’essence de térébenthine, mais j’ai décidé de ne pas utiliser de diluant du tout. Travailler directement à partir des couleurs des tubes en l’occurrence un orange de cadmium et un bleu de cobalt. Le but est de trouver la bonne épaisseur pour la première couche tout en prévoyant les prochaines, plus épaisses sans doutes. Toujours la règle... bien sûr à l’huile on est toujours assujetti aux différents temps de siccativité de la peinture. Pour les mélanges une fois les couleurs pures déposées j’ai utilisé du blanc de titane. Finalement suffisamment onctueux, fluide pour ne pas avoir besoin d’ajouter du médium. Bien sûr j’ai travaillé sur un petit format, des petites touches successives. Je ne crois pas que je puisse adapter ce procédé sur de plus grands espaces. A moins de presser les tubes entiers sur la surface puis d’utiliser des racloirs... mais dans ce cas j’en reviens à la peinture au couteau ce qui n’est pas mon but. Et puis c’est là que la mauvaise pensée sur la pauvreté revient, pas les moyens, et surtout la peur du gâchis comme de la facilité. Non le seul capital disponible est le temps. Un grand espace n’est qu’une vue de l’esprit finalement. Je devrais arriver à un résultat aussi sans me presser, en prenant bien le temps. Et même en utilisant le même pinceau. Un petit pinceau. À suivre... Une heure plus tard je regarde. Un format 80x80 cm de la peinture pure et sans gabegie avec toujours le même petit pinceau. Bon d’accord ça ne représente rien, ça ne dit rien, ça ne parle de rien. Ça ne me change pas beaucoup… peut-être même que ça me rapproche de ce qui m’éloigne. État du tableau à 10h30 toujours sans médium et avec le même petit pinceau|couper{180}
import
Bocage
Pour #photofiction09 textes stimulés par les ateliers ARN Bocage Bourbonnais Une pesanteur du ciel sur la terre. Quelque chose d’indéfinissable mais de réellement écrasant. Ces haies , ces bosquets d’arbres, si souvent ramassés sur eux-mêmes. De vastes étendues d’herbes broutées par des bêtes à cornes, indifférentes, ruminantes, chiantes. Toute une adolescence passée ici par intermittence. Vacance. l’ennui que l’on y attrape comme un psoriasis qui continue à nous gratter longtemps après qu’on soit parti. Et l’odeur, une odeur permanente de décomposition, de boue, de bouse et autre merdes, de mort, méphitique de septembre à la Toussaint. Sans oublier cette abominable légèreté du printemps qui s’insinue en soi, jusqu’à crée des convulsions, une danse de Saint-Guy, une folie qui les emportera les uns après les autres jusqu’à tard dans l’été. Petit Pierre , gros Didier et tant d’autres. Des jeunes qui se tuent à répétition.La nuit. Le petit matin. S’en reviennent des pays alentour, celui du Grand Maulnes, le château, les fêtes, le folklore, les filles, le bal, l’imagination, le rouge limé, et la fatigue. Sur le bord de la départementale : bouquets qui se fanent, gerbes décolorées couronnes mortuaires... bornes éborgnées. et toujours les vaches qui paissent, toujours indifférentes, et le ciel toujours si vaste, toujours si lourd qu’il écrase le cœur. Et le coq qui chante con de coq, qui chante sur son tas de fumier tous les jours, sitôt cinq heure tapante. sans relâche. Bocage bourbonnais , belle cage, vieille rage, saccages et ravages. Mots clés : bocage bourbonnais, bocages.|couper{180}
import
Considère
Toutes les parties, pas une un qui ne soit considérable. En dehors de cette considération. rien ne se trouve à l'extérieur. Sinon tu ne considères rien.|couper{180}
import
Noir absolu
Anish Kapoor, contemporary artist, with a vast work by everyone, exhibits at the museum of Serralves (Porto) from July 2018 to January 2019. (Photo by Rita Franca/NurPhoto) Parfois ce fantasme de se trouver face au noir absolu, au noir total. Irréalisable évidemment. Quelques soient les circonstances si affreuses soient-elles, les idées noires qu'elles provoquent, il suffit de plisser les yeux, d'accommoder peu à peu le regard à ces prétendues ténèbres. Elles ne sont jamais si noires qu'on l'imagine. Enfant on m'enfermait dans la cave sous la maison. Bien sur c'était désagréable, la peur, l'imagination n'étaient pas agréables à vivre. Mais en plissant les yeux j'ai découvert que les objets parvenaient à être visibles malgré tout, et même qu'une lueur existait au sein même de la noirceur. Avec le temps je me suis enfermé tout seul dans des situations très sombres, sans doute pour vérifier mes premières intuitions d'enfant. Elles se sont toujours vérifiées. Pas de noir absolu. Désolé mon vieux Kapoor, ton brevet est comme beaucoup de choses en ce monde, un rêve, une illusion.|couper{180}
import
silo-1
site web atlas Exercice à partir de photofiction09 Silomots clefs récupérés à coté d'une photographie de silo.#2017 #silos #silos val de loire #hiver #dunoisce que produit le mot : lieu où l’on aurait rangé, stocké du grain, du blé, dans l’histoire en perpétuelle modification d’une enfance bourbonnaiseSILOEn ce temps là comme disent les vieux, y avait non pas « un » silo mais LE siloTrès peu attentif à partir de là –c’est à dire six ou sept ans– à d’autres définitions du mot. drôle qu’en y repensant j’associe encore ce même mot au blé essentiellement, puis en plongeant virtuellement les mains dans le grain j’en extirpe tout à coup le GRENIERpuis remonte le souvenir de ces trous que je creusais dans la terre, SANS LE SAVOIR je rejoins à mains nues une préhistoire, une origine, une étymologie. Me voici, sorte de taupe, creuser la terre me permet d’y voir plus clair. C'est à dire cet aveuglement aux choses extérieures ; l’action de creuser le sous-sol l' impose. Il faut se concentrer sur la poignée, la motte, le caillou qu’on extraie comme des dents. et plus on s’aveugle ainsi, plus on commence à y voir, à y voir, à y voir de plus en plus clair sur notre véritable nature, une nature de taupe, essentiellement.Ensuite tout au fond du trou écouter les résonances SILO, GRENIER, GRAINE, TROU, TAUPE, VOIR, RECOLTER, NOISETTES, ECUREUIL, RENARD, POULAILLER, RENARD, VOLEUR, GARDER, PROTEGERSi on veut chercher encore plus des titres de chapitres.Attrait et danger du siloMythologie du silo du siloIntérieur et extérieur du siloce que l’on respire, renifle dans le silomême en hiver il fait chaud dans le siloQue faire avec ça maintenant que je l’ai exhumé, je pourrais en faire un livre, des histoires à dormir debout, des contes pour s’aveugler afin d’y voir clair comme de l’eau de roche. A moins que je ne garde le mot dans un coin de ma tête, on ne sait jamais, ma tête aussi doit bien ressembler à un silo comme celui que je vois là bas sur la photo, un vieux silo qui se disloque, qui n’est plus habité par aucun meunier, un silo à l’abandon, à vau l’eau…mais peut-être que c’est suffisant pour le silo et pour aujourd’hui, demain je changerai de photo, de regard, et probablement découvrirais-un autre mot.|couper{180}
import
Enseignes
photofictions#08... une tentative Elle eut adoré me MACDONALDmais je lui suggérais plutôt qu'on se CARREFOUR . C'est d'ailleurs là que l'on rencontra son père ; une homme de bonne société, d'aspect général, mais rien à voir avec LECLERC Il n'avait pas libéré PARIS, 575 kilomètres désormais, 40 années lumières et des broutilles C'était un de ces foutus poivrots qui passent le plus clair de leur temps au PMU . Néanmoins ça le faisait. Il avait l'air d'avoir de l'assurance. Ses yeux étaient bleu AZUR . On sympathisa et il poussa même notre CADDY . D'ailleurs elle le laissa faire quand, machinalement il sortit sa CB MASTERCARD pour payer. Elle en profita pour récupérer les vignettes de réduction, qu'elle flanqua aussitôt dans la poche de son pantalon ZARA, prix 18,99€. Si je me souviens du prix c'est parce que cette fois-ci c'est moi qui avait fait chauffé ma CB ELECTRON La ville où nous habitions à cette époque imprimait en continue sur nos rétines des noms de marques des slogans, le jour la nuit, sans relâche. Elle nous incitait, cette foutue ville, à détourner notre attention de notre précarité, notre indigence chronique, pour nous faire imaginer, nous évader vers des rêves d'opulence. On marchait dans une rue, et hop, on voyait aussitôt une proposition alléchante de s'en mettre plein la lampe avec une PIZZA DEL'ARTE ou encore un bon gros TBONE STEACK saignant et on lévitait en rêve pour se retrouver tout juste au dessus FRONT PAGE Rue Saint-Denis . Mais quand la réalité nous retombait dessus moi je BNP et elle BANQUE POSTALE il fallait bien se résoudre à rentrer dans notre appartement minuscule et à PANZANI ou BARILLA ce, les meilleurs jours. Mais on était jeunes on s'en fichait. D'ailleurs la plupart du temps que je ne dise pas de bêtise, se terminait en principe et de façon compulsive par UNCLE BENS A l'époque je bossais IMB la nuit et BULL le jour via RANDSTADT, des missions de quelques mois, suffisamment pour faire bouillir la marmite et en même temps me préparer un petit pécule. Je rêvais de devenir photographe reporter, et de LIBERATION PARIS MATCH VOGUE EGOISTE , amour, gloire et beauté. Mais la plupart du temps j'écoulais des clichés assez merdiques à des petites revues en allant me balader de boites en boites la nuit pour une agence spécialisée sur l'AFRIQUE. On m'avait flanqué à la musique. Du FEEL ONE au BAISER SALE j'absorbais des JACK DANIELS par litres entiers offerts par des musicos argentés genre FELA MORI KANTE et d'autres dont je n'ai pas retenu le nom. Encore qu'à cette époque je n'étais guère musique africaine, beaucoup plus KEITH JARRETT, je me repassais en boucle son CONCERT IN KOLN 1975 ça me suffisait, pas de dispersion. En fait ces enseignes, ces marques, ces slogans, s'enfonçaient bien plus loin que la surface de l'œil. Ils foraient l'os du crane, s'introduisaient profondément en soi via le nerf optique, excitait la cervelle, la faisait bouillir parfois. Y avait t'il une réelle différence avec les idées qui pénétraient subitement aussi dans la cervelle à cette époque, je ne pense pas. Les idées d'une époque, les idées qui se trimballent de rue en rue dans toutes les têtes, toutes les bouches toutes les oreilles, à une époque donnée, ne sont pas si différentes finalement que les enseignes flamboyantes. Ce sont aussi des mots d'ordre. Si les unes nous implorent de claquer le peu de pognon que l'on gagne à la sueur de notre front, les autres sont beaucoup plus subversives, elles impliquent qu'on leur accorde parfois des années de notre temps pour en faire le tour et nous rendre compte qu'elles ne sont souvent que billevesées, perte de temps, pas grand chose d'autre.|couper{180}
import
Pour que
ça s’échappe. Écrire seulement ainsi. Partir avec une idée une intention et se retrouver avec cette chose qui nous échappe. On essaie de mettre la main dessus, mais non. ça ne marche pas ça courre, se faufile. Il faudra du temps. Mais que faire dans ce cas avec tout le reste, tout ce qui servait à saisir que ça ne cesse jamais de nous échapper… Est-ce que finalement ce n’est pas ça justement la littérature.|couper{180}
import
Vieux salaud
Grotesque ce vieil homme prétextant. Ne disant pas clairement son malheur, son désir. Payant le modèle pour qu’elle s’offre nue à son regard. Prétextant l’art. Bavant, reniflant, geignant. Douleur exhibée d’un refus de s’affranchir. D’être libre enfin. D’être enfin vieux quoi. S’attachant, se ligotant au fantôme d’un homme qui autrefois fut jeune, un mort, tout aussi con probablement. Mimant la sagesse des vieillards. Tentant d’impressionner de dominer encore. Burlesque associé au grotesque. La jeune femme alanguie sur le divan n’entre pas dans le jeu. Elle sait pertinemment que tout se joue entre lui et lui. Elle dit c’est l’heure je dois partir et c’est tant. Puis elle s’habille, un petit geste de la main et fout le camp. Le vieux pense les filles d’aujourd’hui… mais pas le temps d’aller au bout de sa pensée qu’elle est déjà partie.|couper{180}
import
Lisible illisible
Une obéissance têtue. Accepter les choses comme elles viennent. n’exercer aucune résistance. Ne pas entraver le cours des choses. Passer outre ce que peut souffler la peur, le désir, la bêtise, l’intelligence. Et ce surtout lorsque l’un de tout ceux-là dit c’est sur tu y es, te voici arrivé quelque part. Renoncer à obtenir ce qu’on imagine obtenir en ne voulant rien obtenir. Comprendre les raisons pour lesquelles on s’exerce à l’acuité puis celles-ci résolues, y renoncer. Saisir dans un seul regard les défauts issus des qualités et l’inverse. Comprendre que tout s’annule. Que la levee du brouillard est à un tel prix. Se débrouiller pour s’ôter de la tête l’idée des prix, du combien ça coute, combien cela va t’il encore me coûter. Dissoudre ainsi l’esprit de pauvreté, qui plus que jamais nous accable. En faire une richesse puis en rire. Renoncer par un sourire. C’est comme ce trajet effectué depuis la volonté d’être lisible qui s’enfonce, disparaît peu à peu dans l’illisible.|couper{180}
import
L’âme
La croyance provient de l’expérience. Souvent du refus d’accepter les rumeurs, les on dit, les c’est comme ça toutes ces injonctions qui proviennent de l’extérieur. Qui finissent par empoisonner tout l’intérieur. L’expérience est une sorte de balai dont on peut se servir pour faire ce grand ménage. La question y a t’il une âme. Oui sans conteste. C’est tout ce qui reste quand on a fini de faire le ménage. On ne peut pas expliquer vraiment . On ne peut qu’éprouver la sensation étonnante de retrouver quelque chose qui a toujours été là. c’est ce qui subsiste envers et contre tout. Et au delà des tentatives d’évasion, de sublimation, du délire. C’est calme, cela ne fait aucun tapage. Cela n’a pas non plus d’utilité, ne produit aucun profit ni d’intérêt. Un état, pas d’autre mot. L’âme c’est quelque chose qui ne sert à rien mais qui est toujours là. On ne peut même pas dire que l’on peut compter dessus. Est-ce qu’un rêve peut compter sur la réalité et surtout dans quel but… quel intérêt…|couper{180}
import
Grappiller
Bien sûr il y a grappe mais ne pas oublier piller. Grappiller des grains de raisin, grappiller du savoir. Une dépendance à la saison dans les deux cas. Et tant que c’est pour se nourrir rien à y redire. L’intention claire de vivre ou de survivre. Mais si c’est pour le pouvoir, l’apparence, et le gouffre qui les fonde, pas d’intérêt. Plutôt explorer le manque, essayer d’amadouer la faim, l’avidité. Renoncer à l’immédiateté permanente. Recréer le temps et les saisons, une lenteur. S’ extraire d’une illusion en s’engouffrant dans une autre. Peut-être et pourquoi pas. Tenir le doute à l’œil aussi. Le passage alors est indiqué par une forme inédite de la lassitude. Quand elle surgit, traverse le champs de vision, attire l’attention. Céder à cette lassitude. Ne pas hésiter à la suivre. Passer d’une desolation à une autre ainsi, tant que l’idée, le fantasme d’abondance persiste. Recommencer autant de fois que nécessaire jusqu’à l’oubli des mots désolation et abondance. C’est tardivement que l’on parvient au statut quo. Un état d’avant. Avant que tout ne nous emporte. L’état dans lequel nous sommes vraiment, avant la naissance, après la mort. Encore une fois une tentative d’explication d’un événement mythique. Ces quelques coups de fusil tirés par la fenêtre de la cuisine. Ces merles noirs baignant dans le sang rouge sur la neige blanche. Cette rage qui possédait soudain mon père quand il apercevait des grappilleurs dans le jardin. Cette faiblesse qui de lui se sera jetée sur moi comme un virus. Pour la comprendre, l’accepter, et retrouver le statut quo, épouser tous les rôles. Être à la fois le jardin, les derniers fruits, l’oiseau, le fusil, le manque, le miroir.|couper{180}