photofictions #07| quelque chose de moi sans moi.
Lire en premier lieu la note écrite sur la consigne ou pas, peu importe. On peut aussi la lire après coup. Car ici la chronologie, l’ordre ne possèdent plus rien de semblable avec les mots d’ordre ordinaires.
Partons de cette note écrite à chaud. Finalement quelle différence entre une photographie de moi ou un texte écrit de ma main. Les deux participent d’une même fiction nommée pour les besoins du texte final moi ou je. Et cette main qui écrit ces lignes nouvelles au dessus des anciennes à qui appartient-elle. Comment remonter aux influences qui lui auront permises, autorisées, de s’inventer soudain autonomie. Ce que ça dit de « moi », aucune importance. en revanche ce que cela convoque dans l’acte d’écrire c’est sur cela qui faut plisser les yeux, prendre du recul. Des choses nous traversent, des souvenirs, une mémoire à laquelle on peut choisir de croire ou non, d’en douter, serait-ce un minimum, des idées, les a t’on inventées sûrement pas, les idées s’attachent à l’air du temps n’en sont que le rebut. Volonté alors de trouver une idée neuve entre dans la catégorie du toupet, de l’exagération, la démesure quand ce n’est pas celle de de l’erreur et du péché dans son étymologie d’origine. Et puis les émotions bien sur qui jouent le rôle de combustible de départ mais qui n’ont guère d’autre valeur que combustible. Le problème à résoudre quel est-il donc sinon celui du désordre, du chaos, du mélange encore une fois. Quand tout se retrouve confondu, quand plus rien ne sépare le moyen de sa finalité, l’arbre, la branche, le fruit. L’imagination a désormais tout envahi puisque chacun pense avoir une opinion sur à peu près tout. Tout le monde mange l’arbre et le fruit sans établir la moindre distinction. Et tout le monde qui est-ce sinon ce moi ce je. Que l’ignorance soit le terreau depuis quoi celle-ci ne cesse de prendre racine et projeter ses stolons. Seule une poignée d’initiés tient les ficelles de cette ignorance, la transmute en pseudo connaissance, en savoir. La cohorte des intermédiaires ensuite pour répercuter tous les mots d’ordre soufflés aux quatre points cardinaux. Et la misère. Toujours la même, invariable. Même l’opposition à ces idées, déjà prévues dans le plan général de cette guerre sans merci menée par les profiteurs. Les exploiteurs, les maîtres de notre monde. Outils eux aussi sinon à quoi serviraient-ils. A quoi sert donc l’écriture, que ce soit la mienne encore une fois peu importe, sinon à tenter d’opérer une séparation. À réparer quelque chose de brisé par l’apparent consensus, ce merdier sur lequel elle ne cesse de se briser, encore et encore de s’acharner. ( et qui éprouve la brisure sinon l’écriture elle-même sans doute et non la main qui agit sur les touches du clavier ) comme un pivert ne cesse de taper sur l’écorce de l’arbre pour en extraire sa subsistance. Le pivert n’est pas fou il ne mange pas de l’arbre mais de l’un de ses fruits, d’une de ses finalités qui est d’abriter les insectes sous son écorce. Pour écrire il faut d’abord écrire. Une phrase simple en apparence mais qui sitôt que l’on s’interroge sur cette simplicité crée l’image d’un relief escarpé. Écrire normalement de façon scolaire en premier lieu tel qu’appris suffisamment longtemps pour sentir que cette forme scolaire ne convient pas, ne convient plus. Quelle se trahit elle-même en épousant un consensus. Le fait de prendre conscience de cette trahison. Qui en prend conscience vraiment encore une fois, celui qui écrit, la main, le souffle, le rythme, l’oreille. Cette féminité invisible au début dans la pratique d’une écriture ordinaire formatée, il se peut aussi que le changement provienne d’elle. Non pas une question de genre mais de principe. Le principe féminin comme le principe d’où naissent les idées à ne pas confondre avec la matérialisation de ces principes dans l’encre noire, le nombre de caractères, la ligne, le mot. Est-ce que moi a quelque chose à voir en tant qu’aveugle avec le principe sinon se retrouver exactement au même niveau que tous les objets, c’est à dire en tant que conséquence. L’écriture comme travail du principe en lui-même et sur lui-même amenant simultanément dans ce qu’on nomme une durée mais qui n’est aussi elle aussi qu’un moyen, la matérialisation d’un écart que l’écriture ne cesse de créer aussi vis à vis d’elle-même. Encore une fois la notion de recul. Et peut-être si j’associe à la peinture encore une fois, ce que veut l’écriture est du même ordre qu’elle, la peinture, c’est à dire que l’on s’y plie, que l’on ne s’y oppose pas, qu’on ne cherche pas non plus à en extraire du fruit quand elle n’est qu’arbre en croissance. Du fruit c’est à dire de l’intérêt personnel et qui aussitôt goûté recréerait l’abime. Écriture et féminité l’arbre et le fruit toujours l’éternelle histoire , pour que l’homme chute sur terre et fasse sa malediction tandis que la femme dont il est dit qu’elle est cause indirecte de son malheur le suive tout en restant partiellement dans l’Eden. Une frustration existentielle éprouvée par la femme, et qui se matérialise dans l’écriture dont le principe est lui resté dans un éden spirituel. La femme, l’écriture « déplacée » et dont la conscience est si aiguë de son déplacement qu’elle désordonne l’ordinaire puisque l’ordre de l’ordinaire est le même que celui de la malediction masculine, n’est issu que de cette malediction.
Post-scriptum
hautPour continuer
import
Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
import
Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
import
Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}