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déplacé

Vieux cimetière juif de Prague. Tenir des propos déplacés. Avoir un comportement déplacé. Par exemple un texte comme celui-ci, justifie t’il sa place ici sur ce blog un vendredi matin. Un vendredi de novembre qui plus est. Savoir quand les choses, les êtres sont déplacés nécessiterait de connaître à l’avance leur place, de préférence la bonne, et moi qui ne la connaît pas, qui fait seul mon ménage. Oh bien sur il y a l’école, c’est ici au tout début que l’on choisit une place. Premiers rangs ou bien au fond. Plutôt entre les deux si exact est le souvenir. C’est à dire ni bon élève ni cancre tout à fait. Ce qui ne m’a pas empêché de sauter une classe mais c’était dû à un instituteur qui avait su remarquer à quel point je m’ennuyais déjà à la place que j’avais choisie plus par défaut qu’autre raison. Et puis déplacé cela peut-être une sorte d’héritage. Les propos de mon père sur ma mère, les femmes en général, pas d’autre mot que celui-là qui vient. La configuration mentale de mère composée pour une grande part de mysticisme et pour le reste de honte et de culpabilité. N’était-elle pas déplacée elle aussi en raison d’un passif de gamine huée par ses camarades dans les années 1945 a bien 1955. Autrefois les arabes étaient les russes. On mettait tout dans le même sac, Estonie comprise. Comment une sensation de déplacé se transmet ainsi de mère en fils d’un côté et par l’ouïe et la manière d’apprehender le verbe de l’autre une question qui devient avec le temps un mystère de Polichinelle. Je visionne des entretiens de poètes français sur YouTube, des entretiens avec des écrivains. Antoine Emaz d’une part et Pierre Bergougnoux de l’autre récemment. Le credo — mais peut-être n’ai-je les yeux rivés uniquement sur ce que je cherche à voir— le credo saute à la gorge soudain. Ne pas tenir de propos déplacés, éviter d’évoquer la contingence. Mais sont-ils les instigateurs d’une telle posture. Je ne crois pas. C’est sans doute de l’ordre d’une certaine vision de la littérature de la poésie ressassée, ruminée par un Esprit Français qui remonte à bien loin. En tous cas après Rabelais. Qu’on se prive d’évoquer l’intime sous un certain angle notamment trivial et que toujours on veuille le tenir pour déplacé. Qu’on en face par une politesse encore une fiction D’ailleurs si je tente de me souvenir par où m’est venu ce travers de l’évoquer, ce déplacé, c’est certainement par la lecture d’ouvrages étrangers. Ceux d’outre-Atlantique, ou d’outre-Manche. Le puritanisme Anglo-Saxon aura fait bien plus que la liberté de penser franchouillarde pour faire naître en moi une idée de la littérature souvent associée à une autre de liberté. Une idée sans doute très personnelle mais qui m’aide à trouver cette fameuse place. Ou du moins qui m’aide souvent à comprendre quelle place je refuse. Mais ce que je nomme littérature n’est certes pas la meme chose que ce qu’en disent les maisons d’éditions, les parisiennes surtout. La littérature telle que la conçois avant d’être un jeu d’esprit, un délicieux passe temps pour gens ennuyés de vivre, est avant tout un mode d’emploi pour apprendre à tenir debout. Ce fut là mon plus bel écart, mon hiatus, mon déplacement. Sans doute aussi la volonté de visiter les camps de concentration intérieurs. Car je me souviens très bien de cette effroyable découverte alors que j’avais à peine atteint l’âge de 11 ans. Ce film sur les affres du père Kolb que les sbires polonais en soutane nous assénaient chaque fin d’année aux alentours de Noël. Ainsi donc des hommes avaient été capable d’infliger un tel dédain un tel mépris une telle cruauté à d’autres hommes. Et ensuite il fallait user d’un langage châtié, rester poli en toute circonstance, notamment celle d’écrire, surtout celle d’écrire. Mais de quoi donc parlerait alors ce qu’on nomme littérature si ce n’est pas de l’horreur fondamentale qu’inspire l’être humain quelqu’il soit. Car impossible de rester naïf ou dupe à cet âge tendre. Ce qu’avaient commis les nazis nous étions tous sans la plus petite exception capable de le commettre. Une évidence malgré tous les mots d’ordre pour inciter au pardon, à l’atténuation, à l’oubli. Déplacé donc un peu plus et à jamais après avoir visionné ce film durant trois ans de suite. Après avoir vu aussi que la plupart des curés qui nous éduquaient et qui étaient des survivants de ces camps, possédaient une connaissance de l’âme humaine toute entière orientée vers sa capacité au vice. Le moindre écart à la règle quasi monacale de Saint-Stanislas était immédiatement relevé quoiqu’on puisse s’imaginer vouloir garder secret. Et chose étonnante encore, j’avais pu repérer l’arbitraire avec lequel la punition était décidée. Parfois une chose jugée grave à mes yeux, était moins sanctionnée qu’une peccadille. Ces salauds tenaient compte de l’aléatoire, du hasard, jouaient aux dés pour punir. Ils savaient la vie profondément injuste de toutes façons. Et cela les intéressait peu de superposer sur cette injustice fondamentale une hiérarchie quelconque basée sur la morale, les bonnes manières, la bonne place. Les sanctions étaient donc tout autant déplacées que mon sentiment de vivre pouvait l’être déjà à l’époque. Et sans doute que l’enseignement de cette injustice fut la plus grande leçon de ma vie. Cependant je ne pus l’analyser à cette époque. Ce dont je me souviens en revanche c’est de ce contraste inouï quittant Saint-Stanislas et Osny près de Pontoise pour atterrir au lycée de l’Isle-Adam. Je passais de la jungle la plus féroce à la foire foraine de Pinocchio. Ce qui, je crois, aura mobilisé la plus grande part de ma concentration de mon attention, fut la quantité mirifique de maquillage derrière laquelle la plupart de mes camarades, mes professeurs dissimulaient leur furie ontologique. 1974 et le premier choc pétrolier, mon père perd son boulot et tourne comme un ectoplasme dans son purgatoire, notre maison de Parmain. Le contraste aussi entre ce paternel perpétuellement à vif et la candeur molle , masque du lycée. Détonnant. Pour une grande part de cette population privilégiée, si vous connaissiez un tant soit peu l’Isle-Adam, le choc pétrolier ne fut guère plus qu’un agacement d’insecte. Peu de souvenirs de camaraderie à cette époque. Les enfants de bourgeois et de notables n’avaient comme principale préoccupation que la sortie du dernier King Crimson, du dernier Status quo de s’encanailler comme il se doit en fumant de l’herbe. Ce qui m’a fait rejeter d’emblée ce genre de musique. Mes goûts musicaux, déplacés comme tout le reste. Je crois que je ressentais comme un buvard la souffrance de mon père comme de ma mère quoique différente pour chacun. La souffrance de l’un d’être mal né, fils de marchands de poulets alors qu’il eut espéré une royauté à défaut d’un empire. La souffrance de l’autre liée à la nostalgie d’un pays, d’un ailleurs qu’elle vivait dans sa chair encore que ce ne fut que par procuration. Retrouver par l’écriture ces anciennes souffrances, ces vieilles colères est-ce que cela sert à quelque chose, je ne sais pas. Je suis là face à ma page de traitement de texte comme si je me tenais attaché à un mat à nouveau. Pour regarder les sirènes probablement, les sirènes du passé qui se sont jetées au fond des mers depuis belle lurette. Face à moi il ne reste que le relief d’une cote autrefois habitée, peuplée qui désormais est revenue à son état sauvage. Déplacé ce récit aujourd’hui, comment le savoir. Et est-ce le bon moment vraiment pour s’y intéresser. La bonne place raisonne avec des mots comme dénouement, avec mort aussi. Comme si la mort avait vertu soudain de tout expliquer, que sa raison d’être finalité se confonde avec toutes les finalités imaginées, briguées , espérées ou fuies. Que la mort soit le lieu enfin par excellence celui de la bonne place. Ce lieu où jamais plus on ne sentira déplacé.|couper{180}

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carnet 09

Lien vers le carnet entier compilation au jour le jour Huile bidon. 22h reçu nouvelle proposition, la 09. : ce que l’on refuse de voir mais que l’on voit quand même Nommer le réel tel qu’on le voit même si ca ne nous convient pas surtout si, ne pas s’attarder. Comme d’habitude partir au quart de tour. A un moment se retourner pour regarder en face la fin du monde. Pour quelle raison, pas d’importance, juste être là observer et noter. Quelqu’un à parler de signes. Le prix du pain est un signe. Plus 20 cents. La queue au loto. Et toujours ces millions de perdants. Plus le temps de discuter avec le jeune derrière ses parois de plexiglas. Bonjour bonsoir. Le tabac à rouler fleur de pays au lieu des winfield. Les winfield c’était déjà pour remplacer les Luckies. Cyril Hanouna encore un indice fameux, un exercice de rester devant le poste plus de deux minutes, mais faut voir. Dernier épisode de plus belle la vie. On imagine mal un remplacement. Réfléchis deux minutes. Organise sois malin. Ce genre d’exercice tu peux le décliner dans tellement de domaines. Prend un seul domaine ne mélange pas tout. Décline. Le fil d’actualité des réseaux par exemple ce que tu n’as vraiment pas du tout envie de voir mais tu regardes quand même. Que tu te forces à regarder. Les efforts de machin pour publier une fois par heure sur Twitter. L’arrogance de cet éditeur qui lit des manuscrits écrits par des coprophages, en fait un bon mot. Ce qui le rabaisse au meme niveau, de l’amer. Ce like que tu ne mettrais pas si tu ne voulais continuer à voir le contenu exaspérant de ce type. Cette impression nette de perdre ton temps est-ce que tu la sens est-ce que tu la vois. L’obligation que tu te donnes est-ce que tu te rends bien compte. Parle des murs. Il n’y a que ça des murs et des déserts. Comment le mot t’aide pour les traverser et continuer. Un mur de factures, un mur de dettes, un mur de silence, un mur lépreux dont tu évites de parler car cela te rendrait lépreux. Tu traverses une lèproserie quotidienne. Le mur des lamentations à peine dissimulées. Le mur de la fierté perdue, le mur de la dignité piétinée, le mur de la pauvreté sur lequel tu creuses avec une petite cuillère. Le mur du temps qui passe et que tu ne rattraperas jamais. Le mur des rêves qui fondent comme l’argent au soleil. Parle de tes lacunes aussi. Tu vois très bien désormais ce que tu ne sais pas et tu ne te hâtes plus pour le savoir. Tu parles de plus en plus mal anglais allemand russe farci parce que tu as laissé tomber l’envie de t’améliorer dans ces langues. Parle des envies que l’on abandonne parle de la proie et de l’ombre. Parle de ton ignorance en matière d’ordre, en matière d’administratif, de ton ignorance avec les gens en général. Parle de ton silence quand tu t’opposes au flux des mots mais que tu laisses tout de meme te dominer.Pas encore assez concret. Encore trop de concepts, trop de mots. Accepte d’aller au plus simple. Une énumération et rien d’autre. Par contre, attarde-toi juste à cela. // 18 novembre 8h06. —La cendre accumulée dans le cendrier les mégots dans le Cinzano la toux du matin chagrin le poste de radio allumé qui diffuse sur un ton badin les premières horreurs de la journée l’envie de le jeter dehors la réticence à engager une explication puis une dispute l’incompréhension facile de l’autruche l’obstination de l’âne le beau temps anachronique qui augmente d’un degrés le malaise les doigts gourds et fébriles qui tapotent sur le clavier le sac de croquettes de la chatte presque vide le tableau fait hier qui aujourd’hui est à vomir le bordel sur la grande table de l’atelier insupportable mais familier caillou que l’on conserve dans sa chaussure le manteau accroché à l’un des chevalets le pinceau pas nettoyé le pot de blanc presque vide la contrainte d’huissier posée au beau milieu de tout ça—|couper{180}

Murs
carnet 09

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No comment

Le même tableau en l’espace de quelques jours huile sur toile 40x40cm|couper{180}

No comment

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fin des fins

Fin des fins fin finale ou faux départ à quoi bon le savoir ressers moi des pâtes que je me remplisse tout ce vide en panse en paillasse que je me gonfle de pâtes à défaut d’importance des pâtes à l’ail des pâtes aux lardons des pâtes aux tomates en sauce arabiata n’oublie pas je t’en supplie le basilic pour qu’hypnotisé par sa saveur je bouffe encore plus mécaniquement mes nouilles sacro saintes pour que je sois fin prêt pour la fin des fins le must l’écroulement de fatigue de tous les univers ne me fait pas le vieux coup du big bang laisse moi dormir m’imaginer en rêve la fin des haricots des aras blancs chaussés de Nike des corbeaux rouges regardant l’heure sur leur Rolex redonne moi ce tout début l’odeur de mon beau solex oh oui juste ça avant le grand plongeon dans le blanc du noir avant la fin des fins point final|couper{180}

fin des fins

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s’empêcher

Peinture numérique J’aurais bien voulu dire empêché m’en empêcher n’est pas normal dis-le ils disent ça ne les empêche pas de s’empêcher eux ils trouvent ça normal alors je n’ai plus rien dit durant des jours et des nuits je me suis empêché tout seul ça n’a pas donné grand chose et donc je me suis dit peut-être qu’il faut s’empêcher de s’empêcher et je ne me suis pas empêché de voir ce que ça pouvait donner pas grand chose non plus sauf des bricoles et encore des jours des nuits sans âme qui vive.tout ça parce qu’un jour quelqu’un a dit un homme ça s’empêche.|couper{180}

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invention de l’attente

Ce qu’occupe l’attente comme espace. Elle comble tout l’espace selon son intensité. Celle-ci ne saurait être que maximum. Peut-on agir vraiment sur cette intensité. Souvent non. L’attente est le fruit d’une invention qui nécessite que toutes les ressources soient mobilisées. Sinon ce n’est pas de l’attente c’est de l’économie, de la patience .|couper{180}

invention de l'attente

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cendres

Fascination pour cette cendre qui dévore peu à peu le papier blanc de la gitane, tenue entre deux doigts, aux phalanges velues. Main de ce grand-père d’une bienveillance inquiétante. À retrouver ce souvenir et après avoir lu un article sur Yves Klein sur le blog de Lisa une phrase semble réunir ces deux événements mes tableaux sont la cendre de mon art phrase que je trouve d’une justesse inouïe. La cendre de la cigarette se mêle au bleu des peintures de Klein, participent étonnamment en même temps à cette fonction du visible, d’ouvrir une porte vers l’invisible.|couper{180}

cendres

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Dans quelle mesure

Une expression qui revient souvent. La recherche permanente d’une distance adéquate. En peinture bien sûr c’est devenu une évidence de poser le chaos en premier lieu puis de se reculer pour tenter d’y déceler un embryon d’ordre à venir. Pour l’écriture je peine. Pourtant c’est à mon avis exactement la même chose. Lâcher sur le blanc tout ce qui vient, ça pas de problème pour le faire. Mais ensuite comment trouver cette fameuse distance pour déceler un ordre, c’est à dire souvent une amputation du superflu de l’inutile, ça j’ai du mal. Impression que si j’y touche je trahis quelque chose, une spontanéité que je place sans doute à un degré qui ne le nécessite pas. Un degré supérieur sacré pour moi. Ce sacré et ce moi si intimement imbriqués qu’ils ne parviennent justement pas à se détacher à prendre leur mesure. Autrefois quand j’écrivais sur mes carnets, c’était le recul apporté par l’écoulement du temps entre écrire et relire qui permettait, croyais-je, de prendre la mesure. Sauf que je ne corrigeais rien. J’éprouvais un malaise le plus souvent. Entre ce que l’on croit écrire d’intéressant et que l’on découvre banal par la suite. Banal ou bien qui indique trop la faiblesse, la maladresse, l’ignorance qu’on n’est pas en mesure de supporter à la relecture parce qu’encore trop attaché au moment, à l’imagination associée à une ambiance d’écriture. A ce personnage de narrateur que l’on s’invente aussi afin de se lancer dans le blanc. C’est sur ce point précis, la mesure, qu’il faut encore réfléchir. Se mettre à la place de l’autre, souvent un danger. Ou alors la fatigue de toujours écrire la même chose sous tant de façons différentes que l’on finirait par appréhender enfin cette chose, et partant l’ayant découverte se trouver enfin en mesure de la simplifier. Dans quelle mesure ai-je la sensation que cette simplification me coute. L’effacement serait-il toujours le prix juste à payer. Ou encore, autre solution, placer une confiance indéfectible dans le lecteur en n’imaginant aucun lecteur en particulier. Une confiance dans le vrai Soi. Qu’un ou deux seulement parviennent à découvrir toute la complexité vaincue pour parvenir à ce simple et je serai bien content je crois. Mais étaler mon mode d’emploi, mes empêchements, mes blocages peut tout aussi bien être utile. C’est aussi être humain plus qu’écrivain à proprement parler. Je retrouve soudain le même empêchement quant à l’objet froid que représente pour moi une œuvre trop polie, trop léchée, trop parfaite dans une grille de lecture où l’on a placée, une grille qui a tout bonnement inventé une telle perfection. Autrement dit , il faut qu’une œuvre me dérange un peu. Que ce dérangement me ramène dans une certaine mesure à son origine, sa source chaotique.|couper{180}

Dans quelle mesure

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perdu dans la tragédie amiotique

Cellules cancéreuses sur fond amiotique Amiotique : qui n’a pas la capacité d’effectuer la mitose / Mitose : Lorsque le zygote se divise, chaque cellule fille reçoit une copie exacte et complète de son équipement chromosomique. Ce type de division est appelé mitose. /Reproduire des actes mais par nature tragique en modifier légèrement la copie à chaque action. Les dénaturer ou bien s’offrir ainsi au forceps parfois une piste, un sentier d’évasion. Sans doute que dans cette répétition devenue un automatisme, on ne puisse plus énumérer les essais ratés, la création de monstruosités. Mais la répétition du même n’est-elle pas pur fantasme. plus encore en ce monde tout entier voué au mécanique au clonage, à la pensée unique comme à la mondialisation. Est-ce possible de décider humainement que ce fantasme là d’une reproduction parfaite soit tout aussi monstrueux, et finalement contre nature. Comment interpréter la nature sinon en s’opposant encore et toujours à toutes les interprétations que l’on n’a jamais cessé d’en produire. La tragédie place les forces en présence et le spectateur regarde chaque acte, action-reaction de telles forces avec plus ou moins d’attention comme de compréhension. Mais ce qui se joue n’est pas du domaine de la pensée, plutôt celui de la fulgurance avec laquelle naît l’intuition. Autre définition de ce que peut être le cancer. Une opposition au monstrueux par le monstrueux. Et soudain l’expression “être un drôle de zygoto” employée par la grand-mère en parlant de moi.|couper{180}

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Carnet 06

Proposition du jour :"Personne d’autre que moi n'aurait remarqué que... mais pas si simple finalement. Le réel est ce flux continu de perceptions que nous reconstruisons pour désigner tel. Il n’existe pas en soi, sinon dans l’abime muet de ce qui n’a pas été nommé. Il dépend donc de ces perceptions, comment on les dresse, les travaille, ou s’en protège. On est en chasse de l’invisible. On a déjà prononcé le mot « d’imprévu » : mais l’imprévu, c’est qui surgit de cet innommé et crée pour vous l’être-là ou le déjà-là arbitraire de sa surprise. Non, « personne d’autre que moi n’aurait remarqué que... » c’est en deçà, c’est ce que nous-mêmes allons dépister comme élément non pas invisible, puisqu’on a pu aller le rechercher et que maintenant on l’établit comme représentation textuelle, mais établissant lui-même le rideau impalpable, la cloison de verre qui le rend invisible à quiconque... à quiconque n’est pas vous, qui avez décidé de l’élire pour cette contribution. Quel intérêt ? Eh bien peut-être non pas cette chose en soi, que personne d’autre que vous n’aurait remarqué, mais précisément que, concernant le réel, on se place du point de vue cette construction sans laquelle l’innommé n’advient pas au réel. C’est nommé parce que vous en décidez ainsi. Ensuite, non pas la masse ou les angles ou les éclats du réel, mais comme d’avoir déblayé l’évidence, les grandes choses, la lourdeur, pour ne plus saisir que leur opposé : ce qui ne serait pas devenu texte ici si vous ne l’aviez pas remarqué. Enfin, mais ça moi je n’ai pas le droit d’en parler ici, ce sera quoi : ce texte fait d’autant d’éléments sinon invisibles ? Quel réel va trouer le réel, ou remplacer le réel, qui ne sera constitué que de que sinon il occulte ? Enfin, personne d’autre que moi n’aurait remarqué... mais il y a ce « personne d’autre que moi », on serait presque dans un autoportrait, à autant de visages que de contributions transmises, et si ce n’est pas ce qu’on cherche (montre-moi ce que tu écris, je te dirai qui tu es, non ce n’est pas ce qu’on cherche...) mais fort à parier que c’est aussi ce qu’on va lire, pour notre grand plaisir d’être ensemble. Personne d’autre que moi n’aurait remarqué que : et si la question, de plus en plus sous-jacente, c’était celle-même de notre humanité ? " 7h09.Décorticage. réécriture car certain de n'avoir pas compris grand-chose à première lecture. En quête de quelque chose d'invisible. L'imprévu surgit de l'innommé. Et ce détail que l'on décide insolite créera pour nous l'être-là ou le déjà-là arbitraire de la surprise. Donc dépistage d'un élément établissant l'impalpable, l'invisible à quiconque n'est pas moi qui décide de l'élire. L'intérêt résidant dans non pas la chose en soi que personne d'autre etc., Mais dans le point de vue d'une construction sans lequel l'innommé de parvient pas au réel. On nomme parce qu'on choisit. Et comment choisir alors sinon en déblayant le plus évident, les grandes choses la lourdeur, pour ne plus saisir que tout l'opposé. Ce qui n'arrive pas comme texte si je ne l'avais pas remarqué. Quel type de texte sinon un qui troue le réel ou remplace le réel par un autre constitué que par ce qui l'occulte. Autoportrait, mais de qui ou de quoi. On souffle un bon coup. On se gratte l'occiput. la page du carnet 06 commencerait comme ça. Depuis quel point de vue "moi" verrait-il autre chose que les autres ne voient pas. Ou plutôt "moi" s'imagine que les autres ne peuvent pas le voir. Et aussi ne peuvent-ils ou ne veulent-ils. Le point de vue donc : Une prétention, une ignorance, une solitude, un aveuglement. l'aveuglement, pas mal car peut-être des deux cotés. La nouvelle du loup-garou de Boris Vian par exemple, une autre réalité se recrée dans ce village où la brume vient de tomber. L'avantage c'est qu'elle gomme tout ce qui auparavant fabriquait la gène, l'empêchement, la frustration. Cela devient une partouze. Mais ça aurait pu devenir autre chose, un suicide collectif. N'est-ce pas la même chose ? partouze et suicide vu d'un point de vue qui justement prône la différence, la raison, le discernement. Point de vue du savoir aussi : je sais quelque chose que les autres ne savent pas, et ce savoir me permet de décrypter des indices, des signes invisibles normalement aux ignorants. La norme. Croire en une norme qui fabrique la réalité commune. S'apercevoir qu'elle n'est qu'une croyance déjà... électrochoc. Dans l'autre sens celui qui est persuadé que la norme est le plus haut degré de la folie fini dans un asile de fous. Vol au dessus-d 'un nid de coucous. Attirance et répulsion de ce je sais quelque chose que les autres ne savent pas. Un fond de commerce pour Youtubeur par exemple. ce qui attire c'est le titre on sait qu'il y a une surprise incluse on cherche cette surprise pour nous évader un temps d'une réalité, se déconnecter d'une réalité passe par se connecter à la surprise. Car on a l'habitude de penser que la surprise déclenche de nouvelles constructions. D'où l'immense déception quand le contenu d'une vidéo ne correspond pas du tout à son titre alléchant. Un représentant de commerce, un camelot, sait quelque chose que le badaud ne sait pas. Son produit est meilleur qu'un autre, il se sera fichu cela dans le crane, peut-être aura t'il appris par cœur un argumentaire de vente, peut-être se le sera t'il joué devant une glace à la maison avant de démarrer sa journée. Créer ainsi une stratégie puis ensuite aller la tester en porte à porte par exemple. Relever ensuite ce qui a bien fonctionné et ce qui a cloché. On peut imaginer un petit carnet de vendeur en porte à porte. Mais si un inconnu tombe sur ce carnet comprendra t'il vraiment de quoi il ressort ? Mieux c'est un collègue qui tombe sur le carnet et qui découvre la stratégie. Il ne dit rien, il étudie plus attentivement alors ce collègue, par exemple à la réunion du lundi, au déjeuner. Celui qui a égaré son carnet est mal à l'aise car il ne sait pas où il l'a fichu. Et bien sur il peut aussi imaginer que ce soit un collègue qui soit tombé dessus. Personne d'autre que moi ne peut comprendre ce qu'il y a dans ce carnet. Mais le fait que cette personne connaisse l'existence de ce carnet est dérangeante. Il peut l'interpréter à sa guise. La relation avec les autres se modifie car tout le monde peut être désormais en possession de ce carnet potentiellement. Maintenant voici un très gros paragraphe. Cherche ce qui est le moins évident dans celui-ci, l'intention véritable de ce que tu veux dire. Déblaie, allège, surprend-toi encore si tu le peux. Et tu le peux toujours bien-sur. A moins aussi que cet exercice t'emmerde. L'insolite serait qu'il t'emmerde. Et dans ce cas pourquoi crée-tu toujours à peu près ce même type d'entrée vers un autre monde, par l'emmerdement. Nouveau monde ou même monde, un même monde que tu n'as jamais fini d'explorer dans sa banalité, dans l'emmerdement qu'il provoque chez toi. 8h21. Personne d'autre que moi ne peut savoir à quel point je suffoque à l'intérieur de ce ventre. A quel point le nombre incommensurable d'émotions, d'informations, me tétanisent, m'emmerdent. L'être en est submergé et ne sais qu'en faire. ça l'étouffe. Et donc je nais prématurément deux mois avant pour en finir. Ensuite j'essaie de mettre de l'ordre, de nommer tout cet emmerdement ma vie-mort toute entière. Le fait de chercher aussi l'emmerdement perpétuellement pour me retrouver exactement dans les mêmes conditions, c'est à dire l'obligation soudaine de trouver un plan d'évasion. Le bénéfice dans tout cela, créer quelque chose en s'opposant. Encore une fois la loi fondamentale de l'univers, attirance, répulsion. Est-ce par la pensée qu'on y parvient surement pas. Une impulsion contraire. Le fait d'être non désiré, ou d'être désiré autre ce que ça crée à la fois comme emmerdement et comme émerveillement. Passer sur le ventre de la mère. Voici une construction, un point de vue. Quelque chose de décidé soudainement. Un tout mis en place pour que surgisse l'insolite désiré. Il me faut pas loin d'une heure et quelque de chauffe pour en arriver là. Personne d'autre que moi ne peut comprendre ce personnage de moi qui détruit à chaque fois les contours de qui il est dans l'espoir de trouver l'impulsion nécessaire pour s'extirper de ce ventre, s'enfuir de celui-ci. La surprise désagréable de passer d'un ventre à un autre. Le monde, le monde tel que "moi" l'invente, un ventre aussi étouffant que le précédent. On n'est plus vraiment dans la littérature mais allongé sur un divan, un tapis volant. Le fait de ne pas vouloir publier ce genre de texte dans le collectif, parce que moi le trouve inintéressant pour les autres, est-ce le bon mot, non c'est encore une fois pour me barrer d'un ventre voilà tout. Le ventre chaud et grouillant d'informations d'émotions que je suis incapable de subir ou d'ingurgiter sans me sentir presque aussitôt asphyxié étouffé. Prendre la porte alors toujours le même réflexe, la même habitude. Sauf que derrière la porte et ça personne ne peut le savoir mieux que moi, ce que je vois c'est toujours la même chose. ( rire dément) Il faudra parler aussi de la version morale de cet habitude, cette culpabilité permanente de ne pas être capable de patienter jusqu'au bout dans un seul ventre. 16 novembre 2h15. Pas reçu encore la proposition pour le 8 ème jour. Je reviens donc sur la page du jour 7 laissée en jachère car obligations professionnelles. Se rendre à Villeneuve de Berg pour rencontrer un élu et un nouveau lieu d’exposition. Pluie et brouillard tout du long de la route et j’ai eu beau soulever le capot de la Twingo pas vu de feuilles mortes qui auraient pu boucher les conduits d’aération. Buée dans l’habitacle. Buée brouillard et pluie, et tout de même avancer, pas trop vite, mais avancer. Personne d’autre que moi ne peut savoir qui je suis. Une phrase qui me vient soudain, comme par dérision, lorsque Pierre, l’élu en question m’apprend qu’il s’est rendu sur ma chaîne YouTube et qu’il me dit avoir été enchanté par les propos que j’y ai tenus. Propos qui désormais pour moi appartiennent au passé, que je ne peux jamais réécouter sans éprouver une gêne. Donc des personnes viennent écoutent et se font une opinion de moi. Mais personne d’autre que moi ne peut éprouver autant de malaise à écouter ensuite ces opinions surtout quand elles applaudissent ou m’encensent. À nouveau je me retrouve submergé comme par un malentendu énorme et cependant face à ces personnes je suis tout à fait capable de rester zen. De ne rien montrer du tout de ce malaise. Je souris bêtement. Le lieu de l’exposition est imposant, un ancien hôtel particulier qui aurait autrefois appartenu à un juge. Tout est encore dans son jus. Mais effort de la municipalité et de cet élu, Pierre, qui ont engagé un budget conséquent pour installer cimaises et éclairage. Les plafonds sont à une hauteur vertigineuse. Des grands formats s’imposent ici. Problème les faire entrer dans le véhicule. Et me voici parti à réfléchir si je ne vais pas peindre en agrafant les toiles aux murs de l’atelier puis les rouler et les monter sur châssis sur place. Gain de place mais plus de temps ensuite pour monter tout cela le jour de l’accrochage. Mais personne d’autre que moi ne serait mieux à même de voir ici un signe de la providence. Une bonne occasion de faire enfin ces très grandes toiles dont je rêve.|couper{180}

Carnet 06

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La fête.

L’enfer de Bosch Au loin les premiers cris, les déchirants hourras, mais pas assez loin encore pour que je ne les entende et qu’ils me serrent le cœur. De tout temps à la date susdite, quand on doit faire la fête, je reviens à l’ammonite. En spirale je recrée le lieu et vite m’y recroqueville plongeant ainsi en un clin d’oeil dans mon monde fossile. Mi Minéral, mi organique, je rêve de mondes préhistoriques, regards troubles de silex murmures vagues de granit, ici pas de fête pas de panique. Seul parmi les vermisseaux indifférents, heureux solitaire, des charognes d’ici-bas j’explore la chimie. Ici rien ne bouge trop vite, pas de déplacement d’air. Certains disent qu’ici c’est l’enfer que l’on s’y meurt d’ennui, mais ils confondent le jour avec la nuit. Avec l’âge rien n’est changé je hais toujours autant les fêtes et ceux qui la font. M’est avis que ces gens là ont, quoiqu’on en dise ou pense, une araignée au plafond.Et que s’ils hurlent, se trémoussent c’est qu’ils ont la manie d’inverser la joie et la douleur.|couper{180}

La fête.

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Envoûtement

J’ai cliqué sur la petite marque pour agrandir la fenêtre, à présent elle me paraissait plus proche encore, dans une intimité dont je n’aurais voulu m’évader pour rien au monde. Comment pourrais-je la décrire, une américaine qui parle français impeccablement avec un accent provençal. Une blonde genre oxygénée mais qui aurait emprunté des mimiques faciales de brune ou de rouquine. Tout un métalangage pour dire aimez-moi mais pas touche. Un énorme chat derrière elle se prélasse sur le parquet. Au fond de la pièce les stores sont baissés, éclairage tamisé ça et là, mais probable qu’un de ces anneaux lumineux à la mode face à elle, diffuse cette lumière qui gomme toutes les imperfections du visage. On ne voit guère que les yeux très bleus avec la pupille noire en tête d’épingle, soulignés de khôl et sa bouche. Une bouche rose bonbon. Elle parle mais je ne l’écoute pas je suis fasciné par cette bouche, comme une rose qui se mettrait soudain à parler, à parler provençal qui plus est. Je dis une rose pour ne pas dire autre chose naturellement. Puis je parviens à me détacher enfin et mon cerveau se remet en branle. De quoi parle t’elle. Sa chaîne s’intéresse aux mystères non résolus. Tous les dimanches une nouvelle vidéo. Je réduis la fenêtre sur le bas de l’écran à droite pour pouvoir jeter un œil aux autres vidéos. Les titres sont évocateurs. Extraterrestres, Atlantide, terre creuse, maisons hantées ... j’ai toujours été attiré par ces sujets je peux bien l’avouer. Cela fait aussi partie de l’imagination. Peut-être envie de me détendre, de regarder une connerie. De débrancher. La par exemple elle m’apprend que la population de la terre creuse à certainement dû faire appelle aux extraterrestres pour qu’ils viennent nous mettre sur la gueule sans distinction de gentil ou de méchants. La faute encore aux américains qui n’auraient pas respecté un traité établi de longue date. Pour le coup ce genre de raison me paraît tout à fait évidente. Tout ça pour continuer à developer le complexe militaro-industriel. Pire encore les américains seraient en ce moment en train de tourner leur veste pour les anéantir. Le grand raout serait prévu pour juillet 2022. Ce qui secrètement me réjouit, car fini les factures d’électricité de gaz, les huissiers et toute la clique des gêneurs ordinaires. Tout cela énoncé avec une voix charmante. De temps en temps elle relève une mèche de ses cheveux, je vois sa longue main aux ongles impeccables, de temps en temps elle appuie l’index sur une joue, à peine un millième de seconde. Je vais jusqu’au bout de la video de 30 minutes. Puis j’enchaîne avec une autre qui date de 4 ans. Son visage est plus jeune plus épais, moins sophistiqué, mais la bouche est toujours la même. Je me demande tout à coup si tous les abonnés ne font pas exactement ce que je suis en train de faire, c’est à dire de se laisser glisser dans cette sorte d’envoûtement à distance. J’ai dû trouver la faille pour m’en sortir à la quatrième vidéo vers la minute 00:08. Elle attaque le thème des amis imaginaires. Elle diffuse des vidéos de mauvaise qualité de gamins en train de parler tout seul. Et si ce n’était pas que de l’imagination elle dit... j’ai arrêté la car j’avais bien trop peur d’entendre la suite. Ou plutôt c’était l’heure du repas et j’ai rejoins mon épouse au salon. Soupe aux vermicelles j’ai proposé, soupe aux vermicelle elle a répondu en faisant mine d’être enchantée et sur ce ton festif que le lui connais si bien.|couper{180}

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