Notule 94

Finalement je reviens vers Jean Rivière lors de mes trajets en voiture. Durant tout un mois je n’ai pas cessé de me déplacer en semaine, comme d’habitude, et ces derniers temps s’ajoutent les week-end pour honorer les permanences à l’exposition de Mornant.
Je crois que je ne peux supporter que lui Jean Rivière pour m’accompagner durant tous ces trajets. C’est comme une sorte de rébus, une énigme à résoudre. Et ce n’est pas une affaire de séduction tout bien pesé. Même si tout est comme mathématiquement prévu de A à Z dans ses vidéos, ses podcasts, ses mails pour déclencher le désir d’acheter, il y a autre chose. Et ça ne suffit pas non plus de parler d’empathie car l’empathie fait aussi partie de son système.
C’est beaucoup plus une résonnance que j’y découvre avec la peinture. Le fait de sans cesse se remettre à l’ouvrage, de recommencer la toile, de tester énormément de pistes différentes, comme d’effectuer des paris, des plans sur la comète. On mise sur une idée de formation comme on mise sur l’avenir d’une toile finalement, on pourrait dire cela sans que ça ne soit vulgaire ni obscène.
Je veux dire si on siphonne de long en large tout le romantisme qui s’attache encore à l’idée de création.
Il faut prendre de la distance avec l’image de cette embarcation dans laquelle on ne cesse d’écoper surtout en sachant au fond de soi que le naufrage est le but dissimulé.
On peut se naufrager tout seul correctement de milles façons diverses et variées. Alors pourquoi ne pas en essayer mille avant de subir les assauts de la fatigue et d’abdiquer une bonne fois pour toutes.
Jean Rivière est une figure incontournable du web marketing, il a inspiré de nombreuses personnes dont certaines désormais sont célèbres et donc riches de toutes évidences.
Je ne sais pas si lui est si riche que ça, et surtout si cela l’intéresse vraiment de l’être. C’est certainement cette intuition que j’éprouve en consommant ses contenus qui me rapproche de lui si je peux dire en tant que peintre peu attiré par la célébrité pas plus que par les millions.
Cela pourra paraitre pour beaucoup être à première vue une posture romantique. Quelque chose qui se rapproche de Don Quichotte se battant obstinément contre les moulins à vent. Le tout cousu de fil blanc du genre du non que l’on prononce pour attirer un oui. Mais tout bien pesé encore ce n’est pas cela non plus.
Cela tient plus de l’archétype du créateur tel que je l’envisage depuis le début. Quelqu’un qui place la liberté avant tout.
Depuis des années, 2003 je crois, Jean Rivière propose une formation par semaine pour résoudre des problèmes dans le domaine du marketing. Souvent on peut avoir l’impression que c’est toujours de la même chose qu’il parle, et c’est certainement vrai. Pourtant il se creuse vraiment la tête pour en parler de mille façons différentes à chaque fois.
Parler d’ un problème sous plusieurs angles, lui permet d’extraire ainsi une somme pharamineuse de contenus, de donner l’impression au public à la fois qu’il maîtrise son sujet et qu’il cerne l’ensemble des difficultés de celui-ci. Ce qui lui permet la plupart du temps d’enjamber toutes les objections, les résistances et de vendre.
Son but est de vendre, il le dit clairement, il ne s’en cache pas. C’est ce qui me différencie de lui.
C’est aussi ce qui me fait rêver probablement lorsque mon découvert à la banque est dans le rouge cramoisi.
Le manque d’argent est devenu plus cruel ces dernières années d’autant que j’ai l’impression de travailler comme un forcené. Le fait est que je ne sais pas du tout me vendre je ne l’ai jamais su. Et si jadis c’était probablement une posture romantique qui a glissé progressivement vers une posture spirituelle si l’on veut, du genre " l’art est sacré, l’art n’a pas de prix" le fait est que souvent dès le 15 du mois je me retrouve gros Jean comme devant.
Donc normal que je revienne à Jean Rivière. Je voudrais faire du fric bien sur, arrêter d’être con, mais je voudrais bien le faire le plus élégamment possible pour ne pas tout perdre de mes vieilles croyances, de la belle image que j’aurais façonnée ainsi durant tellement d’années.
Ce n’est d’ailleurs pas tant pour moi-même que pour mon épouse. Car je continue à me dire que personnellement à part mes clopes, mon café, et ma peinture je n’ai besoin de rien. Ce qui est profondément égoïste d’après elle et même si je pressens que c’est vrai, parfois elle parvient même à me convaincre... bref.
Sauf que je n’ai pas peur d’être égoïste, on ne me met pas du sel sur la queue de cette façon.
Donc c’est une tâche de fond : Faire de l’argent si possible pas de façon débile, pas comme un bourrin, élégamment. Le beurre, l’argent du beurre et bon la crémière faut voir.
Parfois je me dis que je ne gagne vraiment pas grand chose à dispenser tous ces cours par monts et par vaux, que j’y déploie une énergie qui est très loin d’être rémunérée à sa juste valeur. J’ai ce toupet là aussi parfois.
Le problème est là , cette interrogation perpétuelle sur la valeur. Et du coup j’oscille depuis le sommet au gouffre. Il y a des jours où je pense que je suis bon, d’autres où j’ai la sensation de voler mon salaire.
Le fait aussi que les temps actuels proposent de se décomplexer vis à vis du pognon, de ne plus éprouver de culpabilité à en gagner si possible beaucoup, énormément, c’est la nouvelle couverture du journal de Mickey. Et du coup bien sur le mal remonte, L’adoration du veau d’or revient chez moi au grand galop. Et bien sur je suis plus du coté de Moïse et du buisson ardent.
Ce qui fait que le 15 du mois la température est plutôt ardente elle aussi.
J’ai un mal de chien à prendre au sérieux le fait de vendre mes tableaux sur internet. Même si c’est arrivé j’ai toujours l’impression que c’est du à la chance, ou pire que l’on me fait un genre d’aumône, de charité.
Ce manque de confiance je le conserve car j’en ai besoin. Je ne cherche absolument pas à me soigner de quoi que ce soit de ce coté là. Si je me mettais à avoir confiance dans mon propre talent, si je n’avais plus de doute, je serais foutu probablement. Je me mettrais à ne peindre que ce que les gens ont acheté, que ce que les gens aiment. Je ne ferais plus de peinture je ferais des petits pains.
Autant devenir boulanger alors. Et je n’ai rien contre non plus, il n’y a effectivement pas de sot métier
Sauf que la peinture est un sacerdoce et que je n’ai qu’une religion tout à fait personnelle. Je ne cherche pas tant à me relier aux autres qu’à qui je suis envers vents et marées. C’est ma vie.
Ce qui fait que je me gave ces derniers temps des contenus de Jean Rivière c’est parce qu’il est une version de moi-même débarrassée des entraves que je me suis toujours donné concernant la manière de gagner de l’argent ou plutôt de gagner ma vie.
En l’écoutant j’ai l’impression qu’à condition de mettre un peu d’effort dans l’organisation, dans la logique , en trouvant des raccourcis, en allant à l’essentiel je pourrais probablement régler un bon nombre de problèmes qui ne cessent de me turlupiner depuis des années.
Et passer le cap Horn par temps clair le 15...
Sauf que le cap Horn sans aucune turbulence ça doit être surement décevant pour tout navigateur digne de ce nom.
Comme quoi je peux tout à fait écouter Jean Rivière, et les sirènes en général durant mes trajets en voiture, ça me passe le temps tout bonnement et ça peut aussi à terme, me renforcer dans certaines opinions dans certains choix. Ca peut aussi m’aider à rester qui je suis accessoirement.
Je vous laisse le lien de sa chaîne Youtube, au cas où vous auriez de la route à faire au volant ces prochains jours.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}