Le truc et la méthode

Le truc c’est quoi, ce peut être ce que l’on voudra, peindre un tableau, écrire un bouquin, partir dans les iles Kerguelen, vouloir séduire la plus belle fille du monde, devenir roi des Emanglons, aller chercher son pain à l’autre bout de la ville, éplucher une pomme, lire tout Balzac, devenir un crack en maths, redécouvrir l’Arche perdue, apprendre le sanskrit. La liste serait encore longue mais trop fastidieuse à écrire ou à lire. Et d’ailleurs comme on l’a dit peu importe le truc. Le truc n’est pas grand chose, ou beaucoup de choses, selon le point de vue, selon l’idée que l’on s’en fera. En revanche une chose est certaine, c’est qu’il est bien plus difficile d’obtenir ce truc en se livrant totalement au hasard qu’avec une bonne méthode. Cela fait des millénaires que la quête de n’importe quel truc ne se fait plus au hasard, que les méthodes pullulent, parfois bonnes, parfois moins bonnes, d’autres fois encore absolument nulles et qui toutes se vantent de pouvoir vous mener au truc sans faillir. Le cent pour cent de réussite est souvent un argument décisif. C’est à dire que si vous lisez cette phrase sur l’emballage d’une méthode : cent pour cent de réussite, pour obtenir votre permis de conduire, par exemple, il ne vous viendrait pas à l’esprit de douter l’obtenir, si vous l’acheter cette méthode. Surtout si comme de plus en plus il se doit est ajouté le fameux :ou remboursé.
Il est donc possible de créer une méthode pour tous les trucs. C’est plus cette méthode qui est intéressante, bien plus que n’importe quel truc.
Parlons encore une fois du truc et ensuite basta. On ne parlera plus que de méthode. On fait tous des trucs. C’est un fait. Les faisons-nous bien, peut-être pas. Parfois nous les faisons bien, d’autre fois moins. pour quelle raisons, parce que nous n’avons pas de méthode ou alors notre méthode n’est pas bonne ne donne pas le résultat attendu. Ce qui n’empêche pas de la refaire, toujours la même, on espère qu’un jour ça marchera, on est têtu. Une bonne méthode est une méthode qui conduit au bon résultat, c’est à dire le truc, enfin le truc, hourra le truc !
C’est humain de vouloir faire un truc comme si on pensait être le premier, le seul, l’unique. Rien d’anormal à cela. Surtout chez les personnes seules, peu enclines à converser avec les autres. Les personnes qui sont parvenues par des chemins obscurs à préférer la solitude plutôt que la foule, ou tout simplement l’Autre. Ces personnes là sont tout à fait à leur aise pour inventer de nouveaux trucs surtout lorsqu’elles sont seules. L’erreur bien souvent, est que l’on pense être seul à faire un tel truc, et qu’ il n’en faut pas beaucoup pour qu’on pense l’avoir inventé. Voici l’erreur. Et aussi comment un truc original à première vue devient banal sitôt qu’on passe à un regard autre, ou encore des regards qui ne sont pas étonnés, pas attirés, pas intéressés de revoir un truc qu’ils connaissent déjà. Pour pallier l’erreur, se renseigner un minimum sur le truc, c’est un postulat de base. Non pour se dire oh non zut c’est déjà fait j’abandonne, non, mais plutôt pour se dire comme c’est merveilleux que d’autres parlent de ce truc. Qu’en disent ils, comment font-ils, comment s’y prennent-ils. Cela demande deux choses, d’une part de l’humilité, et d’autre part de l’attention. Avec ces deux qualités on en obtient assez facilement une troisième sans effort. Le respect. Le respect pour toutes ces personnes qui se sont regroupées consciemment ou pas autour du même truc que nous. Et ce peut-être aussi bien géographiquement, qu’au cours des âges. Rendez-vous compte. Établir ainsi une liste de toutes ces personnes qui évoquent à des degrés plus ou moins pertinents le truc, voici un préambule utile. On pourrait faire un tour du truc et se demander ensuite s’ils n’ont pas oublié quelque chose. Ou encore s’ils n’ont rien oublié, se demander si une partie ne pourrait pas être développée, voire développée complètement différemment.
Une chose aussi qui devrait faire partie du préambule de la méthode pour parvenir à un truc, c’est l’élaboration patiente d’une série de questions concernant notre envie de posséder le truc. Ce qu’on résumera par l’intention. Trouver l’intention n’est pas facile, on se voile souvent la face sur le pourquoi et le comment, mais le pourquoi parfois, si on l’examinait scrupuleusement, pourrait nous éviter bien des peines par la suite concernant le comment. Imaginez que vous vous mettiez en quête d’un truc dont à la fin vous vous rendez compte qu’il vous est parfaitement inutile... que c’est un truc de plus qui ne sert strictement à rien, sauf à vous avoir aidé à passer le temps. Ce qui n’est pas tout à fait rien tout de même mais n’entrons pas dans les digressions philosophiques. Surtout pas.
Mais aussi une règle est importante. Ne pas se fatiguer inutilement. Préparer un plan avec des étapes, suffisamment souple tout de même pour laisser une petite chance au hasard qui fait si bien les choses quand on le respecte. Donc la prochaine fois, si je pense moi-même à faire un plan pour parler du plan, nous développerons un peu plus le sujet. Faire un plan utile pour obtenir un truc. Cela promet d’être véritablement passionnant, vous pourriez d’ors et déjà vous en réjouir d’avance, comme si déjà vous aviez dans la paume de votre main un petit morceau de votre truc déjà là.
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}