Le peintre qui voulait peindre rien.
Vais-je avoir des enfants ? C’est la question la plus posée à Cell-ion depuis sa création en 2017.
Intelligence augmentée, la machine d’aide à l’indécision va vous aider dans vos choix, mais pas forcément comme vous pourriez l’imaginer.
La machine est le fruit d’une collaboration entre chercheurs du CNRS, ingénieurs et artiste, avec comme principale motivation, créer la machine ultime qui puisse répondre à toutes les questions en prenant comme postulat de départ le travail de Gödel et Lorentz.
Le peintre tentait d’abolir sa capacité à établir des différences. Durant des années il alla ainsi d’échec en échec. Pas un seul tableau où la différence ne surgisse pas. Différence de matière, différence de couleur, différence de nuance. A chaque fois surtout lorsqu’il qu’il piaffait de contentement, qu’il sentait le but proche, celui-ci s’évanouissait, une première différence s’affichait soudain qu’il n’avait pas vue, puis une autre et encore une autre... la différence produisait seule sa propre abondance. À côté de cela la peinture dans son ensemble sombrait dans l’invisible peu à peu. Malgré tous les mouvements, toutes les tentatives effectués par les peintres pour tenter de surnager, de se rendre visibles... par l’exhibition de leurs différences, le peintre tentait toujours de ne pas perdre de vue celle-ci. Mais la peinture devenait comme l’une de ces grandes métropoles modernes, elle disparaissait, s’évanouissait peu à peu au profit des particularités que tout à chacun voulait lui coller dessus.
Il y avait bien eu quelques tentatives, quelques peintres avaient essayé d’alerter l’opinion, clairvoyants d’une catastrophe silencieuse à venir. Mais ils avaient été rejetés à la marge considérés comme quantité négligeable. La vérité est qu’on ne change pas ainsi la vision d’une opinion publique puisque cette vision a été fabriquée pour de bonnes raisons. L’éloge de la différence, de la particularité nécessaire pour imprimer dans les esprits l’illusion des hiérarchies, du bien et du mal, du beau et du laid avait été mise en place depuis tant d’années qu’elle était désormais devenue une compétence inconsciente des foules. D’instinct on savait s’appuyer sur la moindre différence pour fabriquer un jugement. Se ranger dans un camp ou dans un autre. Pérorer sur la peinture, y aller bon train de la glose et de l’exégèse. Mais au final la catastrophe était là, une uniformité, sorte de carapace désormais inviolable qui recouvrait la peinture comme une couche épaisse de vernis au travers de laquelle ne s’agitait plus que des souvenirs, des réminiscences, des reproductions de reproductions, un infini plagiat.
Pour se rendre dans le lieu de la peinture, songeait le peintre, peut-être fallait-il abandonner ce qui de tout temps avait été décrété lui appartenir intimement. Rejeter tout ce qui jusque là avait été considéré comme outils nécessaires pour la produire. Était-ce nécessaire d’avoir autant de pinceaux, de tubes de couleurs, de toiles de formats divers... durant des années le peintre tenta d’abord de réduire ce nombre d’outils. À la fin il ne lui resta plus qu’un seul pinceau, un seul tube de couleur et une seule toile. Au bout du millième monochrome effectué ainsi, la différence se voyait toujours comme un nez au milieu d’une figure. Alors il décida de se séparer de son dernier pinceau, de son dernier tube de couleur, et des mille monochromes qu’il avait réalisé sur la même toile, chaque fois effaçant le précédant.
Désormais il se tenait seul au milieu d’une grande pièce vide. Il contemplait les murs blancs, il ne voyait plus que ce blanc. Dans un moment d’euphorie il fit appel à un peintre en bâtiment pour que celui-ci repeigne tout en noir. Et durant quelques mois encore il plissa les yeux en observant les murs noirs. Mais il percevait encore des différences, selon le moment de la journée la lumière créait de la différence.
Éreinté, désespéré, le peintre subit à nouveau une nouvelle poussée d’euphorie. Il devait se crever les yeux. Ce qu’il fit aussitôt. Mais même en étant aveugle, ce qu’il projetait du plus profond de son aveuglement possédait encore quelques différences, quelques nuances. A bout de souffle il pu toutefois une dernière fois s’enthousiasmer pour une ultime idée. Il dépêcha un gamin pour que celui-ci aille lui chercher une corde et le paya grassement pour installer ensuite le nécessaire pour une pendaison réussie. Vas-y maintenant retire la chaise dit-il au gamin tu pourras prendre tout l’argent qui reste dans mes poches. Le gamin ne se fit pas prier. le peintre senti le vide sous ses pieds, puis il sombra dans l’inconscience totale que lui avait procuré à la fois le choc et l’étranglement du noeud coulant. Il était en train de mourir . quelle différence cela pouvait-il faire puisque la vie ne lui permettait pas d’atteindre à l’invisible, à la peinture... peut-être que la mort lui offrirait enfin ce qu’il cherchait. Quand il se rendit compte qu’il établissait encore une différence entre la mort et la vie, il était trop tard. Cependant il parvint tout de même à percevoir simultanément toutes les possibilités qu’il n’avait pas exploitées pour parvenir à son but. Pour approcher ce qu’il nommait depuis toujours la peinture il existait désormais mille possibilités, mais il compris aussi, dans le même temps, qu’il lui était nécessaire d’être rien, de parvenir à cet état de vide, de néant, de mort pour éprouver ce grouillement incroyable de vie qui résidait au fond de lui -même. Enfin l’aboutissement de toute une vie se réalisait pour le payer de tant d’efforts. Quand les pompiers vinrent pour le décrocher ils furent étonnés de voir pour la toute première fois de leur carrière un pendu souriant, un pendu béat. Un journaliste à l’affût d’un bon article et qui trainait dans le coin s’intéressa a l’affaire. L’article paru dans les journaux locaux, en cinquième page. Puis un autre journaliste un parisien, un jour maussade, un jour où l’inspiration manquait, feuilleta le même journal et tomba sur l’article. Il effectua des recherches, rencontra la veuve du peintre, eut des rapports intimes avec celle-ci qui ne se fit pas prier ensuite pour lui donner accès à l’œuvre du peintre.... le journaliste se frotta les mains il avait de quoi faire un papier complet. D’autant qu’il découvrit le journal du peintre qui relatait dans le menu tous les affres de son calvaire pictural. Il trouva un bon titre. « Le peintre qui voulait peindre le rien » Puis il alla brandir son article dans le bureau du rédacteur chef qui le lu puis le jeta aussitôt à la corbeille. Aucun intérêt pour nos lecteur mon cher. Revoyez votre copie. Google ne laissera aucune chance à ce genre de ramassis de conneries.
En hommage à Grégoire Falque, autrefois nommé le Délesteur, assassiné par Google. Dont je viens d’avoir tout juste des nouvelles par mail ( coucou Grégoire, vais faire le nécessaire pour les anciens liens ;) ) voici le lien de son nouveau site https://www.arseneca.com/account/etude-de-cas-pour-ne-rien-acheter/
Post-scriptum
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Faites au mieux
—Faites au mieux… Phonétiquement j’eus un doute. Fête ou faites. Je perdis quelques heures en supputation sans oser demander de précision. Il vaut mieux ne jamais poser de question en réunion. C’est très mal vu. Les jeunes se font avoir régulièrement. Les jeunes posent des questions en réunion. Un ange passe. Les vieux sourient intérieurement. Mais ils ne le montrent pas bien sûr. Avoir un jeune en réunion c’est toujours une attraction à ne pas louper. Chacun doit faire sa petite expérience. Et Au mieux, OMIEUX ? était-ce le nom d’un lieu-dit où la fête se tiendrait si, dans mon incompréhension totale, en tâtonnant je dusse m’y rendre. Je me doutais que ce ne pouvait être si simple, et puis c’était illogique d’envoyer ainsi un employé faire la fête avec tout ce travail encore à faire. Je fis semblant de ne pas avoir entendu ce que je venais de penser et je hochai la tête en silence. Ce fut la réponse attendue. Un ou deux jeunes gens posèrent des questions saugrenues, des anges passèrent et repassèrent, les vieux furent, comme chaque lundi matin, hilares intérieurement. Je sortis mon calepin pour faire des gribouillis destinés à faire baisser la tension nerveuse, pour m'évader tout en étant là, pour être attentif autrement à tout ce qui pourrait se dérouler là. Mais tout de même cela me préoccupa durant quelques heures encore. Car ne faisais-je pas déjà du mieux possible à peu près chaque tâche qui m’incombait. Fallait-il faire encore faire mieux que d’habitude ? Fallait-il faire mieux que mieux, c’est à dire mal au final ? Un étrange doute accompagné de plusieurs soupçons naquirent comme des champignons après les pluies d’octobre, étaient-ils comestibles, toxiques, je me penchais encore des heures sur l’embarras du choix et fit chou blanc comme il se doit. A la fin de la journée je n’avais strictement rien fichu. Le directeur entra en trombe dans la salle, s’approcha du bureau derrière lequel j’étais et il me demanda :— alors c’est fait ? Sans ciller je hochais gravement la tête. Il exhiba un sourire satisfait. Ce qui était une chose excessivement rare pour être marquée d’une pierre blanche. Où allais-je dégotter une pierre blanche à cette heure cependant ? Je l’ignorais. Puis la semaine passa et nous passâmes tous en même temps à toute autre chose. C’est à dire à la semaine suivante. Nous avions tous fait au mieux sans nous appesantir plus qu’à l’ordinaire. Nous serions prêts pour la prochaine réunion hebdomadaire. Aucun incident notoire ne pourrait l’empêcher. A part la fin du monde si elle daignait arriver comme un cheveu sur la soupe. Encore qu’on peut encore avaler la soupe nonobstant le cheveu , quand on n’est pas bien fier, quand on veut faire au mieux, et surtout ne pas se poser de question insoluble.|couper{180}
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Se lancer
D'après une idée d'atelier d'écriture où je ne pense pas avoir tout compris du premier coup. Mais, je me lance tout de même Photo découverte sur l'excellent site https://www.michellagarde.com/ dans ses dramagraphies Il faut vous lancer… on ne sait pas comment vous le dire… et sur tous les tons… lancez-vous… Je mis un temps avant de comprendre qu’ils s’adressaient à moi. Ou du moins à eux-mêmes au travers de moi. Car il est extrêmement rare que l’on s’adresse vraiment à moi tel que je suis. Moi-même y parvenant une fois tous les dix ans et encore, assez difficilement Il fallait donc se rendre à l’évidence. Il fallait se lancer aussi dans cette approche. Je n’étais ni plus ni moins qu’un épouvantail, un homme de paille, à moitié Turc. Il insistaient sur la tête. Se lancer… ils me la baillaient belle. On ne se lance pas comme ça sans y penser. Sans y réfléchir. Sans établir de plan en tous cas. Peser le pour et le contre en amont mais aussi en aval. On oublie toujours l’aval. Sans compter qu’il faut en premier lieu une rampe de lancement. Une armée d’ingénieurs, des super calculateurs. Sans oublier la matière première, le béton, l’acier, le fer. Sans oublier la bonne volonté, une quantité très précise de hargne, ajouté à quelques soupçons de naïveté. Et puis c’est tellement trivial de le dire mais il faut tout de même le dire, pour se lancer il faut surtout le nerf de la guerre. Ça ne se trouve pas sous le sabot du premier cheval bai cerise venu. Tout une machinerie à mettre en branle, pour dégotter le fameux nerf. Sans oublier tous ces rencards. Rendez-vous chez le banquier avancez de deux. Rendez-vous à l’Urssaf reculez de trois. Sans oublier l’imprimeur, combien pour une publicité de lancement je vous prie. Et si je ne prends que le recto ? Attendez il me reste peut-être quelques pennies pour une ou deux capitales. C’est bien les Capitales pour lancer une campagne de lancement non. Ne pas être trop bégueule. Voir grand. Un flyer format A5. Avec en gros Demain, JE me lance.. Venez assister au spectacle. Deux francs six sous la place. Et ne croyez pas qu’il s’agit de l’homme Canon. Une vieille resucée de Luna parc. Rien de tout ça. Juste une tentative burlesque, tragique, comique ? Ah ah ah mystère et boule de gomme, vous le saurez si vous achetez le billet. Tarif promotionnel pour les Cents premiers : un francs vingt-cinq centimes seulement pour en prendre, EN AVANT PREMIERE , plein les mirettes. Lancez-vous ! laissez-vous tenter ! Venez nombreux assister au lancement.|couper{180}
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Tendre
travail d'élève, stage "oser, hésiter" mai 2023 Il faut tendre, sans être tendre, c’est à dire, ne pas céder comme le beurre cède au couteau qui rabote la motte ( négligemment le plus souvent) Il faut dire au couteau : Ce n’est pas parce que je compte pour du beurre qu’il faut en profiter ! Il faut tendre l’oreille, sans être dur de la feuille. Ceci étant dit si on tend l’oreille, ce n’est pas ce qu’elle va capter qui nous intéressera en premier lieu, mais plutôt se concentrer sur cette action machinale, vous savez, qui consiste à tendre une oreille. Comment tendre une oreille sans se casser les pieds, ou les casser aux autres, un enjeu de taille. Le placement du corps tout entier doit avoir une importance. Selon que l’on se tient de face ou de profil, on ne peut tendre l’oreille de la même façon. Idem si l’on est assis ou debout, voire allongé, et encore vivant ou mort, à dix-huit mètres de profondeur sous l’eau ou au sommet d’un poteau télégraphique. Le son frappe l’oreille suivent une règle de tangentes assez absconse mais bien réelle. Tendre du linge sur un fil demandera aussi un peu d’attention. Ne pas perdre de vue le fil, tout en tenant d’une main l’épingle, de l’autre la chemise— si c’est bien une chemise ( on peut le vérifier et modifier le mot ça ne changera pas grand chose sauf la phrase). Tendre vers le mieux, s’efforcer vers ça est à prendre avec des pincettes, sachant d’une part que le mieux est l’ennemi du bien et que d’autre part il faut savoir d’où l’on vient avant de prétendre se rendre où que ce soit. Mais si c’est vers un mieux, il y a de grandes chances que l’origine soit Un bien que l’on ne saurait supporter en l'étatUn mal que l’on cherche à renommerUne énigme, on ne sait pas d’où l’on part on se contente simplement d’emboîter le pas du plus grand nombre vers le mieux. Il faut noter les pistes consciencieusement pour ne pas s’égarer inutilement. Tendre vers une certaine précision, mais sans jamais l’atteindre de plein fouet, aucun carambolage n’améliore la précision. Aucun carambolage n’apporte quoique ce soit de bien précis si l’on n’en meurt pas, qu’on ne se retrouve pas hémiplégique, amnésique, amputé, groggy ou même indemne. On a juste assisté à un carambolage, peut-être même avoir endossé un rôle de premier plan, mais il ne vaut mieux pas profiter de l’occasion pour tendre vers la célébrité tout de même, où ce qui est la même chose, vers une idée toute faite. La précision ne s’atteint pas plus que la perfection, elle se rumine seulement, elle se rêve, on peut la désirer certes, la convoiter, mais la posséder serait beaucoup trop grossier. Tendre vers un soupçon de modestie à ce moment là si l'on sent que l’on s’égare, si l'on tend vers l'abus, l'extrême. Dans la tendance moderne d’arriver avant d’être parti, tendre est un verbe oublié. Enterré. Mais dont il faudra tout de même faire l'effort se souvenir pour ne pas sombrer à la fin des fins. Et puis par pitié, ne pas s’attendrir pour autant comme un bifteck sous le plat du couteau du boucher. Ne pas se ramollir. Quand bien même l'adversité produirait autant d' efforts démesurés pour nous nous maintenir dans l'ignorance ou dans l'oubli. Se réveiller le matin et toujours voir en premier inscrit sur un post-it qu’on aura collé sur la table de chevet la veille. TENDRE. En lettres capitales . Maître mot d’un début de journée . Ensuite si besoin est, se détendre en se levant, prendre une douche, un café si c’est absolument nécessaire. si l’on a pris l’habitude de s’imposer ce genre d’habitudes. Ce qui n’empêche nullement de tendre à les réduire voire les supprimer si elles ne vous servent à rien, si ce ne sont que de simples programmes installés dans la cervelle pour nous permettre de ne penser à rien.|couper{180}